Mercredi 24
février 2021.
Je me lève sur les coups de 11h. Je savoure
pleinement cette semaine de vacances scolaires bien méritées, même si nous
avons une tonne de devoirs à assurer !
Cela fait bientôt un mois que Trent vit à la maison
et il s’est parfaitement adapté à notre quotidien : il fait maintenant
partie intégrante de notre famille. Avec moi, il est toujours aussi adorable et
attentionné : c’est le meilleur petit ami du monde.
Je me rendis dans la cuisine en pensant me dégoter un
petit déjeuner mais mon frère m’en empêcha :
-
Nous allons au restaurant italien d’ici une
heure. Ce serait bien que tu en profites !
-
Je ne savais pas que nous allions au restaurant,
dis-je.
-
Eh bien maintenant tu es au courant, sourit
Romain. Départ à midi ! Sois prête, petite sœur.
J’oubliai les tartines
grillées que j’avais en tête et me consolai avec un verre de jus
multivitaminés.
Une fois habillée et toute apprêtée, je descendis
dans le salon rejoindre Manon qui regardait la télé. Ma sœur passait sa semaine
de vacances à la maison, ce qui me donnait l’occasion de passer un peu de temps
avec elle.
-
Non mais regardez-moi cette beauté !
s’exclama-t-elle. Tu t’es faite toute belle aujourd’hui, petite sœur !
-
Il paraît que nous allons au restaurant alors je
me suis apprêtée.
-
Oui, Romain emmène toute la famille au
restaurant italien le plus réputé de Palo Alto. Je me demande bien ce qu’il
nous cache…
-
Tu crois qu’il va nous annoncer un truc ?
interrogeai-je.
-
J’en suis persuadée, me répondit ma sœur. Romain
ne sort jamais le grand jeu sans avoir quelque chose derrière la tête !
Je réfléchis à ce que mon
frère pouvait bien préparer quand j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir :
papa et Trent rentraient de chez le dermatologue. Trent l’avait consulté pour
un problème d’eczéma sur la cuisse. Aussitôt, je courus dans les bras de mon
petit ami et l’enlaçai comme si je ne l’avais pas vu depuis plusieurs jours.
-
Ouh…ça, ça fait mal ! s’exclama Valentin.
-
Qu’est-ce qui fait mal ? s’inquiéta Manon.
-
Lorsqu’on voit sa petite fille adorée qui
préfère se jeter dans les bras de son petit ami plutôt que dans ceux de son
vieux père…ça pique un peu !
-
Oh mais s’il n’y a que ça, tu en as une deuxième
de petite fille adorée ! dit Manon en se dirigeant vers papa pour
l’enlacer. Et elle est tout à fait apte à te faire un énorme câlin !
Après cet échange affectueux,
Trent me demanda si j’allais bien aujourd’hui. Je lui répondis du tac au
tac :
-
C’est à toi qu’il faut demander ça ! Qu’a
dit le dermatologue ?
-
Il a dit ce que tous les dermatologues
disent : il faut que je mette une crème pendant plusieurs jours et si ça
ne s’améliore pas, je retournerai le consulter…
-
C’est quand même bête que tu n’aies pas voulu
que je t’ausculte ! dit Manon. Ça t’aurait évité de payer une blinde pour
une consultation inutile. En plus, je t’aurais prescrit exactement la même
crème…
-
Désolée Manon, mais tu es ma belle-sœur… lâcha
Trent, gêné. J’étais trop mal à l’aise pour te demander. J’étais déjà hyper mal
que votre père m’accompagne à mon rendez-vous…
-
C’est normal, trancha Valentin. Tu es mon fils à
présent. Je m’occupe de toi. C’est tout ce qu’il y a à dire.
A force de
discuter, les douze coups de midi arrivèrent à toute vitesse. Romain prit le
volant et nous nous mîmes en route pour le restaurant. Dans la voiture, mon
frère paraissait tendu : il ne participait pas à la conversation familiale
et affichait un visage plutôt fermé. Je commençai à m’inquiéter.
En arrivant
au restaurant, le serveur eut à peine le temps de nous accueillir que Romain
lui sauta dessus :
-
J’ai réservé une table pour cinq personnes au
nom de Duhamel.
-
Tout à fait, monsieur, répondit le serveur avec
un accent italien aussi faux que les visages des frères Bogdanov. Si vous
voulez bien me suivre…
Nous le suivîmes jusqu’à une
table ronde sur laquelle était disposés cinq couverts. Le serveur enleva
l’étiquette « réservée », nous distribua les menus et s’en alla.
Après s’être mis à l’aise, nous échangeâmes autour
des différents cocktails proposés. J’observai Romain qui continuait d’être
anormalement tendu : il frottait ses cuisses, jouait avec ses mains et
avait le regard fuyant. Je ne l’avais jamais vu comme ça : on aurait dit
qu’il avait quelque chose à se reprocher.
Ce ne fut qu’une fois l’apéro servi que papa brisa la
glace, ne supportant plus de voir son fils dans un tel état.
-
Romain, qu’est-ce qui se passe ? Je vois
que tu n’es pas bien, dis-nous ce qu’il y a.
-
Eh bien… hésita mon frère. C’est assez délicat à
dire…
Je retins mon souffle. J’avais
l’impression que mon frère allait nous annoncer qu’il partait vivre au Rwanda
pour élever un troupeau de brebis.
-
Tout va bien, dit Valentin. Prends ton temps.
Mon frère prit une grande
inspiration puis expira lentement. Il se lança enfin :
-
Papa, je sais que tu m’as réservé une place de choix
dans ta boîte et j’aurais vraiment adoré bosser pour toi mais… J’ai décidé de changer
totalement de voie.
-
C’est-à-dire ? demanda papa en tentant de
cacher sa déception.
-
J’ai passé les concours pour entrer dans la
police et je les ai obtenus, avoua Romain. Je suis officiellement un agent
travaillant pour le shérif de Palo Alto.
Sur le coup, je ne savais pas
s’il fallait se réjouir ou non. Tout le monde fut sous le choc de l’annonce.
Trent fut le premier à briser la glace en disant :
-
Félicitations, Romain ! C’est vraiment
super !
-
Oui, c’est super ! enchaîna Manon. Avec un
flic dans la famille, on n’aura vraiment plus rien à craindre !
-
Bravo Romain, vraiment ! ajoutai-je encore
un peu secouée.
Papa, lui, ne disait rien. Je
savais que c’était la réaction que Romain appréhendait le plus : celle du
chef de famille.
-
Papa ? demanda mon frère avec parcimonie. Ça
va ?
-
Oui, oui. Ça va.
-
Tu…euh…tu es déçu ? tenta Romain.
-
Non pas du tout, mon fils. Je suis ému. Je suis
vraiment très fier de toi.
Je vis mon frère soupirer de
soulagement. Papa reprit :
-
Mis à part le fait que je vais devoir prévenir
tout le monde au bureau et leur dire que finalement, mon fils ne nous rejoindra
pas, je suis vraiment très heureux. Mais pourquoi ne pas nous en avoir
parlé ?
-
C’est une vocation qui s’est déclenchée très
tardivement, expliqua mon frère. Je ne voulais pas vous en parler avant d’avoir
réussi les épreuves d’entrée.
-
C’est pour cela que tu te levais aussi tôt pour
réviser ? interrogea papa.
-
Oui, répondit mon frère. Je voulais mettre
toutes les chances de mon côté.
-
Tu as une ambition particulière ou tu souhaites
simplement rester à ton poste actuel ? se renseigna Manon.
-
Dans le pire des cas, j’aimerais être shérif,
répondit Romain. Mais dans le meilleur des cas, j’aimerais intégrer le FBI,
dans le Département des Sciences du Comportement.
-
Ce n’est pas le même truc que dans la série Esprits
Criminels, ça ? demandai-je, ayant adoré cette série.
-
Si, c’est ça ! confirma Romain. Bon,
évidemment entre la série et la réalité il y a une grosse différence mais…
J’aimerais vraiment intégrer le FBI. Même si ce n’est pas au DSC, j’aimerais
quand même être agent de terrain.
-
Mais c’est hyper dangereux, ça ! s’exclama
papa. Tu peux te faire tirer dessus ou kidnapper par des fous furieux ou…
-
Du calme papa, rassura Romain. Pour l’instant,
je suis un simple agent de police.
-
Tu as raison, je ne dois pas m’emballer trop
vite. Quand est-ce que tu prends ton nouveau service ?
-
Eh bien… J’ai déjà commencé la semaine dernière.
D’ailleurs, mon shérif trouve que je suis très doué !
-
Je suis vraiment très fier de toi Romain, dit
papa en posant la main sur l’épaule de son fils. Tu me remplis de fierté.
-
Merci papa, dit mon frère. J’avais tellement
peur de ta réaction…
-
Quoi ? s’étonna Valentin. Pourquoi ?
-
Tu étais tellement fier et pressé que j’intègre
ta boîte… Je me suis dit que tu serais déçu que je change d’avis…
-
Je ne souhaite qu’une chose : que mes
enfants soient heureux. A partir de là, tant que vous réussissez vos vies, je
ne peux qu’être fier de vous !
La fin du repas tourna autour
de Romain et de son nouveau job, sur lequel nous avions un millier de
questions.
Nous ne trainâmes pas à table puisque papa avait un
avion pour Berlin à quinze heures et que Romain embauchait peu de temps après.
En sortant du restaurant, Manon, Trent et moi en
profitâmes pour prendre un taxi et se faire un cinéma avant de rentrer.
Une fois à la maison, Trent et moi reçûmes tous les
deux un texto de nos amis : Meredith de mon côté, Youssef du sien.
-
Youssef me propose de sortir entre mecs ce soir,
dit Trent. Michael nous invite chez lui.
-
Meredith me propose d’aller à la soirée de Gina,
poursuivis-je.
Nos regards se tournèrent vers
Manon. Puisque papa et Romain étaient au travail, ma sœur restait la seule
décisionnaire.
-
On peut y aller ? lui demandai-je. Je t’en
supplie, dis oui !
-
Vous êtes à jour dans vos devoirs ? demanda-t-elle
pour la forme.
-
On a encore deux jours pour les finir !
plaidai-je. Je te promets qu’ils seront bouclés pour vendredi soir. Dis oui,
s’il te plaît !
-
Bon c’est d’accord, accorda Manon.
-
Yes ! criâmes en chœur Trent et moi.
-
Mais vous serez rentrés pour une heure du
matin ! ajouta Manon.
-
Oui, oui, d’accord ! dit Trent.
-
Et je ne veux pas vous voir bourrés en
rentrant ! prévint ma sœur.
-
Promis ! actai-je.
-
De toute façon, je vous attendrai ! dit
Manon. S’il y en a de vous deux qui rentre en retard et/ou bourré, gare à ses
fesses !
-
On sera sages comme des images, assura Trent.
Mon petit copain et moi
allions donc nous faire une soirée chacun de notre côté. J’étais toute contente
de passer ma fin de journée avec mes copines !
Vingt heures, j’arrive chez Gina, une camarade de
classe. Meredith, June, Hailey et Beverly sont déjà là, tout comme deux filles
de notre classe que nous connaissons à peine : Brook et Penelope.
-
Comment ça se fait que tu arrives si tard ?
me gronda Hailey. Il commençait à faire soif !
-
Je n’arrivais pas à me décider sur ma tenue,
dis-je.
-
Tu aurais dû nous appeler, on aurait décidé pour
toi ! poursuivit Beverly.
-
De toute façon, c’est fait ! conclus-je.
-
Maintenant que tout le monde est là, c’est le
moment de sortir l’artillerie lourde ! annonça Gina avec une bouteille
géante de Malibu dans la main droite et une bouteille géante de vodka dans la
main gauche.
Nous fîmes
des jeux d’alcool toute la soirée. Nous ne pensâmes même pas à manger, ou très
peu. La musique à fond, nous buvions au goulot les bouteilles en nous
déchaînant sur la musique. Nos pas de danse ne ressemblaient à rien du tout et
nous étions dans un état second, en transe toutes les sept.
Lorsque je
commençai à me sentir mal, je m’assieds et eus la jugeotte de manger une part
de pizza froide, posée sur la table basse. Mes amies proches m’imitèrent.
Après avoir
assez mangé, je commençai déjà à me sentir un peu mieux : il faut dire que
j’étais celle des sept qui avais le moins bu, ayant fait attention à la menace
de ma sœur. Je n’avais pas la moindre envie de me prendre une trempe en
rentrant : mieux fallait-il que je reste un minimum sobre, même si je
devais puer l’alcool à plein nez et être un tout petit peu gaie.
J’avais toujours
dit que je ne toucherais jamais à l’alcool, à cause de ma mère. Seulement ce
soir, j’avais vraiment envie de m’éclater et de relâcher la pression après ces semaines
de dur travail scolaire.
Soudain,
alors que nous avions toutes recommencé à danser et à boire, je me rendis
compte que Gina avait disparu. Je commençai à balayer la pièce du regard à sa
recherche mais je fus interrompue par la chute de Brook. Elle venait de tomber
d’un seul coup au sol, inconsciente. Penelope se précipita sur elle ; au
même moment, on frappa à la porte. June, complètement défoncée, alla
ouvrir :
-
Bonjour mademoiselle. Police du comté de Palo
Alto. On nous a signalé un tapage nocturne, veuillez baisser la musique.
-
Et si vous veniez danser avec nous ?
proposa June. On a de la bonne musique et on a à boire aussi !
-
Réveille-toi, Brook ! criait Penelope.
Brook, réveille-toi !
-
Mademoiselle, tout va bien ? demanda
l’agent à June.
-
Oui, oui ! répondit mon amie. Venez faire
la fête avec nous ! Plus on est de fous, plus on rit !
-
Oh Brook, je t’en supplie…Réveille-toi… !
continuait Penelope.
Les policiers entrèrent,
invités par June. Lorsqu’ils découvrirent Brook allongée par terre, ils
prévinrent immédiatement les secours.
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