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L'équation féminine. (Chapitre 12)

 


Lundi 12 avril 2021.

 

                Après un week-end que l’on pourrait qualifier de mouvementé, je déposai les enfants à l’école puis chez la nounou. J’étais encore honteuse de ce qui s’était passé hier et mon moral n’était pas au beau fixe. Avions-nous raison de faire cela ? Devais-je vraiment m’infliger ces sanctions pour le bien de notre couple ? Ne pouvions-nous pas trouver une autre solution ?

Il faut dire que si ces fessées ne me laissent pas indifférente et m’émoustillent parfois, il ne faut pas oublier qu’elles me sont avant tout données dans le but de me punir d’avoir mal agi. En revanche Alex, lui, lorsqu’il agit mal, il n’y a aucune conséquence ! Je ne suis pas sûre d’aimer ce sens unique dans notre relation. Cependant, je ne me verrais ni en dominatrice, ni en bourreau ; et mon mari n’accepterait pas un seul instant de passer de fesseur à fessé. Il allait donc falloir que je me fasse une raison.

 

 

                Après avoir fumé une clope – et m’être aspergée de parfum pour que mon mari ne le sache pas ! – je m’installai à mon bureau, au cabinet. Tandis que je laissais l’ordinateur s’allumer et faire ses mises à jour, je reçus un texto de Lise :

« Ça va ? »

« …et toi ? » lui répondis-je aussitôt.

« Je me suis embrouillée avec Guillaume en rentrant à la maison hier soir. Je lui ai dit qu’il n’avait pas à me punir devant témoins. Que ce n’était pas parce que son meilleur ami l’avait fait qu’il devait le faire aussi. »

« Et ? »

« Il n’a pas apprécié, il m’en a recollé une, injustement. C’est exactement ce que je te disais : j’ai l’impression d’avoir à affaire à un gendarme, un juge et un bourreau, plutôt qu’à mon mari. »

« J’en parlerai à Alex. Je lui demanderai de discuter avec Guillaume. »

« Merci. Ça va toi, avec Alex ? »

« Oui. On parle beaucoup, on a échangé nos impressions et nos inquiétudes. C’est juste que… »

« …que quoi ? »

« Je ne suis pas sûre de vouloir continuer à faire ça. »

« Ah. »

« Oui, comme tu dis. »

« Cela étant, ce n’est peut-être qu’une passade ! » me dit-elle.

« Oui. Seul le temps nous le dira ! Aller, il faut que je bosse. Bisous-cœurs. »

« Bisous-cœurs. » répondit-elle.

Cette expression, « bisous-cœurs » est propre à notre relation à Lise et moi. Cela vient d’une blague lors d’une soirée passée ensemble.

 

 

                Maintenant que je sais que je vais reprendre mes études et changer de vie, je ne suis plus motivée ni consciencieuse concernant mon boulot actuel. Je passais donc ma matinée sur des sites de matériel de puériculture et de prénoms. Cette grossesse totalement inattendue est un vrai cadeau du ciel. Je crève d’envie de connaître le sexe de mes bébés.

La première échographie était pour cette après-midi à 14h : j’avais vraiment hâte !

 

 

                Je croisai à peine Alexandre, ce matin. En rentrant à la maison pour préparer le repas du midi, j’étais pensive, l’esprit concentré sur mes futurs bébés.

J’entendis la voiture de mon mari se garer dans l’allée. Nous allions passer un midi en amoureux comme quatre fois par semaine : je me rendais compte que ce moment était vraiment essentiel à notre survie en tant que couple.

A peine entré dans la maison et déchaussé, Alex me fonça dessus alors que je mettais la table. Il attendit que j’aie les mains vides pour m’attraper, déboutonner mon jean et le baisser à mi-cuisses, entraînant mon tanga avec. Puis, il me cala sous son bras et m’asséna dix très bonnes claques – sur mes fesses froides, je les sentis vraiment passer !

-          Tu crois vraiment que tu peux fumer une clope sans que je m’en rende compte ?!

Jusque-là, je n’avais même pas protesté. J’avais été tellement surprise que j’en étais bouche bée. Je ne savais quoi lui répondre. Je bredouillai un :

-          Pardon, Monsieur.

Dix autres claques tombèrent avec la même intensité.

-          Tu peux demander pardon, oui ! Tu as voulu me la faire à l’envers, je déteste ça ! Donne-moi le martinet !

-          Quoi ?! Oh non, pitié Monsieur !

-          Donne-moi le martinet, j’ai dit ! gronda Alex. Si je dois me répéter, Thalysa…

 Cet objet de malheur n’étant pas caché très loin de moi, je me résignai à le donner à mon bourreau qui m’en donna quinze coups stridents sur mes fesses nues. Puis, mon mari m’ordonna :

-          Rhabille-toi, c’est terminé. Mais je te défends de recommencer !

Le cœur lourd et une grosse boule dans la gorge, je me rhabillai, honteuse et excitée à la fois.

-          Comment as-tu su ? demandai-je à Alex.

-          Ce n’est pas très compliqué à deviner ! répondit mon mari. La salle d’attente empestait une senteur bizarre : une odeur de tabac mélangé avec du parfum. Si tu voulais masquer l’odeur, tu as échoué !

Effectivement, je n’avais pas été très maligne sur ce coup-là.

-          Alex, tu ne vas pas pouvoir me faire la guerre pour que j’arrête de fumer ! lui dis-je, sachant le moment de discipline domestique terminé.

-          Thalysa, tu veux que moi, médecin, j’accepte que ma femme enceinte fume alors que je sais que cela est néfaste pour les fœtus ?! Tu te fiches de moi, là ?! Tu veux une autre fessée, peut-être ?! Tu veux aller y réfléchir au coin les fesses à l’air ?!

-          Tu ne cherches même pas à essayer de me comprendre ! protestai-je. Effectivement, tu es médecin ! Ce serait avec n’importe quel autre patient, tu dirais qu’il faut un parcours progressif ; mais avec moi, tu ne cherches même pas à essayer de te mettre deux minutes à ma place !

-          Combien de disputes avons-nous déjà eues à causes de la clope, Thaly ?! gronda Alex. Combien ?! Je ne les compte même plus !

-          Alors tu vas continuer à me matraquer le derrière chaque jour que ton Dieu fait pour le reste de notre vie ?! Tu ne t’es pas dit que pour arrêter de fumer, il fallait d’abord que j’aie mon propre déclic ?! Tu crois vraiment que je vais arrêter de fumer par peur de recevoir une fessée ?!

-          Je le crois, oui !

-          Tu es bien naïf, dans ce cas ! La seule chose que je vais continuer à faire est, comme ce matin, de me cacher ! Mais ça ne m’empêchera pas de fumer !

-          Alors tant pis pour tes fesses !

-          Tu ne cherches même pas à me comprendre !! explosai-je. Tu me colles des fessées à tout bout de champ, sans réellement chercher ce qui se passe dans ma tête !!

-          Thalysa, les choses sont très simples : tu te comportes mal, tu es punie. Si tu te comportes bien, il n’y a aucun problème.

-          On dirait que tu parles de l’éducation d’un chien ! vociférai-je. Les choses ne sont pas toutes noires ou toutes blanches, Alexandre ! Il y a de la nuance ! Et d’ailleurs, si tu faisais un tant soit peu l’effort de nuancer tes réflexions, non seulement tu me punirais moins, mais tu punirais également moins les enfants !

-          Qu’est-ce que nos enfants ont à voir là-dedans ?!

-          Eux aussi se prennent des fessées sans que tu aies tenté de les comprendre !!

-          Tu es en train de dire que je suis un mauvais père, là ?!

-          Non, ce n’est pas ce que j’ai dit !

-          Il me semble que toi aussi tu as déjà mis des claques à nos enfants ! Je me trompe ?!

-          Beaucoup plus rarement que toi, et j’en ai toujours la culpabilité.

Alex mit ses mains sur ses hanches et après avoir pris une grande inspiration, il annonça :

-          Je vais faire un tour.

 

Il sortit de la maison et monta dans sa voiture tandis que je fondais en larmes.

 

                Je mangeai toute seule, ruminant sur ce qui venait de se passer. Peut-être était-ce la fin de notre histoire, à Alex et moi. Peut-être devrions-nous nous séparer. J’avais beau l’aimer plus que ma propre vie, mon mari me faisait parfois exploser.

Néanmoins, ce n’était pas la première grosse dispute que nous avions et ce n’était clairement pas la dernière.

 

                Alors que je débarrassais mon assiette pour la mettre dans le lave-vaisselle, je vis mon mari entrer dans la cuisine et s’avancer vers moi avec un bouquet de sept roses rouges.

-          Je te demande pardon, chérie, me dit-il. Je vais arrêter d’être un tyran en ce qui concerne la cigarette ; je vais t’accompagner dans ton parcours et nous allons faire cela ensemble.

-          Tu es le meilleur père qui puisse exister, lui répondis-je après avoir pris le bouquet et l’avoir embrassé. Ne me laisse plus jamais sous-entendre le contraire.

Alexandre me prit dans ses bras et nous nous serrâmes fort l’un contre l’autre.

La meilleure partie d’une dispute, c’est toujours la réconciliation.

 

                Je pris un thé pendant que mon mari mangeait, rattrapant le repas qu’il n’avait pas pris en même temps que moi. Entre deux bouchées, il me dit :

-          Appelle tes parents. Dis-leur que c’est ok pour la garde des enfants. Ils peuvent les garder à temps plein sans problème.

-          Mais…et tes parents ? m’étonnai-je. Ils ne vont pas se sentir délaissés ?

-          Ils se tiendront disponibles pour toutes les gardes occasionnelles, dit Alex. Genre, comme ce soir.

-          Ce soir ?

-          Je t’emmène au restaurant.

-          Alex, tu t’es déjà fait pardonner. Notre dispute, c’est de l’histoire ancienne…

-          Je sais mais nous n’avons pas mangé ensemble ce midi, il faut que nous rattrapions ce moment en tête à tête. Et il faut que nous discutions pour mettre en place un nouveau protocole pour la clope.

-          Cela veut dire que je ne prendrai plus de fessées pour la cigarette ? interrogeai-je, pleine d'espoir.

-          Bien essayé, me répondit mon mari. Aller, fini ton thé. Je prends un yaourt et ensuite, on file à la clinique. Nous allons être en retard.

 

Impossible de décrire le bonheur d’entendre les deux petits cœurs de nos futurs bébés battre dans mon ventre. J’en pleurai de joie.

-          Des jumeaux ! nous dit l’interne qui faisait l’échographie. Ce sont vos premiers ?

-          Non, nous avons déjà six enfants, répondis-je.

Je mis une main apaisante sur celle d’Alex qui bouillonnait. Non seulement l’interne n’avait pas étudié le dossier (sinon, il aurait su que ce n’était pas ma première grossesse) mais en plus il s’y prenait n’importe comment.

-          L’un des bébés est déjà gros à ce stade de la grossesse ! s’exclama l’interne.

-          Ce n’est pas l’un des bébés, c’est un fibrome utérin ! s’agaça Alex.

-          Vous êtes médecin, peut-être ?! défia l’interne.

-          Effectivement ! confirma mon mari avant que l’étudiant se ratatine sur place.

Ce dernier continua l’échographie jusqu’à dire :

-          Il va falloir que je fasse une échographie interne, je n’arrive pas à voir correctement.

-          N’importe quoi ! s’exclama Alex.

Mon mari fit le tour du siège où j’étais allongée et s’approcha de l’interne. C’est ainsi que la première échographie de cette grossesse se transforma en cours de médecine. Alex apprenait à l’interne comment faire échographie, comment prendre les mesures, comment repérer une éventuelle anomalie.

En sortant de la salle d’échographie, mon chéri demanda à rencontrer le chef de service pour l’informer de ce qui s’était passé. Puis, nous rentrâmes travailler au cabinet.

 

                16h30, je récupère Björn et Noé à la maternelle, puis Alice au CP. J’allais repartir avec mes enfants lorsque la maîtresse de ma fille m’interpella :

-          Madame de Melbourg ! Madame de Melbourg !

-          Viens maman, on s’en va ! dit Alice en me tirant la main.

-          Madame de Melbourg !

Je m’arrêtai et me tournai en direction de la maîtresse.

-          Viens maman, on s’en va ! me pressa Alice.

-          Attends, ta maîtresse veut me parler, lui dis-je.

-          Ce n’est pas important, m’annonça-t-elle.

A son attitude, je sentais que ma fille allait encore me donner du fil à retordre. Je pris une grande inspiration, fermai les yeux et m’avançai vers la maîtresse.

-          Bonjour madame Dapolon, lui dis-je.

-          Bonjour madame de Melbourg. Je voulais vous voir car Alice est très dissipée en ce moment, je ne sais pas ce qui se passe…

Après Noé, c’était Alice qui faisait des siennes à l’école. Je commençais à être fatiguée.

-          Oui, j’ai vu votre mot ce week-end. J’ai réprimandé Alice pour son comportement.

-          Eh bien cela n’a pas eu l’effet escompté puisqu’aujourd’hui, elle a été très désobéissante, et elle m’a dit mot pour mot « d’aller me faire foutre ».

Mon sang ne fit qu’un tour ; je me tournai vers ma fille et lui grondai :

-          Pardon ?! J’espère que j’ai mal entendu, Alice ! J’espère vraiment que j’ai mal entendu !!

-          Je n’ai pas dit ça ! protesta-t-elle, apeurée.

-          Tu insinues que la maîtresse est une menteuse ?! C’est ça ?! C’est ce que tu es en train de me dire ?!

-         

-          Réponds !!

-          Non…

-          D’abord, où as-tu appris ces mots-là ?! Ce n’est certainement pas à la maison !

-          Si, c’est Noé qui me l’a appris ! balança-t-elle en espérant que mon courroux se déplace sur son frère.

-          On va rentrer à la maison et je vous jure que ça va barder, les enfants ! Je vous promets que ça va barder !

Je m’excusai auprès de la maîtresse, lui disant qu’Alex et moi allions régler cette histoire et qu’elle ne serait plus embêtée par le comportement de ma fille. Je l’informai aussi que j’étais enceinte et que c’était peut-être pour cela qu’Alice était un peu perturbée ; mais que cela n’excusait en rien un manque de respect de cette envergure. Elle me répondit qu’elle avait détaillé les bêtises d’Alice dans son cahier de liaison et qu’elle me remerciait de ma compréhension.

 

                Lorsque je récupérai Simon et les jumelles chez la nounou, j’étais toujours en colère. D’ailleurs, Simon me demanda :

-          Maman, pouquoi fâchée toi ?

-          Je suis fâchée parce qu’Alice a fait des bêtises à l’école, mon chéri. Ce n’est pas ta faute.

Je demandai immédiatement à la nounou si les enfants avaient été sages. Elle me répondit que comme d’habitude, ils avaient été des anges. Ouf. Il n’y en avait que deux sur six à réprimander. C’était déjà ça.

 

                Nous rentrâmes à la maison. Je descendis tout le monde des différents sièges autos puis ouvris la porte de la maison. Lorsque tout le monde eut les chaussons aux pieds, je laissai les quatre derniers vagabonder dans la maison et attrapai mes deux aînés par leurs pulls. Je les emmenai jusque dans le salon et les fis asseoir sur le canapé. Je grondai :

-          Est-ce que vous avez le droit de dire des gros mots ?!

-          Non, maman, répondit Noé après que sa sœur eut secoué la tête.

-          Dans ce cas, pouvez-vous me dire pourquoi de tels mots sont sortis de votre bouche ?!

-         

-          Oh ! Je vous parle !

-         

-          Noé, où est-ce que tu as appris ces mots-là ?!

-          C’est Paul qui le dit tout le temps ! avoua mon fils.

C’était la deuxième fois en dix jours que ce gamin apprenait des obscénités à mon fils. Il fallait vraiment que je contacte ses parents.

-          Noé, je veux que tu arrêtes de répéter ce que Paul dit ! Mieux encore, je veux que tu arrêtes de jouer avec lui ! Tu as beaucoup d’autres copains, je veux que tu arrêtes de jouer avec Paul ! S’il t’apprend des gros mots, c’est ce que n’est pas un bon copain ! Tu comprends ?

-          Oui, répondit-il.

-          Noé, quand ce que Paul dit est un gros mot, je t’interdis de le répéter ! Que ce soit à tes frères et sœurs, ou à autre enfant, tu as interdiction de le répéter, est-ce que c’est compris ?!

-          Oui, répéta-t-il.

-          La prochaine fois que j’apprends que tu as dit un gros mot, tu auras à faire à papa ! C’est clair ?

Il hocha la tête.

-          Va jouer avec les autres, dis-je.

Noé s’empressa de déguerpir, me laissant seule avec Alice. Je soupirai, m’avançai vers elle, m’accroupit à sa hauteur puis lui demandai :

-          Alice, qu’est-ce qui se passe en ce moment ?

-          Rien, pourquoi ? me répondit-elle.

-          Ne me mens pas. Tu es une petite fille intelligente. Tu es très sage d’habitude ! Tu ne fais pas de bêtises ! Pourtant, depuis vendredi, madame Dapolon me dit que tu désobéis ; et aujourd’hui, j’apprends que tu lui as carrément dit des gros mots ! Tu savais que c’étaient des gros mots, n’est-ce pas ?

-          Oui.

-          Alors pourquoi tu lui as dit ?

-          Je ne sais pas.

-          Est-ce que tu sais que ça veut dire « Va te faire foutre » ? Est-ce que tu le sais, Alice ?

-          Non.

-          C’est une insulte pour dire à quelqu’un de s’en aller, lui expliquai-je. C’est très grave !

-          Je ne savais pas, maman ! se défendit-elle.

-          Raison de plus pour ne pas le répéter si tu ne sais pas ce que ça veut dire !

Ma fille baissa la tête.

-          Apporte-moi ton cahier de liaison.

Elle se leva à contrecœur et fouilla dans son cartable à la recherche du maudit cahier. Elle me le tendit, je l’ouvris et entrepris de lire ce qu’il y avait marqué :

« Madame, Monsieur. Aujourd’hui, Alice a de nouveau été très dissipée. Elle a :

-          Bavardé

-          Poussé un camarade

-          Refusé d’écouter les consignes

-          Refusé de faire un exercice.

Et elle m’a manqué fortement de respect. J’ai dû l’envoyer chez la directrice.

Cordialement,

Madame Dapolon. »

-          Maman ! Je veux mon goûter ! me dit Björn en venant me voir.

-          Alors premièrement, ce n’est pas en demandant ainsi ton goûter que tu vas l’avoir ! le repris-je. Deuxièmement, je suis occupée avec ta sœur donc tu vas attendre encore dix minutes.

-          Mais j’ai faim !

-          Tu attends dix minutes, Björn ! insistai-je.

Mon fils soupira d’agacement et se résigna. Je relus le mot sur le cahier d’Alice à haute voix pour qu’elle entende. Je l’interrogeai ensuite :

-          Alors ? Qu’en dis-tu ? Pourquoi t’es-tu comportée ainsi ?

-          Parce que j’en ai marre d’être sage.

Sa réponse me rendit hébétée. Je m’attendais à tout sauf à ça. Je m’attendais à ce qu’elle me dise qu’elle se sentait délaissée dans sa fratrie, ou qu’elle ne voulait pas que j’aie d’autres bébés, ou encore qu’elle était en colère après tel ou tel camarade… Mais ça, je ne m’y attendais vraiment pas.

-          Quoi ? lui répondis-je, bouchée bée.

-          J’en ai marre d’être sage ! répéta-t-elle. Emmy, elle n’est jamais sage et tout le monde l’adore dans la classe ! Je veux être comme elle. Quand on est sage, personne ne nous aime.

-          D’où est-ce que ça sort, ça ? lui demandai-je. Pourquoi tu dis que tout le monde l’adore ?

-          Parce que c’est vrai !

-          Alice, tu as énormément de copines dans la classe.

-          Oui mais elles ne m’aiment pas autant qu’Emmy.

-          Admettons. Depuis vendredi, tu n’es pas sage à l’école. Est-ce que ça a changé quelque chose ? Est-ce que tes copines t’aiment plus qu’avant ?

-          Ben…non, répondit-elle après avoir réfléchi.

-          Donc est-ce que cela sert à quelque chose de faire des bêtises ?

-          Non.

-          Est-ce que tu vas arrêter ?

-         

Pas de réponse. Je la prévins :

-          Alice, si tu continues d’être désobéissante à l’école, tu vas avoir des problèmes. Tu vas avoir des problèmes avec la maîtresse, avec papa et avec moi. Je ne pense pas que le jeu en vaille la chandelle.

-          Ça veut dire quoi ?

-          Ça veut dire que ça n’en vaut pas la peine. Donc tu arrêtes tout de suite ce comportement. C’est compris ?

-          Oui.

-          Oui, qui ?

-          Oui maman.

-          Bon, très bien. En attendant, pour ton comportement d’aujourd’hui, tu es consignée dans ta chambre jusqu’à mercredi soir. Tu n’en sortiras que pour venir manger, aller aux toilettes, te laver et aller à l’école. Tout le reste du temps, tu le passeras dans ta chambre.

-          Est-ce que les autres pourront venir jouer avec moi ?

-          Non, Alice.

-          Pourquoi ?

-          Parce que tu es punie ! Donc tes frères et sœurs resteront jouer dans la salle de jeux, et toi tu resteras dans ta chambre !

-          Mais c’est nul !  protesta-t-elle.

-          C’est une punition, Alice ! Ce n’est pas fait pour te faire plaisir. Va prendre ton goûter, maintenant.

Elle se leva du canapé en boudant. Je lui précisai :

-          Vas-y, boude, Alice ! Comme ça, tu aggraves ton cas auprès de ton père !

Elle continua de bouder même si je vis que ma réflexion l’avait quelques peu déstabilisée. Elle avait sans doute oublié le fait que son père allait rentrer à la maison et découvrir ses bêtises de la journée.

 

 

                Alex et moi nous installâmes à notre table favorite dans notre restaurant favori. Alors que nous jetions un œil au menu, je tiltai :

-          Oh ! J’ai oublié de dire à ta mère qu’il faut mettre deux cuillères de céréales dans les biberons des jumelles sinon elles vont nous réveiller cette nuit !

-          J’ai tout noté sur un papier, me rassura Alex. Relax, Thaly.

Je ne suis jamais tranquille quand mes beaux-parents gardent les enfants. Ils n’ont eu qu’un fils et ne sont donc pas habitués à gérer une famille nombreuse. De plus, ils ne font évidemment pas les choses exactement comme je le souhaite, ce qui m’irrite. Cependant, j’essayai de profiter du dîner avec mon mari sans y penser.

 

 

                Alex et moi rentrâmes à la maison aux alentours de vingt-deux heures. Heureusement, les enfants avaient été couchés à l’heure habituelle et tout s’était passé pour le mieux. Ma belle-mère ne voulut l’avouer mais j’étais certaine qu’elle n’avait pas respecté la consigne d’Alice. Tant pis, Alex et moi serions là pour la faire respecter demain et mercredi. De plus, avec le coup de pression que lui avait mis son père en rentrant du travail, je savais pertinemment que ma fille avait fait profil bas avec ses grands-parents.

 

                Alex et moi avons donc mis en place un plan progressif pour que j’arrête de fumer. Mon mari modifia alors le règlement établi le premier jour de la discipline domestique pour qu’il soit plus accessible pour moi. Cela me convenait bien. A savoir si j’arriverai à le respecter, ça, c’est un autre challenge !

 

A suivre…

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Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -