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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 13 - 2ème partie)

 


              

                Mathilde courait devant moi, je la suivais. Je me félicitais d’être en bonne condition physique car ce marathon l’exigeait. Cependant, nous nous heurtâmes rapidement à un obstacle : la clôture du Pensionnat. Elle était bien trop haute pour être escaladée.

-          Et maintenant on fait quoi, Einstein ?! pestai-je contre mon amie.

-          Hey, je ne t’ai jamais demandée de me suivre ! rétorqua Mathilde. Et plutôt que de se disputer, on ferait mieux de trouver une solution pour sortir de là ! En longeant la clôture, on finira bien par tomber sur un portail autre que celui d’entrée !

-          Espérons que celui-là ne sera pas gardé…

Nous suivîmes le piètre plan de Mathilde et longeâmes la clôture. Nous la prîmes en filature jusque dans la forêt. Je n’arrêtais pas de penser au fait que le cours avait commencé et que nous avions été notées absentes. Dans une dizaine de minutes, toutes les surveillantes seraient à notre recherche. Quand elles nous auront trouvées, nous passerons un quart d’heure tellement sale que nous ne pourrons plus nous asseoir pendant une semaine !

 

                En plein milieu de la forêt, nous tombâmes effectivement sur un portail complètement rouillé et scellé par un cadenas. Cependant, il était possible de l’escalader et Mathilde voulut s’y risquer.

-          Sans harnais ni matériel, c’est de la folie ! la raisonnai-je.

Il n’y a que trois mètres, Clémence ! Fais-moi confiance : j’ai fait beaucoup d’escalade avec mon père.

-          Seigneur, protégez-moi ! priai-je en me lançant à la suite de Mathilde.

Mathilde toucha terre, parfaitement indemne, de l’autre côté du portail. De mon côté, un bout de ma grande chaussette se déchira et resta coincée dans un coin du portail. Nous essayions de le dégager quand nous entendîmes :

-          Mademoiselle Clémence ! Mademoiselle Mathilde ! Où êtes-vous ?!

C’était la voix d’une surveillante, elle se rapprochait. Nous nous cachâmes derrière la clôture et nous fîmes silencieuses en attendant qu’elle s’éloigne…mais elle se rapprochait encore plus ! Lorsqu’elle ne fut qu’à deux mètres de nous, nous l’entendîmes prendre son talkie-walkie et dire :

-          Ici Madame Coralie. Je crois qu’il va falloir appeler la police. Elles ne sont plus dans l’enceinte du Pensionnat, elles ont escaladé le portail dans la forêt.

Et m**de. Elle avait repéré mon morceau de chaussette.

 

Madame Coralie partit en courant en direction du bâtiment principal, ce qui nous donna l’occasion de continuer à nous éloigner du Pensionnat et à nous enfoncer encore plus dans cette forêt qui n’en finissait pas.

Après avoir couru plusieurs minutes, nous nous arrêtâmes essoufflées.

-          Mathilde, il faut vraiment qu’on y retourne, là ! dis-je.

-          On va se faire tuer si on y retourne maintenant ! Le mal est fait !

-          Mais plus on attend, pire ce sera ! Ils vont appeler la police !

-          Nous sommes majeures, la police ne fera rien du tout.

-          Certes, mais quand même ! Et puis, ils vont appeler nos familles ! Tout le monde va s’inquiéter ! Ma sœur est enceinte, ce n’est pas bon pour elle…

-          Clem, tu es avec moi ou pas ?! me gronda Mathilde.

-          Bien sûr que je suis avec toi, mais regarde autour de nous ! réprimandai-je. Nous sommes complètement pommées en pleine forêt, avec quinze surveillantes à nos trousses ; et je me demande si Monsieur Éric, Monsieur Lionel et Monsieur Matthieu ne vont pas se mettre également à notre recherche ! Et nous n’avons rien pris ! Ni argent, ni téléphone ! Comment allons-nous faire pour manger, hein ?! Comment allons-nous faire pour manger ce midi et ce soir ?! Et pour dormir cette nuit ?! Nous n’allons pas rester dans cette forêt pour toujours ! Et tout ça pour quoi ?! Pour éviter que notre prof de littérature nous colle une fessée ?!

-          Tu sais très bien que Monsieur Jean colle toujours des fessées dont on se souvient ! répondit Mathilde.

-          Peut-être mais ça reste une fessée ! ça ne va pas nous tuer ! J’en ai pris tellement depuis ma naissance, que je ne les compte même plus ! Pourtant, je vais parfaitement bien, même s’il y en a plusieurs qui étaient très sévères ! Et puis d’abord, c’est parce que j’ai fait de nombreuses bêtises que j’en ai autant pris ! Comme cette bêtise complètement débile de t’avoir suivie au lieu d’aller dire à Monsieur Éric que tu t’enfuyais !

-          Je croyais que tu étais ma meilleure amie !

-          Je le suis, Mathilde ! Mais justement : les amies sont aussi là pour t’empêcher de faire des conneries ! Donc je vais de ce pas aller voir le Directeur et lui dire qu’il faut partir à ta recherche ! Enfin ça, c’est si je retrouve mon chemin dans cette maudite forêt…

-          Tu vas ne rien dire du tout ! me cria Mathilde.

-          Oh que si !

Je me retournais et marchais en direction du Pensionnat quand Mathilde me sauta dessus et me plaqua au sol ; s’en suivit une bagarre complètement grotesque dans laquelle j’essayais de maîtriser mon amie pour tenter de la calmer. J’y parvins tant bien que mal, me retrouvant allongée au-dessus d’elle, lui tenant les poignets plaqués contre le sol, au-dessus de sa tête.

-          C’est bon ?! lui lançai-je. T’es calmée ?! Je me suis fait tabassée il y a quelques jours, je te rappelle ! Pas besoin d’en remettre une couche !

-          Oui, je suis calmée, dit Mathilde.

Je la lâchai et nous nous relevâmes, nos vêtements tâchés par la terre. Mathilde se jeta alors instantanément dans mes bras et se mit à pleurer :

-          Je ne sais pas ce qui m’a pris ! Pardonne-moi, Clem ! Je suis vraiment désolée !

-          Ce n’est rien. J’ai dit que j’étais ta meilleure amie et c’est le cas. Pour le meilleur et pour le pire. Maintenant, tentons de retrouver notre chemin et allons assumer nos conneries.

 

Nous mîmes presqu’une heure à retrouver notre route et à revenir au portail rouillé. De l’autre côté se trouvaient Monsieur Matthieu et Madame Coralie qui étaient à la recherche d’éventuelles traces de sang accompagnant mon morceau de chaussette, à l’aide d’une lampe torche. Lorsqu’ils nous virent arriver au loin, ils s’arrêtèrent et nous fixèrent du regard. Monsieur Matthieu sortit son trousseau de clés et déverrouilla le cadenas. Il enleva la grosse chaîne qui entravait le portail puis ouvrit ce dernier pour nous laisser entrer. Madame Coralie ne dit rien. Monsieur Matthieu non plus. Il referma soigneusement le portail derrière nous, comme à l’origine. Puis, il se tourna vers nous et explosa enfin :

-          Puis-je savoir OU vous étiez ?! TOUT le pensionnat est en ALERTE ! On a MÊME appelé la POLICE ! Je peux vous dire que vous allez passer une SALE JOURNEE, Mesdemoiselles !

Je n’avais jamais vu le Surveillant Général dans cet état-là. Mathilde tenta de lui répondre :

-          Ce n’est pas la faute de Clémence, c’est moi qui ai eu l’idée de fuguer…

-          TAISEZ-VOUS ! hurla Monsieur Matthieu. Je ne veux PLUS vous entendre jusqu’à ce que l’on soit arrivés au bureau du Directeur !

Madame Coralie prit son talkie-walkie et annonça :

-          Ici Madame Coralie, je suis avec Monsieur Matthieu. C’est bon, on les a. On les emmène au bureau de Monsieur le Directeur.

-          Je veux l’ensemble du Pensionnat dans le réfectoire. Personnel et élèves. Immédiatement.

J’avais reconnu la voix de Monsieur Éric. J’imaginais aisément la suite des événements. Mathilde et moi allions amèrement le regretter.

-          Changement de programme, mesdemoiselles ! nous dit alors Monsieur Matthieu. Nous vous emmenons au réfectoire !

Monsieur Matthieu nous tenait toutes les deux par le col de nos chemisiers. Je commençais à regretter ma décision de revenir au Pensionnat. Peut-être aurions-nous dû continuer à fuir. J’avais beau me répéter que ce n’était qu’une fessée qui m’attendait, j’avais tout de même le mauvais pressentiment que celle-ci allait être particulièrement corsée.

 

                Plus nous nous approchions du Pensionnat, plus mon cœur battait à tout rompre. Lorsque nous y arrivâmes enfin, nous aperçûmes toutes les élèves assises face à l’estrade, encadrées par les quatorze surveillantes se tenant debout derrière elles. Madame Coralie les rejoignit. Sur la grande estrade se tenaient l’ensemble des professeurs, ainsi que Monsieur Éric et Monsieur Lionel. Monsieur Matthieu nous fit avancer et monter sur cette estrade. J’avais l’impression d’être une prisonnière menée à l’échafaud, une marginale accusée de sorcellerie et dont le bûcher était prêt.

De chaque côté de Monsieur Éric, se trouvait une chaise. Je devinai une chaise pour mon bourreau, une autre pour celui de Mathilde. Si j’avais pu choisir mon exécuteur, j’aurais penché pour Monsieur Thomas le prof d’espagnol, ou Madame Colette la prof de sport. Ce sont les deux enseignants les plus cléments en matière de punition. Mais évidemment, je n’aurais pas le choix.

 

Une fois sur l’estrade, Monsieur Matthieu s’arrêta et puisqu’il nous tenait toujours par le col, Mathilde et moi nous arrêtâmes avec lui. Monsieur Éric prit la parole :

-          Je vous ai tous convoqués ici car je veux que tout le monde soit au courant de la punition qui attend une élève qui fuguerait de ce Pensionnat : une fessée déculottée devant toute l’école. En effet, mesdemoiselles, vos familles paient une fortune pour que votre éducation soit redressée et que vos résultats scolaires soient à la hauteur de vos capacités ! Je ne tolère donc ni fainéantise, ni écart de conduite. Il est bien sûr hors de question que cette mini-fugue reste impunie ! Mathilde, Clémence : Monsieur Matthieu et Monsieur Lionel vont vous donner la première partie de votre punition publiquement. Ensuite, nous irons dans mon bureau et je m’occuperai de la seconde partie.

Je déglutis bruyamment. J’allais déguster. Monsieur Éric donna le feu vert au Directeur-Adjoint et au Surveillant Général avec un : « Messieurs, c’est à vous ».

 

Sans surprise, Monsieur Matthieu choisit de me punir. Je me rassurais en me disant que j’avalerais mieux la pilule si je recevais cette rouste de la part de l’homme que j’aime. Je me projetai dans l’avenir, imaginant un pique-nique dans une prairie pour fêter nos dix ans d’amour. Alors que nos enfants gambaderaient dans cette prairie, je rappellerai à mon bien-aimé la douloureuse fessée qu’il m’avait donnée devant tout le Pensionnat, à l’époque où j’étais encore élève et lui Surveillant Général.

Mais le choc de mon ventre qui toucha les cuisses de Monsieur Matthieu me ramena bien vite à la réalité. J’étais en travers des genoux du Surveillant Général, et il allait me flanquer une rouste mémorable. Je sentis que Matthieu relevait ma jupe et baissait ma culotte. La honte commençait à pointer le bout de son nez : tout le Pensionnat pouvait admirer mon fessier qui n’était pas totalement blanc puisqu’il portait les stigmates des corrections précédentes.

Et la fessée commença. Dure. Très dure. Je reconnaissais bien là la main impitoyable de mon aimé. Je mis très vite ma main en guise de protection mais mon bourreau la bloqua immédiatement dans le creux de mes reins. Je tentais de gigoter mais je n’avais pas assez de marge pour éviter les claques. Ça faisait mal. Mes fesses commençaient à me brûler, et je laissai échapper de petits grognements de douleur qui se transformèrent rapidement en gémissements, puis en cris.

Par instinct de protection, je levai la tête et vis devant moi la main impitoyable de Monsieur Lionel qui s’abattait sur le derrière de ma meilleure amie avec autant de force que Monsieur Matthieu avec mon derrière. Le nouveau Directeur-Adjoint se montrait impitoyable et très endurant, tout comme le Surveillant Général. Mathilde gigotait, j’avais parfois vue sur son intimité ; je détournais alors le regard. Ma meilleure amie pleurait à chaudes larmes, stade où je n’étais pas encore arrivée.

 

Soudain, les claques s’arrêtèrent. Mais Monsieur Matthieu ne me lâcha pas pour autant ; il me tenait même toujours aussi fermement.

Je levai la tête et vis que Monsieur Nicolas proposait plusieurs instruments à Monsieur Lionel. Ce dernier choisit la raquette de ping-pong, puis fessa Mathilde avec, faisant crier, pleurer et supplier mon amie de plus belle.

Monsieur Nicolas s’adressa ensuite à Monsieur Matthieu qui, je le sentis bien sur mon derrière, choisit la brosse à cheveux.

 

                A en croire la pendule au fond du réfectoire, Mathilde et moi étions restées quinze bonnes minutes sur les genoux de nos tourmenteurs. Lorsque je pus me relever, mes fesses étaient tellement brûlantes qu’il m’était difficile de les frotter. Mathilde et moi fûmes envoyées face au mur, les mains sur la tête, le temps que le Directeur fasse évacuer tout le réfectoire. Puis Monsieur Éric nous attrapa chacune par l’oreille et nous traîna ainsi jusqu’à son bureau. Jusqu’ici, je n’avais pas versé une seule larme (ce qui m’avait quand même demandé bien des efforts !) contrairement à Mathilde qui ne pouvait même plus parler tellement elle pleurait. Elle n’a pas dû recevoir beaucoup de fessées étant petite pour avoir si peu de résistance !

 

                Monsieur Éric ferma la porte de son bureau et nous nous retrouvâmes seuls tous les trois. Il annonça :

-          Nous parlerons des détails de cette fugue ce soir après le dîner. Pour le moment, je vais vous donner la deuxième partie de votre punition. Clémence, tu vas immédiatement au coin mains sur la tête. Mathilde, tu viens ici.

-          Monsieur, je vous jure que je fuguerai plus, je vous le jure ! dit Mathilde.

Ah, finalement malgré ses pleurs, elle pouvait parler.

-          Il y a intérêt. Viens ici.

Mathilde s’approcha du Directeur, qui lui passa les poignets dans les cordes suspendues. Oh là là… Je sentais que je n’allais vraiment pas aimer la suite. Mathilde encore moins.

 

Le Directeur ôta entièrement la jupe de mon amie, de sorte que plus rien ne puisse protéger ses fesses. Puis, je me retournai quelques secondes pour le voir enlever sa ceinture. Il la plia en deux et ordonna à Mathilde de compter.

Vingt coups lui tombèrent sur les fesses, vingt coups durant lesquels Mathilde compta et supplia. Je pense qu’elle n’avait jamais autant pleuré de toute sa vie. Monsieur Éric s’empara ensuite d’une huitaine de branches de bouleau fraîches liées ensemble et ordonna également à Mathilde de compter. Vingt coups également. A en croire les réactions de ma meilleure amie, soit elle était complètement blasée, soit les verges étaient moins douloureuses que la ceinture.

Monsieur Éric reposa les verges et prit ensuite un tapetapis, dont il mit vingt coups comptés par Mathilde. On en était à soixante coups de trois instruments différents. Puisque j’allais également recevoir tout ça par la suite, j’étais on ne peut plus anxieuse. Ma phrase « ce n’est qu’une fessée » ne me rassurait plus. Je n’avais jamais reçu de correction aussi sévère ; il faut dire que je n’avais jamais fait de bêtise aussi grosse.

Le tapetapis passé, le Directeur s’empara d’un quatrième instrument : le martinet. A en croire les quelques secondes où j’ai posé les yeux dessus, c’était un martinet plutôt coriace. Les pleurs de Mathilde confirmèrent mes pensées. On en était à 80 coups avec quatre instruments différents. Le Directeur annonça :

-          Dernier instrument, Mathilde. Tu comptes.

Ma hantise : une canne en rotin. A chaque fois que Mathilde criait, je serrai les dents. J’essayais de me tenir le mieux possible pour espérer que le Directeur serait plus clément avec moi, mais je ne me faisais guère d’illusions.

 

                Quand le Directeur décrocha Mathilde, il lui ordonna d’aller s’asseoir derrière une table individuelle sur laquelle étaient posés un paquet de feuilles et un stylo.

-          Je…Je ne peux pas… dit Mathilde.

-          Tu ne peux pas quoi ?! gronda Monsieur Éric.

-          Je ne peux pas m’asseoir…

-          Bien sûr que si ! Arrête ta comédie ! Assieds-toi tout de suite !

Mathilde obéit et posa ses fesses blessées sur la froide chaise en plastique.

-          Tu écris : « Je ne fuguerai plus du Pensionnat car je suis ici pour réussir ma scolarité et adopter une attitude convenable en société. »

Bien évidemment, une phrase longue comme le bras. J’aurais dû m’en douter.

-          S’il y a une rature, une faute, un oubli de mot ou que sais-je, tu prends une nouvelle fessée ! prévint le Directeur.

Comme si elle n’en avait pas eu assez.

-          Clémence et toi, vous passerez la journée ici à faire des lignes, jusqu’à 18h30 ce soir. Vous ne vous arrêterez que pour le déjeuner et un éventuel aller-retour aux toilettes. Au boulot !

Quelle belle journée, ce vendredi 13 !

 

-          Clémence, viens ici !

J’obéis, priant pour qu’entre-temps un ouragan vienne dévaster le bureau, rendant Monsieur Éric inapte à me donner une fessée aujourd’hui.

Mais il ne vint pas. Et mes poignets furent glissés dans les cordes et tirés au-dessus de ma tête. Heureusement, j’avais pensé à mettre du déodorant : la fessée de Monsieur Matthieu m’avait procuré une douleur qui m’avait fait pas mal transpirer.

Je ne priai pas Monsieur Éric, ne le suppliai pas. Je le vis une nouvelle fois enlever sa ceinture et la plier en deux. Je me remémorai les dix coups que Côme m’avait donnée lorsqu’il avait été convoqué par le CPE de mon collège après une insolence de ma part. C’était il y a quatre ans et je m’en souviens encore. Ça avait été très douloureux mais pas insurmontable : j’espérai réussir à surmonter les vingt coups qui attendaient mes fesses.

Le premier coup tomba. Je serrai les dents.

-          Un, comptai-je.

Un autre. Outch, ça fait un mal de chien !

-          Deux.

Le suivant. J’étais persuadée que sans la tannée de Monsieur Matthieu, j’aurais bien mieux supporté cela.

-          Trois.

Encore un autre. Les larmes commencent à monter. « Ne pleure pas, Clémence ! Tu n’es pas une tapette ! ».

-          Quatre.

Je tins les vingt coups sans verser aucune larme, même si j’avais tout de même les yeux brillants. Seulement, je savais que ça allait monter crescendo et que c’était donc loin d’être fini.

 

Le premier coup de verges ne me fit rien. Les quatre coups suivants non plus : ça avait même l’air d’un instant de répit. Cependant, à partir du sixième coup, je sentis la douleur apparaître, et plus les coups se succédaient, plus la douleur augmentait. Au dix-septième coup, je dansai sur place, ne tenant plus. Les trois derniers coups réussirent à m’arracher une larme. « Plus que 60 coups » me disais-je dans ma tête.

 

Le tapetapis fit mal, très mal. Ça y est, la Clémence « dure-à-cuire » n’était plus : les larmes avait fait leur apparition. J’avais survécu à la fessée de Monsieur Matthieu car avec la main et la brosse, les coups alternent d’une fesse à l’autre. Mais Monsieur Éric n’utilisait là que des instruments frappant les deux fesses en même temps : je n’avais aucun répit et je ne pouvais pas me concentrer sur la fesse qui ne prenait pas. Elles prenaient toutes les deux à chaque fois.

-          Vingt, dis-je en pleurant.

-          Bien. Je vais passer à l’instrument suivant.

Le martinet. Je connais cet instrument. Je le connais même très bien. J’étais une enfant et une ado très récalcitrante, Côme et Célestine en ont usé plus d’une fois. Il ne se passait pas une semaine sans que je ramène une mauvaise note, un mot dans mon carnet de liaison ou un appel de l’école pour des soucis de comportement. Mes fesses connaissent le martinet comme un vieil ami !

Mais comme je l’avais prédit, c’était un martinet coriace. Les lanières n’étaient pas forcément longues, mais elles étaient très dures. J’eus du mal à encaisser les vingt coups : les larmes doublèrent. Je lâchais un « aïe ! » à chaque coup avant de dire le chiffre. Mon armure commençait à se briser et cette punition à s’imprimer éternellement dans ma mémoire.

-          Dernier instrument, Clémence, annonça le Directeur.

La canne. Celle-là me fit crier, pleurer, danser et même - ce que je n’aurais pas cru possible vu mon endurance - me fit supplier :

-          Monsieur, je ne recommencerai pas ! Je vous le jure ! S’il vous plaît…

-          On en est à douze, Clémence. Tu continues de compter.

 

Lorsque Monsieur Éric me détacha, je fus soulagée. Seulement, ce soulagement ne dura pas longtemps : le Directeur me prit par surprise en me penchant sous son bras et me donnant vingt bonnes claques.

-          Ça, c’est pour t’être retournée lorsque tu étais au coin et que je m’occupais de Mathilde ! Maintenant va t’asseoir et commence tes lignes !

M’asseoir m’infligea une douleur très forte. Je me rassurai en me disant que vu l’état de mes fesses, je n’allais pas pouvoir recevoir de fessée avant un moment, même si je ne me tenais pas à carreaux !

Je commençai à copier.

 

 

                               18h30, fin du calvaire. Monsieur Éric nous annonça :

-          Demain, vous viendrez passer la journée ici pour rattraper vos cours d’aujourd’hui et faire vos devoirs.

Evidemment.

Il inspecta nos lignes et heureusement, nous ne prîmes ni l’une ni l’autre de nouvelle fessée. Nous pûmes enfin nous rhabiller et rejoindre les autres au réfectoire.

 

                Cependant, à l’entrée du réfectoire, je fus interpellée par Madame Odile :

-          Mademoiselle Clémence, il y a un appel pour vous.

Je me rendis au secrétariat et attrapai le téléphone :

-          Allô ?

-          Clémence, c’est Côme.

-          Salut. Comment vont Simon et Baptiste ? Rien de grave ?

-          Non, ils vont très bien ! Tout le monde va très bien ! Ce n’est pas pour cela que je t’appelle !

-          Ah ?

-          Tu as bien fait une fugue aujourd’hui ?!

-          Euh…oui.

-          Tu te doutes que je suis furieux !

-          Oui, je me doute.

-          Monsieur le Directeur m’a dit que tu allais être punie à la hauteur de ta bêtise, j’espère que ce fut le cas !

-          Effectivement.

-          Je te préviens, Clémence : tu n’as absolument pas intérêt à recommencer ! Célestine et moi payons 5.000€ par mois pour ta scolarité dans ce Pensionnat alors tu as intérêt à y rester ! Si jamais j’apprends que tu as fait une autre fugue, je descends immédiatement dans la Creuse et je te démonte, Clémence ! Tu as compris ?! Les fessées que tu prends ici ne seront RIEN comparées à celle que je te flanquerai si je suis obligé de descendre te voir pour cela, tu as compris ?! J’y laisserai une main s’il le faut mais je te démonterai !

-          Ce serait dommage pour un chirurgien-cardiologue de n’avoir qu’une seule main, répondis-je. Pour opérer tes patients, ce sera compliqué.

-          Tu es en train de te ficher de moi, là ?!

-          Non, Côme. C’était une boutade.

-          Fais bien attention, Clémence ! Je t’assure que je ne rigole pas !

Ça, je savais qu’il ne rigolait pas. Rien ne me fait plus peur au monde que mon frère en colère. Même pas Monsieur Éric. Lorsque Côme me dit : « Je vais te démonter ! », il me démonte vraiment. J’ai droit à une rouste mémorable. Et il n’y va jamais de main morte. Lorsque j’étais en 6ème, j’avais même eu droit à une déculottée devant mon CPE ! Je n’avais plus fait de bêtise de toute l’année !

Si mon frère était obligé de se déplacer à cause mes bêtises au Pensionnat, je pouvais creuser ma tombe.

-          Je sais, Côme. Je ne recommencerai pas. Je suis désolée.

-          Oh non, tu ne vas pas recommencer ! J’espère que tu as bien mal aux fesses, Clémence ! Penses-y à chaque fois que tu t’assiéras ces prochains jours ! Pense au fait que ce ne sera rien comparé à ce que je te ferai si je débarque !

-          Tu n’auras pas besoin de venir. Je serai sage.

-          Y’a intérêt ! Bon, bonne soirée petite sœur. Je t’aime quand même.

-          Je t’aime aussi.

Je raccrochai, soupirai et rejoignis les autres. Je commençais à en avoir assez de me faire gronder !

 

                En m’asseyant douloureusement à table, j’étais vraiment honteuse. Je savais que toutes les personnes qui étaient autour de moi m’avaient vue prendre une déculottée plutôt corsée. La vraie honte.

-          Ça va ? nous demanda Naomy. Ça n’a pas été trop dur avec Monsieur Éric ?

-          Tu nous as déjà demandé ce midi et nous t’avons déjà répondu que nous ne voulions pas en parler, dit Mathilde.

-          Si Lou et toi aviez pensé à faire votre punition en double au lieu de ne penser qu’à vous, rien de tout cela ne serait arrivé, ajoutai-je. Donc maintenant, lâchez-nous la grappe.

J’avais conscience d’être un peu injuste mais je m’en fichais pas mal.

 

                En sortant du réfectoire, Mathilde et moi rejoignîmes les appartements de Monsieur Éric et prîmes notre douche chacune notre tour. Je n’étais pas mécontente de me débarrasser de mes vêtements sales, tâchés de terre à cause de notre bagarre de ce matin.

 

                Une fois propres et en pyjama, nous rejoignîmes Monsieur Éric dans sa petite salle à manger. Nous nous assîmes à table en face de lui, et il nous demanda :

-          Dîtes-moi tout sur ce qui s’est passé ce matin.

-          J’ai paniqué à l’idée que Monsieur Jean nous punisse au début du cours, avoua Mathilde. Alors j’ai pensé à fuguer. Clémence m’a suivie par instinct de protection, mais tout est ma faute. Nous avons longé la clôture jusqu’à trouver une faille, puis nous avons escaladé le portail. Après quoi, Clémence m’a raisonnée et convaincue de rentrer. Voilà ce qui s’est passé, Monsieur.

-          Et alors, Mathilde ? Aurais-tu préféré tomber sous le courroux de Monsieur Jean, ou être punie comme tu l’as été aujourd’hui ?

-          Je crois que la question ne se pose pas, Monsieur. Répondit mon amie. J’ai été stupide et je suis désolée.

-          Que cela te serve de leçon. Tu peux disposer. J’ai besoin de parler avec Clémence.

-          Bien, Monsieur. Bonne nuit, Monsieur.

-          Bonne nuit, Mathilde.

 

Une fois seul à seule dans la pièce, le Directeur déclara :

-          Tu es une amie redoutablement fiable, Clémence.

-          Mathilde est la seule amie avec laquelle je peux être pleinement moi-même.

-          Tu es consciente que tu ne la connais que depuis treize jours ?

-          J’ai l’impression de la connaître depuis toujours.

-          Et avec tout ce que tu as encaissé à cause d’elle aujourd’hui, tu ne mets pas en doute votre amitié ?

-          J’ai ma part de responsabilité aussi. Si j’étais venue vous voir directement au lieu de la suivre, elle n’aurait pas eu le temps de passer le portail. C’est parce que nous n’avions pas pris en compte les paramètres de nourriture et de confort que nous sommes rentrées. Sinon, nous aurions pu partir plusieurs jours sans que je ne pense à raisonner Mathilde.

-          Tu es une jeune fille surprenante, Clémence. Surprenante et épatante. Tu es également une vraie chipie, mais… je te tire mon chapeau pour ce que tu as fait aujourd’hui pour ton amie.

-          Vous saviez que je n’étais pas à l’origine de cette fugue ?

-          Oui, je le savais.

-          Comment ?

-          Comme je vous l’ai dit ce matin, je commence à bien vous connaître Mathilde et toi. Tu es plutôt du genre à assumer tes actes car ton frère et ta sœur t’ont appris à le faire. Ils t’ont souvent punie mais tu n’as jamais pensé à fuir car tu savais que c’était justifié. Mathilde, elle, a déjà fait plusieurs fugues lorsqu’elle était encore chez ses parents ; notamment pour éviter d’être punie. Sachant cela, la déduction était relativement simple.

-          Mais alors, pourquoi m’avez-vous autant punie si vous saviez que je n’étais pas l’initiatrice ?

-          Parce que tu as quand même fugué. Tu as suivi Mathilde. C’est un acte de loyauté pour lequel je t’admire, surtout que tu savais parfaitement les risques que tu encourais ; mais ça reste une très grosse bêtise que je ne pouvais absolument pas laisser passer.

Je comprenais parfaitement le point de vue du Directeur. A sa place, j’aurais sûrement fait la même chose.

-          Maintenant que tout ça est passé, est-ce que je peux avoir mon câlin de réconciliation ?

-          Bien sûr, ma grande. Viens ici.

C’était la première fois que le Directeur me disait « Viens ici » sans intention de me coller une fessée. Je me blottis contre Monsieur Éric et le serrai très fort, comme pour le remercier de tout ce qu’il faisait pour moi. Il passait très facilement pour une teigne, et beaucoup d’élèves le craignaient et le détestaient. Je le crains moi aussi, mais pour la première fois depuis dix-huit ans, j’avais l’impression d’avoir un vrai père, et non pas un grand frère qui servait de père comme Côme l’est.

 

                Une chose est sûre : je me souviendrais longtemps de ce vendredi 13.

 

A suivre…


La suite !

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Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

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Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -