Vendredi 26 février 2021
Je me réveille un peu dans les choux
aux alentours de 11h. Je remarque instantanément que ma sœur n’est plus dans
mon lit. Cependant, une merveilleuse odeur entre dans ma chambre : je
décide de sortir de mon lit et de la suivre.
-
Salut Honey, me
lança Trent depuis la cuisine.
Manon
et lui apparaissaient complices depuis les fourneaux, où ils avaient préparé un
copieux et délicieux brunch. Cela me mit du baume au cœur de voir les pancakes,
les œufs, le bacon et les mini-crêpes et gaufres préparées rien que pour moi.
-
Trent s’est dit
que tu aurais besoin de réconfort, dit ma sœur. J’ai décidé de l’aider.
J’ai
vraiment la meilleure famille du monde.
Je profitai à fond du brunch et
mangeai à n’en plus pouvoir. J’ignorais si j’allais pouvoir manger quoique ce
soit au dîner de ce soir mais je devrais sûrement me forcer : papa serait
rentré et il déteste que je saute un repas.
Ce brunch passé, je filai m’habiller
puis Trent et moi nous mîmes à nos devoirs sur ordres de Manon : c’était
la condition pour que nous sortions hier soir. Au final, j’aurais préféré que
ma sœur refuse ; nous aurions boudé un moment mais ça m’aurait évité de me
retrouver au poste avec toutes les conséquences que cela a apportées…
J’étais en train de bûcher sur mon
DM de maths lorsque la porte d’entrée s’ouvrit. Romain rentrait d’une garde de
presque 24h. Il avait des cernes et une démarche de zombie. J’espérai qu’il
n’ait pas assez d’énergie pour s’occuper de moi mais mon espoir s’évanouit instantanément :
-
Zoé, toi et moi
dans la bibliothèque. Maintenant.
Romain
avait prononcé les mêmes mots que papa le mois dernier, lors de notre discussion
suivant ma panne de réveil et mon absence au lycée durant une matinée.
Décidément, mon frère était vraiment un clone de mon père.
Je
jetai un œil désespéré à Trent puis me levai et me dirigeai vers la
bibliothèque d’un pas lourd de sens.
-
Dépêche-toi !
gronda Romain. Je te préviens : je suis totalement épuisé alors ce n’est
pas le moment de me gonfler !
Mon
frère et moi entrâmes dans la bibliothèque et Romain referma la porte.
-
Tu vas au coin,
m’ordonna-t-il.
Je
le regardai avec des yeux ronds, complètement bouche bée. Devant mon absence de
déplacement, Romain m’attrapa par le bras et me colla cinq énormes claques sur
le derrière.
-
Tu crois que je
plaisante, Zoé ?! me gronda mon frère. C’est ça ?!
-
Non… dis-je en me
massant les fesses.
-
Quand je te
demande quelque chose, tu le fais immédiatement ! C’est compris ?!
-
Oui…
-
Alors file au
coin ! Tout de suite !
Je
m’exécutai et fis en sorte de m’y tenir correctement pour ne pas aggraver mon
cas.
-
Baisse ton
pantalon et ta culotte tout de suite.
J’obéis
encore une fois, me demandant bien ce qui allait m’arriver (même si j’en avais
une petite idée).
-
Mains sur ta
tête, continua Romain.
Ses
désirs sont des ordres… Je me retrouvai dans une position on ne peut plus
vulnérable, ce qui ne me plaisait guère, bien évidemment. Manon m’avait déjà
assez amochée hier soir… mais je ne pensai même pas à en parler à Romain :
il ne devait déjà être au courant et il s’en fichait totalement.
-
Réexplique-moi ce
qui s’est passé hier soir.
-
Je…J’ai déjà tout
dit lors de l’interrogatoire…
Trois
énormes claques tombèrent.
-
Je me fiche que
tu l’aies déjà dit ou non ! Je veux que tu me le réexplique, Zoé !
J’accusai
ce qui venait de tomber avec quelques larmes. Puis, je me relançai pour la
énième fois dans le récit de cette soirée maudite.
-
Tu te rends
compte de tes actes, Zoé ?!
-
Mais je n’ai rien
fait de mal…
Trois
nouvelles claques tombèrent, semblables aux précédentes. Romain était en train
de me tuer le derrière.
-
Ta copine Brook
est dans le coma ! On a retrouvé ta copine Gina qui est également dans le
coma ! ça aurait très bien pu t’arriver !
-
Non, car je sais
boire, moi, contrairement à elles !
-
Dis-tu alors que
c’était la première fois que tu touchais de l’alcool !! me gronda mon
frère. Arrête de me baratiner, Zoé ! Tu ne sais absolument pas contrôler
le rapport entre ton corps et l’effet que l’alcool a sur lui !
-
N’empêche que j’ai
quand même su m’arrêter…
-
Tellement, que
tes copines et toi avez fini en cellule de dégrisement !
-
J’étais un peu
gaie mais c’est tout ! répondis-je.
-
C’est
tout ?! C’EST TOUT ?! explosa mon frère.
Avec
mon « c’est tout », je déclenchai une avalanche de claques, tellement
forte que je peinais à la supporter. Je gigotai et me défendis ; Romain dû
me maintenir fermement.
-
Ne me dis JAMAIS
« c’est tout » quand tu arrives complètement bourrée en cellule de
dégrisement ! C’est inadmissible, Zoé ! Toi aussi, tu pourrais être
dans le coma ! Toi aussi tu aurais pu disparaître !
-
Pardon…
formulai-je entre deux larmes. Je suis vraiment désolée, Romain…
Mon
frère m’autorisa à me rhabiller (je ne me le fis pas dire deux fois !) me
prit instantanément dans ses bras et me dit : « Si jamais tu me
refais un coup comme ça, je te tue ! On ne s’en relèverait pas s’il
t’arrivait quelque chose, Zoé ! Je ne veux plus que tu te mettes en
danger, tu entends ?! Tu auras vraiment à faire à moi… ! ».
J’acceptai
le câlin de mon grand frère protecteur, envahissant, strict, mais quand même
super attachant. C’est fou ce que je l’aime, bien qu’il me fasse des misères…
Lorsque
nous relâchâmes notre étreinte, je m’aperçus que quelques larmes avaient coulé
sur les joues de mon frère. Je me rendis alors compte que sa colère était due
au fait qu’il avait eu très peur pour moi, en voyant l’état de mes copines.
-
Oh, et tu es
privée de sortie jusqu’à nouvel ordre, m’annonça-t-il après avoir reniflé et
essuyé ses joues.
-
D’accord, dis-je,
touchée par la sensibilité du flic.
Je
retournai auprès de Trent et lui annonçai que ça aurait pu être pire. Du moins,
j’avais prévu pire ; même si j’avais quand même accusé l’avalanche qui
était tombée !
-
Il ne reste plus
que ton père alors, dit mon petit ami.
-
C’est ça. Il ne
reste plus que lui.
J’espérais
d’ailleurs que Valentin serait compréhensif par rapport à ma situation. Si cela
se passait comme je l’imaginais, alors ce serait Manon qui aura été la plus
sévère avec moi : une grande première ! Comme quoi, il ne faut jamais
sous-estimer personne…
Nos devoirs nous prirent toute la
journée : cependant, nous voulions absolument terminer avant ce soir pour
être tranquilles ce week-end.
18h, papa rentre de Berlin. Trent,
Manon et moi étions en train de nous mater un film pendant que Romain dormait,
récupérant de sa garde.
-
Coucou les enfants ! s’exclama-t-il.
-
Bonjour papa,
répondîmes Manon et moi.
-
Bonjour Valentin,
dit Trent.
-
Zoé, m’appela
papa. Je crois qu’il faut qu’on parle.
-
Je sais… Je vais
dans ma chambre, c’est ça ?
-
Non. Tu enfiles
un manteau et des chaussures. On va aller se promener toi et moi. A la suite de
notre balade, je déciderai quelle sanction est la plus adaptée.
Agréablement
surprise par l’éventualité d’une amnistie, j’obéis à mon père et le suivis à
l’extérieur. Nous marchâmes jusqu’au parc situé non loin de la maison et nous
assîmes sur un banc. Le froid glacial du banc fit du bien à mon fessier
meurtri.
-
Tu veux que je
t’explique ce qui s’est passé, c’est ça ? demandai-je.
-
Non, pas besoin.
J’ai lu en détails ta déposition et j’ai passé un long moment au téléphone avec
ta sœur puis avec ton frère. J’étais absent mais je sais exactement tout ce qui
s’est passé.
-
Et donc ?
-
Je suis partagé.
-
Par rapport à
quoi ?
-
D’un côté, je
suis déçu de toi car tu as touché à l’alcool et tu n’as pas su te contrôler. Je
croyais qu’avec le passé que tu as, notamment avec ta mère, tu avais l’alcool
en horreur…
-
Oui, c’est vrai,
coupai-je. Mais j’avais envie de me vider la tête et…pour une fois d’être comme
tout le monde. Toutes mes copines ont une super famille, une super vie… Et
c’est aussi mon cas, maintenant ! Je voulais juste effacer ce passé qui me
tenaille…
-
Mais ça fait
partie de toi. Tu ne serais pas la Zoé que tu es aujourd’hui si tu n’avais pas
vécu ça !
-
Oui c’est vrai…
-
En dehors de ma
déception, j’ai aussi l’impression que tu as été dépassée par les évènements
lors de cette soirée.
-
Oui !
acquiesçai-je. Je n’aurais jamais imaginé que ça se passe comme ça…
-
Je sais ma puce,
me coupa-t-il. Je sais. Tu n’es pas responsable de tes copines…
-
Exactement !
l’interrompis-je. C’est ce que j’ai essayé d’expliquer à Manon et Romain mais…
-
Ta sœur était en
colère de devoir aller te chercher au poste du shérif, ce qui est totalement
compréhensible !
-
Oui…
-
Quant à ton
frère, il a vraiment eu peur pour toi. Comme moi. Forcément, sur le coup, la
peur nous a mis en colère…
-
Je comprends
papa. Mais je n’ai rien fait de mal !
-
Le recul nous a
un peu manqué, il est vrai, admit papa. Cependant, je ne regrette en rien le
fait que Manon et Romain te soient tombés dessus. Tu comprends pourquoi ?
-
Parce que j’ai
quand même déconné en buvant un peu trop…
-
Exact. Je crois
que ton frère t’a déjà annoncé ta sanction ?
-
Je suis privée de
sortie jusqu’à nouvel ordre, dis-je.
-
C’est ça. Je te
coupe également internet.
-
Quoi ?! Mais
papa…
-
Si tu veux consulter
internet pour tes cours et uniquement pour tes cours, tu pourras aller
sur l’ordinateur fixe dans mon bureau.
-
Et pendant
combien de temps ?! m’agaçai-je. Parce que « jusqu’à nouvel ordre »,
ce n’est pas une durée !
-
Baisse d’un ton,
Zoé, me reprit calmement papa. « Jusqu’à nouvel ordre », ça veut dire
jusqu’à ce que tu deviennes un peu plus responsable. Ton frère et moi avons
remarqué ces derniers temps que tu avais tendance à retomber dans tes travers. Lorsque
tu auras une attitude un peu plus adulte, je réfléchirai à lever ta sanction.
Nous
rentrâmes à la maison en silence car je boudais ; cela ne montrait aucunement
à mon père une attitude adulte mais c’était plus fort que moi.
En arrivant chez nous, Romain était
réveillé et discutait avec Trent et Manon. Papa embrassa son fils sur
le front puis dit :
-
Tu as ton
week-end de libre ?
-
Oui, répondit mon
frère.
-
Tout le monde a
son week-end de libre ? ajouta papa à tout le monde.
Nous
répondîmes à l’affirmative.
-
Alors faîtes vos
valises, annonça papa. Prenez le nécessaire pour trois jours, nous serons pas de
retour avant dimanche soir.
Nous
nous regardâmes tous, ahuris.
-
Mais on part où ?
demanda Manon.
-
Vous verrez bien !
dit papa en souriant. Ah, et autre chose : Kathleen nous accompagnera durant
ces trois jours.
-
Qui c’est
Kathleen ? demanda Romain.
-
Ma petite amie,
répondit papa.
A suivre…
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