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Non négociable (Mission 1 - Tessa, Jour 2)

 


Mardi 6 septembre 2022


J’ouvre les yeux et jette un coup d’œil à mon téléphone :

7h13.

Mon réveil est censé sonner dans deux minutes. Je déteste me réveiller avant lui : j’ai l’impression de perdre du temps de sommeil !

                Je descends au rez-de-chaussée de l’hôtel pour prendre mon petit déjeuner. Une fois mon plateau rempli d’un bol de café au lait, de plusieurs mini-viennoiseries et de tout ce qui me fait plaisir pour mon premier repas de la journée, je touille mon café avec ma cuillère tout en checkant les informations du jour sur mon smartphone. Soudain, une brunette d’une soixantaine d’années, au demeurant très bien conservée, m’accoste :

-          Excusez-moi, monsieur ! Vous êtes bien Aurélien Forgeron ? L’éducateur qui fait des miracles ?

-          Eh bien, je ne fais pas des miracles mais…oui, c’est bien moi.

-          J’adore ce que vous faîtes ! s’exclama-t-elle. Il y a enfin quelqu’un qui prône l’éducation à l’ancienne, comme quand j’étais gamine ! A l’époque, aucun enfant n’osait faire la moitié de ce que font les enfants de maintenant ! Aucun ! Vous avez bien raison de reprendre les anciennes méthodes, y'a qu’ça d’vrai !

-          Je vous remercie, madame.

-          C’est possible de prendre une photo ?

-          Eh bien, c’est-à-dire que je viens de me lever là, alors…

-          Oh, s’il vous plaît ! Rien qu’une seule !

-          Très bien, dis-je après avoir soupiré.

Le selfie fait, la dame poursuivit :

-          Vous savez, ma fille elle a du mal avec mon petit-fils. Il est infernal ! C’est jeux vidéo, téléphone, et c’est tout !

-          Quel âge a-t-il ? demandai-je, me forçant à m’intéresser à la situation.

-          Quinze ans ! Un vrai branleur !

Je levai les sourcils, choqué par les propos de la grand-mère.

-          Le problème, continua-t-elle, c’est que ma fille et son mari ont opté pour l’éducation positive. Quelle plaie, ce truc ! ça donne des petits merdeux qui ne veulent pas aller travailler l’été parce que « c’est trop dur ! » ! Allons, bon !

-          Tout n’est pas à jeter dans l’éducation positive, dis-je. Comme dans toute chose, il y a des bons côtés et des mauvais.

-          Oui enfin, si elle lui avait collé quelques bonnes fessées, il n’en serait pas là, à insulter ses parents !

-          Il insulte ses parents ? demandai-je, atterré.

-          Oui ! Un branleur, j’vous dis !

-          Ecoutez madame, si vous avez besoin, contactez mon équipe pour que nous réfléchissions à ce qu’on peut faire pour vous.

-          Ma fille n’acceptera jamais. Mais c’est gentil ! Il faudrait plus d’hommes comme vous ! Aller, je vous laisse tranquille. Merci monsieur Forgeron ! Et n’oubliez pas…

-          …c’est non-négociable ! dis-je en chœur avec la dame avant qu’elle ne s’en aille.

Je soupirai et retournai à mon check-up des informations du jour. La célébrité, ce n’est pas toujours facile à assumer.

 

                Alors que j’étais dans la voiture pour me rendre chez Tessa, Marine m’appela :

-          Coucou mon amour, répondis-je.

-          Chéri, je suis aux urgences pédiatriques avec Gabin.

-          Quoi ?! Mais qu’est-ce qu’il a ?! C’est grave ?!

-          Non, non, rassure-toi ! Je pense que c’est une otite séreuse. Le médecin traitant ne pouvait pas nous prendre aujourd’hui alors je me suis dit que ce serait mieux d’aller à l’hôpital.

-          Tu as eu raison. Comment va-t-il ?

-          Il a de la fièvre. Il a réussi à s’endormir, sûrement d’épuisement. Il dort dans mes bras, nous sommes dans la salle d’attente.

-          D’accord mon amour. Tiens-moi au courant, tu veux ?

-          Promis. Je t’aime.

-          Je t’aime.

 

Neuf heures, j’arrive chez Tessa. Mon premier entretien de la journée est avec elle. Problème : lorsque je franchis le seuil de la maison, sa belle-mère m’annonce qu’elle dort encore.

-          Eh bien, on va la réveiller ! annonçai-je, montant en pression.

Je me rendis illico presto dans la chambre de l’adolescente. Je grondai :

-          Bonjour Tessa. Nous avions rendez-vous à neuf heures précises et tu as déjà une minute de retard. Chaque minute supplémentaire de retard sera une minute que tu passeras sur mes genoux. Je te conseille de te dépêcher. Je pense que tes fesses ont assez morflé hier.

Je sortis de la chambre, Valérie me proposa un café que j’acceptai.

 

                J’attendis donc dans le séjour que Tessa daigne venir, tout en buvant mon café. Je déteste que l’on me fasse perdre mon temps. Cette gamine ne me prenait pas encore au sérieux, elle se rendrait vite compte de son erreur.

 

                Au bout de vingt-six minutes, elle apparut dans le séjour, vêtue d’un survêtement rose flashy. Ses chaussettes blanches étaient ternes. Ses cheveux bruns étaient en bataille.

-          C’est bon, j’suis là, me dit-elle insolemment.

-          Il est neuf heures vingt-sept, dis-je. A quelle heure avions-nous rendez-vous ?

-          Neuf heures, répondit-elle en levant les yeux au ciel.

-          Rappelle-moi ce que je t’ai dit en venant te réveiller, ordonnai-je.

-         

-          Je t’écoute ! grondai-je.

Elle leva de nouveau les yeux au ciel et se défendit :

-          Mais c’est bon là ! J’suis là, c’est ce qui compte, non ?!

-          Non, Tessa ! Tu m’as fait perdre mon temps et je ne pourrai jamais le récupérer ! Donc tu vas être punie pour ça !

Alors qu’elle protestait et reculait, je me levai et fonçai sur la jeune fille, déterminée à lui faire payer mon temps perdu. Je me rendis compte que j’étais vraiment en colère lorsque je vis que je l’avais empoignée plus fermement que je n'empoigne mes coaché(e)s d’habitude.

Grâce au fait qu’elle ait mis un survêtement, je n’eus aucun mal à la déculotter. D’ailleurs, je remarquai qu’elle avait mis un string : elle n’avait donc pas encore suffisamment peur de la fessée pour penser à enfiler des protections. Soit, tant pis pour elle. Quelques secondes plus tard, elle se retrouva en travers de mes genoux. J’annonçai :

-          Vingt-six minutes, donc. C’est parti.

Si je suis désormais très endurant grâce à mes très nombreuses heures de pratique, ce dût en revanche être extrêmement pénible pour Tessa. Elle dut passer le pire moment de toute sa vie. Prendre une bonne fessée de vingt-six minutes non-stop est déjà très sévère lorsqu’on a l’habitude d’en recevoir ; mais quand on n’a pas l’habitude, ce doit être insoutenable. Je le savais, et pourtant je ne pouvais pas faire autrement : j’avais promis à Tessa une fessée proportionnelle à mon attente. Remettre en cause cette parole aurait compromis l’efficacité de ma mission ici.

Je lui en voulais de m’obliger à lui infliger cela. En la tapant sans relâcher la cadence, je la grondais d’ailleurs :

-          Tu crois que je n’ai que ça à faire, de t’attendre, Tessa ?! Tu crois que j’ai encore plus de temps à perdre pour toi ?! Tu crois que je ne préfèrerais pas être avec ma femme et mon fils plutôt que de devoir te claquer les fesses parce que tu n’en fais qu’à ta tête ?! Je te préviens : tu n’as pas intérêt à me la mettre à l’envers encore une fois ! Si c’est le cas, je te garantis que ce que tu reçois actuellement te paraîtra être une vraie partie de plaisir !

Pour appuyer mes propos, je m’emparai d’une cuillère en bois pour les trois dernières minutes, de quoi faire comprendre à l’adolescente qu’il ne fallait plus me provoquer.

                Le dernier coup donné, je lui ordonnai :

-          Maintenant, je vais te lâcher : tu vas te relever, te rhabiller et aller t’asseoir sur ton lit dans ta chambre. Je vais te laisser le temps d’accuser ce qui vient de se passer et ensuite, nous ferons notre entretien. Si jamais tu fais le mur, sois sûre que tu ne me reverras jamais : je n’ai pas plus de temps à perdre que celui que j’ai déjà perdu. Si tu n’es pas capable de te comporter avec maturité en souhaitant pleinement que les choses changent, alors je ne peux rien faire pour toi. Tu as compris ?

-          Oui, Aurélien, bredouilla-t-elle, le visage rempli de larmes.

-          Bien. Alors je te laisse. Je te rejoindrai dans un quart d’heure.

Je regardai l’adolescente sortir de la pièce. Finalement, peut-être que j’en aurai pour moins de deux semaines.

 

                Un quart d’heure plus tard, je frappai à la porte de sa chambre :

-          Entrez ! dit-elle.

Bon, elle n’avait pas fait le mur. C’était un bon point. J’ouvris la porte et la découvris allongée sur son lit. Je lui dis :

-          Je sais que tu me détestes mais je ne suis pas là pour que tu m’aimes. Je suis là pour remettre de l’ordre dans ta famille et éviter que tu terrorises tes parents et ton frère.

-          Je sais, dit-elle sèchement.

-          Es-tu disposée à ce que l’on commence à parler ?

-          Vous voulez parler de quoi ? demanda-t-elle sèchement de nouveau.

Je pris cela pour un oui. Je vins m’asseoir à côté d’elle, sur son lit, puis questionnai :

-          Comment étais-tu quand tu étais petite fille ?

-          J’en sais rien, faut demander à mes parents !

-          C’est ton point de vue qui m’intéresse. Comment as-tu vécu ton enfance ?

-          Ben… C’était bien jusqu’à ce que ma mère se barre.

-          Tu avais quel âge ?

-          Douze ans. Répondit-elle avec une voix étouffée.

-          Tu sais ce qui s’est passé ?

-          Ma mère a trompé mon père. Donc mon père l’a foutue dehors. Voilà ce qui s’est passé. Au lieu de la pardonner, il l’a foutue dehors. On s’est ensuite retrouvé tous les trois Timothée, papa et moi, pendant deux ans. Puis Valérie a débarqué.

-          Tu as mal vécu l’arrivée de Valérie ?

-          Oui ! Elle se prenait pour notre mère alors qu’elle ne l’a jamais été et elle ne le sera jamais !

-          C’est pour ça que tu refuses d’accepter son autorité ?

-          Oui !

-          Est-ce elle qui souhaite être ta mère ou est-ce toi qui ne souhaites pas qu’elle le soit ?

-          C’est quoi la différence ?

-          Si, d’entrée, tu as fait un rejet de Valérie en disant : « Ce n’est pas ma mère ! » sans même qu’elle ait souhaité l’être, alors un malaise s’est créé d’emblée. Malaise qui aurait pu être évité.

-          Mouais. Admettons.

-          Bon, et remontons avant le départ de ta mère. Comment ça se passait ?

-          Bien. Enfin j’crois.

-          Tu crois ?

Tessa marqua un moment de pause puis dit :

-          Timothée est l’enfant parfait. Il a toujours été l’enfant parfait. Tout ce qu’il faisait était toujours parfait. Moi à côté j’étais…

-          Le vilain petit canard ?

-          C’est ça. Bref, vous ne pouvez pas comprendre.

-          Tu penses que je ne peux pas comprendre ?

-          C’est évident ! Regardez-vous ! Vous devez être un fils unique, gosse de riche, qui a réussi dans sa vie professionnelle et personnelle. Moi, je ne suis qu’une ratée. Tessa, la ratée.

Je ris.

-          Allez-y, foutez-vous de moi !

-          Je ne me fiche pas de toi, Tessa, expliquai-je. Je ris seulement des préjugés que l’on peut avoir.

-          Comment ça ?

-          Tu me penses fils unique, né avec une cuillère en argent dans la bouche.

-          Ce n’est pas le cas ?

Livrer des détails de sa vie privée aide l’interlocuteur à se mettre en confiance. Je dis alors :

-          J’ai sept frères et sœurs. Je suis le numéro trois dans la fratrie. Mon père est mort quand j’avais sept ans, ma mère a ensuite toujours galéré pour joindre les deux bouts. Elle enchaînait même deux boulots pour pouvoir nous nourrir. Et j’ai deux grands frères qui ont également eu des parcours parfaits ; alors crois-moi, je peux te comprendre.

J’omis évidemment de dire à Tessa que moi aussi, j’avais eu un parcours plus ou moins parfait.

-          Ma mère, mon père et ma belle-mère ont toujours préféré Timothée. C’est comme ça.

Complexe d’infériorité. Tessa a besoin de se faire entendre, qu’on sache qu’elle existe. Situation typique que j’ai déjà vue dans un paquet de familles.

-          Et Timothée ? demandai-je à Tessa. Tu lui as déjà demandé ce qu’il pensait de tout ça ? Car oui, tes parents ont deux enfants et peuvent, à la limite, faire une préférence. Admettons. Mais ton frère, lui, n’a qu’une seule sœur. Tu es donc forcément sa préférée.

-          Où est-ce que vous voulez en venir ?

-          Tu en veux à tes parents d’avoir une préférence pour ton frère. Tu ne t’es pas dit que ton frère aussi pouvait leur en vouloir de le préférer à toi ? Tu sais, la place de « chouchou » peut aussi faire souffrir !

J’en sais quelque chose : je suis le chouchou de ma mère. On a une pression constante sur les épaules : tous les espoirs maternels reposent sur moi. Je n’ai pas le droit à l’erreur.

-          Je n’avais pas vu les choses comme ça, me dit Tessa.

-          As-tu essayé d’en parler avec ton frère ?

-          Il me hurle dessus tout le temps !

-          Parce que tu lui manques de respect ! Et si tu essayais d’être diplomate et respectueuse avec lui ?

-          Je…je ne sais pas comment faire.

-          Tu aimerais que je cale une entrevue avec ton frère, juste nous trois ?

Tessa hocha la tête.

-          Bien. Alors nous ferons cela. En attendant, j’aimerais que tu écrives quatre lettres : une pour ta mère, une pour ton père, une pour ta belle-mère et une pour ton frère. J’aimerais que tu leur dises tout ce que tu n’oses pas leur dire ; j’aimerais que tu ouvres carrément ton cœur. Sans peur, sans angoisse, sans rien. Je veux juste que tu parles avec ton cœur. Tu peux faire ça pour moi ?

Tessa hocha une nouvelle fois la tête.

-          Oui qui ? la repris-je immédiatement.

-          Oui, Aurélien, répondit-elle blasée.

-          Bien. Je veux ces quatre lettres pour vendredi soir. Cela te laisse presque quatre jours entiers. Applique-toi.

-          Oui, Aurélien.

-          D’accord. Sur ce, je te laisse tranquille.

 

L’entretien suivant fut avec la belle-mère : Valérie, sans retenue, me narra son arrivée dans la famille et ses débuts compliqués, notamment avec Tessa.

 

Puis, vint l’heure du repas du midi. La famille me proposa de déjeuner avec eux, j’acceptai volontiers. L’ambiance était conviviale, jusqu’à ce que Tessa textote à table. Puisque personne ne réagit, je fis remarquer :

-          Pourquoi ne réagissez-vous pas ?

-          A quoi ? demanda Timothée.

-          Lisez les règles affichées au mur et dîtes-moi ce qui ne va pas.

Après m’avoir obéi, Jean-Paul tilta. Il ordonna à sa fille :

-          Tessa, nous sommes à table. Range-moi ce téléphone, s’il te plaît.

Après la rouste de ce matin, je m’attendais tout de même à ce qu’elle dise : « Oui, papa » et qu’elle repose son smartphone. Mais non.

-          Ouais attends, j’réponds juste à Jérem’, il m’a envoyé un message.

-          Tu lui répondras quand tu seras sortie de table ! insista Jean-Paul.

-          Mais j’en ai que pour cinq minutes !

-          Tessa, repose ce téléphone ! gronda le père de famille.

-          Mais je n’en ai pas pour longtemps ! protesta la jeune fille.

-          Tu lui répondras après le repas ! Mais pour le moment, tu…

-          Vous discutez trop, intervins-je auprès du père.

-        Tessa, je compte jusqu’à trois : si tu n’as pas reposé ce téléphone, je te flanque une fessée !

Je fis un signe de tête pour montrer mon approbation.

-          Un !

Tessa souffla d’agacement mais posa son téléphone. J’admis ce bon point.

-          Je ne veux pas t’entendre souffler ! continua le père. Quand je te dis quelque chose, tu obéis, un point c’est tout !

-         

-          Je n’ai pas entendu, Tessa ! intervins-je une nouvelle fois.

-          Oui, papa ! dit-elle, légèrement agacée.

Bien, nous sommes sur la bonne voie.

 

                Je consacrai l’après-midi aux entretiens avec les garçons : Jean-Paul, puis Timothée. Tous deux me narrèrent leurs versions de l’histoire. Le point positif était que Jean-Paul reconnaissait aisément ses erreurs de père, notamment envers Tessa. Je le rassurai néanmoins en lui disant qu’il n’y avait pas de parent parfait : cela s’apprend sur le tas.

Après leur avoir donné le même exercice qu’à Tessa, je quittai la maison en direction de mon hôtel : j’avais rendez-vous pour une interview téléphonique avec un grand magazine.

 

                Dix-neuf heures : j’appelle ma femme, inquiet. Je n’ai toujours pas de nouvelles. Au bout de deux sonneries, elle décroche :

-          Allô ?

-         Amour, c’est moi ! lui dis-je. Je n’ai pas de nouvelles, je me suis inquiété…

-          Excuse-moi mon cœur.

-          Ça ne te ressemble pas…

-          Je suis vraiment désolée. Nous sommes rentrés des urgences vers quatorze heures et nous nous sommes littéralement écroulés de fatigue. Je ne voulais pas te déranger alors…

-          Tu sais bien que tu ne me déranges jamais quand il s’agit de vous ! Bon alors, quelles sont les nouvelles ?

-          Gabin a bien une otite. Mais elle sera vite guérie. Nous allons bien. Je m’apprêtais à lui donner son dîner et à le coucher.

-          D’accord. Bon, tant mieux.

-          Et toi, de ton côté ?

-          Ça a été. La petite dont je m’occupe est très attachante.

-          Tu dis ça de chacun de tes clients, ria ma femme.

-          Je sais, mais elle l’est vraiment.

-          Tu n’as pas trop esquinté ta main ?

-          Seulement pendant vingt-six minutes.

-          Non-stop ?!

-          Non-stop. Bon, les trois dernières minutes, j’ai cédé en prenant une cuillère en bois. Pas par manque d’endurance mais par volonté de faire entrer comme il faut la leçon.

-          Qu’est-ce qu’elle a fait pour en mériter une aussi bonne ?

Je racontai à Marine ma perte de temps de ce matin.

-          Effectivement, c’était justifié, conclut-elle. Quel est ton programme ce soir ?

Après avoir informé ma femme du reste de ma soirée puis nous être échangés des mots doux, je raccrochai.

 

                Mon agent et moi sortîmes dîner dans un restaurant indien non loin de l’hôtel. Puis, en rentrant dans ma chambre, je rédigeai le compte-rendu de ma journée avant de sombrer dans les bras de Morphée.

 

A suivre…

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 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -