Jeudi 10 octobre 2019.
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Les choses vont être très claires à partir de
maintenant ! gronda Tom. Il est exactement treize heures et trois minutes.
PERSONNE ne sort de cette maison avant que j’aie le fin mot de cette histoire !
J’ai bien dit PERSONNE !
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Mais papa, on a cours, nous ! osa Louise,
d’une petite voix.
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Vous n’avez qu’une heure et demie de physique
qui sera facilement rattrapable auprès de vos camarades ! dit Dana.
Je n’en revenais pas. Pour que
Tom et Dana nous empêchent d’aller en cours, c’est que nous étions vraiment
dans de sales draps !
Après les cours de la matinée, Tom et Dana ont eu la
bonne idée de nous inviter au restaurant mes sœurs et moi pour que nous
prenions le temps de déjeuner en famille. Seulement, au moment de payer, Tom
s’est aperçu qu’un billet de 50€ avait disparu de son portefeuille. Puisque
Dana lui assura que ce n’était pas elle, Tom était persuadé que c’était l’une
de nous. Une fois rentrés à la maison, il nous avait toutes fait asseoir sur le
canapé et avait explosé de colère.
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Mais papa, tu es sûr que tu ne l’as pas perdu,
ce billet ? demanda Jeanne avec délicatesse.
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Je me souviens très bien l’avoir mis dans mon
portefeuille peu avant notre départ pour le restaurant !
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C’est peut-être un pickpocket, dit Anaïs. Il y
en a plein ces temps-ci…
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Vous me prenez pour un imbécile ?! Je sais
que c’est l’une de vous ! insista Tom.
Je ne tentai pas de proposer
une hypothèse ; et pour cause : j’étais la voleuse. C’était moi.
Après l’altercation de mardi avec Pascal Montaire, celui-ci avait rédigé un nouveau
rapport, inscrit dans mon dossier. J’avais réussi à soudoyer un élève de BTS
informatique pour qu’il l’efface mais il m’avait demandé 50€. La dernière fois,
c’était en faisant disparaître cette somme de mon compte en banque que j’avais
attiré les soupçons ; je souhaitais me débrouiller autrement cette
fois-ci. Certes, ce n’était pas bien du tout de voler ses parents mais je
n’avais pas trouvé de meilleure solution sur le moment.
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Vous enlevez vos pantalons et vos culottes,
toutes les quatre ! ordonna Tom. Vous allez rester enfermées dans cette
maison à vous balader les fesses à l’air jusqu’à ce que l’une de vous me dise
la vérité !
Personne d’autre que moi ne
savait ce qui s’était réellement passé. Je n’en avais parlé à aucune de mes
sœurs. J’étais seule avec ma culpabilité.
-
Nous voler est une bêtise extrêmement grave, les
filles ! ajouta Dana. L’avoir commise va vous valoir une punition
mémorable, je vous le garantis !
J’avais encore moins envie
d’avouer !
Une fois que nous fûmes toutes à demi-nues, Tom versa
du riz sur le sol. Nous nous demandâmes pourquoi, jusqu’à ce qu’il nous ordonne
de nous agenouiller dessus. N’ayant jamais été victimes de cette punition, nous
nous exécutâmes. Nous nous rendîmes très vite compte combien cette punition
était douloureuse !
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Mais pourquoi vous nous faîtes subir ça ?
demanda Louise en pleurant. Je croyais que vous nous aimiez !
Il y eut quelques secondes de
silence, puis Tom dit d’une voix douce :
-
Rhabille-toi ma Loulou. Tu n’es pas la coupable.
Tu as encore le temps d’aller en cours si tu le souhaites.
Louise ne se le fit pas dire
deux fois : en deux temps trois mouvements, elle s’était rhabillée, avait
séché ses larmes, et avait fait un câlin à papa et maman avant de partir pour
le cours de physique. Ana, Jeanne et moi étions toujours à genoux sur le riz.
-
Je croyais que personne ne devait sortir de la
maison avant que tu aies le fin mot de cette histoire, protesta Anaïs. Et elle,
elle a le droit d’aller en cours !
En réponse, ma sœur eut droit
à cinq claques cinglantes sur les fesses, accompagné d’un : « Tu
te tais ! ».
Depuis plusieurs jours, Anaïs prenait vraiment,
vraiment cher. Elle avait encore ses deux bleus sur les fesses dus à la rouste
qu’Héloïse lui avait infligée hier. Avant-hier, elle avait reçu une correction
assez corsée de la part de nos parents. Lundi, elle avait été la première à se
retrouver sur les genoux de notre nouvelle baby-sitter… Comme je la
plaignais ! Même s’il faut dire que mes propres fesses avaient reçu aussi,
ces derniers jours ! Pas autant, certes, mais quand même ! Et pour le coup, ce n'était pas fini...
Après dix bonnes minutes agenouillées sur le riz (mon
Dieu, qu’est-ce que ça faisait mal !), Tom leva la punition. Il ordonna à Anaïs
et Jeanne de se rhabiller, les prit dans ses bras en signe de réconfort et les envoya
en cours.
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N’oubliez pas de vous excuser pour le retard !
ajouta Tom.
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D’accord, papa ! dit Jeanne. Mais je pense
qu’on arrivera à temps !
Mes sœurs sorties, je restai à
demi-nue, seule face à mes parents. Dana demanda à son mari :
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Pourquoi les as-tu laissées sortir ?!
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Parce que Marie est la coupable, répondit Tom.
-
Comment ça ? s’étonna Dana.
-
J’ai bien observé les filles lorsqu’elles
étaient agenouillées, expliqua papa. Louise était remplie d’injustice, signe
que ce n’était pas elle. Jeanne et Anaïs patientaient en silence en espérant
que quelqu’un se dénonce. Seule Marie avait l’air de considérer que cette
punition était méritée.
Tom mériterait d’être profiler !
-
C’est vrai, Marie ? me demanda maman d’un
air accusateur.
J’hochai la tête, honteuse.
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Et si ton père ne l’avait pas remarqué, tu
aurais continué de te taire, faisant payer tes sœurs au passage ?! me
gronda-t-elle.
-
J’avais peur de vous le dire…
-
Tu m’étonnes ! Viens ici !
Dana m’attrapa par le poignet
et me traîna jusqu’au buffet. Là, elle en sortit la brosse à cheveux. Mes
fesses allaient cuire…
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Dana, attends, dit Tom.
-
Comment ça « attends » ?! demanda
Dana. Elle mérite une très bonne fessée, ne me dis pas le contraire !
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Je veux d’abord savoir pourquoi elle a fait ça,
dit Tom.
Les regards de mes parents se
tournèrent vers moi. Je pensai que c’était la seule possibilité de m’éviter une
fessée : je ne pus avouer la vérité.
-
Ben…mes…mes parents, enfin, je veux dire, mes
vrais parents… Ils sont en difficulté, ils n’ont plus rien pour payer les
courses alors… je me suis dis que j’allais les aider…
Les regards de Tom et Dana s’adoucirent
immédiatement.
-
Pourquoi est-ce que tu ne nous en as pas parlé
au lieu de nous voler ? demanda maman.
-
Je…j’osais pas… J’ai pensé que vous ne voudriez
pas les aider… Comme on ne parle jamais de nos vraies familles, ben…
Dana posa la brosse sur le
canapé et me prit dans ses bras.
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Oh, ma p’tite chérie… ! Bien sûr que si, tu
peux nous en parler, enfin ! Il n’y a aucun problème pour nous !
-
On va leur faire un chèque, tu repartiras avec
ce week-end, d’accord ? proposa Tom.
J’hochai la tête et leur
rendis le billet.
Après un moment réconfortant avec Tom et Dana, j’eus
droit de me rhabiller et de vaquer à mes occupations. J’allai bouquiner un peu sur un matelas
gonflable dans la piscine. Cependant, j’avais du mal à me mettre dans l’histoire :
une grosse boule de culpabilité était présente dans mon ventre. Je pensai que j’allais
devoir vivre avec. Impossible d’avouer à Tom et Dana les réelles raisons de mon
vol. Avec ce mensonge, j’avais encore plus aggravé mon cas. J’avais l’impression
de les trahir. Je m'en voulais à mort !
Mes sœurs rentrèrent de cours, je récupérai leurs
notes pour me mettre à jour, puis enchaînai avec mes devoirs.
Nos devoirs terminés, mes sœurs et moi jouâmes à
Mario Kart 8 Deluxe pour terminer la coupe que nous n’avions pas pu finir hier.
Tom et Dana cuisinaient ensemble pour le dîner.
Je venais de franchir en
premier la ligne d’arrivée quand on frappa à la porte. Dana alla ouvrir. C’était
un jeune que je reconnus immédiatement. Cela me rappela le dicton que ma "vraie" mère a toujours à la bouche : "Tout se sait toujours".
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Bonjour madame.
-
Bonjour, que puis-je pour vous ? demanda Dana.
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Je viens voir Marie, dit-il. Elle me doit 50€,
elle devait me les donner aujourd’hui et elle ne l’a pas fait.
Tom me fusilla du regard. Dana
marqua une pause (sûrement pour tenter de contenir sa colère) et demanda :
-
Pourquoi est-ce qu’elle te doit 50€ ?
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J’ai effacé un rapport de son dossier. Je suis
étudiant en informatique.
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Désolée, jeune homme, mais tu n’auras pas tes
50€, répondit maman. Si tu te pointes encore ici, je te botterai les fesses ! Et
si tu acceptes encore une seule fois de toucher au dossier scolaire de ma fille,
je te botterai également les fesses ! Rentre chez toi, maintenant.
Dana claqua la porte et vociféra :
- MARIE NOEMIE JULIETTE JOHNSON, JE PEUX TE DIRE QUE TU VAS AVOIR DE TRES, TRES, TRES GROS ENNUIS !!!
A suivre…
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