Nous partîmes nous promener
durant tout l’après-midi. Romain, Trent et moi marchions aux côtés de Kathleen
et papa, Manon marchait seule, derrière nous. Papa essaya bien de discuter avec
elle mais elle s’y refusa. Cet essai se conclut par une dispute dont nous
entendîmes des bribes :
-
Je n’irai pas le voir ton p*tain de psy à la
c*n ! criait ma sœur.
-
Oh que si, tu vas y aller ! insistait papa.
Tu en as plus que besoin pour accepter la situation !
-
J’te dis que je n’irai pas ! soutenait
Manon.
-
Il est préférable que tu te taises
immédiatement, Manon ! Ça peut très vite mal tourner pour toi !
Ma sœur continua de bouder
alors que Romain et moi tentions de développer une bonne relation avec
Kathleen.
Cette très longue promenade me permit d’apprécier
réellement ma nouvelle belle-mère. Nous développâmes un début de complicité qui
me réchauffa un peu le cœur.
-
Mais au fait, tu as quel âge ? lui
demandai-je en rentrant à la maison.
-
48 ans, répondit-elle.
-
Est-ce que tu…euh, non. Rien.
-
Qu’est-ce que tu veux me demander, Zoé ? me
reprit Kathleen. Dis-moi, je n’ai rien à cacher.
-
Est-ce que tu fais…enfin…tu fais partie des…des
filles dont mon père…eh bien…s’occupe…
Kathleen ria discrètement puis
me fit « oui » de la tête.
-
Et euh…est-ce que tu as des enfants ?
demandai-je pour changer de sujet et oublier ma gêne.
-
J’ai des jumeaux qui ont 21 ans. Un garçon et une
fille. Leur papa est décédé d’une rupture d’anévrisme lorsqu’ils étaient petits.
Je les ai élevés seule…
-
Mais, où sont-ils en ce moment ?
-
En week-end avec des amis.
-
Tu peux me parler un peu d’eux ? me
renseignai-je, souhaitant en savoir plus.
-
Eh bien, ils s’appellent Harry et Hermione…
-
Harry et Hermione ?! m’étonnai-je, me
demandant si Kathleen ne se fichait pas de moi. Comme dans Harry Potter ?
-
Oui. Je suis légèrement fan…
Mes yeux s’illuminèrent. ENFIN
quelqu’un qui partage l’une de mes passions !
Kathleen me parla de ses enfants avec amour et admiration. Ils avaient l’air d’être pleins de vie et de projets. Kathleen
finit sa tirade par une phrase qui me fit horreur :
-
J’aimerais avoir d’autres enfants. Dans l’idéal,
j’en voulais trois.
-
Euh…Papa est d’accord avec ça ?!
-
Non, justement… me répondit Kathleen avec
tristesse, ce qui me soulagea. Et puis, nous sommes déjà trop vieux pour
accueillir un bébé.
-
Et puis, poursuivis-je, lorsque tes enfants et
toi vivrez avec nous, on sera déjà huit à vivre sous le même toit. Il n’y aura
plus de place pour un bébé.
-
Exact… Je pense même que nous devrons déménager,
mis à part si ta sœur ou ton frère prennent leur indépendance…
-
Pourquoi est-ce qu’ils prendraient leur
indépendance ? m’enflammai-je d’un coup. Tu veux les dégager pour que tes
enfants prennent leurs places, c’est ça ?!
-
Non, pas du tout, Zoé ! se défendit
Kathleen. Ce n’est pas du tout ce que je voulais dire…
-
Ouais, c’est ça ! J’te croyais sympa mais
en fait, tu calcules bien ton coup !
-
Mais non, Zoé…
-
Ne me parle pas, s’te plaît ! J’ai plus du
tout envie de t’écouter !
Je me rendis dans le salon où
Trent, papa et Romain étaient plongés dans leur partie de Fifa 21.
-
Tu peux renvoyer ta nana chez elle !
lançai-je à mon père, grognonne et déçue. Elle ne sert à rien !
-
Oh
non, Zoé…, se lamenta papa. Je t’en supplie, ne recommence pas…
-
J’l’aime pas ! pestai-je.
-
Y’a-t-il une seule heure durant ce week-end où
je trouverai paix et sérénité ? demanda papa, les yeux levés au plafond.
-
Ettttttt buuuuuuuuuut !!! s’exclama Romain.
Vous me devez une bière, tous les deux !!
-
Qu’est-ce qui s’est passé, Honey ? me
demanda Trent.
-
Elle veut virer Romain et Manon de chez nous
pour y installer ses jumeaux boutonneux et maléfiques.
- Attends, quoi ? demanda Romain, redescendant
instantanément de son plaisir extrême d’avoir gagné son match virtuel.
-
Je vais aller parler à Kathleen…dit papa après
avoir soupiré, lassé.
Nous
dinâmes au restaurant. L’ambiance était toujours aussi tendue : Manon
boudait toujours dans son coin, Romain ne parlait pas et moi, j’étais en colère
contre Kathleen. Seul Trent avait l’air content.
Le serveur
nous apporta six flûtes de champagne pour accompagner le dessert, je repérai
vite la bague au fond de la flûte de Kathleen. Oh non, non, non, non !
-
Que…Qu’est-ce c’est ? demanda-t-elle
intriguée.
-
Surtout ne t’étouffe pas, ma chérie ! dit
papa, inquiet en voyant sa belle boire dans son verre.
-
Ce…C’est une bague ?! s’exclama Kathleen
avec émotion.
« Non, c’est une balle de
baseball, du con ! » pensai-je.
C’est alors que papa mit un
genou à terre (devant tout le monde ! Non mais la honte, quoi !), prit
la main de Kathleen et dit :
-
Ma chérie, mon amour, mon tout. Ces quelques
mois passés avec toi ont juste été magiques. Ils ont confirmé le fait que je
veux passer ma vie avec toi. Je veux que tu sois la belle-mère de mes enfants, la
grand-mère de mes petits-enfants, je veux passer chaque minute du reste de ma
vie avec toi à mes côtés. Kathleen Jane Baker, veux-tu m’épouser ?
-
Oui ! s’exclama ma belle-mère, en larmes.
Tout le restaurant applaudit,
Trent en tête. Mon frère, ma sœur et moi nous sentîmes également obligés d’applaudir.
Papa allait se remarier. Eh ben ça,
alors ! Je ne l’aurai absolument pas prédit !
En rentrant à la maison, papa souhaita avoir une discussion
avec mon frère, ma sœur et moi. Kathleen et Trent s’éclipsèrent pour nous
laisser en famille.
-
Les enfants, commença papa.
-
Non, pour une fois, tu vas nous laisser parler en
premier ! gronda Romain. Tu vas continuer longtemps à faire des trucs
derrière notre dos ?! Toi qui prônes la communication, y’a bien des choses
à revoir, là !
-
J’ai quand même le droit de prendre des
décisions dans ma vie amoureuse sans que…
-
Sans que quoi ?! reprit Romain. Sans que
nous interférions, c’est ça ? Mais papa, sans avoir besoin d’interférer,
on aimerait juste être au courant ! Tu ne t’es pas dit que ça ferait
beaucoup pour nous, là ?! Tu ne t’es pas dit qu’entre l’annonce de ta mise
en couple et la demande en mariage, il nous faudrait un temps d’acceptation ?!
Sans compter que tu nous emmènes direct avec elle en week-end !
-
Ok,
ok, admit papa. J’ai merdé.
-
T’as plus que merdé, papa ! gronda Romain. Personnellement,
je n’ai même plus confiance en toi ! Je t’explique pas plus tard que ce
matin que je me suis senti trahi, et le soir-même tu recommences !
-
Romain…
-
Non, c’est bon ! Stop ! Je n’ai plus
du tout envie de parler avec toi. Laisse-moi.
Mon frère s’éclipsa et nous
laissa seules avec papa.
-
Et vous, les filles ? Vous aussi vous m’en voulez
à mort ?
Comme réponse, Manon s’éclipsa.
Je vis que papa était désemparé et cela me fit de la peine. Seule avec lui, je
m’avançai et le pris dans mes bras.
-
Oh, ma Zo… Mon p’tit cœur, dit-il en me serrant
fort.
-
Je peux m’adapter rapidement au changement, dis-je,
contrairement à Romain et Manon. Mais c’est vrai que t’as merdé, papa.
-
J’ai compris, ma puce. Je m’excuserai quand ils
accepteront de me parler à nouveau.
-
Félicitations pour tes fiançailles, dis-je.
-
Merci mon bébé.
-
Mais si Kathleen s’avère être la même belle-mère
que celle de Cendrillon, je ne me laisserai pas faire !
-
Je ne la laisserai pas faire non plus, affirma papa.
-
Ben si.
-
Pourquoi dis-tu cela ?
-
Elle t’aura empoisonné, expliquai-je. Donc tu seras mort. Donc
tu ne pourras rien faire.
Papa ria, admirant mon optimisme.
Pour détendre l’atmosphère, papa lança une soirée
jeux de société et nous nous prîmes tous aux jeux. Trent et moi fîmes équipe et
fûmes victorieux plusieurs fois. A nous deux, nous sommes invincibles. J’espérai
que ce soit la même chose pour Kathleen et papa, car même si pour le moment je
n’acceptai absolument pas Kathleen, je ne souhaite qu’une chose : que papa
soit heureux.
A suivre…
J'aime beaucoup les chapitres que tu écris sur chaque histoire en ce moment. Moins "d'actions" mais tu développes d'avantage le relationnel, la communication entre les personnages. Cela donne une autre dimension que les fessées... on plonge un peu plus dans l'intimité, la complicité et la complexité également des relations. Le besoin de se confier, de se comprendre ... j'adore. Vivement les suites . Xoxo
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