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Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 32 - 1ère partie)

 


Jeudi 17 octobre 2019.


                Depuis mon réveil, une boule de stress et d’angoisse était bien présente dans mon ventre et pour cause : à 17h ce soir, je serai dans le bureau de mon directeur de licence avec Tom et Dana pour discuter de l’avertissement comportement inscrit sur mon bulletin. Jeanne ferait également partie du convoi, son avertissement travail étant intéressant pour le rendez-vous.

 

                Jeanne et moi fûmes sages, discrètes et même quasi-inexistantes toute la journée. 

Oui, je crains énormément Tom et Dana. Ils nous font la misère à mes sœurs et moi depuis que nous sommes arrivées chez eux, j’ai donc toutes les raisons du monde de les redouter. Cependant, j’avais quand même l’impression qu’ils lâchaient un peu de lest ces derniers temps, comme les professeurs qui sont des dragons en début d’année puis qui desserrent la vis au fur et à mesure que l’année progresse et que les élèves s’assagissent. Peut-être mes sœurs et moi nous assagissons-nous ces derniers temps ?

 

                Jeanne et moi frappâmes à la porte du bureau de Monsieur Cardon à 17h05.

-          Entrez ! dit-il.

J’ouvris la porte et pénétrai dans la pièce suivie de ma sœur. Tom et Dana étaient déjà là.

-          Pardonnez notre retard, dis-je d’une voix mal assurée. La prof de littérature comparée nous a lâchées en retard.

-          Aucun problème. Installez-vous, je vous prie.

Jeanne et moi prîmes place sur les deux chaises placées au milieu de nos parents.

 

-          Bien, nous allons commencer : Monsieur et Madame Johnson, je voulais vous voir afin de discuter des avertissements de vos filles. En effet, cette université suit ses élèves de près et nous sommes tenus à certains résultats que vos filles n’atteignent pas.

-          Je ne sais quels résultats vous attendez, dit Tom. Marie a quand même 14,6/20 de moyenne…

-          Pardon Monsieur Johnson, je me suis mal exprimé, reprit Monsieur Cardon en se raclant la gorge. Marie atteint nos exigences au niveau de son travail scolaire, mais pas au niveau du comportement à tenir. Pour Jeanne, c’est l’inverse.

-          Que proposez-vous ? demanda Dana.

-          Eh bien, vous êtes leurs parents, c’est donc à vous de proposer une solution…

-          Vous êtes en train de dire que nous n’exerçons pas correctement notre rôle de parents ?! s’emporta Dana.

Ouh là… Ce rendez-vous prenait une tournure inattendue.

-          Non pas du tout, répliqua Monsieur Cardon qui commençait à transpirer. Je dis juste que vous connaissez bien mieux vos filles que moi et je…

-          Lorsque nos filles sont désobéissantes à la maison, elles sont immédiatement recadrées ! précisa Tom.

-          Si elles sont « recadrées » comme vous dîtes, pourquoi – sans vouloir vous offenser – la récidive montre-t-elle le bout de son nez ?

Silence. Le directeur de licence venait de mettre le doigt sur quelque chose.

-          Marie est très loin d’être une élève exemplaire depuis la rentrée, effectuée il y a seulement un mois… Pour rappel, je vous tends cette feuille récapitulative…

Cette feuille signait mon arrêt de mort. Ou pas. J’avais été punie à chaque fois, je ne pensai donc pas que mes parents en remettraient une couche. Je pris alors mon courage à deux mains et lus :

 


Mlle Marie Johnson (née Lebertier)

 

3 septembre 2019 : devoirs non faits en Littérature Française amenant à un 0/20

4 septembre 2019 : s’endort en cours d’histoire, insolence à son réveil puis donne le mauvais numéro de téléphone sur la fiche de renseignements

6 septembre 2019 : début de bagarre avec Cassandra Dubois

13 septembre 2019 : insolence en culture littéraire puis exclusion du cours de chimie

15 septembre 2019 : corruption du technicien informatique

17 septembre 2019 : insolence en cours d’histoire

23 septembre : 1/20 en littérature comparée

30 septembre 2019 : insolence en histoire, incident de la gifle avec Mr Montaire Pascal

2 octobre 2019 : nouvelle corruption du technicien informatique

 

 

Bon, il est vrai que ce n’est pas un petit palmarès, j’en conviens. Cependant, vu toutes les tannées que j’ai reçues à la suite de toutes ces bêtises, je n’en gardais pas forcément un bon souvenir…

 

-          Nous sommes conscients du comportement inapproprié de notre fille, Monsieur Cardon. Dit Tom. Néanmoins, je vous assure que toutes ses frasques ne sont pas restées impunies, loin de là. Ma femme et moi mettons un point d’honneur à ne rien laisser passer à nos filles et nous continuerons sur cette voie.

 

Monsieur Cardon eut l’air convaincu, puis passa au cas de Jeanne et proposa une éventuelle réorientation. De plus, il fixa un nouveau rendez-vous à mes parents – pour le lundi suivant – afin d’être tenu au courant des éventuelles discussions autour du travail de Jeanne et de mon comportement.

 

Lorsque le rendez-vous toucha à sa fin, je fus on ne peut plus soulagée. Enfin !

Jeanne et moi rentrâmes à la maison silencieusement, avec Tom et Dana.

 

                Une fois rentrés, mes parents congédièrent Héloïse et nous firent nous asseoir autour de la table de la salle à manger. Mes sœurs et moi nous demandâmes bien ce qu’il se passait, nous étions très intriguées. Jamais nos parents ne nous avaient réunies de cette façon.

-          Les filles, commença Tom, nous avons quelque chose d’important à vous dire.

Je retins mon souffle, tout comme mes sœurs.

-          Je vais changer de travail, annonça papa. Enfin, pas de travail en lui-même, plutôt de lieu. Je vais changer de lieu de travail.

-          Et…tu vas travailler où ? demanda Ana.

-          Paris. Dans le XVIème arrondissement, exactement. Il me sera impossible de faire les allers-retours d’ici à là-bas tous les jours, surtout si je veux continuer à avoir une vie de famille. Ce qui veut dire…

-          Que vous allez déménager, finis-je.

-          Exact, dit Tom. Nous allons déménager dans le XVIème arrondissement de Paris. Et puisque mon travail me veut au plus tôt, nous déménageons la semaine prochaine.

-          Mais…et nous ? demanda Jeanne.

-          Justement, dit Dana. Aller vivre à Paris vous éloignera un petit peu de vos familles et le temps passé avec elles le week-end sera plus court. Cependant, par ce déménagement, Tom et moi ne perdons pas notre qualité de famille d’accueil alors… Nous vous laissons le choix. Vous pouvez décider de nous suivre ou…de changer de famille.

-          De changer de famille ? demanda Jeanne.

-          Oui, affirma Tom. Si vous décidez de nous suivre, vous changerez d’université : vous serez scolarisées dans une université privée – c’est notre volonté à Dana et moi – et vous continuerez de vivre avec nous. Il faut également vous dire que nous n’aurons pas forcément le confort et l’espace que nous avons ici car nous passerons d’une maison avec jardin à un appartement, si luxueux soit-il.

-          En revanche, si vous décidez de ne pas nous suivre, continua Dana, vous serez affectées à une nouvelle famille d’accueil. Vous resterez dans la même université et vous serez à proximité de vos familles.

-          Puisque nous devons malheureusement tout faire dans l’urgence, reprit Tom, il faudrait que vous nous donniez une réponse ce soir avant de vous coucher. La secrétaire départementale attend vos décisions demain à la première heure, pour pouvoir vous affecter dès lundi dans vos nouvelles familles.

-          Quoique vous décidiez, poursuivit Dana les larmes aux yeux, sachez que vous êtes et resterez nos filles, et que si vous avez besoin de quoique ce soit nous serons toujours là pour vous.

 

Nous étions tous les six très émus en quittant la table. Mes sœurs et moi décidâmes de nous réunir dans ma chambre pour parler de ce que voudrions faire. Rester ici ou partir avec nos parents ? Sacré dilemme…

 

A suivre…

Commentaires

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  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

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