Tous deux dans
la suite de leur hôtel de luxe, Kathleen et Valentin se disputaient fortement. Kathleen
était en chemise de nuit, Valentin était en tee-shirt et caleçon. Le lit
servant de no man’s land, ils étaient chacun d’un côté de ce dernier, face à
face, à exprimer leurs désaccords. Les répliques allaient de l’un à l’autre en
atteignant chaque fois la cible désirée.
-
Valentin, tu te rends compte de la gravité de la
situation ou pas ?! s’inquiétait Kathleen.
-
Bien sûr que je m’en rends compte ! répondait
le PDG. J’essaie justement de réfléchir à une solution ! Et je pense que
mes réflexions seraient plus efficaces si elles étaient aidées des tiennes !
-
Il n’y a pas trente-six solutions, Valentin !
Il faut éloigner Judith de nos enfants !
-
Judith est également mon enfant !
-
Certes, elle est ton enfant ! Mais elle est
ta fille depuis quoi…cinq minutes ?! En attendant, elle fait souffrir
Hermione, Trent et Zoé !
-
Je sais, Kate…
-
Alors pourquoi tu ne fais rien ?! s’époumona l’assistante maternelle. Aide-moi à comprendre car je suis vraiment dans l’impasse
la plus totale !
-
Romain et Manon ont corrigé Judith, j’en remettrai
une couche en rentrant, et je pense que…
-
Oh parce que tu crois que trois bonnes fessées
aussi carabinées soient-elles vont enrayer un harcèlement scolaire ?! coupa
Kate, furax.
-
Oui, je le crois, affirma Valentin. Une fessée,
c’est parfois très dissuasif…
-
Arrête, Valentin ! Ne me parle pas comme si
je ne savais pas ce que c’est que de recevoir une fessée ! On s’est
justement mis en couple parce qu’on la pratique tous les deux ! Le
problème est beaucoup plus profond que ça ! Même si tu crois le contraire,
tout ne se règle pas avec une fessée !
-
Certes, mais je sais que Judith en a peur alors…
-
Alors tu espères que ça va fonctionner ? Et
si ça ne fonctionne pas, hein ?! Si ça empire les choses ! Que
feras-tu ?!
-
Eh bien j’aviserai, répondit l’homme d’affaires.
-
Tu aviseras ?!
Kathleen faillit exploser de
colère. Elle tenta de se calmer puis dit froidement :
-
Je te fais confiance sur ce coup-là. Je te
laisse exactement une semaine, pas un jour de plus. Si, d’ici là, la situation
n’est pas réglée, je prends mes jumeaux et je me casse. Plus de mariage, plus
rien. Ce sera terminé Valentin, tu entends ?! Ter-mi-né !
Le père de famille resta bouche
bée. Il mit plusieurs secondes à prononcer ces mots :
-
Tu…tu me quitterais pour une histoire bénigne de
harcèlement scolaire ?
-
Bénigne ?! Le harcèlement scolaire, ce n’est
jamais bénin, Valentin ! Hermione souffre ! Zoé et Trent souffrent !
Tout ça à cause de ta fille sortie de nulle part !
-
A… Après tout ce qu’on a traversé, on s’était
promis que les enfants ne nous sépareraient jamais…
-
Ça, c’était avant qu’une gamine avec le diable
au corps débarque en se proclamant une Duhamel, et fasse vivre un enfer à la
mienne ! Et ce qui me désole encore plus, c’est qu’en défendant Judith de
la sorte, tu minimises la souffrance de Trent et Zoé !
-
Mais, Kate…
-
Une semaine, Valentin. Pas un jour de plus. Dans
une semaine, si la situation ne s’est pas améliorée et que ma fille souffre
toujours, tu auras un choix à faire : soit Judith, soit moi. Ce sera à toi
de choisir.
Valentin ne répondit rien et
se coucha dans le lit. Lorsqu’il vit Kathleen lui tourner le dos, il lui
demanda :
-
Tu ne viens pas te coucher ?
-
Non ! Je vais dormir sur le canapé ! J’ai
largement ma dose de Valentin Duhamel pour ce soir !
Valentin se demanda s’il ne
devrait pas lui donner une fessée pour calmer ses nerfs ; mais il se ravisa
aussitôt, se disant que ce n’était vraiment pas une bonne idée. Effectivement,
la fessée ne règle pas tout ; et encore moins les disputes conjugales de ce
calibre. Il envoya alors un texto à Romain et Manon :
« Je
compte sur vous pour faire vivre un véritable enfer à Judith, jusqu’à ce qu’elle
arrête ses bêtises. Si elle n’est toujours pas décidée à laisser Hermione,
Trent et Zoé tranquille, je l’envoie en pension dès dimanche soir. »
Valentin
pensait qu’envoyer Judith en pension accentuerait son sentiment d’abandon. Ce n’était
donc pas une bonne solution. Néanmoins, c’était la solution la plus rapide qu’il
ait trouvée ; et surtout, c’était la solution qui lui permettrait de garder
sa fiancée dans l'immédiat...
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