9h, mon réveil sonna. N’ayant pas cours ce matin, j’étais
dégoûtée de devoir me lever. Les fichues règles que Tom et Dana avaient mis en
place ne me plaisaient guère. Même si j’étais censée avoir dormi une heure de plus
que d’habitude (puisque le réveil est à 8h en temps normal, mais que Dana et
Tom nous laissent une heure de plus le mercredi), j’étais bien évidemment
crevée, n’ayant pas dormi mon compte (« Alors, on n’assume pas la sortie d’hier
?! » « Non, on n’assume carrément pas, non ! »). Et puis j’avais mal aux
cheveux. Oui, j’avais vraiment l’impression d’avoir mal aux cheveux. Et puis
j’avais un mal de crâne atroce. Et puis mal au bide aussi. Arf, pourquoi
avais-je autant bu ?!
Je me levai durement de mon lit et me dirigeai vers la boîte à
pharmacie se trouvant dans la salle de bains du premier étage. Je fouillai :
spasfon, forlax, sérum physiologique… dafalgan. Ah m*rde, c’était du dafalgan
codéiné. Tant pis, ça ferait l’affaire quand même. J’avalai directement deux
comprimés puis descendis dans la salle à manger. Je ne m’attendais absolument
pas à y trouver Dana.
− Bonjour Marie chérie, me dit-elle.
− Bonjour maman, répondis-je en l’embrassant sur la joue. Tu n’es pas au
travail ?
− J’y vais dans une demi-heure. Tu es pâle, ma puce. Tu es malade ?
− Je ne me sens pas très bien, répondis-je.
Dana posa sa main sur mon front.
− Tu n’as pas de fièvre mais tu dois couver quelque chose, dit-elle. Jeanne et Anaïs
ne se sentent pas bien non plus.
− Je n’ai pas faim, maman, dit Jeanne. Je peux aller me recoucher ?
− Oui, bien sûr, dit Dana. Mais prends un doliprane, avant. D’ailleurs, prenez
toutes les trois un doliprane.
Dana sortit une boîte de son sac à mains. Elle était inquiète. Tout comme moi.
Sauf que nous n’étions pas inquiètes pour les mêmes raisons : Dana se
préoccupait de notre santé alors que j’étais plus angoissée à l’idée que Dana
déduise vite fait que nos symptômes étaient ceux de la gueule de bois…
J’avalai le comprimé. Tant pis pour mon foie. Si je n’avais pas voulu le
prendre, cela aurait été suspect… Et puis si ça pouvait détruire ce marteau qui
tapait sans cesse dans ma tête…
J’essayai de manger un peu, puis demandai également à retourner me coucher.
− Tu peux y aller. Je vais dire à la femme de ménage de passer cette après-midi
au lieu de ce matin pour éviter que l’aspirateur ne vous réveille. En espérant
que vous irez mieux cette après-midi et que vous pourrez aller en cours ! J’ai
une audience ce matin, qui risque de durer, mais votre père passera voir
comment vous allez ce midi. Repose-toi bien, ma puce !
Je retournai me coucher.
La codéine et/ou le paracétamol ayant fait son travail, je me
réveillai aux alentours d’onze heures et demie, très fatiguée mais sans
douleurs. J’eus tout de suite envie de me rendormir mais je pris mon courage à
deux mains et optai pour une bonne douche, histoire de reprendre un peu mes
esprits.
Louise avait fait réchauffer le repas que Dana avait préparé
pour nous. A table, toutes les quatre, nous discutions :
− Vous avez l’air bien fines, toutes les trois ! constata Louise.
− Ohé, ça va ! la stoppa Anaïs. Epargne-nous ton sermon de petite fille modèle
à la c*n !
− J’espère juste pour vous que les parents ne vont pas l’apprendre, dit Louise.
− Je l’espère aussi, continuai-je. Je suis capable de m’asseoir aujourd’hui
mais je ne suis pas sûre que ce soit le cas si les parents apprennent ce qu’on
a fait ! Et puis, je ne tiens pas à revoir le martinet. Je suis même bien
tentée de lui couper les lanières, à celui-là !
− De toute façon, comment veux-tu qu’ils l’apprennent ? demanda Anaïs. On a
assuré grave. On pourra même recommencer !
− En buvant moins, dis-je. Je jure solennellement que je ne boirais plus jamais
une goutte d’alcool !
Louise et Anaïs pouffèrent de rire, sachant très bien que je recommencerai à
boire dès la prochaine soirée.
Jeanne restait muette, ce qui lui valut une réflexion d’Anaïs :
− Y’a quelqu’un de ta famille qu’est mort, ou quoi ?!
Elle ne répondit pas. Elle nous faisait la tête pour l’avoir forcée à venir
avec nous hier soir. Ô ciel, cette fille était déprimante au possible !
Nous étions au dessert quand Tom passa à la maison :
− Salut les filles, ça va mieux ?
Nous acquiesçâmes. Nous étions parées pour aller en cours. Enfin, elles étaient
parées. Moi, un peu moins. J’avais juste une envie irrésistible de dormir et
toujours autant mal aux cheveux !
13h30. Début de notre premier cours d’histoire. Le prof,
monsieur Montaire. débarqua dans la salle et à son allure, je ne le sentis pas
du tout. Et pour cause :
− Silence ! hurla-t-il.
Tout le monde se tut.
− Bien. Je suis monsieur Montaire, je vais vous enseigner l’histoire médiévale
ce semestre. Alors sachez d’ores et déjà que je ne supporte pas les bruits de
fond, donc le silence sera complet pendant mes cours ou ça ira très mal !
Euh… C’était qui, ce gars ?! Il sortait d’où ?! Son « ça ira très mal » me fit
rire. Ça ne peut pas aller plus mal qu’à la façon de Tom et Dana. Et ce prof
n’avait absolument pas le droit de nous toucher ; donc j’attendais de voir ce
qu’il entendait par « ça ira très mal ! ».
− Bien ! reprit Montaire. Vous sortez une feuille A4, que vous couperez en deux
et que vous remplirez en format portrait, pas paysage ! En format portrait ! Je
le reprécise puisque tous les ans, j’ai des idiots qui n’écoutent pas les
consignes !
Qui est-ce qu’il traitait « d’idiots » là ?! Il n’était pas arrivé depuis trois
minutes qu’il commençait déjà à me les briser sévère, celui-là !
− Remplissez dans l’ordre et sans faute : Nom, Prénom, Âge, Nom de votre
famille d’accueil, numéro de téléphone de vos parents d’accueil et projet
professionnel !
Je notai un faux numéro sur ma fiche de renseignements. Aucune chance qu’il
appelle Tom et Dana s’il y avait un problème. Dans le « ça ira très mal » je
voyais très bien un coup de fil à mes parents d’accueil. C’était bien
évidemment hors de question !
Le prof ramassa les fiches puis commença son speech de début d’année :
modalités d’évaluation, programme, etc. Enfin, je pense qu’il a dit tout ça.
Car je m’endormis avant même qu’il ne finisse sa phrase.
− Il faut dormir la nuit, mademoiselle ! me réveilla-t-il en me
tapotant sur l’avant-bras.
− Je suis malade, répondis-je.
− Alors il fallait rester chez vous !
− Déjà, je suis venue à votre cours alors par pitié, laissez-moi tranquille !
rétorquai-je, énervée, sans penser aux conséquences.
Louise et Anaïs me lancèrent un regard qui voulait dire : « Ferme-la ! ». Mais
c’était trop tard.
− Je crois que j’ai mal entendu, mademoiselle ! Quel est votre nom ?
− …
− Je vous ai demandé votre nom ! Si vous ne voulez pas me le donner, j’irais
voir le trombinoscope à l’administration et ils me diront très vite qui vous
êtes !
− Marie Lebertier, répondis-je, résignée.
Monsieur Montaire chercha dans les fiches de renseignements, puis sortis la mienne.
− Très bien mademoiselle Lebertier, je pense qu’il va falloir que je passe un
coup de fil à vos parents pour leur dire que vous vous endormez en cours et que
vous êtes insolente !
− Vous n’allez quand même pas les appeler juste pour ça !
− Bien sûr que si ! Surtout que…je connais très bien Tom et Dana Johnson
puisque ce sont de vieux amis. Ce sera également l’occasion de prendre de leurs
nouvelles ! Qui sont vos colocataires ?
− Louise Vasseur, Jeanne Diawara et Anaïs Poltrov, répondis-je.
J’étais prête à lui donner toutes les informations qu’il voulait du moment
qu’il n’appelait pas mes “parents”.
− Et puis-je savoir pourquoi les numéros indiqués sur les fiches de vos
colocataires ne sont pas les mêmes que sur la vôtre ? me demanda le prof
d’histoire.
Oh merde ! Quelle conne ! J’aurais dû m’accorder avec Anaïs et Louise pour
donner le même faux numéro ! Bon, de toute façon, il s’en serait aperçu en
téléphonant…
− Vous commencez très mal l’année, mademoiselle Lebertier !
J’étais de son avis.
Le cours se termina quelques minutes plus tard. Anaïs, Louise et
moi nous rendîmes à la cafétéria pour boire une boisson (soft, évidemment !) et
tenter de décompresser. Seulement, moi, je n’arrivais absolument pas à
décompresser. Je savais que pendant que j’avalais quelques gorgées de Fanta
orange, monsieur Montaire était en train de téléphoner à mes « parents » et que
j’allais (encore… !) me retrouver avec les fesses écarlates.
J’assistai à mon cours de mythologie gréco-romaine sans y
assister. Mes pensées étaient ailleurs. Je me préparais au pire : la brosse, le
martinet, la ceinture…les trois ! L’attente était horrible.
Lorsque le cours se termina, il était 17h. C’est alors que mon
portable vibra. J’ouvris un SMS de Tom : « J’ai eu ton prof d’histoire au
téléphone. Attends-toi à une bonne fessée, jeune fille ! ». Une larme coula sur
ma joue. Alors que Jeanne était déjà bien loin devant nous, Louise et Anaïs s’approchèrent
de moi lorsqu’elles virent que je m’étais mise à pleurer. Elles lurent le SMS,
puis Anaïs me prit dans ses bras.
− Eh Marie, dis-toi que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, tenta de me
consoler Louise.
− Rentrons, dis-je en tentant de sécher mes larmes. Ça ne sert à rien de rester
plantées là, de toute façon.
− Marie Noémie Juliette Lebertier ! Descends immédiatement !
18h, Tom venait de rentrer et m’attendait en bas des escaliers. J’avais fait
une partie de mes devoirs, rangé ma chambre, pris ma douche… j’avais tout fait
pour être la fille parfaite. Mais je me doutais que cela ne suffirait pas :
l’appel avait été passé, c’était tout ce qui comptait.
Tom m’attrapa par le bras et me colla trois claques bien appuyées dès que je
fus arrivée en bas des escaliers. Je me massai machinalement les fesses. Les
larmes me montèrent aux yeux. Mes fesses n’avaient pas eu beaucoup de répit
depuis deux jours et les claques faisaient de plus en plus mal…
− Tu peux m’expliquer pourquoi monsieur Montaire m’a appelé au travail pour me
dire que ma fille s’était endormie en cours, lui avait manqué de respect à son
réveil et lui avait en plus donné un faux numéro pour qu’il évite de me
contacter ?!
− …
− Réponds-moi, Marie ! gronda Tom en ponctuant sa phrase d’une nouvelle claque.
− Je…je suis malade, papa, c’est pour ça que je me suis endormie, répondis-je.
− Admettons. Et pour l’insolence et le faux numéro ?!
Je rivai mes yeux au sol. Là, je n’avais pas d’excuse. Tom attrapa une chaise
et la plaça en plein milieu de la pièce. Puis, il me renversa sur ses genoux,
baissa mon pyjama et ma culotte et me prévint :
− Tu as vue sur la pendule, Marie. Tu vois comme moi qu’il est 18h04. Tu ne
bougeras pas de mes genoux avant 18h14. Tu peux hurler, crier, gigoter, et
faire tout ce que tu veux, tu ne bougeras pas de mes genoux avant 18h14 !
L’insolence et le mensonge ne sont pas tolérables, Marie ! Je pensais que
tu l’avais intégré hier grâce à ta mère, mais visiblement pas. Alors je vais
passer à l’étape supérieure ! Fini les fessées qui durent trois minutes !
Les claques commencèrent. Ce fût horrible dès la première.
Je commence à pleurer dès 18h05. Il reste 9 minutes. Je n’en peux déjà plus.
18h07. Je danse sur les genoux de Tom, testant plusieurs positions pour éviter
les claques. Mais il me tient tellement fermement qu’il m’est impossible de les
esquiver.
18h08. Je mets ma main pour me protéger. Tom la bloque dans le creux de mes
reins. Mes fesses me brûlent.
18h09. Je hurle, je crie, je supplie.
− Papa, arrête ! S’il te plaît ! Je ne mentirai plus !
− Oh mais je l’espère pour toi car tu es déjà à dix minutes, et j’ajouterai dix
minutes à chaque mensonge supplémentaire !
18h10. Cette fessée est interminable. Je tire sur ma main pour tenter de la
dégager mais Tom la bloque tellement bien que c’est peine perdue. Je suis prise
au piège.
18h11.
− Papa, prends le martinet ! Je préfère le martinet ! Pitié !
− Ah, ça ! s’exclama Tom. Je n’en ai pas le moindre doute !
18h12. Dana rentre du travail et me découvre en larmes, en travers des genoux
de son mari, en plein milieu de la pièce à vivre.
− Qu’a-t-elle encore fait ? demanda-t-elle après avoir soupiré d’agacement.
− Marie, me dit Tom, tu racontes à ta mère ce que tu as fait pour que je te
punisse ainsi pendant dix minutes ?
Les claques continuaient de tomber et j’étais incapable de parler, trop occupée
à pleurer toutes les larmes de mon corps.
− Pascal Montaire m’a appelé, narra Tom. Il a eu notre fille en cours cette
après-midi, et figure-toi qu’elle s’est endormie en classe et qu’à son réveil
elle a été très insolente ! Elle a de plus renseigné un faux numéro pour que
Pascal évite de nous appeler !
− Au moins, cela signifie qu’elle a peur de la fessée, dit Dana. C’est un bon
point.
Mes « parents » discutaient le plus normalement du monde alors que j’étais en
train de prendre des claques ultra-cinglantes qui résonnaient dans toute la
maison.
18h14. Tom m’assène la dernière claque. Fin du calvaire. Il me rhabille et me
relève. Je pleure tellement que j’en ai des spasmes. Il m’attrape le menton, me
regarde droit dans les yeux et me gronde :
− Tu n’as plus intérêt à mentir Marie, ou je te jure que tu prendras vingt
minutes de fessée à la main, comme je te l’ai dit ! Gare à tes fesses si tu
recommences ! Je te jure que je ne plaisante pas avec ces choses-là ! Ni moi,
ni ta mère ! Elle non plus n’hésitera pas à te garder une vingtaine de minutes
sur ses genoux, alors fais attention à toi ! Tu as compris ?!
J’hochai la tête.
− Au coin. Tu vas réfléchir un peu à ton comportement !
Je m’y rendis en quatrième vitesse. La gueule de bois qui n’était pas
totalement passée, puis la fatigue provoquée par la codéine, puis cette fessée
interminable… le marteau dans ma tête recommençait à taper.
A l’heure du dîner, je fus libérée du coin (auquel j’étais quand
même restée trois quarts d’heure, sans bouger ! – mais j’avais tellement peur
de ce qui se passerait si je bougeais que je m’étais tenue bien tranquille !)
et vins m’asseoir à table avec difficulté.
− Tu veux un coussin ? me proposa Anaïs.
− Hors de question, intervint Dana. Ta sœur doit apprendre combien ça fait mal
de mentir et d’être insolente ! Mangez, maintenant !
Seul petit réconfort de la journée, le droit (enfin !) de
profiter du jacuzzi avant le couvre-feu. Les remous firent du bien à mon
postérieur meurtri !
Je m’endormis avec facilité, priant, après la fessée que je
venais de prendre, pour que Tom et Dana ne découvrent jamais notre sortie en
douce hier soir…
à suivre...
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