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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 93

 


Samedi 18 janvier 2020

 

               Alors que nous montions dans la voiture, un silence de mort régnait encore. Papa démarra la voiture une fois qu’il vit sur le tableau de bord que toutes les ceintures étaient bouclées.

Après vingt bonnes minutes de silence pesant, Ana, ne tenant plus, creva l’abcès :

-    On va se faire la gueule comme ça tout le week-end ?!

-    Vous avez trahi notre confiance, Anaïs ! rétorqua Scarlett. Normal qu’on ait besoin de temps pour digérer, non ?

-    C’est vous qui avez trahi notre confiance en installant une caméra dans la maison ! répondit ma sœur.

Michael et Scarlett échangèrent un regard, puis Michael menaça :

-    Si tu essaies encore de nous embobiner…

-    Pourquoi est-ce que je vous embobinerais ?! s’offusqua Anaïs.

-    Tu essaies d’inventer une histoire à propos d’une pseudo caméra pour tenter de te dédouaner ! répondit papa dont la conduite se brusquait avec la colère.

-    Je n’invente rien ! se défendit Ana. Vous avez fait poser une caméra pour nous surveiller !

-    Mais enfin, qu’est-ce que tu racontes ? interrogea Scarlett en se tournant vers sa fille.

-    Ben le boîtier noir dans la salle à manger, pardi ! dit ma sœur comme si nos parents étaient devenus idiots.

-    C’est un capteur thermique ! nous informa ma mère, exaspérée. Il n’y a aucune caméra à l’intérieur de la maison !

-    Mais… dit Louise avant qu’Ana ouvre de nouveau la bouche. Vous êtes rentrés plus tôt…

-    Parce que j’avais une migraine carabinée ! expliqua maman. Nous avions vraiment dans l’idée de vous faire entièrement confiance, les enfants ! Mais vos agissements nous ont prouvé que nous avions eu tort !

-    Le pire, c’est que si vous nous aviez demandé l’autorisation d’organiser une soirée avec vos amis, il est probable que nous aurions accepté, poursuivit papa. Peut-être pas hier soir, mais nous aurions convenu ensemble d’une date ! Enfin ça, c’est si nous avions eu la preuve que nous pouvions vous faire confiance !

Ma fratrie et moi nous tûmes. Pour le coup, je me sentais parfaitement idiote. Je trouvais même que la douleur que je ressentais à mon postérieur était ma pénitence. C’était bien fait pour moi !

 

       Alors que le silence s’était réinstallé dans la voiture, je me rendis compte que nous ne prenions pas le chemin de la Vendée.

-    Où allons-nous ? me risquai-je à demander.

-    Nous serons arrivés dans une dizaine de minutes, me répondit sèchement maman.

 

Mayeul, Louise, Anaïs et moi nous lançâmes des regards désolés lorsque la voiture franchit la barrière de Disneyland, notre endroit préféré au monde à Louise et moi. Loulou se mit à pleurer de culpabilité, je ne tardai pas à l’imiter.

Michael se gara sur le parking du Disneyland hôtel et nous descendîmes du véhicule. Scarlett nous tendit alors quatre cartes à mes frère et sœurs et moi.

-    Nous voulions vous récompenser d’être des supers enfants, dit maman d’un ton déprimé. Cette réforme n’est pas facile pour vous, ni pour nous. Nous savons qu’être privés des week-ends avec vos familles biologiques vous coûte alors nous voulions égayer un peu votre quotidien.

Je pris la carte qui m’était destinée : c’était un Pass Annuel pour Disneyland. Alors que je pleurais de plus belle tellement je me sentais coupable, papa finit par me prendre dans ses bras, tout comme maman le fit avec Louise qui se trouvait dans le même état que moi.

-    Je su…is dé…dé…déso…lée ! sanglotai-je contre mon père. Je suis… tel…lem…ent déso…so…solée !

Tandis que mes frères et sœurs fournissaient également de plates excuses à papa et maman, je ne parvenais pas à me calmer. Je m’étais rarement sentie aussi mal de toute ma vie.

       Michael et Scarlett finirent par nous rassurer et nous dire qu’ils ne nous en voulaient pas, que nous étions des enfants et que par conséquent, il nous arrivait de faire des bêtises. De plus, ils estimaient que nous avions été assez punis. Cependant, je sentais encore une pointe d'amertume dans la voix de mon père.

 

-    Alors, nous passerons le week-end ici ? demanda Mayeul une fois tous les esprits apaisés. Nous n’irons pas au Puy du Fou ?

-    Nous voulions vous faire une surprise, répondit papa. Nous craignions que vous ne vous rendiez compte trop vite que le Puy du Fou est fermé en janvier. Mais promis, nous irons au printemps.

-    En toute franchise, je préfère passer le week-end ici ! avoua mon frère.

 

Après nous être installés dans notre très luxueuse chambre d’hôtel, nous nous rendîmes dans le parc d’attractions. Le prochain objectif à atteindre pour ma fratrie et moi était maintenant de trouver un moyen de nous racheter auprès de nos parents. Mais dans l’immédiat, je devais passer outre l’immense culpabilité que je ressentais toujours et essayer de passer le meilleur week-end possible avec ma famille d’accueil, même si c'était dans un fauteuil roulant.

 

A suivre…

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