- John, est-ce que je
peux te parler ?
- Bien sûr, répondit-il.
- Dans un endroit un peu
plus… discret, précisa Madame Jeanne.
Alors qu’ils venaient tout juste de sortir de
la chambre de Clémence et Mathilde, le Surveillant Général et la surveillante s’éclipsèrent
et descendirent au sous-sol, dans la salle de pause du personnel.
- Qu’est-ce que tu
voulais me dire ? se renseigna Monsieur John, intrigué.
C’est alors que Madame Jeanne le plaqua contre
le mur et l’embrassa fougueusement. Aussitôt, le nouveau venu la repoussa :
- Mais qu’est-ce que tu
fais ?!
Ils s’échangèrent un long regard :
terrorisé pour Jeanne, surpris pour John. Le Surveillant ne s’accorda pas plus
de deux secondes de réflexion : ses lèvres s’emparèrent à leur tour de
celles de la jolie blonde se tenant en face de lui.
Soudain,
la porte s’ouvrit. Le couple se sépara instantanément à l’entrée de Madame
Coralie dans la pièce. Cette dernière n’ayant point remarqué l’ambiance plutôt chaude de la salle, se dirigea vers la machine à café en râlant :
- Cette satanée Capucine…
C’est une tête d’ange avec le diable au corps ! Si elle continue de me
faire tourner en bourrique, je jure que je vais lui flanquer la rouste de sa
vie !
-
Tu
veux que j’intervienne ? proposa John après s’être furtivement essuyé la
bouche.
-
Je
gère, répondit Coralie. Un café ?
-
Non
merci, pas à cette heure-ci, répondit le Surveillant Général.
-
Je
vais plutôt opter pour un thé, en ce qui me concerne, poursuivit Jeanne.
Ils
s’assirent tous trois à table et commencèrent à discuter. Ils furent très vite rejoints
par Monsieur Alexandre et Monsieur Yves.
-
A
qui ça dit un p’tit billard ? proposa le prof de musique.
Monsieur
John restait toujours épaté qu’un billard soit à disposition du personnel dans
cet établissement. Il accepta volontiers une partie.
Tout en regardant Monsieur Yves empoigner
sa queue de billard, Monsieur John demanda aux autres :
-
Vous
avez fait vos devoirs de parents-référents ?
-
Oui,
soupira Monsieur Alexandre. Noémie et Naomy sont mignonnes ; mais Abigaëlle
n’est vraiment pas facile ! Mais bon, je n’ai pas le droit de me plaindre :
tu as Clémence !
-
Ça
se passe plutôt bien, déclara le Surveillant Général. Cette gamine est attachante,
je l’aime bien.
-
Tu
trouves ? interrogea le musicien. Ça a beau être la pianiste la plus douée
que j’aie rencontré depuis que j’enseigne, il n’empêche qu’il y a un je-ne-sais-quoi
dans son attitude qui m’agace. Je la trouve insolente dans sa façon de se tenir…
Avant même qu’elle ouvre la bouche, on peut deviner que c’est une peste !
-
Ma
fille-référente n’est pas une peste ! se défendit Monsieur John. C’est une
chipie, certes, mais elle a de très bonnes qualités !
-
Et
c’est une excellente élève, ajouta Monsieur Yves. Il faut avouer qu’elle est
très intelligente. J’espère qu’elle poursuivra ses études car elle est douée pour
l’école !
-
Et
douée pour les bêtises ! commenta Madame Coralie après avoir bu une gorgée
de café en regardant les joueurs de billard. Avec son palmarès, je m’étonne qu’elle
ait encore un fessier en état de marche !
-
Il
paraît que l’infirmière fait des miracles, ria Monsieur Alexandre.
John
commençait à s’agacer. Clémence était désormais sa fille-référente et il n’aimait
pas que l’on se moque ainsi d’elle. Il répliqua :
-
Clémence
n’est pas la seule à avoir enchaîné les bêtises. Et d’après son dossier, la plupart
de ses sottises ont été guidées par sa morale. Elle est loyale et abhorre l’injustice.
Elle a raison.
-
Un
dossier qui a été rédigé par Matthieu, je crois ! ajouta Madame Coralie. On
peut, en toute légitimité, se poser la question de l’impartialité…
Monsieur
John s’agaçait fortement ; et le fait que Jeanne ne réagisse pas l’irritait
encore plus. Mais comme si cette dernière avait lu dans ses pensées, elle
déclara :
- Clémence est une chouette gamine. Et désormais, c’est ma gamine. Alors je vous conseille tous de la fermer car je pourrais me fâcher. Ne critiquez pas ma chouette gamine en ma présence.
-
Ni
en la mienne, renchérit John, heureux de l’intervention de sa collègue.
-
Oh,
le coup des parents protecteurs ! se moqua Madame Coralie. Comme c’est
mignon ! Avec vous deux, il est certain que Clémence va continuer à nous donner
du fil à retordre ! Vous avez l’air de deux lions enragés prêts à tout
pour défendre leur progéniture !
-
Je
te signale que je lui ai flanqué une fessée pas plus tard que ce matin, fit remarquer
Jeanne. Ce n’est pas parce que nous sommes protecteurs que nous sommes laxistes.
J’aimerais seulement que vous voyiez Clémence autrement que par ses frasques et
son franc-parler. Cette petite a un grand cœur et elle gagne à être connue ;
même si elle a un goût très prononcé les transgressions du règlement.
-
Pas
laxistes, vous dîtes ? demanda Madame Coralie. J’attends de voir…
-
Je
lui ai flanqué une fessée ce matin, je te dis !
-
Tu
lui as donné trois tapes sur la jupe, j’imagine ? poursuivit Coralie. Et
tu appelles ça une fessée !
-
Je
lui ai filé une déculottée jusqu’à ce qu’elle ait le derrière bien rouge !
se défendit Jeanne. Et ce, parce qu’elle a volontairement dépassé le couvre-feu
hier soir !
-
Ben
voyons ! poursuivit Monsieur Alexandre. Si ç’avait été ma fille-référente,
ses fesses n’auraient pas seulement été rouges, mais écarlates !
-
En
parlant de fesses, et si vous vous mêliez des vôtres, pour voir ?!
intervint Monsieur Yves. Vous critiquez Clémence et la façon de faire de
Jeanne et John, mais j’aimerais bien savoir comment vous vous débrouillez avec
les vôtres, de gamines ! Pour toi Alex, j’ai filé une heure de colle à Noémie
cette après-midi : je n’ai pas eu l’impression qu’elle ait été punie pour
cela !
-
Je
n’ai pas été mis au courant ! protesta le prof de musique.
-
La
preuve que tu t’intéresses à tes filles-référentes ! Quant à toi Coralie, je
te signale que Chaïma a failli se battre avec Laure juste avant le dîner !
Je ne t’ai pas vue intervenir !
-
C’est
que…
-
…que
tu n’étais tout simplement pas là ! enchaîna le philosophe. Alors avant de critiquer le boulot que
font John et Jeanne avec Clémence, balayez devant votre porte !
Le
petit recadrage de Monsieur Yves contenta Monsieur John et Madame Jeanne. Bien
fait pour les autres ! Le professeur de philosophie finit par dire :
-
Bon
alors, on se la finit cette partie, ou pas ?
A
suivre…
⚡Rien n'interdit les rapprochements au sein du personnel du pensionnat je suppose ? 🤔🤫
RépondreSupprimerLe rôle de parents-référents n'a pas l'air d'avoir été simple ce premier soir !
Finalement Clémence est bien tombée ... John et Jeanne sauront la cadrer mais aussi la protéger contre l'injustice 😕
C’est intéressant de voir le point de vue des autres professeurs/surveillants.
RépondreSupprimerJe n’aurais pas cru que Mr Alexandre pensait ça de Clémence
Oui, bien décevant ce Mr Alexandre !!!
SupprimerHeureusement que Clémence n'est pas tombée sur lui, contrairement à ce qu'elle avait espéré !!!