Samedi 14 septembre 2019
Dix heures. Comme l’avait annoncé
Monsieur le Directeur, Mathilde et moi étions assises dans son bureau à
rattraper les cours loupés hier à savoir la littérature, l’histoire et la
philosophie. Cependant, j’allais avoir un répit que Mathilde n’aurait
pas : mon cours de piano. Monsieur Alexandre n’allait pas tarder à
arriver, me sauvant du travail sur lequel je bûchais avec acharnement depuis
une heure et demie.
-
Tiens-toi droite
Clémence, me reprit Monsieur Alexandre.
-
C’est que…
-
Que quoi ?
-
Je… j’ai hyper mal
aux fesses, avouai-je honteuse.
-
Ce n’est pas mon
problème. Quand on joue du piano, on se tient correctement !
Je
fis un effort pour me redresser et commençai à jouer. Mon prof ferma les yeux
pour mieux m’écouter, j’en profitai pour relâcher ma position. Sans mouvoir ses
paupières closes, Monsieur Alexandre me gronda :
-
Je sens que ta
douleur aux fesses va s’accentuer si tu ne te redresses pas
immédiatement !
Comment
le savait-il ?! Ce gars avait un super-pouvoir ! Je rétorquai :
-
Mes fesses sont
hors-service pour une fessée, de toute façon.
-
Je m’en
contrefiche, Clémence. Si je dois te corriger, je te corrigerai, que tes fesses
soient blanches, rouges, bleues, violettes ou vertes !
Je
me tus, accusant la réplique de mon prof. J’avais de nombreuses ecchymoses et
même quelques minuscules plaies laissées par la canne, il me fallait du répit
pour au moins trois jours. Je ne devais pas recevoir de fessée. C’était
primordial pour mon rétablissement.
Je tentai d’être la plus sage possible durant tout le
cours de piano puis le reste de mon travail dans le bureau de Monsieur Éric.
Cela me réussit : rien n’était tombé sur mes fesses. Youpi !
-
Arrêtez de courir
dans les couloirs ! nous réprimanda Monsieur Matthieu alors que mes copines
et moi effectuions un gage à la suite d’un action-vérité.
Ce
gage avait été donné par Astrid : nous devions faire le tour du Pensionnat
en courant, sans omettre un seul couloir. Nous entendant courir d’étage en
étage, le Surveillant Général était sorti de son bureau au moment où nous
passions devant pour nous réprimander.
-
On ne fait que s’amuser,
Monsieur ! répondis-je.
-
Si vous voulez
courir, il y a la piste d’athlétisme dehors ! Et vous pouvez également vous
défouler dans le parc ! Mais le règlement intérieur interdit formellement
la course au sein des locaux !
-
Qu’est-ce que vous
pouvez être rabat-joie ! se plaignit Emilie.
Monsieur
Matthieu l’attrapa par le bras et la gronda :
-
Répétez ce que
vous venez de dire, pour voir ?!
-
Non Monsieur, se
ravisa Emilie. Pardon Monsieur.
-
J’aime mieux ça,
dit-il en la lâchant. Si je vous entends encore courir, gare à vos fesses !
Le
Surveillant Général rentra dans son bureau et ferma la porte. Astrid annonça
alors :
-
Il reste toute l’aile
ouest à faire les filles !
-
Mais le SG a dit
que… commença Jessica.
-
Si vous cédez, la
coupa Astrid, c’est que vous êtes des poules-mouillées !
Il
y a eu un moment de flottement durant lequel nous nous regardâmes toutes les
huit, puis Florentine prit la tête du groupe et se remit à courir en disant :
-
On n’a qu’à
courir plus vite que lui !
Nous
la suivîmes. Au bout du couloir, nous
entendîmes Monsieur Matthieu sortir à notre poursuite, complètement furieux.
-
Ce n’est pas le
moment de vous arrêter, les filles ! lançai-je à ma bande. On a des ennuis !
Nous
courûmes tout au long de l’aile ouest, Monsieur Matthieu à nos trousses. Je ne
le savais pas aussi endurant ! Je sentais bien que plus il courait, plus
sa colère montait, ce qui n’était pas bon pour nous.
Alors que nous attaquions le dernier
couloir, nous fûmes stoppées par les trois surveillantes du dortoir n°2, notre ancien
dortoir à Mathilde et moi, l’actuel dortoir de nos amies. Les surveillantes
nous barraient littéralement la route : impossible de passer outre.
-
Vous allez avoir
des ennuis, jeunes filles ! annonça Madame Valérie.
-
Je…m’en…occupe…
dit Monsieur Matthieu, tout essoufflé, lorsqu’il arriva à nous. Escortez-les…dans
mon bureau…je vous…rejoins.
Nous
nous défendîmes tant bien que mal, mais les surveillantes attrapèrent les six
plus récalcitrantes d’entre nous pour les emmener de force, laissant les deux plus
pacifistes prendre la tête du convoi.
MONSIEUR MATTHIEU
SURVEILLANT GENERAL
J’avais les yeux rivés sur cette
plaque de malheur, dont j’avais la vision à chaque fois que j’allais en prendre
pour mon grade. Monsieur Matthieu déverrouilla la porte et nous fit entrer. Une
fois que nous fûmes toutes les huit face à lui, il congédia les trois
surveillantes et ferma la porte derrière elles. Il revint ensuite face à nous
et gronda :
-
Je vous ai
demandé UNE chose, mesdemoiselles, UNE SEULE : arrêter de courir dans les
couloirs ! Ce n’est pas compliqué à comprendre, il me semble ! Il ne
faut pas avoir fait l’ENA ou Sciences Po pour assimiler ce que ça veut dire !
Encore moins pour obéir ! J’me trompe ?!
-
…
-
Je vous ai posé
une question ! Est-ce que je me trompe ?!
-
Non Monsieur,
répondîmes-nous discrètement.
-
Alors pourquoi
est-ce que vous n’avez pas obéi ?! Hein ?! S’il y a une règle d’or
ici, c’est le respect de la hiérarchie ! Vous devez obéir à la hiérarchie,
et JE fais partie de cette hiérarchie ! Vous avez tout le loisir de vous
détendre et de vous amuser sans enfreindre les règles ! Il y a d’innombrables
choses qui sont à votre disposition dans cet établissement ! Vous pouvez
faire du tir à l’arc, de l’équitation, vous pouvez jouer aux jeux vidéos, aller
regarder un film, faire des travaux manuels, et plein d’autres choses !
Mais au lieu de ça, vous préférez opter pour une activité qui vous conduit à
recevoir une fessée ! Parce que oui, vous allez recevoir une fessée,
mesdemoiselles ! Chacune d’entre vous va passer tour à tour sous ma main !
Je vais vous faire passer l’envie de me désobéir !
Certaines
d’entre nous se mirent à pleurer. Je ne m’en étais même pas rendue compte avec tout
ce que j’avais déjà reçu, mais certaines de mes copines n’avaient encore jamais été
punies depuis la rentrée, il y a treize jours. Forcément, la perspective d’une
première fessée ne les enchantait guère et cela était compréhensible.
Ayant terminé le savon qu’il nous
passait, Monsieur Matthieu prit une chaise et la mit au centre de la pièce.
Puis, il appela Astrid qui, la première, allait recevoir la fessée.
Le
Surveillant Général optait pour un déculottage progressif, signe que nous n’avions
fait qu’une petite bêtise. Assez grosse pour mériter une fessée, mais beaucoup
moins grave que ce que j’avais déjà fait par le passé.
Astrid
en était à sa deuxième fessée depuis la rentrée, la première ayant été donnée
par Madame Valérie. La main ferme de Monsieur Matthieu la fit pleurer avant
même le déculottage total. Tapette !
J’étais
néanmoins contente de ne pas passer la première : j’espérais que le
Surveillant Général faiblirait à force de donner la fessée.
-
Mademoiselle Florentine !
appela le Surveillant Général après avoir mis Astrid au coin.
Mes
copines se succédèrent toutes une par une.
-
Mademoiselle
Jessica !
-
Mademoiselle Eva !
Monsieur
Matthieu ne faiblissait pourtant pas.
-
Mademoiselle
Lucille !
-
Mademoiselle Noémie !
Toujours
aucun signe de faiblesse.
-
Mademoiselle Emilie !
L’avant-dernière.
J’étais la prochaine. Peut-être que comme ça, j’éviterais d’aller au coin !
Seulement, après en avoir fini avec
Mademoiselle Emilie, Monsieur Matthieu appela Madame Valérie via son répondeur
téléphonique. Celle-ci arriva quelques secondes plus tard :
-
Vous m’avez
demandée, Monsieur ?
-
Oui, veuillez
emmener Mesdemoiselles Astrid, Florentine, Jessica, Eva, Lucille, Noémie et
Emilie jusqu’à la piste d’athlétisme. Puisqu’elles ont tellement envie de
courir, qu’elles courent ! Je viendrai moi-même stopper la punition. Si l’une
d’elles ne montrent pas un comportement exemplaire, ramenez-la moi. Je me ferai
un plaisir de l’accueillir avec ma ceinture !
-
Bien Monsieur,
répondit Madame Valérie. Et qu’en est-il de Mademoiselle Clémence ?
-
Mademoiselle Clémence
mérite d’être punie plus sévèrement que ses camarades, répondit Monsieur Matthieu.
Je me charge d’elle.
-
Bien Monsieur.
Elles
sortirent toutes et je me retrouvai seule avec mon Matthieu. Mon merveilleux
Matthieu. Bien sûr, j’appréhendais qu’il me colle une rouste mais nous étions
seuls tous les deux et c'était ce qui comptait. Ces moments-là étaient rares et précieux pour moi.
-
Clémence, dit-il.
-
Monsieur, répondis-je.
Dans un geste bestial, le Surveillant Général me plaqua au mur et m’embrassa langoureusement avec fougue. Ce fut un merveilleux baiser, tellement merveilleux qu'une famille de papillons naquit dans mon ventre. La troisième guerre mondiale aurait pu se déclencher que je n'en aurais rien eu à secouer. J'étais au paradis.
Ce magnifique moment terminé, Monsieur Matthieu s’écarta de moi et se confondit en excuses.
-
Ne vous excusez
pas ! C’était… génial.
-
Je n’aurais pas
dû. Cela ne va faire qu’aggraver le désir que nous ressentons l’un pour l’autre
et nous risquons tous les deux notre place au sein de cet établissement.
-
Nous n’avons qu’une
vie.
-
C’est vrai. Si le
destin le permet, nous pourrons la vivre pleinement dans quelques mois. Mais
pour le moment, je…je dois vous donner une fessée pour avoir désobéi, tout comme
vos camarades.
-
Je ne suis pas en
état de recevoir une fessée.
-
Que dîtes-vous là ?
Je
me déshabillai et montrai mon fessier nu à Monsieur Matthieu pour qu’il puisse
en observer les stigmates.
-
J’en conclus que
cela s’est très mal passé hier dans le bureau du Directeur.
-
Vous en doutiez ?
-
Non, avoua-t-il.
-
Je me dois de
préciser que le préchauffage dans le réfectoire était également salé, dis-je.
-
Vous le méritiez
Clémence.
-
Je sais.
-
Rhabillez-vous.
J’obéis.
Monsieur Matthieu me pencha sous son bras et leva sa main. Avant d’abattre la première
claque, il m’ordonna :
-
Ne dîtes pas à
vos camarades que je ne vous ai pas déculottée. C’est la seule et unique fois
que vous aurez un traitement de faveur.
Le
Surveillant Général m’appliqua une dizaine de claques sur la jupe, claques que
je sentis tout de même bien passer sur mon fessier abîmé.
-
Allez courir avec
vos camarades.
-
Quoi ?! Monsieur, vous n’allez pas me faire ça !
-
Dépêchez-vous
Clémence. Ne m’obligez pas à vous donner une vraie correction.
J’obéis
en traînant des pieds.
Monsieur Matthieu nous laissa courir
une heure entière, à faire des tours et des tours de piste. Au moins, nous
travaillâmes l’endurance !
En me couchant dans mon lit le soir,
je repensai à ce fabuleux baiser entre Matthieu et moi. J’étais tellement frustrée
de ne pouvoir en parler à personne ! En même temps, j’appréciai aussi d’avoir
mon petit jardin secret…
J’étais réellement amoureuse pour la
première fois de ma vie.
A
suivre…
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