Accéder au contenu principal

L'équation féminine (Chapitre 7)

 


Mardi 7 avril 2021


                Tous les enfants sont déposés et avant de me déposer moi-même au boulot, je m’arrête à la pharmacie. Je fume une clope histoire de me détendre, enfile mon masque puis entre dans cette fichue pharmacie. Je m’empare d’un petit panier et prends ce dont j’ai besoin : des tétines pour les jumelles, du gel douche, du Doliprane, des pastilles pour la gorge et…un test de grossesse.

Avant-hier, en me demandant si j’étais enceinte, Alexandre m’a mis le doute : j’ai un sacré retard de règles, moi qui d’habitude suis réglée comme du papier à musique. J’ai également la nausée depuis mon réveil ce matin, mais cette nausée pourrait s’expliquer par le stress que je ressens à l’idée d’attendre un septième enfant.

 

                Mes courses terminées, je refume une cigarette avant d’entrer dans le cabinet. Je referme ensuite la porte derrière moi, salue les différents patients déjà présents dans la salle d’attente puis filai aux toilettes.

 

                Les deux minutes d’attente du résultat furent les plus longues de ma vie. Cependant, le résultat fut très clair avant même la fin de ces fameuses deux minutes. Je l’avais lu bien trop souvent pour savoir ce que cela signifiait : positif. Selon ce test, j’étais enceinte.

Je fondis en larmes.

Ce n’était pas prévu du tout. Alexandre et moi n’avions absolument pas prévu les choses comme ça.

Cependant, l’amour pour ce tout petit être vint instantanément emplir mon cœur de maman.

Je me rhabillai, me lavai soigneusement les mains, essuyai mes larmes et me repouponnai devant le miroir pour paraître présentable durant mon passage retour dans la salle d’attente.

                Je frappai à la porte d’Alexandre, qui était avec un patient :

-          Oui ?

Sans jeter un œil à l’intérieur du cabinet, j’entrouvris la porte et dis :

-          Je peux te parler quand tu auras fini avec ce patient, s’il te plaît ?

-          Oui bien sûr, répondit mon mari.

Je fermai la porte et m’assis à mon poste. Cependant, impossible de commencer à travailler : je n’avais la tête qu’à cette nouvelle qui chamboulait tout. Il allait falloir transformer le bureau en chambre d’enfant. Il faudrait également remettre en questions ma reprise d’études : avec sept enfants, serait-il possible pour moi d’être avocate ?

Je meurs d’envie de m’emparer de mon téléphone et d’appeler ma mère et mes deux frères. Je pense également à ma meilleure amie… Mais le premier au courant doit être Alexandre. Ensuite, les enfants. Mon dernier accouchement remonte à treize mois. Je passerai sûrement pour une poule pondeuse auprès des gens. Peu importe. Ma famille est tout pour moi. J’aime déjà ce petit pois à l’intérieur de moi. Je l’aime déjà comme une maman. Je l’aime déjà comme j’aime Alice, Noé, Björn, Simon, Capucine et Emily-Rose. Je ferai n’importe quoi pour eux. Tant pis pour mon rêve d’avocate.

 

-          Je dois parler à ma femme, Madame Benhamou, dit Alex. Je vous consulte juste après. Ce ne sera pas long.

Je n’avais même pas remarqué que le patient sortait du cabinet, tellement j’étais happée par mes pensées.

Je m’engouffrai dans la pièce et me retrouvai face à face avec mon mari.

-          Que se passe-t-il ? me demanda le médecin. Il y a un problème ?

-          Je viens de faire un test de grossesse, lâchai-je immédiatement. Il est positif.

-          D’accord, dit-il.

Il s’assit pour accuser la nouvelle. Il marqua un court instant de silence puis dit :

-          Bébé numéro 7.

-          Bébé numéro 7, répétai-je.

La famille d’Alexandre est très pieuse et mon mari est totalement contre l’avortement. Je suis contre également, trouvant qu’un enfant est un vrai cadeau de l’univers.

-          Bon, eh bien… C’est parti pour une nouvelle aventure ! dit-il.

-          Tu…tu n’es pas fâché ? Ou inquiet ? Ou…

-          Fâché pour quoi ? Nous n’avions qu’à faire attention. Pour ce qui est de l’inquiétude, je suis père de famille ! Cela signifie que je serai inquiet à vie ! Et si Dieu nous fait le formidable cadeau d’un nouvel enfant, nous devons l’accepter et profiter du fait d’être autant bénis.

-          Je croyais que tu en avais marre des couches et des biberons et…

-          Certes. Mais il faut quand même accueillir ce cadeau du ciel. Un nouveau mini-nous qui sera forcément aussi merveilleux que les six premiers.

Il le prenait beaucoup mieux que ce que je pensais.

-          D’accord, dis-je. Alors… C’est parti pour le numéro 7.

-          C’est parti pour le numéro 7, répéta mon mari en m’embrassant sur le front.

 

Plus légère, je me mis au travail non sans faire de longues pauses pour jeter un œil aux sites de futures maman et aux sites de prénoms. J’ai toujours rêvé d’avoir une fille appelée « Héloïse », mais j’aime aussi beaucoup « Hermione », bien que ça renvoie à Harry Potter… Pour un garçon, les prénoms simples me plaisent bien : Tom, Jean, Paul, Baptiste… Des prénoms courants qui ne demandent pas d’effort de prononciation (Alexandre et moi avons compris notre douleur avec notre fils Björn !). Cependant, les prénoms originaux sont très intéressants… Nous verrons bien !

                Avant la fin de la matinée, j’invitai mes parents et mes frères à un apéro dînatoire vendredi soir, dans l’intention de leur annoncer la nouvelle. J’invitai également ma belle-famille pour samedi soir.

 

                Le repas du midi fut, comme tous les jours de la semaine, l’occasion de nous retrouver en tête à tête Alex et moi. Nous parlâmes de cette future naissance. Il me faudrait faire une prise de sang pour confirmer le caractère positif du test, puis prendre rendez-vous chez un gynécologue. Heureusement, grâce aux contacts d’Alexandre, je n’aurai pas à attendre très longtemps.

 

 

                En rentrant à la maison avec ma marmaille, je les installai tous dans le salon pour leur annoncer la nouvelle :

-          Les enfants, j’ai quelque chose d’important à vous dire : papa et moi allons avoir un autre bébé.

Alice et Björn sautèrent de joie, Simon, Capu et Mimi ne comprirent pas tellement ce que cela signifiait. Quant à Noé, il s’exclama :

-          Encore ?!

-          Euh…oui, encore…répondis-je, décontenancée.

-          Mais vous allez en faire combien, des bébés ?!

-          Noé, pourquoi est-ce que cela te met en colère ? m’informai-je en tentant de camoufler ma tristesse.

-          Parce que si vous faîtes plein de bébés, vous ne vous occuperez plus de moi !

Un gros « tilt » se déclencha dans ma tête. Noé se sentait délaissé, voilà pourquoi il devenait perturbateur : mon fils avait besoin d’attention !

J’envoyai les autres au goûter tandis que je restai seule avec Noé. Je tentai de lui expliquer qu’il devait mettre des mots sur ce qu’il ressentait pour ne pas rester dans un état de mal-être ; que son père et moi serions toujours là pour lui et qu’il fallait qu’il nous parle. De plus, nous essayerons de passer plus de temps seuls avec lui.

-          Dans ce cas, je veux bien que tu aies un autre bébé, conclut-il.

Je le remerciai en tentant de garder mon sérieux puis le fis rejoindre sa fratrie pour le goûter.

 

                Au coucher, Alice me tendit un dessin qu’elle avait réalisé pour le bébé.

-          Merci ma chérie, dis-je. On le mettra dans sa chambre quand on la préparera, d’accord ?

-          D’accord, dit-elle.

Je regardai le dessin et vis qu’Alice avait dessiné le bébé en petite fille.

-          Tu sais, ce sera peut-être un garçon, l’informai-je.

-          Non, ce sera une fille.

-          Ce n’est pas sûr, Alice…

-          Je te dis que ce sera une fille ! insista-t-elle.

Je l’embrassai en guise de bonne nuit et sortis de sa chambre. Je n’étais absolument pas pressée d’être le jour du diagnostic du sexe du bébé…

 

                Alexandre et moi dinâmes puis nous installâmes dans le canapé. Alexandre s’était servi un verre de vin, il m’avait versé du jus de fruits.

-          Tu sais que j’ai quand même le droit à un verre de vin par jour ? lui demandai-je.

-          Il est préférable que tu ne boives pas d’alcool. Il va également falloir que tu arrêtes de fumer pour de bon.

-          Quoi ? Mais euh…

-          Le fœtus risque d’être accro à la nicotine ! Et il risque également d’être petit !

-          Eh bien, il sera jockey ! rétorquai-je, boudeuse.

-          Thalysa, zéro alcool et zéro cigarette. Ce n’est pas négociable.

-          Sinon tu vas encore me donner une fessée ?

-          Non.

-          Non ? Comment ça, non ?

-          On a convenu de ne pas en parler aux enfants. C’est notre règle d’or. Tu en as un dans ton ventre, il peut nous entendre…

-          Alexandre, je suis enceinte de deux mois maximum, lui rappelai-je. Le bébé n’entend encore rien, et il n’entendra rien avant trois bons mois. Tu le sais tout comme moi !

-          Ça, c’est ce que la science dit ! Mais en réalité, on ne sait pas…

-          Alex, s’il te plaît. On a trouvé un équilibre depuis jeudi et je ne nous vois pas tout rechambouler. Et au pire, il ne s’en souviendra même pas…

-          Mais s’il fait de l’hypnose une fois adulte, et qu’il en a des bribes ? Et si ça le traumatise ?

-          Alex, tu vas beaucoup trop loin, là.

-          Attends, je rêve ou tu es en train de me demander de continuer à te punir ?

-          Euh…oui. Avouai-je, gênée. Il y aurait un manque dans notre couple…

-          Très bien alors. Mais je ne punirai plus sur mes genoux.

-          D’accord…

-          Pour ne pas entacher la bonne nouvelle du jour, nous ne règlerons pas nos comptes ce soir.

Je me surpris d’être un poil déçue.

-          Cependant, nous en parlerons demain soir. Et durant les mois qui précèderont ton accouchement, si jamais je te vois fumer une cigarette, boire une seule goutte d’alcool ou une seule goutte de café, je te garantis que tu ne voudras pas recommencer. Compris ?

-          Compris, Monsieur, répondis-je.

-          Bien.

Nous lançâmes un film que nous regardâmes dans les bras l’un de l’autre, rêvant à notre futur petit bout de chou.

 

A suivre…

Commentaires

  1. Oh! Un bel événement à venir, c'est top ça !
    C'est clair que ça remet en questions certaines choses.

    RépondreSupprimer
  2. Sans faire débat, j'ai arrêté la clope juste avant mon désir grossesse. Et ç'a été facile car c'était pour ce petit être qui allait grandir en moi. Une partie de nous dont je devais prendre soin dès le début. Depuis, arrêt total et jamais repris !

    Elle va y arriver, j'en suis sûr :)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Exprimez-vous !

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -