Lundi 12
avril 2021.
Après un week-end que l’on pourrait qualifier de
mouvementé, je déposai les enfants à l’école puis chez la nounou. J’étais
encore honteuse de ce qui s’était passé hier et mon moral n’était pas au beau
fixe. Avions-nous raison de faire cela ? Devais-je vraiment m’infliger ces
sanctions pour le bien de notre couple ? Ne pouvions-nous pas trouver une
autre solution ?
Il faut dire que si ces
fessées ne me laissent pas indifférente et m’émoustillent parfois, il ne faut
pas oublier qu’elles me sont avant tout données dans le but de me punir d’avoir
mal agi. En revanche Alex, lui, lorsqu’il agit mal, il n’y a aucune
conséquence ! Je ne suis pas sûre d’aimer ce sens unique dans notre
relation. Cependant, je ne me verrais ni en dominatrice, ni en bourreau ;
et mon mari n’accepterait pas un seul instant de passer de fesseur à fessé. Il
allait donc falloir que je me fasse une raison.
Après avoir fumé une clope – et m’être aspergée de
parfum pour que mon mari ne le sache pas ! – je m’installai à mon bureau,
au cabinet. Tandis que je laissais l’ordinateur s’allumer et faire ses mises à
jour, je reçus un texto de Lise :
« Ça va ? »
« …et toi ? »
lui répondis-je aussitôt.
« Je me suis embrouillée
avec Guillaume en rentrant à la maison hier soir. Je lui ai dit qu’il n’avait
pas à me punir devant témoins. Que ce n’était pas parce que son meilleur ami
l’avait fait qu’il devait le faire aussi. »
« Et ? »
« Il n’a pas apprécié, il
m’en a recollé une, injustement. C’est exactement ce que je te disais :
j’ai l’impression d’avoir à affaire à un gendarme, un juge et un bourreau,
plutôt qu’à mon mari. »
« J’en parlerai à Alex. Je
lui demanderai de discuter avec Guillaume. »
« Merci. Ça va toi, avec
Alex ? »
« Oui. On parle beaucoup,
on a échangé nos impressions et nos inquiétudes. C’est juste que… »
« …que quoi ? »
« Je ne suis pas sûre de
vouloir continuer à faire ça. »
« Ah. »
« Oui, comme tu
dis. »
« Cela étant, ce n’est
peut-être qu’une passade ! » me dit-elle.
« Oui. Seul le temps nous
le dira ! Aller, il faut que je bosse. Bisous-cœurs. »
« Bisous-cœurs. »
répondit-elle.
Cette expression,
« bisous-cœurs » est propre à notre relation à Lise et moi. Cela
vient d’une blague lors d’une soirée passée ensemble.
Maintenant que je sais que je vais reprendre mes
études et changer de vie, je ne suis plus motivée ni consciencieuse concernant
mon boulot actuel. Je passais donc ma matinée sur des sites de matériel de
puériculture et de prénoms. Cette grossesse totalement inattendue est un vrai
cadeau du ciel. Je crève d’envie de connaître le sexe de mes bébés.
La première échographie était
pour cette après-midi à 14h : j’avais vraiment hâte !
Je croisai à peine Alexandre, ce matin. En rentrant à
la maison pour préparer le repas du midi, j’étais pensive, l’esprit concentré
sur mes futurs bébés.
J’entendis la voiture de mon
mari se garer dans l’allée. Nous allions passer un midi en amoureux comme
quatre fois par semaine : je me rendais compte que ce moment était vraiment
essentiel à notre survie en tant que couple.
A peine entré dans la maison
et déchaussé, Alex me fonça dessus alors que je mettais la table. Il attendit
que j’aie les mains vides pour m’attraper, déboutonner mon jean et le baisser à
mi-cuisses, entraînant mon tanga avec. Puis, il me cala sous son bras et
m’asséna dix très bonnes claques – sur mes fesses froides, je les sentis vraiment
passer !
-
Tu crois vraiment que tu peux fumer une clope
sans que je m’en rende compte ?!
Jusque-là, je n’avais même pas
protesté. J’avais été tellement surprise que j’en étais bouche bée. Je ne
savais quoi lui répondre. Je bredouillai un :
-
Pardon, Monsieur.
Dix autres claques tombèrent
avec la même intensité.
-
Tu peux demander pardon, oui ! Tu as voulu
me la faire à l’envers, je déteste ça ! Donne-moi le martinet !
-
Quoi ?! Oh non, pitié Monsieur !
-
Donne-moi le martinet, j’ai dit ! gronda
Alex. Si je dois me répéter, Thalysa…
Cet objet de malheur n’étant pas caché très
loin de moi, je me résignai à le donner à mon bourreau qui m’en donna quinze
coups stridents sur mes fesses nues. Puis, mon mari m’ordonna :
-
Rhabille-toi, c’est terminé. Mais je te défends
de recommencer !
Le cœur lourd et une grosse
boule dans la gorge, je me rhabillai, honteuse et excitée à la fois.
-
Comment as-tu su ? demandai-je à Alex.
-
Ce n’est pas très compliqué à deviner !
répondit mon mari. La salle d’attente empestait une senteur bizarre : une
odeur de tabac mélangé avec du parfum. Si tu voulais masquer l’odeur, tu as
échoué !
Effectivement, je n’avais pas
été très maligne sur ce coup-là.
-
Alex, tu ne vas pas pouvoir me faire la guerre
pour que j’arrête de fumer ! lui dis-je, sachant le moment de discipline
domestique terminé.
-
Thalysa, tu veux que moi, médecin, j’accepte que
ma femme enceinte fume alors que je sais que cela est néfaste pour les fœtus ?!
Tu te fiches de moi, là ?! Tu veux une autre fessée, peut-être ?! Tu
veux aller y réfléchir au coin les fesses à l’air ?!
-
Tu ne cherches même pas à essayer de me
comprendre ! protestai-je. Effectivement, tu es médecin ! Ce serait
avec n’importe quel autre patient, tu dirais qu’il faut un parcours progressif ;
mais avec moi, tu ne cherches même pas à essayer de te mettre deux minutes à ma
place !
-
Combien de disputes avons-nous déjà eues à causes
de la clope, Thaly ?! gronda Alex. Combien ?! Je ne les compte même
plus !
-
Alors tu vas continuer à me matraquer le
derrière chaque jour que ton Dieu fait pour le reste de notre vie ?! Tu ne
t’es pas dit que pour arrêter de fumer, il fallait d’abord que j’aie mon propre
déclic ?! Tu crois vraiment que je vais arrêter de fumer par peur de
recevoir une fessée ?!
-
Je le crois, oui !
-
Tu es bien naïf, dans ce cas ! La seule chose
que je vais continuer à faire est, comme ce matin, de me cacher ! Mais ça
ne m’empêchera pas de fumer !
-
Alors tant pis pour tes fesses !
-
Tu ne cherches même pas à me comprendre !!
explosai-je. Tu me colles des fessées à tout bout de champ, sans réellement
chercher ce qui se passe dans ma tête !!
-
Thalysa, les choses sont très simples : tu
te comportes mal, tu es punie. Si tu te comportes bien, il n’y a aucun
problème.
-
On dirait que tu parles de l’éducation d’un
chien ! vociférai-je. Les choses ne sont pas toutes noires ou toutes
blanches, Alexandre ! Il y a de la nuance ! Et d’ailleurs, si tu faisais
un tant soit peu l’effort de nuancer tes réflexions, non seulement tu me
punirais moins, mais tu punirais également moins les enfants !
-
Qu’est-ce que nos enfants ont à voir là-dedans ?!
-
Eux aussi se prennent des fessées sans que tu
aies tenté de les comprendre !!
-
Tu es en train de dire que je suis un mauvais
père, là ?!
-
Non, ce n’est pas ce que j’ai dit !
-
Il me semble que toi aussi tu as déjà mis des claques
à nos enfants ! Je me trompe ?!
-
Beaucoup plus rarement que toi, et j’en ai toujours
la culpabilité.
Alex mit ses mains sur ses
hanches et après avoir pris une grande inspiration, il annonça :
-
Je vais faire un tour.
Il sortit de la maison et
monta dans sa voiture tandis que je fondais en larmes.
Je mangeai toute seule, ruminant sur ce qui venait de
se passer. Peut-être était-ce la fin de notre histoire, à Alex et moi. Peut-être
devrions-nous nous séparer. J’avais beau l’aimer plus que ma propre vie, mon
mari me faisait parfois exploser.
Néanmoins, ce n’était pas la
première grosse dispute que nous avions et ce n’était clairement pas la
dernière.
Alors que je débarrassais mon assiette pour la mettre
dans le lave-vaisselle, je vis mon mari entrer dans la cuisine et s’avancer
vers moi avec un bouquet de sept roses rouges.
-
Je te demande pardon, chérie, me dit-il. Je vais
arrêter d’être un tyran en ce qui concerne la cigarette ; je vais t’accompagner
dans ton parcours et nous allons faire cela ensemble.
-
Tu es le meilleur père qui puisse exister, lui répondis-je
après avoir pris le bouquet et l’avoir embrassé. Ne me laisse plus jamais
sous-entendre le contraire.
Alexandre me prit dans ses
bras et nous nous serrâmes fort l’un contre l’autre.
La meilleure partie d’une
dispute, c’est toujours la réconciliation.
Je pris un thé pendant que mon mari mangeait, rattrapant
le repas qu’il n’avait pas pris en même temps que moi. Entre deux bouchées, il
me dit :
-
Appelle tes parents. Dis-leur que c’est ok pour
la garde des enfants. Ils peuvent les garder à temps plein sans problème.
-
Mais…et tes parents ? m’étonnai-je. Ils ne
vont pas se sentir délaissés ?
-
Ils se tiendront disponibles pour toutes les
gardes occasionnelles, dit Alex. Genre, comme ce soir.
-
Ce soir ?
-
Je t’emmène au restaurant.
-
Alex, tu t’es déjà fait pardonner. Notre dispute,
c’est de l’histoire ancienne…
-
Je sais mais nous n’avons pas mangé ensemble ce
midi, il faut que nous rattrapions ce moment en tête à tête. Et il faut que
nous discutions pour mettre en place un nouveau protocole pour la clope.
-
Cela veut dire que je ne prendrai plus de
fessées pour la cigarette ? interrogeai-je, pleine d'espoir.
-
Bien essayé, me répondit mon mari. Aller, fini ton
thé. Je prends un yaourt et ensuite, on file à la clinique. Nous allons être en
retard.
Impossible
de décrire le bonheur d’entendre les deux petits cœurs de nos futurs bébés battre
dans mon ventre. J’en pleurai de joie.
-
Des jumeaux ! nous dit l’interne qui
faisait l’échographie. Ce sont vos premiers ?
-
Non, nous avons déjà six enfants, répondis-je.
Je mis une main apaisante sur
celle d’Alex qui bouillonnait. Non seulement l’interne n’avait pas étudié le
dossier (sinon, il aurait su que ce n’était pas ma première grossesse) mais en
plus il s’y prenait n’importe comment.
-
L’un des bébés est déjà gros à ce stade de la
grossesse ! s’exclama l’interne.
-
Ce n’est pas l’un des bébés, c’est un fibrome
utérin ! s’agaça Alex.
-
Vous êtes médecin, peut-être ?! défia l’interne.
-
Effectivement ! confirma mon mari avant que
l’étudiant se ratatine sur place.
Ce dernier continua l’échographie
jusqu’à dire :
-
Il va falloir que je fasse une échographie interne,
je n’arrive pas à voir correctement.
-
N’importe quoi ! s’exclama Alex.
Mon mari fit le tour du siège
où j’étais allongée et s’approcha de l’interne. C’est ainsi que la première
échographie de cette grossesse se transforma en cours de médecine. Alex
apprenait à l’interne comment faire échographie, comment prendre les mesures,
comment repérer une éventuelle anomalie.
En sortant de la salle d’échographie,
mon chéri demanda à rencontrer le chef de service pour l’informer de ce qui s’était
passé. Puis, nous rentrâmes travailler au cabinet.
16h30, je récupère Björn et Noé à la maternelle, puis
Alice au CP. J’allais repartir avec mes enfants lorsque la maîtresse de ma fille
m’interpella :
-
Madame de Melbourg ! Madame de Melbourg !
-
Viens maman, on s’en va ! dit Alice en me
tirant la main.
-
Madame de Melbourg !
Je m’arrêtai et me tournai en
direction de la maîtresse.
-
Viens maman, on s’en va ! me pressa Alice.
-
Attends, ta maîtresse veut me parler, lui dis-je.
-
Ce n’est pas important, m’annonça-t-elle.
A son attitude, je sentais que
ma fille allait encore me donner du fil à retordre. Je pris une grande
inspiration, fermai les yeux et m’avançai vers la maîtresse.
-
Bonjour madame Dapolon, lui dis-je.
-
Bonjour madame de Melbourg. Je voulais vous voir
car Alice est très dissipée en ce moment, je ne sais pas ce qui se passe…
Après Noé, c’était Alice qui
faisait des siennes à l’école. Je commençais à être fatiguée.
-
Oui, j’ai vu votre mot ce week-end. J’ai
réprimandé Alice pour son comportement.
-
Eh bien cela n’a pas eu l’effet escompté puisqu’aujourd’hui,
elle a été très désobéissante, et elle m’a dit mot pour mot « d’aller me
faire foutre ».
Mon sang ne fit qu’un tour ;
je me tournai vers ma fille et lui grondai :
-
Pardon ?! J’espère que j’ai mal entendu,
Alice ! J’espère vraiment que j’ai mal entendu !!
-
Je n’ai pas dit ça ! protesta-t-elle,
apeurée.
-
Tu insinues que la maîtresse est une menteuse ?!
C’est ça ?! C’est ce que tu es en train de me dire ?!
-
…
-
Réponds !!
-
Non…
-
D’abord, où as-tu appris ces mots-là ?! Ce
n’est certainement pas à la maison !
-
Si, c’est Noé qui me l’a appris ! balança-t-elle
en espérant que mon courroux se déplace sur son frère.
-
On va rentrer à la maison et je vous jure que ça
va barder, les enfants ! Je vous promets que ça va barder !
Je m’excusai auprès de la
maîtresse, lui disant qu’Alex et moi allions régler cette histoire et qu’elle
ne serait plus embêtée par le comportement de ma fille. Je l’informai aussi que
j’étais enceinte et que c’était peut-être pour cela qu’Alice était un peu
perturbée ; mais que cela n’excusait en rien un manque de respect de cette
envergure. Elle me répondit qu’elle avait détaillé les bêtises d’Alice dans son
cahier de liaison et qu’elle me remerciait de ma compréhension.
Lorsque je récupérai Simon et les jumelles chez la
nounou, j’étais toujours en colère. D’ailleurs, Simon me demanda :
-
Maman, pouquoi fâchée toi ?
-
Je suis fâchée parce qu’Alice a fait des bêtises
à l’école, mon chéri. Ce n’est pas ta faute.
Je demandai immédiatement à la
nounou si les enfants avaient été sages. Elle me répondit que comme d’habitude,
ils avaient été des anges. Ouf. Il n’y en avait que deux sur six à réprimander.
C’était déjà ça.
Nous rentrâmes à la maison. Je descendis tout le
monde des différents sièges autos puis ouvris la porte de la maison. Lorsque
tout le monde eut les chaussons aux pieds, je laissai les quatre derniers
vagabonder dans la maison et attrapai mes deux aînés par leurs pulls. Je les
emmenai jusque dans le salon et les fis asseoir sur le canapé. Je grondai :
-
Est-ce que vous avez le droit de dire des gros mots ?!
-
Non, maman, répondit Noé après que sa sœur eut
secoué la tête.
-
Dans ce cas, pouvez-vous me dire pourquoi
de tels mots sont sortis de votre bouche ?!
-
…
-
Oh ! Je vous parle !
-
…
-
Noé, où est-ce que tu as appris ces mots-là ?!
-
C’est Paul qui le dit tout le temps ! avoua
mon fils.
C’était la deuxième fois en
dix jours que ce gamin apprenait des obscénités à mon fils. Il fallait vraiment
que je contacte ses parents.
-
Noé, je veux que tu arrêtes de répéter ce que
Paul dit ! Mieux encore, je veux que tu arrêtes de jouer avec lui !
Tu as beaucoup d’autres copains, je veux que tu arrêtes de jouer avec Paul !
S’il t’apprend des gros mots, c’est ce que n’est pas un bon copain ! Tu
comprends ?
-
Oui, répondit-il.
-
Noé, quand ce que Paul dit est un gros mot, je t’interdis
de le répéter ! Que ce soit à tes frères et sœurs, ou à autre enfant, tu
as interdiction de le répéter, est-ce que c’est compris ?!
-
Oui, répéta-t-il.
-
La prochaine fois que j’apprends que tu as dit
un gros mot, tu auras à faire à papa ! C’est clair ?
Il hocha la tête.
-
Va jouer avec les autres, dis-je.
Noé s’empressa de déguerpir,
me laissant seule avec Alice. Je soupirai, m’avançai vers elle, m’accroupit à sa
hauteur puis lui demandai :
-
Alice, qu’est-ce qui se passe en ce moment ?
-
Rien, pourquoi ? me répondit-elle.
-
Ne me mens pas. Tu es une petite fille intelligente.
Tu es très sage d’habitude ! Tu ne fais pas de bêtises ! Pourtant, depuis
vendredi, madame Dapolon me dit que tu désobéis ; et aujourd’hui, j’apprends
que tu lui as carrément dit des gros mots ! Tu savais que c’étaient des
gros mots, n’est-ce pas ?
-
Oui.
-
Alors pourquoi tu lui as dit ?
-
Je ne sais pas.
-
Est-ce que tu sais que ça veut dire « Va te
faire foutre » ? Est-ce que tu le sais, Alice ?
-
Non.
-
C’est une insulte pour dire à quelqu’un de s’en
aller, lui expliquai-je. C’est très grave !
-
Je ne savais pas, maman ! se défendit-elle.
-
Raison de plus pour ne pas le répéter si tu ne
sais pas ce que ça veut dire !
Ma fille baissa la tête.
-
Apporte-moi ton cahier de liaison.
Elle se leva à contrecœur et
fouilla dans son cartable à la recherche du maudit cahier. Elle me le tendit,
je l’ouvris et entrepris de lire ce qu’il y avait marqué :
« Madame, Monsieur. Aujourd’hui,
Alice a de nouveau été très dissipée. Elle a :
-
Bavardé
-
Poussé un camarade
-
Refusé d’écouter les consignes
-
Refusé de faire un exercice.
Et elle m’a manqué fortement
de respect. J’ai dû l’envoyer chez la directrice.
Cordialement,
Madame Dapolon. »
-
Maman ! Je veux mon goûter ! me dit
Björn en venant me voir.
-
Alors premièrement, ce n’est pas en demandant
ainsi ton goûter que tu vas l’avoir ! le repris-je. Deuxièmement, je suis
occupée avec ta sœur donc tu vas attendre encore dix minutes.
-
Mais j’ai faim !
-
Tu attends dix minutes, Björn ! insistai-je.
Mon fils soupira d’agacement
et se résigna. Je relus le mot sur le cahier d’Alice à haute voix pour qu’elle
entende. Je l’interrogeai ensuite :
-
Alors ? Qu’en dis-tu ? Pourquoi t’es-tu
comportée ainsi ?
-
Parce que j’en ai marre d’être sage.
Sa réponse me rendit hébétée.
Je m’attendais à tout sauf à ça. Je m’attendais à ce qu’elle me dise qu’elle se
sentait délaissée dans sa fratrie, ou qu’elle ne voulait pas que j’aie d’autres
bébés, ou encore qu’elle était en colère après tel ou tel camarade… Mais ça, je
ne m’y attendais vraiment pas.
-
Quoi ? lui répondis-je, bouchée bée.
-
J’en ai marre d’être sage ! répéta-t-elle. Emmy,
elle n’est jamais sage et tout le monde l’adore dans la classe ! Je veux
être comme elle. Quand on est sage, personne ne nous aime.
-
D’où est-ce que ça sort, ça ? lui
demandai-je. Pourquoi tu dis que tout le monde l’adore ?
-
Parce que c’est vrai !
-
Alice, tu as énormément de copines dans la
classe.
-
Oui mais elles ne m’aiment pas autant qu’Emmy.
-
Admettons. Depuis vendredi, tu n’es pas sage à l’école.
Est-ce que ça a changé quelque chose ? Est-ce que tes copines t’aiment
plus qu’avant ?
-
Ben…non, répondit-elle après avoir réfléchi.
-
Donc est-ce que cela sert à quelque chose de
faire des bêtises ?
-
Non.
-
Est-ce que tu vas arrêter ?
-
…
Pas de réponse. Je la prévins :
-
Alice, si tu continues d’être désobéissante à l’école,
tu vas avoir des problèmes. Tu vas avoir des problèmes avec la maîtresse, avec
papa et avec moi. Je ne pense pas que le jeu en vaille la chandelle.
-
Ça veut dire quoi ?
-
Ça veut dire que ça n’en vaut pas la peine. Donc
tu arrêtes tout de suite ce comportement. C’est compris ?
-
Oui.
-
Oui, qui ?
-
Oui maman.
-
Bon, très bien. En attendant, pour ton
comportement d’aujourd’hui, tu es consignée dans ta chambre jusqu’à mercredi
soir. Tu n’en sortiras que pour venir manger, aller aux toilettes, te laver et
aller à l’école. Tout le reste du temps, tu le passeras dans ta chambre.
-
Est-ce que les autres pourront venir jouer avec
moi ?
-
Non, Alice.
-
Pourquoi ?
-
Parce que tu es punie ! Donc tes frères et sœurs
resteront jouer dans la salle de jeux, et toi tu resteras dans ta chambre !
-
Mais c’est nul ! protesta-t-elle.
-
C’est une punition, Alice ! Ce n’est pas
fait pour te faire plaisir. Va prendre ton goûter, maintenant.
Elle se leva du canapé en boudant.
Je lui précisai :
-
Vas-y, boude, Alice ! Comme ça, tu aggraves
ton cas auprès de ton père !
Elle continua de bouder même
si je vis que ma réflexion l’avait quelques peu déstabilisée. Elle avait sans
doute oublié le fait que son père allait rentrer à la maison et découvrir ses
bêtises de la journée.
Alex et moi nous installâmes à notre table favorite
dans notre restaurant favori. Alors que nous jetions un œil au menu, je tiltai :
-
Oh ! J’ai oublié de dire à ta mère qu’il
faut mettre deux cuillères de céréales dans les biberons des jumelles sinon
elles vont nous réveiller cette nuit !
-
J’ai tout noté sur un papier, me rassura Alex.
Relax, Thaly.
Je ne suis jamais tranquille quand
mes beaux-parents gardent les enfants. Ils n’ont eu qu’un fils et ne sont donc
pas habitués à gérer une famille nombreuse. De plus, ils ne font évidemment pas
les choses exactement comme je le souhaite, ce qui m’irrite. Cependant, j’essayai
de profiter du dîner avec mon mari sans y penser.
Alex et moi rentrâmes à la maison aux alentours de
vingt-deux heures. Heureusement, les enfants avaient été couchés à l’heure habituelle
et tout s’était passé pour le mieux. Ma belle-mère ne voulut l’avouer mais j’étais
certaine qu’elle n’avait pas respecté la consigne d’Alice. Tant pis, Alex et
moi serions là pour la faire respecter demain et mercredi. De plus, avec le
coup de pression que lui avait mis son père en rentrant du travail, je savais
pertinemment que ma fille avait fait profil bas avec ses grands-parents.
Alex et moi avons donc mis en place un plan progressif
pour que j’arrête de fumer. Mon mari modifia alors le règlement établi le premier
jour de la discipline domestique pour qu’il soit plus accessible pour moi. Cela
me convenait bien. A savoir si j’arriverai à le respecter, ça, c’est un autre
challenge !
A suivre…
Qu'en est-il du nouveau règlement ? Est-ce efficace ? Hâte de lire la suite
RépondreSupprimerOui, il faut que je me replonge dans cette histoire ! :D
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