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Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 14)



Mardi 24 septembre 2019.

Neuf heures. Le réveil de mon téléphone sonne et j’ouvre doucement les yeux. J’étais tellement bien au chaud dans mon lit que je me voyais mal me lever.

− Lève-toi ma puce, il est l’heure ! me dit Dana en ouvrant la porte de ma chambre à 9h10 et en me découvrant blottie dans mon lit.
− Je crois que je suis malade, dis-je.
− Ah oui ? Ta maladie ne s’appellerait-elle pas flemme, par hasard ?
− Si. Une grosse flémingite aigüe.
− Aller ma grande, me dit Dana. Lève-toi. Une bonne journée t’attend !
− C’est la journée de l’enfer, aujourd’hui ! 6h30 de cours ! Je vais mourir !
− Justement, tu as beaucoup trop de cours pour que tu rates cette journée ! Debout, ma fille !
Je me levai à contrecœur, laissant mon lit et ma grosse couette, leur promettant de revenir bientôt.

Au petit déj’, Tom était également là. Je fus étonnée de le voir.
− Papa ? Tu n’es pas au travail ?
− Je fais du télétravail aujourd’hui, me répondit-il après que je l’ai embrassé.
Je m’assis à ma place attitrée, et commençai à déjeuner.

− Au fait les filles, votre prof d’histoire vient dîner ce soir, nous annonça Dana. Nous attendons de vous une attitude irréprochable.
Je faillis m’étouffer avec mon jus d’orange.
− PARDON ?! nous écriâmes-nous.
− C’est une blague ?! demanda Anaïs.
− Pascal est un ami, dit Tom, il est normal que nous invitions nos amis à dîner. Il sera accompagné de sa femme.
− Non mais vous allez l’appeler et le désinviter tout de suite ! ordonna Anaïs.
− Tu changes de ton ! gronda Dana. Nous sommes chez nous et nous décidons seuls de qui nous invitons ou non ! Ce n’est absolument pas toi qui décide !
− Mais vous ne pouvez pas nous faire ça !! cria Anaïs.
− Ce n’est pas de la torture, non plus ! dit Tom.
− Bien sûr que si ! dit Anaïs. De toute façon, je n’en ai rien à foutre, j’irai me chercher McDo et je passerai la soirée dans ma chambre ! Et basta !
− Tu passeras la soirée avec nous et tu te tiendras correctement ! gronda Dana.
− Et tu seras polie ! ajouta Tom.
− Putain, mais vous me faîtes vraiment ch…
Anaïs ne finit pas sa phrase car elle se rendit très vite compte qu’elle venait de dépasser les bornes.
− A qui est-ce que tu viens de dire « putain », là ?! gronda Tom.
Ma sœur ne répondit pas. Elle était déjà toute rouge, angoissée par la réaction de nos parents.
− A qui est-ce que tu viens de dire « putain », Anaïs Johnson ?! réitéra Tom en se levant.
− Je ne voulais pas dire ça… Je… Je suis désolée ! dit ma sœur.
Tom enleva sa ceinture et la plia en deux dans sa main.
− Viens ici ! gronda-t-il.
Anaïs se mit à pleurer, suppliant Tom de ne pas la punir ; pourtant, notre père lui cingla les fesses nues plusieurs fois avec la ceinture, demandant à Anaïs de répéter le gros mot qu’elle venait de dire, de la même manière dont il m’avait punie dimanche soir pour avoir insulté ma prof de culture littéraire.

Lorsqu’il eut fini de corriger Ana, celle-ci pleurait tellement que je me demandais bien comment le corps humain pouvait contenir autant d’eau.
− Que je n’entende plus l’une de vous quatre prononcer un gros mot, ou je vous lave la bouche au savon ! nous gronda Tom et en remettant sa ceinture. Et si l’une de vous a dans l’idée de nous manquer de respect à votre mère ou moi, gare à vos fesses ! On ne plaisante absolument pas avec ça, les filles !
Aucune de nous ne broncha. Nous entendions juste les spasmes discrets d'Ana qui ne pouvait pas s’empêcher de pleurer.

Bien qu’intense, la journée de cours se passa relativement bien.
Marion, Mégane et moi ne comprenions rien en chimie, alors nous passâmes tout le cours à nous raconter des blagues. Le prof nous reprit plusieurs fois mais heureusement pour nous, pas de rapport ! Sinon, il aurait encore fallu débourser 50€ et je préférais mille fois faire autre chose avec que de les donner au technicien !

En rentrant à la maison, j’étais bien trop fatiguée pour faire mes devoirs : j’allais me détendre dans le jacuzzi, en compagnie de Louise. Tom accepta que nous ne fassions nos devoirs que demain matin, puisque nous n’avons pas cours le mercredi matin.

Sept heures moins le quart, on sonne. Ça y est, notre prof le plus sévère est arrivé et nous allons devoir passer la soirée à table avec lui et sa femme. L’enfer.
− Les filles ! nous appela Dana. Venez dire bonjour !
Alors que nous étions toutes les quatre en train de jouer aux cartes dans ma chambre, nous nous échangeâmes un regard et je dis :
− Quand faut y aller…
− …faut y aller ! termina Jeanne.

Voir mon tyran de prof chez moi me fit trop bizarre.
− Bonjour les filles ! dit le médiéviste.
− Bonjour, répondîmes-nous.
Cette situation nous mit mal à l’aise, nous ne savions pas si nous devions faire la bise ou pas… Nous nous contentâmes donc d’une poignée de main. En revanche, nous fîmes la bise à Corinne, la femme de monsieur Montaire.

Nous nous installâmes au salon pour boire l’apéro.
− Alors Pascal, dit Tom, que racontes-tu depuis tout ce temps ?
− Eh bien la routine, répondit le prof. Comme tu le vois, j’enseigne toujours à la fac. Et je suis toujours chercheur en histoire médiévale. Il m’arrive parfois de donner quelques conférences…
Après s’être échangés des banalités durant lesquelles mes sœurs et moi nous ennuyâmes, l’attention se tourna alors vers nous et cela m’inquiéta.
− Et donc, vous avez décidé d’être famille d’accueil ! dit Corinne. C’est super !
− Oui, nous voulions le faire depuis un bon moment, dit Tom, mais la procédure est très longue… Donc quand la loi est passée pour les étudiants, nous avons sauté sur l’occasion !
− Et c’est vous qui avez choisi d’en prendre quatre ? demanda mon prof. Ça fait beaucoup !
− Oui, c’est nous qui avons demandé quatre enfants, dit Dana. Ce n’est pas de tout repos mais on gère !
− Elles ont l’air d’être de vrais petits anges ! dit Corinne.
− Mis à part Marie, dit Pascal.
− Marie a du caractère, affirma Tom, mais ce n’est pas la seule. Mais il y a des règles à la maison qu’elles doivent respecter, sinon elles prennent une bonne fessée. N’est-ce pas les filles ?
Nous ne répondîmes pas, honteuses que nous étions que notre père annonce au couple d’invités que nous prenions la fessée.
− Vous avez bien raison, dit l’historien. C’est une méthode qui porte on ne peut mieux ses fruits !
J’aurais eu une mitraillette à la place des yeux que je le descendais, ce prof de pacotille !

− Bien, je ne souhaite pas vous presser mais Marie doit manger à heures fixes, dit Dana. Je vous invite à passer à table.

Durant le dîner, l’ambiance fût plutôt tendue. Les adultes discutaient de leurs boulots respectifs et mes sœurs et moi ne disions pas un mot. Soudain, il y a eu un silence (comme il y en a dans toute conversation) et Pascal changea de sujet. Il me demanda :
− Et alors Marie, tu as décidé d’être sage dans mon cours demain ou faut-il que je me prépare à une tempête ?
− Pourquoi dîtes-vous cela ? me renseignai-je.
− Parce que je te rappelle qu’il y a deux semaines tu as été grandement insolente !
− J’ai été on ne peut plus sage la semaine dernière, rétorquai-je.
− Peut-être mais je voyais bien que tu faisais des efforts considérables pour te contrôler.
− Certes. Mais j’ai réussi à le faire. Maintenant, cessez de m’importuner et mangez ce que ma mère vous a préparé.
− Marie, sois correcte avec notre invité ! me reprit Dana.
− Oh, mais tu me donnes des ordres, maintenant ? s’étonna monsieur Montaire. De mieux en mieux !
− Que voulez-vous, à la fin ?! m’impatientai-je.
− Que tu acceptes mon autorité sans broncher et que tu cesses de me regarder comme si tu voulais me séquestrer et me torturer. Je suis ton professeur d’histoire pour ce semestre, j’exige ton respect. J’ai le savoir, et tu as beaucoup à apprendre de mes cours.
− Avoir le savoir ne signifie pas être intelligent. Et de toute évidence vous ne l’êtes pas, à provoquer une de vos étudiantes qui s’efforce tant bien que mal de vous supporter !
− Marie ! me gronda Dana.
− Mais maman, c’est lui qui me cherche depuis tout à l’heure ! répondis-je, énervée.
− Tu te calmes tout de suite ou je te donne une fessée ! me gronda ma mère.
− Mais…
Louise posa sa main sur mon avant-bras pour me faire comprendre que répondre ne m’amènerait rien de bon. Je me tus.
− Au moins elle obéit à ses parents, Pascal, dit Corinnne à son mari. Tu n’as juste pas la bonne méthode.
− Il est juste que si j’avais le droit de lui donner une fessée devant toute la classe, elle serait davantage disciplinée.
− Mais vous n’avez pas le droit, rétorquai-je sans contrôle. C’est con, hein ?!
− Marie ! gronda Tom. Qu’est-ce que j’ai dit avec les gros mots ?!
− Pardon papa, rectifiai-je de suite.
− Encore une phrase plus haute que l’autre et tu es bonne pour une fessée ! me gronda Dana. C’est compris ?!
− …
− Est-ce que c’est compris, Marie ?!
− Oui maman.
Le repas se poursuivit sans autre provocation de la part de l’historien. J’appréhendai vraiment de ne pas pouvoir me contrôler et l’idée d’atterrir sur les genoux de mon père ou de ma mère ne m’enchantait pas du tout.

Lorsque le couple partit et que Dana referma la porte d’entrée, elle fonça sur moi et me gronda :
− Quand je parlais « d’attitude irréprochable » ce matin, as-tu écouté ou étais-tu dans la lune ?!
− J’ai écouté, maman, répondis-je. Mais monsieur Montaire a passé sa soirée à me provoquer !
− A toi de te contrôler et de ne pas répliquer, Marie !
− Mais maman, je…
Je ne finis pas ma phrase. La main de Dana s’abattit violemment sur mes fesses.
− Aïe !
− Tu te tais ! Le respect envers les adultes est primordial, Marie ! File au lit avant que je te colle une fessée ! Ma main me démange !

J’allai me coucher, avec un grand sentiment d’injustice. Je pensai même fortement à me venger de monsieur Montaire demain après-midi pendant son cours… Au moins, si je recevais une fessée suite à mon mauvais comportement en histoire, ce serait pour une bonne raison !

A suivre...

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  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

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