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Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 1)

 Ce récit a été créé à partir d'une réécriture du journal de ma grand-tante par alliance. 

    Même si Alice est toute petite au moment du démarrage de ce récit, j'ai néanmoins pris la liberté d'améliorer la richesse de ses pensées d'après mes déductions personnelles, suite à la lecture du journal. Bien évidemment, ces pensées ne correspondent pas toujours à celles d'une petite fille de l'âge d'Alice ! Il m'a fallu adapter le récit afin qu'il ne soit pas trop ennuyeux pour moi à écrire et pour vous à lire, d'où ces prises de liberté.
    De plus, le nom de famille des personnages ainsi que certains prénoms ont été volontairement modifiés.



Samedi 14 octobre 1950


    Sept heures et demie : maman vient me réveiller. Comme tous les matins d’école, maman réveille ses enfants par ordre de naissance : je suis donc la dernière à ouvrir les yeux.

-     Bonjour ma Lili, me dit-elle. Il est l’heure de se lever, ma puce ! Une jolie journée t’attend !

Pourtant, lorsque maman ouvre les volets, il y a de gros nuages gris dehors et il a l’air d’y avoir beaucoup de vent. L’automne est bel et bien là ! Je ne sais pas si ce sera une jolie journée mais j’espère qu’elle sera bonne !

 

Je descends dans la salle à manger, où tout le monde est réuni pour le petit déjeuner. Je fais le tour de la table pour dire bonjour à chaque membre de la famille, puis m’assois à ma place. C’est alors que nous joignons tous les mains et que nous chantons :

-     Gloire à Dieu pour le pain qu’il nous donne,

Gloire à Dieu pour la joie d’être unis !

Gloire à Dieu pour la vie, pour le jour et la nuit,

Pour le vent, le soleil et la pluie !

Gloire à Dieu pour le pain qu’il nous donne,

Gloire à Dieu pour la joie d’être unis !

Seigneur, merci, Amen !

Après mon signe de croix, j’attaquai ma première tartine de beurre et de confiture.

 

Une fois nourrie, toilettée, habillée et coiffée, il fut temps de partir pour l’école. Nous y allons tous les jours à pied, maman nous accompagnant puisqu’elle y trouve son lieu de travail. Notre école est à huit cents mètres de chez nous mais puisque nous chantons sur le chemin, le trajet passe vite !

 

    Arrivés à l'école des garçons, maman y déposa Gus, Jacques et Clément. Puis, nous continuâmes à marcher le long de la rue pour rejoindre l'entrée de l'école des filles.

Une fois dans la cour, mes sœurs et moi nous éparpillâmes pour rejoindre nos amies. Je rejoignis alors ma cousine, Lucie, qui était accompagnée de Jeannette et Thérèse, deux copines que nous apprécions beaucoup.

-     Bonjour Lili ! me lança Thérèse. On t’attendait pour commencer à jouer, justement !

-     Vous voulez jouer à quoi ? demandai-je.

-     On pensait à la marelle, dit Lucie. Cécile est en train de la surveiller pour éviter que quelqu’un ne nous la pique !

Cécile vient compléter notre bande de copines inséparables.

-     Allons-y vite, dis-je.

Mes copines et moi nous précipitâmes sur la marelle mais mes sœurs et leur bande arrivèrent plus vite que nous.

-     Partez les petites, dit Léo. Elle est pour nous, la marelle !

-     Non c’est faux, protestai-je. Cécile la surveillait exprès pour nous !

-     Eh bien plus maintenant, renchérit Gaby.

-     Je vous dis que si ! tins-je.

-     Je te dis que non ! insista Léo.

-     Que si !

-     Que non !

-     Que si !

Enervée, Léonie me poussa violemment. Je tombai au sol et m’égratignai le genou.

-     Alors ça, tu vas me le payer ! lançai-je à ma sœur en me relevant. Attends un peu que je le dise à maman !

-     Tu ne vas rien lui dire du tout ! me gronda Léo. Sinon, je te jure que tu auras à faire à moi !

-     C’est ce qu’on verra !

Léonie a beau faire deux têtes de plus que moi et être de trois ans mon aînée, je ne me suis jamais dégonflée devant elle ! Je me relevai et courus au bureau des institutrices, le genou plein de sang.

-     Maman ! Maman !

-     Qu’est-ce qui se passe, ma Lili ? demanda ma mère en me voyant arriver totalement paniquée. Mais, tu saignes ! Que s’est-il passé ? Et ton collant qui est troué !

-     Ce n’est pas ma faute, maman ! Léo m’a poussée par terre parce qu’elle ne voulait pas qu’on joue à la marelle ! Pourtant, on est arrivées en premières !

-     Comment ça Léo t’a poussée par terre ?! se fâcha ma mère.

-     Oui, maman ! C’est elle qui m’a fait saigner le genou ! Elle m’a poussée pour que l’on ne joue pas à la marelle ! Gaby et toutes leurs copines sont de son côté !

-     Viens avec moi.

Maman me prit par la main et nous fonçâmes droit sur la marelle. Mes sœurs et leur bande y étaient encore, en train d’effrayer mes amies ; mais lorsqu’elles virent maman arriver, tout le monde se tut.

-     Est-il vrai que tu as poussé ta sœur par terre ?! gronda maman à Léo.

-     Non maman ! répondit ma sœur, apeurée.

-     Si ! Elle l’a fait ! soutinrent mes amies.

-     Tu me mens, en plus ! se fâcha notre mère. Veux-tu une fessée, Léonie ?!

-     Non maman, répondit ma sœur en se protégeant le derrière avec ses mains.

-     Tu as vu le genou de ta sœur ?! Elle a une sacrée égratignure ! Tu as bien de la chance qu’elle ne soit blessée qu’à cet endroit !

-     Mais elle ne voulait pas qu’on joue à la marelle ! protesta Gaby.

-     On était là en premières ! dis-je.

-     Oui, ça c’est bien vrai ! renchérit Thérèse.

-     Absolument ! soutint Lucie.

-     Même si ce n’était pas le cas, c’était une raison pour bousculer Lili ?! gronda maman.

-    

-     Réponds-moi, Léonie Marie Letilleul !!

-     Non maman, dit ma sœur, penaude.

-     Elle a dit que si je vous le disais, j’aurais à faire à elle, renchéris-je à ma mère.

-     Oui, on l’a toutes entendu dire, tante Ariane ! ajouta ma cousine Lucie.

Maman s’abaissa à la hauteur de ma sœur, la regarda droit dans les yeux et la gronda :

-     Je te préviens Léonie : s’il arrive quoique ce soit à Alice par ta faute, tu auras droit à une bonne fessée ! Tu entends ?!

-     Oui maman, dit ma sœur, rouge de honte.

-     Bien ! Maintenant, je vais aller soigner Lili et sonner la cloche. Il est grand temps que vous cessiez vos bêtises et que tout le monde entre en classe !

Me tenant toujours la main, maman me ramena au bureau des institutrices où elle me désinfecta le genou avant de me mettre un pansement.

-     Bonne-maman raccommodera ton collant à la maison, me dit-elle. Va te ranger devant ta classe, ma Lili.

J’obéis.

 

    En classe, Lucie et moi sommes voisines. Il nous arrive d’être un peu bavardes, ce que maman ne tolère pas : nous devons rester sagement assises sans bouger et faire les exercices demandés.

-     Lucie ! Alice ! Si je vous entends encore une fois papoter, vous finirez toutes les deux au piquet ! C’est assez clair ?!

-     Oui maman. Pardon, dis-je.

-     Excusez-nous tante Ariane, dit Lucie.

Dans la classe, on peut entendre une mouche voler. Seule la voix de ma mère en train de faire la classe brise le silence.

 

    Lorsque la cloche sonna la fin de la matinée, c’est la libération. Malgré la récréation de dix heures à dix heures et quart, je trouve cela vraiment dur de rester assise pendant une heure à une heure et demie, sans faire autre chose que de travailler !

 

    Nous étions sur le point de sortir de l’école pour rentrer manger à la maison lorsque Sœur Adèle, l’institutrice de Gaby, courut vers nous.

-     Ariane ! interpella Sœur Adèle.

-     Que se passe-t-il ma Sœur ? demanda maman.

-     Gabrielle a été exécrable ce matin ! Elle a refusé de travailler !

-     Ça ne se reproduira pas, ma Sœur. N’est-ce pas Gaby ?!

Ma sœur baissa les yeux sans répondre.

-     Je t’ai posé une question, Gabrielle Marie Letilleul !

-     Non maman, murmura ma sœur.

Maman, qui me tenait par la main, ajouta à ma sœur :

-     Ton père va être mis au courant ! Il va vite te remettre les idées en place !

-     Non maman ! Ne lui dites pas ! Je serai sage !

-     Veux-tu te taire ?! Tu n’es pas en position de réclamer quoique ce soit ! Sur ce, nous allons récupérer les garçons et rentrer à la maison !

Sur le chemin du retour, maman se mit à chanter « La Bergère » et nous suivîmes tous en chœur. Seule Gaby ne chantait pas : elle appréhendait trop de se retrouver en face de papa !

 

-     Enlevez vos manteaux, vos chaussures, mettez vos chaussons et allez vous laver les mains ! nous ordonna maman.

Nous nous exécutâmes, comme tous les midis. Victor et Aliénor étaient rentrés du Pensionnat où Bon-papa était allé les chercher et comme à mon habitude, je leur sautai dans les bras, trop heureuse de les revoir chaque week-end.

         Le dernier patient de papa s’en alla et celui-ci descendit au rez-de-chaussée avec nous pour sa pause déjeuner. Il partit tout de suite embrasser maman dans la cuisine puis ordonna :

-     Clément, Alice, venez mettre le couvert !

Nous avons un tableau des tâches domestiques à la maison que nous n’avons pas du tout le droit de transgresser sauf si nous sommes malades.

Ayant vérifié que ses deux derniers exécutaient bien la tâche qui leur était confiée, papa vint ensuite à la rencontre de Gaby, qui s’apprêtait à jouer avec Jacques, prenant notre relais à Clément et moi.

-     Tu n’as pas quelque chose à me dire, Gabrielle ? demanda papa à ma sœur.

Il avait les bras croisés et les sourcils froncés, preuve qu’il n’était pas content du tout. De plus, il venait d’appeler ma sœur par son prénom et non son surnom, ce qui ne lui arrive que quand il est énervé. Mon frère et moi arrêtâmes de mettre la table pour regarder la scène qui se déroulait sous nos yeux.

-     Si, papa, j’ai quelque chose à vous dire, répondit timidement Gaby.

-     Je t’écoute, donc ! gronda mon père.

-     Je… je n’ai pas été sage à l’école, avoua Gaby.

-     Pas sage ou exécrable ?! reprit papa. Car dans ce que Sœur Adèle a rapporté à ta mère, c’était plutôt le deuxième mot qui était employé !

Les yeux rivés au sol, Gaby ne dit mot. C’est alors que papa la coinça sous son bras.

-     Non ! Pitié, papa ! Pitié ! priait ma sœur. Je serai sage ! Je vous le jure !

-     Tu as fait des bêtises, tu as droit à une fessée, Gabrielle ! C’est comme cela que ça fonctionne dans cette maison ! Depuis le temps, tu devrais en être grandement informée !

Le médecin se fichait pas mal qu’il y ait du monde dans le salon : quand papa est en colère, il donne la fessée immédiatement, qu’il y ait du public ou non !

 

    Toujours en colère contre Léonie, une fois que papa eut fini de corriger Gaby et la laissa partir, je demandai :

-     Papa ?

-     Oui, ma Lili ?

-     J’espère que vous avez aussi puni Léo !

-     Pourquoi aurais-je fait cela ? me demanda mon père.

-     Maman ne vous a pas raconté qu’elle m’a poussée par terre à l’école ? Mes copines et moi avions réservé la marelle et Léo a voulu nous la piquer ! Et comme je lui ai tenu tête, elle s’est mise en colère et m’a poussée par terre ! Regardez, dis-je en montrant mon genou à papa.

J’adore user de mon pouvoir de chouchoute de papa. C’est tellement facile de faire punir mes frères et sœurs ! Je suis parfois très cruelle mais je m’en fiche complètement !

-     Léonie, viens ici ! ordonna mon père.

-     Maman m’a déjà grondée ! se défendit ma sœur.

-     Je n’en ai strictement rien à faire, répondit papa. Obéis !

-     Mais papa, je me suis excusée…

-     Faux ! protestai-je. Tu m’as dit que si je rapportais, j’aurais à faire à toi !

-     Ça suffit, Lili ! me gronda maman en arrivant dans la pièce, comprenant mon petit manège. Tu te tais, maintenant !

De toute façon, papa était déjà bien énervé. Il ordonna une seconde fois à ma sœur de venir auprès de lui.

-     Papa, je vous jure que je n’embêterai plus Lili, pria Léo. Je vous le promets !

-     Bien sûr que si tu vas recommencer, ajoutai-je, jubilant de voir ma sœur se faire réprimander.

Maman fonça sur moi, m’attrapa par le bras et m’emmena dans le couloir. Puis, elle me gronda :

-     Je n’aime pas du tout les petites rapporteuses ! J’ai déjà puni ta sœur pour t’avoir fait mal ce matin, tu n’avais nullement besoin d’en rajouter ! Maintenant, je ne veux plus t’entendre dire un seul mot sur cette histoire, sinon toi aussi tu auras droit à une fessée ! Tu as compris ?!

-     Oui maman.

Mon pouvoir de petite dernière ne marche pas du tout avec maman. Ma mère sait exactement comment je fonctionne et ne se laisse jamais embobiner. Néanmoins, j’avais eu ce que je voulais : Léo avait pris une bonne claque sur le derrière de la part du chef de famille, et Dieu sait ô combien elles sont redoutables !

 

Après le déjeuner, papa retourna au travail et tout le monde vaqua à ses occupations. Maman m’aida à me déshabiller pour la sieste et me lut une histoire avant que je ne m’endorme.

 

Au réveil de ma sieste, il était quinze heures. Je me préparai pour ma leçon de piano débutant une demi-heure plus tard et Bonne-maman m’emmena en voiture à l’école de musique.

Ma professeure de piano s’appelle Elisabeth et elle est géniale. Victor, Léonie et moi sommes les trois pianistes de la famille et nous aimons beaucoup Elisabeth !

Puisque j’aime jouer du piano, mon heure de musique passa à une vitesse folle ! Lorsque je rentrais, Bonne-maman se chargea de nous faire goûter ma fratrie et moi.

 

    Après le goûter, c’est toujours l’heure des devoirs, sauf pour l’un d’entre nous qui a son cours de musique. Le samedi, Victor a également cours de piano, et Aliénor a cours de violon.

 

    Les devoirs, c’est toujours Bonne-maman qui surveille. Nous les faisons tous ensemble dans la salle des devoirs, où nous avons un bureau chacun. Aujourd’hui, j’avais deux exercices d’écriture et l’apprentissage d’un poème.

-     Maman m’a donné trop de devoirs ! me plaignis-je.

-     Tu pourrais en récolter d’autres, me répondit Bonne-maman. Alors cesse de te plaindre. C’est avec le travail que l’on réussit !

-     Eh bien le travail, c’est fatiguant ! dis-je, faisant rire Clément et Camille.

-     Comme cela, tu as une bonne raison d’aller te coucher le soir ! dit Bonne-maman.

-     Je n’ai pas très envie de faire tout ça, me plaignis-je. Il y a beaucoup trop de devoirs ! Je suis déjà trop fatiguée !

-     Alice, cesse te plaindre, me gronda ma grand-mère. Ça m’agace !

Je boudai mais fis quand même tous mes devoirs.

 

    Le soir, c’est toujours une course contre-la-montre : nous avons une demi-heure pour goûter, puis nous faisons les devoirs et ensuite, nous prenons notre douche par ordre croissant de naissance. A dix-neuf heures, tout le monde doit être lavé et en pyjama, prêt à se mettre à table ! Naturellement, il n’y a pas le temps pour les caprices et les plaintes, surtout pour moi qui suis la première à aller me doucher. Je n’ai jamais le droit de traîner jusqu’à ce que je sois en pyjama et que je puisse me relaxer jusqu’à dix-neuf heures.

 

    Dix-sept heures trente, je fais toujours ma tête de cochon. Maman rentre et n’a pas le temps de souffler puisqu’elle doit me surveiller pendant la douche. Je suis encore petite et maman vérifie toujours que je me lave bien partout !

-     A la douche, ma Lili ! dit ma mère après s’être lavé les mains.

-     Non !

-     Comment ça, non ?! me gronda maman.

-     Bonne-maman m’a forcée à faire mes devoirs, je ne suis pas contente alors je ne vais pas à la douche ! protestai-je.

-     Parce que tu crois que c’est toi qui décides, peut-être ?!

Je ne répondis pas mais campai sur mes positions.

-     Lili, vas-tu obéir ou va-t-il falloir que je me fâche ?! gronda maman. Je n’ai vraiment pas le temps pour ton caprice ! Je te prie d’aller dans la salle de bains immédiatement !

-     Non ! insistai-je.

Sans attendre une seconde de plus, ma mère m’attrapa par l’oreille et me gronda :

-     File à la douche immédiatement ou tu vas très vite te retrouver avec les fesses toutes rouges, Alice ! Obéis !

Je me déshabillai, me mis dans la baignoire et y restai assise sans bouger. Malgré le froid, j’avais décidé d’être une tête de mule et je ne changerai pas d’avis !

Seulement, lorsque maman vint me rejoindre cinq minutes plus tard et qu’elle vit que je n’avais toujours pas allumé l’eau, elle sortit de ses gonds : elle me souleva d’un bras et j’eus le droit à une claque sur les fesses, tellement cinglante qu’elle me fit couler les larmes.

-     Dépêche-toi de te laver, et vite ! gronda maman. Tu devrais déjà être en train de te mettre en pyjama !

A contrecœur, je cédai, ayant compris ma douleur !

 

    Toujours en larmes en sortant de la douche, je réclamai activement mon père. Celui-ci venant de raccompagner son dernier patient de la journée arriva dans la salle de bains.

-     Cesse tes jérémiades ! me grondait maman en pliant ma serviette de toilette.

-     Je veux papa ! pleurai-je.

-     Qu’est-ce qui se passe ma Lili ? demanda mon père.

Je courus dans ses bras dès que je le vis.

-     Papa ! sanglotai-je, blottie contre lui.

-     Pourquoi pleures-tu autant ? me demanda le médecin.

-     Parce qu’elle n’a pas voulu m’obéir et qu’elle a pris une claque sur les fesses, narra maman. Voilà pourquoi elle pleure !

Papa me décolla de lui pour mieux me regarder :

-     Tu viens te faire consoler alors que tu n’écoutes pas ta mère ?! me gronda-t-il.

Mes larmes doublèrent, mécontentes de la réaction de mon père.

-     Je n’ai vraiment pas le temps pour tes caprices, Alice ! continua ma mère. Pour la peine, tu iras me faire des lignes d'écriture en sortant de la salle de bains ! Jusqu’au dîner !

-     Non ! Je ne veux pas ! protestai-je en continuant de pleurer.

-     Oh mais tu vas y aller quand même ! me gronda maman. Même si je dois t’y envoyer à coups de pied aux fesses !

-     Ariane, temporisa papa, ce n’est peut-être pas nécessaire. Tu lui as déjà donné une fessée…

-     Et ?! s'étonna maman.

-     Papa, je veux aller jouer… sanglotai-je en me collant contre mon père.

-     Tu es fatiguée et fatigante, Alice ! me gronda maman. Obéis !

-     Papa… pleurai-je.

-     Obéis à ta mère, Lili, trancha mon père après un soupir.

Je pris cette décision comme un abandon et criai :

-     Nan ! Nan ! Je ne veux pas ! Papa ! Je ne veux pas !

Je sentais bien que papa était à deux doigts de craquer, mais maman reprit :

-     Je compte jusqu’à trois, Alice ! Si tu n’es pas en route pour la salle des devoirs, ça va barder ! Un !

-     Papa ! criai-je.

-     Deux !

-     Ariane… tenta papa.

-     Trois !

C’est en prenant de nouveau la main de ma mère aux fesses, trois fois d’affilées, que je compris que je n’avais plus le choix et surtout que je n’avais pas fini de pleurer. Maman m’emmena elle-même en salle des devoirs. Elle sortit trois feuilles de papier, un stylo plume et un pot d’encre, et me gronda :

-     Je repasse te voir tout à l’heure : tâche de t’appliquer !

Je ne savais pas quoi faire : d’un côté, je n’avais pas du tout envie d’obéir mais d’un autre côté, je n’avais pas du tout envie que ça barde encore une fois…

 

    Après un quart d’heure de réflexion devant la feuille blanche, je me décidai à prendre la plume et à commencer à écrire trois lignes de "a", puis trois lignes de "b"... Je ne suis pas douée du tout pour l'écriture mais j'essayai de me débrouiller un minimum pour ne pas m'attirer de nouveaux ennuis.

Je copiais une dizaine de lignes et lorsque papa vint me chercher pour le repas, nous allâmes ensemble rendre ma punition à maman.

-     Merci, ma Lili, dit maman. Tu t’es bien appliquée.

-     Tu n’as pas quelque chose à dire à ta mère, Lili ? me demanda papa.

Je restai muette.

-     Alice…me gronda le médecin.

-     Pardon pour mon mauvais comportement, finis-je par lâcher à contrecœur.

Moi qui déteste faire des excuses, je n’avais guère eu le choix. Je ne voulais pas qu'à son tour papa se mette en colère contre moi.

-     Je te pardonne, dit maman. File te laver les mains et te mettre à table.

 

    Après le repas, j’allai me brosser les dents et écoutai l’histoire du soir racontée par maman dans le salon. Ensuite, nous récitâmes la Prière du Soir, puis, j’embrassai mes parents et grands-parents et partis me coucher sans faire d’histoire !


A suivre...

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Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -