Je me suis dis que peut-être,
vous en aviez marre de mon langage redondant, peut-être le jugez-vous même
hyperbolique. Je vais donc arrêter de préciser à chaque fois que Thomas me
donne de très bonnes claques, qui me semblent venir de l’espace tellement elles
sont fortes. Dîtes-vous simplement qu’à chaque fois que je parlerai de
« claques » ou de « coups », ils/elles seront forcément
très, très sévères.
Nous en étions donc restés à
la séance du 12 février, soit il y a trois semaines. Sur ces trois semaines,
j’avais eu une semaine de vacances et deux semaines de cours. Je dois avouer,
même je me suis quand même tenue à carreaux dans certains domaines, pour
d’autres, c’était un peu catastrophique…
Pour
ce qui est du couvre-feu, je l’ai tout bonnement abandonné. Je passe mes
journées à bosser sur mes cours, enfermée dans ma chambre de 15m², et lorsque
le moment est venu, le soir, de pouvoir (enfin !) me détendre, il faudrait
que je raccourcisse ce moment de détente pour aller me coucher ? Eh bien
non. Que ce soit pour ma santé ou non, que je sois malade ou non le lendemain :
fuck le couvre-feu !
Le
cours de chimie, cette fameuse matière qui me donne des plaques d’eczéma… Eh
bien, je l’ai lui aussi abandonné. Je me contente de récupérer les polycopiés
du cours et de les donner au prof particulier que j’ai engagé, afin qu’il me
les réexplique.
Le
cours de littérature comparée, durant lequel le prof lit son cours rédigé à
l’avance et nous l’envoie ensuite par mail mot pour mot… Je l’ai également
zappé. Pas besoin d’un lecteur, je sais lire toute seule.
Le
cours d’histoire a l’avantage d’être en replay, je ne me lève donc pas
forcément à huit heures moins le quart le vendredi pour y assister, et préfère le rattraper dans la
semaine.
En
tout, cela fait trois cours que je sèche régulièrement, voire automatiquement. Trois cours sur dix, presqu’un tiers.
Pour
ce qui est du couvre-feu, Thomas a bien vu que je n’en avais rien à faire et a
tenté de durcir la règle : je dois désormais lui envoyer un message une
heure avant l’heure du coucher, pour lui signifier que j’éteins les écrans.
Parfois je lui envoie en obéissant pour les écrans… Mais le plus souvent, soit
je ne lui envoie pas, soit je lui mens. Puisque cela ne m’a pas motivée à me
coucher à l’heure, il m’a punie : chaque fois où je ne respecte pas le
couvre-feu sera doublement punie. Evidemment, c’est une punition applicable
UNIQUEMENT si je ne me couche pas à l’heure !
Persuadée qu’il bluffe, je n’en fais qu’à ma tête.
Pour
les cours séchés, Thomas m’annonça également une punition : à chaque fois
que je sécherai un cours dans la semaine, je serai automatiquement convoquée le
vendredi chez Thomas, pour qu’il me punisse exclusivement pour ça. Autant dire
que si je persiste à ne pas aller en chimie ou en littérature comparée, et parfois
en histoire, mes fesses chaufferont tous les vendredis… En recevant le message,
je pensai également à du bluff et l’ignorai totalement.
Autre
chose qui n’allait pas : pour être sûr que je regarde mon planning de
devoirs tous les matins, Thomas a demandé que je lui envoie un message chaque
matin pour l’informer de ce que j’ai à faire dans la journée. Trouvant cette
règle contraignante au possible, et devant quelques oublis, je décidai seule
d’arrêter l’envoi de ces messages matinaux en imprimant directement mon
planning et en l’affichant à mon bureau. Ainsi, je l’aurais tous les matins
sous les yeux, plus besoin d’envoyer de message à Thomas !
Dernière
chose : l’insolence. Insolente est mon deuxième prénom. Je n’arrive pas à
me retenir de répondre lorsque Thomas me gronde par message (ce qui est
quasi-quotidien). L’insolence est donc récurrente. Je crois d’ailleurs, que je
n’avais jamais été aussi insolente avec lui entre deux séances ! Cinq ou
six fois en trois semaines, ça faisait beaucoup.
Devant
tout cela, Thomas m’envoya, il y a dix jours :
-
On aura l’occasion de reparler de tout ça très
prochainement.
-
« Très prochainement » ?! ça veut dire
quoi ça ?
-
Ça veut dire que l’on va se voir la semaine
prochaine.
Rendez-vous fixé vendredi 5
mars.
Avec
toutes les réprimandes qu’il m’a adressées et les règles qu’il a durcies, je
m’attends à trouver un Thomas furieux. Il m’avait d’ailleurs dit, dans un
message concernant le couvre-feu : « Tu ne prends clairement pas
cette règle au sérieux et cela commence sérieusement à m’agacer à un niveau où
l’on n’était pas encore arrivés. ».
Au
moment de partir, ma voiture ne démarre pas : plus de batterie. J’appelle
ma mère, qui accepte de me prêter la sienne. Je m’en vais donc chez Thomas avec
une voiture neuve sortant tout juste du garage.
Sur la route, je ne stresse pas : je suis bien trop
occupée à « jouer » avec les gadgets de la voiture de ma mère. Il
faut avouer que c’est plaisant de conduire une voiture avec limitateur et
régulateur de vitesse, feux automatiques, détection des panneaux, etc…
D’ailleurs, en arrivant chez Thomas, pas besoin d’engager un créneau pour me
garer : la voiture l’a très bien fait toute seule pour mon plus grand
amusement !
En
descendant de la voiture, ça y est : le stress monte. Thomas n’a jamais
été aussi furieux… J’imagine même qu’il a déjà installé la pièce et qu’il
m’attend de pied ferme. Il va me dire bonjour et me laisser le temps d’aller au
pipi-room… Et en sortant de la salle de bain, je vais prendre une bonne salve
sur le pantalon doublée d’un bon savon… Et nous allons ensuite
« discuter » de ce qui n’a vraiment, vraiment pas été.
Mais
non. A mon grand soulagement, Thomas m’ouvre la porte avec le sourire, comme
d’habitude. Nous discutons de façon détendue…. Puis Thomas reçoit un appel du
travail. SAUVEE !
J’étais déjà arrivée tard à cause de cette histoire de
voiture qui ne démarre pas et des bouchons interminables sur le périphérique.
Cet appel tombait à point nommé !
J’en profitai pour discuter avec deux amis, connaissant
tous deux les termes réels de mon tutorat et avec lesquels je pouvais donc
partager mon angoisse. Le premier ne me répondit pas tout de suite mais
j’engageai une réelle conversation avec la deuxième, ce qui me détendit un peu.
Effectivement, j’étais très stressée à l’idée que l’appel professionnel de
Thomas s’arrête et que nous passions aux choses sérieuses. Discuter avec cette
amie me fit vraiment chaud au cœur. Elle me disait même : « Je
stresse pour toi ! ». Mon stress était donc partagé !
Mais
évidemment, toutes les bonnes choses ont une fin : l’appel de Thomas se
termina. Je quittai mon amie et verrouillai mon téléphone. Je dis à
Thomas :
-
Même quand tu ne travailles pas, tu travailles
quand même !
-
Ah si, si ! Je travaille ! Je n’ai pas
pris mon après-midi !
-
Mais… Si tu n’étais pas disponible, tu aurais dû
me le dire : je ne serais pas venue !
Ce qui m’aurait arrangée…
-
C’est bon, je peux m’occuper de toi. D’ailleurs,
j’envoie un mail et ensuite, on va parler du bilan.
Le mail envoyé, « Thomas-cool »
se transforma en « Thomas-tuteur », plus cool du tout. Je le
soupçonne parfois d’être un pokémon, tellement la transformation est flagrante.
Tout change : sa posture, son regard, l’intonation de sa voix… Je n’ai
absolument rien à craindre de « Thomas-cool », en revanche
« Thomas-tuteur » fait vraiment peur.
-
Bien, tu es d’accord pour que l’on discute du
bilan ?
-
Oui…
-
D’accord. D’habitude, je te montre le tableau et
on discute de ton ressenti et de ce qui s’est passé. Mais aujourd’hui, je vais
faire l’inverse : je vais d’abord te demander ton ressenti, et ensuite je
te montrerai le tableau. Ok ?
-
Ok.
-
Première chose : le médicament.
En général il est pris, mais pas forcément avant dix heures. Or,
pour qu’il soit pleinement efficace, il doit être absolument pris entre sept heures et dix heures. Thomas me fit remarquer qu’il fallait que je me ressaisisse niveau
horaires, pour prendre mon médicament à l’heure. Je lui dis :
-
Oui mais j’ai la flemme de me lever… Je suis
crevée le matin.
-
Pourquoi tu es fatiguée ?
J’eus du mal à lui répondre : nous savons
pertinemment tous les deux que c’est parce que je ne me couche pas à l’heure.
Je finis par l’avouer :
-
Parce que je ne respecte pas le couvre-feu…
-
Quand tu ne te couches pas à l’heure, ça a
plusieurs conséquences…
Oui, oui, je sais. Bref. On passe au domaine
suivant : le régime. Dans l’ensemble, il fût bien respecté et cela se
vit : j’avais perdu cinq kilos sur ces trois dernières semaines.
Nous passâmes ensuite au couvre-feu… qui sur vingt-et-un jours, n’avait été respecté que 4 fois. Aïe, Thomas avait des raisons d’être en
colère et de durcir les règles. J’allais passer un sale quart d’heure.
-
Pourquoi tu ne te couches pas à l’heure ?
-
Parce que ça me saoule… Elle me saoule cette
règle, sérieux !
-
Donc c’est clairement du foutage de gueule,
Lucie ! Non seulement tu ne respectes pas ta santé, mais en plus tu ne
respectes pas toutes les discussions qu’on a eues et les choses qu’on a mises
en place pour t’aider ! Donc clairement, là, je ne suis vraiment pas
content !
Je ne suis pas content = fessée.
Je ne suis vraiment pas content = fessée
monumentale. J’avais intérêt à avoir le stock de larmes nécessaire.
Nous
parlâmes ensuite (et j’ai envie de dire : « évidemment ! »)
des cours séchés. Thomas n’est pas d’accord avec mon analyse : j’ai
l’impression de perdre du temps en cours de chimie ou je ne comprends rien et
en cours de littérature comparée où je dois écouter une lecture que je peux
faire moi-même par la suite. Nous restâmes chacun sur nos positions, ce qui
ferait sûrement des étincelles à l’avenir…
Thomas
me réprimanda également sur mon insolence envers lui, ainsi que sur les
messages matinaux concernant le planning que j’ai décidé d’arrêter toute seule.
Pour cela non plus, il n’était vraiment pas content. J’allais prendre
cher.
-
Bien, Lucie. Tu connais les règles. Je te
demande de te lever.
Thomas ferma les volets, alluma la pièce et déplaça la
table. Je refusai de me lever dans un premier temps, mais Thomas réitéra :
-
Lucie ! Lève-toi !
Cette fois-ci, j’obéis à contrecœur. Mes mains me cachant
le visage, j’avais vraiment peur de ce qui allait se passer, bien que je
l’imagine quelques peu.
-
Enlève ton pantalon et ton sous-vêtement, et va
au coin mains sur la tête.
-
Oh non, sérieux…
Je ne bougeai pas. Je ne voulais pas céder. Enlever les
seules protections que j’avais ? Hors de question !
-
Lucie, tu as une minute.
Thomas mit une minuterie sur son téléphone et le posa sur
la table. Cela me fit lâcher un juron. Mon tuteur le sanctionna
immédiatement d’une salve appuyée. La première fessée du jour, debout en plus.
Cela me fit céder. Je me déshabillai, pliai mes vêtements, les posai sur la
chaise et m’en allai au coin. Cependant, comme à mon habitude, je ne mis pas
mes mains sur la tête.
-
Lucie ! J’ai dit quoi ?! Mains sur la
tête !
Cette reprise fût ponctuée d’une fessée au coin, fessée
sous laquelle je gigotai pas mal. Thomas joue énormément sur le fait que je
supporte beaucoup moins bien une fessée debout qu’une fessée classique, pour me
faire plier. Et ça fonctionne. Je mis mes mains sur la tête et tentai de me
concentrer sur ma respiration pour gérer la douleur.
J’entendis Thomas ouvrir son meuble et y prendre la
planche. Ouf, je n’aurais donc pas à faire qu’à sa main.
-
Lucie, viens ici. M’ordonna Thomas après
quelques minutes. Garde tes mains sur la tête.
J’obéis en soupirant néanmoins d’agacement.
-
On va parler des règles de savoir-vivre, et
notamment du fait que tu me réponds.
-
Mais je suis obligée de te répondre !
-
Ah bon ? Pourtant nous échangeons par
écrit, tu peux te contrôler !
-
Mais je n’y arrive pas…
-
C’est justement ce que je te reproche.
-
Putain… lâchai-je.
En voyant que Thomas m’attrapait par le bras, je
m’excusai plusieurs fois et mis ma main libre sur mes fesses pour me protéger.
Mais mon tuteur me maîtrisa vite et je pris quand même une bonne salve,
toujours debout.
-
Mais je n’ai pas fait exprès… sanglotai-je.
-
Tu vois, on est en plein dedans, Lucie !
Les « putain », les « pff », les « t’es relou »
etc. C’est fini, ça ! Nous nous adressons l’un à l’autre avec courtoisie
et respect ! Je ne veux pas que tu continues !
Thomas s’assit sur le canapé et me demanda de m’installer
sur ses genoux. Je refusai.
-
Lucie ! Dépêche-toi ! Viens ici !
-
Non !
-
Lucie, une fois !
-
…
-
Lucie, deux fois !
-
…
-
Lucie, trois fois !
-
Non, non, non !
Thomas se leva, m’attrapa par le bras avec énergie et me
tira jusqu’au canapé puis en travers de ses genoux. Il fit en sorte de
m’entraver fermement, puis attrapa la planche et me fessa avec.
Malgré les précédentes salves, plutôt petites en termes
de nombre de claques (environ une vingtaine à chaque fois), mes fesses
n’étaient pas assez chauffées pour me faire supporter en toute quiétude la
planche. Je lâchai donc de petits « Aïe ! Aïe ! » et
essayai tant bien que mal de gigoter. Mais Thomas me maintenait quand même bien
fermement. Je suis plus corpulente que lui mais il a plus de force que moi, ce
qui change la donne. Je ne pouvais presque pas bouger.
Après une dizaine de coups de planche, Thomas opta pour
la main et mes gémissements se transformèrent en cris.
-
Nan, je t’en prie ! Je t’en supplie !
Stop, stop !!
-
Ce n’est pas à toi de dire stop ! Et moi,
je dis stop, oui ! Mais à l’insolence ! Stop à l’insolence,
Lucie ! Ce n’est pas la première fois que je te le dis !
-
Ok, pardon ! Pardon, j’suis désolée !
-
Ça, c’est ce que j’aurais voulu entendre ! ça te
faisait bien rire de me provoquer derrière ton téléphone, hein ?
-
Oui…
-
Et maintenant, ça te fait toujours autant rire,
Lucie ?!
-
Nan…Pardon !
Ça y est, mes fesses chauffaient comme il faut. Les
larmes n’étaient pas là, mais n’étaient pas non plus très loin. Une fessée sur
les genoux interminable et douloureuse au possible. Je me promis de faire
attention à mes messages, même lorsque je suis extrêmement agacée : la
frustration valait quand même mieux qu’une fessée.
Lorsque
ce fût fini, Thomas m’ordonna d’aller au coin avec encore les mains sur la
tête. J’obéis… Mais ne pus résister à la tentation de frotter mes fesses
meurtries.
-
Lucie ! Qu’est-ce que je t’ai dit ?!
me gronda Thomas en me collant une nouvelle salve. Pourquoi tu n’écoutes jamais
ce qu’on te dit ?!
L’habitude. Mais avec Thomas, les mauvaises habitudes se
payent par une bonne fessée, de quoi vouloir les abandonner rapidement !
-
Viens ici, Lucie.
J’approchai.
-
Garde tes mains sur la tête.
Je soupirai.
-
Pourquoi est-ce que tu viens d’être punie ?
-
Parce que j’ai été insolente envers toi.
-
Regarde-moi dans les yeux.
J’obéis.
-
Pourquoi est-ce que tu viens d’être punie ?
-
Parce que j’ai été insolente envers toi,
répondis-je en détournant le regard.
-
Regarde-moi dans yeux ! Tu ne parles ni au
sol, ni à la lampe derrière moi : tu me parles à moi. Répète-moi ce que tu
viens de dire.
Je répétai en le regardant dans les yeux, ce qui fut
réellement difficile pour moi. Lorsque je regarde quelqu’un dans les yeux, il y
a en général deux possibilités : soit je ne connais pas la personne et je
cherche à scruter son regard pour mieux la cerner, soit je connais la personne
et je cherche à la défier. Regarder une personne m’étant familière dans les
yeux a toujours été associé, chez moi, à de la provocation. Et à ce moment
précis, je ne voulais pas provoquer Thomas ! Il m’était donc compliqué de
lui obéir, surtout qu’il fait vingt centimètres de plus que moi et que je devais
donc lever la tête, signe supplémentaire de provocation selon moi.
-
On va maintenant parler des cours séchés.
Je restai sur mes positions, Thomas sur les siennes. Il
m’allongea sur ses genoux et je sus, dès la première claque reçue, que cette
punition allait être un véritable combat : ce serait à celui qui tiendrait
le plus longtemps, qui serait le plus endurant. Evidemment je partais avec un
désavantage puisque j’étais du mauvais côté de la main.
La
fessée tomba, forte et impitoyable, comme d’habitude. Thomas voulait qu’elle
soit sévère pour que je ne recommence pas à sécher les cours. Ça allait donc se
jouer au mental pour moi.
-
Tu vas continuer de sécher les cours,
Lucie ?
Je ne répondis pas.
-
Je t’ai posé une question ! insista mon
tuteur, en continuant de me fesser. Tu vas continuer de sécher les cours ?
-
Oui, répondis-je, rassemblant tout mon courage.
-
Pardon ?!
Les claques s’accentuèrent, se firent plus fortes et plus
difficiles en encaisser. Je mis ma main pour me protéger, Thomas la neutralisa.
Je n’en avais aucune envie, mais je devais capituler. Je n’avais plus le choix.
Au bout de plusieurs minutes, je cédai :
-
C’est bon, je ne sècherai plus ! J’irai en
cours, stop, stop !
Thomas m’infligea encore plusieurs claques (sûrement pour
me faire comprendre que ce n’est pas parce que je dis « stop » qu’il
va s’arrêter) et m’envoya au coin.
Mes
fesses me brûlaient. Je les caressai discrètement : heureusement Thomas ne
le vit pas. Je venais de prendre une tannée comme il y en a peu. Je n’avais
toujours pas versé une larme, même si j’en avais envie. La fierté m’en
empêchait.
-
Viens ici, Lucie.
J’avançai près de mon tuteur.
-
Tes mains sur la tête !
-
Mais pourquoi ?!
-
Pour que tu apprennes à obéir !
Je soupirai d’agacement mais obéis.
-
Pourquoi viens-tu d’être punie ?
-
Parce que j’ai séché les cours.
-
Regarde-moi dans les yeux.
-
Parce que j’ai séché les cours, répétai-je en
m’exécutant.
-
Tu recommenceras ?
-
Non.
-
Tu me le garantis ?
-
…
-
Tu me le garantis, Lucie ?
Je me mordais la lèvre. Lui dire « oui » serait
mentir. J’avais cédé ma parole pour que la fessée s’arrête, mais je n’avais
toujours pas quitté ma position : ces deux cours sont une perte de temps,
et les sécher ne m’empêche pas de les étudier.
Voyant que je ne répondais pas, Thomas me cala sous son
bras et me colla une fessée à la main absolument magistrale, que j’eus toutes
les peines du monde à encaisser. D’ailleurs, me fallut un peu moins d’une
minute pour que je cède.
-
C’est bon ! Je te le garantis ! Je te
le garantis !
Thomas me lâcha et réitéra :
-
Tu recommenceras à sécher les cours ?
-
Non.
-
Tu me le garantis ?
-
Oui.
-
Regarde-moi dans les yeux. Et je veux t’entendre
le dire.
-
Oui, je te le garantis.
-
Très bien. Si jamais tu sèches encore un seul
cours, ce que je t’ai dit sera mis en place.
Si je sèche un seul cours durant la semaine, je serai
automatiquement convoquée chez Thomas le vendredi. Finalement, ce n’est peut-être
pas du bluff. J’allais de toute façon, bientôt le savoir car j’ignorais si
mercredi après-midi à quatorze heures, je résisterais à la tentation de sécher le cours de
chimie. Affaire à suivre, donc.
Thomas
me fit asseoir à table, sur laquelle il y avait une feuille et un stylo. Cela
me fit lâcher un « putain », puni par une nouvelle salve debout. Je
commençais à en avoir ras-le-bol. Je regrettais même le jour où, dans mon
adolescence, j’avais appris ce juron et l’avais intégré comme un réflexe.
-
Tu écris : « Je m’excuse de ne pas
avoir envoyé de message pour le planning, le 10 décembre ».
-
Le 10 décembre ? Sérieusement ? Tu
reprends tout l’historique depuis décembre, là ?!
-
Ecris Lucie.
-
Nan mais c’est abusé là…
-
Tu as dix minutes.
Dix minutes pour vingt-huit (oui, oui, vingt-huit !) dates, c’était
un peu juste. Environ vingt secondes par ligne : je n’écris pas aussi vite. J’ai
encore une écriture d’enfant (ou certains diraient une écriture
d’instit’ !), à écrire en attaché chaque lettre et à bien former mes
lettres.
Au bout de dix minutes, tout n’était pas fini, Thomas me
laissa cinq minutes supplémentaires durant lesquelles que dus écrire à la
va-vite (chose que je déteste) et donc bâcler mon écriture.
Les vingt-huit lignes écrites, Thomas me demander me lever et me tenir face au mur.
Avec
tout ce que j’avais déjà pris, cela me coûta de devoir encaisser vingt-huit fessées
debout. Durant les dix-huit premières, je protestais presqu’entre chacune d’elles, ce
qui m’amena des salves supplémentaires… Je n’en pouvais plus ! Thomas
était obligé de me bloquer sous son bras, ou de mettre son pied sur le canapé
et de me pencher sur sa cuisse, pour m’entraver. Il voulait éviter que je bouge
et surtout, que je mette ma main pour me protéger. Pour les dix dernières, j’étais
résignée, je les recevais avec fatalité et automatisme. Je ne disais plus rien
et lisais les lignes de manière automatique, faisant la grimace à chaque fois
que la main de Thomas s’abattait sur mes fesses. J’avais payé pour tous les messages
non envoyés depuis décembre, mois qui me paraissait déjà lointain alors que
nous ne sommes pourtant qu’en mars.
Cette série de vingt-huit lignes/fessées terminée, Thomas me dit :
-
Je t’ai punie car tu n’as pas envoyé de message,
c’est une chose. Mais ce que je ne cautionne pas, c’est que tu aies décidé toi-même
de l’arrêt de cette règle. Est-ce que je t’impose de nouvelles règles par
surprise, sans t’en parler, moi ?
-
Non…
-
Alors il n’y a pas de raison pour que tu en
cesses une sans mon accord. Tu aurais dû m’en parler. De plus, au lieu de m’avouer
que tu avais tout simplement abandonné cette règle, tu as préféré me dire que
tu « avais zappé de m’envoyer un message ». Tu m’as donc menti, et
ça, je ne le supporte pas. Viens ici.
-
Oh non, s’il te plaît…
-
Je ne veux pas que tu me mentes, Lucie !
Thomas s’assit sur le canapé et me bascula en travers de
ses genoux. Et une fessée supplémentaire, une ! Comme si je n’en avais pas
assez pris aujourd’hui !
Elle était forcément plus facile à encaisser qu’une
fessée debout mais elle était plus longue, ce qui ne me satisfaisait évidemment
pas.
Ça y est, j’avais pu endurer tout cela sans larme jusqu’à
présent (signe que mon endurance et mon mental devenaient plus forts) mais là
je ne tenais plus. Les larmes vinrent, nombreuses.
Durant cette fessée, j’avais envie d’avouer à Thomas que je
lui avais de nouveau menti, pas plus tard que la veille, mais je n’y arrivais
pas. Je l’encaissais jusqu’à la fin – bien que Thomas alternât main et planche,
et qu’après les tannées précédentes, j’avais du mal à ne pas crier de
douleur ! – et filai au coin, mains sur la tête.
-
Lucie, viens là.
Je m’exécutai.
-
Pourquoi est-ce que je t’ai punie juste avant ?
-
Parce que je t’ai menti…
-
Tu recommenceras ?
-
Non… En plus, je t’ai également menti hier soir.
Ça y est, l’aveu était lancé.
-
Comment ça hier soir ?
-
Je t’ai dit que mon prof d’histoire était absent
ce matin, pour pouvoir gagner une heure de couvre-feu… Mais ce n’était pas
vrai. Mon prof d’histoire n’était pas absent, et puisque j’étais trop fatiguée
ce matin pour me lever, j’ai séché l’histoire.
-
Tu as séché l’histoire ce matin ?!
Thomas m’attrapa par le bras et me tira jusqu’au canapé. Je
me justifiai :
-
Mais je vais le rattraper, le cours ! Le
prof le met en replay ! Non, s’il te plaît !
Une nouvelle fessée tomba, je ne pouvais m’en prendre qu’à
moi-même. Si j’avais du mal à l’encaisser, elle avait au moins le mérite d’ôter
ma culpabilité. Cependant, cette punition fut corsée. Très corsée.
-
Je ne te mentirai plus ! Arrête !
Stop, stop ! Je ne le ferai plus !
-
Stop aux mensonges, oui ! me grondait
Thomas tout en tapant. Comment est-ce que je peux te faire confiance, Lucie ?!
Comment est-ce que je peux savoir si tu me dis la vérité ?! Il est hors de
question que ça se reproduise !
-
Ok ! C’est bon ! J’le jure !
-
Comment est-ce que je peux te croire ?!
C’est vrai, comment pouvait-il ? Je ne mens quasiment
jamais. J’ai parfois quelques moments de faiblesse, mais je déteste le mensonge
autant que Thomas. Je me haïssais d’avoir menti ; le fait que Thomas ne me
fasse plus confiance à cause de cela me peinait énormément. Encore plus que
cette fessée on ne peut plus méritée qui me tombait dessus.
Après
un ultime passage au coin, Thomas m’annonça qu’il se faisait tard (il allait
falloir que je me fasse une attestation pour le couvre-feu, même s’il n’y a pas
de case « j’étais chez mon tuteur à recevoir une fessée puisque je n’ai
pas appris la frustration et qu’il faut reprendre mon éducation du début » !)
et que nous allions en rester là pour aujourd’hui. Cependant, nous n’avions pas
réglé tous nos comptes, et Thomas me convoqua une nouvelle fois pour vendredi. Heureusement
que mon emploi du temps faisait en sorte que ce soit mon seul jour disponible
dans la semaine. Je ne me voyais pas revenir plus tôt !
-
D’ici là, je te conseille de te tenir correctement
et de respecter le couvre-feu, me dit Thomas. Comme tu le sais, à chaque fois
que tu ne le respecteras pas, ce sera doublé !
Il n’avait toujours pas l’air de bluffer, j’étais dans de
sales draps.
En
me rhabillant, le frottement de ma culotte puis de mon pantalon contre mes
fesses meurtries m’annonça que les séquelles allaient être salées. Effectivement :
rien qu’en marchant jusqu’à ma voiture, j’avais très mal aux fesses ; m’asseoir
dedans fût une véritable épreuve.
Au moment
où je vous écris, cela fait bientôt vingt-quatre heures, et je peine encore à m’asseoir. Le
pire, c’est qu’il faille remettre ça dans à peine six jours. Je n’ai désormais
plus le choix pour cette semaine : tout doit être impeccablement suivi,
sous peine d’une nouvelle séance mémorable.
A suivre…
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