Ce récit a été créé à partir d'une réécriture du journal de ma grand-tante par alliance.
Samedi 14 octobre 1950
Sept heures et demie : maman
vient me réveiller. Comme tous les matins d’école, maman réveille ses enfants
par ordre de naissance : je suis donc la dernière à ouvrir les yeux.
-
Bonjour
ma Lili, me dit-elle. Il est l’heure de se lever, ma puce ! Une jolie
journée t’attend !
Pourtant, lorsque maman ouvre les volets, il y a de gros nuages
gris dehors et il a l’air d’y avoir beaucoup de vent. L’automne est bel et bien
là ! Je ne sais pas si ce sera une jolie journée mais j’espère qu’elle
sera bonne !
Je descends dans la salle à manger,
où tout le monde est réuni pour le petit déjeuner. Je fais le tour de la table
pour dire bonjour à chaque membre de la famille, puis m’assois à ma place.
C’est alors que nous joignons tous les mains et que nous chantons :
-
Gloire à Dieu pour le pain qu’il nous donne,
Gloire à
Dieu pour la joie d’être unis !
Gloire à
Dieu pour la vie, pour le jour et la nuit,
Pour le
vent, le soleil et la pluie !
Gloire à
Dieu pour le pain qu’il nous donne,
Gloire à
Dieu pour la joie d’être unis !
Seigneur,
merci, Amen !
Après mon signe de croix, j’attaquai ma première tartine de
beurre et de confiture.
Une fois nourrie, toilettée,
habillée et coiffée, il fut temps de partir pour l’école. Nous y allons tous les
jours à pied, maman nous accompagnant puisqu’elle y trouve son lieu
de travail. Notre école est à huit cents mètres de chez nous mais puisque nous chantons sur le chemin, le trajet passe vite !
Une fois dans la cour, mes sœurs et moi nous éparpillâmes pour rejoindre nos amies. Je rejoignis alors ma cousine, Lucie, qui
était accompagnée de Jeannette et Thérèse, deux copines que nous apprécions
beaucoup.
-
Bonjour
Lili ! me lança Thérèse. On t’attendait pour commencer à jouer, justement !
-
Vous
voulez jouer à quoi ? demandai-je.
-
On
pensait à la marelle, dit Lucie. Cécile est en train de la surveiller pour
éviter que quelqu’un ne nous la pique !
Cécile vient compléter notre bande de copines inséparables.
-
Allons-y
vite, dis-je.
Mes copines et moi nous précipitâmes sur la marelle mais mes
sœurs et leur bande arrivèrent plus vite que nous.
-
Partez
les petites, dit Léo. Elle est pour nous, la marelle !
-
Non
c’est faux, protestai-je. Cécile la surveillait exprès pour nous !
-
Eh
bien plus maintenant, renchérit Gaby.
-
Je
vous dis que si ! tins-je.
-
Je
te dis que non ! insista Léo.
-
Que
si !
-
Que
non !
-
Que
si !
Enervée, Léonie me poussa violemment. Je tombai au sol et
m’égratignai le genou.
-
Alors
ça, tu vas me le payer ! lançai-je à ma sœur en me relevant. Attends un peu que je le dise à maman !
-
Tu
ne vas rien lui dire du tout ! me gronda Léo. Sinon, je te jure que tu
auras à faire à moi !
-
C’est
ce qu’on verra !
Léonie a beau faire deux têtes de plus que moi et être de trois
ans mon aînée, je ne me suis jamais dégonflée devant elle ! Je me relevai
et courus au bureau des institutrices, le genou plein de sang.
-
Maman !
Maman !
-
Qu’est-ce
qui se passe, ma Lili ? demanda ma mère en me voyant arriver totalement
paniquée. Mais, tu saignes ! Que s’est-il passé ? Et ton collant qui
est troué !
-
Ce
n’est pas ma faute, maman ! Léo m’a poussée par terre parce qu’elle ne
voulait pas qu’on joue à la marelle ! Pourtant, on est arrivées en premières !
-
Comment
ça Léo t’a poussée par terre ?! se fâcha ma mère.
-
Oui,
maman ! C’est elle qui m’a fait saigner le genou ! Elle m’a poussée
pour que l’on ne joue pas à la marelle ! Gaby et toutes leurs copines sont
de son côté !
-
Viens
avec moi.
Maman me prit par la main et nous fonçâmes droit sur la marelle. Mes sœurs et leur bande y étaient encore, en train d’effrayer mes amies ;
mais lorsqu’elles virent maman arriver, tout le monde se tut.
-
Est-il
vrai que tu as poussé ta sœur par terre ?! gronda maman à Léo.
-
Non
maman ! répondit ma sœur, apeurée.
-
Si !
Elle l’a fait ! soutinrent mes amies.
-
Tu
me mens, en plus ! se fâcha notre mère. Veux-tu une fessée, Léonie ?!
-
Non
maman, répondit ma sœur en se protégeant le derrière avec ses mains.
-
Tu
as vu le genou de ta sœur ?! Elle a une sacrée égratignure ! Tu as
bien de la chance qu’elle ne soit blessée qu’à cet endroit !
-
Mais
elle ne voulait pas qu’on joue à la marelle ! protesta Gaby.
-
On
était là en premières ! dis-je.
-
Oui,
ça c’est bien vrai ! renchérit Thérèse.
-
Absolument !
soutint Lucie.
-
Même
si ce n’était pas le cas, c’était une raison pour bousculer Lili ?! gronda
maman.
-
…
-
Réponds-moi,
Léonie Marie Letilleul !!
-
Non
maman, dit ma sœur, penaude.
-
Elle
a dit que si je vous le disais, j’aurais à faire à elle, renchéris-je à ma mère.
-
Oui,
on l’a toutes entendu dire, tante Ariane ! ajouta ma cousine Lucie.
Maman s’abaissa à la hauteur de ma sœur, la regarda droit dans
les yeux et la gronda :
-
Je
te préviens Léonie : s’il arrive quoique ce soit à Alice par ta faute, tu auras
droit à une bonne fessée ! Tu entends ?!
-
Oui
maman, dit ma sœur, rouge de honte.
-
Bien !
Maintenant, je vais aller soigner Lili et sonner la cloche. Il est grand temps
que vous cessiez vos bêtises et que tout le monde entre en classe !
Me tenant toujours la main, maman me ramena au bureau des institutrices
où elle me désinfecta le genou avant de me mettre un pansement.
-
Bonne-maman
raccommodera ton collant à la maison, me dit-elle. Va te ranger devant ta
classe, ma Lili.
J’obéis.
En classe, Lucie et moi sommes
voisines. Il nous arrive d’être un peu bavardes, ce que maman ne tolère
pas : nous devons rester sagement assises sans bouger et faire les exercices demandés.
-
Lucie !
Alice ! Si je vous entends encore une fois papoter, vous finirez toutes
les deux au piquet ! C’est assez clair ?!
-
Oui
maman. Pardon, dis-je.
-
Excusez-nous
tante Ariane, dit Lucie.
Dans la classe, on peut entendre une mouche voler. Seule la voix
de ma mère en train de faire la classe brise le silence.
Lorsque la cloche sonna la fin de
la matinée, c’est la libération. Malgré la récréation de dix heures à dix
heures et quart, je trouve cela vraiment dur de rester assise pendant une heure
à une heure et demie, sans faire autre chose que de travailler !
Nous étions sur le point de sortir
de l’école pour rentrer manger à la maison lorsque Sœur Adèle, l’institutrice
de Gaby, courut vers nous.
-
Ariane !
interpella Sœur Adèle.
-
Que
se passe-t-il ma Sœur ? demanda maman.
-
Gabrielle
a été exécrable ce matin ! Elle a refusé de travailler !
-
Ça
ne se reproduira pas, ma Sœur. N’est-ce pas Gaby ?!
Ma sœur baissa les yeux sans répondre.
-
Je
t’ai posé une question, Gabrielle Marie Letilleul !
-
Non
maman, murmura ma sœur.
Maman, qui me tenait par la main,
ajouta à ma sœur :
-
Ton
père va être mis au courant ! Il va vite te remettre les idées en place !
-
Non
maman ! Ne lui dites pas ! Je serai sage !
-
Veux-tu
te taire ?! Tu n’es pas en position de réclamer quoique ce soit ! Sur ce,
nous allons récupérer les garçons et rentrer à la maison !
Sur le chemin du retour, maman se mit à chanter « La
Bergère » et nous suivîmes tous en chœur. Seule Gaby ne chantait
pas : elle appréhendait trop de se retrouver en face de papa !
-
Enlevez
vos manteaux, vos chaussures, mettez vos chaussons et allez vous laver les
mains ! nous ordonna maman.
Nous nous exécutâmes, comme tous les midis. Victor et Aliénor étaient rentrés du Pensionnat où Bon-papa était allé les chercher et comme à
mon habitude, je leur sautai dans les bras, trop heureuse de les revoir chaque
week-end.
- Clément, Alice, venez mettre le couvert !
Nous avons un tableau des tâches domestiques à la maison que
nous n’avons pas du tout le droit de transgresser sauf si nous sommes malades.
Ayant vérifié que ses deux derniers exécutaient bien la tâche qui leur était confiée, papa vint ensuite à la
rencontre de Gaby, qui s’apprêtait à jouer avec Jacques, prenant notre relais à Clément et moi.
-
Tu
n’as pas quelque chose à me dire, Gabrielle ? demanda papa à ma sœur.
Il avait les bras croisés et les sourcils froncés, preuve qu’il
n’était pas content du tout. De plus, il venait d’appeler ma sœur par son
prénom et non son surnom, ce qui ne lui arrive que quand il est énervé. Mon frère et moi arrêtâmes de mettre la table pour regarder la scène qui se déroulait
sous nos yeux.
-
Si,
papa, j’ai quelque chose à vous dire, répondit timidement Gaby.
-
Je
t’écoute, donc ! gronda mon père.
-
Je…
je n’ai pas été sage à l’école, avoua Gaby.
-
Pas
sage ou exécrable ?! reprit papa. Car dans ce que Sœur Adèle a rapporté à ta
mère, c’était plutôt le deuxième mot qui était employé !
Les yeux rivés au sol, Gaby ne dit mot. C’est alors que papa la
coinça sous son bras.
-
Non !
Pitié, papa ! Pitié ! priait ma sœur. Je serai sage ! Je vous le
jure !
-
Tu
as fait des bêtises, tu as droit à une fessée, Gabrielle ! C’est comme
cela que ça fonctionne dans cette maison ! Depuis le temps, tu devrais en
être grandement informée !
Le médecin se fichait pas mal qu’il y ait du monde dans le
salon : quand papa est en colère, il donne la fessée immédiatement, qu’il y
ait du public ou non !
Toujours en colère contre Léonie,
une fois que papa eut fini de corriger Gaby et la laissa partir, je demandai :
-
Papa ?
-
Oui,
ma Lili ?
-
J’espère
que vous avez aussi puni Léo !
-
Pourquoi
aurais-je fait cela ? me demanda mon père.
-
Maman
ne vous a pas raconté qu’elle m’a poussée par terre à l’école ? Mes copines
et moi avions réservé la marelle et Léo a voulu nous la piquer ! Et
comme je lui ai tenu tête, elle s’est mise en colère et m’a poussée par
terre ! Regardez, dis-je en montrant mon genou à papa.
J’adore user de mon pouvoir de chouchoute de papa. C’est
tellement facile de faire punir mes frères et sœurs ! Je suis parfois très
cruelle mais je m’en fiche complètement !
-
Léonie,
viens ici ! ordonna mon père.
-
Maman
m’a déjà grondée ! se défendit ma sœur.
-
Je
n’en ai strictement rien à faire, répondit papa. Obéis !
-
Mais
papa, je me suis excusée…
-
Faux !
protestai-je. Tu m’as dit que si je rapportais, j’aurais à faire à toi !
-
Ça
suffit, Lili ! me gronda maman en arrivant dans la pièce, comprenant mon
petit manège. Tu te tais, maintenant !
De toute façon, papa était déjà bien énervé. Il ordonna une
seconde fois à ma sœur de venir auprès de lui.
-
Papa,
je vous jure que je n’embêterai plus Lili, pria Léo. Je vous le promets !
-
Bien
sûr que si tu vas recommencer, ajoutai-je, jubilant de voir ma sœur se faire réprimander.
Maman fonça sur moi, m’attrapa par le bras et m’emmena dans le
couloir. Puis, elle me gronda :
-
Je
n’aime pas du tout les petites rapporteuses ! J’ai déjà puni ta sœur pour t’avoir
fait mal ce matin, tu n’avais nullement besoin d’en rajouter ! Maintenant,
je ne veux plus t’entendre dire un seul mot sur cette histoire, sinon toi aussi
tu auras droit à une fessée ! Tu as compris ?!
-
Oui
maman.
Mon pouvoir de petite dernière ne marche pas du tout avec maman.
Ma mère sait exactement comment je fonctionne et ne se laisse jamais embobiner.
Néanmoins, j’avais eu ce que je voulais : Léo avait pris une bonne claque
sur le derrière de la part du chef de famille, et Dieu sait ô combien elles
sont redoutables !
Après le déjeuner, papa retourna au
travail et tout le monde vaqua à ses occupations. Maman m’aida à me déshabiller
pour la sieste et me lut une histoire avant que je ne m’endorme.
Au réveil de ma sieste, il était
quinze heures. Je me préparai pour ma leçon de piano débutant une demi-heure
plus tard et Bonne-maman m’emmena en voiture à l’école de musique.
Ma professeure de piano s’appelle Elisabeth
et elle est géniale. Victor, Léonie et moi sommes les trois pianistes de la famille et nous aimons beaucoup Elisabeth !
Puisque j’aime jouer du piano, mon heure de musique passa à une vitesse folle !
Lorsque je rentrais, Bonne-maman se chargea de nous faire goûter ma fratrie et
moi.
Après le goûter, c’est toujours
l’heure des devoirs, sauf pour l’un d’entre nous qui a son cours de musique. Le
samedi, Victor a également cours de piano, et Aliénor a cours de violon.
Les devoirs, c’est toujours Bonne-maman
qui surveille. Nous les faisons tous ensemble dans la salle des devoirs, où
nous avons un bureau chacun. Aujourd’hui, j’avais deux exercices d’écriture et l’apprentissage d’un poème.
-
Maman
m’a donné trop de devoirs ! me plaignis-je.
-
Tu
pourrais en récolter d’autres, me répondit Bonne-maman. Alors cesse de te
plaindre. C’est avec le travail que l’on réussit !
-
Eh
bien le travail, c’est fatiguant ! dis-je, faisant rire Clément et Camille.
-
Comme
cela, tu as une bonne raison d’aller te coucher le soir ! dit Bonne-maman.
-
Je
n’ai pas très envie de faire tout ça, me plaignis-je. Il y a beaucoup trop de
devoirs ! Je suis déjà trop fatiguée !
- Alice,
cesse te plaindre, me gronda ma grand-mère. Ça m’agace !
Je boudai mais fis quand même tous mes devoirs.
Le soir, c’est toujours une course
contre-la-montre : nous avons une demi-heure pour goûter, puis nous
faisons les devoirs et ensuite, nous prenons notre douche par ordre croissant
de naissance. A dix-neuf heures, tout le monde doit être lavé et en pyjama,
prêt à se mettre à table ! Naturellement, il n’y a pas le temps pour les
caprices et les plaintes, surtout pour moi qui suis la première à aller me
doucher. Je n’ai jamais le droit de traîner jusqu’à ce que je sois en pyjama et
que je puisse me relaxer jusqu’à dix-neuf heures.
Dix-sept heures trente, je fais
toujours ma tête de cochon. Maman rentre et n’a pas le temps de souffler
puisqu’elle doit me surveiller pendant la douche. Je suis encore petite et
maman vérifie toujours que je me lave bien partout !
-
A
la douche, ma Lili ! dit ma mère après s’être lavé les mains.
-
Non !
-
Comment
ça, non ?! me gronda maman.
-
Bonne-maman
m’a forcée à faire mes devoirs, je ne suis pas contente alors je ne vais pas à
la douche ! protestai-je.
-
Parce
que tu crois que c’est toi qui décides, peut-être ?!
Je ne répondis pas mais campai sur mes positions.
-
Lili,
vas-tu obéir ou va-t-il falloir que je me fâche ?! gronda maman. Je n’ai vraiment pas le temps pour ton
caprice ! Je te prie d’aller dans la salle de bains immédiatement !
-
Non !
insistai-je.
Sans attendre une seconde de plus, ma mère m’attrapa par
l’oreille et me gronda :
-
File
à la douche immédiatement ou tu vas très vite te retrouver avec les fesses
toutes rouges, Alice ! Obéis !
Je me déshabillai, me mis dans la
baignoire et y restai assise sans bouger. Malgré le froid, j’avais décidé
d’être une tête de mule et je ne changerai pas d’avis !
Seulement, lorsque maman vint me
rejoindre cinq minutes plus tard et qu’elle vit que je n’avais toujours pas
allumé l’eau, elle sortit de ses gonds : elle me souleva d’un bras et
j’eus le droit à une claque sur les fesses, tellement cinglante qu’elle me fit
couler les larmes.
-
Dépêche-toi
de te laver, et vite ! gronda maman. Tu devrais déjà être en train de te
mettre en pyjama !
A contrecœur, je cédai, ayant compris ma douleur !
Toujours en larmes en sortant de la
douche, je réclamai activement mon père. Celui-ci venant de raccompagner son
dernier patient de la journée arriva dans la salle de bains.
-
Cesse
tes jérémiades ! me grondait maman en pliant ma serviette de toilette.
-
Je
veux papa ! pleurai-je.
-
Qu’est-ce
qui se passe ma Lili ? demanda mon père.
Je courus dans ses bras dès que je le vis.
-
Papa !
sanglotai-je, blottie contre lui.
-
Pourquoi
pleures-tu autant ? me demanda le médecin.
-
Parce
qu’elle n’a pas voulu m’obéir et qu’elle a pris une claque sur les fesses, narra maman. Voilà
pourquoi elle pleure !
Papa me décolla de lui pour mieux me regarder :
-
Tu
viens te faire consoler alors que tu n’écoutes pas ta mère ?! me gronda-t-il.
Mes larmes doublèrent, mécontentes de la réaction de mon père.
-
Je
n’ai vraiment pas le temps pour tes caprices, Alice ! continua ma mère. Pour la peine, tu iras me faire des lignes d'écriture en sortant de la salle de bains ! Jusqu’au dîner !
-
Non !
Je ne veux pas ! protestai-je en continuant de pleurer.
-
Oh
mais tu vas y aller quand même ! me gronda maman. Même si je dois t’y
envoyer à coups de pied aux fesses !
-
Ariane,
temporisa papa, ce n’est peut-être pas nécessaire. Tu lui as déjà donné une
fessée…
-
Et ?! s'étonna maman.
-
Papa,
je veux aller jouer… sanglotai-je en me collant contre mon père.
-
Tu
es fatiguée et fatigante, Alice ! me gronda maman. Obéis !
-
Papa…
pleurai-je.
-
Obéis
à ta mère, Lili, trancha mon père après un soupir.
Je pris cette décision comme un abandon et criai :
-
Nan !
Nan ! Je ne veux pas ! Papa ! Je ne veux pas !
Je sentais bien que papa était à deux doigts de craquer, mais
maman reprit :
-
Je
compte jusqu’à trois, Alice ! Si tu n’es pas en route pour la salle des devoirs, ça va barder ! Un !
-
Papa !
criai-je.
-
Deux !
-
Ariane…
tenta papa.
-
Trois !
C’est en prenant de nouveau la main de ma mère aux fesses, trois fois
d’affilées, que je compris que je n’avais plus le choix et surtout que je
n’avais pas fini de pleurer. Maman m’emmena elle-même en salle des devoirs. Elle
sortit trois feuilles de papier, un stylo plume et un pot d’encre, et me
gronda :
-
Je
repasse te voir tout à l’heure : tâche de t’appliquer !
Je ne savais pas quoi faire : d’un côté, je n’avais pas du
tout envie d’obéir mais d’un autre côté, je n’avais pas du tout envie que ça
barde encore une fois…
Après un quart d’heure de réflexion
devant la feuille blanche, je me décidai à prendre la plume et à commencer à écrire trois lignes de "a", puis trois lignes de "b"... Je ne suis pas douée du tout pour l'écriture mais j'essayai de me débrouiller un minimum pour ne pas m'attirer de nouveaux ennuis.
Je copiais une dizaine de lignes et
lorsque papa vint me chercher pour le repas, nous allâmes ensemble rendre ma
punition à maman.
-
Merci,
ma Lili, dit maman. Tu t’es bien appliquée.
-
Tu
n’as pas quelque chose à dire à ta mère, Lili ? me demanda papa.
Je restai muette.
- Alice…me
gronda le médecin.
-
Pardon
pour mon mauvais comportement, finis-je par lâcher à contrecœur.
Moi qui déteste faire des excuses, je n’avais guère eu le choix. Je ne voulais pas qu'à son tour papa se mette en colère contre moi.
-
Je
te pardonne, dit maman. File te laver les mains et te mettre à table.
Après le repas, j’allai me brosser
les dents et écoutai l’histoire du soir racontée par maman dans le salon. Ensuite,
nous récitâmes la Prière du Soir, puis, j’embrassai mes parents et
grands-parents et partis me coucher sans faire d’histoire !
A suivre...
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