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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 16)

12 pages word ! Je ne pensais pas vous livrer un jour un chapitre aussi long ! Bonne (longue) lecture ! L.P.




Lundi 16 septembre 2019.

 

-          Debout les filles ! nous réveilla Monsieur Éric. Il est l’heure !

Je déteste le lundi. Non seulement il signe la fin réelle du week-end, mais en plus il marque une matinée horrible : deux heures de cours avec Monsieur Nicolas, suivies par deux heures de cours avec Monsieur Jean. De quoi détester ce jour de la semaine !

 

                Sur le chemin du réfectoire, j’étais grognon. Monsieur Éric, qui marchait à mes côtés au même titre que Mathilde, me demanda :

-          Quelle mouche t’a piquée aujourd’hui, Clémence ?

-          Je déteste Monsieur Nicolas et Monsieur Jean.

-          Ce sont deux très bons professeurs !

-          Ce sont deux sadiques, oui ! m'exclamai-je.

-          Clémence !

-          Elle a raison ! me soutint Mathilde. Ils guettent tous les deux la moindre petite chose qui pourrait leur permettre de nous punir !

-          Ils sont sévères, oui, mais c’est pour votre bien et votre réussite, affirma le Dirlo.

-          Oui ben la prof d’anglais n’est pas aussi sévère et nous réussissons tout autant ! râlai-je.

-          Il y a des cours où vous avez besoin de discipline ; la littérature et la philosophie en font partie. Je vous rappelle que ce sont les deux matières où vous avez les plus gros coefficients !

 

Nous nous installâmes dans le réfectoire du petit déjeuner, à nos places habituelles et attitrées. Depuis trois jours, Lou et Naomy se plient en quatre pour nous faire plaisir à Mathilde et moi. Elles savent qu’elles ont sacrément merdé en manquant de solidarité ; Mathilde et moi en avons payé le prix fort avec une déculottée publique devant tout le Pensionnat suivie d’une séance très douloureuse dans le bureau de Monsieur le Directeur.

-          On vous a gardé des pancakes, les filles ! nous dit Lou en nous en tendant une assiette. On sait que vous adorez ça !

Nous les remerciâmes. Finalement, ça avait du bon de faire la tête à ses copines !

 

 

                8h30, la sonnerie retentit. Monsieur Nicolas nous fit entrer en classe de philosophie. Après nous avoir autorisées à nous asseoir, il débuta :

-          Bien. Pour aujourd’hui, vous deviez lire le texte de Platon sur la vérité. Qui a lu ce texte ?

Tout le monde leva la main. J’étais certaine que la plupart d’entre nous mentaient, moi y compris. Je n’avais pas lu ce texte. Je l’avais zappé, au profit de mes autres devoirs.

-          Très bien. Qui peut me dire comment Platon définit la vérité ?

Personne ne leva la main. Pas une seule main levée. Aucune.

-          Je répète : qui peut me dire comment Platon définit la vérité ?! gronda Monsieur Nicolas.

Tout le monde se tut.

-          Qui a vraiment lu le texte ?! Si vous me mentez, ça va très mal se passer !

Une nouvelle fois, aucune main ne se leva. Monsieur Nicolas nous réprimanda fortement :

-          C’est ainsi que vous pensez décrocher votre baccalauréat ?! En vous tournant les pouces, c’est ça ?! Je vous rappelle que la philosophie est coefficient 8 au baccalauréat littéraire, mesdemoiselles ! Il est absolument hors de question que cet établissement prestigieux enregistre ne serait-ce qu’un seul échec au baccalauréat pour la première fois depuis sa création ! Les devoirs sont une nécessité ! Vous DEVEZ les effectuer ! Il va très vite falloir vous mettre au travail, mesdemoiselles, très vite ! M’avez-vous entendu ?!

-         

-          M’AVEZ-VOUS ENTENDU ?! vociféra-t-il.

-          Oui Monsieur, répondîmes-nous timidement.

-          Parfait ! Puisque vos devoirs ne sont pas faits, nous ne pouvons pas avancer sur notre programme ! Nous rattraperons donc ces deux heures perdues mercredi matin, de 8h30 à 10h30 !

Un brouhaha de mécontentement s’éleva dans la classe. Nous n’avons jamais cours le mercredi et cela nous arrange bien. Ces deux heures de rattrapage sonnaient comme une retenue.

-          SILENCE ! s’écria Monsieur Nicolas. Je n’ai pas terminé ! Puisque je déteste perdre mon temps, nous allons mettre les deux heures qui viennent à profit ! Je vais vous faire passer l’envie de ne pas faire vos devoirs ! Tout le monde debout ! Vous enlevez vos jupes et vous allez vous aligner face et nez au mur du tableau, mains sur la tête !

Personne ne bougea. Je crois que nous pensions toutes avoir mal entendu.

-          Faut-il que j’appelle les surveillantes pour vous faire obéir ?! gronda le professeur de philosophie. Dépêchez-vous ! Je peux vous promettre que celle qui n’obéit pas va avoir du souci à se faire !

Jessica fut la première à obéir, suivie par toutes les filles de son dortoir. Les filles du dortoir n°3 obéirent également. Bientôt je fus la seule à être restée assise et totalement habillée. Je regardai mes vingt-et-unes camarades en culottes blanches, alignées face au mur, leurs mains sur la tête.

-          Mademoiselle Clémence, nous vous attendons ! me gronda Monsieur Nicolas. Je n’ai que très peu de patience !

-          C’est hors de question ! répondis-je avec aplomb. On n’a rien fait de mal !

-          Ne pas faire vos devoirs n’est pas une bêtise, selon vous ?! Vous voulez que l’on demande son avis à Monsieur Matthieu ?

Je crevais d’envie de dire : « Oui, faîtes-le venir ! » juste pour le voir. Mais il me collerait sûrement une fessée que je sentirais passer.

-          De toute façon, vous ne pouvez pas contrôler vingt-deux élèves à vous tout seul ! provoquai-je.

-          Je peux demander du renfort s’il y a des récalcitrantes, expliqua Monsieur Nicolas. Mais pour le moment, vous êtes la seule à me désobéir et je peux très bien me charger de votre cas moi-même !

Monsieur Nicolas enleva sa ceinture et la plia en deux. Puis, il m’attrapa l’oreille et me tira jusqu’à l’estrade sur laquelle il me fit monter. De là, il me pencha sur son bureau, releva ma jupe et m’asséna quelques coups très appuyés de ceinture sur ma culotte. Je crus en compter cinq ou six.

-          Aïe ! Stop ! priai-je. C’est bon, je vais obéir !

-          J’aime mieux ça ! Allez déposer votre jupe sur votre chaise et rejoignez vos camarades !

Prendre une fessée à la ceinture trois jours après une rouste mémorable était terrible. Déjà hier, mes fesses étaient très ecchymosées ; aujourd’hui les stigmates étaient encore plus douloureux. La pensée que mes fesses soient déjà très douloureuses me terrifia. Je n’allais supporter aucune fessée aujourd’hui. Je serai comme mes chochottes de camarades qui pleurent dès la deuxième claque. Il allait falloir que je serre les dents pour au moins conserver un tant soit peu de fierté.

                Monsieur Nicolas remit convenablement sa ceinture et je me positionnai aux côtés de Mathilde, mains sur la tête et nez face au mur. Nous entendîmes toutes Monsieur Nicolas prendre son énorme règle en bois et il y eut des murmures de terreur parmi les élèves.

-          Silence ! Je ne veux pas vous entendre ! S’il y a bien quelque chose que je ne supporte pas, ce sont les élèves qui ne font pas leurs devoirs ! Vous allez vraiment toutes le regretter, je vous le garantis !

J’étais la dernière à droite. Monsieur Nicolas commença par la gauche.

-          Mademoiselle Jessica ! Venez au bureau !

Il la fit se pencher sur le bureau et baissa sa culotte. Nous entendions toutes déjà Jessica pleurer, elle qui n’avait encore jamais reçu de fessée depuis la rentrée. Le professeur déboutonna sa manche de chemise pour pouvoir la retrousser, signe que la première salve serait à la main. Grâce au ciel, il avait pour le moment posé la grosse règle.

               

                Jessica reçut une bonne fessée à la main suivie par vingt bons coups de règle. Elle fut renvoyée au mur dans la même position que nous toutes, à l’exception près qu’elle avait la culotte aux chevilles, le derrière rouge vif et le visage inondé de larmes.

-          Mademoiselle Naomy ! appela Monsieur Nicolas en retroussant son autre manche dans l’intention d’alterner chaque main pour durer plus longtemps.

-          Non, je vous en prie… pria ma copine.

-          Vous avez fait vos devoirs, oui ou non ?!

-          Non mais je vous promets que je connaitrai ce texte par cœur pour mercredi…

-          Je n’en doute pas ! Venez ici !

-          Non, s’il vous plaît Monsieur…

-          Si je dois venir vous chercher, vous prendrez le double !

A contrecœur, Naomy s’avança et reçut la même tannée que Jessica.

 

                Lou. Lucille. Noémie. Eva. Astrid. Emilie. Florentine. Charline. Laëtitia. Hélène. Louise. Camille. Emma. Yéline. Elles y passèrent toutes, y compris Léa, Salomé, Valentine et Capucine, mes quatre ennemies qui vivaient leur pire vie au Pensionnat depuis qu’elles m’avaient sacrément amochée la semaine dernière.

                Ce fut au tour de Mathilde. Monsieur Nicolas ne faiblissait pas, même après les vingt premières fessées manuelles. Trois quarts d’heure avaient passés et nous étions toujours debout face au mur, déculottées ou non selon notre ordre de passage.

 

                Quand Mathilde, punie, rejoignit sa place initiale et que mon nom fut appelé, je me rendis jusqu’au bureau à reculons. Je savais que Monsieur Nicolas rêvait de m’avoir sous sa main depuis le jour où je lui avais tenu tête, sauvée in extremis par Monsieur Matthieu. Le philosophe attendait sa revanche de pied ferme : mes fesses allaient être toutes à lui.

Oh bien sûr, j’eus bien envie de le supplier de m’épargner, de lui demander d’être clément… Mais ma fierté m’en empêcha.

-          A nous deux, Clémence ! dit-il une fois que je fus penchée et déculottée.

Les claques tombèrent. Fermes et cinglantes. Monsieur Nicolas avait toujours autant d’énergie. J’avais pensé être chanceuse en passant en dernière mais je pense que mon prof avait décidé de garder « le meilleur pour la fin ». Il ne m’épargnait aucunement. J’étais devenue sa tête de turc, la rebelle qu’il fallait mater. Je gigotais sur place, accusant chaque claque qui tombait en serrant fort les dents ; cependant, cela se révéla un exercice particulièrement compliqué. Les larmes commencèrent à couler en silence. Je ne voulais pas que Monsieur Nicolas sache que je souffrais terriblement donc je gardais pour moi mes gémissements de douleur. Cependant, la fessée ne s’arrêta pas et je lâchai quelques « Aïe ! », « Ah ! », « Ouh… » incontrôlés.

                Enfin, il s’arrêta. J’eus quelques secondes de répit avant la règle. J’essuyai mes larmes, fermai les yeux et tentai de me concentrer sur autre chose que la punition que je recevais. J’entendis Monsieur Nicolas s’emparer de la règle…Top départ. J’allai trinquer.

CLAC ! Le premier coup. Supportable.

CLAC ! Deuxième. Ça chauffe.

CLAC ! Troisième. Ça brûle !

CLAC ! Tiens bon Clémence…

CLAC ! Plus que quinze…

CLAC ! Je lâche un « aïe » suivis de sanglots.

CLAC ! Je meurs d’envie de me frotter les fesses pour atténuer la douleur.

CLAC ! Huit. Bientôt la moitié…

CLAC ! « Aaaaïiiie ! » m’exclamai-je; les larmes coulant sur mes joues.

CLAC ! Plus que dix, plus que dix petits coups…

CLAC ! « Aïe ! Aïe… »

CLAC ! Aller Clem', c’est bientôt fini…

CLAC ! Je commence à ne plus supporter ça. Mes fesses sont en feu.

CLAC ! Vite que ça s’arrête…

CLAC ! Trois quarts. C’est bientôt fini.

CLAC ! Seize. Encore quatre.

CLAC ! Dix-sept. Bientôt délivrée.

CLAC ! Dix-huit. Je n’en peux plus…

CLAC ! Dix-neuf. Plus qu’un.

CLAC ! Fini ! Enfin !

Je me redressai et me frottai instantanément les fesses. Cette règle était aussi redoutable que le paddle en bois de Monsieur Éric. Horrible…

-          Bien ! Suivez-moi Mesdemoiselles. La première que je vois remonter sa culotte aura des ennuis !

Nous suivîmes Monsieur Nicolas qui nous fit sortit de la classe. Nous nous regroupâmes tant que nous pûmes, tentant de nous cacher les unes les autres malgré nos culottes aux chevilles. Le personnel de l’établissement nous voyait déambuler dans les couloirs à moitié nues et les fesses rougies. Il ne s’arrêtait pas plus que ça pour nous, signe que ce genre de spectacle était monnaie courante dans cette école.

 

                Monsieur Nicolas frappa à la porte du bureau de Monsieur Matthieu. Des papillons naquirent dans mon ventre.

-          Entrez ! dit Monsieur Matthieu de sa merveilleuse voix.

Le philosophe ouvrit la porte.

-          Monsieur Matthieu, je vous amène la classe de Terminale Littéraire. Sur les vingt-deux élèves, aucune d’elles n’a fait les devoirs que j’avais demandés pour aujourd’hui. Aucune, Monsieur ! Je les ai donc punies moi-même. Je vous les amène pour que vous puissiez attester des corrections administrées.

-          Alignez-vous face au mur, toutes ! gronda Matthieu. Mains sur la tête ! Vite !

Nous nous retrouvâmes dans la même situation pour la deuxième fois de la matinée.

-          Vous êtes fières de vous ?! demanda le SG.

-         

-          Je vous ai posé une question ! vociféra-t-il.

-          Non Monsieur… répondirent plusieurs de mes camarades, impossible de dire lesquelles.

-          Vous êtes ici parce que vous avez déjà raté votre baccalauréat ! réprimanda Monsieur Matthieu tout en faisant quelques pas, bras croisés. Parce que vos familles ne savaient plus quoi faire de vous ! Vous aviez déjà un comportement exécrable à la maison ! Vous pensez pouvoir faire la loi ici aussi ?! C’est ça ?! Vous pensez pouvoir faire ce que vous voulez ?! Il est tout bonnement HORS DE QUESTION que vous fassiez ce que vous voulez ! Ici, on respecte le règlement ! On travaille ! On a de bons résultats, et on fait ses devoirs ! Vous ne mesurez pas la chance que vous avez d’être dans une école qui vous accueille et croit en vous malgré vos dossiers scolaires catastrophiques ! Ne pas faire vos devoirs est un signe de total irrespect ! Et s’il y a quelque chose que je déteste encore plus que les cancres, ce sont les gamines irrespectueuses ! Je connais par cœur le dossier scolaire de chacune d’entre vous ! Je connais parfaitement bien chaque classe et chaque élève de ce Pensionnat, même si vous ne me connaissez pas ! Je vous ai à l’œil, les TL* ! Je vous garde dans le collimateur ! Si jamais l’une d’entre vous fait des siennes, j’espère pour elle qu’elle ne se retrouvera pas dans ce bureau parce que ça va chauffer sévère ! J’ai déjà dompté les TS** et les TES***, je peux très bien m’occuper fermement de votre cas ! Vous allez très vite rentrer dans le rang et faire beaucoup moins les malignes ! Maintenant, vous allez vous reculotter et retourner en classe me copier des lignes ! « Je dois toujours faire mes devoirs, quelle que soit la matière ! ». Je veux vos lignes sur mon bureau à 10h30 ! Gare à celles qui ne les auront pas faites ! Filez ! Je vous ai assez vues !

Aucune d’entre nous n’avait vu autre chose que le mur durant le monologue de Monsieur Matthieu ; mais le SG avait tout de même réussi à en faire trembler et/ou pleurer quelques-unes. De retour en classe, Monsieur Nicolas écrivit la phrase que nous devions copier au tableau et s’en alla, laissant la surveillance à Madame Bérangère. Puisque Monsieur Matthieu était plutôt clément avec moi, je me permis de dessiner au lieu de copier ces fichues lignes.

 

                A 10h30, mes camarades formèrent une file indienne dans le bureau de Monsieur Matthieu et déposèrent leurs lignes, en silence. Le SG avait forcément remarqué mon absence, c’était là bien mon intention : je voulais qu’il me convoque dans son bureau, que nous nous trouvions seuls lui et moi. Pas de punition, pas de fessée, juste un baiser langoureux et une étreinte affectueuse.

-          Clémence, dépêche-toi ! me pressa Mathilde alors que j’avais profité de la pause intercours pour passer au petit coin. On va être en retard au cours de Monsieur Jean !

 

 

-          Bonjour mesdemoiselles. Asseyez-vous.

Nous nous exécutâmes.

-          Bien, dit Monsieur Jean. Aujourd’hui nous allons corriger les exercices que je vous avais donnés à faire mais avant cela, j’aimerais que l’on parle de votre sortie d’hier à la forteresse médiévale de Crozant. Nous allons nous en servir pour construire le cours d’aujourd’hui. Qui peut me citer les trois principaux artistes qui ont été inspirés par cette forteresse ?

Personne ne répondit, évidemment. Si l’une d’entre nous avait réellement écouté le guide, c’est qu’elle était masochiste.

-          Personne ? Vraiment ? Aucune de d’entre vous n’est capable de me donner une information sur cette forteresse ?

De nouveau, le silence s’installa dans la classe.

-          Vous avez pris cette sortie pour un loisir, mesdemoiselles ?! gronda Monsieur Jean. Vous avez cru que c’était par pur amusement ? Sachez dorénavant que toutes les sorties culturelles que vous effectuerez feront l’objet d’une étude approfondie en classe ! Maintenant, si aucune de vous n’est capable de répondre à ma question, vos fesses vont très sérieusement chauffer !

Un vent de terreur souffla dans la classe. Nous sortions tout juste d’une fessée collective et nous étions à deux doigts d’en recevoir une autre. Mon cœur se mit à battre à tout rompre. Je levai la main pour tenter ma chance.

-          Mademoiselle Clémence ?

-          Jean Racine, Victor Hugo et Honoré de Balzac, citai-je au hasard espérant en avoir au moins un de bon.

-          Tout faux. Mademoiselle Eva ?

-          J…je…je ne sais pas.

-          Mademoiselle Charline ?

-          Emile Zola et Pablo Picasso ?

-          Raté ! Mademoiselle Yéline ?

-          Je…je ne m’en souviens pas, Monsieur.

-          Personne n’est capable de me donner les trois artistes inspirés par la forteresse de Crozant ?! Vraiment ?! gronda le littéraire.

Un silence s’installa dans la classe.

-          La bonne réponse était Frédéric Chopin, Claude Monet et George Sand ! déclara le professeur. Vous êtes toutes bonnes pour une fessée, mesdemoiselles !

-          Mais pourquoi ?! protestai-je, ressentant une profonde injustice.

-          Parce que vous n’êtes pas capables d’être attentives lors d’une sortie culturelle ! Aucune de vous n’a été sérieuse durant cette sortie ! C’est inadmissible !

Monsieur Jean ouvrit la porte de la classe et happa quelqu’un, un des hommes travaillant habituellement dans la buanderie.

-          Enguerrand, pouvez-vous demander à Monsieur Lionel et Monsieur Matthieu de me rejoindre ici, s’il vous plaît ?

-          Tout de suite, Monsieur.

-          Nous irons plus vite si nous sommes trois à vous fesser, nous lança Monsieur Jean avec un air on ne peut plus sadique.

La plupart de mes camarades se mirent à pleurer, y compris Mathilde. Je tentai de la rassurer en lui disant que nous avions vécu bien pire mais cela ne fonctionna pas.

 

                Monsieur Lionel et Monsieur Matthieu ne tardèrent pas à arriver. Monsieur Jean leur expliqua la situation et tous trois remontèrent leurs manches et prirent place sur trois chaises installées sur l’estrade, assez espacées les unes des autres pour ne pas se gêner.

-          Nous allons procéder par ordre alphabétique, dit Monsieur Jean, la liste des élèves en mains.

Je calculai rapidement mon ordre de passage : j’étais la cinquième. Pourquoi fallait-il que mon prénom commence par un « C » ?!

                Astrid fut allongée sur les genoux de Monsieur Jean, Camille sur ceux de Monsieur Lionel et Capucine sur ceux de Monsieur Matthieu. Si on suivait cet ordre logique, Charline serait la prochaine avec Monsieur Jean et j’hériterai d’une fessée sur les genoux de Monsieur Lionel. Le Directeur-Adjoint ne m’avait jamais punie, ce serait donc une vraie première. Je fus un peu déçue de ne pas me retrouver sous la main de mon bien-aimé (quitte à recevoir une fessée, autant que cela vienne de lui !) mais il valait mieux ne pas éveiller les soupçons.

                La première salve de déculottée à la main fut terminée et Astrid, Camille et Capucine furent envoyées face au mur, mains derrière le dos. Elles pleuraient toutes les trois et avaient l’air d’avoir sacrément morflé ! Je n’étais pas pressée que ça soit mon tour. Malheureusement…

-          Mesdemoiselles Charline, Clémence et Emilie ! appela le professeur.

Charline et Emilie s’avancèrent mais je restai sur place. Impossible pour moi de me résoudre à prendre une nouvelle fessée. J’en avais plus qu’assez.

                Voyant que je ne venais pas, Monsieur Lionel se leva et vint me chercher. Il attrapa mon poignet et me fit avancer jusqu’à l’estrade à coups de bonnes claques sur les fesses. Il s’assit ensuite, m’allongea sur ses genoux et baissa ma culotte.

-          Eh ben dis donc, Mademoiselle Clémence ! commenta-t-il. Vu l’état de vos fesses, il faudrait sérieusement songer à arrêter les bêtises !

Je me retins de lui répondre, la phrase préparée dans ma tête aurait nettement aggravé mon cas.

                Les claques commencèrent à tomber. Une bonne fessée déculottée, traditionnelle, à la main, allongée sur les cuisses. Qu’est-ce que j’avais pu en recevoir de celles-là ! D’abord de la part Côme et Célestine durant mon enfance, puis depuis mon arrivée ici. C’était sans nulle doute la plus humiliante et infantilisante de toutes ; et elle ne demandait pas son reste en matière de douleur !

 

Puisque Monsieur Lionel est gaucher, Charline et moi étions alors face à face en train de gigoter sur les genoux de nos bourreaux. Charline pleurait toutes les larmes de son corps, ses deux mains bloquées dans le creux de ses reins par Monsieur Jean. De mon côté, Monsieur Lionel n’y allait pas de main morte : la vache, qu’est-ce qu’il tapait fort ! Je n’étais encore jamais passée sous sa main et pour cause : il méritait bien son titre de Directeur-Adjoint ! Les larmes me vinrent rapidement aux yeux. Tout en recevant les claques, j’entendais Monsieur Jean nous gronder :

-          Il va falloir que vous vous mettiez au travail, jeunes filles ! Nous ferons de vous des élèves exemplaires, même s’il faut vous corriger incessamment !

-          Espèce de vieux bougre sadique ! l’insultai-je dans ma tête.

 

Monsieur Matthieu fut le premier à stopper la fessée d’Emilie ; Monsieur Jean et Monsieur Lionel en finirent également avec Charline et moi. Je soufflai un bon coup, contente que ce soit terminé. Je me relevai et rejoignis le premier triplé face au mur et mains dans le dos en titubant. Je profitai que les trois fesseurs soient occupés avec le convoi suivant (Emma, Eva et Florentine) pour me frotter vigoureusement les fesses. Nous avions toutes sacrément pris depuis ce matin !

                Ce fut ensuite au tour d’Hélène, Jessica et Laëtitia. Puis Léa, Lou et Louise. Puis Lucille, Mathilde et Naomy. Puis Noémie, Salomé et Valentine. Et enfin, Monsieur Jean s’occupa seul de fesser Yéline tandis que Monsieur Matthieu et Monsieur Lionel surveillaient si nous tenions bien nos positions face au mur. Ils n’hésitaient d’ailleurs pas à donner quelques claques à la volée pour recadrer celles qui bougeaient trop !

 

-          Merci pour votre aide, messieurs, dit Monsieur Jean après en avoir fini avec Yéline.

-          Pas de problème, répondit Monsieur Matthieu. Cela ne fait que deux semaines que la rentrée a eu lieu, nous savons ô combien les corrections sont encore nombreuses ! Cela se calmera au fur et à mesure de l’année, lorsqu’elles rentreront dans le rang.

Avant de prendre congé, Monsieur Matthieu me lança un regard profond. Curieusement, je n’y vis pas d’amour ou de tendresse mais plutôt de la contrariété et de la colère. Qu’avais-je fait encore ?!

 

                Monsieur Jean nous fit copier des lignes : « Je dois profiter de chaque sortie culturelle pour m’instruire et prendre des notes afin de restituer ces mêmes connaissances durant le cours de littérature. » ; il mit un point d’honneur à nous surveiller lui-même. Je fis l’effort de remplir une page verso pour faire illusion puis poursuivis mon dessin précédemment commencé. Il était bien trop désagréable pour moi de faire des lignes, je perdais inutilement mon temps.

                A la fin des deux heures, Monsieur Jean ramassa les copies, expliquant que nous rattraperions le temps perdu mercredi de 10h30 à 12h30. Evidemment.

 

                Ma classe fut particulièrement calme au cours du déjeuner. Nous étions encore un peu secouées par notre cuisante matinée.

-          Il va falloir faire payer ces deux vieux sadiques ! dis-je à mes copines. Il est hors de question que l’on se laisse faire !

-          Ce sont eux qui ont le pouvoir, Clem, dit Mathilde. S’il y a riposte, cela veut dire bêtise. S’il y a bêtise, cela veut dire fessée. Je crois que j’en ai assez pris pour le moment. Il serait temps que l’on se calme un peu.

-          Hors de question, éructai-je. Ils veulent la guerre, ils vont l’avoir !

-          Dîtes au revoir à Clémence, les filles ! dit Mathilde à Naomy et Lou d’un ton résigné. C’est la dernière fois que nous la voyons en vie.

 

En sortant du réfectoire, je sentis que l’on m’attrapa le bras : c’était Monsieur Matthieu.

-          Dans mon bureau à 17h30, me dit-il fermement. Ne soyez pas en retard !

-          Qu’est-ce que tu as encore fait ?! me demanda Mathilde.

Je ne répondis pas, prenant ce rendez-vous pour un tête à tête amoureux. Finalement, la journée allait peut-être bien se terminer !

 

                13h30, je suis à l’heure pour mon cours de piano.

-          Bonjour Clémence ! me dit Monsieur Alexandre. Tu es en forme ?

-          Oui ! répondis-je.

-          Très bien. Monsieur le Directeur a demandé à ce que les élèves musiciennes fassent un petit concert le jeudi soir, avant les vacances de la Toussaint. Puisque vous n’êtes que cinq – Florentine, Héloïse, Barbara, Oriane et toi – vous allez faire cinq morceaux chacune.

-          De quels instruments jouent les autres filles ?

-          Florentine joue de la guitare, Héloïse de la harpe, Barbara joue du violon et Oriane joue de la flûte traversière. Tu seras donc la seule pianiste.

-          Je suis également flutiste, précisai-je.

-          Je sais bien, mais c’est sur le piano que tu dois te concentrer tout au long de cette année donc c’est uniquement au piano que tu joueras lors de ce concert. Voici la liste des morceaux que j’ai prévu.

Je jetai un coup d’œil à la feuille :

Una mattina – Ludovico Einaudi. Fastoche, je connais très bien ce morceau.

Fur Elise – Beethoven. Je joue ce morceau depuis que j’ai six ans. Aucune difficulté.

Comptine d’un autre été - Tiersen. La musique d’Amélie Poulain, la préférée de ma sœur. Je devrais pouvoir m’en sortir.

Summer – Vivaldi. Ça se complique grandement…

Turkish March – Mozart. Pardon ?!

-          Euh Monsieur, les trois premiers sont faisables mais je suis tout bonnement incapable de jouer les deux derniers…

-          Gare à tes fesses, Clémence ! me gronda Monsieur Alexandre. Je t’ai déjà dit de ne pas te plaindre et de ne pas douter de tes capacités !

-          Mais Monsieur, je…

Mon prof se leva et me sortit du banc de piano. Lorsque je le vis lever haut sa main afin qu’elle atterrisse sur mon derrière, je priai sans contrôle :

-          Non, Monsieur ! Pardon, pardon !

Il abandonna pour mon plus grand soulagement. Il se pencha du haut de ses 1m90 pour me regarder droit dans les yeux. Il pointa son index sur moi et me gronda :

-          Je ne veux plus t’entendre dire que tu n’es pas capable ! Tu ES capable ! Tu es une virtuose du piano, je peux te l’assurer ! J’ai formé la plupart des plus grands pianistes de ce pays, et tu en fais partie ! C’est parfaitement normal que tu sois effrayée, mais puisque tu jouais déjà du Beethoven à six ans, tu as de grandes capacités !

-          Il y a des gamins de huit ans qui jouent beaucoup mieux que moi, dis-je.

-          Il doit y’en avoir trois dans le monde entier, dit mon prof. Et ceux-là n’ont pas d’enfance. Ils vivent piano, dorment piano, mangent piano. Ça n’a pas été ton cas, heureusement ! Mais tu es très talentueuse, Clémence, et si je t’assure que tu sauras parfaitement jouer cette liste de morceaux dans un mois et demi, ce sera le cas ! Que tu aies les fesses rouges à force de te plaindre, ou pas ! C’est compris ?

-          Oui Monsieur.

-          Bien. Au boulot. Puisque tu connais déjà les trois premiers morceaux, joue-les-moi. Fais attention au timing de la pédale et coordonne correctement des clés de sol et de fa ou je te mets le métronome. C’est parti.

 

Monsieur Alexandre me mit assez en confiance pour que je joue les trois premiers morceaux sans me tromper. Cependant, lorsque nous commençâmes l’apprentissage du morceau de Vivaldi, cela se compliqua. Mon prof de piano resta néanmoins pédagogue, à partir du moment où je restais de bonne foi et où je l’écoutais, appliquant ensuite ses conseils.

 

                Le cours d’histoire-géographie qui suivit le piano, avec la terrible Madame Constance et sa règle en bois à la main se déroula plutôt bien. L’intégralité de notre classe avait été largement calmée par la matinée que nous avions passée et une ambiance studieuse avait envahi nos vingt-deux esprits.

 

                17h30, c’est la fin des cours. Je quitte Mathilde, Lou et Naomy pour me rendre dans le bureau de Monsieur Matthieu. Je frappai à la porte.

-          Entrez ! dit-il.

J’obéis.

-          Vous m’aviez convoquée Monsieur, dis-je.

-          Exact. Fermez la porte derrière vous, s’il vous plaît.

Il était froid, presque glacial. Quelque chose n’allait pas. Une fois la porte fermée, je m’avançai vers lui pour l’embrasser. Il me repoussa :

-          Non, Clémence. Ça suffit.

-          Mais je croyais que…

-          Non.

-          Vous ne m’aimez plus ?

-          Evidemment que si. Bien sûr que si. Mais je craignais que notre attirance mutuelle ne mette des bâtons dans les roues de votre scolarité ici et c’est malheureusement le cas.

-          Que voulez-vous dire ?

Matthieu me montra ma feuille de lignes rendue à Monsieur Jean ce matin.

-          Qu’y-a-t-il ?

-          Comment se fait-il que vous n’ayez rempli qu’un recto, quand toutes vos camarades ont rempli minimum trois pages recto ET verso ?!

-          Eh bien… Je suis plus lente que les autres… dis-je, hésitante.

-          Tellement, que vous ne m’avez rien rendu, à moi, plus tôt dans la matinée. Je n’ai que vingt-et-unes copies. La vôtre est manquante.

-          Eh bien, elle a dû se perdre…

-          Arrêtez-moi ce cirque immédiatement ! Ce qui se passe, c’est qu’à cause de la relation de proximité que vous entretenez avec moi, vous vous êtes octroyé le droit de vous dispenser des punitions collectives ! Vrai ou faux ?!

-          Eh bien…

-          Vrai ou Faux, Clémence ?!

-          Vrai, avouai-je.

-          Vous pensez m’avoir dans la poche ? C’est ça ?!

Je rivai mes yeux au sol. Oui, c’était parfaitement ça. Et je tombais de haut.

-          Je n’aurais pas dû faire preuve de laxisme samedi ! Cela n’a rien apporté de bon.

-          Mais Monsieur…

-          Taisez-vous ! A partir de maintenant, c’est terminé ! Si nous avons une relation à vivre, nous la vivrons durant les vacances scolaires, puis pleinement lorsque vous aurez obtenu votre baccalauréat ! En attendant, tant que nous nous tenons entre les murs de cet établissement, vous n’aurez plus aucun passe-droit ! C’est terminé !

-          Mais…

-          Taisez-vous, j’ai dit ! Il est inacceptable que vous n’obteniez pas votre baccalauréat au plus haut de vos capacités à cause de ce que nous souhaitons vivre ensemble. Oui, je suis amoureux de vous, Clémence. Mais je suis avant tout votre Surveillant Général, et en cela je suis tenu de vous traiter comme n’importe quelle élève. J’ai failli à mon devoir une ou deux fois mais c’est réellement terminé. Compris ?

-          Oui Monsieur.

-          Bien. Enlevez votre jupe.

-          Quoi ?! Mais pourquoi ?!

-          Vous avez la mémoire courte, on dirait ! Vous vous êtes dispensée de copier des lignes par deux fois ce matin !

-          Oh mais euh…

-          Enlevez votre jupe !

-          Monsieur, je vous en supplie ! priai-je, les larmes aux yeux. Depuis trois jours, je n’arrête pas d’être punie… Ce matin, j’ai déjà reçu deux volées… Je vous en supplie, Monsieur !

-          Je viens de dire que je ne vous donnerai plus aucun traitement de faveur, Clémence ! Je tiens parole.

-          Je vous en supplie, Monsieur ! Pitié…

Je surjouai un peu, la fatigue m’aidant à pleurer sur commande. Cependant, il était vrai que je souhaitais à tout prix éviter une nouvelle tannée : mes fesses ne le supporteraient pas.

-          Bon, eh bien puisque vous n’êtes pas décidée à obéir…

Monsieur Matthieu me fonça dessus. Il me cala sous son bras et me colla une dizaine de claques appuyées sur la jupe.

-          Vous allez l’enlever ou faut-il que je vous recadre une nouvelle fois ?!

Les larmes coulant sur mes joues, j’enlevai ma jupe et me retrouvai en culotte. Le Surveillant Général me somma alors de venir m’installer sur ses genoux, ce que je fis à contrecœur. J’allais encore en prendre une. Cette journée était interminable.

                Monsieur Matthieu me punit un long moment sur ma culotte (ce qui fut déjà très douloureux !) avant d'entreprendre de la baisser. Je me battis de toutes mes forces, attrapant l’élastique pour couvrir le plus possible mon derrière.

-          Clémence ! Ça suffit ! Vous faîtes des bêtises, vous êtes punie, point ! Arrêtez de me tenir tête, ça ne vous apportera rien de bon !

Mais je luttai quand même. Monsieur Matthieu finit par faire le forcing et réussis à faire glisser le long de mes cuisses ma dernière protection. Il reprit les claques en me réprimandant :

-          Vous savez très bien que vous méritez cette punition, Clémence ! Tant que vous ne vous plierez pas aux règles, il aura des représailles et je doute fort que…

On frappa à la porte.

-          Entrez ! dit Monsieur Matthieu.

Non mais je rêve ?! Il avait dit « entrez » sans savoir qui c’était ?! Sans arrêter de me punir ?! Non mais c’est quoi cette blague ?!

                C’était Monsieur Éric. La goutte d’eau. J’étais dans le pétrin.

-          Salut Matthieu, je t’apporte le planning d’organisation pour les TP**** de physique-chimie des TS.

-          Merci, répondit Monsieur Matthieu. Tu peux le poser sur mon bureau. Comme tu le vois, j’ai légèrement les mains prises.

-          Clémence, dit Monsieur Éric d’un ton lassé. Tu n’as pas eu assez des deux punitions collectives de ce matin ?

Evidemment, je ne répondis pas, bien trop occupé à gérer la douleur des méchantes claques que je prenais.

-          Qu’a-t-elle encore fait ? demanda le Directeur.

-          À la suite des deux punitions collectives de ce matin justement ; Clémence s’est permise de ne pas faire les lignes données à la classe.

-          Je ne savais pas que tu écopais d’un traitement de faveur, Clémence ! me lança ironiquement Monsieur Éric.

Je pestai intérieurement contre lui.

-          Je ne t’embête pas plus longtemps, dit Monsieur Éric en se dirigeant vers la sortie.

-          Avant de sortir, est-ce que tu pourrais sortir le strap qui est dans le tiroir du haut et le poser son bureau, s’il te plaît ?

-          Non, non ! priai-je. S’il vous plaît…

Le Dirlo s’exécuta. Monsieur Matthieu le remercia. Monsieur Éric s’adressa alors à moi :

-          Ça y est, Clémence ? Tu as retenu la leçon ?

-          Oui, oui !

-          Et quelle est cette leçon ?

-          Je dois…respecter…aïe !...les…aïe ! aïe !...règles !

-          Exactement.

-          Je vous en supplie, arrêtez ! priai-je à Monsieur Matthieu.

-          Vous pensez que c’est à vous de décider ? me répondit le SG.

-          Non…me désespérai-je.

-          Alors pourquoi me demandez-vous d’arrêter, Clémence ?

-          Parce que…aïiie ! Ça fait…aïe !...trop mal ! Aïe…

-          Eh oui, reprit Monsieur Éric. C’est le but d’une fessée. Mais apparemment, tu n’as pas assez mal puisque tu en reçois tous les jours depuis ton arrivée et que tu ne t’assagis pas ! Peut-être que Monsieur Matthieu devrait te garder sur ses genoux encore un bon moment pour te dissuader de faire tes tiennes ?

-          Non ! Pitié ! Aïe, aïe ! Je serai…aïe !...sage !

-          Tu es sûre ? m’interrogea le Directeur. Parce que je t’ai déjà entendue dire ça et ça n’a pas vraiment changé…

-          Aïe ! Je serai vraiment sage ! Aïe ! Pitié…

Le Surveillant Général ne relâchait pas la cadence : je n’en pouvais plus. Cela devait faire un bon quart d’heure maintenant qu’il me claquait les fesses. Mes mains étaient bloquées, sans possibilité de constituer un rempart. J'étais cuite.

-          Penses-tu que je doive arrêter ? demanda Monsieur Matthieu au Directeur.

-          Je ne sais pas… Tu penses qu’elle a retenu la leçon ? répondit Monsieur Eric.

-          Oui, oui ! Aïe ! C’est bon…Aïe…Je serai sage ! promis-je de toutes mes forces.

-          Faut-il la croire ? demanda le Dirlo au SG.

-          Promis ! Promiiiis ! dis-je en gigotant, ne tenant plus.

-          Dans ce cas, je pense que tu peux arrêter, trancha le Directeur.

La délivrance !!! Enfin !!!

Je me relevai maladroitement des genoux de mon aimé et remontai ma culotte. Je remis également rapidement ma jupe. Sentir le tissu contre mes fesses brûlantes était presque insupportable. Monsieur Matthieu ne m’avait pas loupée, c’était le moins qu’on puisse dire ! La pire déculottée sur les genoux que j’aie reçu jusqu’à présent !

Monsieur Matthieu alla chercher le strap posé sur son bureau et le fit claquer devant moi sur son autre main. Il me prévint fermement :

-          Ça, c’est ce qui tombera cinquante fois sur vos fesses à la prochaine bêtise, Clémence ! Je vous conseille donc de vous tenir à carreaux !

 

Je courus hors du bureau de Monsieur Matthieu pour m’éloigner le plus possible de lui et de sa main de malheur. Ah c’était très clair que le duo Directeur-Surveillant Général m’avait fichu une sacrée leçon ! Qui sait combien de temps je passerai sur les genoux de l’un ou de l’autre à la prochaine bêtise ? Il allait vraiment falloir que je me calme. En même temps, c’est ce que je me dis depuis deux semaines… Mais là, c’était vraiment le cas. Vraiment. Vraiment, j’vous dis !

 

                Lorsque je rejoignis mes copines dans la salle des devoirs, elles me demandèrent :

-          Alors, il te voulait quoi ?

-          Me coller une fessée carabinée parce que je n’ai pas fait les lignes de ce matin, avouai-je.

-          Quoi ? s’étonna Lou. Tu n’as pas copié les lignes ? Ni celles de Monsieur Matthieu, ni celles de Monsieur Jean ?

-          J’en ai fait une dizaine de Monsieur Jean… me remémorai-je.

-          Non mais Clémence, c’était évident que tu allais te faire démonter ! me rabroua Mathilde. C’était vraiment pas malin…

-          Ta gueule, répondis-je froidement.

 

Après le dîner, Mathilde et moi rejoignîmes les appartements de Monsieur Éric comme à notre habitude. Après la douche, nous eûmes un temps libre durant lequel je m’installai sur le canapé pour lire un peu.

-          Vos devoirs sont terminés, les filles ? nous demanda le Directeur.

-          Oui, oui, répondîmes-nous.

-          Montrez-moi ça, je vais vérifier.

-          Hein ? Pourquoi ? paniquai-je.

-          Les surveillantes vérifient les devoirs des élèves à l’improviste. Puisque je suis responsable de vous deux, je fais la même chose. Ce n’est pas parce que vous n’êtes plus dans un dortoir classique que vous échappez aux contrôles des devoirs !

Je sortis fébrilement mes cahiers de devoirs correspondants aux cours du lendemain à savoir : anglais, littérature anglaise et philosophie. Je n’étais pas sereine, étant donné que je n’avais pas fait ma rédaction d’anglais pour demain. J’imaginais dire à Madame Kelly (qui est adorable au possible) que je n’avais pas réussi à la faire et que j’avais besoin d’aide. Ça passerait crème. Je n’avais absolument pas prévu qu’entre temps, le Directeur vérifierait… !

-          Tu peux me dire POURQUOI Mathilde a fait une rédaction d’anglais et pas toi, Clémence ?! Vous êtes dans la même classe, il me semble ?!

-          Euh…oui…ben…euh…en fait…

Je sentis venir l’explosion de colère. J’entrepris de reculer mais Monsieur Éric me vit faire et m’attrapa rapidement par le bras. Il baissa instantanément mon bas de pyjama et ma culotte et me claqua sévèrement les fesses en vociférant :

-          CE N’EST PAS (clac !) POSSIBLE (clac !) D’ÊTRE A LA FOIS (clac !) AUSSI TÊTUE (clac !), BORNEE (clac !) ET INSUPPORTABLE (clac !) !! TU VAS IMMEDIATEMENT (clac !) ME FAIRE CETTE REDACTION (clac !) OU JE TE JURE (clac !) QUE JE TAPERAI (clac !) TELLEMENT FORT (clac !) ET TELLEMENT LONGTEMPS (clac !) SUR TON JOLI PETIT DERRIERE (clac !), QUE TU NE POURRAS (clac !) PLUS T’ASSEOIR (clac !) DE TOUTE LA SEMAINE (clac !) !!  EST-CE QUE (clac !) C’EST COMPRIS (clac !) MADEMOISELLE JE-FAIS-CE-QUE-JE-VEUX (clac ! clac ! clac !) ?!?!

-          Oui Monsieur, répondis-je apeurée, les larmes roulant sur mes joues.

Sans me lâcher, il continua :

-          J’EN AI PLUS QU’ASSEZ (clac !) DE TON COMPORTEMENT (clac !) !! DES GAMINES COMME TOI (clac !), J’EN AI MATTE DES DIZAINES (clac !) !! SI TU VEUX LA GUERRE (clac !), TU VAS L’AVOIR (clac !) !! MAIS JE TE GARANTIS (clac !) QUE TU NE GAGNERAS PAS (clac !) !! FILE FAIRE CETTE FICHUE REDACTION (clac ! clac ! clac !) !! ET TU N’AS VRAIMENT PAS (clac !) INTERET A LA BACLER (clac ! clac ! clac !) !!!

Jamais Mathilde et moi n’avions vu Monsieur Éric dans un pareil état. Il s’était mis dans une colère noire et mes fesses l’avaient bien senti ! – Je ne savais même pas qu’il était possible que des claques à la volée puissent faire autant mal ! – Le Directeur me lâcha et je me m’installai tout de suite à la table de la salle à manger pour commencer la rédaction.

 

                Monsieur Éric vérifia qu’elle était non bâclée. Entretemps, il était redescendu en pression.

-          C’est bien, Clémence. Je t’annonce d’ores et déjà que je vérifierai tes devoirs tous les soirs jusqu’à nouvel ordre. Ne t’avise même pas d’essayer de me berner ! Je saurai exactement ce que tu as à faire ! Maintenant, va te brosser les dents et te mettre au lit avant que je me fâche une nouvelle fois.

Je ne me le fis pas dire deux fois.

 

                Installée dans mon lit, je ne tenais qu’allongée sur les côtés ou sur le ventre. Avec la journée que je venais de passer, il aurait été étonnant qu’il en soit autrement !

 

                Je vous l’ai dit : je déteste le lundi.

 

A suivre…

La suite !

 

*Terminales Littéraires

**Terminales Scientifiques

***Terminales Economiques et Sociales

****Travaux Pratiques


Commentaires

  1. J'aime vraiment beaucoup les aventures de Clem et ses copines. Merci pour ce super chapitre 😁 - Va t'elle réussir à se tenir sage une seule journée ? LoL... par contre effectivement, le lundi matin quel horreur avec des profs aussi sadiques et acharnés sur elle !! L'injustice... une vraie plaie !!

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    1. Merci ! <3
      Dans les premiers chapitres, elle y arrive ! Mais seulement une ou deux journées ! lol
      Ah ça...je ne peux pas te contredire ! ^^

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  2. Je suis d'accord, les aventures de Clem je les adore. Elle a un grand cœur mais elle est aussi rebelle, n'aimant pas l'injustice et l'abus de pouvoir de certains profs ! Elle me rappel un peu moi ;) Cela cache parfois des choses bien plus profondes... Va t'elle réussir à se libérer pour se remettre dans le droit chemin et réussir son année ?

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Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

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 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

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  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

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                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -