Accéder au contenu principal

Journal d'une étudiante accueillie - Chapitre 33

 



Dimanche 20 octobre 2019.

 

                Je suis stressée comme une star avant de monter sur scène. Mathieu est garé devant la maison et tente de me rassurer par tous les moyens possibles et inimaginables.

-          Ça va bien se passer, mon amour ! me dit-il pour la énième fois.

-          Et s’ils sont encore plus sévères que Tom et Dana ? appréhendai-je.

-          Ecoute, tu as fait un choix, tu ne peux plus reculer maintenant.

Soudain, on frappa à la vitre de ma portière : c’était Louise. Je dis au revoir à Matthieu et sortis de la voiture. Louise et moi nous donnâmes la main. Puis, ma sœur de cœur et moi échangeâmes un regard rempli d'appréhension et actâmes :

-          On y va ?

-          On y va !

 

Nous nous avançâmes jusqu’au portillon n°342 de cette rue Victor Hugo, et mon index poussa la sonnette. Nous attendîmes, fébriles et anxieuses, tandis que la voiture de mon amoureux s’éloignait de moi.

                Une dame ouvrit la porte mais ce n’était pas n’importe quelle dame : une blonde aux yeux bleus tellement jolie qu’elle pourrait être une actrice américaine renommée. Waouh, elle est juste…sublime.

-          Entrez mes petites puces ! dit-elle avec un léger accent anglophone (j’avais bien deviné qu’ils étaient américains… !).

Louise et moi avançâmes, rassurées de cet accueil qui s’avérait à priori chaleureux. Cependant, tout a toujours l’air tout beau tout rose aussi pour les héros de films d’horreur, qui se font ligoter par la suite sur une planche en bois et se font découper les membres par une scie.

 

                Louise et moi montâmes les marches menant à la porte d’entrée et arrivâmes à hauteur du mannequin qui nous serra dans ses bras.

-          Je m’appelle Scarlett mais pour vous, ce sera maman ! dit-elle avec un grand sourire.

Une épine se planta dans mon cœur. La seule femme que j’appelais « maman » en dehors de ma mère biologique était Dana… Mon impression de trahison ne me quittait pas.

 

                Scarlett nous fit entrer dans la maison. Nous nous trouvâmes dans une belle entrée avec un sol en marbre et un plafond voûté.

-          Vous pouvez mettre vos manteaux sur vos porte-manteaux, ils sont à vous ! dit notre nouvelle maman.

Je tournai la tête et découvris effectivement une patère fixée au mur, surplombée d’une étiquette rose avec un papillon à paillettes affichant « Marie », un peu semblable à ce que j’avais en maternelle.

-          Vos chaussons sont dans vos casiers, continua Scarlett. Une fois que vous vous serez lavées les mains, rejoignez-nous dans le salon, c’est juste par là !

Scarlett rayonnait. Je me demandais bien ce que cela cachait. J’aurais voulu avoir l’avis de Louise mais nous ne pouvions pas échanger sans être entendues.

J’enfilai les chaussons roses à froufrous placés dans un casier portant également mon prénom (avec la même étiquette que celle du porte-manteau) et attendis que Louise fasse de même. Nous nous avançâmes ensuite dans la direction indiquée par Scarlett.

                Waouh. Juste…waouh. J’étais déjà mal à l’aise en arrivant dans la maison bourgeoise de Tom et Dana mais là… Tout était luxueux. J’étais persuadée qu’il n’y avait pas un seul objet à moins de 1000€ pièce dans cette salle. L’immense cuisine américaine était ouverte sur la spacieuse salle à manger et sur le très grand salon. La télévision était tellement grande qu’elle donnait l’impression d’avoir un cinéma à domicile. Le canapé en U pouvait contenir dix personnes, facile. Le sol était en marbre rose, les tapis semblaient coûter tellement cher que je ne sais si j’oserai marcher dessus, et les lustres en cristal au plafond me rappelaient ceux que j’avais vu dans un reportage sur le Buckingham Palace.

-          Voilà, c’est chez nous ! dit Scarlett en continuant d’afficher son sourire éclatant digne d’une pub pour du dentifrice.

Louise et moi étions sans voix. C’était…trop pour nous.

                Nous aperçûmes Elsa et Victoire assises sur le canapé en train de regarder la télé…ou plutôt le cinéma. Elles nous firent un signe de la main, ponctué d’un sourire. Bon, ça n’allait peut-être pas être si terrible que ça.

Scarlett nous fit nous asseoir à table et quelques secondes plus tard, un homme que nous supposâmes être son mari arriva dans la pièce. Un mannequin lui aussi, des yeux bleu clair tellement hypnotisants qu’on pourrait rester piégé dedans. Tout en muscle et sans un pet de graisse, l’homme était brun, les cheveux très courts comme s’il revenait de l’armée. Je le soupçonnais de faire des concours de body building. Il tourna son regard vers nos deux nouvelles sœurs et dit fermement :

-          Elsa, Victoire, dans vos chambres. Exécution.

-          Oui papa, répondirent les filles en éteignant la télé et en sortant la pièce.

Wow. C’est quoi ce délire ? Cette micro-scène me refroidit instantanément et me mit sur mes gardes.

-          Bonjour les filles, dit l’homme en nous adressant un sourire et en s’asseyant avec nous. Je m’appelle Michael, je suis le mari de Scarlett et votre nouveau père d’accueil.

Louise et moi répondîmes en chœur « Bonjour », tout en réfléchissant à mille à l’heure sur ce qui pouvait entraîner une obéissance parfaite chez Elsa et Victoire.

-          Je suppose que vous n’avez pas encore eu le temps de visiter la maison ? demanda Michael.

-          Elles viennent d’arriver il y a tout juste quelques secondes, chéri, dit Scarlett.

-          Merci, je ne suis pas idiot ! la rabroua-t-il.

Ce mec commençait déjà à me faire flipper. Scarlett se tut et fit en sorte de garder sa bonne humeur devant nous. Son mari reprit son sourire de tombeur et nous dit, à Louise et moi :

-          Comme nous vous l’avons dit, nous sommes Michael et Scarlett Webber. J’ai 38 ans, Scarlett en a 35.

Ils sont déjà beaucoup plus jeunes que Tom et Dana, qui ont la cinquantaine.

-          Dans la vie, je suis chef architecte en informatique, dit Michael. Je travaille pour une grosse boîte américaine et dans mon équipe, je gère à peu près deux cents personnes. Je travaille depuis la maison, sauf le vendredi où je me rends à Paris. Il peut arriver que je sois en déplacement à Washington, j’y vais à peu près une à deux fois par an.

Ok, le gars a une situation bien ancrée, et vu comme il le dit, il ne se prend pas absolument pas pour de la merde.

-          Pour ma part, poursuivit Scarlett avec sa voix douce et rassurante, je suis à la tête d’une chaîne de salons de beauté de luxe. Il m’arrive de travailler depuis la maison mais en général, je suis au QG de mon entreprise, à la Défense. Je pars aux environs de six heures le matin, et rentre aux alentours de dix-huit heures.

Louise et moi hochâmes la tête pour montrer que nous avions pris en compte les informations qui venaient de tomber.

-          Que dire d’autre…dit Michael. Nous n’avons pas d’enfant pour le moment, notre situation de famille d’accueil nous va très bien. On y réfléchira peut-être à la fin de vos études, quand vous partirez de la maison et que vous serez indépendantes.

-          Mais on passera par une mère porteuse, précisa Scarlett. Je ne souhaite en aucun cas abimer mon corps.

-          Nous sommes des passionnés des chats, continua Michael. Nous avons une chatte, Paillette, qui doit se promener dans la maison, qui est très douce, câline et gentille. Vous l’aimerez très vite. D’ici dix jours, nous allons accueillir deux chatons. Puisque vous êtes les deux nouvelles venues, ce sera à vous de choisir leurs petits noms.

-          Oh trop bien ! m’exclamai-je, ce qui fit rire Michael et Scarlett.

-          Depuis que vous êtes entrées dans la maison, dit Scarlett, il y a quelques petites minutes, vous êtes officiellement nos filles. Vous portez notre nom de famille et vous habitez ici. Vous devrez en retour nous appeler « papa » et « maman », mais cela se passait comme cela aussi dans votre ancienne famille alors…

-          Oui, nous avons eu Tom et Dana au téléphone pour apprendre à vous connaître et savoir comment vous fonctionniez chez eux, nous expliqua Michael suite à nos regards intrigués à Louise et moi.

Ceci expliquait cela. Cependant, j'allais avoir du mal à appeler ces canons de beauté "apa" et "maman" !

-          Ils nous ont d’ailleurs dit que vous étiez très en demande de câlins et de bisous, ça tombe bien, je suis une spécialiste ! s’enthousiasma Scarlett.

Sur le coup, j’eus plus envie de prendre mes jambes à mon coup qu’autre chose mais je me contrôlai pour ne pas froisser ma nouvelle mère.

-          Ils nous ont également dit que Louise était sage mais que c’était autre chose pour Marie, déballa Michael. Il paraît que tu ne t’assagis qu’une fois que tu as compris qui commande… Tu vas le comprendre très vite, fais-moi confiance.

-          Michael, ne lui fais pas peur comme ça ! tempéra Scarlett.

-          Suivez-nous les filles, ordonna Michael en se levant.

Nous nous levâmes et les suivîmes jusque dans une pièce attenante à la cuisine, que je pensai comme étant le sellier. Au dos de la porte se trouvait une longue affiche que je pris le temps de lire :

 

REGLES DE LA MAISON

 

Règle n°1 : « Bonjour », « Au revoir », « S’il te plaît », « Merci » et tous les autres mots de politesse sont OBLIGATOIRES ici.

Règle n°2 : Il est absolument interdit de manquer de respect à un autre membre de la famille.

Règle n°3 : Quand on répond à une question de ses parents, on répond « oui papa, oui maman » ou « non papa, non maman ».

Règle n°4 : Après le lever, votre lit doit être impeccablement fait.

Règle n°5 : Votre chambre doit toujours être propre et bien rangée. Inspection tous les matins.

Règle n°6 : Quand l’un de vos parents vous donne un ordre, on obéit IMMEDIATEMENT.

Règle n°7 : L’usage des téléphones portables est proscrit durant les repas, et de 20h à 8h.

Règle n°8 : Pas plus d’une heure d’écrans par jour, hormis besoins universitaires.

Règle n°9 : Il est INTERDIT de sécher les cours, sauf justification solide.

Règle n°10 : Tout problème de comportement à l’école est proscrit.

Règle n°11 : Tous les devoirs doivent être entièrement faits, et bien faits.

Règle n°12 : Le couvre-feu est à 20h30. Extinction des feux à 21h précises.

Règle n°13 : Il est INTERDIT de mentir à ses parents.

Règle n°14 : Le tableau de tâches quotidiennes devra être scrupuleusement respecté.

Règle n°15 : Parler à ses parents en cas de problème.


Ce règlement n'est pas exhaustif.

 

Wow. Sacré coup dur. Trop de règles pour moi. A coup sûr, j’allais chopper de l’eczéma, tant je suis allergique aux règles.

Lorsque Michael remarqua que Louise et moi avions terminé la lecture, il nous dit :

-          Si vous ne respectez pas l’une de ses règles, vous prendrez une fessée. A chaque fois. J’insiste sur le « à chaque fois », les filles !

-          Peut-être pas à chaque fois…modéra Scarlett.

-          A chaque fois ! affirma de nouveau Michael.

Tiens, tiens, tiens… Il y avait une petite brèche chez Scarlett… Cela me servirait à coup sûr.

-          Oh ! s’exclama Scarlett. Mon poulet ! J’espère qu’il n’a pas pris le feu dans le four…

La mannequin s’éloigna, courant vers la cuisine, chaussée de ses claquettes à fourrure fuchsia.

-          Vous avez des questions par rapport aux règles, les filles ? nous demanda Michael.

-          On a quand même le droit de respirer ? plaisantai-je.

-          Pardon ?! me gronda Michael.

-          C’est bon, je déconne, avouai-je. Faut se détendre !

-          Si tu veux te détendre, je peux te proposer de recopier cinq fois ce règlement ! me réprimanda Michael. Ça te détendrait assez ?!

Comment un si bel homme pouvait-il avoir aussi peu d’humour ?!

-          Non, c’est bon, dis-je.

Je me retrouvai instantanément penchée sous le bras de Michael et reçus trois bonnes claques sur le pantalon, sous le regard ahuri de Louise. Outch, la vache ! Mes fesses ont bien senti la force de Monsieur Muscles ! Et moi qui croyait que personne ne tapait plus fort que Tom et Dana…

-          On dit : « non papa » ! me reprit Michael en me lâchant. Règle n°3 !

Je restai silencieuse, accusant les claques inopinées qui venaient de tomber.

-          Tu n’as pas quelque chose à me dire, Marie Webber ? me demanda-t-il.

-          Euh…

-          Tu ne souhaites pas t’excuser pour ton comportement ?!

-          Euh… Pardon, euh… Pardon papa.

-          Très bien. Ce n’était qu’un avertissement. Tu viens de bénéficier de mon indulgence car tu es nouvelle arrivée. C’est maintenant terminé. Je vous conseille à toutes les deux d’imprimer dans votre tête ces nouvelles règles.

Michael sortit de la pièce et nous nous retrouvâmes seules dans le sellier Louise et moi.

-          Non mais c’est quoi ces gens ?! me chuchota Louise, affolée.

-          Il tape ultra-fort ! lui répondis-je tout aussi fort. J’te jure, il ne rigole pas le mec !

-          J’crois qu’on aurait dû suivre papa, maman et Jeanne ! s’inquiéta Louise.

-          T’en fais pas, y’a une brèche avec Scarlett, on va s’en servir. C’est toujours nous deux contre le monde entier ?

-          Nous deux contre le monde entier, répondit Louise en me prenant dans ses bras.

-          A table ! entendîmes-nous.

Nous sortîmes du sellier et atterrîmes dans la cuisine.

-          Lavage de mains ! nous dit Scarlett avec son grand sourire.

Tenant le plat contenant le poulet rôti dans ses mains entourées de maniques, elle me faisait un peu penser à Bree dans Desperate Housewives. La parfaite petite mère de famille. Elle mériterait de s’appeler Brenda. Ou carrément Barbie. Barbie, mère de famille.

 

Tout le monde s’assit à table pour le dîner. Michael et Scarlett la présidait de chaque côté, puis Elsa et Victoire nous faisaient face à Louise et moi. Je voulus me servir en pommes de terre lorsque Michael me mit une claque sur le dos de la main en me réprimandant :

-          C’est la personne qui a préparé le repas qui se sert en premier, Marie ! Tu n’as donc pas appris les bonnes manières ?!

-          Oh c’est bon… grommelai-je en me renfrognant.

-          C’est la dernière fois que tu me réponds de cette manière en t’en sortant indemne !

Légèrement psychorigide, le gars.

Scarlett se servit, puis nous servit toutes les quatre et finit par Michael. Nous ne commençâmes à manger que lorsque Scarlett eu prit sa première bouchée.

-          Elsa chérie, tes coudes sur la table, la reprit Scarlett.

-          Pardon maman, répondit ma sœur de cœur en enlevant son coude.

C’est quoi ce sketch ?!

-          Alors les filles, racontez-nous votre week-end, dit Michael.

-          Eh bien c’était un week-end plutôt cool, narra Victoire. Je n’ai rien fait de spécial, j’ai juste passé du temps avec mon père.

-          Et toi Elsa ? demanda Scarlett.

-          Mes parents m’ont emmenée au restaurant avec mes petites sœurs, vendredi soir. Et les deux autres jours, nous avons juste passé du temps ensemble à la maison.

-          Louise ? demanda notre nouvelle mère.

-          Eh bien…

-          On ne parle pas la bouche pleine, intervint Michael. Tu répondras à ta mère quand tu auras fini ta bouche. Et toi Marie ?

Je pris le temps de finir ma bouche avant de répondre. Je stressais tellement de faire un faux pas que j’en transpirais légèrement. C’était beaucoup plus relax chez Tom et Dana !

 

                La fin du repas s’annonça. Scarlett jeta un coup d’œil au tableau des tâches et dit :

-          Louise et Michael, c’est à votre tour de débarrasser la table. Marie, tu viens m’aider à faire la vaisselle.

-          Vous n’avez pas de lave-vaisselle ? demandai-je. Vous avez une maison luxueuse mais pas de lave-vaisselle ?

-          C’est important que les choses soient bien lavées, m’expliqua Scarlett. Et elles le sont bien mieux par l’humain que par les machines.

-          Tu appliques également cela au linge ? demandai-je, intriguée.

-          Non mais juste pour un gain de temps, dit Scarlett de sa voix guillerette.

-          Ben le lave-vaisselle aussi c’est un gain de temps…

-          Marie, quand tu auras fini de discuter, tu iras aider ta mère avec la vaisselle, dit Michael. Et tu vas vite avoir fini de discuter !

-          Donc en fait, je n’ai pas le droit de poser des questions, c’est ça ?! m’emportai-je.

-          Si, mais tu as surtout le droit de baisser d’un ton ! gronda Michael.

Il me grondait à présent. Il avait l’air d’être vachement impulsif.

-          Ok… me ravisai-je.

-          J’attends tes excuses ! dit-il.

-          Des excuses ? m'étonnai-je insolemment. Pourquoi faire ?

Non là, c’en était trop.

-          Michael, s’il te plaît… anticipa Scarlett, voyant bien que son mari allait se fâcher.

-          Pourquoi faire, hein ?! s’énerva Michael. Tu hausses le ton contre moi et tu te demandes pourquoi tu dois faire des excuses ?! Il y a encore un certain nombre de choses qu’il va falloir que tu apprennes, Marie ! Notamment sur le respect envers les adultes ! Et cet apprentissage va commencer dès maintenant !

Michael me fonça dessus, me prit par le bras et s’assit sur une des chaises de la salle à manger, à proximité de lui. Il me bascula en travers de ses genoux et commença à me fesser.

                Je remerciai le ciel, l’univers ou quelconque force surnaturelle de recevoir cette fessée sur mon pantalon car je l’ai déjà sacrément sentie passer. Jamais une fessée sur le pantalon ne m’a fait aussi mal ! Peut-être que la douleur était amplifiée par les stigmates du traitement que Tom et Dana m’avait infligé cette semaine, mais tout de même ! Même si j’étais devenue plus résistante à la fessée depuis mon arrivée en famille d’accueil, c’était là une véritable punition. J’accusai chacune des claques et mon derrière commença à tellement me brûler que je dus mettre ma main pour me protéger ! Pour une fessée sur le pantalon ! J’aurais traité n’importe quelle fille à ma place de chochotte. Il faut le vivre pour y croire. Monsieur Muscles est plus que redoutable. L’ennemi n°1. Il ne faut vraiment, vraiment pas le fâcher.

                Lorsqu’il cessa de me punir, j’étais à deux doigts de laisser couler mes larmes. Il me laissa me relever de ses genoux et me prévint :

-          Je ne veux plus que tu hausses le ton, Marie ! C’est clair ?!

-          Oui papa, répondis-je, ne voulant pas aggraver mon cas.

-          Si tu recommences, tu auras une fessée avec le pantalon baissé ! Maintenant, va aider ta mère à laver la vaisselle.

Je me rendis dans la cuisine en mode automatique. Scarlett me prit instantanément dans ses bras en me disant :

-          Oh, ma chérie ! Tu vas bien ?

-          Oui, oui, ça va maman… dis-je en voulant qu’elle me laisse tranquille.

-          Il ne faut pas contrarier ton père, mon petit amour. Tu me promets d’être sage ?

-          Oui maman.

Ce couple est complètement timbré.

               

                La vaisselle terminée, il était 19h45. Je montai à l’étage pour découvrir ma chambre : lit à baldaquin, rideaux en soie, moquette la plus douce du monde… Ma chambre était juste somptueuse et magnifique. Elle comportait également un lustre en cristal, néanmoins plus petit que celui de la salle principale. Tout comme chez Tom et Dana, les filles et moi avions une salle de bains juste pour nous. Ah non, nous avions même deux salles de bains pour nous. Salles de bains, chacune avec une baignoire balnéo et une douche à l’italienne. Je me sentais presque mal à l’aise devant tout ce luxe.

                Affairée à déballer mes affaires, je reçus un texto de Dana : « Comment vas-tu, Manou ? ». Les larmes me montèrent instantanément aux yeux. Papa Tom et maman Dana me manquaient. Ils me manquaient beaucoup. Je lui répondis un : « Tout va bien mais vous me manquez. Et chez vous, ça va ? ». N’ayant pas encore déménagé, Tom et Dana ne se trouvaient qu’à trois cents mètres de la maison de Michael et Scarlett dans laquelle je me trouvais. Je crevais d’envie de les voir, mais faire le mur m’occasionnerait des ennuis avec Michael, et la fessée sur le pantalon m’avait déjà vaccinée. Et puis en arrivant, Tom et Dana me réprimanderaient sûrement eux aussi pour avoir fait le mur ! Tant pis. Je me contenterai de petits textos.

                On frappa à la porte de ma chambre. J’essuyai vite fait mes larmes et dis :

-          Entrez !

-          Ton téléphone, petit cœur ! dit Scarlett en brandissant le petit panier contenant déjà les téléphones de mes sœurs. Oh mais…ça ne va pas, Marie chérie ?

-          C’est rien c’est juste que…ça fait beaucoup de changements d’un coup et… je n’ai pas fait le deuil de Tom et Dana.

-          Oh ma p’tite puce, dit Scarlett en venant s’asseoir. Je comprends que ce soit dur pour toi. Le temps fera les choses. Et puis, quand tu n’auras pas cours, rien n’empêche d’aller les voir à Paris ! Qu’est-ce que tu en penses ? Ça te plairait ?

J’hochai vigoureusement la tête.

-          Bon, super alors ! trancha Scarlett. Aller ma grande, mets ton téléphone dans le panier et file à la douche avant que Louise ne séquestre la salle de bains !

 

Scarlett et Michael avaient l’air d’être de bons parents. Au moment du coucher, ils vinrent m’embrasser tous les deux pour me dire bonne nuit. Ils ont l’air d’être attentionnés et aimants. Un peu cinglés mais aimants Je n’étais pas tombée si mal. Seulement, ils n’arrivaient pas encore à la cheville de Tom et Dana…

 

A suivre…


La suite !

Commentaires

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -