J'ai pris le parti de ne pas écrire les dialogues en anglais pour préserver le confort de lecture :) Peace. L.P.
Lundi 25
janvier 2021
Six heures, mon réveil sonne. J’ouvre difficilement
les yeux : la fatigue est toujours présente malgré la bonne nuit de
sommeil que je viens de passer. En plus de mes devoirs au lycée, papa a engagé
un professeur particulier d’anglais qui vient deux heures par jour pour m’aider
à bien comprendre mes cours et rédiger correctement mes devoirs. Je dois donc
travailler deux fois plus que les autres. Puisque Valentin veut le meilleur
pour moi, il m’a inscrite dans une Magnet school franco-anglaise ;
les Magnet schools ont la réputation d’avoir un niveau très élevé et de
préparer la future élite américaine. De plus, je sais que papa dépense une
somme d’argent exorbitante pour ma scolarité et je ne veux pas le
décevoir ! Mon père me voit déjà intégrer l’université de Stanford l’année
prochaine, pour que je puisse aller à la fac sans quitter la maison familiale.
Cependant, je n’ai jamais eu
une telle pression scolaire ; souvent, je regrette la France et mon petit
lycée privé où je me la coulais douce, même si ma belle-sœur était ma prof
principale.
Hormis ma tonne de devoirs qui ne s’allège pas, je me
suis plutôt bien adaptée à la vie américaine : notre nouvelle maison est
immense et très confortable. Puisque Romain et Jeanne ont rompu, nous louons la
dépendance dans laquelle ils devaient vivre à un couple d’étudiants. Papa, Manon,
Romain et moi habitons donc tous les quatre dans le bâtiment principal de notre
maison.
Evidemment, beaucoup de choses
ont changé avec notre arrivée en Amérique !
Papa travaille beaucoup plus
qu’avant et n’est que rarement à la maison. D’un côté, cela m’arrange car je
l’ai moins sur le dos ; mais je dois avouer qu’il me manque souvent !
Romain a profité de sa rupture
et de ce nouveau départ pour reprendre ses études : il souhaite passer
plusieurs diplômes afin d’être mieux qualifié lorsqu’il intégrera la société
familiale.
Manon poursuit ses études de
médecine à San Francisco. Elle n’est donc à la maison que trois jours par
semaine : le vendredi, le samedi et le dimanche. Le reste du temps, elle
vit dans son duplex du centre-ville.
Quant à moi, je passe ma vie
entre le lycée et la maison. Aussi, pour la première fois de ma vie, je fais
partie d’une bande de copines ! Nous sommes cinq et complètement
inséparables ! Une autre première dans mon quotidien : j’ai un petit
ami !
Puisque papa et Manon ne sont pas
souvent à la maison, Romain et moi passons beaucoup de temps tous les
deux : mon grand frère était déjà très protecteur avec moi, mais avec ce
déménagement, il s’est carrément transformé en deuxième papa, encore plus
strict que le premier ! Il vérifie mon sac d’école tous les soirs, il fait
très attention à mes fréquentations, il refuse (évidemment !) que mon
petit ami vienne à la maison… J’avais espéré qu’en reprenant ses études, mon
frère serait trop occupé pour me fliquer mais mes espoirs se sont révélés
vains !
Autre nouveauté à la
maison : nous avons une domestique ! Je suis très mal à l’aise avec
cela car j’estime que nous pourrions faire ce qu’elle fait (c’est-à-dire le
ménage, la cuisine, la lessive, les courses et toutes les tâches qui font tourner
une maisonnée) mais papa dit qu’il n’y a pas de quoi être mal à l’aise car on
crée de l’emploi. Néanmoins, cette pauvre dame d’une cinquantaine d’années
travaille pour nous dix heures par jour ! Heureusement que son salaire en
vaut la peine !
Bref, une fois mes notifications checkées sur mon
smartphone, je pris mon courage à deux mains et sortis de mon lit à baldaquin
King-size pour me diriger vers la cuisine. Je descendis les escaliers et vis
notre domestique, Dolores (que nous appelons Loli) m’accueillir avec un grand
sourire.
-
Salut Zoé !
-
Salut Loli, répondis-je. Comment vas-tu
aujourd’hui ?
-
Très bien et toi ? As-tu bien dormi ?
-
Oui mais pas assez, me plaignis-je. Je rêve
d’une journée off où je pourrais dormir vingt-quatre heures d’affilées…
-
Ce n’est pas pour aujourd’hui, petite
sœur ! dit Romain en entrant dans la pièce.
Mon frère m’embrassa sur le
front puis récupéra la brique de jus de fruits stockée dans la porte du frigo.
Il en profita pour jeter un œil à mon emploi du temps, affiché en évidence sur
le mur à côté de lui.
-
Tu as une journée bien remplie aujourd’hui,
petite sœur ! Pense à prendre tes vitamines !
-
Je n’ai pas besoin de ces fichues vitamines,
Romain…
Me voyant constamment
fatiguée, papa a demandé à notre nouveau médecin traitant de me fournir des
vitamines à prendre obligatoirement chaque matin. Seulement, elles ont un goût
horrible, et je me sens toujours aussi fatiguée !
-
Zoé, prends-les, insista mon frère en posant le
tube juste sous mon nez.
-
Si ça se trouve, j’ai la mononucléose. Les
vitamines n’y changeront rien !
-
C’est ça ! s’exclama Romain. Trouve un
prétexte pour ne pas aller au lycée !
-
N’importe quoi…
Quoique, ça m’aurait quand
même arrangée de ne pas y aller !
En arrivant au lycée, je retrouvais mes amies : Beverly,
Hailey, June et Meredith.
-
Salut les filles ! leur lançai-je.
-
Salut ! répondirent-elles.
-
On t’attendait, précisa Beverly. Tu ne croiras
jamais ce que le prof de civilisation européenne a fait !
-
Qu’est-ce qu’il a fait ?! m’inquiétai-je.
-
Il nous a mis un D- à notre exposé !
s’indigna Beverly.
Mes amies et moi avions
réalisé un exposé sur la fête de Pâques en France. Parmi plusieurs fêtes
européennes, nous avons choisi celle-ci puisqu’étant française, j’avais déjà
pas mal de données en tête.
-
Nous n’avons pas fait une seule erreur, dis-je.
C’est impossible, il a dû se tromper !
-
Non, j’te jure ! confirma June. Va voir
l’affichage toi-même, nous avons bien eu un D- !
J’étais déterminée à obtenir
des explications de la prof de mon prof de C.E., c’était certain !
Je pestais contre mon prof auprès de mes copines,
lorsque l’on m’attrapa les hanches par derrière. Je sentis les lèvres de Trent
se poser délicatement dans mon cou. Puis, il me susurra :
-
Salut, Honey.
Je me retournai en embrassai
avec amour mon petit ami. Puis je plongeai mes yeux gris dans ses yeux bleu
turquoise et eus l’impression que le temps s’arrêtait.
-
On va vous laisser ! annonça Hailey,
emmenant nos trois amies avec elle.
Mes copines parties, Trent me
prit la main et nous avançâmes ensemble vers notre salle de classe, la sonnerie
ayant retenti.
-
Comment vas-tu aujourd’hui ? me
demanda-t-il.
-
Ça va… et toi ?
-
Bien.
-
Ta mère ne t’a pas embêté ? lui
demandai-je.
-
Non, ça va. Elle n’était pas là hier.
Trent vit exactement la même
situation familiale que moi il y a un an et demi de cela. Il vit seul avec sa
mère alcoolique, dans une caravane garée le long du trottoir de la rue voisine
à la mienne. Sa mère fait le ménage dans une grande entreprise. Trent, lui,
travaille à mi-temps dans l’épicerie du coin pour pouvoir payer sa scolarité.
-
Trent, tu sais qu’il suffirait que j’en touche
un mot à mon père et je…
-
Zo, ton père ne veut pas de moi chez lui.
-
Parce qu’il a peur qu’on…enfin…tu vois,
quoi ! Mais ça arrivera bien un jour ou l’autre ! Et quand ce sera
fait, il n’y aura plus de souci ! Et puis, j’ai 18 ans maintenant, alors
je fais ce que je veux ! Et s’il connaissait ta situation, je te garantis
qu’il te prendrait sous son aile !
-
Je ne veux pas de la charité de ton père, ma
puce.
-
Ce n’est pas de la charité, c’est du bon
sens !
La différence entre la
situation de Trent et ma situation passée est que la mère de Trent le bat. Il
avait d’ailleurs bien rigolé lorsque je lui avais avoué que je recevais parfois
la fessée : ce n’est rien comparé à ce que sa mère lui inflige !
Cela me brise le cœur chaque jour de savoir mon homme
dans cette situation. Cela me pèse et me rend malheureuse, Trent le sait ;
sa fierté l’empêche de demander de l’aide.
-
Honey, laisse tomber, insista Trent. S’il te
plaît.
Je me tus. Il sait très bien
que je ne suis pas d’accord avec cette situation et que si ça ne tenait qu’à
moi, sa mère serait en ce moment au poste de police. Ce qui sauve Trent, c’est
qu’il est grand et baraqué, contrairement à sa mère qui est petite et menue.
En entrant en cours de civilisation européenne, je
laissai Trent pour rejoindre mes amies au bureau du prof.
-
Mesdemoiselles ? dit-il. Vous avez quelque
chose à me dire ?
-
Monsieur, le D- de notre exposé est
totalement injustifié ! protesta Meredith.
-
Absolument pas ! confirma le prof. Vous
avez triché ! J’aurais d’ailleurs dû vous mettre un F, alors estimez-vous
heureuses !
-
Pourquoi pensez-vous que nous avons
triché ?! me renseignai-je, exaspérée.
-
Il est impossible de connaître autant de choses
sur cette fête ! répondit le prof. Vous avez inventé des choses alors que
j’exige une honnêteté sans failles dans chaque travail que je donne !
-
Je suis française ! rappelai-je avec
agacement. Forcément que je connais beaucoup de choses sur cette fête ! Je
la vis tous les ans depuis ma naissance !
-
Vous n’avez pas fait l’exposé toute seule,
mademoiselle ! soutint le prof.
-
Bien sûr que non, mais il est logique que j’y aie
apporté mes connaissances ! ajoutai-je.
-
Ecoutez, si vous voulez continuer à vous
plaindre, le bureau du Principal est juste au bout du couloir ! Si c’est
tout, vous gardez votre D- et vous allez vous installer à vos
places. Le cours va bientôt commencer.
-
Connard ! lâchai-je à mi-voix.
Oui, j’avais vite appris les
gros mots en anglais.
-
Eh bien, Mademoiselle Duhamel ! me
réprimanda le prof qui m’avait malheureusement entendue. Le Principal vous
attend !
-
Monsieur, vous n’allez pas l’envoyer chez
Monsieur Yates pour ça ! tenta Trent pour me défendre.
-
Vous souhaitez peut-être l’accompagner, Monsieur
Hotchner ?!
Trent ne répond pas. Je lui
lançai un regard reconnaissant puis sortis de la salle de classe.
Depuis mon arrivée aux Etats-Unis, c’était la
première fois que j’avais des problèmes de discipline : le conseil qui
avait eu lieu en France m’avait vaccinée. De toute façon, j’avais tellement de
devoirs que je n’avais pas le temps d’être dissipée ! C’était d’ailleurs
cela qui m’avait exaspérée : j’avais mis tout mon cœur et toute mon
énergie dans cet exposé sur Pâques, tout ça pour récolter un D- !
Quelle injustice !
-
Entrez ! ordonna Monsieur Yates.
Je m’exécutai.
-
Ah, bonjour Zoé. Quel bon vent vous amène ?
-
J’ai insulté Monsieur Giullian de connard et il
m’a envoyée chez vous.
-
Pourquoi diable avez-vous fait cela ?!
-
Beverly, Meredith, June, Hailey et moi avons
fait un exposé dans sa matière, sur la fête de Pâques en France. On y a mis nos
cœurs et notre énergie, dans ce travail ! On a d’ailleurs fait exprès de
choisir ce sujet car je suis parfois un peu nostalgique de mon pays…
Oui, oui, j’ajoutai un peu de
dramatisme dans mon récit…
-
… et on était fières de nous en le
rendant ! Mais ce matin, nous avons découvert que Monsieur Giullian nous
avait noté avec un D- ! Lorsque nous sommes allées le voir pour
demander une explication, il nous a accusées d’avoir triché alors qu’à aucun
moment nous n’aurions fait une chose pareille ! Vous savez très bien que
nous sommes toutes les cinq de bonnes élèves, Monsieur ! On ne triche
pas ! Alors voilà, j’étais énervée et… l’insulte est partie toute seule.
-
D’abord, je vous convoquerai, vos amies et vous,
ainsi que Monsieur Giullian, pour parler de ce devoir et ainsi aboutir à une
solution qui satisfasse tout le monde. Ensuite, j’admets volontiers que
Monsieur Giullian est en fin de carrière et qu’il est très…borné, sur certaines
choses. Mais Zoé, rien ne justifie le fait que vous insultiez un de vos
professeurs. C’est une faute très grave au sein de notre établissement, punie
très sévèrement ! Le respect de vos professeurs est quelque chose de
primordial et vous devez d’ores et déjà l’apprendre (même quand cela est
injuste !) car il vous faudra plus tard respecter votre hiérarchie
professionnelle.
-
Je sais, Monsieur. Je me suis laissée emportée
et je n’aurais pas dû.
Je voulais tenter de limiter
un maximum les dégâts pour également limiter les représailles familiales.
-
Bon, écoutez. Normalement, ce genre de faute
aboutit à une exclusion de l’établissement pour la journée. Mais puisque c’est
la première fois que je vous reçois dans mon bureau pour un problème de
discipline, je souhaite être indulgent. Vous effectuerez quatre heures de colle :
deux demain et deux mercredi. Aussi, j’enverrai dès que vous sortirez de mon
bureau, un mail à votre père pour lui faire part de votre mauvais comportement.
J’espère vraiment ne pas vous revoir pour le même motif, Zoé. Vous êtes une de
mes meilleures élèves et j’aimerais que cela ne change pas.
-
D’accord, Monsieur. Toutes mes excuses.
-
Ce n’est rien. Retournez travailler, maintenant.
Le Principal me fila un bon de
retour en cours et je sortis de son bureau.
Une fois la porte refermée derrière moi, je m’adossai
contre le mur et me laissai glisser le long de celui-ci jusqu’à me retrouver
accroupie. Je mis ma tête dans mes mains et me maudis moi-même.
Depuis mon arrivée chez mon père, j’avais fait de
sacrés progrès au niveau disciplinaire. Depuis notre installation aux
Etats-Unis, je n’avais pris que quatre ou cinq fessées. Quatre ou cinq en sept
mois, c’était encore moins que ma sœur. Je m’étais transformée en véritable
petite fille modèle et avais d’ailleurs trouvé que la vie était beaucoup plus
simple ainsi. Mais ce matin, mon sale caractère avait ressuscité le temps de
quelques secondes : juste pour avoir une parole malheureuse. Puis il avait
de nouveau disparu. Mais le mal était fait.
Je retournai en cours de C.E., ne regardant aucun
autre élève, ni le prof. Je m’assis et suivis tant bien que mal le cours.
A la fin de celui-ci, Trent et mes amies me sautèrent
dessus :
-
Zoé ! Alors ?
-
Qu’a dit le Principal ?
-
Il t’a punie ?
-
Il t’a virée ? Quand on insulte un prof
ici, on prend cher…
-
Non, dis-je. Il m’a « juste » collée
quatre heures. Et…il a envoyé un mail à mon père pour lui dire ce qui s’est
passé.
Un « ohhhhh ! »
général se fit entendre autour de moi. Mon petit ami et mes quatre copines
connaissent très bien la sévérité de mon père et sont au courant de la façon
dont il me punit. Meredith et June sont élevées de la même façon. Beverly est
une enfant unique et roi, Hailey a des parents hippies : elles ne
connaissent donc pas la discipline mais compatissent.
-
Ton père est chez toi en ce moment ? me
demanda Trent.
-
Il est à Washington, répondis-je. Il rentre
mercredi. Mais mon frère est là…
-
Tu veux venir dormir chez moi ? demanda
Beverly. Juste pour ce soir, histoire que ça passe…
-
C’est gentil mais mon frère n’acceptera jamais,
rappelai-je. Et puis, plus vite je rentrerai, plus vite ce sera passé…
Les filles me laissèrent seule
avec Trent, qui me réconforta. Ses bras sont vraiment le meilleur endroit au
monde.
A 15h30, Trent me raccompagna jusque devant ma porte.
Cela me fit mal au cœur de le voir me laisser dans mon immense maison alors
qu’il allait rejoindre sa misérable caravane.
Nous nous embrassâmes, puis
mon amoureux me souhaita bonne chance. Je le remerciai, l’enlaçai, et rentrai
chez moi.
Mis à part Loli, il n’y avait personne dans le grand
hall de la maison.
-
Coucou Zoé ! me lança la domestique. Tu as
bien travaillé ?
-
Oui, oui…. Dis-moi Loli : où est mon
frère ?
-
Il est allé faire un footing. Il ne devrait pas
tarder.
-
Un footing ? A quatre heures de
l’après-midi ?
-
Tu connais ton frère ! se résigna Loli. Lui
et le sport, ça ne fait qu’un !
Ce fut à la fin de la réplique
de Loli que mon frère ouvrit la porte.
-
Salut, lui dis-je.
-
Salut. Papa m’a envoyé le mot de ton principal.
Je prends ma douche et je m’occupe de toi. En attendant, tu restes assise sur
le canapé et tu ne bouges pas !
Je m’autorisai à passer au pipi-room
puis allai m’asseoir sur le canapé attendant que mon frère finisse de se laver.
-
Ça va aller, Zoé, tenta Loli pour me
réconforter.
-
Oui, ça va aller, répondis-je pour me rassurer
moi-même.
Propre et
sec, Romain réapparut dans la pièce, vêtu d’un jean bleu stone et d’un
tee-shirt noir, floqué du symbole de la famille Stark dans Game of Thrones,
série préférée de mon frère. J’entendais les semelles de ses chaussons
s’écraser contre le carrelage alors que Romain se dirigeait vers moi. Il m’attrapa
par le bras, me sortit du canapé en un seul geste et me colla une immense
claque sur le derrière, heureusement atténuée par ma robe, mon collant et ma
culotte. Il me gronda :
-
Est-ce que tu peux m’expliquer POURQUOI tu te
retrouves dans le bureau de ton Principal alors que jusqu’à maintenant, tu
étais sage et adorable ?!
-
Il a été injuste avec moi…
-
Je sais… Monsieur Yates a écrit un long mail à
papa pour lui exposer la situation, et papa m’a transféré le mail. Je sais pour
ta note et effectivement, ce n’est pas juste ; papa le pense aussi. Mais
en aucun cas cela te donnait le droit d’insulter ton prof ! Aucun !
-
Mais j’étais énervée ! Tu sais bien qu’on
ne se contrôle pas sous le coup de la colère !
-
Ah oui ?! Pourtant, je t’assure que c’est
possible ! Car si je ne me contrôlais pas à ce moment précis, je t’aurais
balancée par la fenêtre ! Tu faisais un sans-faute, Zoé ! Elève
exemplaire avec de très bons résultats, sage, discrète, agréable à la maison…
Nous sommes très fiers de toi depuis que nous sommes arrivés aux
Etats-Unis ! Je ne sais vraiment pas ce qui t’a pris !
-
Oui ben, peut-être que j’en avais marre de jouer
à la petite fille modèle ! rétorquai-je, la moutarde me montant au nez. Tout
le monde a droit à l’erreur, non ? Désolée de ne pas être la parfaite
petite sœur que tu voudrais que je sois !
-
Tu racontes n’importe quoi, Zo ! Je t’aime
et t’accepte telle que tu es ! Ce sont tes bêtises que je n’accepte
pas ! Je refuse que tu fiches tous les efforts que tu as fait jusqu’à
présent en l’air, juste parce qu’un prof t’a énervée ! Tu avais bien
d’autres solutions que celle de l’insulter !
A la suite de ces mots, Romain
s’assit sur le canapé et me bascula en travers de ses genoux.
-
Je ne veux pas que tu recommences, Zoé ! Quand
tu as un problème, tu en parles au lieu d’insulter les autres !
Romain me fessa sur ma robe,
puis sur mon collant en laine (ce qui fut particulièrement insupportable car
irritant !), puis sur ma culotte. Lorsque celle-ci fut à son tour
descendue, la fessée devint particulièrement compliquée à encaisser. Je n’avais
plus ma résistance d’avant, étant donné que je n’en recevais plus aussi
souvent. Il était donc très compliqué de recevoir celle-ci !
Sur ce coup-là, mon frère fut indulgent et se limita
à une traditionnelle déculottée à la main. Cependant, Romain me prévint :
si je recommençais, il prendrait une des claquettes en cuir de papa pour me
punir. Là, ce serait beaucoup, beaucoup plus douloureux !
Lorsque je me relevai des genoux de mon frère, Loli
tenta de me réconforter mais je la repoussai et filai dans ma chambre. J’étais
beaucoup trop vexée pour accepter quelconque câlin. J’attrapai mon téléphone et
envoyai un message à Trent :
« Romain m’est tombé
dessus. J’en ai marre ! ». Au moment où je cliquai sur
« envoyer », mon téléphone se mit à sonner et afficha
« Papa ». Je décrochai.
-
Allô ?
-
Zo, c’est papa.
-
Oui, je sais que c’est toi. Ton nom s’affiche
sur mon écran, comme d’habitude. Tu veux quoi ?
-
Je voulais parler mais tu as l’air d’une humeur
massacrante.
-
Ton fils vient de me coller une fessée, je ne
vais pas danser de joie !
-
Pour ce qui s’est passé avec ton prof de
C.E. ?
-
Ben oui ! Pour quoi d’autre ?!
-
Zoé, baisse d’un ton, s’il te plaît.
-
Je suis beaucoup trop énervée pour ça !
-
Très bien, je te rappellerai lorsque tu seras
calmée dans ce cas.
-
Très bien !
Je raccrochai au nez de mon
père et culpabilisai instantanément. Je pris une grande inspiration, soufflai
un bon coup, puis le rappelai.
-
Oui ?
-
Désolée, papa. Ce n’est pas ta faute si je suis
en colère, tu n’y es pour rien.
-
C’est vrai, d’un autre côté je peux comprendre
que tu sois vexée et que tu n’aies pas envie de parler.
-
Ça se passe bien, à Washington ?
-
Oh tu sais, je ne vois pas grand-chose mis à
part des buildings et des bureaux. Mais j’ai hâte de rentrer à la maison, vous
me manquez tous les trois.
-
Toi aussi tu nous manques, papa. Tu voulais
parler de quoi ?
-
Eh bien… de ce qui s’est passé aujourd’hui mais
à priori ton frère a déjà remis les points sur les « i »…
-
Tu n’as pas l’intention d’en rajouter une
couche ?
-
Non. Tu méritais effectivement une fessée et si
Romain te l’a donnée, je n’ai rien à ajouter.
-
Certaines fois, ce n’est pas parce que Romain ou
Manon m’avait punie que tu ne me punissais pas à ton tour !
-
Peut-être, mais puisque tu es sage depuis
plusieurs semaines, je prends cette incartade d’aujourd’hui comme un fait rare
et isolé. En revanche, si tu fais encore une bêtise ces prochains jours, ce ne
sera pas la même histoire Zoé ! Mais ça, je pense que tu le sais.
-
Oui papa, je le sais.
-
Bien. Tâche de continuer à me rendre fier de
toi. Je t’aime, mon bébé.
-
Je t’aime aussi papa.
Nous raccrochâmes cette
fois-ci dans l’apaisement et la bienveillance.
Je m’attelai à mes devoirs.
Romain et moi ne nous adressâmes pratiquement pas la
parole durant le repas. Arrivés au dessert, c’en fût trop pour mon frère :
-
Zoé, tu vas arrêter de faire ta tête de
cochon !
-
Pourquoi ?! A chaque fois que je dis
quelque chose, tu m’en colles une ! Alors je la ferme !
-
N’importe quoi ! Tu voulais quoi,
hein ?! Que je laisse passer le fait que tu as insulté ton prof ?!
-
J’étais victime d’une injustice, Romain !
-
Je m’en contrefiche ! Tu dois respecter les
adultes, Zoé ! Un point c’est tout !
-
Tu sais où tu peux te le coller ton respect des
adultes ?!
-
Attention à ce que tu vas dire… !!
-
Dans ton c…
Je ne finis pas ma
phrase : Romain lâcha son pot de yaourt et sa cuillère, m’attrapa par les
cheveux et me tira jusqu’au canapé.
-
On dirait bien que tu n’as pas retenu la leçon
de tout à l’heure !
-
Lâche-moi ! Laisse-moi tranquille ! Je
vais le dire à papa !
-
Oui, c’est ça, dis-lui ! En son absence, c’est
MOI qui te gère ! Et il est hors de question que tu me parles comme
ça !
Ce fut parti pour la deuxième
fessée de la journée, cette fois-ci beaucoup plus longue et appuyée. Romain
était vraiment en colère et je le sentais sur mes fesses ! Je lui hurlais
dessus, en colère moi aussi, mais je compris vite que mon frère ne s’arrêterait
pas tant que je ne me serais pas calmée.
La douleur devenant
insupportable à gérer, je me calmai doucement, me rendant bien compte qu’entre
mon frère et moi, ce sera toujours lui qui aura le dernier mot.
M’étant calmée, Romain me lâcha. Il m’ordonna :
-
Je veux que tu sois au lit dans trente
minutes !
-
Quoi ?! Mais je devais me laver les cheveux
ce soir et…
-
Tu te débrouilles comme tu veux mais si tu n’es
pas au lit dans trente minutes, je sors le martinet !
-
Tu m’as déjà donné deux fessées aujourd’hui, tu
ne crois pas que tu m’as assez punie comme ça ?!
-
Vingt-neuf minutes !
Je fulminai discrètement
contre mon frère et me dirigeai vers la salle de bains.
Vingt-neuf minutes plus tard, j’étais dans mon lit.
Romain passa pour me souhaiter une bonne nuit mais ce fût glacial entre nous. Il
voulut me faire un câlin, je refusai : la seule personne que je voulais
voir était Trent.
« Romain m’a punie ! »
lui envoyai-je une fois que mon frère fut sorti.
« Tu veux qu’on se
voit ? »
« Comment ça ?
Maintenant ? »
« Oui, maintenant. Ton
frère te croit endormie, on n’a qu’à se prendre une chambre d’hôtel et tu
reviendras avant l’heure du réveil demain matin… »
« On se
rejoint où ? »
« En bas de ta rue
dans vingt minutes ».
Je sortis de mon lit, me rhabillai et coiffai en
silence, puis sortis discrètement de ma chambre. Romain faisait ses devoirs
dans la sienne, la voie était libre. Je sortis par le garage et rejoignis Trent
devant la maison.
Trent m’emmena dans un magnifique hôtel dont je
payais la chambre : Trent a plus besoin de son argent que moi. N’empêche,
400$ la nuit, ça ferait un sacré trou dans mon compte en banque ! Mais peu
importe, j’étais avec mon amoureux et c’était tout ce qui comptait.
Ce soir, Trent et moi vécûmes notre première fois.
J’en avais déjà parlé avec Manon qui m’avait prévenue que ce n’était pas
terrible, et m’avait indiqué toutes les précautions nécessaires à prendre pour
que nous passions un bon moment.
Cette délicieuse communion entre nos deux corps effectuée, blottie contre mon petit ami,
j’étais persuadée d’avoir trouvé l’homme de ma vie. J’aurais donné beaucoup de
choses pour que ce moment soit éternel.
J’essayais de ne pas penser à
la justification que je donnerais à mon père quand il me demandera où sont
passés les 400$ sur mon compte… Cela serait sûrement encore source de
conflit !
A suivre…
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