Lundi 3 janvier 2022
Je
repris le chemin de la fac, le cœur très lourd. Ce week-end avait été très
éprouvant pour moi.
Samedi, nous avions déposé Manon à l’aéroport.
Ma sœur partait en Somalie avec Médecins Sans Frontières. Nous ne la reverrions
que pour le mariage d’Harper et Valentin. Les aurevoirs furent plus difficiles
que je ne le pensais, même si je m’y étais fortement préparée !
Hier, nous sommes retournés à l’aéroport de San
Francisco pour y déposer Trent, l’amour de ma vie. Il partait un semestre au
Japon. Cette fois, les aurevoirs avaient été déchirants, de son côté comme du
mien…
Lorsque
papa et moi étions rentrés seuls dans notre grande maison vide, un silence
pesant s’était installé. Nous étions si tristes ! Papa avait fini par
faire livrer des pizzas que nous avions englouties, avachis dans le canapé
devant une comédie, histoire de se remonter le moral.
Ce
matin, papa m’emmena à la fac. Il avait décidé de prendre trois semaines de télétravail
pour se consacrer uniquement à moi, ce que j’appréciai grandement.
- Et si on partait ?
lui demandai-je alors que nous allions bientôt arriver au campus.
- Et tes études ? s’inquiéta-t-il.
- Je rattraperai les
cours, répondis-je en haussant les épaules.
- Ce n’est pas parce que
tu as validé ton semestre que tu dois faire n’importe quoi, me gronda Valentin
en se garant. Le plus dur reste à faire, Zoé ! Il faut absolument que tu
valides ton examen de fin d’année !
- Oui, oui, d’accord.
C’était juste une idée…
- Si tu n’as pas trop de
devoirs, on verra si l’on peut se faire une petite virée ce week-end, d’accord
mon cœur ?
- D’accord, dis-je en lui
embrassant la joue. A ce midi, papa !
- A ce midi mon bébé. Travaille
bien. Je t’aime !
- Moi aussi, rétorquai-je
après avoir fermé la portière.
Ma matinée se déroula
parfaitement bien jusqu’à ce que j’ose reprendre mon professeur de physiologie.
Etant major de ma promo dans cette matière, je savais très bien de quoi je
parlais et j’eus le malheur d’interrompre mon professeur en le rectifiant.
Celui-ci réagit vraiment mal :
- Mademoiselle, pour qui
vous prenez-vous pour vous permettre non seulement de me couper la parole, mais
en plus de me contredire ?!
- L’erreur est humaine,
monsieur ! répondis-je avec bienveillance. Vous avez parfaitement le droit
de vous tromper !
- Je suppose que vous ne
souhaitez pas écouter le cours d’un incompétent, me dit-il. Dans ce cas, vous
êtes libre de sortir.
- Mais je…
- Sortez, mademoiselle
Duhamel !
Sous les yeux de toute la promo, je remballai
alors mes affaires et sortis de l’amphithéâtre.
Evidemment, comme un véritable coup du sort, mon
père se trouvait dans le hall en train de discuter avec le doyen. Je décidai de
prendre le taureau par les cornes et d’aller le voir.
- Papa ? Qu’est-ce
que tu fais ici ?
- Monsieur Davis vient de
me demander de remettre le prix de l’innovation technologique lors d’une cérémonie
qui se déroulera la semaine prochaine, répondit mon père.
- D’accord, dis-je sans
émotion.
- Et toi, qu’est-ce que
tu fais ici ? me demanda Valentin.
- Monsieur Miller m’a
exclue de cours parce qu’il a commis une erreur et que je l’ai repris,
avouai-je devant mon père et devant le doyen.
- Ce doit être un
malentendu ! dit monsieur Davis d’un petit rire gêné. Votre fille est une
excellente élève, monsieur Miller a du mal comprendre…
- Tu as été exclue de
cours, Zoé ?! me gronda papa.
- Mais ce n’est pas ma
faute ! protestai-je. Je viens de te dire que monsieur Miller…
- Je vais en parler avec
monsieur Miller, annonça le doyen. Ne vous en faîtes pas, ce petit
malentendu n’apparaîtra aucunement dans le dossier de Zoé.
- Un professeur t’a virée
de son cours, Zoé ! me réprimanda Valentin en occultant totalement la
présence du doyen. Tu aurais dû faire en sorte que cela n’arrive pas !
- Mais j’ai juste corrigé
une erreur ! protestai-je en commençant à m’énerver.
- Est-ce que tu lui as
coupé la parole en le faisant ?
- Je n’en sais rien… Oui,
peut-être…
- Alors rien que pour ça,
il était en droit de t’éjecter ! Tu n’as pas à couper la parole à un
professeur qui fait son cours !
- Mais papa…
- Tais-toi, Zoé ! me
gronda-t-il. Je ne suis vraiment pas content après toi ! On va régler ça à
la maison ! Va m’attendre dans la voiture !
Valentin me tendit les clés et me regarda
partir. Non seulement j’avais été victime d’une injustice, mais en plus mon
père venait de m’humilier devant le doyen !
Je
m’installai en boudant dans la voiture. La dernière fois que j’avais reçu une
fessée remontait à une éternité ; et de la part de mon père, cela faisait
encore plus longtemps. J’avais même oublié ce que ça faisait. Je me souvenais
juste de cette douleur cuisante et de la honte que l’on peut ressentir.
Valentin
n’avait jamais toléré mes écarts de conduite à l’école ; mais depuis que j’étais
en médecine, c’était encore pire. Je n’avais pas du tout le droit à l’erreur et
cela me mettait une pression beaucoup trop grosse pour mes petites épaules.
J’eus
le temps de ruminer toute l’injustice de la situation jusqu’à ce que mon père
monte dans la voiture et démarre le véhicule.
- Je peux tolérer beaucoup
de choses, Zoé, mais l’insolence…
- Je n’ai pas été
insolente ! m’exclamai-je.
- Ce n’est pas ce que m’a
dit monsieur Miller.
- Quoi ?! Tu es allé
voir monsieur Miller ?
- A la fin de son cours,
oui ! confirma mon père. Il m’a dit que tu avais été insolente !
- Mais c’est faux, enfin !
me défendis-je.
- Tu sais très bien ce
que je pense des professeurs, Zoé. Leur parole prévaudra toujours sur celle de
mes enfants. Tu t’es mal comportée à l’école, tu vas donc prendre une fessée en
rentrant à la maison.
- Mais papa, écoute-moi !
le priai-je.
- Stop, Zoé. Ma décision
est prise.
- Mais papa, ça fait presque
deux mois et demi que tu ne m’as plus donné de fessée, et je croyais…
- Tu croyais quoi ?
me coupa Valentin. Tu te croyais à l’abri, ma fille ? Ecoute-moi bien, Zoé :
qu’importe ton âge, qu’importe ton statut social ou familial, qu’importe
tout ça ! Jusqu’à ce que je sois six pieds sous terre, s’il y a un moment
où tu mérites de recevoir une fessée, je te la donnerai ! Même lorsque tu
auras mon âge et que tu seras mère de famille ! Avise-toi de mal te
comporter et tu verras tes fesses ! Tu ne seras jamais à l’abri d’une
bonne déculottée de ma part, Zoé ! Jamais ! Depuis le jour où j’ai
tenu Manon dans mes bras, je me suis promis d’éduquer et de veiller sur mes
enfants jusqu’à mon dernier souffle ! Ce que je suis en train de te dire,
je l’ai également dit à tes frères et sœurs ! Qu’importe votre âge, si votre
comportement mérite une volée, je serai là pour vous la donner !
Je me tus. Mon père était lancé dans un de ses
monologues hyper infantilisants et impossibles à stopper.
Lorsque
nous arrivâmes à la maison, j’enlevai mes chaussures et courus dans ma chambre
malgré les « Viens ici ! » de mon père.
- Zoé, viens ici !
répéta-t-il en ouvrant à la volée la porte de ma chambre.
- Non ! protestai-je,
m’étant cachée sous ma couette.
Papa attrapa la couverture et tira dessus d’un
coup sec pour me dévoiler. Puis, alors que je tentais de me débattre, il
attrapa mon oreille et tira dessus avec une telle force que je n’eus pas d’autre
choix que de le suivre. Il me traîna dans le salon et me bascula sur ses genoux
après avoir déboutonné mon jean.
- Papa, pitié ! C’est
injuste ! Je n’ai rien fait !
Mais Valentin s’en fichait royalement. Il me
déculotta immédiatement et bloqua dans le creux de mes reins les deux mains que
j’avais positionnées en bouclier. Et les claques commencèrent à tomber.
Vraiment,
en presque deux mois et demi, j’avais oublié combien une tannée faisait mal et
combien c’était humiliant. Mon père tapait fort sur mes pauvres fesses et je ne
pouvais rien faire pour arrêter cela !
Quand, après plusieurs très longues minutes, il
me lâcha enfin, ce qu’il m’ordonna me terrifia.
- Va me chercher la brosse !
- Papa, pitié !
- Va me chercher la brosse,
Zoé ! Je n’en ai pas fini avec tes petites fesses d’insolente ! Je
vais t’apprendre à couper la parole à tes profs et à te faire exclure de cours !
Puisque je ne bougeais pas car je refusais de
participer au massacre de mon derrière, Valentin se leva du canapé et me colla
une fessée debout courte mais extrêmement salée avant de me faire avancer à
coups de claques au derrière jusqu’au buffet où se trouvait l’objet du malheur.
Puis, il m’attrapa à nouveau l’oreille, me ramena au canapé et m’infligea sur
ses genoux une épouvantable fessée à la brosse.
Je n’avais pas mesuré à quel point cette exclusion
de cours allait le fâcher. Sinon, il était certain que je n’aurais rien dit !
Oncle
Jacob entra dans la maison alors que j’étais au coin avec le derrière écarlate.
J’avais totalement oublié qu’il devait déjeuner avec nous ce midi.
- Ah, je tombe mal !
dit-il en me découvrant.
- Ma fille avait besoin
que je lui rappelle de bien se comporter à l’école, expliqua mon père pour ma plus
grande honte. Rhabille-toi, Zoé, et viens manger.
Je m’assis à table, mon père m’embrassa plusieurs
fois le front en me chuchotant : « Aller, c’est fini, mon bébé. Ne
recommence pas ! Nous sommes d’accords ? ». J’hochai la tête en
signe d’approbation.
L’après-midi,
papa avait une réunion en visioconférence. Pour surveiller que je fasse bien
mes devoirs, je dus m’asseoir à côté de lui. Il jetait un coup d’œil à mon
travail de temps en temps, ce qui m’humilia encore plus.
- Est-ce que quelqu’un
pourrait me donner les chiffres du mois de décembre ? Zoé, tu me refais
ton calcul. Le résultat n’est pas bon.
- Mais c’est bon, papa !
râlai-je.
- Tu me refais ton calcul,
Zoé ! me gronda-t-il. Et réponds-moi encore une fois et tu reprends une
fessée !
- …
- Donc, où en étais-je ?
demanda-t-il à son écran d’ordinateur. Ah oui, les chiffres du mois de décembre…
Je tentai de me tenir tranquille le plus
possible : je n’avais pas franchement envie de reprendre une volée,
surtout devant les plus proches employés de mon père !
Papa me fit bosser
jusqu’à la fin de sa réunion avec ses employés, c’est-à-dire dix-neuf heures
trente. Il mit une demi-heure de plus à vérifier tous mes devoirs.
Jenna, notre nouvelle gouvernante, avait préparé
le repas et nous pûmes nous mettre à table.
- Tu sais que tu es une
véritable star dans ma fac ? demandai-je à Valentin pour faire la conversation.
- Ah oui ? s’étonna
mon père.
- Oui, toute la filière
technologique te considère comme un dieu vivant, argumentai-je. Il n’y a pas un
jour où l’on ne me demande pas si tu peux signer des autographes.
- Pourquoi refuses-tu ?
- Parce que tu n’as pas
que ça à faire. Tu dois d’abord t’occuper de moi.
- C’est vrai, dit
Valentin après avoir souri.
- Tout le monde me dit
que j’ai de la chance de t’avoir comme père, ajoutai-je.
- Et que réponds-tu ?
s’enquit papa.
- J’aimerais répondre que
tu es sévère, autoritaire, et qu’il est pratiquement impossible de faire le
moindre faux pas sans se ramasser une déculottée qui laisse des traces pendant
une semaine. Que tu aimes tout contrôler, y compris la vie de tes enfants. Que tu
es intransigeant, et qu’avec toi, l’échec n’est pas une option, ce qui met une
pression absolument monumentale sur nos épaules. Que tu es imbu de toi-même et
pense que tes enfants constituent la huitième merveille du monde. Que tu es borné
et ambitieux. Et que tu pètes beaucoup trop.
Valentin sourit et but une gorgée de vin sans
me répondre. Je brisai le silence en ajoutant :
- Mais je réponds juste
que tu es le meilleur père du monde.
- Je t’aime mon bébé, déclara
mon père en me caressant la joue. Chacun de mes enfants a quelque chose d’unique
mais toi… Je suis tellement heureux de t’avoir retrouvée !
- Il paraîtrait que
chaque parent honnête a un enfant préféré, dis-je en ressortant les dires d’une
de mes copines de psycho. J’ose espérer que dans ton cas, je suis ta préférée,
même si j’ai une très grosse concurrence avec Romain et Manon.
- Qu’est-ce qui te fait
dire ça ? me questionna Valentin, amusé, en reprenant une gorgée de vin.
- Manon t’a donné ton
rôle de père, ce qui lui donne un sacré avantage. Romain est ton unique fils
biologique, cela paraitrait donc évident qu’il soit ton préféré. Tu aimes beaucoup
Trent mais ton sang ne coule pas dans ses veines, ce n’est donc pas un amour viscéral.
Quant à Judith, tu ne la connais pour ainsi dire pas… Et moi, tu as eu dix-sept
longues années sans me connaître, alors…
- Tu as raison, rétorqua
mon père. Mais tu es bien ma préférée, Zoé.
- C’est vrai ? m’étonnai-je.
- Avise-toi de répéter ça
à l’un de tes frères et sœurs, et je t’enterre vivante après avoir fait fondre
tes fesses ! me menaça-t-il froidement.
- Je ne dirai rien, promis-je.
Mon père m’obligea à me coucher tôt pour
pouvoir revoir avec moi mes cours demain matin. J’obéis sans faire d’histoires,
mes fesses ayant assez ramassé pour aujourd’hui !
A suivre…
Il est trop chou ce chapitre. On veut la suite. Bravo d'avoir su montrer l'affection que pouvait avoir un père pour sa fille. Je me reconnais tellement là dedans... 😘😘😘
RépondreSupprimerBelles retrouvailles avec Zoé en tête à tête avec Valentin, entre tendresse et sévérité 😊
RépondreSupprimerValentin ne laisse rien passer, ça promet !