Non
seulement je n’arrivais pas à dormir, mais en plus j’avais vraiment très mal à
la tête : je me relevai donc et entrepris de descendre les escaliers dans
l’intention de prendre un médicament contre la migraine. Mais à peine avais-je descendu
les trois premières marches que j’entendis des éclats de voix venant du salon :
- Tu m’écoutes quand je
te parle !
- Tu baisses d’un ton, Scar !
Je suis ton mari et tu me dois le respect !
- C’est réciproque !
- Ah, tu trouves que je
te ne respecte pas ?!
- Non, quand tu me défies
du regard devant les enfants en contredisant mes décisions, tu ne me respecte
pas, Mike !
- A quel moment ai-je
contredit tes décisions devant les enfants ?!
- En rentrant de l’école
j’ai dit que je m’occuperais de Marie, or tu as insisté pour le faire !
- Parce que tu allais lui
flanquer une déculottée juste pour s’être ennuyée en classe ! Tu ne
trouves pas ça un peu exagéré ?! Tu ne lui as même pas demandé d’explications !
- Tu en as demandé, toi,
des explications, à Anaïs et Mayeul avant de leur flanquer une fessée ?!
rétorqua ma mère. Non ! Tu as pris Marie à part uniquement parce que c’est
Marie, justement ! Tu commences à la différencier des autres, Mike !
- N’importe quoi ! J’ai
également pris Mayeul à part et j’ai été clément avec lui !
- Mayeul n’a pas été dans
le orange trois jours d’affilés !
- Non, mais il a été en retenue,
c’est pire ! ajouta mon père.
- Rappelle-moi pourquoi
on doit aller chercher Marie à 17h30, demain ?!
- Ce n’est pas la même chose,
se défendit mon père. Et puis, je n’y peux rien si je suis plus proche de Marie
que des autres !
- Tu as tendance à être plus
laxiste avec elle parce que tu la préfères ! lui reprocha Scarlett.
- Et toi, tu as tendance
à être plus sévère avec elle parce que tu la préfères ! renchérit mon père.
Tous deux se turent un moment. J’arrêtai de
respirer de peur qu’ils ne m’entendent.
- Nous ne devons pas faire
de différences, finit par dire ma mère. Nous devons mettre de côté nos
affinités et nous occuper de nos cinq enfants de la même façon.
- Je suis d’accord,
continua papa, seulement c’est plus facile à dire qu’à faire !
- Je refuse que les
autres se sentent rejetés, acta maman.
- Heather est la préférée
de ta mère, et Beverly la préférée de ton père ! Tu en es morte pour
autant ?
- Bien sûr que non, mais
c’est loin d’être une position enviable ! Demande à ton frère ce que ça fait,
que de toujours passer au second plan ! Je ne veux pas que nos enfants
ressentent cela ! D’autant plus que oui, j’adore Marie, mais j’adore tout
autant Louise ! Et pour ce qui est des trois autres, ça viendra avec le
temps !
- Promets-moi au moins
que tu cesseras d’être beaucoup trop sévère avec Marie.
- Si tu me promets en
retour de cesser d’être beaucoup trop laxiste avec elle !
- Je ne suis pas laxiste
avec Marie !
- C’est reparti ! s’exaspéra
Scarlett.
- Je ne suis pas laxiste !
insista mon père. Qui lui a collé une déculottée magistrale pas plus tard qu’hier ?!
- Tu as donné la même à
Louise et Ana ! Ça ne compte pas !
- Comment ça, ça ne
compte pas ?! Tu te fiches de moi ?! Si vraiment j’étais laxiste avec
Marie, j’aurais uniquement puni Ana et Louise !
- C’est ce que tu as fait
aujourd’hui ! Tu as lourdement puni Anaïs alors que Marie s’en est sortie
avec quelques claques sur la jupe !
- Marie a juste dessiné
en classe pour passer le temps, Scarlett ! Anaïs a carrément déclenché l’alarme
incendie, de façon volontaire !! Tu aurais voulu qu’elles écopent de la
même sanction ?!
- Non, bien sûr que non,
mais…
- Mais quoi ?!
- J’aimerais que tu sois
plus juste.
- Moi aussi, j’aimerais
que tu sois plus juste. Tu as tellement l’habitude que Marie fasse des bêtises
que tu ne prends même plus le temps de discerner les petites des grosses !
- Mike, je…
- Vous allez vous séparer
à cause de moi ? intervins-je, ne tenant plus.
J’étais terriblement angoissée d’entendre mes
parents se disputer à mon sujet.
Mon intervention les stoppa tous les deux. Il y
eut un silence de trois secondes, jusqu’à ce que Scarlett me prenne dans ses
bras :
- Mais non, pas du tout
mon amour ! Ton père et moi nous aimons très fort, nous ne nous séparerons
jamais !
- Alors pourquoi vous
vous disputiez ?
- Il arrive parfois qu’on
ait des désaccords dans un couple, ça arrive ! me rassura maman. Je suis
sûre que tu t’es déjà disputée avec Mathieu !
- Oui mais là, vous vous
disputiez à cause de moi, rappelai-je.
- Les parents se disputent
à cause de leurs enfants, c’est normal, ma princesse ! me rassura à son
tour mon père. Tu sais, pour ta mère et moi c’est aussi un gros changement !
Nous avons vécu dans notre bulle pendant des années et voilà que maintenant
nous avons des enfants ! Et nous sommes passés de deux, à trois, puis cinq
enfants : nous avons besoin d’effectuer quelques réglages. Il n’y a rien
de grave.
J’hochai la tête, choisissant de croire mes
parents lorsqu’ils dédramatisaient la situation.
- Pourquoi es-tu debout à
cette heure ? Quelque chose ne va pas ?
- J’ai mal à la tête, je
voulais juste prendre un médicament pour la douleur, répondis-je.
Ma mère me donna un Doliprane et un verre d’eau.
Une fois le remède pris, mes parents me raccompagnèrent dans mon lit et me
bordèrent en me répétant de ne pas m’inquiéter.
Les croyant, je m’endormis en quelques minutes.
A suivre…
😊.
RépondreSupprimerMerciiii pour ce petit bonus !
Une dispute au sujet des enfants ? ça arrive ...
Michael serait-il de mauvaise foi ? Scarlett semble plus juste.
Mais c'est bien qu'ils se mettent d'accord sur la nécessité de traiter leurs enfants équitablement, aussi bien affectueusement qu'en matière de discipline !
Quand il y a des préférences dans une fratrie, Scarlett a raison, ce n'est bon pour personne !
Finalement il n'y aura peut-être pas de faille dans laquelle Marie pourrait s'engouffrer ? Dommage !
Comment sera sanctionnée sa retenue si elle est maintenue?