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Non négociable ! (Week-end familial - Jour 1)

 


Vendredi 9 septembre 2022.

 

                Après un long périple, nous arrivâmes en Bretagne en début d’après-midi. Puisque ma fratrie ne pouvait pas se libérer avant dix-neuf heures, ma mère passa l’après-midi avec Gabin, Marine et moi. Après la sieste de mon fils, nous allâmes nous balader sur la plage et manger une glace.

 

A dix-neuf heures, j’avais demandé à mes frères et sœurs – excepté Alana – de me rejoindre dans un restaurant du centre-ville de Plomodiern, village où nous résiderions tout le week-end. Marine et Gabin avaient rejoint mes belles-sœurs, mon beau-frère, mon neveu et mes nièces au gîte, histoire de nous laisser en fratrie sans aucune influence extérieure.

                Une fois que tout le monde fut réuni et que nous nous soyons échangés des banalités, nous commandâmes notre repas au serveur. En attendant que les plats arrivent, Léana demanda :

-          Bon, qu’est-ce qu’on fait avec la p’tite ?

-          Je propose qu’on aille la voir tous ensemble, répondit Olivia. Tous les sept. D’habitude, lorsqu’elle fait une connerie, c’est celui qui est disponible en premier qui la recadre. Là, il faut qu’on y aille tous les sept, qu’on lui mette un gros coup de pression tous ensemble et qu’ensuite l’un de nous lui en colle une salée devant le reste de la fratrie. Croyez-moi, avec un truc comme ça, elle ne recommencera pas !

-          Je suis assez d’accord avec Olivia, dit Justin. Il faut vraiment qu’on marque le coup et ce qu’elle propose n’est pas bête.

Olivia bomba le torse pour signifier sa victoire : l’aîné de la fratrie était d’accord avec elle !

-          Vous pensez vraiment qu’il y a besoin de lui flanquer une nouvelle fessée ? demanda Lubin. J’l’ai fait hier soir. Elle en prend quasiment une fois par mois. Ça n’a pas l’air de la calmer.

-          Je ne veux pas te vexer Lulu, intervint Baudoin, mais est-ce que tu lui en as mis une assez salée ? Je veux dire, tu n’y es peut-être pas allé assez fort et…

-          T’insinues quoi, là ?! s’emporta Lubin.

-           Il n’insinue rien du tout, dit Léana. Il dit juste qu’il faut que notre petite sœur en prenne une assez salée pour éviter de récidiver. C’est notre mère qu’elle fait pleurer ! Je pense qu’on est tous aussi révoltés les uns que les autres. Moi, je rejoins la proposition d’Olivia : on lui met la pression tous les sept ensemble – comme ça elle verra que nous faisons bloc – et ensuite, l’un d’entre nous lui en colle une très salée. Reste à savoir qui.

-          Aurélien, proposa Anastasia. C’est son job, il colle des fessées à longueur de journées. C’est le mieux rôdé d’entre nous à cet exercice ; et puisqu’Alana le craint, ce sera double bénef’.

Il est vrai que je n’ai jamais été tendre avec ma plus petite sœur. J’ai toujours été très dur avec elle – car elle a toujours été très chipie ! – et je n’ai qu’un rapport disciplinaire avec elle comparé au reste de ma fratrie qui l’a toujours plus ou moins chouchoutée.

-          T’en dis quoi, Aurél’ ? me demanda mon frère aîné. Tu serais partant ? Tu n’as même pas donné ton avis jusqu’ici. Tu penses quoi de ce qu’on vient de dire ?

J’ai tendance à beaucoup écouter et observer, et à ne prendre la parole que si c’est nécessaire. Mes frères et sœurs saluent ce trait de caractère : grâce à lui, je réussis à cerner très vite les gens et les situations.

-          Eh bien… hésitai-je. Je suis d’accord avec ce que vous avez dit : oui, nous devons lui tomber dessus tous les sept. Oui, il faut lui faire regretter son comportement et je suis d’accord pour m’en charger. Ce qui me taraude, c’est l’après : une fois le week-end terminé, lorsque nous serons tous repartis, qui la surveillera ? Lubin ne sera même pas là puisqu’il part en stage à Londres. Donc pendant les douze semaines d’absence de Lubin, personne ne sera là pour la recadrer. Elle pourra faire toute la misère qu’elle veut à maman en toute impunité. Et à ce moment-là… A quoi aura servi notre coup de pression ? Nous devons agir sur la durée. Lui montrer que nous ne la lâcherons pas et que le moindre faux pas aura des conséquences.

-          Que proposes-tu ? me demanda Justin.

-          A part Baudoin, nous habitons tous près de la capitale donc près de l’école d’Alana, dis-je. Je propose donc que nous prenions Alana chez nous, à tour de rôle. Une semaine chacun. On fait un roulement. Et pour que Baudoin ait sa part, elle ira chez lui pendant les deux semaines de vacances scolaires. Ainsi, à chaque fois qu’elle fera un pas de travers, il y a aura toujours quelqu’un pour la recadrer ; de plus, ça va la faire profondément suer d’être ballottée à droite à gauche : mais ce sera le deal que nous passerons avec elle. Si elle veut rentrer chez maman avec son petit confort, elle a intérêt à se tenir à carreaux. Sinon, on continuera de l’avoir à tour de rôle. Maman ne peut pas continuer à subir la présence de sa fille, alors il faut que sa fille comprenne.

Tout le monde approuva mon idée, excepté Lubin qui culpabilisait de ne pas pouvoir prendre son tour : nous le déculpabilisâmes tout de suite en lui disant qu’il avait largement pris son tour depuis qu’Olivia avait pris son indépendance.

 

                Après avoir dégusté nos plats de résistance et commandé nos desserts, nous fîmes le calendrier de garde de notre petite sœur. Puis, Justin, Baudoin, Olivia et moi appelâmes nos conjoints respectifs pour leur demander leurs accords concernant cette garde alternée.

-           Pas de problème mon choupinou, me répondit Marine. T’inquiète, je t’aiderai à serrer la vis !

-          Oh tu sais, vu comme ma sœur me craint, à mon avis on aura deux semaines cool !

-          Oui, tu as raison ! ria ma femme.

 

Marine et moi accueillerons donc Alana chez nous la semaine du 19 septembre et la semaine du 7 novembre. Il fallait absolument que j’en aie fini avec Tessa la semaine prochaine pour pouvoir être sûr de rentrer chez moi tous les soirs la semaine d’après. Il était impossible pour moi de laisser Marine, enceinte, seule avec Gabin et Alana à gérer.

 

Nous payâmes l’addition, puis sortîmes du restaurant. Baudoin nous demanda alors :

-          Bon, on fait comment ? On rentre et on la calme ce soir ou est-ce qu’on attend demain matin ?

-          Tout de suite, répondirent en chœur Anastasia, Olivia et Lubin.

Bon, eh bien… Tout de suite.

 

                En arrivant au gîte, nous nous y cassâmes le nez : Marine avait emmené ma petite sœur faire une promenade au clair de lune pour pouvoir endormir Gabin dans la poussette : notre fils a beaucoup de mal à s’endormir autre part que dans son lit habituel. Comme je connaissais ma femme, elle voulait sûrement en profiter pour discuter avec Alana et comprendre le pourquoi du comment. Tant pis, nous attendrions son retour. Baudoin en profita pour nous demander :

-          Au fait, il faudrait peut-être en parler à maman…

-          Maman n’est absolument pas objective quand il s’agit d’Alana ! s’exclama Olivia. Elle prendra sa défense et nous empêchera de faire ce que nous avons prévu de faire. Non, il ne faut rien lui dire.

-          J’en fais mon affaire, déclara Justin. Je la prendrai à part pour lui parler.

Mes deux grands frères eurent le temps de coucher leurs enfants avant que les promeneurs rentrent.

Lorsque ce fut le cas, nous profitâmes que notre mère soit au cinéma avec des amis bretons pour nous occuper d’Alana. Toute la fratrie s’était réunie dans sa chambre. Ayant mon étiquette de « frère pas cool », j’avais été désigné d’office pour l’y emmener. J’attendis que les promeneurs passent la porte d’entrée.

-          Salut, me dit ma sœur en me faisant la bise.

-          Salut, lui répondis-je. Tu sais pourquoi je tire la tronche ?

-          Tu tires toujours la tronche, répondit-elle.

Faux. Mais je ne la contredis pas : après tout, c’est sa représentation à elle.

-          Papa !! cria Gabin qui ne s’était finalement pas endormi malgré sa tête de petit garçon très fatigué.

Je le serrai contre moi. Alors qu’il essayait de me raconter avec ses mots approximatifs la promenade qu’il venait de faire, je lui répondis :

-          Tu veux bien me raconter tout cela après, mon amour ? Papa doit s’occuper de tata Alana.

Je donnai mon fils à ma femme après les avoir embrassés tous les deux. Alana en profita pour se faufiler comme si de rien était. Je la repris :

-          Je n’ai pas terminé avec toi !

-          Quoi ?! C’est bon, là ! m’aboya-t-elle en se retournant.

-          Tu me parles autrement ! grondai-je, ce qui la renfrogna un peu. Tu trouves que je tire toujours la tronche, soit ! Mais aujourd’hui, je la tire un peu plus que d’habitude. Tu sais pourquoi, j’imagine ?

-          C’est bon, Lubin m’a déjà punie ! protesta-t-elle.

-          Ah parce que tu crois que ça va suffire ?! Tu rêves, ma sœur ! Monte dans ta chambre.

Je la vis se décomposer.

-          Non mais Aurél’, attends… Je vais t’expliquer…

-          Je ne veux pas de tes explications. Tu montes dans ta chambre tout de suite !

-          Mais…

-          Il faut que je te flanque une fessée ici ?! Au milieu du salon ?! Parce que je peux le faire, ce n’est pas un problème !

-          Non, s’te plaît…

-          Tu fais moins la fière là, hein ?! Tu vois, c’est exactement le comportement que t’aurais dû avoir lorsque tu as crevé les pneus de maman hier ! La peur et la culpabilité !

-          C’est bon, j’suis désolée…

-          Arrête avec tes « c’est bon » ! Je t’ai déjà dit de me parler autrement !

-          Mais pardon là…

-          Ce n’est pas une réponse qui me satisfait non plus ! Monte dans ta chambre, Alana.

-          Mais Aurél’, s’te plaît…

-          Si je dois le répéter une quatrième fois, je te jure que tu vas aggraver ton cas !

Je vis les premières larmes rouler sur les joues de ma petite sœur. Mon cœur se serra mais tant pis : elle n’avait qu’à pas faire pleurer ma mère. Maman est la prunelle de mes yeux, quiconque lui fait du tort ne s’en sort pas indemne. Ma sœur allait vite le comprendre.

 

                Alana monta les escaliers, je la suivis. Elle se dirigea dans sa chambre, pensant que j’allais lui tomber dessus seul, comme à chaque fois qu’elle a fait une grosse bêtise. C'est toujours l’un d’entre nous qui se dévoue pour la remettre d’équerre ; cette fois-ci Alana pensait que c’était moi. Elle n'avait pas tout à fait tort...

Mais lorsqu’elle ouvrit la porte et qu’elle vit le reste de la fratrie la fusillant du regard, elle dût se dire immédiatement qu’elle avait vraiment trop déconné.

-          Va t’asseoir sur ton lit, lui ordonnai-je en fermant la porte derrière moi.

La chambre d’Alana est spacieuse : elle fait plus de 25 mètres carrés. A huit, nous y sommes très à l’aise.

                Justin et Baudoin étaient chacun assis sur un pouf, Olivia, Léana et Anastasia étaient assises sur le clic-clac servant de lit d’ami lorsqu’Alana reçoit du monde. Quant à Lubin, il s’était installé dans le fauteuil du bureau de notre petite sœur.

Alana m’obéit immédiatement en s’asseyant sur son lit. Je restai debout près de la porte, bras croisés.

-          A ton avis, pourquoi on est tous là, Alana ? lui demanda Justin.

-          Mais Lubin, il m’a déjà punie hier ! protesta-t-elle en reniflant et essuyant ses larmes.

-          Ce n’est pas la réponse à la question que je t’ai posée, insista l’aîné de la fratrie. Pourquoi on est tous là ?

-         

-          Hey ! gronda Olivia. Ju t’a posé une question donc t’y réponds, maintenant !

-          Mais c’est bon, je sais que j’ai déconné avec maman ! avoua Alana.

-          Je t’ai déjà dit d’arrêter avec tes « c’est bon » ! la grondai-je fermement. Dernière fois !

-          Mais j’fais pas exprès d’le dire… se défendit la petite.

-          Ce n’est pas une raison ! la repris-je.

-          Donc tu sais que t’as déconné avec maman, continua Justin.

-          Le problème, c’est que ça fait des mois et des mois que tu déconnes avec elle ! lui lança Lubin. Y’en a ras-le-bol !

-          Oh mais vas-y toi, commence pas à me saouler ! répondit insolemment Alana.

Lubin se leva d’un coup :

-          Comment tu me parles ?! Répète un peu pour voir ?! Vas-y ! Répète ! Tu vas voir !

Alana se tut un instant puis protesta :

-          De toute façon, dès que j’fais un pas de travers, vous me tombez dessus ! J’peux jamais rien faire !

-          Il est clair que crever les pneus de la voiture de maman pour l’empêcher de sortir, ou bien lui balancer ton assiette en pleine tête parce que t’aimes pas ce qu’elle a cuisiné, ça, tu n’as pas le droit de le faire ! la réprimanda Lubin. C’est clair et net !

-          Mais nan mais…

-          Quoi "nan" ?! reprit Lubin. Faut que je balance devant tous nos frères et sœurs ce que tu fais à longueur de temps ?! Tu sais, ce que tu m’as dit de ne pas répéter ! Par exemple, le fait que tu fumes en cachette ! Le fait que tu rentres complètement bourrée tard le soir en pleine semaine ! Le fait que tu redoubles ton année ! Parce que ça, tu t’es bien gardée de nous le dire, Alana ! C’est par ta copine Stacy que je l’ai appris ! Aurél’ et Marine payent une blinde pour ton école et toi, tu fais n’importe quoi ! Tu ne fais même pas tes devoirs ! Ah ça, la vie d’étudiante t’en profites ! Mais pour le reste, y’a plus personne !

Je crois qu’au-delà du fait que nous avions tous envie de flanquer une fessée magistrale à notre sœur, nous étions bien conscients qu’il allait falloir l’aider au plus vite. Je me renseignerai rapidement pour qu’elle voit un psychologue.

Les révélations de Lubin mirent les nerfs de tout le monde à vif.

-          Bon, ça suffit les conneries ! gronda Justin. On va régler ça maintenant. Aurél’ ?

En bon homme de mains, je décroisai les bras et fonçai droit sur ma sœur qui se recroquevilla sur son lit. Je l’attrapai par le bras et tirai dessus pour la mettre debout sur le sol. Vu le poids plume que représente ma sœur, je n’eus aucune difficulté. Alors que je m’attelais à déboutonner son jean, Alana protestait :

-          Nan, Aurél’, s’te plaît ! J’vais changer ! J’te jure que je vais changer ! Aurélien, j’t’en supplie ! Ne fais pas ça !

-          Tu sais très bien que c’est mérité ! dis-je pour justifier mes actes, incapable de rester insensible à ses prières. Et plus que mérité !

-          Qu’est-ce que vous faîtes encore là, vous ?! dit-elle aux autres. Sortez !

-          Ah non, cette fois-ci, ça ne va pas se passer comme ça, petite sœur ! l’informai-je. Non seulement tu vas en prendre une salée, mais en plus tu vas la prendre devant tout le monde.

Alana n’a jamais reçu de fessée devant témoin(s). Elle a toujours été protégée de cela. Les rares fois où ma mère avait décidé de la punir lorsqu’elle était petite, elle la prenait toujours à part ; nous sept autres n’avons pas eu ce luxe.

-          Quoi ?! s’inquiéta ma petite sœur en accentuant ses supplications. Non ! Pitié, j’t’en supplie, Aurél’ ! Je ne recommencerai pas, je te le jure ! Pitié ! Pitié !

Je doutai un instant. Dans mon job, lorsque j’ai décidé de punir, je punis. Mais là, c’était ma sœur. Cela a toujours été différent lorsqu’il a fallu que je punisse l’un(e) de mes frères et sœurs. Il m’est déjà arrivé de flanquer une fessée à Anastasia, Olivia, Lubin et Alana ; et à chaque fois c’était émotionnellement très compliqué pour moi. Seulement, si je ne le fais pas, les choses vont s’aggraver. Je ne pouvais pas ne pas le faire.

 

                Une fois qu’Alana eut compris que non seulement ce serait une fessée publique, mais qu’en plus celle-ci démarrerait immédiatement sur ses fesses nues, je crus qu’elle n’aurait pas assez de larmes pour arriver au bout de la punition tellement elle pleurait. Tant pis. Je la basculai sur mes genoux, la tins fermement et commençai à claquer ses fesses encore roses de la fessée donnée par Lubin la veille. Je ne retins pas mes claques et je peux dire avec certitude en avoir fait vraiment baver à ma sœur.

               

                Alana est restée en tout et pour tout vingt minutes sur mes genoux. J’ai fait quelques micro-pauses, durant lesquelles elle était réprimandée par l’un d’entre nous. N’ayant pas retenu mon bras, j’étais persuadé qu’elle s’en souviendrait durant plusieurs jours. Je crois bien que c’était la première fois qu’elle prenait une volée aussi longue et aussi sévère. Au moins, nous avions marqué le coup.

                Justin lui infligea la punition ultime : l’envoyer au coin en exposant sa lune écarlate sous nos yeux à tous. Il continuait de la réprimander et dès qu’elle répondait, il lui infligeait quelques claques bien fortes pour lui passer l’envie de nous répondre.

L’aîné de la fratrie profita de ce moment où Alana était au coin pour l’informer de sa future garde alternée. Il conclut par : « Nous sommes d’accords tous les sept, Alana ! Nous n’allons rien te passer ! Si tu fais une connerie par jour, t’auras une fessée par jour ! Ce ne sera pas notre problème mais le tien ! ».

 

                Une fois que nous jugeâmes que notre petite sœur avait bien compris le message, nous sortîmes de la pièce pour la laisser accuser le coup seule. Gabin était couché et endormi, je passai le reste de la soirée avec ma famille, puis Marine et moi allâmes nous coucher.

 

A suivre…

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 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

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  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -