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Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 3)





Mercredi 11 septembre 2019.

        9h, mon réveil sonna. N’ayant pas cours ce matin, j’étais dégoûtée de devoir me lever. Les fichues règles que Tom et Dana avaient mis en place ne me plaisaient guère. Même si j’étais censée avoir dormi une heure de plus que d’habitude (puisque le réveil est à 8h en temps normal, mais que Dana et Tom nous laissent une heure de plus le mercredi), j’étais bien évidemment crevée, n’ayant pas dormi mon compte (« Alors, on n’assume pas la sortie d’hier ?! » « Non, on n’assume carrément pas, non ! »). Et puis j’avais mal aux cheveux. Oui, j’avais vraiment l’impression d’avoir mal aux cheveux. Et puis j’avais un mal de crâne atroce. Et puis mal au bide aussi. Arf, pourquoi avais-je autant bu ?!

Je me levai durement de mon lit et me dirigeai vers la boîte à pharmacie se trouvant dans la salle de bains du premier étage. Je fouillai : spasfon, forlax, sérum physiologique… dafalgan. Ah m*rde, c’était du dafalgan codéiné. Tant pis, ça ferait l’affaire quand même. J’avalai directement deux comprimés puis descendis dans la salle à manger. Je ne m’attendais absolument pas à y trouver Dana.
− Bonjour Marie chérie, me dit-elle.
− Bonjour maman, répondis-je en l’embrassant sur la joue. Tu n’es pas au travail ?
− J’y vais dans une demi-heure. Tu es pâle, ma puce. Tu es malade ?
− Je ne me sens pas très bien, répondis-je.
Dana posa sa main sur mon front.
− Tu n’as pas de fièvre mais tu dois couver quelque chose, dit-elle. Jeanne et Anaïs ne se sentent pas bien non plus.
− Je n’ai pas faim, maman, dit Jeanne. Je peux aller me recoucher ?
− Oui, bien sûr, dit Dana. Mais prends un doliprane, avant. D’ailleurs, prenez toutes les trois un doliprane.
Dana sortit une boîte de son sac à mains. Elle était inquiète. Tout comme moi. Sauf que nous n’étions pas inquiètes pour les mêmes raisons : Dana se préoccupait de notre santé alors que j’étais plus angoissée à l’idée que Dana déduise vite fait que nos symptômes étaient ceux de la gueule de bois…
J’avalai le comprimé. Tant pis pour mon foie. Si je n’avais pas voulu le prendre, cela aurait été suspect… Et puis si ça pouvait détruire ce marteau qui tapait sans cesse dans ma tête…
J’essayai de manger un peu, puis demandai également à retourner me coucher.
− Tu peux y aller. Je vais dire à la femme de ménage de passer cette après-midi au lieu de ce matin pour éviter que l’aspirateur ne vous réveille. En espérant que vous irez mieux cette après-midi et que vous pourrez aller en cours ! J’ai une audience ce matin, qui risque de durer, mais votre père passera voir comment vous allez ce midi. Repose-toi bien, ma puce !
Je retournai me coucher.

La codéine et/ou le paracétamol ayant fait son travail, je me réveillai aux alentours d’onze heures et demie, très fatiguée mais sans douleurs. J’eus tout de suite envie de me rendormir mais je pris mon courage à deux mains et optai pour une bonne douche, histoire de reprendre un peu mes esprits.

Louise avait fait réchauffer le repas que Dana avait préparé pour nous. A table, toutes les quatre, nous discutions :
− Vous avez l’air bien fines, toutes les trois ! constata Louise.
− Ohé, ça va ! la stoppa Anaïs. Epargne-nous ton sermon de petite fille modèle à la c*n !
− J’espère juste pour vous que les parents ne vont pas l’apprendre, dit Louise.
− Je l’espère aussi, continuai-je. Je suis capable de m’asseoir aujourd’hui mais je ne suis pas sûre que ce soit le cas si les parents apprennent ce qu’on a fait ! Et puis, je ne tiens pas à revoir le martinet. Je suis même bien tentée de lui couper les lanières, à celui-là !
− De toute façon, comment veux-tu qu’ils l’apprennent ? demanda Anaïs. On a assuré grave. On pourra même recommencer !
− En buvant moins, dis-je. Je jure solennellement que je ne boirais plus jamais une goutte d’alcool !
Louise et Anaïs pouffèrent de rire, sachant très bien que je recommencerai à boire dès la prochaine soirée.
Jeanne restait muette, ce qui lui valut une réflexion d’Anaïs :
− Y’a quelqu’un de ta famille qu’est mort, ou quoi ?!
Elle ne répondit pas. Elle nous faisait la tête pour l’avoir forcée à venir avec nous hier soir. Ô ciel, cette fille était déprimante au possible !

Nous étions au dessert quand Tom passa à la maison :
− Salut les filles, ça va mieux ?
Nous acquiesçâmes. Nous étions parées pour aller en cours. Enfin, elles étaient parées. Moi, un peu moins. J’avais juste une envie irrésistible de dormir et toujours autant mal aux cheveux !

13h30. Début de notre premier cours d’histoire. Le prof, monsieur Montaire. débarqua dans la salle et à son allure, je ne le sentis pas du tout. Et pour cause :
− Silence ! hurla-t-il.
Tout le monde se tut.
− Bien. Je suis monsieur Montaire, je vais vous enseigner l’histoire médiévale ce semestre. Alors sachez d’ores et déjà que je ne supporte pas les bruits de fond, donc le silence sera complet pendant mes cours ou ça ira très mal !
Euh… C’était qui, ce gars ?! Il sortait d’où ?! Son « ça ira très mal » me fit rire. Ça ne peut pas aller plus mal qu’à la façon de Tom et Dana. Et ce prof n’avait absolument pas le droit de nous toucher ; donc j’attendais de voir ce qu’il entendait par « ça ira très mal ! ».
− Bien ! reprit Montaire. Vous sortez une feuille A4, que vous couperez en deux et que vous remplirez en format portrait, pas paysage ! En format portrait ! Je le reprécise puisque tous les ans, j’ai des idiots qui n’écoutent pas les consignes !
Qui est-ce qu’il traitait « d’idiots » là ?! Il n’était pas arrivé depuis trois minutes qu’il commençait déjà à me les briser sévère, celui-là !
− Remplissez dans l’ordre et sans faute : Nom, Prénom, Âge, Nom de votre famille d’accueil, numéro de téléphone de vos parents d’accueil et projet professionnel !
Je notai un faux numéro sur ma fiche de renseignements. Aucune chance qu’il appelle Tom et Dana s’il y avait un problème. Dans le « ça ira très mal » je voyais très bien un coup de fil à mes parents d’accueil. C’était bien évidemment hors de question !
Le prof ramassa les fiches puis commença son speech de début d’année : modalités d’évaluation, programme, etc. Enfin, je pense qu’il a dit tout ça. Car je m’endormis avant même qu’il ne finisse sa phrase.

− Il faut dormir la nuit, mademoiselle ! me réveilla-t-il en me tapotant sur l’avant-bras.
− Je suis malade, répondis-je.
− Alors il fallait rester chez vous !
− Déjà, je suis venue à votre cours alors par pitié, laissez-moi tranquille ! rétorquai-je, énervée, sans penser aux conséquences.
Louise et Anaïs me lancèrent un regard qui voulait dire : « Ferme-la ! ». Mais c’était trop tard.
− Je crois que j’ai mal entendu, mademoiselle ! Quel est votre nom ?
− …
− Je vous ai demandé votre nom ! Si vous ne voulez pas me le donner, j’irais voir le trombinoscope à l’administration et ils me diront très vite qui vous êtes !
− Marie Lebertier, répondis-je, résignée.
Monsieur Montaire chercha dans les fiches de renseignements, puis sortis la mienne.
− Très bien mademoiselle Lebertier, je pense qu’il va falloir que je passe un coup de fil à vos parents pour leur dire que vous vous endormez en cours et que vous êtes insolente !
− Vous n’allez quand même pas les appeler juste pour ça !
− Bien sûr que si ! Surtout que…je connais très bien Tom et Dana Johnson puisque ce sont de vieux amis. Ce sera également l’occasion de prendre de leurs nouvelles ! Qui sont vos colocataires ?
− Louise Vasseur, Jeanne Diawara et Anaïs Poltrov, répondis-je.
J’étais prête à lui donner toutes les informations qu’il voulait du moment qu’il n’appelait pas mes “parents”.
− Et puis-je savoir pourquoi les numéros indiqués sur les fiches de vos colocataires ne sont pas les mêmes que sur la vôtre ? me demanda le prof d’histoire.
Oh merde ! Quelle conne ! J’aurais dû m’accorder avec Anaïs et Louise pour donner le même faux numéro ! Bon, de toute façon, il s’en serait aperçu en téléphonant…
− Vous commencez très mal l’année, mademoiselle Lebertier !
J’étais de son avis.

Le cours se termina quelques minutes plus tard. Anaïs, Louise et moi nous rendîmes à la cafétéria pour boire une boisson (soft, évidemment !) et tenter de décompresser. Seulement, moi, je n’arrivais absolument pas à décompresser. Je savais que pendant que j’avalais quelques gorgées de Fanta orange, monsieur Montaire était en train de téléphoner à mes « parents » et que j’allais (encore… !) me retrouver avec les fesses écarlates.

J’assistai à mon cours de mythologie gréco-romaine sans y assister. Mes pensées étaient ailleurs. Je me préparais au pire : la brosse, le martinet, la ceinture…les trois ! L’attente était horrible.

Lorsque le cours se termina, il était 17h. C’est alors que mon portable vibra. J’ouvris un SMS de Tom : « J’ai eu ton prof d’histoire au téléphone. Attends-toi à une bonne fessée, jeune fille ! ». Une larme coula sur ma joue. Alors que Jeanne était déjà bien loin devant nous, Louise et Anaïs s’approchèrent de moi lorsqu’elles virent que je m’étais mise à pleurer. Elles lurent le SMS, puis Anaïs me prit dans ses bras.
− Eh Marie, dis-toi que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, tenta de me consoler Louise.
− Rentrons, dis-je en tentant de sécher mes larmes. Ça ne sert à rien de rester plantées là, de toute façon.

− Marie Noémie Juliette Lebertier ! Descends immédiatement !
18h, Tom venait de rentrer et m’attendait en bas des escaliers. J’avais fait une partie de mes devoirs, rangé ma chambre, pris ma douche… j’avais tout fait pour être la fille parfaite. Mais je me doutais que cela ne suffirait pas : l’appel avait été passé, c’était tout ce qui comptait.
Tom m’attrapa par le bras et me colla trois claques bien appuyées dès que je fus arrivée en bas des escaliers. Je me massai machinalement les fesses. Les larmes me montèrent aux yeux. Mes fesses n’avaient pas eu beaucoup de répit depuis deux jours et les claques faisaient de plus en plus mal…
− Tu peux m’expliquer pourquoi monsieur Montaire m’a appelé au travail pour me dire que ma fille s’était endormie en cours, lui avait manqué de respect à son réveil et lui avait en plus donné un faux numéro pour qu’il évite de me contacter ?!
− …
− Réponds-moi, Marie ! gronda Tom en ponctuant sa phrase d’une nouvelle claque.
− Je…je suis malade, papa, c’est pour ça que je me suis endormie, répondis-je.
− Admettons. Et pour l’insolence et le faux numéro ?!
Je rivai mes yeux au sol. Là, je n’avais pas d’excuse. Tom attrapa une chaise et la plaça en plein milieu de la pièce. Puis, il me renversa sur ses genoux, baissa mon pyjama et ma culotte et me prévint :
− Tu as vue sur la pendule, Marie. Tu vois comme moi qu’il est 18h04. Tu ne bougeras pas de mes genoux avant 18h14. Tu peux hurler, crier, gigoter, et faire tout ce que tu veux, tu ne bougeras pas de mes genoux avant 18h14 ! L’insolence et le mensonge ne sont pas tolérables, Marie ! Je pensais que tu l’avais intégré hier grâce à ta mère, mais visiblement pas. Alors je vais passer à l’étape supérieure ! Fini les fessées qui durent trois minutes !
Les claques commencèrent. Ce fût horrible dès la première.
Je commence à pleurer dès 18h05. Il reste 9 minutes. Je n’en peux déjà plus.
18h07. Je danse sur les genoux de Tom, testant plusieurs positions pour éviter les claques. Mais il me tient tellement fermement qu’il m’est impossible de les esquiver.
18h08. Je mets ma main pour me protéger. Tom la bloque dans le creux de mes reins. Mes fesses me brûlent.
18h09. Je hurle, je crie, je supplie.
− Papa, arrête ! S’il te plaît ! Je ne mentirai plus !
− Oh mais je l’espère pour toi car tu es déjà à dix minutes, et j’ajouterai dix minutes à chaque mensonge supplémentaire !
18h10. Cette fessée est interminable. Je tire sur ma main pour tenter de la dégager mais Tom la bloque tellement bien que c’est peine perdue. Je suis prise au piège.
18h11.
− Papa, prends le martinet ! Je préfère le martinet ! Pitié !
− Ah, ça ! s’exclama Tom. Je n’en ai pas le moindre doute !
18h12. Dana rentre du travail et me découvre en larmes, en travers des genoux de son mari, en plein milieu de la pièce à vivre.
− Qu’a-t-elle encore fait ? demanda-t-elle après avoir soupiré d’agacement.
− Marie, me dit Tom, tu racontes à ta mère ce que tu as fait pour que je te punisse ainsi pendant dix minutes ?
Les claques continuaient de tomber et j’étais incapable de parler, trop occupée à pleurer toutes les larmes de mon corps.
− Pascal Montaire m’a appelé, narra Tom. Il a eu notre fille en cours cette après-midi, et figure-toi qu’elle s’est endormie en classe et qu’à son réveil elle a été très insolente ! Elle a de plus renseigné un faux numéro pour que Pascal évite de nous appeler !
− Au moins, cela signifie qu’elle a peur de la fessée, dit Dana. C’est un bon point.
Mes « parents » discutaient le plus normalement du monde alors que j’étais en train de prendre des claques ultra-cinglantes qui résonnaient dans toute la maison.
18h14. Tom m’assène la dernière claque. Fin du calvaire. Il me rhabille et me relève. Je pleure tellement que j’en ai des spasmes. Il m’attrape le menton, me regarde droit dans les yeux et me gronde :
− Tu n’as plus intérêt à mentir Marie, ou je te jure que tu prendras vingt minutes de fessée à la main, comme je te l’ai dit ! Gare à tes fesses si tu recommences ! Je te jure que je ne plaisante pas avec ces choses-là ! Ni moi, ni ta mère ! Elle non plus n’hésitera pas à te garder une vingtaine de minutes sur ses genoux, alors fais attention à toi ! Tu as compris ?!
J’hochai la tête.
− Au coin. Tu vas réfléchir un peu à ton comportement !
Je m’y rendis en quatrième vitesse. La gueule de bois qui n’était pas totalement passée, puis la fatigue provoquée par la codéine, puis cette fessée interminable… le marteau dans ma tête recommençait à taper.

A l’heure du dîner, je fus libérée du coin (auquel j’étais quand même restée trois quarts d’heure, sans bouger ! – mais j’avais tellement peur de ce qui se passerait si je bougeais que je m’étais tenue bien tranquille !) et vins m’asseoir à table avec difficulté.
− Tu veux un coussin ? me proposa Anaïs.
− Hors de question, intervint Dana. Ta sœur doit apprendre combien ça fait mal de mentir et d’être insolente ! Mangez, maintenant !

Seul petit réconfort de la journée, le droit (enfin !) de profiter du jacuzzi avant le couvre-feu. Les remous firent du bien à mon postérieur meurtri !

Je m’endormis avec facilité, priant, après la fessée que je venais de prendre, pour que Tom et Dana ne découvrent jamais notre sortie en douce hier soir…

à suivre...

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  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -