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Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 13)



Lundi 23 septembre 2019.

Neuf heures : le réveil sonne. Puisque notre emploi du temps a été totalement réaménagé, nous ne commençons jamais les cours avant 10h. Tom et Dana ont donc décalé notre réveil d’une heure, et notre coucher aussi ! Youpi !
Je descendis dans la salle à manger : Jeanne était assise à table, en train de pleurer.
− Qu’est-ce qui t’arrive ? lui demandai-je. Et où sont Anaïs et Louise ?
− Elles ne sont pas encore descendues, me répondit Jeanne.
− Pourquoi tu pleures ? Dis-moi !
− Papa et maman vont me tuer, m’expliqua-t-elle.
− Pourquoi ?
− Apparemment, on a un contrôle ce matin en anglais. Et je n’ai pas révisé. Papa et maman sont américains. Si on est mauvaises en anglais, ils vont nous tuer !
− Quoi ?! m’exclamai-je. Comment ça, on a un contrôle ?! On a fait qu’un seul cours, ce n’est pas possible ! Comment t’es au courant ?!
Jeanne me montra son téléphone : elle venait de recevoir un message de Laura.
− Et comment elle le sait, Laura ?
Ma sœur haussa les épaules.
− T’inquiète ça va aller ! la rassurai-je. De toute façon, l’anglais, ce n’est pas bien compliqué. Surtout avec la prof qu’on a ! Et puis on n’est même pas sûres qu’il y ait un contrôle !

Eh bien si. Il y avait interro. Mais interrogation orale. Dans notre promo, nous sommes une vingtaine à faire de l’anglais. Les autres font espagnol (comme Anaïs et Louise qui, après avoir vu la prof d’anglais, ont préféré changer de langue vivante) ou allemand. Nous passâmes tous un par un au tableau pour une conversation en anglais avec la prof, sur le thème étudié la semaine dernière.
J’obtins un joli 17. Heureusement que je me débrouille bien en anglais ! Cela aide d’être fan d’être fan de Vikings, Esprits Criminels, The Walking Dead et compagnie…et de regarder les épisodes en VO !
Jeanne obtint un 3. Merde. Elle allait se faire défoncer. Obligé.
− Tu me diras des nouvelles de la ceinture ! lui lançai-je après le cours.
− T’es méchante ! me lança-t-elle en doublant ses larmes.
− C’est bon, je déconne ! T’as qu’à dire aux parents que tu as passé l’interro avec moi ! A nos deux notes, on a 20/20 !
− Marie, je t’aime bien, me dit Jeanne. Mais ferme-la. Tu n’es vraiment pas douée pour réconforter les gens.
− Dis-toi que c’est un mauvais moment à passer. Regarde, toutes les fessées que j’ai prises en deux semaines ! Et je n’en suis pas morte !
− Ferme-la, Marie !
− Ok, ok !
Je m’éloignai de ma sœur et rejoignis mes copines.

En dehors de mes sœurs, je me suis fait deux copines super géniales à la fac : Mégane et Marion. Lorsque je ne traîne pas avec mes sœurs, je suis tout le temps avec elles. Nous nous entendons très bien et avons les mêmes centres d’intérêt !

Alors que nous mangions à la cafét’ mes copines et moi, Marion me demanda :
− Jeanne ne mange pas avec nous ?
− Elle pleure, répondis-je. C’est compliqué de manger et pleurer en même temps.
− Mais tu es affreuse ! me lança Marion. Tu laisses ta sœur pleurer toute seule ?
− Elle ne veut pas de moi, me défendis-je.
− Pourquoi est-ce qu’elle pleure ? demanda Mégane.
− Elle a eu 3 en anglais, expliquai-je. Avec le site intranet, nos parents vont vite être au courant. Ils vont certainement lui coller une fessée.
− Oh la pauvre… se lamenta Marion.
− C’est bon, ça va passer, dis-je. J’en ai pris pas mal et je ne suis pas morte !
− Oui enfin ce n’est pas pour ça que tu ne supplies pas le monde entier quand papa t’attrape ! me balança Anaïs en nous rejoignant.
− Oh la ferme, toi ! lui dis-je.
Anaïs ria. Nous finîmes de manger sans Marion, partie consoler Jeanne.

L’après-midi, cours de littérature comparée.
− Qui peut me décrire les personnages de l’extrait que je vous ai donné à étudier pour aujourd’hui ?
Personne ne répondit. La prof interrogea alors au hasard une personne qui ne sut pas répondre. Puis une deuxième, une troisième, une quatrième sans succès. La cinquième ne sut pas répondre non plus.
− Bon, eh bien vous me sortez tous une feuille ! gronda la prof. Vous allez me faire cette analyse par écrit !
− Ça ne va pas la tête ?! m’exclamai-je. Il est hors de question que je fasse votre analyse, là ! Un contrôle surprise, c’est déloyal !
− Vous avez tout le loisir de partir et de récolter un rapport et un zéro, mademoiselle Johnson ! me dit la prof.
− J’ai une dispense d’assiduité, rétorquai-je. Donc votre zéro, vous pouvez vous le mettre où je pense !
Je sortis de la classe en claquant la porte derrière moi. Fébrile, j’allai tout de même me renseigner à l’administration. Ils confirmèrent que ma prof ne pouvait rien contre moi. Seule la note du partiel compterait. Ouf ! Par contre, le rapport serait bel et bien là…

Puisque j’avais du temps devant moi, j’allais frapper au bureau du technicien informatique.
− Entrez !
− Bonjour, dis-je.
− Salut, me dit-il.
Le technicien informatique est plutôt cool. Il est toujours en jean-baskets, avec un trousseau garni de clés à la taille et un chewing-gum dans la bouche.
− Que puis-je faire pour toi ? demanda-t-il.
− Je voulais savoir s’il était possible de supprimer un rapport d’incidence.
− Ça dépend, il a été édité quand ?
− Je pense qu’il est en train d’être édité, dis-je. Il faudrait qu’il soit effacé au plus vite.
− T’as peur d’avoir des problèmes avec tes parents ?
− Je VAIS avoir des problèmes avec mes parents. C’est sûr et certain.
Le technicien tiqua. Je lui filai un billet de 50€.
− Bon, je vais voir ce que je peux faire. Normalement, je n’ai pas le droit de faire ça, donc ça reste entre nous !
− Promis.
− Assieds-toi et donne-moi tes codes d’accès.
Le technicien put récupérer le rapport dès sa publication et le supprima de suite.
− Bon, c’est fait, dit-il.
− Merci, vous me sauvez la vie !
− Par contre, s’il y a un nouveau rapport, ce sera noté « Rapport d’incidence n°4 ». Tes parents risquent de se demander où est le n°3. A moins que tu te tiennes tranquille et qu’il n’y ait pas de n°4 !
− Si c’est le cas, je me débrouillerai, je plaiderai un beug informatique.
− Très bien. Après, tu peux toujours revenir me voir. Moyennant un billet orange… Et motus et bouche cousue ! Je risque ma place si quelqu’un l’apprend !
− Je serai une tombe !
Je sortis du bureau, ravie. Que c’est utile d’être riche ! Je passais le reste de mon temps à la BU, à réviser.

En rentrant à la maison, il n’y avait personne. Nous étions seules, toutes les quatre. Après avoir fait nos devoirs ensemble, nous nous installâmes dans le canapé et jouâmes à la console.
− Jeanne Lou Johnson ! cria Tom en rentrant à la maison. Il va falloir qu’on discute toi et moi !
− En anglais ou en français ? lançai-je, d’humeur blagueuse.
− Marie, boucle-la avant que je te colle une fessée !
Je me tus. Je n’aurais peut-être pas dû dire ça. En plus, l’ingénieur a prononcé le nom complet de Jeanne : c’est le signe qu’ont Tom et Dana pour nous faire comprendre qu’ils sont méga-en-colère. Papa ne devait donc pas être très réceptif aux blagues.
Jeanne pleurait déjà avant que Tom ne l’attrape. Tenant Jeanne d’une main et ayant le martinet dans l’autre, Louise, Anaïs et moi sentions bien que ça allait chauffer pour notre sœur.
− Non ! Pas le martinet, papa ! pria Jeanne.
− C’est la punition prévue pour les notes en-dessous de la moyenne, justifia Tom. Et avec un 3/20, hors de question que tu y échappes !

Jeanne fut directement mise cul nu et reçus sept coups de martinet, nombre correspondant aux points qu’il fallait à ma sœur pour atteindre la moyenne. Vu l’élan que prenait notre père pour chaque coup, je n’aurais pas aimé être à sa place ! Elle a franchement dû avoir hyper mal !
Tom la fit se rhabiller et Jeanne dut rester au coin jusqu’au dîner, soit une bonne heure. Même lorsque Dana rentra, Jeanne ne bougea pas. A sa place, j’aurais saisi l’occasion pour tenter de faire lever ma punition ! Mais bon, ma sœur avait certainement peur que maman lui donne une fessée si elle mouftait…

Pour le dîner, Dana avait préparé un gratin de chou-fleur. N’aimant pas la viande et étant allergique à l’iode, Dana avait toujours fait en sorte que je puisse manger quelque chose depuis que je suis arrivée chez eux. En règle générale, j’aime bien les légumes. Mais le chou…j’en ai horreur !
− Et tu vas manger quoi si tu ne manges pas de gratin ?! me demanda Dana.
− Ben je mangerai un yaourt et un fruit, répondis-je.
− Il faut que tu manges correctement si tu ne veux pas que tes intestins soient détraqués ! me dit Tom.
− Je préfère que mes intestins soient détraqués plutôt que de manger du chou, dis-je. Je déteste ça. Rien qu’à l’odeur, j’ai envie de vomir !
− Marie, il faut que tu manges ! dit Dana.
− Alors je vais aller me faire autre chose à manger, dis-je.
− Ta mère a préparé un repas, alors mange un peu, ne serait-ce que par respect ! me gronda Tom.
− Non !
Dana prit une grande respiration puis dit :
− Ne nous oblige pas à nous fâcher, Marie.
− Je ne vous oblige pas à vous fâcher, répondis-je.
− Si tu continues de faire ta forte tête, c’est ce qu’on va devoir faire ! dit la juge.
− Je refuse de me forcer ! soutins-je. Je n’aime pas, point barre ! Personne ne souhaite manger quelque chose qu’il n’aime pas ! Alors pourquoi le devrais-je ?!
− Marie Emilie Lucie Johnson, dit Tom. C’est la dernière fois que l’on te demande de manger un peu de chou-fleur. Ensuite, c’est la fessée !
Tom venait de prononcer mon nom complet. A croire que c’était la journée pour cela ! Ça ne sentait pas bon pour moi. J’optai pour la scène de la « pauvre petite malade ». Je me forçai un peu à pleurer et dis, avec une voix toute tremblante :
− C’est injuste, déjà que je suis malade et que je ne peux pas manger tout ce que je veux, ni manger à l’heure que je veux, et que j’ai des médicaments à vie…alors si en plus je dois manger des choses que je n’aime pas…
Je vis que Tom commençait à s’adoucir. En revanche, Dana me lança :
− Si tu n’obéis pas de suite, je te garantis que tu auras une bonne raison de pleurer ! Mange !
Je poussai mon assiette vers le centre de la table. Le sang de Dana ne fit qu’un tour : elle se leva, m’attrapa par les cheveux, me sortit de table et me colla cinq claques bien appuyées sur les fesses.
– Aïe ! me plaignis-je.
– Une fessée sur mes genoux ou le chou-fleur ?! me gronda-t-elle.
– Papa, au secours ! dis-je.
Tom ne bougea pas, et Dana me fila trois nouvelles claques. Elle réitéra :
– Une fessée sur mes genoux ou le chou-fleur ?! Sachant que tu vas finir par le manger, Marie !
– L… le chou-fleur, cédai-je.
Ma mère me lâcha. Je me rassis à ma place et mangeai mon chou-fleur en buvant plusieurs verres de grenadine pour faire passer le goût. Le yaourt et la poire furent également les bienvenus.

Après le dîner, Anaïs et Jeanne partirent à leurs occupations dans leurs chambres, Louise et moi nous installâmes avec Tom et Dana devant la télé. Allongée dans l’immense canapé, la tête sur le ventre de ma mère, j’appréciai beaucoup ce moment de détente !

J’allais me coucher à la fin du film. Avant de m’endormir, je repensais aux deux dernières semaines qui s’étaient écoulées. Même si mes parents d’accueil étaient stricts, je n’aurais pour rien au monde envie de les échanger. J’avais nettement l’impression de faire partie de cette superbe famille et cela remplissait mon cœur de joie !

A suivre…

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                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

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  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

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