Peut-être était-ce l’appréhension
de revoir Thomas qui fut à l’origine de mon cauchemar dans la nuit de mardi à
mercredi. Peut-être aussi que mes récits envahissent mon inconscient sans,
évidemment, que je m’en aperçoive.
Je suis assise dans le bureau de mon Directeur de
Licence. A côté de moi, Thomas. En face de moi, le bureau et mon Directeur de
Licence assis derrière.
Plein de questions auraient pu
me submerger : « Comment m’étais-je retrouvée là ? Qu’est-ce que
Thomas faisait là ? Où était ma famille ? ». Mais non. Bizarrement,
je savais parfaitement bien que Thomas était mon tuteur et qu’il me surveillait
de A à Z, qu’il était responsable de moi.
Bref, mon Directeur de Licence commença :
-
Monsieur Legendre (Pourquoi ? Je suis
certaine que ce n’est pas du tout le nom de famille de Thomas !), je
vous ai convoqué aujourd’hui pour parler de Lucie. En effet,
Lucie a dépassé les bornes et je voulais vous informer que j’ai convoqué un
conseil de discipline à son encontre.
J’avais déjà vécu cette « convocation »
en conseil de discipline, mais aucun de mes proches n’était impliqué, et encore
moins Thomas !
A cette
annonce, Thomas me fit le regard noir qu’il me fait en général lorsqu’il est
furax. Il me montra ses genoux en m’ordonnant : « Viens ici ! ».
Bouche bée, je ne répondis pas, ne bougeai pas. Il n’allait quand même pas me punir
devant mon DL, si ?! « Viens ici, Lucie ! Je ne le répèterai pas ! ».
11h30. Mon
réveil sonne, me sortant de ce terrible cauchemar. Seulement, la réalité me
secoua tout autant : dans une heure, je dois prendre la route pour aller
chez Thomas, nous avons quelques comptes à régler.
Pour une fois, je sonne au lieu de frapper à la
porte. Il vient m’ouvrir. Je passe au pipi-room puis nous discutons de façon
détendue pendant plusieurs minutes ; la réouverture des concerts et la
finale de Koh-Lanta sont nos principaux sujets de conversation.
-
Bon, Lucie, nous allons maintenant passer au bilan,
si tu es d’accord ?
Je déteste lorsqu’il me pose
la question. Je n’ai pas le choix d’être d’accord ou pas ! Je suis là pour
ça ! Et puis, rien que le fait d’avoir fait le trajet montre mon
consentement (légèrement masochiste) à me prendre une misère considérable parce
que je suis incapable de m’auto-frustrer. Bref.
-
Oui.
-
Ok, très bien. Alors allons-y.
Ma licence
est terminée. Depuis novembre, j’ai un tutorat extrêmement strict, comme je n’ai
jamais eu. Thomas est sans nul doute le plus déterminé, strict et intransigeant
des tuteurs/tutrices que j’ai eus jusqu’à présent. Résultat : ma moyenne
générale pour ce semestre passé avec Thomas est de 16,75/20, chose qui n’était
jamais arrivée. Thomas a la capacité de pouvoir me recevoir régulièrement (et
donc de remettre les choses d’équerre presqu’immédiatement), ce qui n’est pas négligeable.
Thomas m’a forcée à travailler plus que d’habitude, bien que j’aie également pris énormément de temps de relâchement. Cette moyenne de 16,75 aurait clairement pu être encore plus élevée, si j’avais utilisé la totalité de la capacité de mon « super-cerveau ». Nous aurions presque pu fixer le barème des notes à 17/20 au lieu de 15/20. Mais 15, c’était déjà très bien !
Thomas me félicite pour mes notes. Sur les
vingt-quatre notes récoltées durant le semestre, seules quatre sont en-dessous
de 15/20. Je le remercie pour son investissement.
Pour le reste du bilan, tout laisse à désirer. Depuis
la fin de ma licence (le 22 mai), je ne fiche plus rien. Je me couche à pas d’heure,
je fais grasse mat’ sur grasse mat’, je passe ma journée à regarder des séries
en jouant aux Sims… Je ne me bouge que de 16h à 19h pour aller faire du
baby-sitting, quatre jours par semaine, jusqu’au 6 juillet. D’ailleurs, mardi,
parce que j’avais la flemme de bouger, j’ai inventé un gros mensonge à la maman
des enfants pour justifier mon indisponibilité à garder ses rejetons. Tout ça parce
que j’avais la flemme. Bilan ?
-
Mon médicament est pris de façon plus qu’aléatoire
-
Le couvre-feu n’est quasiment jamais respecté
-
Mon régime alimentaire passe à la trappe
-
Le sport est aux abonnés absents
-
Le stage intensif d’anglais que je dois effectuer
durant l’été est réduit à néant.
Forcément, ça n’allait pas.
-
Lucie, je vais te demander de te lever et d’aller
allumer la lumière.
Je pris le parti d’obéir tout
de suite pour voir si c’était effectivement « moins pire », comme l’avait
annoncé Thomas à plusieurs reprises.
-
Enlève ton sous-vêtement et va au coin.
Thomas dut se dire qu’il y
avait anguille sous roche : puisque j’avais opté pour la coopération
aujourd’hui, j’obéis sans broncher.
-
Retourne-toi, Lucie.
J’obéis, me retrouvant face à
Thomas.
-
Bien. On va parler de tes notes. Bien que je sois
satisfait de ton travail, il y a quatre notes en-dessous de 15/20, soit onze
points. Tu peux me rappeler le barème ?
-
Quarante coups de ceinture par point en-dessous
de 15.
-
Ça fait combien ?
Je calcule vite fait mais me
refuse à dire le chiffre. Je me fais tout de même violence et annonce :
-
Quatre-cent-quarante.
-
C’est ça.
Là, je me dis clairement que
je ne vais pas survivre. Personne ne survit à ça. C’est juste inhumain. Thomas
reprend :
-
Puisque tu as vraiment eu d’excellents résultats,
au lieu de prendre quarante coups par point, je te donnerai quarante coups par
matière où tu as eu une note en-dessous de 15/20. Il y en a quatre. Je vais donc
te demander de t’allonger, Lucie.
Douche
froide. L’injustice m’envahit et je suis au bord des larmes. Même si j’ai pris
plusieurs moments de relâchement, j’ai travaillé ! Plus que d’habitude !
Toutes ces heures de travail, d’acharnement, de prises de tête sur la tournure
des titres des parties et sous-parties d’un exposé, sur l’interprétation des
sujets, sur la relecture pour améliorer la syntaxe… Toutes ces heures à m’arracher
les cheveux sur les devoirs de science de la grammaire, de littérature
française, de CHIMIE (je précise au passage que j’ai réussi à atteindre 16/20
de moyenne en chimie ! Le graal !). Tout cela pour rien. Que je
travaille ou pas, la sentence est la même : je reçois une bonne fessée. J’étais
condamnée à cent-soixante coups de ceinture, même après tous les efforts
fournis.
Je m’allongeai
sur la méridienne et commençai à compter et encaisser les coups. Avec ce
sentiment d’injustice, j’avais vraiment du mal à supporter la douleur. Je me
demandais d’ailleurs pourquoi je devais la supporter alors que je n’avais rien
fait de mal, si ce n’est ne pas atteindre le barème fixé pour quatre notes sur
vingt-cinq. Thomas me disait qu’il était satisfait, voire très satisfait de mon
travail, mais à croire les coups de ceinture qu’il me donnait, je ne le croyais
pas. En plus de l’injustice, je me sentais trahie : s’il était satisfait,
pourquoi me punissait-il quand même ?!
Je compte le
quatre-vingtième coup et fonds en larmes. Ça y est, je craque. Je m’assois sur
la méridienne et dis à Thomas :
-
Pourquoi est-ce que tu me punis quand même alors
que j’ai tout fait pour te rapporter de bonnes notes ?
-
Parce qu’il y avait un barème en place, Lucie. Et
selon ce barème, j’aurais dû te donner quatre-cent-quarante coups de ceinture !
-
Oui ben là, clairement, je n’aurais pas survécu
alors ça ne sert à rien…
-
Je sais, et c’est aussi pour te montrer que je
suis satisfait que j’ai réduit le barème à la note plutôt qu’au point.
-
Mais si tu es satisfait, pourquoi est-ce que tu
me punis quand même ?
-
Parce que je te l’ai dit, Lucie, il y a un barème !
-
Oui mais clairement, là, j’ai l’impression que j’ai
travaillé pour rien, que j’ai fais des efforts pour rien. Quoiqu’il arrive, que
je travaille ou pas, je suis punie. Donc autant que je ne travaille pas…
-
Lucie, je le répète, je suis très satisfait de ton
travail ! Nous sommes vraiment sur un barème d’excellence, là ! C’est
l’excellence que je te demande et tu as réussi à l’atteindre ! C’est
vraiment super ! Ce que je souhaite, c’est qu’à travers le barème, ça te
motive à aller encore plus loin !
-
Mais c’est tout le contraire qui est en train de
se produire ! Ça me démotive totalement ! Je trouve cela hyper injuste ! Comme
je te l’ai dit, que je travaille ou pas, je suis quand même punie ! Donc
clairement, autant que je ne travaille pas, ça me facilitera la vie !
Thomas réfléchit quelques
secondes puis dit :
-
Si je trouve une autre option, je ne veux pas
que tu te dises à la rentrée : « La dernière fois, je n’ai pas été
punie alors autant ne rien faire ! »
-
Non, je ne me dirai pas ça.
-
Je l’espère ! Je veux que tu saches que…
-
…Tu appliqueras le barème quoiqu’il arrive, oui,
j’ai bien compris. Seulement, là, je trouve cela injuste et j’ai même plus
envie de continuer.
-
Bon, écoute. Ce que je ne veux absolument pas, c’est
que ça te démotive. Donc je te propose quelque chose : tu as déjà pris la
moitié, je réserve l’autre moitié en sursis pour la rentrée. Si jamais tu ne
travailles pas à la rentrée…
-
Oui, oui, j’ai compris.
-
On fait comme ça, alors ?
-
D’accord.
-
Très bien, dis-moi quand tu seras calmée.
-
C’est bon, je le suis, dis-je en séchant mes
larmes.
-
Très bien.
Thomas et moi soufflâmes quelques
secondes, puis Thomas reprit :
-
Nous allons passer au couvre-feu. Tu te souviens
qu’il était triplé ?
-
Oui.
-
Je t’épargne les lignes. Mets-toi debout face à
l’ordinateur et dis-moi la première phrase.
-
Je m’excuse de ne pas avoir respecté le
couvre-feu le 15 avril.
Il y eut
une vingtaine de dates… fois trois. Cette séquence se révéla un véritable bras
de fer entre Thomas et moi. Ma volonté de coopérer avait disparu d’un coup,
laissant place à la « Lucie rebelle » que je suis en permanence.
A force de mettre mes mains
pour me protéger, Thomas me prévint une unique fois :
-
Si tu remets encore une fois ta main, tu passes
allongée sur la méridienne !
-
Oh nan, sérieux… priai-je.
Même si les fessées debout
étaient très douloureuses, elles valaient mieux que celles que je recevrais
allongées sur la méridienne.
Au fond de
moi, je me posai quand même la question : « Va-t-il le faire ou pas ? ».
En général, il n’y a pas qu’une seule menace, il y en a plusieurs. Allait-il se
répéter ou directement passer à l’acte ?
Je remis ma main, Thomas m’attrapa
et m’allongea sur la méridienne. Bon, ok, il ne rigolait vraiment pas !
A partir de là, les fessées se révélèrent plus douloureuses,
plus compliqué à supporter ; d’autant plus qu’il était beaucoup plus aisé
pour Thomas de me bloquer les deux mains afin que je ne puisse pas me protéger !
Toutes les fessées tombèrent, y compris celles pour
les « putain », les « mais c’est bon, là ! » et toutes
les autres formes d’insolence qui s’étaient manifestées. Plus je continuais,
plus Thomas sévissait. Après la dernière fessée supplémentaire pour insolence,
je me dis qu’il était vraiment temps de me calmer si je voulais pouvoir m’asseoir
dans ma voiture pour rentrer chez moi. Il fallait que j’admette que Thomas ne
lâcherait rien, ni aujourd’hui, ni jamais. Je perdrais, quoiqu’il arrive, et
les fessées s’avèreraient de plus en plus salées.
-
Au coin, mains sur la tête !
J’allai au coin… sans les
mains sur la tête. Cela me valut une bonne fessée au coin, chose que je déteste
plus que tout. Je me tins ensuite correctement.
-
Viens ici, Lucie.
J’obéis.
- On va parler de l’anglais. Va t’allonger sur la méridienne.
Je m’exécutais à reculons, en
soupirant.
-
Rappelle-moi ce qui a été fait en anglais, m’ordonna
Thomas.
-
Rien, répondis-je. Rien du tout.
Et la fessée commença à
tomber. Elle était costaude et difficile à encaisser. Thomas alternait entre
main et planche ; mais il n’y a pas à dire, c’était sa main qui me faisait
le plus souffrir.
-
Arrête ! le priai-je. Stop ! Stop !
-
Tu l’as fait, ton anglais, ou pas ?!
-
Non…
-
Alors pourquoi j’arrêterais ?!
Effectivement, il n’avait pas
tort. Mais cette fessée devenait insupportable. Vraiment. Heureusement, elle ne
dura pas longtemps.
Thomas me renvoya au coin. Je me mis pas mes mains sur
la tête. Je repris une fessée sur la méridienne. Il me renvoya de nouveau au
coin. Je tins les mains sur la tête quelques minutes… puis les baissais. Thomas
me fila de nouveau une fessée, au coin. J’en avais plus que marre. « JE N’AI
PAS ENVIE DE METTRE MES MAINS SUR LA TÊTE ! » avais-je envie de lui
hurler. Mais puisqu’il ne cédait pas, je n’avais pas le choix.
-
Viens ici, Lucie.
J’obéis.
-
Que vas-tu faire pour l’anglais ?
-
Je vais chercher un prof et commencer les séances
du programme.
-
Quand ?
-
Demain.
-
Je compte sur toi, Lucie. Vraiment. Comme pour
le reste ! Le médicament, le couvre-feu, etc… C’est important !
Thomas me prit dans ses bras
et me répéta qu’il comptait sur moi. Cela me donna envie de le rendre fier ;
j’espérais juste que cette envie ne soit pas éphémère !
Il me fallut deux heures pour rentrer chez moi. Vive
les bouchons parisiens !
Après avoir mangé avec un lance-pierre, je filai au
théâtre. Ma troupe et moi répétons pour notre prochain spectacle, début
juillet. Pendant le tout premier exercice, la relaxation, j’avais bien du mal à
tenir en place avec mes fesses endolories !
En rentrant à la maison le soir, je pensai à l’éprouvante
séance d’aujourd’hui et me dis qu’il allait vraiment falloir que j’anéantisse
cette semi-léthargie que j’avais inaugurée il y a deux semaines. Heureusement, grâce
à Thomas, j’étais motivée à l’abolir !
A suivre…
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