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L'équation féminine (Chapitre 6)

 


Mardi 6 avril 2021

 

-          J’ai remarqué que Capucine avait du mal à manger en ce moment, me dit la nounou. J’ai peur qu’elle ait du muguet dans la bouche…

-          Mon mari s’est également posé la question et l’a auscultée mais non, elle va bien, affirmai-je. Elle est juste très capricieuse en ce moment…

-          Pourtant, Emily-Rose mange très bien, me dit-elle.

-          Ravie de le savoir, dis-je, mais quel est le rapport ?

-          Eh bien puisque sa sœur est capricieuse, elle pourrait l’être aussi…

-          Ce n’est pas parce que mes filles sont jumelles qu’elles sont des clones, récitai-je machinalement, ayant tellement l’habitude de dire cette phrase.

-          Je sais bien madame de Melbourg…

-          Donc Emily-Rose n’est pas obligée de faire comme sa sœur, conclus-je. Capucine est capricieuse en ce moment, Emily-Rose ne l’est pas et je dois vous avouer que c’est tant mieux !

Je repartis de la crèche agacée. Je ne me rendais pas compte, avant d’avoir des jumelles, combien les gens les pensent comme deux êtres identiques. Oui, mes filles sont identiques physiquement mais elles sont loin d’avoir le même caractère ! Elles sont même très opposées ! Si Capucine est capricieuse, énergique et très têtue, Emily-Rose est plutôt calme, docile et joviale.

 

                Je fis un gros câlin à mes trois derniers enfants avant de m’en aller. Même si c’est nécessaire, j’ai toujours du mal à laisser mes p’tits amours à quelqu’un d’autre. Je suis leur mère et personne ne peut mieux s’occuper d’eux que moi. C’est un déchirement de laisser mes bébés à une tierce personne (surtout une personne qui prend mes jumelles pour des clones !).

 

                En arrivant au cabinet médical, je profite de fumer une clope avant d’entrer. Cette clope du matin me fait trop de bien. Elle me détend pleinement, me permet de souffler, d’avoir mon moment rien qu’à moi.

 

                J’enchaînai les prises de rendez-vous et les appels téléphoniques toute la journée. Maintenant que je sais que je vais reprendre mes études, la pratique de mon métier me parait encore plus fade.

 

                16h30, je récupère Alice, Noé et Björn à l’école. Depuis l’incident de vendredi, j’appréhende de récupérer Noé à la sortie de sa classe. Aujourd’hui, mes craintes furent fondées : sa maîtresse me happa :

-          Madame de Melbourg ! Madame de Melbourg !

-          Bonjour, lui répondis-je en me tournant vers elle.

-          Bonjour madame, dit-elle. J’ai mis un mot dans le cahier de Noé mais je voulais quand même vous parler. Vous avez du temps ?

-          J’ai quelques minutes, oui, après je devrai aller chercher mes autres enfants chez la nounou.

Je me retrouvai dans la salle de classe vide, face à la maîtresse de mon fils, mes trois premiers enfants jouant ensemble aux petites voitures disposées dans un coin de la classe.

-          Je voulais vous voir par rapport au comportement de Noé.

-          Que se passe-t-il ?

-          Je vous le demande, me rétorqua la maîtresse. Depuis plusieurs semaines, Noé est difficilement supportable. Il est insolent et désobéissant. Je voulais donc savoir si c’était la même chose à la maison ou si ce n’était qu’à l’école.

-          Il n’y a pas spécialement de problèmes à la maison, dis-je. Noé ne se comporte pas différemment de d’habitude…

-          Je vois. Puisque vous n’avez pas énormément de temps, je vous propose que l’on cale un rendez-vous pour en parler plus longuement. Il serait bien que votre mari soit présent.

-          Il fera en sorte de s’arranger, dis-je.

Je jetai un rapide coup d’œil à mon agenda électronique professionnel et annonçai :

-          Nous pouvons programmer un rendez-vous vendredi à 17h. Cela vous irait ?

-          C’est noté. Vendredi, 17h.

-          Bien. Merci madame Hotte.

-          Merci à vous madame de Melbourg.

Je sortis de la classe avec mes aînés. J’étais pas mal préoccupée par ce que la maîtresse venait de me dire. Aucun évènement majeur n’avait eu lieu (du moins, pas à ma connaissance !) pour que mon fils se comporte mal d’un seul coup. Noé a toujours été turbulent, confirmant le mythe des deuxièmes de fratrie. Cependant, il n’a jamais été « insolent », bien qu’il soit désobéissant ! Les mots de madame Hotte résonnaient fort dans mes oreilles.

Arrivés à la voiture, j’étais tellement en colère que je pris Noé (qui chahutait avec son frère et sa sœur comme si de rien était) entre quatre yeux et lui grondais, mon index pointé sur lui et mon regard plongé dans le sien :

-          Je ne suis vraiment pas contente, Noé ! Vraiment pas contente du tout ! Je suis très fâchée par ce que ta maîtresse vient de me dire ! Je ne veux pas t’entendre jusqu’à ce qu’on arrive à la maison, c’est compris ?!

-          Oui maman, me répondit-il, les yeux remplis de tristesse de se faire ainsi gronder.

-          Très bien ! Monte dans la voiture et fais-toi oublier !

Je vérifiai que les trois étaient attachés et m’installai au volant.

Noé a vraiment une bouille trop mignonne. Il me fait craquer. Sur la route, j’ai beau être en colère, un simple coup d’œil dans la rétroviseur vers mon fils me donne envie de lâcher l’affaire et de lui passer sa mauvaise attitude ; mais mon devoir de maman l’empêche. Je dois fortement réprimander mon fils pour avoir été indiscipliné à l’école : je n’ai pas le choix.

 

                En arrivant à la maison, j’installai le goûter sur la table et pris Noé à part pour lui passer un savon. Il me regarda avec ses yeux tout tristes et j’eus toutes les peines du monde à le gronder fermement. Je l’envoyais ensuite au coin la mort dans l’âme, me disant qu’Alexandre ferait sûrement le reste du boulot lorsqu’il rentrerait du travail.

 

 

                Effectivement, Noé eut droit à trois bonnes claques sur les fesses de la part de son père, même si mon fils m’avait supplié de ne rien dire à mon mari. Alex allait de toute façon être au courant et malgré ma prise de pincettes en lui exposant la situation, il se mit en colère contre le petit, colère tout à fait légitime. Il était hors de question que Noé continue à être indiscipliné en classe !

 


                21h, heure du débrief. Les enfants sont couchés et je me retrouve seule face à Alexandre qui enfile sa veste de dominant. J’étais bien décidée à m’en sortir totalement intacte ce soir : je n’avais rien à me reprocher !

-          Je n’ai pas dépassé le quota de cigarettes autorisé ! m’empressai-je de l’informer.

-          C’est très bien Thalysa, répondit-il. Cependant, il y a d’autre domaines dont nous devons parler.

Alex alla chercher la feuille comportant les règles mises en place dans le cadre de notre discipline domestique. Il me la tendit et me demanda de me tenir debout devant lui.

-          Lis-moi les règles, Thaly.

-          Règle d’or, commençai-je. Pas un mot aux enfants. Ils ne doivent pas être au courant, sous aucun prétexte.

-          Penses-tu que cette règle a été respectée ? demanda mon mari.

-          Par moi, oui ! dis-je. Mais pas par toi !

-          Tu me vouvoies, Thaly ! gronda Alexandre.

-          Pas par vous, repris-je.

-          Je n’ai pas expressément dit à nos enfants que je disciplinais leur mère, dit le médecin. Je n’ai donc pas dérogé à la règle d’or. Continue ta lecture.

-          Règle n°1, lus-je. La cigarette : à partir d’aujourd’hui et durant deux semaines, tu n’auras le droit qu’à cinq cigarettes par jour. Puis, trois par jour pendant deux semaines, puis une pendant deux semaines. Ensuite, ce sera terminé. L’usage de la cigarette électronique est autorisé.

-          Cette règle a donc été respectée aujourd’hui et je t’en félicite, approuva Alex. Règle suivante.

-          Règle n°2, continuai-je. La procrastination : il est dorénavant hors de question de remettre au lendemain ce que tu dois faire le jour-même. Si tu le fais, tu seras punie. Si nous recevons encore une seule relance d’impayés, tu seras sévèrement punie !

-          Cette règle a été respectée, Thalysa ?

-          Oui ! dis-je, stressée.

-          Bien. Continue.

-          Règle n°3, poursuivis-je. Le ménage sera fait au minimum une fois par semaine. Les draps de toute la maison seront lavés une fois par semaine également. A toi de choisir le jour qui te convient. Si tu as besoin d’aide, tu peux me demander.

-          Qu’en est-il de cette règle-là ?

Je me rendis compte, à cet instant précis, que je n’avais pas fait le ménage cette semaine. La maison était propre grâce à la mère d’Alexandre qui l’avait effectué samedi ; mais je ne l’avais pas fait.

Devant mon absence de réponse, mon mari réitéra sur un ton plus ferme :

-          Qu’en est-il de cette règle-là, Thalysa ?!

-          Eh bien, je …euh…

Alex sanctionna cela de cinq bonnes claques. Je les accusai, me disant que je n’étais pas au bout de mes peines pour ce soir.

-          Continue. Nous sommes loin d’avoir terminé !

-          Règle n°4, repris-je, désormais fébrile. Tu feras tourner au minimum une fois par jour le contenu d’une machine à laver. Si tu as besoin d’aide, tu peux me demander.

-          Et alors ?

-          Je…je ne sais pas.

Mon époux m’attrapa par le bras et me traîna jusque dans la buanderie. En voyant les deux paniers pleins de linge sale, il me gronda :

-          Et là, tu ne sais toujours pas ?!

-          Je n’ai pas eu le temps aujourd’hui…

-          Tu avais le temps, ce midi, Thalysa ! Et si tu n’avais pas envie, tu pouvais toujours me demander !

-          Oui…

-          Tu l’as fait ?!

-         

-          Tu l’as fait ou non ?!

Pour répondre, je me protégeai le derrière avec mes mains. Alexandre les dégagea de suite pour m’asséner cinq claques aussi puissantes que vexantes. Il me ramena ensuite dans le salon et me demanda de lire la suite.

-          Règle n°5, dis-je, la feuille dans ma main, l’autre main me frottant le derrière. Les repas seront préparés à l’avance : il est hors de question de prendre du retard en semaine avec ça.

-          Et donc ?

-          Eh bien…

-          Je ne te punirai pas là-dessus car pour le moment, tu gères plutôt bien. Mais je t’ai à l’œil par rapport à cette règle ! Tu peux passer la n°6 et lire la 7.

-          Règle n°7, continuai-je. Tu feras, pour commencer, au moins deux heures de sport par semaine. Aucune excuse ne sera tolérée, sauf raisons de santé.

-          Que peux-tu me dire par rapport à ça ?

-          Je…je n’ai pas eu le temps…

Cinq nouvelles claques tombèrent. Ça commençait à faire beaucoup…

-          On en reparlera juste après, précisa Alex. Règle suivante.

-          Règle n°8, repris-je. Aucun oubli ne sera autorisé à l’égard de nos enfants.

-          Je te félicite pour cela également, dit mon mari. Tu t’es bien reprise là-dessus. Règle suivante.

-          Règle n°9, poursuivis-je. Aucun retard au travail, ni aux divers rendez-vous.

-          Tu es ponctuelle et j’apprécie cela. Continue.

-          Règle n°10, continuai-je. Dialoguer en cas de problème et s’aimer comme au premier jour.

-          Tu penses que nous dialoguons suffisamment ? me demanda Alexandre.

-          Oui, tranchai-je.

-          Tu ne me caches rien ? insista-t-il.

-          Non !

-          Tu m’aimes ?

-          Evidemment que oui ! répondis-je.

Alexandre m’embrassa langoureusement et me serra dans ses bras.

-          Moi aussi je t’aime, Thaly. Plus que ma propre vie.

Mon cœur fondit instantanément. Je brûlai de désir pour mon mari.

-          Nous avons donc trois règles qui ont été transgressées. Tu vas passer trois minutes déculottée sur mes genoux par règle non respectée.

Ces neuf minutes furent longues, très longues. J’eus du mal à les supporter. Je n’en pouvais plus ! Malgré mes promesses de respecter les règles à l’avenir, mes supplications et mes pleurs, Alexandre alla jusqu’au bout sans faiblir.

 

                Lorsque je me relevai des genoux de mon aimé, je sentais bien que ma lune était brûlante. Je me collais contre le torse d’Alex et fondis en larmes.

-          J’ai mal ! me plaignis-je.

-          Tant mieux, répondit mon homme. C’est le but. Pour que tu t’en souviennes et ne recommences pas !

Je continuai de pleurer contre la poitrine d’Alex. Après m'avoir annoncé qu'il m'avait pris un abonnement à la salle de sports et que je devrai dorénavant m'y rendre deux heures par semaine, il m’entoura de ses bras réconfortants ce qui me réchauffa le cœur. Je me calmai progressivement, ce qui nous permit de passer à une soirée plus coquine.

 

A suivre…

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Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

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Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

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 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

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  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

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