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Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

 



-          Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?!

-          Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter.

-          Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère.

-          Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa.

-          Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout !

-          C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire !

-          Bien sûr que si ! insista Romain.

-          Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?!

Un silence suivit. Mon frère finit par le briser :

-          Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger !

-          Détrompe-toi, mon fils ! C’est exactement pareil ! Je n’ai rien dit jusqu’à présent pour vous protéger ! Je ne voulais pas risquer que vous vous attachiez à l’une de mes copines de passage. Maintenant que je suis certain que ça fonctionnera avec Kathleen, je peux me lancer à vous la présenter.

-          Et qui te dit ça fonctionnera, d’abord ?! lançai-je, me décidant enfin à ouvrir la bouche après avoir accusé le choc.

-          Parce qu’il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas ! dit papa. Je suis amoureux de Kathleen et je veillerai à ce que notre couple tienne bon !

-          Et si nous, on l’aime pas ?! rétorquai-je, en cœur avec Manon et Romain.

Papa fut surpris de notre réaction unanime. Après s’être passé la main sur le visage, il mit ses mains sur ses hanches et nous gronda :

-          Je vous préviens, les enfants : si jamais l’un de vous s’avère être méchant avec Kathleen, ça ira très mal ! Et si je dois m’occuper de vos trois derrières, je m’occuperai de vos trois derrières ! Et croyez-moi, vous allez vraiment mais alors vraiment le regretter ! Je vous punirai comme des petits enfants irrespectueux envers leur nouvelle belle-mère car c’est clairement ce que vous serez ! Alors un petit conseil : soyez gentils et bienveillants avec Kathleen ! Elle a vraiment hâte de vous rencontrer, elle s’en fait une joie ! Vous n’avez absolument pas intérêt à tout gâcher ! Vous m’avez bien entendu ?!

Nous restâmes figés sur place, bouches-bées, choqués de la tirade de papa.

-          Est-ce que vous m’avez bien entendu ?! gronda-t-il.

-          Oui papa, répondîmes-nous en chœur.

-          Y’a intérêt ! Kathleen n’arrive que d’ici trente minutes, je peux très bien vous prendre dix minutes chacun sur mes genoux si j’entends encore des protestations ! Maintenant, filez faire vos bagages ! Non, mais !

Romain partit en furie dans sa chambre et en claqua violemment la porte. J’étais persuadée qu’il était énormément vexé que papa le menace d’une fessée, chose qu’il n’avait pas fait depuis un paquet d’années. Manon et moi nous en allâmes également dans nos chambres respectives en boudant. Nous n’avions pas envie de contrarier papa et de recevoir une volée (surtout moi, avec la trempe que Manon m’avait mise hier soir !). Nous ne continuâmes donc pas de protester mais ce n’était pas l’envie qui nous en manquait.

 

                Une demi-heure plus tard, alors que Trent m’aidait à descendre ma valise, quelqu’un sonna à la porte.

-          La voilà ! s’exclama papa, tout guilleret, en allant ouvrir.

La porte d’entrée s’ouvrit sur une brune d’environ 45 ans avec de très fortes rondeurs qui lui allaient malgré tout très bien. Elle avait des yeux bleu transperçant et donnait l’impression de prendre bien soin d’elle. Elle était très bien habillée et son magnifique visage était bien mis en valeur par une coupe de cheveux mi-longs aérée, lui descendant jusque sur les épaules. Lorsqu’elle sourit à mon père, j’aperçus sa dentition parfaite.

                Papa et Kathleen s’embrassèrent puis il la laissa entrer.

-          Zoé, Trent, je vous présente Kathleen ! nous annonça Valentin, le regard pétillant.

Ma nouvelle belle-mère m’adressa un immense sourire en disant :

-          Quelle joie de vous rencontrer ! Valentin m’a beaucoup parlé de vous !

-          J’espère en bien, dit timidement Trent.

-          Oui, évidemment ! dit Kathleen.

Elle voulut me prendre dans ses bras mais je me reculai, lui tendant plutôt ma main pour qu’elle la serre.

-          Zoé n’est pas très…tactile, précisa mon père en me faisant tout de même de gros yeux dans le dos de Kathleen.

-          Pas de problème, je m’adapte ! dit la brunette. Eh bien…enchantée, Zoé !

-          Ouais, répondis-je froidement.

Un moment de gêne s’installa. Papa s’empressa de le rompre :

-          Manon et Romain ne vont pas tarder, ils finissent leurs bagages. Nous allons pouvoir partir.

-          Très bien, dans ce cas je vais en profiter pour aller au petit coin ! dit Kathleen.

-          Pas de problème Kate, dit papa. C’est la porte du fond dans le couloir de droite.

Elle s’en alla en suivant les indications de mon père. Valentin en profita pour s’approcher de moi et me dire discrètement :

-          Tu as intérêt à faire mieux que ça, Zoé !

-          Mais…

-          Tu veux que je me fâche ?!

-          Non papa…

-          Bien. Alors fais des efforts !

 

Manon et Romain nous rejoignirent dans l’entrée après avoir descendu leurs valises. Kathleen, revenant des toilettes, tomba nez à nez avec eux. Papa fit les présentations :

-          Manon, Romain, voici Kathleen ma… ma petite amie.

-          Enchanté, dit hypocritement mon frère en faisant la bise à la nouvelle.

-          De même, Romain ! dit-elle avec joie.

-          T’aurais pas pu en trouver une encore plus grosse ?! maugréa ma sœur avec dédain.

Nous nous figeâmes tous, sous le choc de la réplique de ma sœur. Papa réagit néanmoins au quart de tour en lui décollant une gifle monumentale que Manon accusa. Pour le coup, j’étais d’accord avec papa : ma sœur l’avait amplement méritée ! Valentin vociféra :

-          Si tu ne veux pas immédiatement prendre la rouste de ta vie, excuse-toi immédiatement, Manon !

-         

-          J’ai dit IMMEDIATEMENT !!!

-          Pardon Cathryn, dit ma sœur, la voix tremblotante.

-          C’est KATHLEEN !! cria papa.

-          Pardon Kathleen, reprit Manon.

-          Réflexion faite, tu vas quand même prendre une sacrée volée une fois que l’on sera arrivés à la villa !

Papa attrapa une valise et dit :

-          Tout le monde en voiture ! Et toi Manon, profite d’être bien assise pendant le trajet ! T’asseoir confortablement est un luxe que tu n’auras plus ces prochains jours ! Crois-moi, ma fille !

Nous chargeâmes le van de papa avec les différentes valises pendant que le P-DG se confondait en excuses auprès de son aimée. Parce qu’elle me faisait de la peine, je m’approchai de Kathleen et lui dis :

-          Tu sais, ce n’est pas contre toi. Nous avons beaucoup de mal avec le fait que papa se remette en couple… Mais je ne doute pas que tu sois une personne extraordinaire. Mon père est amoureux et quand il parle de toi, ses yeux pétillent… Nous l’avons compris. Il nous faut juste un peu…de temps. Tu comprends ?

-          Je comprends, ma grande.

-          Et ne t’en fais pas : papa va s’assurer que Manon ne te dise plus jamais ce genre de choses. Je suis désolée qu’elle t’ait dit ça, Kathleen.

Je pris sur moi en entrepris de faire un câlin à la nouvelle venue. Je sentis que cela lui réchauffa le cœur, comme cela réchauffa le cœur de papa qui nous regarda de loin. De plus, ce câlin ne fut pas du tout désagréable : Kathleen sentait divinement bon et ses fortes rondeurs la rendait confortable. J’avais bien envie d’y rester, dans ses bras !

 

                Le trajet en voiture fut tendu. Papa faisait la tête à Manon, Romain faisait la tête à papa, Kathleen n’osait trop rien dire et Trent et moi observions la scène sans rien dire. De plus, mis à part papa, personne ne savait où nous allions. Valentin avait parlé d’une villa mais n’avait rien dit de plus.

 

                Deux heures de route furent nécessaire pour que nous arrivions en plein milieu d’une forêt. Papa se gara devant une immense maison. Le coin me faisait clairement penser à la maison de la famille Cullen dans Twilight.

-          Nous voilà arrivés ! Dit papa.

-          Euh… C’est quoi ce coin paumé ? demanda Romain.

-          C’est un coin idéal pour se retrouver en famille et se ressourcer ! dit Valentin. Nous allons passer du temps ensemble et nous allons apprendre à profiter les uns des autres.

-          Je ne veux pas rester ici ! protesta ma sœur.

-          Vois le bon côté des choses, ma fille ! lui dit papa. A part notre famille, personne n’entendra le bruit des claques monumentales qui tomberont sur tes fesses ce soir.

Ma sœur fut instantanément calmée. Je pensai d’ailleurs que cette réplique aurait calmé n’importe qui !

-          Aller, tout le monde descend ! annonça papa. On vide le van et on défait les bagages !

Au lieu de m’occuper de ma valise, je me précipitai dans la maison pour la visiter et pour être sûre de chopper la meilleure chambre. J’eus droit à une magnifique suite avec vue sur un beau lac ; et cerise sur le gâteau, papa accepta que Trent et moi dormions ensemble de le temps du séjour.

 

                Un traiteur nous livra notre dîner aux alentours de 18h30. Kathleen mit la pizza au four et assaisonna les différentes salades pendant que papa, Trent et moi la regardions faire, appuyés sur l’îlot central dans la cuisine.

-          On aurait quand même pu faire nos courses nous-mêmes, chéri ! Dit Kathleen à papa. J’aurais aimé vous concocter un bon petit dîner !

-          On ira faire les courses demain matin, Kate, dit papa. Et promis, tu auras tout le loisir de cuisiner ce qu’il te plaira !

-          Sauf ce que je n’aime pas, précisai-je.

-          Et qu’est-ce que tu n’aimes pas, Zoé ? me demanda ma belle-mère.

-          Eh bien… commençai-je.

-          Zoé est très difficile, dit mon père. Elle s’adaptera et mangera ce que tu cuisineras.

-          Non ! protestai-je.

-          Si ! insista papa.

-          Tu n’auras qu’à venir me voir demain matin, Zoé, dit Kate. Nous définirons ensemble le menu pour être sûre que ce que je cuisine te plaise. D’accord ?

-          D’accord ! dis-je, satisfaite.

Finalement, elle commençait à me plaire cette Kathleen ! Je tirai la langue à mon père en signe de victoire.

-          Tu veux une fessée, Zoé ?! me gronda-t-il.

-          Je n’ai rien fait ! plaidai-je en jouant l’innocente.

-          C’est ça ! reprit papa. Continue à ne « rien faire », tu vas voir tes fesses ! Ce n’est pas parce que Kathleen est là que tu peux te permettre de me manquer de respect !

-          Qu’est-ce que tu peux être chi…

-          Attention à ce que tu vas dire !

Ouh là. Valentin haussait le ton en me fusillant du regard. Ça ne sentait pas bon pour moi. Trent le comprit très vite et me prit par la main, m’entraînant hors de la cuisine :

-          Viens Honey, on va finir de visiter la maison.

Je le suivis, contente d’échapper au courroux de mon père.

 

                Durant le dîner, mon frère, ma sœur et moi profitâmes d’être au complet pour tester un peu Kathleen.

-          Et tu fais quoi dans la vie ? lui demanda Romain.

-          Je suis assistante maternelle, répondit-elle.

-          Ah ben ça va, le travail à domicile c’est plutôt cool ! dit Manon avec un sous-entendu que nous avions bien tous compris.

-          Ça veut dire que, si un jour vous vous installez ensemble, notre maison sera remplie de mioches tous les jours ? demandai-je, effrayée.

-          Je n’en garde que deux, précisa Kathleen.

-          Eh bien, on s’foule pas des masses ! commenta mon frère.

Je voyais bien que papa montait en pression mais Kathleen lui posa sa main sur la cuisse pour tenter de le calmer.

-          C’est quand même du travail, ce sont deux bébés et il faut bien s’en occuper, expliqua Kathleen.

-          Et au fait, demandai-je, comment est-ce que vous vous êtes rencontrés, tous les deux ?

-          Eh bien, commença Kate, j’ai vu la photo de votre père sur un magazine dans la salle d’attente de mon médecin… J’ai tout de suite flashé sur lui. Puisque j’ai vu qu’il faisait une conférence de presse à San Francisco quelques jours plus tard, j’ai tenté ma chance et ça a fonctionné !

-          Tu m’étonnes, un homme d’affaires ultra-riche, c’est le bon plan pour tout le monde ! dit Manon.

-          Surtout quand on ne fait que garder des mioches à longueur de journées, ça ne doit pas payer des masses ! ris-je.

-          Tu m’étonnes ! acquiesça Romain. A moins de prendre un deuxième boulot en dehors…

-          Elle n’a pas l’air assez fatiguée pour avoir deux boulots ! remarquai-je, amusée.

-          Oui, elle ne doit pas bouger beaucoup sinon ça se verrait, ajouta Manon.

Ce fut à ce moment précis que Valentin explosa de colère. Il se leva, se pencha vers nous, posa une main sur la table et nous gronda :

-          Ça suffit ! Taisez-vous tous les trois ! Les remarques désobligeantes, dégradantes et humiliantes envers Kathleen, je ne veux plus en entendre, c’est compris ?!

-          Mais…commença Romain.

-          Tu te tais ! Si j’entends encore l’un de vous être malveillant envers Kathleen, il s’en souviendra toute sa vie ! C’est clair ?!

-         

-          EST-CE QUE C’EST CLAIR ?!

-          Oui papa, répondîmes-nous.

-          Bien ! reprit Valentin. Maintenant que cela est dit…

Il pointa son index sur Manon et poursuivit :

-          Toi ! Tu vas passer un très sale et très long moment sur mes genoux, non seulement pour l’immonde réflexion que tu as faite à Kathleen en guise de bonjour mais en plus pour avoir continué à te foutre littéralement de sa gueule alors que tu savais déjà que tu allais être bien punie ! Tu t’es donc également foutue de ma gueule et ça, ma fille, tu vas amèrement le regretter !

Il pointa ensuite son index sur Romain et continua :

-          Toi ! Tu vas également passer sur mes genoux pour m’avoir fait la tête comme un gamin de 4 ans durant tout le trajet et pour avoir participé avec tes sœurs à la moquerie envers Kathleen ! Non seulement je suis en colère contre toi, Romain, mais en plus je suis déçu ! Et je te garantis que cette déception, tu vas la sentir passer !

L’index de Valentin fut enfin pointé sur moi et papa enchaîna :

-          Quant à toi ! Tu vas également passer mes genoux parce que je t’avais demandé de te comporter en adulte responsable après tes frasques d’hier ! Au lieu de ça, tu te permets de te livrer à des moqueries malsaines et méchantes avec ton frère et ta sœur ! J’ai bien vu que tu avais essayé de faire des efforts avec Kathleen mais avec les remarques que tu viens de sortir, je me demande si ce n’était pas de l’hypocrisie pure et simple ! Je déteste ça ! Si je prends également en compte le fait que tu m’aies tiré la langue tout à l’heure, le vase déborde, Zoé ! Et il déborde bien comme il faut !

Papa reposa son index et reprit, nous regardant tous les trois tour à tour :

-          Je ne pensais pas, en vous présentant la femme avec laquelle je veux passer le restant de mes jours, que vous pourriez faire preuve d’autant d’immaturité et de méchanceté ! Je suis profondément déçu par votre comportement ! Vous voulez vous comporter comme des gamins ?! Parfait ! Je vais vous traiter comme des gamins ! Je vous rappelle que je suis votre père ! Que vous ayez 10, 20, 40 ou 60 ans, si vous méritez une bonne fessée, je serai là pour vous la donner ! Continuez à être méchants avec Kathleen, vous allez m’avoir sur votre route ! Si vous voulez jouer, on va jouer ! Vous voulez la guerre, vous allez l’avoir ! Je vous garantis que vous allez le regretter, mes enfants ! Je vous le garantis ! S’il faut que je vous colle une rouste monumentale à chacun, chaque soir, je le ferai ! Ce ne sera pas de gaîté de cœur mais je le ferai ! Je le ferai jusqu’à ce que vous daignez redevenir les enfants obéissants et respectueux que j’ai élevé ! Car clairement, avec ce comportement, aucun de vous trois n’est digne d’être mon enfant !

Cette dernière phrase jeta un froid. J’avais l’impression que mon père m’avait jeté un seau d’eau glacée en pleine figure. Valentin se calma quelques secondes puis reprit calmement mais fermement :

-          Je suis profondément déçu de votre attitude. Vous avez intérêt à faire profil bas pour le reste du week-end ! Ceci étant dit, votre repas est terminé. Posez vos téléphones portables sur la table et allez dans vos chambres pour réfléchir à votre comportement complètement inapproprié. Je finis de dîner et je viendrai vous faire passer l’envie de recommencer !

Manon, Romain et moi nous regardâmes, choqués. Après quelques secondes de silence, nous obéîmes. Nous posâmes tous les trois nos téléphones sur la table, nous levâmes et montâmes dans nos chambres.

 

                Waouh. Je n’avais jamais vu mon père dans une telle colère. Jamais. Depuis que j’étais venue vivre chez lui, jamais je ne l’avais entendu nous parler de la sorte. C’était une grande première.

Ayant encore mal aux fesses à cause de la fessée de ma sœur hier soir, j’étais convaincue que celle de papa allait me faire un mal de chien : il faut bien avouer que s’il arrive à Manon et à Romain de me tomber dessus, ce sont bien les punitions de mon père que je crains le plus. Papa est beaucoup plus sévère et lorsqu’il a décidé de donner une fessée, il ne fait vraiment pas semblant.

 

                Le temps passait très, très lentement. Dans ma chambre, je n’avais ni télévision, ni ordinateur. Seulement des bouquins qui avaient l’air de remonter à l’Antiquité. Je n’avais pas non plus mon téléphone portable : je n’avais qu’à attendre que mon père monte pour me faire passer un sale quart d’heure.

               

                Soudain, j’entendis quelqu’un monter les escaliers et s’approcher. Je l’entendis frapper à la porte juste en face de la mienne, puis ouvrir cette porte. Papa venait d’entrer la chambre de Manon.

Puisque le silence planait dans ma chambre, j’entendis ma sœur supplier mon père :

-          Papa, je te jure que je ne le referai plus, je serai sage ! Je serai gentille avec Kathleen !

-          Tu as plutôt intérêt ! Viens ici !

-          Papa, s’il te plaît…

-          Baisse ton pantalon, Manon ! On va tout de suite régler ça !

 

Au bruit des claques qui tombaient ma sœur prenait une sacrée correction. Une correction qui d’ailleurs semblait interminable. Papa ne s’arrêtait pas et j’entendais Manon pleurer et le prier. D’un côté, j’étais satisfaite que ma sœur ait la monnaie de sa pièce suite à la fessée qu’elle m’avait donnée la veille : pour m’en avoir donné une aussi salée, c’est qu’elle ne se souvenait pas assez de la douleur ! Papa lui faisait une piqûre de rappel et c’était bien fait !

 

                La punition de Manon se stoppa enfin et je peux vous jurer que ce fut la plus longue et la plus forte fessée que j’aie entendu jusqu’à présent. Effectivement, je doutais que ma sœur puisse s’asseoir avant plusieurs jours.

                J’entendis mon père sortir de la chambre de Manon et frapper à la porte de Romain, voisine de la mienne. Les murs étant très fins, j’entendis tout une fois de plus :

-          Papa, tu ne peux pas me faire ça ! priait mon frère. J’ai toujours été sage et responsable…

-          Jusqu’à aujourd’hui, gronda papa.

-          Mais papa, s’il te plaît !

-          Viens ici, Romain ! Dépêche-toi !

-          Mais papa…

-          Baisse ton pantalon ! Tout de suite !

Mon frère avait la voix qui tremblait, prêt à fondre en larmes. Cela me faisait bizarre de me dire que mon grand frère, qui représentait une figure d’autorité pour moi depuis que j’étais revenue dans la famille, allait s’en prendre une belle. Si on peut parfois en douter, il n’y a quand même pas à dire : c’est bel et bien papa qui commande dans cette famille.

Mon frère prit une aussi bonne fessée que celle de Manon. Au bruit, j’entendais bien que Valentin ne faiblissait pas et qu’il était déterminé à punir son fils comme il le fallait. Cette punition aussi semblait interminable et mon cœur battait à cent à l’heure lorsque je pensais au fait que ce serait bientôt mon tour.

Entendre mon frère pleurer me fit beaucoup de peine : c’était la première fois qu’il pleurait à chaudes larmes en ma présence (car j'étais présente par procuration...). La raison de ses pleurs devait le rendre encore plus honteux. Depuis de très longues années, Romain n’avait plus reçu de fessée. Régresser ainsi devait le mettre dans un état d’humiliation maximale.

 

                Papa toqua à la porte de ma chambre et entra. Il ne mit pas longtemps à m’allonger en travers de ses genoux.

-          Papa, t’es pas obligé de me donner la fessée, priai-je. Je ne voulais pas être méchante avec Kathleen...

-          Me dirais-tu la même chose si tu n’étais pas en travers de mes genoux ? me demanda-t-il.

Non. Bien sûr que non ; et Valentin le savait parfaitement.

                Les claques commencèrent à tomber sur mon jeans. Elles étaient déjà puissantes et cinglantes. Mon fessier meurtri par la tannée de ma sœur appréciait néanmoins d’être protégé par le jeans ; c’était un luxe que mon frère et ma sœur n’avaient pas eu. J’avais immédiatement reconnu, dès la première claque pour l’un et pour l’autre, le bruit de la main qui tombe sur la peau nue. Papa m'offrait peut-être le privilège d'une fessée progressive à cause de mes antécédents. Quoiqu'il en soit, je le remerciai intérieurement.

Cependant, papa me baissa très vite le jeans pour continuer sur la culotte. Les larmes me montèrent déjà aux yeux alors que je n’étais même pas encore pleinement déculottée. Mon père me donnait la fessée avec une force dont il n’avait encore jamais usé. Cette fessée était bien sévère et faisait très mal.

Lorsque ma culotte descendit, je mis instantanément mes deux mains pour me défendre ; mais elles furent bloquées dans mon dos. Vu le calibre des claques, je gigotais beaucoup trop, si bien que mon père dût se stopper pour durcir mon maintien. Il me bloqua avec sa jambe et reprit de plus belle. Je n’avais que mes yeux pour pleurer.

                Lorsque cette interminable correction fut terminée, j’étais en nage, en larmes et j’avais tellement mal aux fesses que j’étais prête à prendre n’importe quel anti-douleur pour atténuer ce mal.

-          Suis-moi, Zoé, m’ordonna Valentin en prenant mon poignet.

Il m’emmena jusque dans le couloir, où Manon et Romain se tenaient face au mur, déculottés, leurs fessiers écarlates exposés. Mon père me mit dans la même position et il nous gronda tous les trois :

-          Alors ?! Vous vous sentez fiers de vous, maintenant ?! Vous vous sentez des adultes responsables dans cette position ?!

-          Non papa, répondîmes-nous timidement.

-          S’il faut faire ça tous les jours, j’le ferai tous les jours, les enfants ! Vous avez clairement intérêt à mettre votre méchanceté au placard et à vous tenir à carreaux, c’est compris ?!

-          Oui papa, continuâmes-nous.

-          Rhabillez-vous. Dans dix minutes, vous êtes couchés. Le prochain que j’entends broncher repasse sur mes genoux. Exécution !

Nous ne nous le fîmes pas dire deux fois : nous nous rhabillâmes et allâmes nous préparer pour dormir.

 

                Chanceuse, j’eus un luxe que mes frère et sœur n’eurent pas : le droit d’être bien consolée par les bras réconfortants de l’homme de ma vie.

 

A suivre…

Commentaires

  1. Et bien ! Quel chapitre ! En même temps, ils n'ont pas été très gentils pour la première rencontre.

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  2. Ils ont été infectes, pour une fois, c'est bien mérité ! J'aurais même été un chouille plus sévère, surtout avec Manon !!

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 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes