-
Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as
une petite copine ?!
-
Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit
papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant
temps de vous la présenter.
-
Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que
maintenant ?! s’offusqua mon frère.
-
Je vous signale qu’avant d’être votre père, je
suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa.
-
Non !
protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre
père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout !
-
C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas
dire que je dois tout vous dire !
-
Bien sûr que si ! insista Romain.
-
Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes
tout, vous ?!
Un silence suivit. Mon frère
finit par le briser :
-
Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on
ne te dit pas pour te protéger !
-
Détrompe-toi, mon fils ! C’est exactement
pareil ! Je n’ai rien dit jusqu’à présent pour vous protéger ! Je ne
voulais pas risquer que vous vous attachiez à l’une de mes copines de passage.
Maintenant que je suis certain que ça fonctionnera avec Kathleen, je peux me
lancer à vous la présenter.
-
Et qui te dit ça fonctionnera, d’abord ?!
lançai-je, me décidant enfin à ouvrir la bouche après avoir accusé le choc.
-
Parce qu’il n’y a pas de raison que ce ne soit
pas le cas ! dit papa. Je suis amoureux de Kathleen et je veillerai à
ce que notre couple tienne bon !
-
Et si nous, on l’aime pas ?! rétorquai-je,
en cœur avec Manon et Romain.
Papa fut surpris de notre
réaction unanime. Après s’être passé la main sur le visage, il mit ses mains
sur ses hanches et nous gronda :
-
Je vous préviens, les enfants : si jamais l’un
de vous s’avère être méchant avec Kathleen, ça ira très mal ! Et si je
dois m’occuper de vos trois derrières, je m’occuperai de vos trois derrières
! Et croyez-moi, vous allez vraiment mais alors vraiment le regretter ! Je
vous punirai comme des petits enfants irrespectueux envers leur nouvelle
belle-mère car c’est clairement ce que vous serez ! Alors un petit conseil :
soyez gentils et bienveillants avec Kathleen ! Elle a vraiment hâte de
vous rencontrer, elle s’en fait une joie ! Vous n’avez absolument pas
intérêt à tout gâcher ! Vous m’avez bien entendu ?!
Nous restâmes figés sur place,
bouches-bées, choqués de la tirade de papa.
-
Est-ce que vous m’avez bien entendu ?!
gronda-t-il.
-
Oui papa, répondîmes-nous en chœur.
-
Y’a intérêt ! Kathleen n’arrive que d’ici
trente minutes, je peux très bien vous prendre dix minutes chacun sur mes
genoux si j’entends encore des protestations ! Maintenant, filez faire vos
bagages ! Non, mais !
Romain partit en furie dans sa
chambre et en claqua violemment la porte. J’étais persuadée qu’il était
énormément vexé que papa le menace d’une fessée, chose qu’il n’avait pas fait
depuis un paquet d’années. Manon et moi nous en allâmes également dans nos chambres
respectives en boudant. Nous n’avions pas envie de contrarier papa et de
recevoir une volée (surtout moi, avec la trempe que Manon m’avait mise hier
soir !). Nous ne continuâmes donc pas de protester mais ce n’était pas l’envie
qui nous en manquait.
Une demi-heure plus tard, alors que Trent m’aidait à
descendre ma valise, quelqu’un sonna à la porte.
-
La voilà ! s’exclama papa, tout guilleret, en
allant ouvrir.
La porte d’entrée s’ouvrit sur
une brune d’environ 45 ans avec de très fortes rondeurs qui lui allaient malgré
tout très bien. Elle avait des yeux bleu transperçant et donnait l’impression
de prendre bien soin d’elle. Elle était très bien habillée et son magnifique
visage était bien mis en valeur par une coupe de cheveux mi-longs aérée, lui descendant
jusque sur les épaules. Lorsqu’elle sourit à mon père, j’aperçus sa dentition parfaite.
Papa et Kathleen s’embrassèrent puis il la laissa
entrer.
-
Zoé, Trent, je vous présente Kathleen !
nous annonça Valentin, le regard pétillant.
Ma nouvelle belle-mère m’adressa
un immense sourire en disant :
-
Quelle joie de vous rencontrer ! Valentin m’a
beaucoup parlé de vous !
-
J’espère en bien, dit timidement Trent.
-
Oui, évidemment ! dit Kathleen.
Elle voulut me prendre dans
ses bras mais je me reculai, lui tendant plutôt ma main pour qu’elle la serre.
-
Zoé n’est pas très…tactile, précisa mon père en
me faisant tout de même de gros yeux dans le dos de Kathleen.
-
Pas de problème, je m’adapte ! dit la
brunette. Eh bien…enchantée, Zoé !
-
Ouais, répondis-je froidement.
Un moment de gêne s’installa.
Papa s’empressa de le rompre :
-
Manon et Romain ne vont pas tarder, ils
finissent leurs bagages. Nous allons pouvoir partir.
-
Très bien, dans ce cas je vais en profiter pour
aller au petit coin ! dit Kathleen.
-
Pas de problème Kate, dit papa. C’est la porte
du fond dans le couloir de droite.
Elle s’en alla en suivant les
indications de mon père. Valentin en profita pour s’approcher de moi et me dire
discrètement :
-
Tu as intérêt à faire mieux que ça, Zoé !
-
Mais…
-
Tu veux que je me fâche ?!
-
Non papa…
-
Bien. Alors fais des efforts !
Manon et
Romain nous rejoignirent dans l’entrée après avoir descendu leurs valises. Kathleen,
revenant des toilettes, tomba nez à nez avec eux. Papa fit les présentations :
-
Manon, Romain, voici Kathleen ma… ma petite
amie.
-
Enchanté, dit hypocritement mon frère en faisant
la bise à la nouvelle.
-
De même, Romain ! dit-elle avec joie.
-
T’aurais pas pu en trouver une encore plus
grosse ?! maugréa ma sœur avec dédain.
Nous nous figeâmes tous, sous
le choc de la réplique de ma sœur. Papa réagit néanmoins au quart de tour en
lui décollant une gifle monumentale que Manon accusa. Pour le coup, j’étais d’accord
avec papa : ma sœur l’avait amplement méritée ! Valentin vociféra :
-
Si tu ne veux pas immédiatement prendre la rouste
de ta vie, excuse-toi immédiatement, Manon !
-
…
-
J’ai dit IMMEDIATEMENT !!!
-
Pardon Cathryn, dit ma sœur, la voix tremblotante.
-
C’est KATHLEEN !! cria papa.
-
Pardon Kathleen, reprit Manon.
-
Réflexion faite, tu vas quand même prendre une sacrée
volée une fois que l’on sera arrivés à la villa !
Papa attrapa une valise et dit :
-
Tout le monde en voiture ! Et toi Manon, profite
d’être bien assise pendant le trajet ! T’asseoir confortablement est un luxe
que tu n’auras plus ces prochains jours ! Crois-moi, ma fille !
Nous chargeâmes le van de papa
avec les différentes valises pendant que le P-DG se confondait en excuses
auprès de son aimée. Parce qu’elle me faisait de la peine, je m’approchai de
Kathleen et lui dis :
-
Tu sais, ce n’est pas contre toi. Nous avons
beaucoup de mal avec le fait que papa se remette en couple… Mais je ne doute
pas que tu sois une personne extraordinaire. Mon père est amoureux et quand il
parle de toi, ses yeux pétillent… Nous l’avons compris. Il nous faut juste un
peu…de temps. Tu comprends ?
-
Je comprends, ma grande.
-
Et ne t’en fais pas : papa va s’assurer que
Manon ne te dise plus jamais ce genre de choses. Je suis désolée qu’elle t’ait
dit ça, Kathleen.
Je pris sur moi en entrepris
de faire un câlin à la nouvelle venue. Je sentis que cela lui réchauffa le cœur,
comme cela réchauffa le cœur de papa qui nous regarda de loin. De plus, ce câlin
ne fut pas du tout désagréable : Kathleen sentait divinement bon et ses fortes
rondeurs la rendait confortable. J’avais bien envie d’y rester, dans ses bras !
Le trajet en voiture fut tendu. Papa faisait la tête
à Manon, Romain faisait la tête à papa, Kathleen n’osait trop rien dire et
Trent et moi observions la scène sans rien dire. De plus, mis à part papa, personne
ne savait où nous allions. Valentin avait parlé d’une villa mais n’avait rien
dit de plus.
Deux heures de route furent nécessaire pour que nous arrivions
en plein milieu d’une forêt. Papa se gara devant une immense maison. Le coin me
faisait clairement penser à la maison de la famille Cullen dans Twilight.
-
Nous voilà arrivés ! Dit papa.
-
Euh… C’est quoi ce coin paumé ? demanda
Romain.
-
C’est un coin idéal pour se retrouver en famille
et se ressourcer ! dit Valentin. Nous allons passer du temps ensemble et
nous allons apprendre à profiter les uns des autres.
-
Je ne veux pas rester ici ! protesta ma sœur.
-
Vois le bon côté des choses, ma fille ! lui
dit papa. A part notre famille, personne n’entendra le bruit des claques monumentales
qui tomberont sur tes fesses ce soir.
Ma sœur fut instantanément
calmée. Je pensai d’ailleurs que cette réplique aurait calmé n’importe qui !
-
Aller, tout le monde descend ! annonça papa.
On vide le van et on défait les bagages !
Au lieu de m’occuper de ma
valise, je me précipitai dans la maison pour la visiter et pour être sûre de chopper
la meilleure chambre. J’eus droit à une magnifique suite avec vue sur un beau
lac ; et cerise sur le gâteau, papa accepta que Trent et moi dormions
ensemble de le temps du séjour.
Un traiteur nous livra notre dîner aux alentours de
18h30. Kathleen mit la pizza au four et assaisonna les différentes salades
pendant que papa, Trent et moi la regardions faire, appuyés sur l’îlot central
dans la cuisine.
-
On aurait quand même pu faire nos courses nous-mêmes,
chéri ! Dit Kathleen à papa. J’aurais aimé vous concocter un bon petit dîner !
-
On ira faire les courses demain matin, Kate, dit
papa. Et promis, tu auras tout le loisir de cuisiner ce qu’il te plaira !
-
Sauf ce que je n’aime pas, précisai-je.
-
Et qu’est-ce que tu n’aimes pas, Zoé ? me
demanda ma belle-mère.
-
Eh bien… commençai-je.
-
Zoé est très difficile, dit mon père. Elle s’adaptera
et mangera ce que tu cuisineras.
-
Non ! protestai-je.
-
Si ! insista papa.
-
Tu n’auras qu’à venir me voir demain matin, Zoé,
dit Kate. Nous définirons ensemble le menu pour être sûre que ce que je cuisine
te plaise. D’accord ?
-
D’accord ! dis-je, satisfaite.
Finalement, elle commençait à
me plaire cette Kathleen ! Je tirai la langue à mon père en signe de
victoire.
-
Tu veux une fessée, Zoé ?! me gronda-t-il.
-
Je n’ai rien fait ! plaidai-je en jouant l’innocente.
-
C’est ça ! reprit papa. Continue à ne « rien
faire », tu vas voir tes fesses ! Ce n’est pas parce que Kathleen est
là que tu peux te permettre de me manquer de respect !
-
Qu’est-ce que tu peux être chi…
-
Attention à ce que tu vas dire !
Ouh là. Valentin haussait le
ton en me fusillant du regard. Ça ne sentait pas bon pour moi. Trent le comprit
très vite et me prit par la main, m’entraînant hors de la cuisine :
-
Viens Honey, on va finir de visiter la maison.
Je le suivis, contente d’échapper
au courroux de mon père.
Durant le dîner, mon frère, ma sœur et moi profitâmes
d’être au complet pour tester un peu Kathleen.
-
Et tu fais quoi dans la vie ? lui demanda Romain.
-
Je suis assistante maternelle, répondit-elle.
-
Ah ben ça va, le travail à domicile c’est plutôt
cool ! dit Manon avec un sous-entendu que nous avions bien tous compris.
-
Ça veut dire que, si un jour vous vous installez
ensemble, notre maison sera remplie de mioches tous les jours ? demandai-je,
effrayée.
-
Je n’en garde que deux, précisa Kathleen.
-
Eh bien, on s’foule pas des masses !
commenta mon frère.
Je voyais bien que papa
montait en pression mais Kathleen lui posa sa main sur la cuisse pour tenter de
le calmer.
-
C’est quand même du travail, ce sont deux bébés
et il faut bien s’en occuper, expliqua Kathleen.
-
Et au fait, demandai-je, comment est-ce que vous
vous êtes rencontrés, tous les deux ?
-
Eh bien, commença Kate, j’ai vu la photo de
votre père sur un magazine dans la salle d’attente de mon médecin… J’ai tout de
suite flashé sur lui. Puisque j’ai vu qu’il faisait une conférence de presse à
San Francisco quelques jours plus tard, j’ai tenté ma chance et ça a fonctionné !
-
Tu m’étonnes, un homme d’affaires ultra-riche, c’est
le bon plan pour tout le monde ! dit Manon.
-
Surtout quand on ne fait que garder des mioches
à longueur de journées, ça ne doit pas payer des masses ! ris-je.
-
Tu m’étonnes ! acquiesça Romain. A moins de
prendre un deuxième boulot en dehors…
-
Elle n’a pas l’air assez fatiguée pour avoir
deux boulots ! remarquai-je, amusée.
-
Oui, elle ne doit pas bouger beaucoup sinon ça
se verrait, ajouta Manon.
Ce fut à ce moment précis que
Valentin explosa de colère. Il se leva, se pencha vers nous, posa une main sur
la table et nous gronda :
-
Ça suffit ! Taisez-vous tous les trois !
Les remarques désobligeantes, dégradantes et humiliantes envers Kathleen, je ne
veux plus en entendre, c’est compris ?!
-
Mais…commença Romain.
-
Tu te tais ! Si j’entends encore l’un de
vous être malveillant envers Kathleen, il s’en souviendra toute sa vie ! C’est
clair ?!
-
…
-
EST-CE QUE C’EST CLAIR ?!
-
Oui papa, répondîmes-nous.
-
Bien ! reprit Valentin. Maintenant que cela
est dit…
Il pointa son index sur Manon et
poursuivit :
-
Toi ! Tu vas passer un très sale et très
long moment sur mes genoux, non seulement pour l’immonde réflexion que tu as
faite à Kathleen en guise de bonjour mais en plus pour avoir continué à te foutre
littéralement de sa gueule alors que tu savais déjà que tu allais être bien
punie ! Tu t’es donc également foutue de ma gueule et ça, ma fille, tu vas
amèrement le regretter !
Il pointa ensuite son index sur
Romain et continua :
-
Toi ! Tu vas également passer sur mes
genoux pour m’avoir fait la tête comme un gamin de 4 ans durant tout le trajet
et pour avoir participé avec tes sœurs à la moquerie envers Kathleen ! Non
seulement je suis en colère contre toi, Romain, mais en plus je suis déçu !
Et je te garantis que cette déception, tu vas la sentir passer !
L’index de Valentin fut enfin
pointé sur moi et papa enchaîna :
-
Quant à toi ! Tu vas également passer mes
genoux parce que je t’avais demandé de te comporter en adulte responsable après
tes frasques d’hier ! Au lieu de ça, tu te permets de te livrer à des
moqueries malsaines et méchantes avec ton frère et ta sœur ! J’ai bien vu
que tu avais essayé de faire des efforts avec Kathleen mais avec les remarques que
tu viens de sortir, je me demande si ce n’était pas de l’hypocrisie pure et
simple ! Je déteste ça ! Si je prends également en compte le fait que
tu m’aies tiré la langue tout à l’heure, le vase déborde, Zoé ! Et il
déborde bien comme il faut !
Papa reposa son index et reprit,
nous regardant tous les trois tour à tour :
-
Je ne pensais pas, en vous présentant la femme avec
laquelle je veux passer le restant de mes jours, que vous pourriez faire preuve
d’autant d’immaturité et de méchanceté ! Je suis profondément déçu par
votre comportement ! Vous voulez vous comporter comme des gamins ?!
Parfait ! Je vais vous traiter comme des gamins ! Je vous rappelle
que je suis votre père ! Que vous ayez 10, 20, 40 ou 60 ans, si vous méritez
une bonne fessée, je serai là pour vous la donner ! Continuez à être
méchants avec Kathleen, vous allez m’avoir sur votre route ! Si vous
voulez jouer, on va jouer ! Vous voulez la guerre, vous allez l’avoir !
Je vous garantis que vous allez le regretter, mes enfants ! Je vous le
garantis ! S’il faut que je vous colle une rouste monumentale à chacun,
chaque soir, je le ferai ! Ce ne sera pas de gaîté de cœur mais je le
ferai ! Je le ferai jusqu’à ce que vous daignez redevenir les enfants
obéissants et respectueux que j’ai élevé ! Car clairement, avec ce
comportement, aucun de vous trois n’est digne d’être mon enfant !
Cette dernière phrase jeta un froid.
J’avais l’impression que mon père m’avait jeté un seau d’eau glacée en pleine figure.
Valentin se calma quelques secondes puis reprit calmement mais fermement :
-
Je suis profondément déçu de votre attitude.
Vous avez intérêt à faire profil bas pour le reste du week-end ! Ceci
étant dit, votre repas est terminé. Posez vos téléphones portables sur la table
et allez dans vos chambres pour réfléchir à votre comportement complètement
inapproprié. Je finis de dîner et je viendrai vous faire passer l’envie de recommencer !
Manon, Romain et moi nous
regardâmes, choqués. Après quelques secondes de silence, nous obéîmes. Nous
posâmes tous les trois nos téléphones sur la table, nous levâmes et montâmes
dans nos chambres.
Waouh. Je n’avais jamais vu mon père dans une telle
colère. Jamais. Depuis que j’étais venue vivre chez lui, jamais je ne l’avais
entendu nous parler de la sorte. C’était une grande première.
Ayant encore mal aux fesses à
cause de la fessée de ma sœur hier soir, j’étais convaincue que celle de papa
allait me faire un mal de chien : il faut bien avouer que s’il arrive à
Manon et à Romain de me tomber dessus, ce sont bien les punitions de mon père
que je crains le plus. Papa est beaucoup plus sévère et lorsqu’il a décidé de
donner une fessée, il ne fait vraiment pas semblant.
Le temps passait très, très lentement. Dans ma
chambre, je n’avais ni télévision, ni ordinateur. Seulement des bouquins qui avaient
l’air de remonter à l’Antiquité. Je n’avais pas non plus mon téléphone portable :
je n’avais qu’à attendre que mon père monte pour me faire passer un sale quart
d’heure.
Soudain, j’entendis quelqu’un monter les escaliers et
s’approcher. Je l’entendis frapper à la porte juste en face de la mienne, puis ouvrir
cette porte. Papa venait d’entrer la chambre de Manon.
Puisque le silence planait
dans ma chambre, j’entendis ma sœur supplier mon père :
-
Papa, je te jure que je ne le referai plus, je
serai sage ! Je serai gentille avec Kathleen !
-
Tu as plutôt intérêt ! Viens ici !
-
Papa, s’il te plaît…
-
Baisse ton pantalon, Manon ! On va tout de
suite régler ça !
Au bruit
des claques qui tombaient ma sœur prenait une sacrée correction. Une correction
qui d’ailleurs semblait interminable. Papa ne s’arrêtait pas et j’entendais
Manon pleurer et le prier. D’un côté, j’étais satisfaite que ma sœur ait la
monnaie de sa pièce suite à la fessée qu’elle m’avait donnée la veille :
pour m’en avoir donné une aussi salée, c’est qu’elle ne se souvenait pas assez
de la douleur ! Papa lui faisait une piqûre de rappel et c’était bien fait !
La punition de Manon se stoppa enfin et je peux vous jurer
que ce fut la plus longue et la plus forte fessée que j’aie entendu jusqu’à
présent. Effectivement, je doutais que ma sœur puisse s’asseoir avant plusieurs
jours.
J’entendis mon père sortir de la chambre de Manon et
frapper à la porte de Romain, voisine de la mienne. Les murs étant très fins, j’entendis
tout une fois de plus :
-
Papa, tu ne peux pas me faire ça ! priait
mon frère. J’ai toujours été sage et responsable…
-
Jusqu’à aujourd’hui, gronda papa.
-
Mais papa, s’il te plaît !
-
Viens ici, Romain ! Dépêche-toi !
-
Mais papa…
-
Baisse ton pantalon ! Tout de suite !
Mon frère avait la voix qui
tremblait, prêt à fondre en larmes. Cela me faisait bizarre de me dire que mon grand
frère, qui représentait une figure d’autorité pour moi depuis que j’étais
revenue dans la famille, allait s’en prendre une belle. Si on peut parfois en douter,
il n’y a quand même pas à dire : c’est bel et bien papa qui commande dans cette
famille.
Mon frère prit une aussi bonne
fessée que celle de Manon. Au bruit, j’entendais bien que Valentin ne
faiblissait pas et qu’il était déterminé à punir son fils comme il le fallait.
Cette punition aussi semblait interminable et mon cœur battait à cent à l’heure
lorsque je pensais au fait que ce serait bientôt mon tour.
Entendre mon frère pleurer me
fit beaucoup de peine : c’était la première fois qu’il pleurait à chaudes
larmes en ma présence (car j'étais présente par procuration...). La raison de ses pleurs devait le rendre encore plus honteux. Depuis de
très longues années, Romain n’avait plus reçu de fessée. Régresser ainsi devait
le mettre dans un état d’humiliation maximale.
Papa toqua à la porte de ma chambre et entra. Il ne mit
pas longtemps à m’allonger en travers de ses genoux.
-
Papa, t’es pas obligé de me donner la fessée,
priai-je. Je ne voulais pas être méchante avec Kathleen...
-
Me dirais-tu la même chose si tu n’étais pas en
travers de mes genoux ? me demanda-t-il.
Non. Bien sûr que non ; et
Valentin le savait parfaitement.
Les claques commencèrent à tomber sur mon jeans.
Elles étaient déjà puissantes et cinglantes. Mon fessier meurtri par la tannée
de ma sœur appréciait néanmoins d’être protégé par le jeans ; c’était un
luxe que mon frère et ma sœur n’avaient pas eu. J’avais immédiatement reconnu,
dès la première claque pour l’un et pour l’autre, le bruit de la main qui tombe
sur la peau nue. Papa m'offrait peut-être le privilège d'une fessée progressive à cause de mes antécédents. Quoiqu'il en soit, je le remerciai intérieurement.
Cependant, papa me baissa très
vite le jeans pour continuer sur la culotte. Les larmes me montèrent déjà aux
yeux alors que je n’étais même pas encore pleinement déculottée. Mon père me donnait
la fessée avec une force dont il n’avait encore jamais usé. Cette fessée était
bien sévère et faisait très mal.
Lorsque ma culotte descendit,
je mis instantanément mes deux mains pour me défendre ; mais elles furent
bloquées dans mon dos. Vu le calibre des claques, je gigotais beaucoup trop, si
bien que mon père dût se stopper pour durcir mon maintien. Il me bloqua avec sa
jambe et reprit de plus belle. Je n’avais que mes yeux pour pleurer.
Lorsque cette interminable correction fut terminée, j’étais
en nage, en larmes et j’avais tellement mal aux fesses que j’étais prête à
prendre n’importe quel anti-douleur pour atténuer ce mal.
-
Suis-moi, Zoé, m’ordonna Valentin en prenant mon
poignet.
Il m’emmena jusque dans le couloir,
où Manon et Romain se tenaient face au mur, déculottés, leurs fessiers écarlates
exposés. Mon père me mit dans la même position et il nous gronda tous les trois :
-
Alors ?! Vous vous sentez fiers de vous,
maintenant ?! Vous vous sentez des adultes responsables dans cette position ?!
-
Non papa, répondîmes-nous timidement.
-
S’il faut faire ça tous les jours, j’le ferai
tous les jours, les enfants ! Vous avez clairement intérêt à mettre votre
méchanceté au placard et à vous tenir à carreaux, c’est compris ?!
-
Oui papa, continuâmes-nous.
-
Rhabillez-vous. Dans dix minutes, vous êtes
couchés. Le prochain que j’entends broncher repasse sur mes genoux. Exécution !
Nous ne nous le fîmes pas dire
deux fois : nous nous rhabillâmes et allâmes nous préparer pour dormir.
Chanceuse, j’eus un luxe que mes frère et sœur n’eurent
pas : le droit d’être bien consolée par les bras réconfortants de l’homme
de ma vie.
A suivre…
Et bien ! Quel chapitre ! En même temps, ils n'ont pas été très gentils pour la première rencontre.
RépondreSupprimerIls ont été infectes, pour une fois, c'est bien mérité ! J'aurais même été un chouille plus sévère, surtout avec Manon !!
RépondreSupprimer