Jeudi 14 novembre 2019
C’est
la mort dans l’âme que je me rendis en littérature. Monsieur Mickaël ne
reviendrait que début janvier, nous devions alors nous accommoder d’un nouveau
professeur de littérature – et professeur principal ! - : Monsieur
Bruno.
Ce nouveau littéraire était un homme au teint
clair, plus proche de la soixantaine que de la cinquantaine. Ses cheveux
argentés étaient en bataille et donnaient l’impression de refuser d’être
disciplinés. Grand et mince, Monsieur Bruno portait un pantalon à pinces noir
et une chemise blanche décorée par une cravate rayée bleu marine. Lorsque nous
entrâmes en classe, il nous toisa de ses yeux bleu ciel cachés derrière ses
lunettes épaisses et carrées.
- Entrez, je vous prie,
dit-il gentiment. Installez-vous à vos places habituelles.
Nous nous exécutâmes, bien curieuses de
découvrir notre nouveau professeur, même si certaines (moi y compris) n’avaient
toujours pas fait le deuil de Monsieur Mickaël.
- Bonjour à toutes, dit-il une fois que nous fûmes installées. Je suis Monsieur Bruno,
votre nouveau professeur de littérature, et je suis également votre professeur
principal. J’imagine qu’il est difficile pour vous d’accuser tous ces changements
depuis le début de l’année scolaire : je crois savoir que je suis votre
troisième ou quatrième professeur de littérature depuis la rentrée de
septembre. Je vais tâcher de reprendre avec vous ce qui a été fait depuis le
début de l’année en veillant à ne pas vous causer un retard trop important.
Normalement, nous aurons bouclé la totalité du programme pour le baccalauréat.
- Monsieur, intervins-je.
Puisque Monsieur Mickaël reviendra début janvier, je suppose que…
- Monsieur Mickaël
reviendra effectivement début janvier, me coupa le nouveau professeur, mais pas
pour vous. Il reprendra les nouvelles pensionnaires. Il est prévu que vous
demeuriez avec moi jusqu’à la fin de l’année scolaire.
- Ah, répondis-je en
tentant, par politesse, de masquer au mieux mon immense déception.
- Bien, concernant votre
matériel scolaire, je souhaite que vous gardiez votre cahier actuel. Vous avez,
il me semble, un manuel que vous devrez amener à chaque cours. Organisez-vous
avec votre voisine pour en avoir un pour deux.
Lucille et Florentine se mirent à discuter, ce
qui fit dire à Monsieur Bruno :
- Concernant la
discipline, je ne tolérerai aucun écart de conduite, aucun bavardage, rien du
tout. Votre comportement et votre travail devront être irréprochables. Je ne
m’embarrasse pas d’élèves qui ne souhaitent pas travailler. Si tel est le cas,
vous serez directement exclues de ma classe.
- Mais Monsieur,
intervins-je une nouvelle fois, le protocole de Monsieur Adrian stipule que…
- Je sais ce que stipule
le protocole, m’interrompit sèchement le prof. Et il conseillé de d’abord vous
réprimander, puis vous envoyer au coin, puis vous donner des lignes, puis vous
exclure de cours. Néanmoins, il se trouve que je n’ai guère d’énergie à
dépenser dans la réprimande : vous êtes assez grandes pour vous rendre
compte que vous n’avez pas eu une attitude acceptable. Je ne suis pas partisan
de vous envoyer au coin : vous garder dans l’enceinte de ma classe alors
que vous ne souhaitez pas vous mettre au travail est une véritable perte de
temps pour vous comme pour moi. Enfin, je considère les lignes comme une
sanction d’une débilité affligeante : à quoi bon vous faire recopier la
même phrase un certain nombre de fois ? Je réitère l’argument de la perte
de temps. Vous êtes ici pour travailler et obtenir votre baccalauréat ; je
ne souhaite donc pas engager des actions qui viseront à vous faire faire des
idioties plutôt que de travailler sur vos devoirs. Donc, si vous n’êtes pas
aptes à travailler dans ma classe, vous en serez exclues.
- Mais vous ne respectez
pas le protocole en vigueur ! m’insurgeai-je.
- Je viens de vous répondre, répondit calmement Monsieur Bruno.
- Monsieur Adrian ne sera
pas d’accord avec ça ! affirmai-je.
- Monsieur Adrian m’a
lui-même embauché, et je lui ai exposé les mêmes arguments qu’à vous,
Mademoiselle… ?
- Clémence, répondis-je
en bombant le torse.
- Puisque nous sommes
déjà en train de perdre du temps avec vos protestations, peut-être
pourriez-vous aller protester directement auprès de Monsieur Adrian
lui-même ? Quoiqu’il soit peut-être déjà reparti, annonça Monsieur Bruno en regardant sa montre.
Il a été appelé d’urgence à cause d’un problème au Pensionnat de Brighton.
- Ne changez pas de
sujet ! poursuivis-je, révoltée. Vous devez appliquer le protocole !
- Allez donc en parler
avec Monsieur Éric, puisque Monsieur Adrian doit être reparti, proposa le
littéraire.
- J’irai !
répondis-je avec aplomb.
- Pardonnez-moi
Mademoiselle Clémence, je crains d’avoir manqué de clarté. Quand je vous disais
d’aller en parler à Monsieur le Directeur, je voulais dire immédiatement.
- Pardon ? m’offusquai-je.
- Je manque effectivement
de clarté et j’en suis navré, dit Monsieur Bruno. Je vais tâcher d’être plus
explicite : dehors. Maintenant. Sortez de mon cours.
- Mais…
- Vous contestez mes
méthodes et nous faîtes perdre un temps précieux, se justifia le prof en
tapotant sur sa tablette. Alors, allez le faire dehors. J’aimerais commencer
mon cours.
- Mais Monsieur…
- Faut-il que je vous
fasse sortir moi-même ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Penaude, je fis mon sac sous les yeux de mes camarades et entrepris de sortir
de la pièce.
- Monsieur Éric vous
attend pour que vous discutiez avec lui de mes méthodes, m’annonça Monsieur Bruno. Nous nous verrons demain, et je vérifierai
que votre cours d’aujourd’hui a bien été rattrapé. J’ose espérer que vous serez
moins encline à discuter et davantage à travailler.
En sortant de la classe, une boule se forma
dans mon ventre : j’avais envie de pleurer. Je n’avais absolument pas
compris ce qui venait de se passer. J’avais simplement fait remarquer au
professeur qu’il ne respectait pas le nouveau protocole, et tout d’un coup, je me
retrouvais dans le couloir, à marcher pour rejoindre le bureau de Monsieur
Éric ! Je venais d’être exclue de cours ! La fessée allait tomber, c’était
certain. Si par miracle le Directeur ne me la donnait pas, mon père-référent ne
se gênerait pas !
- Entrez !
entendis-je après avoir toqué à la porte.
J’actionnai la poignée et ouvris.
- Entre Clémence, dit
froidement le Directeur. Ça faisait longtemps !
Ne sachant pas si Monsieur Éric faisait de
l’ironie ou non, je décidai de garder le silence.
- Tu as contesté les
méthodes de ton nouveau professeur de littérature ! me gronda le Directeur
en regardant sa tablette. Dès son premier cours ! Bravo, Clémence !
- Mais Monsieur, j’ai
seulement dit qu’il ne respectait pas le protocole ! me défendis-je.
- Ah oui ?! Et qui
es-tu pour t’élever ainsi ? Une inspectrice de la Fondation ?
- Non mais je suis la
représentante des élèves, rétorquai-je en tentant d’ignorer la peur de recevoir
une punition.
- Et tu crois que cela te
donne le droit de remettre en question la façon de faire de ton
enseignant ? m’interrogea Monsieur Éric en haussant les sourcils.
- Non Monsieur,
répondis-je en baissant les yeux.
- C’est bien ce que je me
disais, déclara le Directeur. Clémence, si Monsieur Bruno a été engagé par
Monsieur Adrian lui-même, tu ne penses pas que ses méthodes ont donc été
validées et que, par conséquent, tu n’as rien à y redire ?
- Que fait-on du
protocole, alors ?! aboyai-je sans contrôle.
- Oh tu vas immédiatement
baisser d’un ton, Clémence, sinon c’est ta culotte que je vais baisser !
me réprimanda Monsieur Éric.
Je me tus en tentant d’avaler ma salive le
moins bruyamment possible. Le Directeur reprit :
- Le protocole stipule
que les enseignants n’ont plus le droit de lever la main sur vous. Tout le
reste, ce sont des conseils formulés par Monsieur Adrian ! La Fondation
souhaite que les enseignants privilégient la réprimande, le coin et les
lignes ; mais ce n’est en aucun cas écrit dans la charte de
l’enseignement, ni aucun document officiel. La seule réforme réellement
officielle à l’égard des enseignants est l’arrêt pur et simple des châtiments
corporels. En cela, Monsieur Bruno est donc dans son bon droit !
- Mais…
- Toi en revanche,
continua Monsieur Éric, tu n’es pas en droit de remettre en question les
méthodes de ton enseignant devant toute ta classe ; et de surcroît sans
argument valable !
- Je croyais que c’était
écrit dans le protocole, me défendis-je à nouveau.
- Tu crois beaucoup de
choses, Clémence, mais il arrive que tu parles sans savoir !
Résultat : il est seulement 8h52 du matin et tu te trouves déjà dans le
bureau du Directeur parce que tu as été exclue de cours !
- Je suis désolée,
Monsieur, dis-je en me forçant.
Il ne me restait plus que cette option-là. Des
excuses. Cependant, je me doutais bien que ça ne suffirait pas.
- Tu t’excuses parce que
tu essaies d’atténuer la punition que tu vas recevoir, devina Monsieur Éric.
J’aurais aimé que tu te rendes sincèrement compte de ton comportement insolent
et que tu t’en excuses platement ; mais tu as trop d’orgueil pour
cela ! Tu es trop fière pour reconnaître que tu as tort !
- Mais Monsieur Adrian a
dit que le protocole…
- Tu vois, tu
continues ! m’interrompit Monsieur Éric. Bon, ça suffit. Je n’ai pas plus
de temps à te consacrer, je dois terminer d’examiner un dossier. Je vais te
laisser te débrouiller avec Monsieur John.
- Non, Monsieur, s’il
vous plaît ! priai-je en sentant les larmes me monter aux yeux. Il va me
donner une énorme fessée si vous lui dîtes ce qui s’est passé !
- Etant ton père-référent, il a déjà dû recevoir
une notification, répondit Monsieur Éric. Et tu mérites bel et bien une fessée
Clémence, pour t’être fait virer de cours vingt minutes seulement après le
début de celui-ci ! Je t’assure que si j’avais davantage de temps à te consacrer,
je t’aurais flanqué une fessée au strap !
- Monsieur, vous vous
comportez avec moi comme si on n’avait aucun lien, osai-je. Comme si vous ne
teniez pas à moi !
Il ne me restait plus que la carte sentimentale
pour me sortir de ce pétrin.
- Au contraire,
répondit-il avant de se lever de son siège. Je t’aime bien plus que tu ne le
croies !
Croyant qu’il se dirigeait vers moi, je fermai
les yeux ; mais il ouvrit la porte de son bureau et alla frapper à la
porte du bureau d’en face : celui de mon père-référent.
Depuis l’endroit où je me tenais, je les vis
discuter quelques instants, puis Monsieur John pénétra dans le bureau de
Monsieur Éric pour venir me chercher. Instinctivement, je mis mes mains sur mes
fesses pour me protéger ; mais le Directeur-Adjoint les dégagea bien vite,
m’assénant ensuite trois bonnes claques sur ma jupe en me grondant :
« File dans mon bureau ! », l’index pointé sur la porte ouverte
de la pièce susmentionnée. Je ne me le fis pas dire deux fois.
Lorsque j’eus changé de pièce et que la porte
fut refermée, je me retrouvai seule face à mon père-référent qui m’annonça :
- Monsieur Éric vient de
m’expliquer la situation.
- Je vais vous expliquer
à mon tour, dis-je avec anxiété.
- Je t’écoute,
alors ! dit Monsieur John en s’asseyant dans un fauteuil, les bras croisés
sur sa poitrine.
Je tentai alors d’exposer mes meilleurs
arguments : qu’on m’avait fait croire que le protocole conseillé était
officiel, que Monsieur Bruno m’avait sanctionnée de façon exagérée et que je me
retrouvais dans son bureau à cause d’une grosse suite de malentendus.
- Tu as terminé ? me
demanda Monsieur John à la fin de mon speech, loin d’être impressionné par les
arguments que je venais d’exposer.
- Oui Monsieur,
répondis-je. Ne me punissez pas, s’il vous plaît !
- Voyons voir, je vais
essayer de récapituler les faits : hier soir, tu n’as respecté la punition
que je t’avais donnée, à savoir rester au coin.
- Mathilde non
plus ! protestai-je. Et Monsieur Matthieu nous a punies pour cela !
- Ce matin, la première
chose que tu as faite en classe a été de tenir tête à ton professeur concernant
ses méthodes…
- Parce qu’il ne suivait
pas le protocole établi !
- … faisant ainsi preuve
d’insubordination…
- Mais non, voyons !
- … à la limite de
l’insolence…
- Je n’ai pas été
insolente ! pestai-je.
- … et maintenant que tu
te trouves dans mon bureau après avoir été exclue et tu ne cesses de me couper la
parole en me répondant sur un ton qui me déplaît très fortement !
Oh. Je sentis qu’il fallait que je me taise.
- Il va vraiment falloir
que tu apprennes à tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de parle,
Clémence ! me recommanda vivement le Directeur-Adjoint après s’être levé.
- Qu’est-ce que vous
faîtes ? m’inquiétai-je en le voyant se diriger vers son armoire.
Il ouvrit un tiroir et en sortit une fine corde
grâce à laquelle il attacha mes poignets ensemble, malgré mes protestations et
mes tentatives de défense.
- Pitié, ne me punissez
pas ! le priai-je.
- Ai-je le choix,
Clémence ? Si je laisse passer, j’ouvrirai une brèche dans laquelle tu
t’empresseras de t’engouffrer. C’est absolument hors de question !
Mes poignets attachés, je fus dans l’incapacité
de lutter lorsque Monsieur John dégrafa ma jupe, qui tomba à terre. Puis,
s’asseyant sur une chaise non loin de nous, il me bascula sur ses genoux.
- Monsieur, pas la
fessée ! le priai-je. Pitié, Monsieur !
- Tu vas me dire que je
ne respecte pas le protocole, à moi aussi ? s’amusa sadiquement Monsieur
John avant d’abattre sa main sur ma culotte.
Je pris une bonne salve sur mon sous-vêtement
blanc ; salve qui devait déjà avoir bien fait rougir mes fesses ! Puis, mon père-référent fit descendre ma culotte le long de mes cuisses, découvrant
mon derrière nu qui me brûlait déjà pas mal.
Sourd à mes prières, Monsieur John reprit la
fessée. Je n’avais aucun moyen d’y échapper et étais obligée de subir cette horrible
punition.
- Je veux que tu me
promettes de te tenir tranquille au coin, à l’avenir ! me dit soudain mon
père-référent en continuant de me claquer le derrière nu.
- Je promets ! Je
promets ! Pitié, stop ! S’il vous plaît !
- Tu vois ce qui
t’arrive, Clémence, lorsque tu me désobéis ? Tu vois ce qui arrive quand
tu décides de faire fi de ton cher protocole ?
- Pardon, Monsieur !
sanglotais-je à présent. S’il vous plaît, arrêtez !
Cette déculottée, comme chaque fessée donnée
par Monsieur John était tout bonnement horrible ! Je ne savais pas comment mon
père-référent faisait pour rendre ce moment encore pire qu’il l’est
normalement ! Toujours était-il que c’était la pire des punitions !
Soudain, il s’arrêta et attrapa l’un de mes
bras pour me relever. En nage et en larmes, mes poignets toujours attachés, je
reniflais abondamment pour ne pas laisser mon nez couler, dernier rempart au
peu de dignité qu’il me restait.
Le Directeur-Adjoint ouvrit alors un tiroir de
son bureau et en sortit une bande de cuir dotée d’un manche, et coupée en son
milieu dans le sens de la longueur. Si ma mémoire ne me trahissait pas, cela
s’appelait une tawse et faisait extrêmement mal !
- Non, pitié Monsieur,
pitié ! criai-je sans me soucier d’alerter du monde autour.
- Clémence, il n’est plus
possible que tu contestes sans arrêt les décisions des adultes et que tu te
comportes comme si tout t’était dû. Ce n’est plus possible du tout !
Je compris enfin pourquoi mes poignets avaient
été attachés : Monsieur John m’avait attrapée par le bras et me tenait debout, au milieu de la pièce. Il n’avait pas besoin de se fatiguer à me
maintenir les mains en place.
- Je vais te donner dix
coups, m’annonça-t-il devant mon désespoir le plus complet. Je veux que ça te
fasse réfléchir sur la façon dont tu t’adresses aux adultes. Il n’est plus
possible que tu les défies sans cesse !
- Pitié, Monsieur, j’ai
compris !
- Tu auras compris dans
une minute, je l’espère ! m’informa mon père-référent.
Le premier coup tomba, et j’eus à peine le
temps d’accuser la douleur que le deuxième arriva, puis le troisième… Quinze
secondes plus tard, j’avais reçu les dix coups de tawse et je pleurais
abondamment, les fesses à vif.
- Puisqu’il reste une
heure et demie de cours, tu vas les passer ici, dans mon bureau, au coin. J’ai
du travail, Clémence, donc tiens-toi correctement et ne m’oblige pas à
interrompre mes tâches professionnelles ; car si c’est le cas, je te
redonnerai une fessée. Tu m’as bien compris ?
- Oui Monsieur,
réussis-je à répondre sans spasme.
- Alors file au coin.
A moitié nue, je fus mise face à l’angle du
mur, attendant que les minutes puissent passer pour me délivrer de ce calvaire.
Cette journée avait vraiment mal commencé pour moi, et il n’était que neuf
heures du matin.
A suivre…
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