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Un joli fantôme du passé (Chapitre 25)

 


Lundi 10 mai 2021.

 

            Je fus réveillée par mon réveil aux environs de 7h. Raaah, je déteste le lundi matin ! Il est toujours synonyme d’une nouvelle semaine de cours. De plus, je ne suis plus qu’à quelques semaines du baccalauréat : la pression monte au lycée et à la maison. Malgré tous les changements récents dans ma vie, je suis obligée de continuer à suivre le rythme.

            Car oui, il y a eu de nombreux changements depuis l’arrivée de Judith il y a tout juste deux mois. Tout d’abord, nous avons déménagé dans une demeure se rapprochant désormais beaucoup plus d’un manoir que d’une simple maison. Notre nouvelle habitation est immense et contient dix chambres ayant toutes leur salle de bain attenante. Cependant, nous n’avons pas déménagé bien loin : nous habitons toujours à Palo Alto !

S’il nous fallait autant d’espace, c’est parce que nous sommes désormais neuf à habiter à plein temps au manoir.

En effet, les tests ont de nouveau confirmé le statut de Judith comme fille de Valentin. Papa s’est donc empressé de la reconnaître dans les heures ayant suivies les résultats.

Manon s’étant faite agresser à l’arme blanche à San Francisco (par un patient toxicomane lui ayant réclamé une ordonnance que ma sœur a refusé de faire), elle a décidé de rentrer vivre à la maison et de prendre un peu de temps pour elle. Elle recommencera l’année d’étude qu’elle avait en cours au mois de septembre.

Trent s’appelle désormais officiellement « Trent Duhamel ». Il a reçu ses nouveaux papiers d’identité sur lesquels le changement a été effectué. Dans notre manoir, Trent et moi n’avons toujours pas la même chambre (papa n’a pas pu s’y résoudre) mais nos chambres sont néanmoins communicantes, ce qui est un bon début : la cloison qui les sépare est amovible. Autant préciser que cette cloison est toujours ouverte, ce qui nous donne l’impression d’être ensemble même si nous ne sommes pas dans le même lit.

Ce week-end, Kathleen et ses jumeaux ont officiellement emménagé à la maison. Il faut dire que cela ne change pas grand-chose puisqu’ils passaient déjà beaucoup de temps à la maison !

            Comment me sens-je par rapport à tout cela ?

Déjà, je n’aime pas beaucoup Judith. Elle et moi nous sommes automatiquement bien entendues au départ, mais plus ça va et plus elle devient méchante. Judith est beaucoup plus rebelle que moi (elle me fait d’ailleurs beaucoup penser à Oriane !), mais sa particularité est qu’elle réussit à faire ses coups en douce. Jusqu’à maintenant je la couvrais mais je crois bien que le vent va commencer à tourner…

Trent et moi sommes toujours aussi fusionnels. Mon couple est un paradis. Mon paradis.

Kathleen n’habitait déjà pas à la maison, qu’elle voulait diriger notre tribu recomposée d’une main de fer (sans le gant de velours !), ce que je voyais d’un très mauvais œil. N’appréciant vraiment pas ses jumeaux, j’étais persuadée que la cohabitation serait source de nombreux conflits !

 

 

            Revenons-en à ce matin : je descendis dans la cuisine comme tous les matins, pour prendre mon petit déjeuner. Loli avait préparé des gaufres pour toute la famille. Je me ruai dessus, trop pressée d’en déguster une garnie de confiture de fraises. M’étant disputée avec papa la veille, j’avais quitté la table sans finir mon dîner. Résultat : ce matin, j’étais affamée !

Le petit déjeuner fut l’occasion de discuter avec papa, Kathleen, Judith, Trent et Hermione.

 

            Une fois apprêtés, nous partîmes pour le lycée.

Judith a intégré notre classe à Trent et moi : ayant arrêté ses études à quatorze ans, elle va tenter de passer le baccalauréat. Si elle l’a, elle ira à l’université. Si elle ne l’a pas, elle redoublera. Judith râle beaucoup car papa l’a affublée de pas moins de quatre professeurs particuliers pour la remettre à niveau ; mais puisque cela est non négociable, les protestations de ma nouvelle grande sœur ne servent à rien.

Hermione, qui a des difficultés scolaires, a deux ans de retard. Elle a donc également intégré notre classe, au lycée. Harry, lui, est déjà en deuxième année de commerce, à Berkeley.

 

            Le fait que nous soyons une fratrie de quatre enfants au même niveau scolaire ne nous arrange pas vraiment : les parents comparent souvent nos résultats et nous mettent en compétition les uns avec les autres sans que nous le souhaitions. De plus, cela complexe beaucoup Judith qui, même en travaillant, n’atteint pas les brillants résultats de Trent, ou même les miens qui sont plutôt très corrects.

 

            Haley, Meredith, June et Beverly n’ont pas très bien accepté ma nouvelle sœur : elles disent (tout comme Trent, d’ailleurs !) qu’elle est de mauvaise fréquentation. Puisque leur avis m’importe beaucoup, je reste énormément sur mes gardes avec Judith.

 

            Trent, Judith, Hermione et moi entrâmes en classe. Puisqu’aujourd’hui est le premier jour d’Hermione avec nous, la prof, madame Brooks, opta pour la présenter à la classe :

-          Aujourd’hui, nous accueillons une nouvelle élève parmi nous. Elle s’appelle Hermione Jones, elle nous vient tout droit de San Francisco. Hermione, tu souhaites te présenter ?

-          Euh…eh bien…je…

Puisqu’Hermione bégayait beaucoup trop pour que cela soit audible, Judith se leva et prit la parole :

-          Bon, je vais le faire ! Hermione est notre demi-sœur à Zoé et moi, la fille de la meuf que se tape notre père. Tout le monde suit ?! Ils ont emménagé chez nous ce week-end donc elle vit avec nous maintenant. Notre père a voulu la mettre dans notre classe parce qu’elle nous connaît, mais on préfèrerait que vous fassiez comme si elle n’était pas de notre famille car on ne s’apprécie pas forcément.

Judith s’assit puis se releva aussitôt, signe qu’elle avait oublié de dire quelque chose :

-          Ah, et elle s’appelle Hermione parce que sa mère est fan d’Harry Potter, alors vous pouvez tout aussi bien l’appeler la sorcière !

Judith s’assit et il y eut un silence pesant dans toute la pièce. Hermione était à deux doigts de fondre en larmes.

-          Allez vous asseoir, Hermione, dit la prof, penaude.

Trent et moi nous échangeâmes un regard. Judith était allée trop loin sur ce coup-là.

 

            A la sortie de la classe, je pris Judith entre quatre yeux :

-          T’avais besoin d’humilier Hermione comme ça, devant tout le monde ?

-          Oh calme-toi ! protesta Judith. T’as tes règles ou quoi ?!

-          Tu sais ce que t’es ?! m’emportai-je. T’es qu’une pauvre merde ! Voilà ce que t’es ! T’as besoin de rabaisser les autres pour exister !

-          Eh mais c’est quoi ton putain de problème ?! me cracha Judith en me bousculant.

-          Eh, tu ne la touches pas ! s’interposa Trent.

La bousculade de Judith eut le don de me faire démarrer au quart de tour : je contournai Trent et me jetai sur ma sœur. Une bagarre éclata. Trent essaya de nous séparer, sans succès.

 

            Dix minutes plus tard, nous étions dans le bureau du principal, à attendre que Valentin arrive. J’étais assise sur la chaise de gauche, Judith sur la chaise de droite, et la chaise du milieu attendait que l’homme d’affaires y pose son postérieur. En parlant de postérieur, le mien serait sûrement foutu. Je me fichais pas mal du sort de Judith, mais pas du mien.

 

-          Papa, j’te jure que…commençai-je alors que Valentin entrait dans le bureau.

-          C’est elle qui m’a… tenta également Judith en même temps que moi.

-          STOP ! gronda fermement Valentin. Je ne veux pas vous entendre ! Ni l’une, ni l’autre ! C’est bien compris ?!

Nous dûmes nous taire jusqu’à ce que le Principal nous donne la parole pour que nous expliquions ce qui s’était passé.

-          C’est elle qui s’est jetée sur moi comme une tarée ! s’exclama Judith. Faut la faire soigner !

-          C’est MOI qu’il faut faire soigner ?! répliquai-je. C’est moi qui ai humilié Hermione devant toute la classe ?!

-          J’l’ai pas humiliée cette bouffonne, continua Judith. Elle s’est humiliée toute seule à ne pas savoir parler, là !

Je fus très étonnée que papa ne nous interrompe pas durant notre dispute. Il nous écoutait au contraire très attentivement : je pense qu’il réussissait malgré tout à nouer le fil de l’histoire.

-          Stop, intervint le principal alors que Judith et moi menacions d’en venir une nouvelle fois aux mains. Nous avons bien entendu ce que vous aviez à dire, mesdemoiselles.

-          Effectivement, dit Valentin.

-          Puisque la violence est intolérable au sein de mon établissement, dit le dirlo, vous êtes exclues pour la semaine. Pour être réintégrées lundi matin, vous devrez me rendre une dissertation sur les bienfaits de la non-violence.

Une semaine d’exclusion ?! Valentin allait me pourrir.

 

            Lorsque nous sortîmes du bureau, Valentin se dirigea immédiatement vers Trent, Hermione et mes quatre meilleures amies, qui attendaient dans un coin du couloir d’avoir de nos nouvelles.

-          J’aimerais que vous me racontiez ce qui s’est passé, dit papa à notre bande. Sans omettre un seul détail. Ne craignez pas d’aggraver le cas de mes filles, elles sont déjà dans de sales draps !

Cette dernière phrase m’infligea instantanément une douleur au niveau de mon derrière. La fessée qui tomberait à la maison allait faire mal, très mal…

            Mes amis racontèrent toute la vérité à papa : de la présentation d’Hermione par Judith à la bagarre. Ils n’omirent aucun détail et j’étais persuadée que cela plaidait en ma faveur. A la fin du récit, mon père prit Hermione dans ses bras et la rassura : « Judith ne t’embêtera plus ! ». Valentin nous ordonna ensuite à ma sœur et moi de le suivre, ce que nous fîmes après avoir dit au revoir à notre bande.

 

            Rendus au parking souterrain, Valentin nous plaqua tour à tour dos à la voiture. Il me souleva le menton pour que je soutienne son regard puis me gronda :

-          Toi Zoé, tu vas prendre une fessée en rentrant à la maison pour avoir frappé ta sœur ! C’est quelque chose que je n’admets absolument pas !

J’eus envie de répliquer que Manon et Romain n’étaient pas inquiétés, eux, lorsqu’ils me filaient des trempes : mais ce n’était visiblement pas le moment.

Se tournant vers ma sœur, papa continua :

-          Quant à toi Judith, tu vas prendre deux très bonnes fessées pour avoir humilié ta sœur devant toute la classe, et pour avoir bousculé puis frappé ton autre sœur !

-          Hermione n’est pas ma sœur ! protesta Judith.

-          Kathleen et moi serons bientôt mariés pour la vie ! reprit Valentin. Nous ne ferons aucune, je dis bien aucune différence entre nos sept enfants ! Donc Hermione est ta sœur, que ça te plaise ou non !

-          J’m’en bats les c… commença Judith à voix basse.

-          Pardon ?! gronda Valentin, l’ayant entendue. Toi, arrivés à la maison, je te défonce !

J’étais scotchée. C’était la première fois que j’entendais mon père parler comme ça. Jamais il n’avait usé de ce terme-là. Je l’avais déjà vu très en colère mais pas à ce point-là. Il venait littéralement de sortir de ses gonds.

 

            Le trajet en voiture se fit dans un calme olympien. Papa avait une conduite plus brusque qu’à l’ordinaire : je sentais sa colère dans la façon qu’il avait de passer les vitesses et de tourner le volant.

 

            Lorsqu’il gara la voiture dans l’allée, devant la porte de la maison, mon rythme cardiaque s’accéléra : j’espérais de tout cœur que je ne serais pas la première à subir le courroux de mon père. Il était vraiment très fâché et mes fesses ne supporteraient pas un tel degré de colère.

            Nous entrâmes dans l’entrée puis papa attrapa Judith par les cheveux pour mon plus grand soulagement. Il la traîna jusque dans le salon, où Loli était en train de faire les poussières. Je les suivis machinalement, ne sachant que faire d’autre. Néanmoins, une partie de moi jubilait de pouvoir assister à la punition de Judith. Vengeance !!

-          Veuillez nous laisser, Loli, s’il vous plaît ! ordonna Valentin en s’asseyant sur le canapé.

Loli sortit de la pièce pendant que papa déboutonnait le jeans de Judith. Ma sœur tentait de faire la fière en disant :

-          J’en ai rien à foutre de prendre une fessée, tu crois quoi ?! J’ai vécu pire !

Valentin ne répondait pas et continuait son œuvre. Judith ne se doutait-elle pas qu’en disant cela, elle entretenait la colère de notre père, déjà poussée à son paroxysme ?

Lorsqu’il eut baissé son boxer, papa attrapa l’avant-bras de Judith et tira sèchement dessus pour la faire tomber à plat ventre sur ses cuisses. Il prit le temps de la maintenir très fermement puis commença à lui claquer les fesses.

La vache. Les claques que ma sœur recevait étaient titanesques. Je croyais que la fessée que Manon avait prise au chalet était la pire donnée par papa mais non. Celle que recevait actuellement Judith la détrônait en beauté. Papa mettait un tel élan que j’en avais très mal, rien qu’en regardant. Evidemment, les « même pas peur ! » de Judith avaient laissé place à des cris et des protestations. Elle tentait de se débattre dans tous les sens mais papa la tenait tellement bien qu’elle ne pouvait échapper aux claques. Manon me rejoignit discrètement dans le salon, ayant été alertée par le bruit. Lorsqu’elle vit papa en train de punir Judith, elle me chuchota :

-          La vache ! Qu’est-ce qu’elle a fait ?!

-          C’est une longue histoire… Mais ce que je peux te dire, c’est que papa a dit qu’il allait la défoncer.

-          Il a dit ça ?! s’étonna ma sœur.

-          Oui, confirmai-je.

-          Alors j’espère pour elle qu’elle a rédigé un testament, dit Manon. La seule fois où j’ai entendu papa dire ça, c’était à Romain, lorsqu’il l’avait traité de « sale con ».

-          Romain a fait ça ?

-          Oui !

-          Il avait quel âge ? me renseignai-je.

-          Une dizaine d’années. C’était au mois de juillet, on était en vacances en Vendée. Je m’en souviendrai toute ma vie. Romain n’a pas pu s’asseoir sans coussin pendant plus d'une semaine.

Je croyais ma sœur sur parole. Vu ce que Judith était en train de prendre, il était fort possible qu’elle ne puisse plus s’asseoir sans coussin pendant longtemps, elle aussi !

Judith pleurait désormais. Il était impossible qu’il en soit autrement. Moi-même j’aurais pleuré dès la première claque. Ma nouvelle sœur gesticulait dans tous les sens, ses jambes ne pouvaient pas rester en place. Lorsque cela agaça fortement papa, il bloqua les membres inférieurs de Judith avec sa jambe. Puis, il continua de taper.

Les fesses de Judith étaient tellement rouges qu’on aurait pu croire que c’était artificiel. J’étais persuadée qu’elle pourrait se mettre à saigner à tout moment. Mais ce ne fut pas le cas.

            Au bout de plusieurs très longues minutes (qui durent paraître une éternité pour Judith !), papa se stoppa. Ma sœur pleurait tellement qu’elle en avait des spasmes. Sans pour autant lâcher sa fille, Valentin la questionna :

-          Tu t’en fiches toujours de recevoir une fessée ?!

Judith pleurait trop pour répondre ; mais son absence de réponse lui valut une nouvelle claque qu’elle accusa en criant.

-          Réponds ! Est-ce que tu t’en fiches toujours ?!

-          N…no…on… pleura-t-elle.

Elle prit une nouvelle claque et cria. Valentin ajouta :

-          Non, qui ?!

-          No…on…pa…pa…

-          Tu n’as plus intérêt à te foutre de ma gueule, Judith ! Tu as compris ?!

-          Ou…oui…pa…pap…a…

Et les claques reprirent. Toujours aussi costaudes. Valentin et Judith étaient en nage, et de mon côté je blêmissais d’être la prochaine. J’espérais grandement que mon père ait décoléré : après tout, je ne l’avais ni provoqué, ni titillé, ni quoique ce soit…

Papa se stoppa de nouveau :

-          Tu vas très vite arrêter de faire ta maligne, Judith Duhamel ! Tu entends ?!

-          Ou…oui…papa…

-          Dès que tu voudras faire ta rebelle, tu te prendras une fessée ! Je me fiche de l’âge que tu as ! Je me fiche de ce que tu penses ! Tu me provoques, tu es punie ! Vu ton attitude, je peux te dire que tu vas en prendre des fessées comme celle-ci, si tu ne t’assagis pas ! Tu entends ?!

-          Oui…p…ap…a…

-          Bien !

Valentin la lâcha et la laissa se relever. Puis, il força Judith à le regarder droit dans les yeux et lui gronda :

-          Ça, c’était uniquement pour m’avoir défié et t’être royalement fichue de moi ! Maintenant, tu vas en prendre une pour avoir humilié ta sœur devant toute la classe et avoir frappé ton autre sœur !

Chose inédite, Judith se mit à prier Valentin de toutes ses forces pour pouvoir être graciée. Cependant, Valentin ne céda pas. Il se tourna vers Manon et moi et demanda :

-          L’une de vous deux peut-elle me ramener le martinet, s’il vous plaît ?

Je l’aurais bien fait (même si clairement, j’avais de la compassion non pas pour Judith mais pour ses fesses !) mais je n’avais aucune idée d’où se trouvait le martinet dans ce manoir. Manon alla donc le chercher et le ramena à papa qui pencha Judith sous son bras et fouetta fortement son derrière meurtri.

Les fesses déjà cramoisies par la main, Judith dansait à présent sous le martinet. Une nouvelle fessée au martinet qui achevait cette tannée mémorable. Je me la représentais comme la fessée du siècle, celle que je n’aurais absolument pas voulu recevoir, même pour tout l’or du monde.

            Judith reçut entre cent cinquante et deux cents coups de martinet. Lorsque papa s’arrêta, ma sœur filait douce comme un agneau. Tu m’étonnes !

-          Tu recommences une seule fois à humilier ta sœur devant d’autres camarades et je te jure que tu en reprends une de ce calibre ! gronda Valentin à Judith. Je ne te louperai pas, Judith ! Il est hors de question que tu recommences, c’est bien compris ?!

Incapable de parler, Judith hocha la tête.

-          Maintenant, tu vas filer dans ta chambre, rédiger une lettre d’excuses à Hermione ! Cette lettre, tu la liras devant toute ta classe lundi matin alors tâche de t’appliquer ! Ensuite, tu vas me faire cinq cents lignes « Je ne dois pas frapper ma sœur. ». S’il y a une faute ou une rature, tu reprends une fessée ! C’est assez clair ?!

Judith hocha une nouvelle fois la tête, même si je vis bien que c’était à contrecœur.

-          Très bien, dit-il. Excuse-toi auprès de Zoé de l’avoir frappée.

Judith s’avança vers moi, les larmes ruisselant sur ses joues. Elle s’était attaquée à un plus gros poisson qu’elle. Elle avait joué, elle avait perdu. Tant pis pour elle.

-          Je suis désolée de m’être battue avec toi, me dit-elle d’une traite entre deux spasmes.

-          Que réponds-tu, Zoé ?! me gronda mon père.

-          J’accepte tes excuses, dis-je.

-          Et ?! insista Valentin.

-          Je…Je suis également désolée de m’être battue avec toi, déclarai-je en m’écorchant la bouche.

-          Vous êtes sœurs, vous devez veiller l’une sur l’autre. Il est légitime que vous vous disputiez mais vous battre ça, c’est hors de question ! C’est compris ?

-          Oui papa, répondîmes Judith et moi, penaudes.

-          Je vais télétravailler toute la semaine pour pouvoir faire en sorte de vous surveiller, toutes les deux ! annonça Valentin. Je vous préviens, ce n’est pas parce que vous avez été exclues que vous allez vous la couler douce ! Vous allez même être pressées de retourner au lycée, c’est moi qui vous le dis ! Vous allez bosser, les filles ! Et la première qui râle en prendra pour son grade ! C’est compris ?!

-          Oui papa, réitérâmes-nous.

J’étais lassée par ce savon. Je n’avais qu’une envie : que mon père me lâche la grappe.

-          Ok, alors si c’est compris, c’est parfait. Judith, tu files dans ta chambre. Zoé, tu viens ici.

Mon cœur s’accéléra instantanément. Finalement, je préférais me prendre un savon ! Vu la tannée historique que venait de recevoir ma sœur, je n’avais pas du tout envie de prendre sa place !

-          Zoé ! insista papa en haussant le ton. Si je dois venir te chercher, je te jure que ça va encore plus mal aller !

-          Papa, s’il te plaît, priai-je en paniquant. Je me suis excusée auprès de Judith, et je voulais juste défendre Hermione…

-          Je sais, Zoé. Rassure-toi, tu ne prendras pas une fessée aussi forte que celle de ta sœur, mais tu vas quand même en prendre une.

-          Mais pourquoi ?!

-          Parce que tu aurais dû te maîtriser au lieu de répliquer lorsque Judith t’a bousculée.

-          Mais je me suis excusée…

-          Je veux m’assurer que tu ne recommences pas.

-          Mais papa…

-          Bon ! trancha Valentin en me fonçant dessus. Puisque tu ne veux pas obéir…

Valentin attrapa mon bras, puis souleva ma robe et me colla trois bonnes claques sur le collant. Outch ! Ça, ça fait mal !

-          Quand je te demande de venir, tu viens ! me gronda le PDG en me tirant le bras jusqu’au canapé. Ce n’est quand même pas compliqué, si ?! Il ne faut pas avoir fait l’ENA !  

-          Papa, je t’en supplie ! priai-je au bord des larmes. Ne me donne pas de fessée…

Avoir assisté à la punition de Judith m’avait déjà grandement calmée.

-          Je t’ai déjà expliqué pourquoi j’allais te la donner, Zoé ! s’agaça Valentin en baissant mon collant. Si tu veux vraiment t’assurer de ne pas prendre une fessée, ne recommence pas à l’avenir !

-          Je ne recommencerai pas ! dis-je en suppliant mon père. Promis !

J’eus beau lutter, je me retrouvai quand même en travers des genoux de mon père. Le seul point positif était qu’il n’avait pas (encore) baissé ma culotte.

-          Papa, c’est injuste ! protestai-je. J’ai juste défendu Hermione !

-          Tu as défendu une sœur en en frappant une autre, dit Valentin. Ce n’est pas le genre de chose que j’accepte, Zoé !

Et les claques tombèrent sur ma culotte. J’avais déjà reçu pire (surtout de la part de papa !) mais cela faisait mal quand même. Normal après tout : c’est le but d’une fessée. Cependant, je sentais que papa me la donnait par principe, pour que nous ne disions pas qu’il m’avait laissé passer une bêtise. Si la douleur était supportable, la vexation elle, se faisait star. Je me prenais encore une fessée parce que j’avais encore fait une bêtise. Il faut dire que le self control, ce n’est vraiment pas mon truc.

            Lorsque je me relevai des genoux de mon père, j’eus envie de le remercier de m’avoir laissé ma culotte ; mais ma fierté m’en empêcha. Il m’avait quand même filé une fessée, j’avais quand même les fesses chaudes et brûlantes alors…hors de question de le remercier pour quoique ce soit.

-          Toi aussi Zoé, tu vas me faire des lignes.

-          Quoi ?! Mais papa…

-          Tu veux revenir sur mes genoux ?! menaça Valentin. Là, je te garantis que je ne serais pas aussi gentil !

-          Non, je ne veux pas revenir sur tes genoux, marmonnai-je.

-          Alors tu vas me faire des lignes, Zoé. Trois cents. « Je ne dois pas frapper ma sœur ». Comme pour Judith, s’il y a une erreur ou une rature…

-          …je reprends une fessée, terminai-je. C’est bon, j’ai compris !

-          Fais attention Zoé, avec ton « c’est bon », tu es à la limite de l’insolence. File dans ta chambre avant que je me fâche une nouvelle fois !

Je soupirai d’agacement (ce que mon père n’entendit heureusement pas) et montai dans ma chambre d’un pas las.

 

            Epuisée (je m’étais endormie très tard hier soir), je m’endormis sur mon bureau avant d’avoir écrit ma deuxième ligne.

 

            Midi. Valentin toque à la porte de ma chambre et je me réveille en sursaut.

-          Zoé, on mange.

-          J’arrive, dis-je.

-          Tu peux me donner tes lignes, s’il te plaît ?

Moment de panique.

-          Euh…ben…euh…

-          Tu ne les as pas faites ?! gronda Valentin en montant en pression.

-          Je me suis endormie sur mon bureau, avouai-je d’une voix tremblotante.

-          Tu t’es endormie ?! Pourtant tu t’es couchée tôt, hier soir !

-          Eh bien euh… Pas trop non…

-          Qu’est-ce que tu as fait hier soir ?!

-          Je ne crois pas que tu veuilles le savoir, papa…prévins-je.

-          Dis-moi ! ordonna mon père.

-          Eh bien avec Trent on a regardé des séries et ensuite on a…euh…

-          A quelle heure vous êtes-vous couchés ?!

-          Vers deux ou trois heures du matin… dis-je apeurée.

-          Vous vous êtes couchés à deux ou trois heures du matin ?! La veille d’une journée de cours ?! A cinq semaines du bac ?!

-          Euh…Ben…

Valentin m’attrapa par le bras, me sortit de mon bureau et me cala sous son bras. Là, je sentais que je n’allais pas prendre la petite chiquenaude de tout à l’heure. Là, ça allait faire très mal.

-          Non, papa ! S’il te plaît ! Pitié, pitié ! suppliai-je alors Valentin avait soulevé ma robe et m’avait déculottée.

Une cinquantaine de très bonnes claques tombèrent sur mes fesses nues, déjà affaiblies par la petite fessée de tout à l’heure. Là, j’avais jonglé. Là, mes larmes coulaient.

-          A partir de ce soir, Trent et toi, vous déménagez ! Trent ira au rez-de-chaussée à côté de notre chambre à Kathleen et moi, et toi tu iras au deuxième !

-          Nan, papa, j’t’en supplie !

-          Fin de la discussion ! Vous resterez comme ça, au moins jusqu’au bac ! Puisque je ne peux pas vous faire confiance, tant pis pour vous !

-          Mais…

-          Il n’y a pas de « mais », Zoé ! Je te préviens que si Trent et toi n’avez pas votre bac, vos fesses auront du souci à se faire ! Beaucoup de souci à se faire !

Je pris encore une bonne vingtaine de claques avant que mon père ne me lâche.

-          Je vous avais prévenus ! Je vous avais dit que j’étais d’accord pour que vous ayez des chambres communicantes à condition que vous dormiez à l’heure tous les soirs !

Je me rhabillai en pleurant, écoutant le savon que mon père me passait.

-          Nous allons aller manger et ensuite tu me feras tes lignes ! File à table, Zoé ! Et fais en sorte de te tenir à carreaux parce que j’en ai plus qu’assez de vos bêtises à ta fratrie et toi ! Aujourd’hui, quatre de mes sept enfants auront au moins pris une fessée ! Je pense que ça suffit grandement !

Quatre ? Pourquoi quatre ? Soudain, je tiltai : Manon avait sûrement dû s'en prendre une, et papa avait l'intention d'en filer une aussi à Trent pour avoir veillé tard...

 

            Après le repas, papa nous installa Judith et moi dans la salle à manger pour que nous finissions nos punitions et faisions des annales du bac pour ne pas prendre de retard. Il s’était installé avec nous, son ordinateur portable l’accompagnant. Ainsi, il pouvait nous surveiller de près tout en télétravaillant.

Judith et moi savions bien que papa était de très mauvais poil aujourd’hui et qu’il n’avait pas besoin de grand-chose pour nous en coller une ; nous nous tenions donc sages comme des images.

 

            Lorsque Trent et Hermione rentrèrent du lycée, je profitai de la courte absence de mon père pour sauter sur mon amoureux et le prévenir :

-          Trent ! Papa veut t’en coller une !

-          Quoi ?! s’étonna-t-il. Mais pourquoi ?

-          Il sait qu’on s’est couchés ultra tard hier soir !

Décontenancé, Trent ne sut quoi répondre. Valentin réapparut quelques secondes plus tard et ordonna :

-          Trent, nous avons un compte à régler. Dans ta chambre.

Tel un jeune enfant devant un clown, mon homme afficha une mine terrifiée. Il se mit en marche vers sa chambre de façon automatique.

 

            Une fois que mon père fut sorti de la chambre de mon aimé, je m’y précipitai pour aller le réconforter. Néanmoins, je n’eus pas l’accueil attendu :

-          Zoé, j’ai besoin d’être seul. Va-t’en s’il te plaît.

-          Mais bébé, je voulais juste…

-          Honey. Sors.

Je sortis de la pièce, blessée. J’avais envie d’aller hurler sur mon père, lui qui était responsable du fait que Trent m’envoie balader. Cependant, ayant encore le derrière douloureux, je n’avais pas envie de mettre Valentin en colère une seconde fois.

            Romain étant rentré du travail, c’est à lui que je confiai toute ma peine.

-          Trent n’a rien contre toi, m’assura-t-il. Il est vexé, c’est tout. Laisse-lui le temps d’accuser le coup.

-          Tout ça, c’est la faute de papa !

-          Exactement, ironisa mon frère. C’est papa qui s’est battu, qui s’est couché à pas d’heure, qui a désobéit aux règles de la maison…

-          Arrête Romain ! grondai-je.

-          C’est juste un mauvais jour, petite sœur. Ça ira mieux demain.

-          J’pense pas non. Demain, papa va encore me forcer à travailler.

-          Tu viens d’être exclue alors que tu as le bac dans quelques semaines ! C’est normal qu’il te fasse bosser, non ?

-           Oui mais pas à ce point-là !

Romain ria puis déclara :

-          Je te souhaite d’avoir plus tard une fille aussi bornée que toi !

-          Pourquoi ?

-          Pour ne jamais t’ennuyer, répondit Romain en m’embrassant le front.

 

Mouais. Enfin, toujours est-il que je n’étais pas convaincue que la journée de demain soit meilleure…

 

A suivre…

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Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

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  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

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  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

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