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Un joli fantôme du passé (Chapitre 24 - 1ère partie)

 


Dimanche 14 mars 2021

 

            Puisque c’est l’anniversaire de Trent aujourd’hui, papa et Romain m’ont autorisée à dormir avec lui. Après une merveilleuse soirée d’amour et une nuit bien méritée, Trent et moi nous réveillons l’un contre l’autre ce matin.

-          Joyeux anniversaire mon amour, lui dis-je une fois qu’il eut ouvert les yeux.

-          Merci Honey, dit-il en m’embrassant.

-          Tu as dix-neuf ans, ça y est, lui dis-je.

-          Eh oui, dit-il.

-          Ça me fait bizarre, déclarai-je.

-          Qu’est-ce qui te fait bizarre, Honey ?

-          J’ai l’impression que t’es un vieux alors qu’en fait, moi aussi j’aurai dix-neuf ans dans un peu moins de cinq mois.

-          Tu trouves qu’on est vieux, à dix-neuf ans ? s’étonna Trent.

-          Ben… On arrive petit à petit dans le monde adulte, quoi. Il va falloir faire des études, trouver un job, puis acheter une maison, puis avoir des enfants…

-          Oh là, Honey ! Détends-toi ! On a tout notre temps pour ça !

-          C’est vrai, dis-je.

Nous restâmes quelques secondes à cogiter en silence, puis Trent me demanda :

-          Alors comme ça… Tu veux avoir des enfants ?

-          Ouais. J’en veux des tonnes.

-          Des tonnes ? s’inquiéta Trent. Tu as un chiffre en tête ?

-          Cinq, ce serait un bon équilibre.

-          Je partais plutôt sur deux, dit Trent. Mais cinq, ça me va. Ce sera autant de bambins qui seront aussi merveilleux que leur maman.

-          C’est vrai ?! dis-je, enthousiaste. Ça te va, cinq enfants ? Tu es d’accord ?

-          En théorie, oui. Même s’il va falloir que je retourne bosser immédiatement pour pouvoir mettre de l’argent de côté, que j’aille au moins jusqu’au doctorat et que j’ai un énorme salaire pour supporter toute cette marmaille mais…oui, je suis d’accord.

-          Pourquoi tu as dit « en théorie » ? me renseignai-je.

-          Parce qu’après que la péridurale te soit passée sous le nez, tu ne voudras plus avoir d’autre enfant, ria Trent.

Cela lui valut un coup d’oreiller sur la tête de ma part.

-          Tu verras ! continua-t-il sur un ton blagueur.

-          On pourra toujours adopter ! parai-je.

-          Eh bien… Je vais effectivement devoir te laisser et me préparer pour aller chercher du travail, annonça mon amoureux en se levant du lit.

-          De toute façon, en France, la vie est moins chère qu’ici, dis-je.

Cette réplique stoppa net mon homme.

-          Tu…Tu veux vivre en France ? me questionna-t-il.

-          Pas toi ?

-          C’est juste que… Je n’y ai jamais réfléchi… Il faudra qu’on en discute…

-          On en discutera alors.

Trent s’approcha de moi et m’embrassa. Il déclara ensuite :

-          Je serai donc marié à une journaliste-reporter avec laquelle j’aurai cinq enfants. Je sens que ma vie va être très mouvementée ! J’aime ça.

-          Tu veux te marier ? demandai-je, ayant bien entendu la phrase de mon chéri.

-          Oh…Pourquoi faut-il que les filles veuillent toujours planifier leur vie quinze ans à l’avance ?! se lamenta le lycéen.

-          Trent, je suis sérieuse ! Tu as envie de te marier ?

-          Zoé, c’est mon anniversaire aujourd’hui alors on arrête de parler avenir et on parle moment présent. Je vais aller prendre une bonne douche. Je serai en train de me prélasser sous le pommeau dans quelques minutes. Si tu veux saisir ta chance…

-          Je suis sérieuse, Trent ! Si tu envisages un mariage, il faut que…

-          Moment présent ! me coupa-t-il.

-          Mais tu ne penses pas que…

-          Moment présent ! insista-t-il.

Je finis par me taire et rejoignis mon amoureux sous la douche.

 

            En sortant de la chambre de Trent, nous découvrîmes Romain et Manon en train d’accrocher une guirlande « Joyeux anniversaire Trent ! » dans la pièce à vivre. D’ailleurs, ils se disputaient :

-          Je te dis qu’il vaut mieux l’accrocher au mur d’en face ! grondait Romain à sa grande sœur.

-          Et moi je te dis que c’est beaucoup mieux comme ça !

-          Ok, eh ben on va faire comme tu dis ! Ce sera moche mais au moins tu arrêteras de râler !

-          Non, ça ne sera pas moche !

-          Si, je t’assure que ce sera moche !

-          Romain, tais-toi !

-          Nan, toi, tais-toi !

-          Les enfants, par pitié… se lamenta papa en entrant dans la pièce à vivre, muni d’un carton rempli de ballons de baudruche sur lesquels était écrit le chiffre 19.

-          Mais c’est elle ! pesta Romain.

-          C’est lui ! continua Manon.

-          Les enfants, arrêtez ou vous allez aller au coin tous les deux ! dit Valentin.

Il avait mis une pointe d’humour dans sa phrase, mais sachant que cela pouvait néanmoins arriver, mon frère et ma sœur cessèrent leur dispute.

 

            Papa avait proposé à Trent de louer une salle pour faire une grosse fête d’anniversaire mais mon homme avait refusé. Il préférait se contenter d’un repas simple à la maison avec les gens qu’il affectionne. Trent avait ainsi invité ma bande d’amies, quelques potes à lui, et Kathleen et ses jumeaux maléfiques. Il avait également invité sa mère qui, pour l’occasion, avait une autorisation de sortie de la part de l’institut où elle est placée. Trent espérait activement qu’elle viendrait.

 

            A partir de midi, heure du rendez-vous, tout le monde débarqua à tour de rôle : Junior, Ethan et Paul, les meilleurs potes de Trent, arrivèrent tout de suite après mes amies June, Meredith, Beverly et Hailey. Ma nouvelle belle-mère et ses jumeaux maléfiques arrivèrent avec une demi-heure de retard. Puis, treize heures sonnèrent et il n’y avait toujours aucun signe de la mère de Trent. Alors que mon amoureux était particulièrement blessé, il s’éclipsa quelques minutes en nous demandant de le laisser seul. Je savais bien, au fond de moi, qu’il s’était isolé pour pouvoir fondre en larmes à sa guise. Cela me brisa le cœur. Sa mère n’est vraiment qu’une grosse conne.

 

            Papa avait fait appel à un chef étoilé français expatrié aux Etats-Unis pour que celui-ci cuisine le repas préféré du lycéen : des lasagnes à la bolognaise. Elles furent on ne peut plus délicieuses et tout le monde se régala !

 

            Alors que Manon et moi nous affairions dans la buanderie (seul espace à proximité de la pièce à vivre mais à l'abri des regards !) pour mettre les bougies sur le superbe gâteau X-Men préparé pour Trent (mon homme est un fan des supers héros de chez Marvel, les X-Men étant ses préférés), nous entendîmes du grabuge de l’autre côté de la porte donnant sur la pièce à vivre. J’entendis Trent dire :

-          Maman, s’il te plaît…

Et Valentin poursuivre :

-          Madame, je vais vous demander de quitter mon domicile…

Je me rendis au pas de course auprès de mon chéri et découvris sa mère, une bouteille à la main, complètement ivre, en train de tituber, proférant des insultes envers les invités. J’avais l’impression de voir la mienne, de mère. Une calamité ambulante. Elle me faisait penser à ces SDF dans le métro parisien qui sont complètement bourrés et qui parlent à tout le monde et personne à la fois.

-          Ah tiens ! s’exclama-t-elle en me voyant. Voilà la p’tite pute pour laquelle tu m’as laissée tomber !

-          Madame, ça suffit ! s’affirma mon père. Je vous interdis d’insulter ma fille !

-          Il baise bien, mon fils ?! me lança la mère, ignorant la réplique de mon père.

-          Maman, tais-toi ! cria Trent.

-          Attends, j’lui pose une question à ta bonne femme ! continua la mère de Trent. T’es pas content qu’on fasse connaissance ?

-          Tu sais comment faire en sorte que je sois content ? demanda Trent à sa mère. En fichant le camp d’ici !

-          Alors, il baise bien ou pas, mon fils ?! insista l’alcoolique à mon encontre.

-          Madame, je fais partie de la police, intervint mon frère en sortant son insigne. Si vous ne quittez pas ce domicile immédiatement, je vous coffre !

-          Alors vous m’invitez et vous m’dégagez ?! Mais vous êtes tous des enfoirés ! Vous savez quoi ? J’vous emmerde !

Romain s’avança vers la mère de Trent qui finit par se résoudre à sortir. Romain et papa l’accompagnèrent à l’extérieur et contactèrent l’institut pour qu’ils viennent la récupérer.

            Trent, au comble de la honte, se confondit en excuses devant tout le monde. Il était au bord des larmes. J’aurais voulu faire n’importe quoi pour l’aider mais j’étais totalement sous le choc de ce qui venait de se passer.

-          Moi qui étais déçu qu’elle vienne, je suis maintenant mort de honte qu’elle soit venue…

Junior, le meilleur ami de Trent depuis la maternelle, se leva et le prit dans ses bras :

-          T’inquiète, frérot. La plupart d’entre nous connait ta mère et sait comment elle est. Te fais pas de bile.

-          Trent, on est tous là pour toi, dit Manon. On s’en fiche de ta mère. Tu n’as pas choisi d’avoir une mère comme elle. Ce n’est pas ta faute. Arrête de te flageller, ok ? Tu sais quoi, on va attendre que Romain et papa reviennent et on va faire le gâteau.

J’étais contente que Manon se montre aussi compatissante avec Trent. Ils n’étaient pas forcément proches tous les deux et cela me réchauffait le cœur de savoir que ma sœur l’aimait bien.

Une fois Trent rassuré, je le pris dans mes bras et lui envoyai tout l’amour dont j’étais capable.

 

            Trent souffla ses dix-neuf bougies alors que nous étions tous autour de lui. Nous prîmes une magnifique photo de groupe, puis ce fut l’heure des cadeaux. J’offris à mon homme un pendentif avec nos prénoms gravés dessus et nos pierres de naissance incrustées. Il l’ajouta immédiatement à la chaîne qu’il porte toujours autour du cou.

Kathleen, Harry et Hermione avaient acheté un VTT à Trent, sur les bons conseils de papa, j’imagine !

Mes amies et les amis de Trent s’étaient tous cotisés pour nous offrir à tous les deux un week-end en amoureux au parc d’attraction Universal Studios. Trent, qui a toujours rêvé d’y aller, était dans une joie immense, difficile à contrôler.

Romain et Manon ont choisi un cadre protégeant le certificat du « meilleur frère ». Cela toucha beaucoup Trent, même si lui comme moi ne comprîmes pas forcément le pourquoi de ce certificat. Trent est leur beau-frère et non leur frère. Si, aux Etats-Unis, il n’y a pas grande différence, en France en revanche, la distinction est bien réelle. Trent le sait.

Le cadeau de mon père fut le dernier que Trent ouvrit. Lorsqu’il arracha le papier cadeau, il tomba sur une enveloppe marron clair en papier kraft, ce qui nous fit tous nous poser des questions. Trent décacheta l’enveloppe et en sortit un dossier d’une quinzaine de feuilles. L’en-tête sur la première feuille annonçait : « DOSSIER POUR DEMANDE D’ADOPTION ». Valentin, qui se tenait juste à côté de Trent, mit sa main sur l’épaule du jeune homme et lui dit :

-          Tu n'as pas eu la chance d’avoir un père, j’aimerais prétendre à ce titre, si tu l’acceptes.

Pour toute réponse, Trent fondit en larmes pour la deuxième fois supposée de la journée. Lui qui n'a pas l'habitude de montrer ses émotions, n'avait pas pu se retenir. Je fis de même. Je comprenais maintenant beaucoup mieux le cadeau de Romain et Manon !

Lorsqu’il eut repris ses esprits, Trent demanda à mon père :

-          Mais…ça ne va pas faire bizarre que je sorte avec…ma…sœur ?

-          On aura juste à expliquer aux gens que tu as été adopté, précisa Valentin. Et ça, ce sera seulement pour ceux qui se posent beaucoup trop de questions.

-          Alors, tu acceptes ? demanda Manon, impatiente de savoir.

Le hochement de tête de Trent déclencha une ovation de joie parmi tous les convives.

-          Chouette, j’ai toujours rêvé d’avoir un frère ! s’exclama Romain en prenant Trent dans ses bras.

J’embrassai longuement mon chéri. Enfin, il ferait bientôt partie intégrante de la famille. Ce serait pleinement légal !

 

-          Cela ne posera pas de problème si je me marie plus tard avec Zoé ? s’inquiéta Trent avant d’enfourner un morceau de gâteau dans sa bouche.

-          Mon avocat le plus fidèle m’a assuré que non, affirma Valentin. Il n’y aura qu’à montrer ton certificat d’adoption et tout ira pour le mieux.

-          Est-ce que je dois prendre votre nom de famille ? demanda mon chéri.

-          C’est selon ta volonté, répondit papa. Soit tu gardes le nom de « Hudson », soit tu prends le nom de « Duhamel ». Tu peux aussi décider de t’appeler « Hudson – Duhamel » ou bien « Duhamel - Hudson »

-          Je vais y réfléchir, dit Trent.

C’était la deuxième fois que je voyais l’homme de ma vie aussi heureux ; la première fois étant le jour où nous nous sommes mis en couple !

 

            Aux alentours de dix-huit heures, les invités s’en allèrent ; excepté Kathleen et ses jumeaux, qui devaient rester dîner pour qu’Harry, Hermione et nous fassions plus ample connaissance. Manon, Romain et moi n’en avions aucune envie mais heureusement, l’enthousiasme de Trent comblait nos silences.

 

            Nous attaquions le plat de résistance quand on frappa à la porte.

-          Vous attendez quelqu’un ? nous demanda Valentin.

Tout le monde secoua la tête. Nous étions tous perplexes : qui peut bien frapper à la porte à cette heure ?

Papa se leva et alla ouvrir la porte. Nous découvrîmes une jeune femme qui avait l’air d’avoir une vingtaine d’année, les yeux gris, brune aux cheveux ondulés. On aurait clairement dit ma sœur. Elle semblait nerveuse. Elle resta silencieuse jusqu’à ce que mon père lui dise :

-          Euh…Bonjour.

-          Bonjour monsieur, répondit la jeune fille.

-          Que puis-je faire pour vous ? demanda papa.

-          Je cherche monsieur Valentin Duhamel, dit la jeune fille d’une voix timide.

-          Euh… C’est moi, dit mon père. Et… vous êtes ?

-          Je suis votre fille, lâcha-t-elle d'un coup, comme si elle se libérait d'un poids incommensurable. 

Un silence de mort s’installa. Il y eut un énorme beug dans mon cerveau. Pendant plusieurs secondes, plus personne ne bougea. Pour seule réponse, mon père déclara :

-          Je...je commence vraiment à avoir trop d’enfants.

 

A suivre…

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  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -