Lundi 11 novembre 2019
Certaines d’entre nous
pleuraient, d’autres, comme moi, étaient complètement dépitées.
Nous avions toutes été levées à sept heures et
demie pour que Monsieur George puisse nous faire part des différentes réformes
mises en place pour faire tourner l’établissement de façon plus efficace.
Monsieur Mickaël et Madame Kelly… J’avais
tellement de peine pour eux ! Et tellement de haine envers cette espèce de
connard d’Anglais !! Toutes les surveillantes – devrais-je dire «
gouvernantes » ! – qui étaient gentilles avec nous avaient été
renvoyées. De même pour les enseignants. Cette maudite fondation voulait nous
enlever le goût de vivre.
Et l’instauration du bonnet d’âne ! Ben
voyons !
- Autant écrire mon nom
dessus ! avait dit Mathilde avant que l’émotion ne soit trop grande
et qu’elle fonde en larmes.
- On ne les laissera pas
faire ! avais-je rétorqué. Dès que ce sadique d’Anglais dégage, on reprend
le contrôle !
Enfin ça, je l’avais dit avant que je
sache que Matthieu, mon Matthieu, réintégrait son poste ! C’était
la seule bonne nouvelle de ce début de journée : lorsque je le vis arriver
sur l’estrade, mon cœur s’emballa. Il tenta de ne pas me regarder pour ne pas
être déstabilisé, mais je me rendis vite compte qu’il luttait contre lui-même.
Il avait tout comme moi cette envie irrésistible que nos regards se croisent. Ce
n’était pas très grave s’il fallait attendre un peu : non seulement je
pourrais le voir durant la journée mais également les jours suivants !
La
journée des familles commença à dix heures. Si nous étions toutes chamboulées
par les récentes annonces, nous étions quand même bien contentes de revoir nos
proches.
Je sentis néanmoins l’angoisse monter lorsque
je vis tous ces individus défiler sans apercevoir mon frère ni ma sœur.
Mathilde partit avec ses parents tandis que j’attendais toujours. C’est alors
que je vis cette tête blonde que j’aimais tant.
- Côme ! m’exclamai-je
en sautant au cou de mon frère.
Ce dernier me serra dans ses bras et me fit
tournoyer sur place avant de me reposer à terre.
- Comment vas-tu mon
trésor ? me demanda-t-il avant de vérifier que je portais toujours le médaillon
qu’il m’avait offert au retour des dernières vacances.
- Ça va, répondis-je.
Puis, je me tournai vers ma sœur qui venait
également d’arriver et la serrai dans mes bras.
- Salut ma crapule !
dit Célestine en me rendant mon câlin. Tu as l’air en forme ! Comment
vas-tu ?
- Je vais bien maintenant
que vous êtes là ! répondis-je avec un visage illuminé.
- Tu iras moins bien
lorsqu’on aura discuté ! me dit mon frère en fronçant les sourcils.
- Qu’est-ce que j’ai fait
encore ? m’inquiétai-je.
- On va déjà parler de
ton bulletin, ensuite on parlera de ton comportement ! annonça Côme.
- Mais…
- Mesdames et Messieurs, je vous prie de bien vouloir me suivre dans le réfectoire !! appela Monsieur Hans, le bras droit du boss Anglais, fraîchement arrivé ce matin.
- Cette discussion est
loin d’être terminée, Clémence Vicœur ! me dit Côme en suivant la foule
qui avançait vers le réfectoire.
Anxieuse, je m’installai sur une chaise non
loin de ma fratrie et écoutai Monsieur George déblatérer pendant une heure –
oui, oui ! Une heure ! – son speech sur le nouveau fonctionnement de
l’établissement. Il présenta absolument tout le personnel du Pensionnat
et termina par dire qu’il se rendait disponible pour la moindre petite
question. Forcément, Côme et Célestine avaient pris des notes durant toute la
réunion.
En
sortant du réfectoire, je me tournai vers mon frère et ma sœur en disant :
- Vous voyez pourquoi
vous devez me sortir d’ici ?!
- Ça ne peut que te faire
du bien de rester dans cette école, Clem ! trancha Célestine. Les
nouvelles règles mises en place vont t’empêcher de continuer à faire des bêtises !
- En parlant de bêtises,
je veux savoir ce qu’il en est réellement, poursuivit Côme. Je veux rencontrer
tes parents-référents et le Directeur. Et je veux aussi voir ton dossier
scolaire. Et cette après-midi, je veux rencontrer chacun de tes profs.
- On ne pourrait pas
aller se balader, plutôt ? demandai-je sans grande conviction.
- Hors de question !
répondit vivement ma sœur. Nous voulons tout savoir de ton attitude et de ton travail
ici !
Tandis que je me lamentais, mon frère et ma sœur
allèrent à la rencontre de Madame Jeanne. Le personnel de l’établissement avait
pour consigne de se rendre disponible pour toutes les familles ; ma
mère-référente était donc assise à une table dans la salle des gouvernantes et
attendait qu’on vienne la voir.
- Bonjour Madame Jeanne,
dit mon frère en lui serrant la main. Nous sommes Côme et Célestine Vicœur.
Clémence est notre petite sœur.
- Oh, enchantée ! répondit
la gouvernante. Je vous en prie, installez-vous !
Puisqu’il n’y avait que deux chaises, je restai
debout. Tant mieux. Côme et Célestine se seraient bien vite aperçus que j’avais
du mal à m’asseoir…
- Que voulez-vous savoir ?
demanda Madame Jeanne.
- Tout, répondit mon
frère. Nous savons que vous êtes la mère-référente de Clémence. Comment ça se
passe avec elle ? Est-ce qu’elle travaille bien ? Est-ce qu’elle est
sage ?
- Je ne suis sa
mère-référente que depuis quelques jours, répondit la gouvernante mais oui,
Clémence travaille très bien. Jusqu’alors, je ne l’ai punie qu’une seule fois.
- Ah bon ? demanda ma
sœur en me fusillant du regard.
A mon grand désespoir, Madame Jeanne narra
alors l’épisode du contrôle d’espagnol que j’avais oublié et qui m’avait fait
transgresser le couvre-feu.
- Eh bien, on en apprend
tous les jours ! dit Côme. Quoi d’autre ?
En sortant de la salle
des gouvernantes, ma sœur releva ma jupe et me flanqua cinq claques sur la
culotte, claques qui réveillèrent mes stigmates. Je rougis immédiatement de
honte et rivai mon regard au sol en me frottant les fesses en silence.
- Amène-nous au bureau de
Monsieur John ! m’ordonna Côme. Je pense qu’il va être très instructif,
lui aussi !
Nous frappâmes à la porte du bureau. J’avais
déjà envie de pleurer. Mon frère et ma sœur allaient me dégommer.
Par chance, Monsieur John était déjà occupé
avec une autre famille, ce qui me laissa du répit. Enfin, c’est ce que je
croyais. Cela donna plutôt du temps à ma fratrie pour me réprimander :
- Tu te gardes bien de
nous raconter tes bêtises au téléphone ! commença ma sœur. Tu préfères
que nous le découvrions par nous-mêmes, c’est ça ?!
- On a fait quatre heures
de route pour venir te voir, Clémence, et je pense que nous n’allons pas être
déçus du voyage ! renchérit mon frère. Tu vas voir tes fesses ! Tu
vas vraiment finir par prendre la Terrible !
Tandis que les larmes me montaient aux yeux, le
bureau de mon père-référent se libéra, laissant sortir Willow et ses parents.
Lorsque Monsieur John aperçut Côme et Célestine, il eut un grand sourire
chaleureux. Puis, il m’aperçut avec la mine renfrognée et dit :
- Ah toi, tu as eu des
ennuis !
- Et suivant ce que vous
nous direz, ce n’est peut-être pas fini ! commenta Côme.
Monsieur John raconta
tout ce qui s’était passé avec moi depuis son arrivée à mon frère et ma sœur.
Il narra absolument tout : des marqueurs à l’exposé d’anglais non fait
hier après-midi, en passant par les petits pois sur lesquels j’avais refusé de
m’agenouiller. Tout y passa. Absolument tout. J’étais fichue.
Le nouveau
Directeur-Adjoint donna également les points positifs de mon comportement mais
j’eus l’impression que Côme et Célestine y restaient sourds.
- … J’ai donc décidé
depuis avant-hier d’exercer une tolérance zéro avec Clémence, et cela est en
train de porter ses fruits.
- Vous avez bien raison de
ne pas la lâcher ! dit ma sœur.
Côme, quant à lui, ne cessait de me fusiller du
regard. Même si j’avais les yeux rivés sur mes souliers, je sentais le poids de
son mécontentement sur moi.
- Tu entends, Clémence ?!
Tu entends tout ce que Monsieur John a dit sur tes agissements ?!
- …
- Oh, j’te parle ! me
gronda le cardiologue en me donnant une petite tape sur le bras.
- Oui Côme, répondis-je,
la tête baissée.
- Et tu es fière de toi ?!
- Non Côme, répondis-je.
- Conduis-nous à ta
chambre ! m’ordonna mon frère. On a des comptes à régler !
- Mais j’ai déjà été
punie pour toutes les bêtises qu’il vous a racontées ! protestai-je en
laissant couler une larme sur ma joue. Dîtes-leur, vous !
Monsieur John n’eut pas le temps de réagir, ma sœur
m’expliqua :
- Que tu aies été punie
ici, ce n’est pas notre problème, Clémence ! Et j’ai l’impression que tu n’as
d’ailleurs pas été assez punie parce que tu continues tes bêtises ! Jusqu’à
hier ! Jusqu’à hier, Clémence ! Et tu voudrais qu’on laisse
passer ça ?! Ne crois surtout pas que le fait d’avoir été punie à l’école
te dispense d’être punie à la maison ! Tu devrais le savoir depuis le
temps, ça fonctionne comme ça depuis ta naissance !
Côme et Célestine remercièrent Monsieur John pour
l’entrevue et s’excusèrent auprès de lui pour mon comportement. Mais bon sang,
c’était moi qui avais mal aux fesses, pas lui ! En quoi méritait-il des excuses ?!
J’espérais
de tout cœur que notre chambre soit occupée par Mathilde et ses parents, mais
non. Elle était vide. Mon frère et ma sœur y entrèrent avec moi et fermèrent la
porte à clé derrière nous.
- Assieds-toi sur ton lit !
m’ordonna Côme en haussant fortement le ton. Je ne suis vraiment pas content,
Clémence ! Titine et moi t’avons mise ici pour que tu aies un peu de plomb
dans la cervelle mais tu continues à te conduire comme une petite peste qui
veut faire ce qu’elle veut quand elle veut et qui se fiche des conséquences !
Tu réfléchis au moins, aux conséquences de tes actes avant de t’en ficher, ou
pas ?!
- Oui, bredouillai-je
faiblement.
- Eh bien, on ne dirait
pas ! reprit mon frère.
Je pense que tout le monde au sein du dortoir
pouvait l’entendre crier, désormais.
- Tu te fiches de prendre
la fessée, c’est ça ?! poursuivit Célestine. Ils ne te la donnent pas
assez, ici ?!
- Si, répondis-je en
laissant aller mes larmes.
- Eh bien ça n’a pas l’air
d’être le cas ! dit mon frère.
- Mais j’ai quand même un
excellent bulletin ! plaidai-je.
- Il va être bien moins
bon lorsque ton zéro pour tricherie en littérature et ton trois en espagnol
vont être comptabilisés ! rappela ma sœur.
- Qu’est-ce qu’il faut qu’on
fasse, Clémence ?! poursuivit Côme. Qu’on te mette dans une école
militaire, c’est ça ?! Tu n’auras pas à réfléchir, juste à obéir aux
ordres ! La première partie ne devrait pas être très compliquée puisque c’est
déjà le cas ! En revanche, pour ce qui est d’obéir aux ordres, tu as un
sacré chemin à parcourir !
- Il est hors de question
que tu continues à faire ta tête de mule plus longtemps ! reprit ma sœur. Tu
entends ?!
- Oui Titine,
répondis-je.
J’étais prête à faire profil bas autant qu’ils
le voulaient, du moment que rien ne tombait sur mes fesses ; Mais comme un
coup du sort, ce fut à ce moment-là que ma sœur alla récupérer ma brosse à
cheveux dans la salle de bains.
- Nan ! priai-je
immédiatement. Pitié ! Je vais être sage ! Je vais être sage !!!
- Ça fait deux mois et
demi que tu nous dis ça, Clémence ! dit ma sœur, la brosse à la main. A
croire qu’il fallait que tu sois en pension pour augmenter ta capacité à faire
des bêtises plus grosses que toi !
Alors que je m’attendais à prendre une fessée à
la brosse, mon frère enleva son gilet, remonta les manches de sa chemise et m’allongea
sur le dos, sur mon lit. Lorsque je le vis attraper mes chevilles, je crois que
tout le Pensionnat m’entendit hurler des prières.
- Pas la Terrible !
Pas la Terrible, Côme ! Pitié !!!
Sourd à mes suppliques, le cardiologue releva
mes jambes de sorte que mes chevilles soient au-dessus de ma tête, puis il
enleva ma culotte. La fessée qui tomba ensuite fut la pire qu’il ne m’ait
jamais donnée. La pire même que j’aie reçue de toute ma courte vie. C’était
pire que Matthieu, pire que Monsieur John, pire que Monsieur Éric, pire que l’Anglais.
Mon frère réaffirmait son autorité suprême auprès de moi. Au-dessus de lui,
personne si ce n’est Dieu ne pouvait me punir avec davantage de sévérité.
Cette Terrible des Terribles dura plusieurs
longues minutes à la main ; et tandis que Côme continuait de me maintenir
en position, ma sœur m’asséna une vingtaine de coups de brosse pour ponctuer
cette épouvantable sanction.
Puis Côme me lâcha. J’étais en nage ; lui
aussi. Il m’ordonna d’aller au coin ce que je fis sans discuter. Après la volée
que je venais de recevoir, la pire de toute mon existence, je n’avais d’autre
choix que d’être sage comme une image.
Ma
fratrie attendit que mes pleurs soient calmés puis m’attrapa le bras et me
descendit dans le bureau de Monsieur Éric. Comme dans un scénario de mauvaise
série B, le Directeur du Pensionnat était en réunion express avec ses quatre
assistants, Monsieur Hans et Monsieur George.
- Parfait ! s’était
exclamé Côme. Pardonnez-nous de vous déranger, ça ne prendra que quelques
minutes ! Clémence a quelque chose à vous dire !
Ma sœur me fit avancer au milieu de la pièce
et, regardant le sol, je peinais à ouvrir la bouche. C’était la honte suprême.
Je sentais le poids de tous les regards. Monsieur George, l’homme que je haïssais
le plus au monde. Monsieur Éric, que je considérais comme un père. Monsieur
John, que je commençais à bien aimer même s’il me menait la vie dure. Monsieur
Lionel, que j’appréciais énormément. Monsieur Matthieu auquel mon cœur était
totalement dévoué. Et Monsieur Hans et Madame Philomène qui étaient de parfaits
inconnus. Et je devais leur parler à tous. Je n’arrivais pas à ouvrir la
bouche.
- Clémence, dépêche-toi !
me gronda Côme. Si tu n’as pas parlé d’ici cinq secondes, je t’en remets une
devant tout le monde !
Je savais qu’il le ferait. Et je savais ce qu’il
voulait que je dise. Alors, débutant le moment le plus humiliant de toute ma
vie, je finis par lâcher :
- Je vous demande pardon
pour mon comportement.
Il y eut un silence. Côme me gronda :
- C’est tout ?! Tu
veux vraiment une autre fessée, Clémence ?! Ici, devant tout le monde ?!
- Je promets d’être sage
et de travailler correctement, poursuivis-je la mort dans l’âme. Je ne vous
causerai plus de soucis et vous n’aurez plus à vous plaindre de moi.
- Sinon ?! insista Célestine.
Je ne pus répondre à la question.
- Sinon, tu recevras non
seulement une bonne déculottée de la part de la personne à laquelle tu auras
fait du tort, répondit ma sœur à sa propre question, mais tu seras doublement
punie à la maison et je peux t’assurer que tu ne pourras plus t’asseoir pendant
deux semaines !
Même si j’avais les yeux baissés, je ressentais
les réactions tantôt satisfaites tantôt étonnées des personnes qui étaient
présentes.
Côme s’approcha alors de moi : je levais
les yeux pour la première fois dans cette pièce aujourd’hui. Malgré mon recul
défensif, mon frère m’attrapa par le bras, ce qui fit redémarrer mes larmes. Il
releva ma jupe et afficha mes fesses nues et écarlates à toute l’assemblée
puisqu’il ne m’avait pas autorisée à réenfiler ma culotte. Puis, il déclara :
- Pour information
Messieurs-Dames, tant qu’elle n’a pas les fesses aussi rouges que maintenant, c’est
qu’elle n’a pas retenu la leçon. N’hésitez donc pas à la sanctionner
copieusement ! Et avec ma sœur, il n’y a rien de plus efficace que la
main, n’est-ce pas Clémence ?!
Je ne pus répondre une nouvelle fois, submergée
par la honte.
Côme rabaissa ma jupe tandis que Célestine
remerciait l’assemblée pour son attention. Puis, nous sortîmes du bureau pour retourner
dans ma chambre. La seule petite information qui me consola fut de voir Chaïma
et Capucine en train de prendre une rouste du même calibre que moi – si ce n’est
pire ! – dans le hall de l’établissement.
Une
fois dans ma pièce préférée, mon frère me força à m’asseoir sur mon lit et à le
regarder dans les yeux. Sans autre alternative, j’obéis. Il me gronda alors :
- Nous ne voulons plus entendre
que tu n’as pas été sage, Clémence ! De même, nous ne voulons plus aucune
mauvaise note ! C’est compris ?
- Ou…i, bégayai-je.
- Je ne peux pas dire que
tu as de la chance que papa et maman ne soient pas là car c’est un véritable cauchemar de vivre sans eux, dit ma sœur. Mais s’ils avaient été là et qu’ils avaient
appris tout ce que nous avons appris aujourd’hui, il te serait impossible de t’asseoir
à l’heure actuelle.
Mon frère confirma les dires de la
littéraire. Puis, Côme et Célestine s’assirent alors à mes côtés sur mon lit et m’enlacèrent
un bon moment.
Lorsque la pression fut
totalement redescendue, mon frère et ma sœur m’emmenèrent manger à l’extérieur
du Pensionnat ; lorsque nous revînmes, ils consultèrent un à un les
professeurs qui étaient encore là et qui n’avaient pas été renvoyés. Heureusement,
je ne subis aucune remontrance : je travaille plutôt bien à l’école et me
comporte généralement bien en classe.
A dix-huit heures, les
familles devaient repartir. Les adieux avec Côme et Célestine furent très difficiles.
- Dans trente-huit dodos,
ce sont les vacances de Noël ! me dit ma sœur en me serrant contre elle.
Tu rentreras à la maison et on fêtera Noël tous ensemble. Plus que trente-huit
dodos, mon trésor !
J’avais l’impression qu’elle me parlait comme à
Paul, son fils de quatre ans. Néanmoins, je la laissai faire ; cela m’apportait
un certain réconfort qu’elle me materne toujours autant qu’avant.
- Sois sage ! me dit
alors Côme les dents serrées, quand ce fut à son tour de me prendre dans ses
bras. Bon Dieu, Clémence, tu as vraiment intérêt à être un modèle de sagesse
et de travail ! Je conçois que tu fasses une ou deux bêtises dans le mois
par inadvertance ou étourderie, mais si j’apprends que tu continues de te
comporter comme une peste…
- Je serai sage, Côme !
lui assurai-je.
- Tu as vraiment intérêt !
répéta-t-il avant de m’embrasser longuement sur le front. Je t’aime plus loin
que les étoiles et plus grand que l’univers tout entier, mon trésor !! N’oublie
jamais que Titine et moi t’aimons inconditionnellement. Tu n’es pas qu’une
merveille aux yeux de Dieu, tu es également une merveille à nos yeux. Une
merveille qui doit apprendre à filer droit, mais une merveille tout de même !
Mon frère me serra à nouveau très fort dans ses
bras puis Monsieur George fit un dernier appel à sortir pour les familles.
Célestine m’embrassa une fois de plus sur la joue et me chuchota à l’oreille :
« Envoie-nous ta liste de Noël par courrier dès qu’elle sera prête. Je t’aime,
trésor ! ».
En
regardant ma fratrie sortir de cette prison où j’étais enfermée, je ne pus retenir
mes larmes.
Plus que trente-huit dodos.
J’allais
retourner dans ma chambre lorsque Monsieur Éric me croisa dans le couloir et me
tendit un papier avant de s’en aller. Je le dépliai et lus :
- Détruis ce papier et
rejoins-moi dans mon bureau. Matthieu.
Je fis un détour par le hall du bâtiment A pour
jeter le papier dans la cheminée. Après m’être assurée qu’il avait correctement
brûlé, j’allai frapper à la porte de mon aimé.
- Entrez !
entendis-je.
J’ouvris la porte et mon cœur se remplit d’une
chaleur innommable. Mon Matthieu était là, se tenant face à moi, ses fesses
appuyées sur son bureau.
Après m’être assurée d’avoir correctement
refermé la porte derrière moi, j’avançai lentement et lui demandai :
- Alors tu es de retour ?
- Je suis de retour, répondit-il.
- Tu n’es pas venu me
voir aujourd’hui. Tu aurais pu venir manger avec nous ce midi.
- Je voulais vous laisser
en famille, rétorqua mon amoureux. Et puis, j’avais quelques réunions.
- Si tu étais venu, tu m’aurais
peut-être sauvée de la pire volée de ma vie.
- Je suis persuadé qu’elle
était méritée, répondit Matthieu.
- J’ai vécu la pire honte
de toute ma vie dans le bureau du Dirlo, tout à l’heure.
- J’ai vu que tu étais
honteuse, dit Matthieu. Mais vu l’épaisseur de ton dossier disciplinaire, à quoi
t’attendais-tu ?
Je ne répondis pas.
- Si ton frère n’y était
pas déjà allé vraiment fort, sois sûre que tu serais sur mes genoux en ce moment-même.
- Et pourquoi ? m’étonnai-je
en feignant d’être offusquée.
- Pour tout ce que tu as
fait subir à Monsieur John depuis qu’il est arrivé. Et puis, je t’avais
prévenue que je voulais que tu sois sage jusqu’à aujourd’hui !
- J’ai été sage !
protestai-je avec un sourire en coin.
Sa main se crispa sur son bureau.
- Attention, Clémence, ne
me tente pas. Je pense que tu vas déjà avoir mal aux fesses pour les trois
prochains jours. Ne me provoque pas davantage !
Je détournai le regard et changeai de sujet :
- Pourquoi es-tu revenu ?
- La Fondation m’a
proposé le poste, je ne pouvais pas refuser.
- Donc nous deux, c’est
terminé ? demandai-je en sentant mon cœur s’alourdir.
- Non, répondit le
nouveau S.G. pour mon plus grand soulagement. Nous allons juste devoir nous en
tenir à des rapports strictement disciplinaires et repasser au vouvoiement. Ton
frère m’a déjà invité à passer les vacances de Noël avec vous, on profitera
lorsque nous serons en-dehors du Pensionnat.
- Il t’a invité pour les
vacances ? Sans mon accord ?
- Tu ne veux pas que je
vienne ? s’enquit mon aimé en haussant les sourcils.
- Bien sûr que si,
répondis-je amoureusement.
Je m’avançai vers Matthieu jusqu’à être à
quelques centimètres de son visage, puis chuchotai :
- Un dernier baiser avant
Noël ?
- Un dernier avant Noël,
répondit-il avant de m’embrasser langoureusement.
Soudain, nous sortant
de notre rêverie, on frappa à la porte. Matthieu m’attrapa alors et me colla
trois claques sur la jupe en grondant : « Votre comportement est
inadmissible ! Allez au réfectoire et faîtes-vous oublier ! ».
La porte s’ouvrit : la nouvelle Gouvernante
Marie-Claire venait déposer un dossier sur le bureau de Monsieur Matthieu.
Lorsqu’elle repartit, je fusillai mon homme du regard en grondant :
- Les claques, c’était
pas obligé !
- Si ton frère n’était
pas déjà passé par là, tu ne veux même pas savoir ce que j’avais prévu !
me répondit-il. Estime-toi heureuse de n’avoir reçu que ces trois claques. Va manger,
maintenant. Les autres vont se poser des questions.
Ah, cette journée des
familles… Je l’ai adorée et en même temps, je m’en serais bien passée !
A suivre…
RépondreSupprimerL.P., quelle bonne surprise de découvrir ce nouveau chapître 😊 un grand merci pour le plaisir que m'apporte la lecture de tes histoires.
Surtout ... continue ... j'adore 🙏
Sacrée journée pour Clémence qui n'a pas échappé à la ''terrible'' ! Côme est vraiment sans pitié !!!
Apparemment les familles cautionnement sans réserve la nouvelle organisation disciplinaire 😒 Le monstre anglais doit être vraiment content de lui ...en fait tout le monde a l'air content ??? La nouvelle hiérarchie est impressionnante et redoutable, les filles vont devoir filer droit 😥... il y a quelques jours difficiles à venir avec la présence de l'anglais et de son acolyte !
Le retour de Mathieu est acté par un ultime baiser .... jusqu'aux vacances de Noël 😏 Vont-ils réussir à garder leurs distances ? Prudence est le maître-mot ...
Merci beaucoup Sonia pour ton commentaire qui me va droit au cœur !! Et merci pour tes supers commentaires que j'attends avec impatience et que j'ai hâte de lire à chaque fois ! <3
SupprimerAh tiens? Encore une dont la main reste le plus efficace ? J'en connais une autre, n'est-ce pas, LP ? D'ailleurs, il y a longtemps qu'on n'a pas entendu parler de tes fesses ! Très bon épisode, Clémence va avoir un peu plus de mal à faire des bêtises, quoique... C'est toujours un plaisir de te lire, LP. Vivement le prochain épisode... Au fait, tu le publiés quand ? 😂😂😂
RépondreSupprimerRassure-toi : à mon grand désespoir, Gabriel m'en a promis une très corsée pour demain... Pour le prochain épisode, ça sera sûrement pour la fin de la semaine prochaine !! Il est dans la file d'attente ^^ Il va y avoir le mien d'épisode - hélas !! -, un p'tit tour chez Marie et ensuite Clémence reviendra ! :D
SupprimerClémence s’en sort bien malgré tout. Côme lui avait promis la Terrible devant tout le monde mais elle a quand même eu droit à l’intimité de sa chambre et Matthieu a tenu compte de cette punition déjà reçue. Même si je ne doute pas qu’il ne perd rien pour attendre maintenant qu’il a repris son poste.
RépondreSupprimerMr Georges a dû apprécier sa honte lorsqu’elle est venue s’excuser. Heureusement que Côme a confirmé que Clemence détestait recevoir la main sinon ça aurait pu causer des ennuis à mr Éric qui a falsifié les dossiers 😅.
J’ai hâte de voir où tous ces changements dans le personnel vont mener.
Ah, merci ! Enfin quelqu'un qui se rend compte que dans son malheur, Clémence a eu de la chance !! Merci <3 <3 <3
SupprimerAh oui ... je n'avais pas percuté pour la remarque de Côme a propos de la main 😉
SupprimerLa main, finalement, c'est le meilleur des instruments. C'est vrai que ça aurait pu être bien pire. En vrai, je m'attendais à ce que Mr Georges en remette une couche. Et je ne suis pas sûr que Côme eut été d'accord, dans ce cas. Mais avec Mr Georges, il faut s'attendre à tout, et surtout au pire. Donc oui, Clémence a eu de la chance, quoique la "terrible", pas sûr qu'elle considère ça comme une chance...
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimerC'est la dernière fois que je viens sur ce site, oui bien sur je sais que tout cela n'est que roman mais le sadisme porté à ce point là c'est beaucoup trop, cela n'a aucun interet car il est évident que ce n'est pas réaliste car personne ne pourrait supporter ce qui est raconté ici hors pour qu'un texte soit agréable à lire il faut du réalisme
Ça en fera plus pour nous !
SupprimerMerci LP, pour ces chapitres que j'attends toujours avec beaucoup d'impatience. Te lire est toujours un moment très agréable (pour moi, pas pour Clémence ! 😅)
<3
Pareil pour moi 😊
SupprimerMerci beaucoup les filles !! Il faut bien quelques commentaires négatifs parfois, ça fait partie du jeu, je suppose... Mais savoir que mes lecteurs/lectrices les plus fidèles me soutiennent, ça n'a pas de prix !! Mille mercis <3
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