Lundi 25 novembre 2019
En
me levant ce matin, j’étais plutôt de bonne humeur. Berlioz était venu nous
réveiller à coups de câlins Louise et moi. Nous étions toutes deux remplies de
gaieté jusqu’à la lecture du mot qui était affiché sur la porte de notre
chambre :
« Nous avons dû aller au travail, tous les
deux. Granny, Grandpa et Assa sont là en cas de besoin. Papa sera de retour pour
ce midi, et en télétravail cette aprem. On vous aime, Papa-Maman. »
Super. Un petit déjeuner avec mes collabos
hypocrites de grands-parents.
Louise
et moi allâmes réveiller Anaïs puis nous descendîmes dans la cuisine pour
prendre le premier repas de la journée.
- Bonjour mes poupées !
s’écria notre grand-mère. Vous avez bien dormi ?
Était-elle bipolaire ? Ou lunatique ?
Une chose était sûre : elle ne m’inspirait pas du tout confiance !
Je m’approchai de mon grand-père pour lui faire
la bise : il consentit à lever les yeux de son journal et à tourner la
tête en ma direction. On dit toujours que les chiens ne font pas des chats ;
c’est bien vrai ! Maman a la sévérité de son père et l’enthousiasme un peu
trop débordant de sa mère. Cependant, j’attribuais à Scarlett une stabilité
mentale parfaite contrairement à ses parents.
Mes sœurs
et moi nous assîmes à table pendant qu’Assa nous servait nos repas.
- Assa, puis-je avoir une
autre tartine de pain de mie avec du nutella, s’il te plaît ? demanda Anaïs.
- Tu ne crois pas que
deux, c’est suffisant ? interrogea ma grand-mère.
- J’ai encore faim, répondit
ma sœur.
- Il reste des fruits,
des yaourts, du muesli, proposa Granny.
- Je veux une autre
tartine ! affirma Anaïs.
- Tu n’auras pas d’autre
tartine, trancha Anna-Beth. Assa, n’en préparez pas.
- Punaise mais c’est
quoi ton problème ?! s’énerva Anaïs.
J’en avais ma petite idée, ce qui me complexa
aussitôt. Notre grand-mère poursuivit :
- Tu t’es vue, Anaïs ?
Il faut absolument que tu perdes du poids !
J’en étais sûre. J’étais déjà complexée avec
mes quatre-vingt-six kilos – même si j’avais déjà perdu un kilo cinq cents grâce
à Scarlett – mais Anaïs, qui devait peser au moins cent-vingt-cinq kilos,
devait l’être encore plus que moi. Connaissant très bien le tempérament de ma sœur,
cette discussion allait très mal finir.
- J’t’ai demandé de donner
ton avis ? Non ! Alors ferme ta grande gueule !
Aïe. Quand Anaïs est blessée, elle est
vulgaire. Et quand elle est vulgaire, elle s’attire fatalement des ennuis.
Assa fut tellement choquée de l’insulte qu’elle
en cassa une assiette. Puisque je n’ai pas le droit de bouger pendant les
repas, ce fut Louise qui se leva pour l’aider à ramasser.
- Excuse-toi tout de
suite ! exigea Granny.
- Et puis quoi, encore ?!
cria ma sœur.
- Des excuses, j’ai dit !
insista Anna-Beth.
- Va te faire foutre !
hurla Anaïs.
Ce fut au tour de notre grand-père d’intervenir :
il flanqua une paire de gifles à Anaïs, qui entra dans une rage folle : elle
fila un coup de poing sur le nez de Jack. Ce dernier se mit à pisser le sang.
- Tu ne perds rien pour
attendre, ma grande ! vociféra Anna-Beth. Nous sommes peut-être trop vieux
pour te maîtriser mais quand tes parents vont apprendre ce que tu as fait, tu n’auras
plus de fesses pour t’asseoir ! Je te garantis que tu vas prendre la
rouste de ta vie ! Tu ne l’auras pas volée, tiens !
- Je vous emmerde !
hurla Anaïs en courant dans sa chambre.
Ayant fini d’aider Assa, Louise voulut suivre
notre sœur pour la réconforter. J’eus la même volonté ; mais nous fûmes
tout de suite stoppées par Granny :
- Vous deux, vous restez
à table ! Contrairement à votre sœur, nous avons assez de force pour vous
maîtriser physiquement ! Si vous ne voulez pas prendre une déculottée immédiate,
vous restez à table et vous finissez vos petits déjeuners !
Vu l’ambiance, Louise et moi ne bronchâmes pas
et obéîmes. Le reste du repas se passa en silence pour nous deux même si, au
fond de moi, j’étais tout autant révoltée qu’Anaïs ; mais mon derrière
douloureux m’empêchait de m’énerver avec la même intensité que ma sœur. Il
était hors de question que mes parents me tombent dessus : j’en avais bien
trop peur. Je pensais d’ailleurs que c’était pour la même raison que Louise n’était
pas également sortie de ses gonds.
Alors
que Jack se pinçait toujours le nez avec un grand mouchoir en tissu, et que Granny
lui tapotait l’épaule pour le consoler, Louise se risqua à demander :
- Granny, Grandpa, Marie
et moi avons terminé de manger. Pouvons-nous aller nous préparer pour l’école ?
- Bien sûr, bien sûr,
accepta Anna-Beth.
Nous ne nous le fîmes pas dire deux fois.
Sur
le chemin de la fac, Anaïs était en larmes. La dernière fois que je l’avais vue
pleurer comme ça, c’était quand Michael lui avait filé sa première déculottée.
- Ils vont me tuer !
Papa et maman vont me tuer ! Je ne peux pas rentrer à la maison ce soir,
ils vont me pulvériser !
- Appelle-les,
ordonnai-je. Appelle-les maintenant ! Raconte-leur tout, avant qu’ils l’apprennent
par les grands-parents. Appelle-les, j’te dis !
- Je ne peux pas, répondit
ma sœur. Je n’en ai pas la force !
- Marie a raison, admit
Louise. Il faut les appeler dès maintenant.
- Je ne peux pas…
- Alors je vais le faire,
tranchai-je.
Je pris mon téléphone et appelai immédiatement mon
père, puisque c’est celui que nous verrions en premier ce midi.
- Marie ? Il y a un
problème, mon bébé ?
- Papa, j’espère que je
ne te dérange pas…
- Dis-moi ce qui se
passe.
Je lui racontai alors toute la scène pendant
que mes sœurs avaient les yeux fixés sur moi ; et plus particulièrement sur
mes lèvres.
A la fin de mon récit, papa garda le silence.
Croyant qu’il y avait un problème de réseau téléphonique, je demandai :
- Allô ? Papa ?
Tu m’entends ?
- Je t’entends, ma puce.
- Ah, d’accord. Alors… Qu’est-ce
qu’on fait ?
- Passe-moi ta sœur.
Je tendis le téléphone à Ana et pris sa place,
les yeux fixés sur ses lèvres. Mal à l’aise, ma sœur faisait les cent pas, mon
téléphone à l’oreille. Elle avait réussi à se calmer assez pour que Michael
comprenne ce qu’elle disait mais elle pleurait toujours. Lorsqu’elle raccrocha,
Louise et moi n’attendîmes pas une seconde pour lui demander en chœur :
- Alors ?!
- Alors… Alors, il
comprend que je me sois énervée, il dit que Granny n’aurait pas dû me faire de
réflexion par rapport à mon poids… Mais il dit aussi que je n’aurais pas dû l’insulter
comme je l’ai fait. Il dit que la réaction de Grandpa était compréhensible
au vu des insultes que j’ai lancées à sa femme, et que le fait de l’avoir
frappé n’est pas justifiable.
- Et donc ?
insistai-je. Qu’en a-t-il conclu ?
- Il a dit que je passerai
un sale quart d’heure ce midi, répondit Anaïs en pleurant. Il a aussi dit qu’il
allait régler ses comptes avec Granny et Grandpa. Mais ce que je retiens, c’est
qu’il va me tomber dessus.
- Bon, j’appelle maman, décidai-je.
Scarlett ne répondit pas. Nous attendîmes cinq
bonnes minutes avant qu’elle ne rappelle :
- Allô, maman ? décrochai-je
immédiatement en mettant le haut-parleur.
- Coucou ma chérie,
dit-elle.
- Maman, tu sais, ce
matin…
- Je sais, coupa-t-elle.
Si je ne répondais pas, c’est parce que j’étais au téléphone avec papa.
- Ah, dis-je. Et… alors ?
- Alors je suis d’accord
avec lui, dit-elle. Anaïs va être punie pour son mauvais comportement ;
mais dès que je rentre ce soir, je vire mes parents de la maison à coups de
pied aux fesses !
Je ne pus m’empêcher de rire. Avant de raccrocher,
je demandai :
- Ah au fait… Les cours
ont commencé depuis dix minutes, est-ce que tu peux appeler le secrétariat de
la fac pour qu’il nous fasse un billet de retard ? Sinon ils vont nous
punir…
- D’accord, j’appelle
tout de suite, accepta maman après avoir soufflé. Mais ne traînez pas !
- Pardonnez-nous pour
notre retard, monsieur Montaigu, dis-je en ouvrant la porte de la classe. Nous
avons eu un souci familial.
- Rien de grave, j’espère ?
- Non, monsieur.
- Très bien, prenez
place, dans ce cas.
La matinée fut longue
pour Anaïs : je la voyais, les yeux rivés sur l’horloge, attendant l’heure
de sa sentence, c’est-à-dire midi.
- Ne t’inquiète pas, tu
ne seras pas la seule à avoir des problèmes, la rassurai-je. Avec toute l’agitation
de ce matin, j’ai oublié de prendre mes médicaments.
Lorsque nous franchîmes
le seuil de la maison, Anaïs pleurait déjà. Cependant, ses pleurs furent couverts
par des éclats de voix venant de la pièce à vivre. Bien que tout soit en
anglais, je réussis à percevoir quelques phrases :
- Vous ne pensez pas qu’Anaïs
est déjà assez complexée comme ça ?!
- On ne dirait pas,
vu ce qu’elle mange !
- Elle a droit de vivre,
non ? Elle n’a que dix-huit ans !
- Marie aussi vit très bien
et pourtant, elle sait qu’elle doit faire attention !
- Anaïs et Marie n’ont
pas du tout le même tempérament !
- Il n’empêche qu’il est
impératif qu’Anaïs perde du poids !
Je ne compris pas la suite mais le mot « fucking »
fut prononcé plusieurs fois par mon père avant que nous pénétrions dans la pièce. Michael repassa
alors immédiatement en français :
- Ah, les filles. Vous
tombez bien. Viens ici Anaïs.
Ana s’approcha lentement, bien que je fusse persuadée
que son corps souhaitait qu’elle recule.
Lorsqu’elle fut arrivée à la hauteur de
Michael, mon père lui ordonna :
- Excuse-toi auprès de ta
grand-mère ; et je veux de vraies excuses, Ana ! Applique-toi.
- Mais papa…
- Mon p’tit cœur, ne m’oblige
pas à te flanquer une fessée. Je t’en supplie.
Anaïs pleurait mais n’ouvrit pas la bouche. Pourtant,
papa patientait. Il patientait bien plus que d’habitude.
- Anaïs, insista-t-il. Excuse-toi.
- Mais elle m’a traitée
de grosse !
- Non, elle n’a pas dit
ça.
- Mais…
- Elle l’a sous-entendu
mais elle ne l’a pas dit ! précisa papa en stoppant d’un geste de la main sa
belle-mère qui voulait en rajouter.
Anaïs ne répondit pas. Elle ne pouvait pas le
contredire.
- Aller ma princesse, dit
Michael. Je te demande de t’excuser platement auprès de ta grand-mère. Fais-le
avant de t’attirer des ennuis.
Anaïs pleurait mais ne cédait pas. Papa se résigna
alors :
- Bien, je te l’ai
demandé beaucoup trop de fois.
Il l’attrapa par l’oreille et l’emmena jusqu’au
canapé malgré les prières de ma sœur. Anaïs se prit alors la fessée qu’elle
redoutait tant, bien qu’elle tomba sur son jogging et qu’elle fut courte.
Alors que ma sœur était encore sur ses genoux, papa
appela sa belle-mère pour qu’elle se rapproche et se tienne en face de ma sœur.
- Tu t’excuses, Anaïs !
dit fermement papa.
- …
- Soit tu t’excuses auprès
de ta grand-mère, soit je baisse ton pantalon, menaça Michael.
- …
- Bien, tu as fait ton
choix, dit l’informaticien en passant à l’acte.
Mais au moment où papa passa sa main dans l’élastique
de son jogging, ma sœur se mit à parler :
- Pardon Granny de t’avoir
dit des grossièretés. Ce n’était pas correct, je t’ai manqué de respect et je
ne recommencerai plus.
- C’était parfait ma
puce, encouragea papa. Relève-toi.
Penaude, Anaïs s’exécuta. Papa continua :
- Dernière chose : tu
t’excuses auprès de ton grand-père de l’avoir frappé.
- …
- Je compte jusqu’à
trois, Ana, prévint Michael. Ne me chauffe pas.
- …
- Un.
- …
- Deux.
- Mais il m’a frappée en
premier !
- Trois, annonça mon père
en attrapant le jogging de ma sœur qu’il fit descendre jusqu’à ses chevilles.
Il flanqua ensuite une dizaine de claques à ma sœur,
claques que je n’aurais pas du tout aimé prendre ! Anaïs n’attendit même pas une
autre remarque paternelle pour présenter ses excuses à notre grand-père. Papa
remonta alors son pantalon, la prit dans ses bras et la serra contre lui.
Ce câlin termina pendant que Louise et moi aidions
Assa à mettre la table. Papa se tourna alors vers ses beaux-parents et leur
demanda :
- Vos valises sont prêtes ?
- Comment ça ?
demanda Jack.
- Vous avez un vol retour
pour 16h cette après-midi, dit papa.
- Scarlett…
- Scarlett a elle-même
pris vos billets, interrompit mon père.
- Je n’y crois pas une
seule seconde ! protesta Anna-Beth.
- Tentez d’appeler votre
fille, proposa Michael. Mais je doute qu’elle vous réponde. Elle est beaucoup
trop en colère contre vous. Elle vous avait explicitement demandé de ne pas
heurter la sensibilité d’une de nos filles et c’est exactement ce que vous avez
fait. Donc…
Furieux, Granny et Grandpa demandèrent à Assa de
retirer leurs deux assiettes de la table et filèrent dans leur chambre pour boucler leurs
valises. Tandis que mes sœurs et moi déjeunions avec papa et Assa, mes grands-parents
partirent de la maison sans même nous dire au revoir. Lorsque la porte d’entrée
claqua derrière eux, papa dit alors : « Bon débarras ! »,
ce qui fit rire toute la tablée et détendit l’atmosphère.
Après
le repas, je me sentis mal. Je n’arrêtais pas de me remémorer les remarques de
ma grand-mère envers Anaïs. Cela me donna la nausée. Je courus aux toilettes,
enfonçai deux doigts dans ma gorge et vomis mon repas. Je me sentis alors beaucoup
mieux.
En
retournant à la fac pour les cours de l’après-midi, j’étais bien contente que
papa n’ait pas découvert ma non-prise de médicaments ce matin !
Lorsque
nous rentrâmes à la maison à la fin de notre journée, maman n’était toujours
pas revenue du travail et papa bossait dans son bureau. Assa nous servit une
collation, puis nous nous mîmes à faire nos devoirs selon le nouveau planning
établi par Michael et Scarlett.
Parmi les devoirs à faire, nous devions
notamment corriger les erreurs du contrôle de mathématiques que le prof venait
de nous rendre cette après-midi. Louise avait eu 19/20, j’avais eu 17,5/20 et
Anaïs avait écopé d’un petit 8/20 qui portait la mention « note divisée
par deux car tricherie ! ». Ce n’était décidément pas sa journée.
Lorsque
la correction du contrôle fut terminée pour toutes les trois, nous nous attaquâmes
au devoir maison de sciences du langage à rendre pour mercredi. Louise et moi
nous y étions prises à l’avance et l’avions déjà bientôt terminé ; Anaïs,
qui ne fichait rien dans son ancienne famille, avait beaucoup plus de retard
que nous.
- Vous pouvez m’aider les
filles ? demanda Anaïs.
- Ben, on a terminé, nous…
répondis-je gentiment.
- Mais juste vous me filez
vos copies comme ça, je regarde un peu ! Ne vous inquiétez pas, je ferai
exprès de faire des fautes…
- Ana, tu viens de te
prendre une mauvaise note pour tricherie, dit Louise. Tu ne crois pas que tu
devrais faire les choses par toi-même, désormais ?
- Mais j’ai la flemme !
se plaignit-elle. Il est tard et j’en ai marre des devoirs !
Assa, qui nettoyait la cuisine de fond en
comble, entendait tout ce qui se passait.
- Eh bien arrête, dis-je.
Tu reprendras demain ou mercredi.
Sans savoir pourquoi, Anaïs se fâcha : elle
se mit à nous crier dessus ; et pour que ses paroles aient encore plus d’impact,
elle s’empara de nos devoirs à Louise et moi et les déchira. Evidemment, elle
déclencha la troisième guerre mondiale : nous nous battîmes toutes les
trois : Louise et moi contre Anaïs. La force de la bagarre était telle qu’Assa
ne réussit pas à nous séparer et qu’elle dut appeler Michael à la rescousse, au
moment-même où Scarlett rentrait du travail.
L’arrivée
de nos parents dans la pièce nous stoppa immédiatement : nous nous séparâmes
et pour ma part, je rivai les yeux au sol.
- Explications ! gronda
maman.
Nous donnâmes alors toutes les trois en même
temps notre version des faits dans une cacophonie innommable. Comme nos parents
n’y comprenaient rien et que nous peinions, aussi bien mes sœurs que moi, à
garder notre calme, ce fut Assa qui raconta les faits.
- … et ensuite elles se
sont battues, termina Assa.
- Bien, je pense que j’ai
été assez patient avec toi aujourd’hui ! gronda papa en fonçant sur Anaïs.
Il l’attrapa à nouveau par l’oreille et la
monta dans sa chambre. Louise et moi restâmes dans la pièce à vivre, face à
maman. Elle nous gronda alors :
- Rien, vous entendez ?!
Rien ne vous autorise à vous battre avec votre sœur !
- Mais maman, c’est elle qui
a commencé ! protesta Louise.
- Chut ! ordonna
Scarlett. Il est absolument interdit de vous battre avec Anaïs ! Lorsqu’elle
vous embête, vous en parlez à un adulte ! Surtout que votre père était à l’étage,
il suffisait de monter le voir !
- Mais…
- Stop ! Ça suffit !
Lorsqu’Anaïs redescendra avec votre père et qu’elle vous aura présenté ses excuses,
vous vous excuserez à votre tour pour cette bagarre.
- Mais maman, ce n’est
pas notre faute ! m’indignai-je.
- T’en veux une ?! me
menaça ma mère en brandissant sa main.
- …
- Je t’ai posé une
question ! Est-ce que tu veux une fessée ?! Parce que ça peut s’arranger !
- Non maman, répondis-je
en tentant de cacher mon agacement.
- Je vous ai
explicitement demandées de vous taire ! La prochaine fois que des mots sortiront
de vos bouches, ce seront des excuses envers Anaïs ! J’espère que c’est
clair !
- Oui maman, répondîmes-nous
en chœur, Louise et moi.
- Vous avez un DM de sciences
du langage à refaire, il me semble.
En voyant notre dépit, Scarlett annonça :
- Mettez-vous d’accord
sur le repas de votre choix. Pour la peine, nous mangerons ce qui vous fera
plaisir, ce soir.
Louise et moi criâmes de joie et allâmes faire
un câlin à notre mère avant de nous remettre au travail.
Une bonne
demi-heure plus tard, Anaïs redescendit avec papa. J’avais l’impression de voir
une grosse tomate à la place de sa tête : elle était rouge écarlate d’avoir
pleuré toutes les larmes de son corps.
- Aller, vas-y, dit papa.
- Je suis désolée pour
mon comportement, je vous présente mes excuses et je ne recommencerai plus,
débita notre sœur.
- Les filles ? s’enquérit
maman.
- Désolée pour la bagarre,
dit Louise.
- …
- Marie ? demanda ma
mère.
- …
- Marie ?!
insista-t-elle.
- Désolée, je n’y arrive
pas, avouai-je. Ce n’est pas ma faute.
- Tu peux peut-être leur
dire que tu n’as pas pris tes médicaments ce matin, si tu préfères !
balança Anaïs.
- Espèce de… commençai-je.
Je ne finis pas ma phrase et la bousculai ;
je la bousculai tellement fort qu’elle en bouscula à son tour mon père. Anaïs me lança un regard de tueuse.
- Viens ici ! me gronda
ma mère en m’attrapant par le bras.
- Toi aussi ! gronda
papa à Anaïs.
- Vous avez décidé de ne
pas faire d’efforts pour vous entendre, soit ! gronda ma mère.
Elle s’assit sur le canapé et me bascula sur
ses genoux. Papa s’assit sur le canapé d’en face et fit de même avec Anaïs. Dix
secondes plus tard, nous prenions chacune une fessée ; et puisque je portais
un collant, c’était particulièrement compliqué à encaisser pour moi, en plus de mes stigmates.
- Nous ne nous arrêterons
pas avant d’avoir eu des excuses l’une pour l’autre et une promesse de non-récidive !
annonça Michael.
Mes excuses vinrent dès que mon père eut terminé
sa réplique. Ma mère cessa alors de me fesser et rabattit ma robe avant de me laisser
me relever. Anaïs s’excusa également quelques secondes plus tard. La tension
était sur le point de redescendre lorsque mon père s’approcha de moi, me pointa
de son index et me prévint : « On reparlera de tes médicaments
avant le coucher ! ».
Nous
nous fîmes livrer un repas thaïlandais ce qui nous régala. Cependant, je me
sentis à nouveau mal après le repas. Prétextant le fait d’aller prendre ma
douche, je m’enfermai dans la salle de bains, me penchai au-dessus des
toilettes et enfonçai à nouveau deux doigts dans ma gorge. Puis, je pris ma
douche pour que mes proches ne puissent pas dire que j’avais menti.
- Je le sais Manou,
me dit Louise alors que nous étions couchées, attendant que nos parents
viennent nous dire bonne nuit.
- Tu sais quoi ?
- Tu as vomi ce midi, et
ce soir aussi.
- Oui, j’étais malade
aujourd’hui.
- Il faudrait peut-être le
dire aux parents pour qu’ils t’emmènent voir un médecin ! conseilla
Louise.
- Non ! Non, s’il te
plaît, ne leur dis rien.
Il y eut un silence. Louise le brisa en me
demandant :
- C’est à cause de ce que
Granny a dit à Anou ce matin ?
- Ça me trotte dans la tête,
avouai-je.
- Manou, je pense
vraiment qu’il faut que papa et maman soient au courant !
- Si tu m’aimes, ne leur
dis rien. Ça va se régler tout seul.
- D’accord. Mais je m’inquiète
pour toi.
- Ne t’en fais pas.
Lorsque je vis Scarlett
et Michael entrer dans la chambre, je me mis à stresser et à serrer machinalement
les fesses. Ils s’avancèrent tous deux vers moi. Maman s’assit son mon lit, papa
resta debout. Il se pencha vers moi, son index leva mon menton, l’obligeant à
le regarder.
- On va de nouveau surveiller
chaque boîte de médicaments tous les matins. Tu es en sursis, Marie. Un médicament oublié et
tu prends une fessée ! C’est clair ?
- Oui, papa.
- Ok, se radoucit-il en m’embrassant.
Aller, dors bien mon petit ange.
Après un câlin de ma mère, je m’allongeai,
soulagée. Néanmoins, mes boyaux se tordirent à nouveau lorsque mes parents
allèrent border Louise, qui pleurait.
Pour me protéger, elle décida de leur mentir.
Je m’en voulus beaucoup. Ma sœur inventa une excuse, du style que sa famille
biologique lui manquait. Elle ne dit rien sur mon cas. J’espérai de tout cœur qu’elle
continue à se taire en réussissant à se faire une raison.
A suivre…
Enfin, j’adore trop hâte de savoir comment sa ça continuer trop trop hâte
RépondreSupprimerj'adore vraiment cette série, que va faire marie maintenant va t'elle continuer a se faire vomir ses parents vont ils sent rendre compte quel suspense
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