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Le suivi de Little Princess - Le redémarrage.

 


       À la suite de l’ultime séance avec Robin, Jeanne, Gabriel et Hugo ont tour à tour beaucoup parlé avec moi. Tous étaient unanimes : il fallait laisser passer le traumatisme, puis réfléchir à la suite.

Mais comment ? Comment accepter de refaire confiance à quelqu’un, de remettre des pans de ma vie entre ses mains, après ce qui venait de se passer ?

Finalement, ce fut Hugo qui eut le dernier mot : « Tu as raison, il n’y aura plus de tuteur ni de tutorat. Uniquement Gabriel. Tu dis que c’est ton grand frère, il saura donc recadrer sa petite sœur quand il le faudra. Mais je te promets que plus personne ne lèvera la main sur toi en-dehors de Gabriel. ».

 

       Gabriel fut d’accord avec mon mari. Il n’y aurait désormais que lui, et personne d’autre que lui. Mais tout le monde attendit que je sois réellement prête.

 

       Ce fut relativement rapide. Le 9 avril, j’envoyai à Gabriel :

« Bon, je pense que je suis prête. Mais on va y aller crescendo. »

« D’accord. Explique-moi. »

« Plus d'instruments. Et un mot d'alerte au cas où je me sente mal... C'est juste pour redémarrer. De ton côté, essaie de ne pas faire différemment de d’habitude. »

« D’accord. »

       Après ces nombreuses années de fusion, je savais que tout ne pouvait que bien se passer avec mon frère. Il ne dépasserait jamais mes limites.

 

       Puis, Gabriel débarqua quelques jours à la maison pour Pâques, et puisque mon tableau était très satisfaisant, nous passâmes ce séjour sans recadrage aucun ; nous profitâmes juste d’être ensemble et heureux.

 

       Par la suite, Gab me lâcha un peu la grappe, ce qui m’arrangea bien : pendant deux semaines, je n’eus pas un seul message pour me demander de remplir le tableau. J’en conclus donc sans rien dire à personne que mon frère avait décidé de me laisser me débrouiller seule. Il pensait peut-être que c’était le bon moment pour que je vole de mes propres ailes !

Seulement, je me relâchai complètement durant cette période et je fis n’importe quoi. Le tableau était entièrement rouge. Et je n’exagère pas.

Forcément, grosse crise intestinale, puis un tour à l'hôpital.

 

       Hier, c’était l’anniversaire de Gabriel. Après l’avoir supplié pendant des semaines de m’accorder ce jour merveilleux où l’on fête sa venue au monde, mon grand frère a accédé à ma requête et a débarqué à la maison hier midi.

 

       Hélas, il n’était pas seulement venu pour fêter son anniversaire ; avec un tableau entièrement rouge, il était évident qu’il allait vouloir régler les comptes.

 

-    Lucie, pourquoi est-ce que tu m’as fait un tableau aussi pourri ?

-    Je croyais que tu avais lâché l’affaire ! Je pensais que tu ne me surveillais plus !

-    Tu es sérieuse ? Tu as vraiment cru ça ? Regarde-moi ça !

 


 

-    Oui bon… Effectivement de me suis un peu lâchée…

Je n’avais aucun argument. Absolument aucun. Du moins, aucun qui tenait la route.

 

       Alors Gabriel m’emmena dans la chambre d’amis, et me bascula en travers de ses genoux malgré mes protestations.

Je pensai à lui dire : « Le mot d’alerte ! Il nous faut un mot d’alerte ! ». Mais comme si je savais au fond de moi que cela ne servait à rien, je me tus. C’était mon frère, il me connaissait par cœur, et après toutes ces années, je savais très bien qu’il n’irait pas plus loin que ce que je pouvais supporter.

 

-    Tu devais prendre combien de médicaments aujourd’hui ?! me demanda-t-il avant même d’asséner la première claque.

-    Quatre, répondis-je d’une petite voix.

-    Et tu en as pris combien ?

-    Je ne sais pas, je n’ai pas compté ! mentis-je. Je compterai ce soir !

-    Tu vas compter maintenant ! m’ordonna Gabriel en m’assénant deux claques sur mon legging. Combien en as-tu pris ?

-    Deux, avouai-je.

Je repris deux claques sur mon legging avant que Gabriel décrète : « Tu m’agaces ! » et qu’il le baisse, lui et ma culotte, d’un seul élan.

Et la salve commença. Dure, car sur des fesses nues et froides ça fait forcément mal. Pourtant, je sais que mon frère commence toujours par de « petites » claques (que l’on sent tout de même passer, hein ! On ne va pas se mentir…) histoire que je ne rende pas l’âme dès le départ, comme avec Robin par exemple…

Mais au fur et à mesure que mon derrière chauffait, la force des claques et ces dernières s’intensifiaient. Cela rendit donc cette fessée particulièrement dure à supporter. Mais méritée. Je ne pouvais clairement pas dire le contraire.

Je n’en reviens toujours pas de la facilité qu’a Gabriel à me punir. Il sait exactement quoi faire pour me faire passer l’envie de faire des bêtises, il sait toujours où taper, avec quelle force, et il sait aussi faire en sorte que je sois autant concentrée sur ma douleur aux fesses que sur ma rédemption. Il n’y a qu’avec lui que j’ai vraiment l’impression d’être véritablement sanctionnée. C’est… difficilement explicable.

       Cette interminable fessée sur ses genoux toucha à sa fin, et Gabriel m’envoya au coin. Et ce fut le début du véritable enfer.

J’ai déjà assez écrit ici que je déteste prendre la fessée au coin. La fessée debout me fait horreur ; et je suis déjà punie au coin, nul besoin d’en rajouter !

Eh bien là, si. Les claques tombèrent, les pires claques du monde, celles que j'abhorre. Et elles tombèrent en nombre conséquent.

Et alors que je croyais la séance terminée, Gabriel me pencha sous son bras et poursuivit mon calvaire. Il se rendit d’ailleurs compte de ma surprise car il me dit :

-    Tu pensais vraiment que c’était fini ?! Avec un tableau pareil ?! Tu plaisantes, j’espère ! Tu vas arrêter de faire n’importe quoi, je te le garantis !

La fessée debout fut longue, très longue, très très longue. Et pour la première fois depuis longtemps, Gabriel tapait aux endroits sensibles, et sur les cuisses, et bien sûr sur mon fessier sûrement écarlate.

-    Arrête ! le priais-je. Ça fait trop mal !

-    Et la crise (intestinale, ndlr), ça ne fait pas mal, ça ?! Hein ?!

-    Si ! lui répondis-je.

Mais pour le moment, sur l’instant, mon ventre me faisait bien moins mal que mes fesses !

-    C’est con parce que tu aurais pu les éviter ! poursuivit Gab en me claquant les fesses. Mais tu n’as rien fait pour ! Résultat, tu as les deux : la crise, et la fessée !

Mon frère ne prononce jamais ce mot ; si bien que l’entendre le dire déclencha une vague de honte en moi, dont je me serais volontiers occupée si je n’étais pas déjà en train de gérer la réception des claques.

       J’avais grandement déconné et je prenais la fessée pour le payer. Formulé ainsi, il y avait vraiment de quoi vouloir se cacher dans un trou de souris !

 

       Gabriel me renvoya au coin pendant un moment qui me sembla une éternité ; tellement que je n’arrivais pas à m’y tenir correctement ; et je repris une tannée. Puis, Gabriel me prévint :

-    Tu n’as pas intérêt à me refaire un tableau pareil, car la prochaine fois ce sera pire !

-    C’est impossible que ce soit pire, rétorquai-je.

-    Tu veux que je te montre ?!

-    Non…

-    Tu veux que je te montre ?! répéta-t-il.

-    Non ! réitérai-je encore plus fort en me protégeant le derrière.

-    Rhabille-toi.

J’obéis, puis sortis immédiatement de la chambre d’amis pour me réfugier dans la mienne. Et je fondis en larmes sur mon lit.

       J’avais désormais banni les instruments de toute future punition, à la suite du traumatisme avec Robin ; mais en fait, c’était pire. J’aurais préféré recevoir le martinet, ou la claquette en cuir, ou la brosse, ou quoique ce soit d’autre. Une séance uniquement manuelle, j’avais oublié à quel point c’était incroyablement infantilisant et insupportable. Surtout avec Gabriel.

 

       Lorsque j’eus terminé d’accuser la séance, je le rejoignis dans la cuisine. Il était au téléphone avec son meilleur ami. Je me blottis dans ses bras, silencieuse, attendant qu’il termine son appel.

Lorsqu’il raccrocha, il me rendit mon câlin. Nous détestons tous les deux ces séances mais on ne peut malheureusement pas supprimer mon unique garde-fou.

-    Tu es au courant que tu vas très certainement devoir faire ça toute notre vie ?

-    Tu crois que je ne le ferais pas toute notre vie, si nécessaire ?

-    Si, malheureusement.

-    Fais gaffe, à quatre-vingt-dix ans j’aurai sûrement une machine. Ou un bras bionique.

-    Et mes os se briseront, ris-je timidement.

L’atmosphère se détendit peu à peu. Et malgré quelques rappels à l’ordre de mon grand frère durant le reste de la journée – il faut dire qu’après le retour d’Hugo à la maison, je me sentais en sécurité et donc, je m’amusais à provoquer Gabriel !, nous pûmes fêter son anniversaire comme il se devait, avec le reste de notre famille de cœur.

 

       Au coucher, Hugo entreprit de me caresser les fesses. Je l’arrêtai :

-    Doucement !

-    Tu as mal ? me demanda-t-il avec un sourire en coin.

-    A ton avis ?! aboyai-je.

-    Tant mieux ! Il devrait même te faire une piqûre de rappel demain matin !

-    T’es un grand malade, toi ! lui dis-je.

-    J’en ai marre de m’inquiéter pour toi.

-    Moi aussi je m’inquiète pour toi, j’te signale ! répondis-je. On est mariés. C’est notre travail mutuel de s’inquiéter l’un pour l’autre !

-    Certes, mais contrairement à toi, moi je ne prends pas de risques inconsidérés juste parce que j’ai la flemme ou que je fuis la contrainte. Vu que je suis en déplacement en ce moment, ça me fait flipper que tu sois livrée à toi-même. Demain, par exemple, qui me dit que tu vas prendre tes médicaments ou que tu vas ralentir sur la route ?

-    Ô crois-moi, demain je serai sage.

-    Parce que Gab t’a recadrée aujourd’hui ! Mais la semaine prochaine ?

-    Il m’a bien recadrée…

-    Mouais. Je serais limite prêt à le supplier de s’installer ici. Il te faudrait une fessée tous les dix jours !

-    Je ne savais pas que j’étais mariée avec un Marseillais ! ris-je.

-    Tu m’épuises.

-    Oui, mais tu m’aimes.

-    Plus que tout au monde.

 

    Finalement, toutes ces tentatives d’arrêt, ces discussions, ces remises en question, tous ces différents tuteurs (même si j’ai fait de merveilleuses rencontres !) ne m’ont menée qu’à une seule personne : Gabriel. C’est lui. C’était déjà lui il y a sept ans, et après toutes ces années, ça le reste. Le seul qui me recadre et le fera sûrement encore à l’avenir.

 

A suivre…

Commentaires

  1. Gabriel est ton ''ange gardien'' en quelque sorte 🙏 et te donne la force de reprendre la bonne voie.
    Bon courage

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  2. Heureux que tu aies pu dépasser ce traumatisme, car je te vois mal vivre avec tes contraintes de santé sans un cadre et tu sais très bien ce que je veux dire car je suis à la même place que Gabriel pour Sarah que tu connais bien et qui peut-être presque aussi récalcitrante que tu l'es toi-même. Heureux, surtout que ce soit Gabriel qui le fasse, il est sévère mais il est sûr. Et ici, juste un petit mot pour Gabriel : Je sais que tu es un homme très pris par ton boulot mais il va falloir que tu sois bien plus régulier avec Lucie car tu es sa planche de salut, je dirais son ultime planche de salut. Chaque fois qu'elle doit aller à l'hôpital, j'ai l'impression que c'est encore plus dur pour elle après. Ton soutien est donc au moins aussi important que celui d'Hugo.
    Bon courage, en tout cas, à vous trois.
    Inutile de vous dire qui a écrit le présent commentaire, vous le savez déjà... ❤️❤️❤️

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  3. Contente que tu ai pu remonter la pente.

    Tu as de la chance d'avoir Gabriel à tes côtés c'est vraiment un super grand frère de coeur.

    Reste comme tu es ne change pas, enfin peut être niveau bétise :P

    je me reconnais beaucoup en toi des fois

    prend soin de toi
    biz

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