Lundi 8
mars 2021.
Aujourd’hui, c’est la journée de la femme. En France.
Nous sommes aux Etats-Unis. Pas de chouchoutage pour moi ; néanmoins, je
suis bien décidée à imposer ma façon de voir les choses.
Cela fait une semaine que nous sommes rentrés du
chalet et l’ambiance est toujours électrique à la maison. Si Romain a
maintenant bien digéré la situation et est redevenu « adulte », Manon
en revanche mène une guerre froide à papa. Moi, je suis un peu entre les
deux : tantôt en colère contre papa (notamment lorsque j’ai envie de
sortir et que je ne peux pas !) et alliée de ma sœur ; tantôt plus
raisonnable et alliée de mon frère. Heureusement, Trent est toujours présent en
merveilleuse voix de la sagesse et m’a évité plusieurs accès de colère qui
auraient sûrement donné lieu à un recadrage cuisant.
Papa a repoussé tous ses déplacements professionnels
jusqu’à dimanche soir : il tient à être personnellement présent pour
surveiller nos tentatives de sorties. Si Manon et/ou moi avions été punies,
papa aurait pu compter sur Romain pour faire le flic également à la
maison ; mais le problème est que mon frère est consigné aussi. Impossible
pour papa de déléguer.
Huit heures et demie. Manon est partie, commençant
son stage à l’hôpital de Palo Alto. Romain a embauché il y a déjà quelques
heures ; et Trent et moi quittons la maison pour aller au lycée.
Sur la route, nous passons prendre mes amies :
June, Meredith, Beverly et Hailey. Depuis le temps, Trent a totalement intégré
notre bande de filles et a l’air de s’y sentir très bien ! Mes amies,
quant à elles, n’arrêtent pas de décrire Trent comme il est, c’est-à-dire le
petit ami le plus parfait du monde !
Je sortis du cours de sciences avec un B-.
Ce n’était pas glorieux mais néanmoins beaucoup que Trent qui avait eu un F.
-
Bon, eh bien il est temps de découvrir la colère
de ton père ! se résigna mon amoureux.
-
T’inquiète, ça ira ! le rassurai-je. Ce
n’est que la première fois !
-
Oui mais quand même… appréhenda-t-il.
-
Au pire du pire, il va te passer un savon,
dis-je. Ça va s’arrêter là.
-
J’espère…
J’embrassai Trent pour lui
montrer qu’il fallait qu’il me fasse confiance : mon père le choie
beaucoup trop pour se mettre en colère noire contre lui !
Après les cours, Trent nous quitta les filles et moi
pour rejoindre l’hôpital psychiatrique où est placée sa mère : il va la
voir deux fois par semaine. Laissée en célibataire et avec mes meilleures
amies, je n’avais pas du tout envie de rentrer à la maison : le programme
serait vite rempli par les devoirs.
-
Eh Zo, on va se manger une gaufre chez
Emmy’s ? me proposa ma bande.
Emmy’s est la brasserie du
coin qui fait les meilleures gaufres du monde. Impossible de résister.
J’acceptai.
Lorsque ma gaufre Nutella-Banane fut posée devant
moi, je me dis qu’elle valait toutes les punitions du monde. Avant que j’avale
la première bouchée, mon téléphone vibra : c’était mon père.
« Zoé Duhamel, où
es-tu ? »
« Je parle avec un
prof, papa ! On se détend ! J’arrive. »
« Ok mon cœur, je t’attends. »
Je désactivai la
géolocalisation de mon téléphone et repris ma conversation avec mes copines en
dégustant ma merveilleuse gaufre. Je n’avais pas pour habitude de mentir à mon
père mais j’avais besoin de liberté et de tranquillité : j’avais passé ma
deuxième semaine de vacances enfermée, j’en avais plus qu’assez !
« Zoé !! Tu es où
là ?! » reçus-je un quart d’heure plus tard.
Je ne pris pas la peine de
répondre.
-
Zo, ça te dit qu’on aille se poser au
square ? proposa Meredith.
Je passais un trop bon moment
pour refuser, d’autant que j’aurais été la seule de la bande à ne pas accepter.
Meredith, Beverly, June et Hailey sont la source de
lumière dont j’ai besoin pour pousser correctement. Elles sont indispensables à
ma vie. Il n’y avait qu’avec Ashley que j’avais ce type de relation auparavant ;
mais son départ en Australie nous a malheureusement beaucoup éloignées. Même
chose avec ma cousine Oriane. On dit souvent pour se consoler :
« Loin des yeux, près du cœur » mais il faut avouer qu’avec la
distance géographique, ce n’est quand même pas pareil.
Et puis, j’ai ma vie ici
maintenant. Mon lycée, mon amoureux, quatre amies géniales… Ainsi que mon père,
mon frère, ma sœur et même une belle-mère ! Je n’en demandais d’ailleurs
pas tant ! J’allais de plus bientôt avoir des quasi-frères et sœurs tout
droit sortis du monde des sorciers. Cela dit, malgré leurs prénoms, je les
imaginais beaucoup plus à Serpentard qu’à Gryffondor !
« Zoé, je suis sûr que
tu fais exprès de m’empêcher de te localiser ! Je te jure que si tu ne
rentres pas dans les trente minutes qui arrivent, j’appelle Romain pour qu’il
te cherche avec ses collègues ! »
Punaise. Il était déjà 18h45.
J’aurais dû rentrer depuis deux bonnes heures. Après avoir profité de ce bon
temps, il allait maintenant falloir assumer les conséquences de mes actes et je
n’en avais pas du tout envie.
« C’est bon, papa.
J’arrive… ».
Quand Meredith et June durent
rentrer aussi sous peine de se faire démonter, je cédai en disant :
-
Souhaitez-moi bonne chance, les filles… Je vais
en avoir besoin !
Sur le
chemin du retour, je trouvais complètement injuste d’être autant fliquée et de
ne pas avoir d’excuse valable. Manon et Romain pourraient plaider des heures
supp’, mais moi ?
Je retrouvai Trent devant la maison : il
rentrait en même temps que moi. Il fut surpris de me voir seulement rentrer et
après mes explications, il me dit :
-
T’es suicidaire, Honey ! T’es vraiment
suicidaire !
-
Ça fait plus d’une semaine que je n’ai pas pris
de volée, ça devait me manquer… ris-je ironiquement pour détendre l’atmosphère.
-
Très drôle ! dit mon homme en ouvrant la
porte de la maison.
A peine
avions-nous ouvert la porte de la maison que le PDG nous sauta dessus. Il
m’ignora totalement dans un premier temps et se tourna vers Trent :
-
Comment va ta mère ?
-
Elle va bien. Mieux. Grâce à toi, dit mon petit
ami qui réussissait enfin à être à l’aise avec le tutoiement de mon père.
-
Tant mieux, conclut papa. Trent, j’ai jeté un
œil à tes notes et je voulais te parler…
-
Du F que j’ai eu en sciences ?
-
Exact, affirma mon père. Tu as déjà tout juste
la moyenne, un F ne t’aide pas du tout. Pourquoi cette note ?
-
Je n’ai pas assez travaillé, avoua mon homme.
-
Donc c’est entièrement ta faute, accusa
Valentin. Ce n’est pas un problème de lacune ?
-
Non…
-
Tu en es sûr ? ajouta papa.
-
Oui.
-
Bien. Dans ce cas, c’est la toute dernière fois
que cela se produit, annonça mon père.
-
Promis, dit Trent. Il n’y aura pas de prochaine
fois.
-
Ça c’est certain, confirma Valentin, car s’il en
y a une, elle se passera sur mes genoux.
Mon père avait dit ça d’une
froideur qui ne laissait aucune place à la plaisanterie. Il était parfaitement
sérieux.
-
Compris, confirma mon amour en accusant la
menace.
Valentin se tourna ensuite
vers moi et me dit :
-
Quant à toi mademoiselle Zoé Duhamel, qui sors
sans prévenir et sans permission, tu vas aller m’attendre dans ta chambre avec
le martinet ! Immédiatement !
-
Mais papa…
-
Ah non ! N’essaie même pas de
protester ! Tu as transgressé ta consigne, tu assumes ! Tu vas
prendre le martinet et tu m’attends dans ta chambre ! Je passe un coup de
fil professionnel et j’arrive !
J’attendis
Valentin durant une bonne demi-heure, le temps de baliser sur ce qui m’attendait.
J’étais assise sur mon lit, le martinet à côté de moi (que j’avais d’ailleurs
dû apporter moi-même dans ma chambre, summum de la punition !) à attendre
de me faire strier les fesses par un père ultra-en-colère. Comme situation, y'a mieux !
-
Baisse ton jeans et ta culotte, ordonna Valentin
en entrant dans ma chambre.
-
Mais papa…
-
Obéis ! Tu sais ce que ça veut dire, « obéir »,
Zoé ?!
-
Oui…
-
Je n’en ai pas l’impression ! Je vais te
filer une petite piqûre de rappel ! Baisse ton jeans et ta culotte
immédiatement !
Valentin remontait les manches
de sa chemise, ce qui me faisait appréhender la suite. Néanmoins, je refusai de
me déshabiller : hors de question que j’offre ma lune immaculée en pâture
à mon père. Qu’importe : le PDG se mit dans une colère noire et me
déshabilla lui-même. En quelques secondes, je me retrouvai allongée à plat
ventre sur le lit à prendre une fessée manuelle magistrale.
-
Elle n’était pas prévue celle-là, Zoé !
Mais puisque tu n’en fais qu’à ta tête et que tu as décidé de passer ton temps
à désobéir, je sévis ! Tu passes ton temps à désobéir, je passe mon temps
à te donner la fessée ! Alors, ça te convient ?! Tu es satisfaite ?!
Cette première fessée
extrêmement bien appuyée me fit couler les larmes mais ce ne fut rien à côté de
la salve au martinet.
Cent coups. Valentin m’a collée cent coups de martinet non-stop pour avoir transgressé mon interdiction de
sortie. A la fin, j’avais les fesses tellement abîmées que je sentais les
marques rien qu’au toucher ; cela formait de petits bourrelets à causes
des stries.
Valentin 1. Zoé 0.
Je boudai tout le reste de la soirée. Je ne souhaitai
même pas dire bonne nuit à mon père. Par la suite, je culpabilisai, me disant
que s’il lui arrivait quoique ce soit dans la nuit, il n’aurait pas entendu de
mot gentil de ma part avant de mourir. Cependant, je m’enlevai vite de la tête
ce scénario-tragédie, me disant que mon père allait très bien et qu’il m’avait
quand même flanquée une déculottée mémorable. J’avais quand même bien le droit
de bouder, non ?!
Trent eut l’autorisation de
venir dans ma chambre avant le coucher et se montra à nouveau adorable en
acceptant de passer de la pommade sur ma croupe rouge. Encore secoué par la
menace de mon père de lui coller une fessée au prochain acte de fainéantise, il
repartit ensuite travailler comme un acharné dans sa chambre et me laissa seule dans
mon grand lit.
Je sombrai vite dans les bras
de Morphée après avoir néanmoins bien profité de ma journée.
A suivre…
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Exprimez-vous !