Il paraît que c’est cela que l’on
appelle « avoir sacrément merdé »…
Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce
fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois,
puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une
chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.
L’une des grosses conséquences de cette naissance
très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes
n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes,
en revanche ma malformation intestinale pose problème.
J’ai ce qu’on appelle un
« mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement
rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.
D’habitude, on découvre cette malformation à la
naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas
mon cas…
Durant
vingt-quatre ans, j’ai eu de gros problèmes intestinaux complètement
inexpliqués (les médecins mettaient ça sur le compte du stress… Oui, j’étais
une enfant stressée paraît-il ! Ma mère n’y croyait pas une seconde…). Puis,
un jour que j’allais débuter mon job d’été en centre de loisirs, j’ai été prise
d’une espèce de gastroentérite… Qui ne passait pas. Au bout de deux semaines,
mon médecin demanda un scan abdominal. Je me souviendrai toujours de ce moment
où, après le scanner, on me demanda :
-
Euh, madame… Depuis quand êtes-vous
malade ?
-
Deux semaines environ…
-
Et avant ça ? Vous n’avez jamais eu de maux
de ventre ou de problèmes de digestion ou de transit ?
-
Si ! Toute ma vie !
-
D’accord. Vous êtes au courant de votre
malformation intestinale ?
-
Comment ça ?! paniquai-je.
-
Vous avez une très grosse malformation… Un
mésentère commun complet. Car il y a "complet" et "incomplet"… Mais je vous assure
que le vôtre est complet !
-
Et…euh…ça
veut dire quoi ?
-
Il va falloir que vous consultiez un
gastroentérologue pour prendre des dispositions ; je crains bien qu’une
opération chirurgicale très lourde soit nécessaire…
Bon. Ça calme. Lorsque je
sortis du scanner, je racontai tout cela à Hugo qui accusa le coup.
Deux semaines plus tard, le gastroentérologue me
rassura : mon corps a appris à fonctionner comme ça, l’intervention ne
sera donc pas nécessaire dans un premier temps. En revanche, mon espèce de gastroentérite
continue montrait que j’avais atteint le pic de ma maladie. Il me fallait
respecter des horaires stricts de repas et de sommeil, une alimentation
surveillée et un traitement à prendre quotidiennement et à vie.
Je fus très… je-m’en-foutiste avec ces
recommandations. Je n’avais tout simplement pas envie de m’embêter avec ça.
Août 2020, je suis encore en tutorat avec Gabriel. Le
gastroentérologue m’appelle, furieux :
-
Madame, vos dernières analyses sont
catastrophiques ! Vos intestins sont très, très inflammés ! Il vous
faut vraiment respecter les horaires et le traitement imposés ! Vous
courrez vers l’opération chirurgicale à continuer comme ça ! Puisque ce
n’est pas la première fois que je vous alerte et que vous ne faîtes pas d’efforts,
je me décharge de votre cas : je ne veux pas être responsable de votre
mauvaise santé.
Bon, il ne me restait plus
qu’à trouver un nouveau gastroentérologue…
Je parlais de cette nouvelle à
Hugo, puis à Gabriel. Si Hugo eut une réaction calme et solidaire, me
rassurant, me disant que je n’étais pas seule et que nous allions faire
attention à deux ; Gabriel, lui, se mit très, très en colère !
Une heure entière sans pause. Debout. Main et claquette en cuir.
Je vous jure que j’ai pris la fessée de ma vie. Je ne m’y attendais vraiment,
mais alors vraiment pas.
-
Si JAMAIS j’entends encore UNE SEULE FOIS que tu
n’as pas pris tes médicaments ou que tu ne respectes pas les horaires, je te
DEMONTE, Lucie ! me grondait-il en me claquant très fortement les fesses
alors que j’étais au coin. JE TE JURE que ce que tu viens de prendre n’est RIEN
par rapport à ce que je te donnerai ! JE NE VEUX PLUS ENTENDRE que tu ne
prends pas soin de toi, tu as compris ?!
Je tremblais littéralement. Et
je n’ai jamais autant pleuré. J’ai été calmée pendant de trèèèès longs mois.
Irréprochable.
Seulement, le tutorat avec Gabriel a cessé. Même si
Thomas a pris le relais, je me relâchais un peu plus qu’avant. Je me gardais
d’ailleurs bien de le dire à Gabriel…
Depuis le 11 septembre et la fin du tutorat avec
Thomas, c’est la fin de ma sagesse et de ma période d’attention. Je me couche à
pas d’heure, prends mon médicament de façon aléatoire et ne respecte absolument
pas mon régime alimentaire.
Ce matin et depuis plusieurs semaines, je suis malade :
forts ballonnements, vomissements… Je mettais ça sur le compte du stress de la
rentrée en Master. Mais lorsque je me mis à rendre du sang ce matin,
l’inquiétude m’envahit.
Comme un signe du ciel, mon téléphone se mit à sonner
quelques minutes plus tard : c’était mon gastroentérologue. Le nouveau,
donc.
-
Allô ?
-
Madame, je vous appelle concernant vos dernières
analyses…
-
Oui ?
-
J’ai une mauvaise nouvelle : elles ne sont
pas bonnes du tout. A ce rythme-là, l’infection va se déclarer et on opère d’ici
peu de temps…
-
Comment ça ?
-
Vos intestins sont mal en point… Vous suivez l’hygiène
de vie recommandée ?
-
Eh bien, c’est-à-dire que…j’essaie.
-
Il ne plus essayer, il faut le faire, madame. Sinon,
l’opération sera inévitable. Vous commencez à être très sérieusement malade,
vous êtes à deux doigts d’atteindre un point de non-retour. Je vous envoie une
feuille avec les strictes règles à respecter. N’y dérogez pas, madame. Vous ne
pouvez plus vous le permettre.
La liste des recommandations ne
s’arrêtait plus. J’étais complètement dépitée. De plus, je n’avais aucune envie
de faire des efforts, mais je n’avais pas non plus envie de passer sur le
billard.
L’opération en question est un façonnage total de mon
système digestif. La totalité de mes intestins seront replacés. C’est une
opération très lourde non sans risques, qui m’occasionnera une hospitalisation
de plusieurs semaines et de très fortes douleurs. De plus, je serai obligée de
réapprendre à manger depuis le début : lait, puis introduction de chaque
aliment un par un… Comme un nourrisson. Evidemment, mon année à la fac serait
foutue, je serais obligée de redoubler. Je ne sais même pas si je pourrais être
totalement remise pour mon mariage cet été… Impossible que cela arrive !
Bon, il allait falloir passer une étape difficile :
prévenir mon tuteur, Yves. Il allait sûrement être furieux.
Effectivement, il le fut. Il
me criait tellement dessus que je fus obligée de mettre le téléphone à distance
de mon oreille.
-
Tu vas en prendre une dont tu vas te souvenir !
Je te le garantis !
-
J’suis désolée…
-
Tu le savais que c’était important pour ta santé !
Il fallait y réfléchir avant ! Maintenant, tu vas le payer ! Et je te
garantis que tu vas regretter la façon dont tu vas le payer !
-
Oh non mais sérieux… Je vais me rattraper, c’est
bon… J’ai pas envie que tu me massacres…
-
Oh mais je ne vais pas te massacrer ! Je ne
te blesserai jamais ! Par contre, tu vas être fessée toute la journée. Tu vas
recevoir des fessées TOU-TE-LA-JOUR-NEE !
-
Non, s’il te plaît ! Ne me fais pas ça…
-
Lucie, tu sais très bien que je ne plaisanterai
JAMAIS avec ta santé. Tu as vraiment intérêt à filer doux jusqu'à mardi ! Tu n'as pas intérêt à me faire une seule connerie ! Je te préviens !
-
Oui mais sérieux, j’suis désolée…
J’ai eu beau m’excuser tout ce
que je pus, Yves me passa vraiment un savon corsé. J’étais hyper mal.
A midi, Hugo rentra du travail. Je lui racontais ce
qui s’était passé ce matin. J’avais peur qu’il se fâche mais au lieu de ça, il
me prit dans ses bras. Je craquai, pleurant tout ce que je pouvais. Je lui
demandai :
-
Tu n’es pas fâché ?
-
Non, pourquoi ?
-
Parce que j’ai pas respecté mon traitement…
-
Ce n’est pas que ta faute, me répondit Hugo. Je
ne t’ai pas assez aidée non plus. Ni moi, ni nos familles… Tu étais un peu
seule à te gérer… Nous sommes tous fautifs. On va redresser ça, ça va aller mon
petit cœur.
Dans les bras d’Hugo, je m’apaisai
un peu. Il se renseigna ensuite :
-
Qui d’autre est au courant à part moi ?
-
Yves. Et je dois appeler Gabriel cette aprèm…
-
Et il a réagi comment, Yves ?
-
Il a prévu de me donner la fessée toute une
journée.
-
Bon…Normal. Ta santé est en jeu, c’est tout à
fait normal.
-
Je sais, mais ça ne rend pas les choses plus
agréables…
-
Certes mais quand il t’aura punie pour cela, tu feras
attention à ton traitement donc… Ce ne sera que bénéfique.
-
Oui mais pour le moment, c’est juste hyper
stressant…
-
Je sais, mon chat. dit Hugo en resserrant son
étreinte. Je sais…
A force de discuter
avec Yves (que j’appelle « Baay », qui signifie « papa » en
wolof), je réussis à avoir quelques détails : ce serait donc 5 fessées
trèèèèès carabinées de 45mns. Dans la même journée. Il va falloir que je pense
à rédiger mon testament.
16h30, j’appelai
Gabriel. C’était prévu que l’on s’appelle pour parler de choses et d’autres. Je
dus lui raconter mon coup de fil de ce matin, il allait de toute façon finir par
l’apprendre.
Contrairement à mon attente,
il ne cria pas ; mais lorsqu’il ne crie pas, ça veut dire qu’il est encore
plus en colère que lorsqu’il crie…
-
Je vais te démonter.
-
Non, Gab ! S’il te plaît…
-
Si, Lucie ! Puisque tu n’as pas compris la
première fois, on va s’y mettre à deux, Yves et moi ! Peut-être que tu
comprendras mieux la leçon, comme ça !
-
Non mais sérieux…
-
Oui sérieux. Dès qu’on se retrouvera tous les
deux au calme, je te collerai une fessée tellement balèze que tu ne pourras
plus t’asseoir pendant une semaine !
Bon, le ton était donné.
Voilà où en sont les choses à ce stade. Je sais qu'Yves et Gabriel m'aiment de tout leurs cœurs et c'est bien pour cela qu'ils ne comptent pas me louper. Moi aussi je les aime vraiment très fort... Mais au moment où je vous écris, je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas envie de les voir. Je commence à comprendre ce que Zoé ressent lorsqu'elle sait que Valentin ET Romain vont lui tomber dessus...!
Nous sommes
mercredi soir. Le tutorat avec Yves débute réellement en pratique mardi.
Votre autrice de blog préférée (enfin…je l’espère !)
aura bien besoin de vos prières durant les jours qui vont suivre !
Pour avoir la version de Baay.
A suivre…
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