Mercredi 11 septembre 2019.
Le mercredi. Ce jour béni où il n’y a pas cours. Bien
sûr, je passai toute la matinée à faire mes devoirs que ce soit pour les cours
ou le piano, mais au moins, je n’avais pas à aller en classe et supporter
Monsieur Nicolas, Monsieur Jean, ou tout autre professeur strict et
intransigeant.
Mes devoirs terminés, nous nous rendîmes au réfectoire pour le repas du midi. Mes copines et moi discutâmes du programme de l’après-midi : nous ne savions pas trop comment nous occuper. Finalement, nous suivîmes l’idée de Lou : aller construire une cabane dans la forêt.
La forêt est un endroit interdit aux élèves (on se demande bien pourquoi : ça ne fait jamais de mal un peu de fraîcheur et de verdure !) mais mes amies et moi nous convînmes que personne n’allait remarquer notre absence.
C’est ainsi qu’à treize heures nous nous mîmes toutes les quatre – Naomy, Lou, Mathilde et moi – en marche vers la forêt qui longe l’immense parc du pensionnat. Nous nous y enfonçâmes jusqu’à trouver un coin qui nous plairait pour y construire notre cabane.
Cela me rappela les après-midis passés avec Côme et
Célestine dans la forêt juste à côté de chez nous. Nous y construisions les
meilleures cabanes au monde. Côme est passionné par tout ce qui relève de la
construction, il était donc un parfait architecte et chef de chantier ! Je
me demande d’ailleurs pourquoi il n’a pas choisi une profession dans le
bâtiment, au lieu d’être cardiologue…
Avec mes amies, je pris les choses en mains étant la seule à avoir des notions en construction de cabane.
Quelques heures plus tard, nous avions devant nos yeux une magnifique cabane que nous baptisâmes « Le Refuge ». Nous nous promîmes de nous y réfugier lorsque ça n’irait pas. Ce serait notre petit endroit secret. Nous fîmes également le pacte d’être amies pour la vie et j’espérai bien qu’il ne se casse jamais. Malheureusement, seul Dieu décide de l’avenir des amitiés comme celles-ci…
En sortant de la forêt, nous eûmes la très désagréable surprise de tomber nez-à-nez avec Madame Thérèse (dortoir n°1), Madame Hermine (dortoir n°3) et Madame Mireille (dortoir n°5). Elles étaient côte-à-côte, les bras croisés et avaient plutôt l’air en colère (je me demandais bien depuis combien de temps elles nous attendaient là !). A côté se tenaient ces garces de Léa et Valentine. Léa ne put s’empêcher de préciser :
- Vous voyez mesdames, on les a bien vues entrer dans la forêt !
Sans lui répondre, Madame Mireille s’avança vers nous et nous demanda :
- On peut savoir ce que vous faisiez dans la forêt alors que celle-ci est totalement interdite aux élèves ?!
- On était parties se promener, répondis-je.
- Pourquoi est-ce interdit ? s’informa Lou.
- Parce que nous avions eu plusieurs élèves égarées dans la forêt, répondit Madame Hermine. Il nous a fallu plusieurs heures pour les retrouver !
- Nous ne savions pas que c’était interdit, tenta Naomy.
- Ah, vous ne le saviez pas, hein ?! reprit Madame Mireille. Eh bien, après avoir reçu la bonne fessée que je vais vous donner, vous recopierez le règlement intérieur !
- Pas de fessée, Madame ! supplia Mathilde qui commençait à paniquer. On ne recommencera plus, c’est promis !
Mathilde avait tout comme moi en tête la menace du Directeur : s’il nous arrivait des ennuis durant la journée, nous aurions des représailles le soir…
Malheureusement, Madame Mireille ne voulut rien entendre : elle nous emmena toutes les quatre dans la salle commune des surveillantes, escortées par Mesdames Hermine et Thérèse. Hermine et Thérèse n’ayant pas l’autorisation de nous corriger, seule Madame Mireille s’en chargerait. Néanmoins, lorsque, dans la salle commune des surveillantes, Mathilde se retrouva sur les genoux de Madame Mireille, Mesdames Hermine et Thérèse avaient ordre de nous surveiller. Lou, Naomy et moi étions debout, mains sur la tête, nos jupes relevées et nos culottes baissées aux genoux, à attendre notre tour. Au-delà de l’humiliation, l’attente était insoutenable. Je maudis Lou qui avait eu l’idée d’aller dans la forêt. Je nous maudis toutes d’avoir pensé encore une fois que l’on s’en sortirait indemne. J’en avais plus que marre d’avoir mal aux fesses !
Lorsque Madame Mireille eut fini de s’occuper de Mathilde, c’est moi qu’elle attrapa par le bras pour continuer. Souhaitant garder ma fierté, je ne la priai pas, mais je sentais bien que ça allait barder ; vu le calibre des claques données à Mathilde et la couleur écarlate de son derrière, je ne donnais pas cher de ma peau. De plus, les stigmates des corrections d’hier rendraient très vite cette nouvelle fessée insupportable !
Je me demandais bien comment une bonne femme pouvait taper aussi fort ! Il faut dire aussi que Madame Mireille était une femme bien en chair, qui semblait avoir pas mal de muscles en plus du gras ! Vu sa carrure, elle devait être rugbyman ou handballeuse… !
Les claques se succédaient les unes aux autres, sans pause. Il ne me fallut pas longtemps pour commencer à gigoter vivement, à crier de douleur à chaque fois que sa main claquait ma croupe, et à prier intérieurement pour que ça s’arrête. Ce n’était pas une fessée du standing de Monsieur Éric ou Monsieur Matthieu, mais elle était quand même carabinée. Je me serais bien passée de la prendre, celle-là !
Lorsque la Surveillante référente du dortoir n°5 eut enfin fini son œuvre, je me relevais, en nage et regagnai ma place debout contre le mur, mains sur la tête. Maintenant, je préférais mille fois cette humiliation à une autre fessée, même si Monsieur le Directeur me tomberait à nouveau dessus ce soir…
Lou, puis Naomy, passèrent sur les genoux de Madame Mireille. Cette dernière ne montrait aucune faiblesse, aucune faille. Elle ne semblait même pas avoir mal à la main ou quoique ce soit. Cette femme me paraissait surhumaine.
Une fois que nous fûmes toutes les quatre contre le mur, mains sur la tête et les fesses en feu, Madame Mireille nous fit la morale sur le respect du règlement et sur le fait que nous devions nous tenir tranquilles. Et pour être sûre que nous retenions la leçon, elle s’empara d’un tapetapis avec lequel elle nous frappa le derrière cinq fois chacune. L’horreur dans toute sa splendeur.
Nous fûmes envoyées dans la « salle des punitions » - une salle qui ressemble tout bonnement à une salle de classe, mais uniquement conçue pour les punitions écrites – et dûmes recopier le règlement intérieur.
- Vous resterez ici jusqu’au dîner ! nous annonça Madame Mireille. Ne tentez rien, si vous ne voulez pas avoir des représailles !
Jusqu’au dîner ?! Mais il n’était que dix-sept heures ! Je n’allais pas rester deux longues heures ici à ne rien faire d’autre que de recopier un fichu règlement !
Je jouai le jeu une bonne demi-heure puis, le cœur battant à toute allure et la boule au ventre, je demandai à Madame Hermine, qui nous surveillait :
- Puis-je aller aux toilettes ? C’est urgent !
- Très bien, mais vous avez cinq minutes, pas une de plus !
- Oui, oui…
Mes amies me regardèrent d’un air suspect, se doutant bien que je préparais quelque chose. Je sortis de la salle des punitions et sentis tout de suite le vent de la liberté souffler sur mon visage. Trop cool ! Je me rendis immédiatement dans les appartements du Directeur et m’allongeai sur mon lit. J’entrepris de lire un peu pour patienter jusqu’au dîner.
Je me pointai comme une fleur au réfectoire pour dîner. Madame Hermine me bondit instantanément dessus :
- Je peux savoir OU vous étiez, Mademoiselle Clémence ?!
- J’avais mal au ventre alors je vous ai demandé d’aller aux toilettes. Comme je ne me sentais toujours pas bien en sortant, je suis allée sur mon lit pour m’allonger. Demandez à la femme de ménage si vous ne me croyez pas, elle est passé quand j’étais là !
Madame Hermine sortit du réfectoire sûrement pour aller demander confirmation à Gisèle, la femme de ménage. Pendant ce temps, je m’assis avec mes amies :
- T’es gonflée de nous avoir lâchées ! me reprocha Mathilde.
- Désolée, mais je ne pouvais vraiment pas me résoudre à passer deux heures, enfermée.
- Tu n’as pas peur de te faire gauler ? se renseigna Lou.
- L’avantage avec l’excuse de la maladie, c’est qu’on ne peut jamais totalement vérifier si c’était vrai ou faux. Il y a toujours le bénéfice du doute. Et tant qu’il y a le bénéfice du doute, il n’y a pas de fessée !
Mes copines affichaient une tête bizarre durant toute ma réplique. Je me demandais bien pourquoi… Jusqu’à entendre une voix familière derrière moi :
- Eh bien, te sens-tu mieux, maintenant, Clémence ?
Je me retournai et découvris Monsieur Éric derrière moi, bras croisés et le regard sévère. Je crois qu’il n’aimait pas du tout l’idée que j’aie pu ruser pour échapper au recopiage du règlement.
- Euh…oui, je…je n’ai plus mal au ventre, répondis-je prise au dépourvu.
- Très bien, tu es donc en parfait état pour recevoir la fessée que je te donnerai ce soir, pour avoir désobéi aujourd’hui !
- Mais Monsieur, Madame Mireille m’en a déjà donné une… protestai-je.
- Pas assez salée, on dirait, puisque tu t’es permise de te moquer de Madame Hermine quelques instants plus tard !
- J’étais vraiment malade, insistai-je.
- Comme tu le dis si bien, on ne le saura jamais, admit le Directeur. Mais tu n’échapperas quand même pas à une mise au point après le dîner. Et toi non plus, Mathilde.
Le Directeur alla s’asseoir à sa place et Mathilde et moi nous échangeâmes un regard inquiet. Cette double sentence quotidienne était un réel fardeau qui multipliait les ennuis. J’en avais déjà plus qu’assez.
Le dîner me parut passer à une vitesse monstre. Comme à tous les dîners, je finis mon assiette (de toute façon, nous n’avions pas trop le choix : Monsieur le Directeur déteste le gaspillage !). Etant petite, Côme et Célestine m’obligeaient à finir le contenu de mon assiette, sous peine de deux ou trois bonnes claques sur les fesses (ce qui, à cinq, six, ou même huit ou neuf ans, m’effrayait beaucoup !). Si j’avais su que plus d’une décennie plus tard je recevrais des fessées monumentales quasi-quotidiennes, j’aurais dès le départ commencé à endurcir mon derrière ! Néanmoins, l’avantage de cette contrainte que m’imposait ma fratrie est que je mange de tout, aujourd’hui !
En rentrant dans les appartements de Monsieur Éric, je
n’étais pas sereine du tout. Les fessées du Directeur sont, jusqu’à présent,
les pires que j’ai reçues. Je me souviens de toutes, depuis les dix jours qui
se sont écoulés depuis mon arrivée. Et il n’y en a aucune que j’aimerais
revivre…
Le Directeur entra derrière nous et verrouilla la porte d’entrée de ses appartements derrière lui. Il enleva sa veste, remonta les manches de sa chemise et fonça sur nous. Il attrapa Mathilde par le bras et lui asséna plusieurs claques sur les fesses en grondant :
- Je commence à en avoir assez…
Il lâcha Mathilde pour pouvoir faire la même chose avec moi :
- … de devoir me fâcher tous les soirs depuis trois jours !
Il me libéra et je me frottai les fesses, imitant Mathilde. Monsieur Éric est vraiment le plus redoutable du Pensionnat. Il mérite amplement son titre de Directeur.
- Ça va être ça tous les jours ?! Tous les jours, je vais devoir me mettre en colère parce que vous avez fait des bêtises ?! Si vous voulez la guerre, vous allez l’avoir ! ça va monter crescendo ! Je croyais qu’en vous disant qu’il y aurait représailles, vous vous assagiriez mais même pas ! Tant pis pour vous, vous allez le regretter amèrement ! Personne ne me met en colère sans en payer les lourdes conséquences !
Mathilde et moi étions effrayées et je pense que notre peur se traduisait dans nos regards. Cela n’empêcha pas le Directeur de nous coller une rude fessée au martinet. Très rude. Je n’avais jamais autant détesté cet instrument qu’en cet instant.
Les fesses striées, nous rejoignîmes notre chambre. Je zappai ma prière et fis juste mon signe de croix avant de sombrer dans les bras de Morphée. La vengeance contre Léa et sa bande, qui nous ont balancées pour la forêt, allait être terrible !!!
A suivre...
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