Jeudi 14 novembre 2019.
Lorsque je me réveillai aux
alentours de dix heures, je me sentais sans force. J’espérais de tout cœur ne
pas vraiment être malade ; ce serait un sacré retour de
karma !
Je descendis dans la cuisine et pris
mon médicament. Puisque j’étais seule, je pris mon petit déjeuner devant la
télé. Michael devait être en train de travailler mais j’ignorais totalement où
étaient Scarlett & Louise. Pour ce qui était de Daryl, je l’imaginais en
train de faire de la musculation dans la salle de sport de mes parents.
Je débarrassais mon petit déjeuner
quand mon père apparut dans la cuisine.
-
Salut ma
princesse, me dit-il en me serrant dans ses bras. Tu as bien dormi ?
-
Oui, répondis-je.
Tu ne travailles pas ?
-
Si, j’ai une
pause avant le prochaine meeting, répondit le chef de famille. Je venais me faire un
café.
-
Est-ce que tu
sais où sont maman et Louise ?
-
Elles sont allées
chercher les Dubois.
-
Pourquoi ?! aboyai-je.
-
Elles vont passer
la journée ici, me dit mon père. Leur père est retourné à l’hôpital.
-
Papa, nous sommes
le 14 novembre, pas le 1er avril. Pourquoi tu me fais marcher comme
ça ?!
-
Je ne te fais pas
marcher, ma puce. Je te dis la vérité. Et je te demande d’être polie et
gentille avec elles.
-
Attends,
quoi ?! Dimanche, ce n’est pas moi qui ai commencé ! Ce sont elles
qui ont été horribles !
-
Nous avons fait
le nécessaire, il me semble…
-
Certes, j’espère
que ce sera le cas aujourd’hui encore ! dis-je.
Michael
se mit à fuir mon regard.
-
Qu’est-ce que tu
ne me dis pas, papa ?
-
Eh bien, tu sais,
la semaine dernière nous avons passé du temps avec toi… Et aujourd’hui… C’est
le tour de ta sœur.
-
Tu veux dire que
je vais être toute seule avec ces pestes ?!
-
Daryl sera là,
Marie.
-
Je n’en reviens
pas que vous m’abandonniez un jour comme celui-là ! Elles vont pouvoir me
faire les pires crasses du monde !
-
Daryl sera
là ! répéta l’informaticien.
-
Y’a intérêt qu’il
fasse régner la justice ! dis-je, furieuse du coup que me faisaient mes
parents.
La
porte d’entrée s’ouvrit ; j’entendis ma mère :
-
Enlevez vos
chaussures, les filles, s’il vous plaît ! Si vous avez froid aux pieds sur
le marbre, nous pouvons vous prêter des chaussons.
J’embrassai
ma mère et ma sœur lorsqu’elles arrivèrent dans la pièce à vivre, puis lançai
un bref « Salut » aux filles Dubois.
-
Marie, on se fait
une partie de Uno ! me dit ma mère. Tu veux jouer avec nous ?
-
Nan, répondis-je
en montant les escaliers. Je vais dans ma chambre, appelez-moi quand il sera
l’heure de manger.
J’appuyai
mes pas en montant les escaliers pour montrer ma mauvaise humeur.
Avant de partir avec ma sœur, mes
parents m’embrassèrent en me demandant de rester sage.
-
Je ne vais
certainement pas quitter ma chambre, alors…
-
Ok ma puce. Nous
ne rentrerons pas tard.
-
Les Dubois seront
encore là quand vous rentrerez ?
-
Leur mère vient
les chercher à dix-sept heures, donc je ne pense pas. Répondit Scarlett. Marie,
s’il te plaît, ne nous fais pas la tête…
-
Vous me laissez
seuls en enfer, dis-je.
-
Tu exagères !
Scarlett
me fit un câlin, puis sortit de ma chambre avec son mari.
Je passai une grande partie de
l’après-midi dans ma chambre et descendis à l’heure du goûter.
-
J’ai fait des
crêpes ! me dit Daryl. Je sais que tu aimes ça…
-
Merci beaucoup
Daryl ! lui dis-je en l’embrassant sur la joue.
Je
voyais bien que mon baby-sitter mettait tout en œuvre pour me faire plaisir et
me favoriser par rapport aux Dubois et j’en profitais largement.
-
Qu’as-tu fait
pendant tout ce temps dans ta chambre ? se renseigna Daryl tandis que je
tartinais une crêpe avec de la confiture.
-
J’ai fait mes
devoirs et je me suis acheté des fringues sur internet, répondis-je. Et
vous ?
-
On a joué à Just
Dance, dit Cassandra, et nous avons fait un tournoi Mario Kart.
-
Des écrans tout
l’après-midi ? dis-je. Ben dis donc…
-
C’est bon, on
fait ce qu’on veut ! se défendit Cassandra.
-
Je n’ai jamais
dit le contraire, prétendis-je innocemment, même si vous êtes chez moi et que
vous ne faîtes pas totalement ce que vous voulez !
-
Nan mais pour qui
tu te prends ?! me lança Nancy.
-
Hey, tu peux lui
parler autrement ! intervint Daryl. Marie n’a rien dit de mal, c’est vrai
qu’elle est chez elle, et c’est vrai aussi que vous ne faîtes pas totalement ce
que vous voulez !
-
Forcément, tu la
défends ! bougonna Nancy.
-
Ce sont toujours
les plus dérangés qui s’en vont, rétorqua Daryl.
-
Et où
irait-elle ? interrogea Calix. Où irions-nous ? Nous sommes déjà
obligées de passer la journée ici avec Marie…
-
Oh oui, c’est un
vrai calvaire ! dis-je ironiquement. Je vous signale qu’à moi aussi, on m’a
imposé votre présence ! Je n’avais pas prévu de passer la journée avec une
bande de pestes !
-
Marie ! me
gronda Daryl. Tu vas trop loin !
Avant
même que mon baby-sitter ait fini de me reprendre, Rachel – qui ne disait rien
depuis le début du désaccord – attrapa son verre d’eau et me le lança en
pleine figure. Daryl réagit immédiatement en lui collant une paire de baffes.
Je fis un énorme effort pour prendre sur moi et ne pas me jeter directement au
cou de Rachel ; car même si mon baby-sitter avait réagi, l’envie de me
venger par moi-même ne quittait pas mes entrailles.
-
Sors
immédiatement de table ! gronda Daryl. File ! Au coin, tiens ! Ça
te fera les pieds !
-
Bien fait,
lançai-je à mi-voix.
-
Oh, ça suffit,
Marie ! reprit Daryl à mon intention après avoir entendu ma réplique. Je
suis à deux doigts de te punir pour l’insulte que tu as lancée, alors ne me
tente pas !
Je
me tus. Voir Rachel au coin suffit à calmer mes mauvaises émotions et à en
faire naître de bonnes.
Madame Dubois arriva pour dix-sept
heures piles. Lorsque Daryl lui raconta pourquoi Rachel était au coin, elle
réagit par un simple : « Très bien. » avant de nous dire
cordialement au revoir, de récupérer ses filles et de s’en aller. J’avais envie
d’ordonner à la mère Dubois de ne plus nous imposer la présence de ses maudites
filles, mais Daryl était beaucoup trop près de moi pour que je le tente. De
plus, j’étais un peu déçue que Rachel ne se fasse pas réprimander par sa mère
pour donner suite à son comportement. Je savais madame Dubois laxiste mais pas
à ce point-là.
Lorsque la porte se fut refermée sur
les Dubois, Daryl me gronda :
-
Il me semble que
tes parents t’ont demandée d’être gentille avec les Dubois ! Je me
trompe ?!
-
Non, tu ne te
trompes pas. J’ai fourni des efforts !
-
Tu les as insulté
de « pestes » ! C’est ça que tu appelles « fournir des
efforts » ?!
-
Non, mais…
Je
ne pus continuer ma phrase : Daryl m’avait attrapé par le bras. Il tira
dessus pour avoir accès à mon derrière puis m’asséna une bonne claque sur mon
jean.
-
C’est un avertissement,
Marie. Si tu recommences à te comporter comme une gamine, tu prendras plus
qu’une claque sur le pantalon ! Nous sommes bien d’accord ?!
-
Oui, Daryl,
répondis-je machinalement en frottant symboliquement mes fesses sans douleur.
-
Monte dans ta chambre,
ordonna-t-il. Tu vas réfléchir à la façon dont tu te comportes avec des
invités !
-
Tu ne sais
absolument pas ce qu’elles me font subir à la fac ! Alors les avoir en
plus à la maison, c’est…
-
Je me base sur ce
que je vois, Marie. Et ce que j’ai vu aujourd’hui n’était pas acceptable. Monte
dans ta chambre.
Je
me tournai en direction des escaliers et lâchai un énorme soupir d’agacement,
ce qui me valut une nouvelle claque sur le jean.
-
Je ne veux pas
t’entendre soupirer !
Je
ne répondis pas, par peur d’aggraver les choses.
Mon
nouveau baby-sitter était donc rempli de principes à la c*n, dépourvu de
raisonnement logique et de compassion, bête et discipliné.
Je
me réfugiai dans ma chambre et appelai ma mère. Elle ne décrocha pas. Je reçus
un texto quelques secondes plus tard : « Nous passons du temps avec
ta sœur. Y’a-t-il un problème ? ».
« Non,
c’est bon. » répondis-je automatiquement.
Tout
le monde me laissait tomber, aujourd’hui : Michael, Scarlett, Louise, et
même Daryl.
Au dîner, je n’ouvris pratiquement
pas la bouche, étant contrariée et en colère contre pratiquement tout le monde.
Après débriefing de l’après-midi, mes parents avaient donné raison à
Daryl ; s’en était suivi une dispute qui a bien failli me valoir une
fessée. J’étais totalement dépitée.
Après un bon bain pour décompresser
de cette journée maussade au possible, je me couchai aux alentours de
vingt-et-une heures, Berlioz blotti contre moi, son ronronnement résonnant
agréablement à mes oreilles.
A suivre…
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