Je suis en poste depuis le 20 septembre. Vingt-trois élèves
constituent ma classe de CE1-CE2. Malgré mes soixante-cinq heures de travail hebdomadaires
pour que ma classe tourne correctement, je m’épanouis pleinement dans mon
métier, ce métier que je voulais faire depuis tellement longtemps et pour
lequel Hugo et moi avons fait tant de sacrifices.
Mon mari et moi filons le parfait amour. Hormis les
quelques petits désaccords rythmant la vie de couple, Hugo et moi sommes
toujours aussi amoureux et toujours aussi fusionnels et complices. Nous déménageons
dans quelques jours dans notre nouvelle grande maison et notre désir d’enfant fait
notre actualité.
Je me sens une femme heureuse, épanouie et accomplie.
Et le
tutorat dans tout ça ?
Eh bien… C’est le sujet de ma réflexion du moment.
Dois-je continuer le tutorat ?
Ma psy me dit que oui. Il le faut. Je suis quelqu’un
qui cherche constamment à dépasser les limites et qui a grandement besoin d’un
garde-fou. Et puisque le seul garde-fou qui fonctionne est la fessée, il faut
impérativement que j’en passe par là. Elle dit que si on ne me stoppe pas, je
pourrais me mettre très gravement en danger, comme c’est déjà le cas avec ma
maladie. Apparemment, c’est le cas de la majorité des anciens enfants-rois :
chercher sans cesse à repousser les limites jusqu’à ce que le corps ou le psychique
lâche. Le tutorat m’aide à ne pas en arriver là. Mais sans tuteur, pourrai-je m’auto-contrôler ?
Elle pense que non. C’est trop tôt.
Hugo me dit que la suppression de cette épée de
Damoclès lui fait peur. Si je n’ai plus de cadre, de quoi serais-je capable ?
Déjà que ce n’est pas glorieux avec un cadre… Idéalement, mon mari aimerait que
je puisse être libérée d’un tutorat, mais pour le moment, il ne pense pas cela
possible.
Et moi, que me dis-je ?
Ma pratique de la fessée, en chiffres, ça donne :
-
8 ans,
-
18 tuteurs,
-
2 tutrices,
…et un nombre incalculable de fessées
reçues. Si certaines m’ont énormément marquée, la plupart resteront effacées de
ma mémoire.
Je crois bien que tous les
instruments ont tanné mes fesses : du martinet à la canne, en passant par la
tawse et le paddle. Tout cela pour quoi ? Pour punir un manquement : devoirs
non faits, couvre-feu non respecté (ah…ce couvre-feu !), médicaments non pris…
Et cela fonctionnait. Je filais
droit quelques temps puis lorsque je voyais la menace d’une nouvelle fessée s’éloigner,
je retombais dans mes travers.
Le tutorat avec Thomas a marqué un profond tournant
dans ma pratique de la fessée. Pour la première fois, j’avais à faire à un
tuteur extrêmement disponible, qui pouvait me convoquer à tout moment. Un
tuteur intransigeant, impossible à amadouer ou à arnaquer. Un tuteur avec
lequel les excuses bidon ne fonctionnaient pas ; et surtout : un tuteur
qui réussissait à me faire craindre la fessée à un tel point que j’en tremblais
parfois.
Néanmoins, je crois qu’à la suite de ce tutorat, ma résistance
a atteint son paroxysme. Existe-t-il un tuteur capable de me faire à nouveau
trembler ? Gabriel réussit à le faire lorsqu’il est dans une colère
extrême, c’est vrai. Mais je ne sais que trop bien que cela est ponctuel et qu’il
faudra encore un petit temps pour se revoir.
La dernière fessée que j’ai reçue remonte à fin août.
Depuis, je ne ressens plus la nécessité de recevoir une fessée. Bien que je n’aie
jamais réellement souhaité en recevoir – j’y allais toujours à reculons, pour « mon
bien » -, je me surprenais parfois à me dire : « Là, tu en aurais
mérité une, Lucie ! » ou alors : « Heureusement que tes
fesses sont à l’abri ! ». Mais plus maintenant. Depuis deux bons mois,
je ne me suis pas dit une seule fois : « Tu aurais dû prendre une
bonne fessée, là ! ».
Et pourtant, il y en a beaucoup qui se sont perdues
depuis août. Vraiment beaucoup, je vous l’assure ! J’ai dépassé les
limites à un tel point que « dépasser » est un euphémisme.
En voiture, j’ai roulé jusqu’à 30 km/h au-dessus des
limitations de vitesse.
Je n’ai porté mes lunettes que trois ou quatre fois
en trois mois de temps alors qu’elles me sont obligatoires.
J’ai négligé ma santé et notamment ma maladie intestinale
à un tel point que j’en ai fait un arrêt cardiaque. Mi-septembre, j’ai clairement
failli y passer. Un arrêt cardiaque de plusieurs minutes suite auquel les
médecins ne peuvent expliquer ma bonne santé. « Madame, c’est vraiment un
miracle que vous ayez survécu et que vous alliez si bien ! Vous devriez
être soit morte, soit un légume. ». Je paye encore cet arrêt cardiaque
avec l’extrême fatigue qui ne me quitte désormais plus ; et mes nombreuses
heures de travail n’arrangent rien.
Alors oui. Avec tout ça, j’aurais dû prendre une
fessée. J’aurais même dû prendre la pire fessée de toute ma vie. J’aurais dû
pleurer toutes les larmes de mon corps, supplier pour que la punition s’arrête
et promettre au moins deux cents fois de ne pas recommencer. Pourtant, je
continue de remettre l’idée d’avoir un tuteur en question. Hugo me dit parfois :
« Tu mériterais vraiment une fessée ! » mais ne passe pas à l’acte
car il sait que cela pèse sur notre couple. Cependant, hormis mes conneries qui
ont failli me coûter la vie, je suis fautive de filer autant d’inquiétude à mes
proches. Seulement, le seul fait d’en être consciente ne me stoppe pas ;
et c’est bien là tout le problème.
Demain, Gabriel vient passer la journée avec moi. Il
va fatalement y avoir un moment pour qu’on « discute » de ce qui s’est
passé depuis fin août. Au-delà du fait qu’il est furax que je me néglige
autant, je le sais très inquiet pour moi. Je vais tenter de le rassurer comme
je peux mais comment faire ? Je ne peux pas lui promettre que je vais
faire attention puisque j’ai besoin de dépasser les limites. Je ne peux
pas lui dire que je sais ce que je fais puisque je n’en ai aucune idée. Je ne
peux pas lui dire que je vais être prudente puisque la prudence ne fait même pas
partie de mon vocabulaire.
J’en ai assez. Depuis que je me sens accomplie et
vraiment épanouie, j’en ai assez de me faire traiter comme une petite fille pas sage
à laquelle on baisse la culotte pour flanquer une bonne fessée. Je ne supporte
plus cette régression. « C’est justement parce que vous ne la supportez
plus qu’elle sera doublement efficace ! » en a conclu ma psy.
Alors dois-je continuer le tutorat ou non ?
Aurai-je une nouvelle séance à vous raconter demain soir, ou non ?
Affaire à suivre…
Bonjour, et bien je suis actuellement en même remise en question que toi. J'ai des ce2 depuis la rentrée, la classe me prend clairement tout mon temps aussi, et je me demande si je continue d'être cadrée ou non. C'est difficile de se sentir cadré alors qu'on cadre nos élèves.
RépondreSupprimerBon courage pour ta santé
Exact... Tu as tout compris ma belle ! Merci... Bon courage à toi aussi !
SupprimerBonjour Lucie,
RépondreSupprimerIncontestablement, tu as besoin d'être tenue, et ce pour plusieurs raisons : 1 - cela te rassure, 2 - cela t'empêche d'aller trop loin, 3 - mine de rien, tu crains la fessée, ce simple mot crée un gène sensible chez toi.
4 - ta santé en dépend,
Alors, ne lâche rien ! Oui, ce n'est pas agréable, mais parce que tu n'aimes pas être fessée comme une gamine, et surtout par ton frère de cœur, c'est efficace.
Bon courage à toi, je pense souvent à toi.
Ton 1 n'est pas tout à fait juste... Cela ne me rassure pas ! Mais les 2, 3 et 4 sont justes. Merci pour ton commentaire !
SupprimerAu diable la psy...Si tu sens la moindre regression, alors arrête de suite, si je peux me permettre, je te suis depuis quelque temps, et je ne pense pas que la fessée soit une réelle thérapie pour toi...des bétises, tout le monde en fait..les lunettes, etc...c'est peanuts pour moi....Peut etre que justemment, le fait de ne plus te faire passer pour une jeune vilaine fille va te faire grandir, et je ne te dis pas quand tu auras le bonheur de devenir maman....juste bien prendre tes médocs, surtout si encore tu deviens maman, tu seras responsable !!!! Bises....Je ris car je suis sur un blog de fessée et je préconise d'arreter.....tant que tu continues a écrire de belles histoires
SupprimerMerci beaucoup Juju !! Je ne pense pas non plus que ce soit une thérapie (sinon je ne verrais pas une psy à côté...) mais je suis quand même convaincue que c'est un garde-fou, ça oui. Et mes proches ont raison lorsqu'ils disent que l'absence de ce garde-fou leur fait peur... Il me fait peur à moi aussi. Avec la menace d'une fessée, je ne fais déjà que de petits efforts alors sans cette menace... Bref, on essaie autre chose avec Gabriel, on verra ce que ça donne ! Merci pour ton commentaire en tout cas :)
SupprimerBonsoir 🤗,
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le commentaire de Juju, très réaliste.
Arrivé au stade de se mettre en danger à ce point malgré les raclées que tu as déjà prises, ça ne me semble pas judicieux de continuer pour ces raisons.
Un garde fou ? Tu le dis toi même, tu ralentis un peu mais ralentir de te sortiras pas totalement du danger.
Tu as de magnifiques projets professionnels et personnels, un mari qui t'aime, qui veille sur toi.
Tu devrais prendre soin de ta santé pour toutes ces belles raisons et au diable ton passé d'enfant roi. Le passé doit servir à te guider, pas comme une excuse.
La vie se déguste chaque jour comme une saveur particulière et le futur que tu souhaite guide certains de tes choix, de vos choix.
Tu as raison d'essayer autre chose avec ton frère de cœur car trop longtemps tu t'es focalisé sur les mêmes règles.
J'espère sincèrement que tu trouveras la force de prendre soin de ton corps comme tu prends soin de ton esprit par ton épanouissement (professionnel, personnel)
Bise
Merci beaucoup pour ton commentaire !
SupprimerCette mise en danger a été faite aussi parce que je me sentais à l'abri, que je savais Gabriel loin de moi. Et ça, je ne peux le nier.
Je ne cherche pas à me trouver des excuses, au contraire ! Je travaille à modifier cela et à trouver des solutions. Si j'avais voulu me reposer sur ces excuses, je n'aurais pas cherché à mettre en place un tutorat, ou à chercher des solutions... Le fait est qu'il y a tout un fonctionnement à remettre en question et cela ne se fait pas du jour au lendemain. En attendant, il faut que je trouve des parades.
Oui, j'en ai assez d'avoir un tutorat. Il est vrai que ça me pèse. Mais je ne peux aussi nier que c'est efficace (j'ai fait des progrès pas possibles avec Thomas, par exemple !). J'essaie de trouver d'autres solutions pour éviter de m'infliger cela mais la fessée peut rester le dernier recours... On verra comment se passe l'avenir.
Merci Miss Betty !!
Coucou, je te suis avant même tes tutorats avec Thomas et j'observe ton "évolution". Pour moi tu devrais continuer d'être cadrée, puisque tu vois que toi-même tu t'es bien négligée au niveau de ta santé.
RépondreSupprimerSi tu ne veux pas être traité comme une petite fille pas sage, alors comportes-toi comme une grande, tu le fais pas alors tu sais que t'es légitime d'être traité comme tel.
D'autant plus que maintenant tu suis une classe de petits, tu trouves ça crédible que tu cadres des petits, alors que toi-même tu ne te cadre pas ?
Je ne te le souhaite pas, mais vu comment tu es avec ta santé, j'espère qu'il ne t'arrivera jamais de malaises au travail. Surtout que ce travail est le fruit obtenu grâce au tutorat que tu avais avec Thomas, puisque excuse-moi, si tu n'aurais pas obtenue ton diplôme, tu n'aurais pas pu travailler aujourd'hui.
Tu nous as pas expliquer les réelles causes de la fin de ton tutorat avec Thomas, on comprend que tu veux garder une partie pour toi, mais il te faudrait retrouver un tuteur à la hauteur de ce dernier, même si ok a bien vu.quw c'est une tâche difficile.
J'ai ressentie aussi dernièrement que tu illustre une grande partie de ta biographie dans l'héroïne "Marie" des etudiantes recueillies, je pense que tu t'exprimes beaucoup à trawers ce personnage et qu'en réalité, tu te sens perdue sans ce cadre qui t'était attribué. Méme si Gabriel te surveille de loin, tu as besoin d'un cadre constant à tes côtés.
Bon courage pour la suite.
Si le tutorat avec Thomas a cessé, c'est pour des raisons personnelles de son côté, qui n'ont absolument rien à voir avec moi. Parfois, la vie fait qu'on ne peut pas continuer certaines choses... C'est comme ça ! Et effectivement, la tâche est très compliquée. Trouver un tuteur à la hauteur de Thomas (admettons que j'en aie vraiment envie) me semble aujourd'hui impossible.
SupprimerMarie et moi sommes très différentes ! Elle me ressemble caractériellement (moins depuis plusieurs chapitres puisqu'elle a sa propre évolution) mais elle est quand même bien différente de moi. Même si cela paraît très flagrant avec Marie, je m'exprime à travers toutes mes héroïnes ! :)
Le fait que Marie soit une ancienne enfant-roi dans une famille recomposée est la situation de beaucoup de jeunes filles, c'est cela que j'ai voulu illustrer (d'ailleurs, d'après les messages privés que je reçois, Marie est l'héroïne à laquelle les lectrices s'identifient le plus !) ; ce n'est pas forcément un lien direct avec mon vécu.
Merci pour ton com ! :)