Samedi 18 janvier 2020.
Dix heures et demie, j'ouvre doucement les yeux. Je prends quelques minutes pour émerger puis m'assois sur mon lit. Aïe, mon derrière est hyper douloureux. Je ferais mieux de ne pas faire de vagues pendant quelques temps, histoire de ne pas m'attirer d'ennuis à nouveau. Si seulement je ne devais faire attention qu'à mon père, ce serait du pain béni ! Mais mon frère et ma sœur veillaient également au grain : je me devais d'être irréprochable !
Je descendis dans la cuisine, seule Jeanne était là.
- Bonjour Zoé !
- Qu'est-ce que tu fous là, toi ?! aboyai-je.
- Je… J'ai dormi ici, répondit-elle.
- T'as pas de maison ?!
- Si, mais euh… Tu sais, nous vivrons ensemble aux Etats-Unis, et je...
- Vous aurez votre dépendance Romain et toi. Cela m'évitera de voir ta gueule tous les jours !
- Je refuse que tu me parles comme ça ! me gronda Jeanne.
- On n'est pas au lycée, là. J'te parle comme je veux ! Si j'ai envie de t'insulter, je t'insulte !
- Et moi, si j'ai envie de t'en coller une, je t'en colle une ! me reprit Romain, sortant du sellier pour nous rejoindre dans la cuisine. Parle encore une seule fois comme ça à ma copine et je te démonte ! La tawse fera de magnifiques marques sur ton cul immaculé !
J'eus envie d'insulter mon frère de sadique mais je me retins, me disant que ce n'était pas le moment.
- Excuse-toi auprès de Jeanne, m'ordonna Romain.
- Tu rêves ! répondis-je.
- Excuse-toi auprès de Jeanne ou je te mets sur mes genoux fiça !! menaça mon frère.
- Je ne m'excu...
Je fus interrompue par des cris venant de la pièce à vivre. Papa tenait une enveloppe dans une main, l'oreille de Manon dans l'autre, et grondait :
- Tu comptais me le dire quand, exactement ?!
- Papa, j'allais t'en parler...
- Tu savais que j'allais recevoir une contravention majorée, Manon !
- Je pensais pouvoir payer la première, se défendit ma sœur.
- De toute évidence, non ! gronda mon père. Tu es encore étudiante alors que je suis P-DG, Manon ! J'ai les moyens de payer, pas toi ! Tu m'aurais avoué dès le départ qu'un radar t'avait flashée et que j'allais bientôt recevoir une prune, j'aurais fait preuve d'indulgence ! Cela arrive ! Mais tu as préféré me le cacher !
- Je suis désolée...
- Pas autant que moi ! Mains sur la table basse !
- Papa, je...
- Dépêche-toi !
Jeanne avait le nez caché dans sa tasse de thé, Romain et moi observions la scène telle une fratrie cruelle et sadique, se délectant que le courroux parental tombe sur Manon et non sur nous.
Ma sœur se pencha et posa les mains à plat sur la table basse. Entre temps, papa avait posé l'enveloppe sous les yeux de sa fille, et avait enlevé sa ceinture de son pantalon. Il déculotta sa fille aînée et lui dit :
- Toi qui est bonne en maths, tu vas pouvoir répondre à cette question ! Sachant que l'amende est à 410€ et que je compte te donner un coup de ceinture par tranche de 5€, combien de coups vas-tu recevoir ?
- Oh non papa… pria ma sœur.
- Combien, Manon ?! gronda le P-DG.
- 82... répondit l'étudiante en médecine d'une voix tremblante.
- Bien ! confirma papa. Tu comptes à voix haute !
Mon père plia sa ceinture en deux et cingla les fesses de ma sœur.
- Aïe ! cria-t-elle. Un !
Un deuxième coup tomba. Manon retint un cri puis compta :
- Deux !
Le troisième tomba, ma sœur compta, les pleurs commençant à faire leur entrée dans la scène. J'étais complètement déboussolée : c'était la première fois que je voyais ma sœur prendre une fessée. La seule et unique personne qui en avait prise depuis mon arrivée… c'était moi !
- Prends ton petit déj', Zo, me dit Romain. Tu n'as pas besoin d'assister à toute la punition.
Je m'assis à table avec Jeanne et Romain. Nous déjeunâmes en silence, les seuls bruits présents dans la maison étant le claquement de la ceinture, le décompte et les pleurs de Manon.
Après un bon bain chaud dans lequel je poursuivis la lecture du Dernier Jour d'Un Condamné de Victor Hugo - œuvre au programme de cette année en français, je me rendis dans la chambre de Manon pour voir si elle avait besoin d'un peu de réconfort.
- Entrez ! dit-elle après que j'aie toqué.
- C'est moi, annonçai-je.
Manon était allongée sur son lit en position fœtale. Je m'assis auprès d'elle.
- ça va ? lui demandai-je.
Elle ne répondit pas.
- Pardon, c'était une question idiote, me ravisai-je. ça ne peut pas aller… Je sais ce que c'est maintenant de prendre une fessée. Je n'aurais pas dû te poser cette question.
- J'ai déconné, c'est normal que papa se soit fâché, répondit ma sœur.
- Tu n'as pas fait exprès !
- Si, j'ai fait exprès de ne rien dire. J'avais peur de sa réaction. Résultat : je n'ai fait qu'empirer les choses.
- On fait tous des erreurs, dis-je.
Ma sœur me fit signe de m'approcher et je m'allongeai près d'elle. Elle m'entoura de son bras et de son amour.
- Il y a au moins quelque chose de positif à prendre une fessée, maintenant, dit-elle.
- Ah bon ? m'étonnai-je.
- Oui, répondit-elle. J'ai une super petite sœur pour me consoler.
Manon et moi restâmes ainsi à bavarder jusqu'au déjeuner. Nous nous confiâmes nos petits secrets : elle m'avoua même qu'elle était lesbienne. Elle pensait que papa et Romain s'en doutaient mais pour le moment, elle n'était pas prête à faire son coming-out. Je lui assurai néanmoins mon amour et mon soutien quoiqu'il arrive.
L'après-midi, nous allâmes tous les cinq faire un escape game : cela nous rapprocha et développa une vraie complicité. L'esprit de famille était bien présent, et je commençai même à dédiaboliser un peu Jeanne…
En sortant de l'escape game, papa nous offrit le restaurant puis le cinéma. Evidemment, nous avions encore tous le départ à Seattle comme sujet de conversation principal !
Rentrés à la maison après cette superbe journée, Oriane m'envoya un message :
- Je suis en soirée chez Tom Jardin, tu nous rejoins ?
- T'es folle ?! Il est 23h30, mon père ne voudra jamais que je sorte !
- Tu ne lui dis pas…
- Je vais voir ce que je peux faire.
Je dis bonne nuit à tout le monde et me rendis dans ma chambre. Je n'étais pas fatiguée et j'avais follement envie de me rendre à cette soirée. En même temps, la fessée que je recevrais si je me faisais prendre serait vraiment salée. En plein dilemme, je ne savais vraiment pas quoi faire.
J'attendis quelques minutes que la totalité de mon entourage soit couché, descendis dans la pièce à vivre, désactivai l'alarme pour dix secondes et sortis par la porte d'entrée.
A suivre...
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