Mercredi 8 avril 2021.
Je ne travaille jamais le mercredi pour pouvoir m’occuper
des enfants. Cependant, j’ai reçu un mail de la part du centre d’orientation professionnelle
de Meaux : ce matin se tient une réunion d’information portant sur les
études de droit. Tout en donnant le biberon à Mimi, j’appelai ma mère :
-
Allô, oui ?
-
Maman, c’est Thaly.
-
Ah bonjour ma chérie ! Pourquoi m’appelles-tu
si tôt ? Il n’y a rien de grave, j’espère !
Ah oui, il était 7h30. Je n’avais
pas fait gaffe à l’heure.
-
Non, je voulais te demander de venir garder les
enfants… J’ai une réunion à Meaux.
-
Hum… De quelle heure à quelle heure ? Car
je travaille cette après-midi alors…
Ma mère a encore deux semaines à tirer avant la retraite.
-
De 9h à 12h, annonçai-je en croisant les doigts.
-
C’est d’accord, dit ma mère. Ton père viendra
avec moi.
-
Super ! Merci beaucoup ! A tout à l’heure,
alors !
-
Oui, à tout à l’heure ma chérie.
Je raccrochai, satisfaite.
Mes parents sont des fans du bien-être intérieur. Mon
père, retraité, est debout tous les matins à 5h pour pratiquer la méthode du « Miracle
Morning ». Ma mère, quant à elle, est professeure de yoga. Toute mon
enfance, j’ai mangé bio, j’ai eu une chambre organisée façon « Feng shui »
et mes parents nous ont beaucoup fait voyager, mes frères et moi. Ainsi, nous
avons passé un an en Thaïlande, un an au Japon et un an en Inde. Tous ces
voyages nous ont énormément rapprochés tous les cinq, si bien qu’aujourd’hui
nous sommes très fusionnels. Ma famille compte beaucoup pour moi.
Je préparai les vêtements des enfants pour que mes
parents ne soient pas perdus à leur arrivée, puis laissai mes petits bonheurs jouer ensemble
dans la salle de jeux pour pouvoir prendre mon petit déjeuner. Alex me rejoignit
quelques minutes plus tard dans la cuisine et m’embrassa.
-
Comment va la femme de ma vie, ce matin ?
-
Ça va très bien, répondis-je. Et l’homme de ma
vie ?
-
Très bien aussi ! répondit Alex.
Puis, mon homme embrassa mon
ventre et dit :
-
Et comment va mon bébé n°7 ?
-
Tout a l’air d’aller pour le mieux ! dis-je.
-
Une bonne journée s’annonce, alors !
conclut Alex.
-
Au fait, chéri, ce matin en me levant, j’ai vu
qu’il y avait une réunion d’information à Meaux sur les études de droit. Je
vais m’y rendre.
-
Mais…et les enfants ?
-
Mes parents arrivent bientôt pour les garder.
-
D’accord.
-
Je serai revenue pour 12h, normalement tout est
prêt. Il n’y aura qu’à décongeler le hachis parmentier.
-
D’accord mon cœur.
-
Est-ce que je peux prendre ta Clio pour aller à
la réunion ? demandai-je inopinément.
Alex, qui avait sa tasse de
café en main, manqua de la renverser. Nous avons chacun notre voiture et Alex n’aime
pas du tout me prêter la sienne.
-
Pourquoi tu veux prendre ma Clio ?
-
Parce que la mienne a besoin d’essence et que je
ne vais pas avoir le temps d’aller en chercher.
-
Je vais t’en chercher maintenant, si tu veux !
proposa Alex.
-
Oh mais c’est bon, tu peux me prêter ta voiture
pendant trois heures, quand même ! Non ?
Mon mari et moi possédons
trois voitures : la Clio 5 d’Alex, ma Citroën DS3 et notre Mercedes Class
V pour transporter nos enfants. Autant dire que je n’utilise ma Citroën que
lorsque je pars seule ou avec un ou deux enfants ; ce qui m’arrive tout de
même régulièrement. Seulement, n’ayant encore jamais conduit la Clio d’Alex,
je mourais d’envie de l’essayer.
-
Ok, céda mon mari. Mais tu es revenue à midi
pile ! Et je ne veux aucune égratignure intérieure ou extérieure !
-
Merciii ! chantonnai-je en embrassant mon
mari, le sourire s’étendant jusqu’à mes oreilles.
8h45, mes
parents arrivent. Je les serre tour à tour dans mes bras puis leur donne les instructions
pour la matinée. Ces instructions sont surtout faites pour me rassurer car j’ai
toute confiance en mes parents : je sais qu’ils assurent avec leurs petits-enfants !
-
Maman a un bébé dans son ventre ! balança
Alice à ses grands-parents avant que je n’aie pu dire quoique ce soit.
-
Euh…vous n’étiez pas censés l’apprendre ainsi…dis-je,
légèrement confuse.
-
Oh ma chérie ! s’exclama mon père. C’est
formidable !
-
Viens dans mes bras ma puce, enchaîna ma mère.
Félicitations !
-
Nous pensions que nous n’allions plus avoir d’autre
petit-enfant, avoua mon père, ému. Merci pour ce cadeau !
-
Profitez-en bien car ce sera le dernier !
annonçai-je. Après celui-ci, je me ferai stériliser pour être sûre de ne plus
en avoir !
-
Ça veut dire quoi stérisiler ? demanda
Alice.
-
On dit « stériliser », ma puce, lui
répondis-je. C’est une petite opération que l’on subit pour ne plus avoir d’enfant.
-
Pourquoi tu ne veux plus de bébé après celui-là ?
-
Parce que j’en aurai bientôt sept et que c’est
déjà beaucoup ! Et puis, vous êtes déjà tous parfaits, inutile d’en faire
d’autres !
-
Ben si tu t’arrêtes de faire des bébés, ça veut
dire que je ne pourrai plus m’en occuper ! grommela mon aînée. Pas grave,
j’en ferai moi-même, des bébés !
Pourvu qu’elle ne trouve pas
le mode d’emploi avant vingt bonnes années… !
Mes enfants sous bonne garde de mes parents, je pris
la route pour Meaux. En chemin, je mis la musique à fond et profitai du beau temps.
Je me sentais libre comme jamais ! Les enfants n’étaient pas là, mon mari
non plus, et je filais vers une nouvelle vie professionnelle. Que demander de
plus ?
La réunion d’information m’apporta toutes les
réponses dont j’avais besoin. Ce ne serait pas un parcours facile mais je
crevais tout de même d’envie de le vivre. C’était tellement excitant ! J’allais
devenir avocate. Waouh, la grande classe. Je pourrais lutter contre l’injustice
et défendre les opprimés. Une pure joie au quotidien.
J’avais conscience d’idéaliser
un peu trop ce métier ; mais tout le monde le fait au début, non ?
En sortant de la réunion, je continuai de discuter
avec une femme avec laquelle j’avais sympathisé. Elle était dans la même
situation que moi, à deux enfants près. Aujourd’hui toiletteuse pour chiens,
elle rêvait d’être avocate. Nous nous promîmes de nous serrer les coudes au cas
où nous serions dans la même promotion à l’université.
Toute joyeuse, je montai dans la voiture et entamai
une marche arrière pour sortir de ma place de parking. C’est à moment précis
que j’entendis un « CRRRRRRRRRRRRRRR » venant de la voiture.
Paniquée, je m’arrêtai instantanément et sortis pour voir ce qui se passait :
j’avais reculé en biais et heurté le petit poteau en pierre servant à délimiter
le trottoir.
Alexandre va me tuer. Non, pire : il
va me pulvériser. Il va me flanquer la fessée de ma vie, puis il va
divorcer et je vivrai ma grossesse seule. Je ne verrai mes six premiers enfants
qu’une semaine sur deux.
Ressaisis-toi Thaly. Ça va aller. Reste les pieds sur
terre. Oui, tu vas sûrement prendre une très bonne fessée et un très bon savon,
ça va s’arrêter là.
Lorsque je rentrai à la maison à midi, j’invitai mes
parents à rester manger.
-
Alors, ta réunion ma chérie ? me demanda ma
mère.
-
C’était juste génial ! Je suis vraiment
motivée.
-
Tu vas donc reprendre tes études ? m’interrogea
mon père.
-
Oui, tranchai-je.
-
Nous sommes vraiment fiers de toi, Sasa, déclara
ma mère. Si tu as besoin que nous te gardions les enfants plus souvent, aucun
problème ! ça nous fera plaisir de passer plus de temps avec eux. Nous ne
les voyons pas assez !
Mes parents prennent leurs dix
petits-enfants en vacances dans leur maison de campagne angevine durant la moitié
de toutes les vacances scolaires. Ils les ont donc une semaine entière tous les
deux mois. Je n’appellerais donc pas cela « ne pas les voir assez ».
Cependant, je ne contredis pas ma mère. Elle qui a toujours rêvé d’avoir une dizaine
d’enfants mais qui n’a pu en avoir que trois, s’épanouit pleinement dans son
rôle de grand-mère. Si elle le pouvait, elle garderait ses petits-enfants tous
les jours, tout le temps. D'ailleurs, si Alex fut surpris, je m’attendais pour ma part à la
proposition qu’elle nous fit :
-
Dans deux semaines, je serai à la retraite. Si vous
êtes d’accord, j’aimerais m’occuper de Simon, des jumelles et de votre futur
petit bout de chou jusqu’à ce qu’ils entrent à l’école. Cela vous éviterait de
payer deux bras tous les mois pour les faire garder. De plus, avec Thalysa qui
va reprendre ses études, ce sera une économie non négligeable… Et de notre
côté, nous serons vraiment heureux de passer du temps avec nos petits-enfants.
-
C’est une très gentille proposition maman,
répondis-je. Il est vrai que ça nous arrangerait beaucoup ! Cependant, il
faut qu’on en parle, Alex et moi. On ne veut pas désavantager les parents d’Alex
par rapport à vous, tu vois ?
-
Bien sûr ! acquiesça ma mère. Prenez votre
temps ! On a encore deux semaines devant nous !
Le repas
terminé, mes parents ne s’attardèrent pas. Alexandre et moi mîmes les enfants à
la sieste (y compris Alice et Noé, très fatigués en ce moment), et prîmes une
boisson chaude en amoureux. Nous discutâmes de cette proposition de garde et acceptâmes
un mi-temps. Si les parents d’Alex acceptaient l’autre mi-temps, alors tout
irait pour le mieux. Sinon, nous garderions le moyen de garde actuel.
Nous
pensâmes également à inviter les parents d’Alexandre et mes frères à venir
manger à la maison incessamment sous peu pour les mettre au courant de cette
nouvelle et ultime grossesse.
Alex
repartit au travail et je m’installai dans le canapé avec un plaid et un
chocolat chaud. A peine installée, je vis Alex revenir vers moi.
-
Tu as oublié quelque chose ? lui demandai-je
innocemment.
-
Que s’est-il passé avec ma voiture ?!
-
Comment ça ? feignis-je.
- Pourquoi est-elle abîmée ?! Ne me fais pas
tourner en bourrique, Thalysa de Melbourg !
-
J’ai eu…J’ai légèrement heurté un petit poteau en
pierre et…
-
Légèrement ? Légèrement ?!
-
Ne te fâche pas, je vais appeler le garagiste et
il va réparer ça…
-
Ne me dis pas de ne pas me fâcher !!
gronda-t-il.
-
Arrête de crier !
-
Ne me dis pas d’arrêter de crier ! continua-t-il
sur le même ton. D’abord, je ne crie pas !
-
Bien sûr que si tu cries !
-
Tu as abîmé ma voiture, Thalysa !
-
Ah, tu vois que tu cries !
-
Non, je ne crie pas ! insista-t-il plus
fort.
-
Je vais devoir t’apporter un dictionnaire pour
que tu vérifies la définition !
-
T’es en train de te payer ma tête, là ?!
-
N’importe quoi !
-
Fais bien attention à toi, Thalysa !
-
Sinon quoi, hein ?!
-
Tu le sais parfaitement ! vociféra Alex en
m’attrapant le poignet.
Mon cœur se mit à battre à
tout rompre. Là, j’allais prendre cher.
-
Maman, j’arrive pas à dormir ! me dit Noé en
faisant irruption dans la pièce.
Sauvée par le gong !
-
Ce n’est rien mon chéri. On va s’allonger tous
les deux dans le canapé, d’accord ?
Alors que Noé s’avançait vers
moi, Alex me lâcha le poignet. Il m’annonça :
-
On en reparlera ce soir. Tu ne perds rien pour attendre !
Je prends ta DS3, du coup ! Et t’as intérêt à avoir appelé le garagiste
avant que je rentre !
-
C’est ça !
-
Je ne rigole pas le moins du monde, Thalysa !
-
Je sais !
-
Je t’aime, dit-il en m’embrassant. Mais tu m’énerves !
-
Pareil !
Alex partit pour de bon et je
m’installai dans le canapé avec mon fils adoré. Noé se blottit contre moi. Cela fait
partie des moments que j’aime le plus dans le fait d’être maman. La chair de ma
chair collée contre moi. Je nous recouvris d’un grand plaid bien chaud et nous
nous endormîmes.
L’après-midi, j’emmenai les enfants faire une balade
en forêt. L’objectif était de ramasser des feuilles de toutes sortes pour
pouvoir réaliser un herbier. Munie de ma poussette triple tout-terrain, je
regardais Alice, Noé et Björn inspecter les arbres à la recherche de différentes
feuilles. Ce fut tellement amusant que même Simon voulut sortir de la poussette
pour participer. Björn le prit alors par la main et en fit son coéquipier. Je
trouvai cela trop mignon. Je suis définitivement totalement amoureuse de mes
enfants.
Mes six merveilles furent d’une sagesse exceptionnelle
aujourd’hui. Aucune révolte, aucune dispute, ce fut une après-midi comme je les
aime. Il faut dire que si mes enfants ont leurs propres défauts (comme nous
tous !), ils sont tout de même faciles à vivre et particulièrement attachants.
Au moment du bain, je remplis à moitié la grande
baignoire double que nous possédons et y mis les quatre premiers. Si les
jumelles sont trop petites pour pouvoir faire partie de ce bain collectif, cette façon de mettre les quatre premiers enfants en même temps dans la
baignoire est très pratique pour moi : pendant que j’en lave un, les trois
autres jouent ensemble.
Il me faut une bonne heure pour laver les six
enfants. Dix minutes par enfant. Le temps de laver, sécher, habiller, coiffer…et
vérifier une fois par semaine que les ongles sont coupés ! Néanmoins, j’adore
ce moment. Pendant que les autres s’amusent, je passe un moment privilégié avec
chacun d’eux : ils en profitent en général pour me raconter leur journée.
Alexandre rentra comme souvent pendant le dîner des
enfants. Ce soir, Björn (qui n’avait pas fait une aussi grosse sieste que d’habitude)
était fatigué et ne voulait pas manger. Cependant, j’avais prévu de la mousse
au chocolat pour le dessert : son péché-mignon.
-
Je ne peux pas manger ! m’annonça-t-il en
me montrant son bol de soupe aux légumes.
-
Comment ça, tu ne peux pas manger ?
demandai-je.
-
J’ai mal à la lèvre ! se plaignit-il.
-
Si tu ne peux pas manger la soupe, tu ne pourras
pas non plus manger la mousse au chocolat ! dis-je. C’est vraiment
dommage, moi qui en avais fait exprès pour toi…
-
Si ! dit-il.
-
Ben non, puisque tu as mal à la lèvre…
-
Mais je n’aurai plus mal !
-
Donc tu as mal à la lèvre pour manger la soupe,
mais tu n’auras plus mal pour manger la mousse au chocolat. J’ai bien compris ?
-
Oui ! me dit-il.
-
Tu ne crois pas que tu te fiches un tout petit
peu de moi, là ? le questionnai-je en fronçant les sourcils.
Björn ne répondit pas.
-
Mange ta soupe, tranchai-je.
-
Mais j’ai mal…dit-il en commençant à pleurer,
voyant que je ne croyais pas en sa ruse.
Alex, qui regardait la scène
depuis le début, intervint :
-
Björn, ça suffit maintenant ! Tu arrêtes tout
de suite de pleurer ! Soit tu manges ta soupe et tu auras de la mousse au
chocolat, soit tu ne manges pas ta soupe et tu vas tout de suite au lit !
-
Mais j’ai mal, répéta-t-il en continuant de pleurer.
A force de répéter qu’il avait
mal, il commençait à me mettre le doute. J’avais bien envie de vérifier que sa
lèvre allait parfaitement bien.
-
Tu manges ! insista Alex.
-
J’ai mal…pleurait Björn.
-
Très bien, alors tu vas au lit ! trancha
mon mari en fonçant sur notre fils. Les enfants capricieux, je n’en veux pas à
table !
-
Nan ! Je vais manger ! Je vais manger !
Je vais manger !
-
Alors prends ta cuillère et mange, ordonna le
médecin.
Notre fils de quatre ans et demi finit
tout son bol de soupe. Et sa lèvre allait effectivement très bien. Si Alex n’avait
pas été là, il aurait presque pu m’avoir ce chenapan…
Lorsque les enfants furent couchés, nous passâmes à
table, Alexandre et moi. J’en profitai pour revenir sur l’incident avec Björn :
-
Tu lui as dit d’arrêter de pleurer, tu sais bien
que je n’aime pas ça, Alex !
-
Il pleurait pour rien !
-
Pour toi, c’était rien ! Mais pour lui,
dans sa tête d’enfant de quatre ans, c’était une situation qui valait le coup
de pleurer ! C’est comme quand tu dis à un enfant « ce n’est pas
grave ». Pour toi, dans ta tête d’adulte, ce n’est pas grave ! Mais
pour lui, c’est super grave !
-
Où est-ce que tu veux en venir ?
-
Lorsque nos enfants pleurent, il faut les
laisser pleurer. Il faut les laisser exprimer leurs émotions. Je ne veux pas qu’ils
deviennent ces adultes frustrés qui gardent tout pour eux.
-
Tu préfères qu’ils deviennent des adultes qui
pleurent pour un rien ?
-
Encore une fois, c’est « un rien »
dans TA représentation ! Mais pas dans la leur ! Tu devrais arrêter
de juger les gens parce qu’ils montrent leurs émotions !
30% de la population française est hypersensible, Alex ! Au moins deux de nos
enfants le sont, si ça se trouve ! Tu devrais bien commencer à changer de
mentalité !
-
Ah les femmes…
-
Ah les hommes… Ou alors, ah les médecins… Parce
que non seulement les hommes pètent plus haut que leurs culs mais alors les
médecins… Vaut mieux ne pas en parler !
-
J’peux savoir quelle mouche t’a piquée ?!
Tu t’es engagée dans une assoc’ féministe ou quoi ?
-
P’têtre bien que je devrais !
-
C’est ça ! Et au passage, raconte-leur que
ton mari te flanque des fessées, tiens ! D’ailleurs, dépêche-toi de finir
de manger, y’en a une qui t’attend pour avoir défoncé ma bagnole !
Je me tus. Je n’avais plus
rien à répondre, pour le coup.
La table débarrassée et lavée, Alex m’attrapa par le
bras et m’emmena dans son bureau, à l’abri des regards et loin des chambres de
nos enfants.
-
Mets-toi face au mur et mets tes paumes de main
contre lui.
Je m’exécutai, tentant de
faire taire les papillons dans mon ventre. Pour le coup, bébé n’y était pour
rien. Le fait qu’Alex prenne son rôle de dominant me fait toujours beaucoup d’effet.
Alexandre passa derrière moi
et déboutonna mon jean qu’il descendit à mes chevilles. Il descendit également ma
culotte. Pas de préchauffage pour ce soir. J’allais casquer.
-
Pourquoi est-ce que je fais ça, Thalysa ?
-
Parce que j’ai abîmé votre voiture, Monsieur.
-
As-tu appelé le garagiste ?
-
Oui, Monsieur. Il viendra demain, à 17h30.
Mensonge. Je n’ai appelé personne.
Je voulais juste sauver ma peau.
-
Parfait. Cela plaide en ta faveur. Cependant, tu
as quand même abîmé ma voiture et tu sais que j’y tiens énormément. Pour UNE
fois que je te la prête, il faut que tu l’amoches !
-
Pardon, Monsieur.
-
Tes excuses ne me suffisent pas. De plus, je t’ai
trouvée particulièrement insolente envers moi aujourd’hui et je ne le tolère
pas. Tu sais ce qui va se passer, n’est-ce pas ?
-
Oui, Monsieur.
-
Dis-le.
-
…
-
Dis-le ! insista mon mari en me filant une
bonne claque sur l’arrière de la cuisse.
-
Aïe ! sursautai-je en mettant mes mains sur
l’endroit de la claque.
-
Mains sur le mur, Thalysa !
J’obéis.
-
Que va-t-il se passer, Thalysa ?
-
Vous allez me donner une fessée, dis-je croyant
que ma bouche avait été écorchée par cette phrase.
-
Non Thalysa, je vais te donner une très bonne
fessée. Je ne veux plus que tu recommences ! Pas d’instrument, ce soir.
Juste ma main et uniquement ma main. Quitte à ce que je me fasse affreusement mal,
tu auras ce que tu mérites ! Tu vas recevoir deux cents claques. Si jamais
tu bouges beaucoup trop ou que tu décolles tes mains du mur, on reprend à zéro.
Tu as compris ?
-
Oui, Monsieur, dis-je, sentant déjà mon entrejambe
s’humidifier.
-
Bien ! Tu comptes.
La première claque s’abattit et
je dus retenir un cri. Elle était balèze !
-
Une, comptai-je.
La deuxième. Tout aussi forte.
-
Deux, continuai-je.
Clac !
-
Trois, annonçai-je.
Clac !
-
Quatre, poursuivis-je.
Mes fesses me picotaient déjà
et nous n’en étions qu’à quatre.
Arrivés à douze, ne tenant plus, je mis mes mains sur
mes fesses pour atténuer la douleur. Cela nous fit repartir à zéro.
La deuxième salve démarra et la claque numéro huit
fut signe d’une nouvelle désobéissance. Redémarrage à zéro.
La troisième salve s’arrêta à dix-sept. Redémarrage à
zéro.
Puisque c’était la quatrième fois, Alexandre laissa tomber la position et me pencha sous son bras. Les claques s’enchaînèrent tellement vite et tellement fort que je n’avais presque pas le temps d’annoncer le chiffre. Je gigotais tellement sous sa main qu’on aurait pu croire que je courais dans la neige. Cette série de deux cents claques était insupportable !
Mais elle se termina. Enfin. Je
pus reprendre mes esprits et me frotter les fesses. Mon entrejambe était trempé
et ça avait même coulé le long de mes cuisses, mes genoux et mes mollets, jusqu’à
s’imprégner dans mes chaussettes. Mes larmes aussi étaient nombreuses,
tellement cette fessée avait été intense et douloureuse.
-
Qu’as-tu à me dire, Thalysa ?
-
Je suis désolée pour votre voiture et pour mon
comportement aujourd’hui.
-
Bien. Tu peux aller prendre ta douche.
Attends-moi sur le lit avec ta nuisette noire à dentelles. Je sens que ton corps m’appelle.
Malgré la façon dont cette
fessée m’avait émoustillée, je n’avais aucune libido ce soir.
-
Je… L’abricot n’est pas mûr, dis-je.
C’est une phrase-code que nous
avons Alex et moi pour nous signifier que l’un ou l’autre n’avons pas envie d’un
moment coquin.
-
Aucun problème, dit Alex. Je me rabattrai sur une
séance massage en tout bien tout honneur. A la douche, madame de Melbourg !
Tandis que
l’eau coulait sur ma peau douce, je réfléchissais à cet étrange paradoxe qui s’était
déroulé en moi ce soir : j’avais été punie, je m’étais sentie punie, j’avais
eu mal aux fesses à en pleurer, j’avais été humiliée en prenant une fessée
comme une petite fille ; et pourtant, j’étais trempée comme jamais, de façon
incontrôlable. Comment était-ce possible ? Il allait peut-être falloir que
j’en parle avec Lise.
Ma douche
prise, Alexandre me rejoignit dans notre chambre conjugale. Il tamisa la
lumière, mit de la musique relaxante et me massa délicatement tout le corps, de
la boîte crânienne aux orteils. Quel bonheur d’avoir un mari massant si bien !
Ce moment
de détente me fit tellement d’effet que Morphée vint me cueillir quelques
secondes après la fin.
A suivre…
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