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Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 40 - 2ème partie)

 


                

            Après vingt bonnes minutes de marche, Dana et moi nous assîmes sur un gros tronc d’arbre couché à terre.

-          Pourquoi est-ce que tu boudes, Manou ? me demanda mon ancienne mère adoptive.

-          A ton avis ? rétorquai-je sèchement.

-          Si nous avons parlé à tes parents, c’est pour ton bien.

-          C’est surtout parce que vous pensez que vous n’avez plus aucun contrôle sur moi, oui ! dis-je, grognonne.

-          Il est vrai que depuis que tu es partie de chez nous, tu as évolué. Désormais, ce sont Michael et Scarlett tes parents, ce sont eux qui t’élèvent et qui savent te gérer. Ce constat est assez difficile à avaler pour Tom et moi sans qu’en plus tu nous fasses la tête. Tu ne crois pas ?

Je me radoucis.

-          Ben… C’est pareil pour moi, hein ! C’est difficile à gérer le fait que vous ayez de nouvelles filles !

-          Alors tu comprends ce que nous ressentons, dit Dana.

-          Peut-être, mais c’est votre faute si on a été séparés ! Pas la mienne !

Mes émotions venaient de me trahir. Je venais de dire tout haut ce que je n’avais jamais osé dire depuis deux semaines.

-          Tu nous en veux ? s’inquiéta Dana.

-          Bien sûr que oui ! enchaînai-je, me disant que le mal était dit. Je pensais qu’en voyant qu’Ana, Louise et moi nous ne vous suivions pas, vous renonceriez à aller à Paris ! Au lieu de ça, vous avez quand même accepté !

-          Manou, il y a des fois où le travail ne laisse guère le choix…

-          Tom pouvait refuser ce poste ! Ne me raconte pas de salades !

-          Manou, écoute-moi. Oui, Tom était votre père. Cependant, il est aussi époux et homme. Tu aurais voulu qu'il renonce à sa carrière au profit de sa famille ?

-          Ben oui ! C’est ce que font tous les parents !

-          Non, Manou. Ce qu'il a voulu faire, c’est avoir les deux : accepter ce poste tout en gardant son rôle de père. Mais puisque vous êtes grandes, vous avez fait le choix de ne pas nous suivre. Si vous aviez été enfants, vous n’auriez pas eu d’autre choix que de nous suivre. Mais ce n’est plus le cas.

-          Vous nous avez demandé de choisir entre vous et nos familles biologiques ! Tu te rends compte ou pas ?!

-          Oui, je me rends compte, dit doucement Dana. C’est aussi pour cela que nous avons accepté ce choix, bien qu’il nous ait fait mal au cœur.

-          Je ne connais Michael et Scarlett que depuis une semaine mais je sais qu’eux, ils n’auraient pas fait ça. Ils ne détruiraient pas notre famille à cause du travail !

Je sentis que je venais de blesser profondément ma première mère d’accueil. Peut-être que c’était ce que je voulais, après tout. Lui faire mal comme elle m’avait fait mal, et comme Tom m'avait fait mal.

-          Comment peux-tu le savoir ? interrogea Dana après avoir accusé le coup.

-          Parce que Scarlett a fait le choix de faire des allers-retours sur Paris au lieu d’y déménager ! Pour être sûre que sa famille reste intacte !

Dana fit la moue, hocha légèrement la tête et baissa les yeux. Puis, elle reprit :

-          Tu sais, Manou, la vie d’adulte ce n’est pas…

-          Oh arrête ! m’emportai-je. Arrête, s’il te plaît ! Ne me fais pas un de ces discours à la mords-moi-le-nœud pour m’expliquer ô combien la vie d’adulte est compliquée ! Papa et toi, vous avez fait un choix ! A cause de ce choix, vous nous avez perdu Anaïs, Louise et moi ! Fin de l’histoire !

-          Marie Johnson, tu vas me parler sur un autre ton ! me gronda Dana.

-          C’est Marie Webber, maintenant ! la repris-je. Et puis quoi, d’abord ? Tu vas me coller une fessée, là, en pleine forêt ?! J’ai déjà les fesses écarlates de toute façon ! Et clairement, ça ne changera vraiment pas grand-chose.

Je m’éloignai dans la forêt.

-          Marie ! Reviens ici !

-          Nan ! T’as qu’à appeler mes parents pour leur dire que je suis désobéissante, tiens ! T’as que ça à faire !

Je courus et m’enfonçai dans la forêt. Je n’arrêtai de courir qu’après m’être assurée d’avoir semé Dana. Je voulais être seule pour réfléchir.

 

                La colère que j’avais enfoui dans mon cœur depuis dix jours contre Tom et Dana venait de se réveiller. Oui, j’avais été contente de les voir chez moi mercredi ; mais j’étais néanmoins en colère. Ils avaient choisi leur travail plutôt que nous. Les larmes commencèrent à couler. Je sortis mon téléphone, vérifiai que j’avais du réseau et voulus passer un coup de fil. Puisque nous avons interdiction de contacter nos familles biologiques la semaine – dommage, j’aurais bien voulu parler avec ma maman –, je décidai d’envoyer un message à Scarlett.

Excuse-moi de te déranger maman. Ça ne va pas. Est-ce que papa peut m’appeler quand il a un moment ? Ou toi ? Comme vous préférez.

A peine avais-je envoyé le message que je reçus un appel de Michael :

-          Qu’est-ce qu’il y a mon p’tit cœur ?

En entendant sa voix, je fondis en larmes. Pourtant, je l’avais entendue une heure plus tôt.

-          Je veux rentrer à la maison, dis-je, la voix tremblotante.

-          Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je racontai à mon père adoptif ma dispute avec Dana et le fait que je m’étais éloignée et isolée. Puis, je crachai mon venin :

-          Je suis trop en colère contre eux ! C’est à cause d’eux qu’Anaïs a une famille de merde !

-          Les gros mots, bébé ! Je ne veux pas que tu dises de gros mots !

-          Pardon papa mais…

-          Je sais, tu es sous le coup de l’émotion. Qu’est-ce qui se passe avec Anaïs et sa famille ?

-          Ses parents s’en fichent totalement d’elle ! C’est pour ça que je voulais vous parler ce matin, je voulais vous demander si vous pouviez l’adopter… Elle part carrément en vrille, ses parents sont vraiment nuls !

-          Combien de sœurs a-t-elle ?

-          Deux.

-          Ecoute ma puce, on ne va pas pouvoir gérer sept enfants…

-          Je ne vous demande pas de prendre les trois, juste Anaïs ! précisai-je. Et pour ses sœurs, il faudrait trouver une bonne famille…

-          Je vais me renseigner pour ses sœurs et pour Anaïs, je vais en parler avec ta mère, d’accord ?

-          D’accord papa.

-          Mais s’il te plaît mon bébé, rentre à la maison de vacances. Tom et Dana doivent être particulièrement inquiets…

-          Je n’ai pas envie de les voir. Je veux rentrer à la maison.

-          Je te demande juste d’en parler avec eux. Et si ça ne va pas mieux demain matin, nous te rapatrierons à Londres, d’accord ?

-           D’accord.

-          Je te rappelle avant le coucher. Bisous mon p’tit amour.

-          Bisous papa, je t’aime.

-          Moi aussi mon cœur.

J’aime vraiment beaucoup mes nouveaux parents.

Je raccrochai et restai encore à méditer seule dans la forêt.

 

                Lorsque je décidai de rentrer, il allait bientôt faire nuit. En me voyant entrer dans le hall, Tom me fonça dessus :

-          Manou ! Mais où étais-tu ?! Tu nous as fait une de ces peurs…

-          Désolée, j’étais en colère contre vous et j’avais besoin de réfléchir.

-          Manou ! s’exclama Dana en me serrant dans ses bras. On était à deux doigts d’appeler la police !

-          T’as de la chance qu’elle soit rentrée ! lança Tom à sa femme. Tu ne perds rien pour attendre…

Ouh là. A cause de moi, Dana aurait sûrement le derrière brûlant pas plus tard que ce soir ! Bien fait !

-          Tom, je t’ai déjà expliqué qu’elle s’était enfuie toute seule…

-          Elle était sous ta responsabilité, Dan’ ! En plus, vous êtes parties sans médicaments et sans collation !

-          C’est bon, je n’avais ni faim, ni mal, rassurai-je.

-          Peu importe, dit Tom. Va prendre tes médicaments, Marie. Tout de suite ! Quant à toi Dana, attends-moi dans la chambre.

J’étais la seule à avoir assisté à la scène. Je ne savais plus où me mettre. Je vis Tom attraper la canne en rotin appuyée contre la porte d’entrée puis suivre Dana. Avant de sortir de la pièce, il me répéta :

-          Va me prendre tes médicaments avant que je te flanque une fessée à toi aussi !

Je ne me le fis pas dire deux fois.

 

                Les manifestations de douleur de Dana se firent entendre dans toute la maison. Alors que Maïmouna nous avait demandé de nous mettre à table, nous n’attendions plus que les parents.

-          Ce n’est rien, c’est juste maman qui prend une fessée, dis-je pour informer tout le monde, histoire que la panique ne s’installe pas (et sûrement par vengeance, aussi...).

 

Le repas se fit dans un calme olympien. Personne n’osait parler. Pour ma part, je décidai de passer la soirée avec Anaïs et de repousser la discussion avec Tom et Dana à demain matin, pour éviter que mes émotions (surtout la colère !) ne guident la conversation.

 

A suivre…


La suite !

Commentaires

  1. ah ce serait bien qu'Anais rejoint Marie !

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    Réponses
    1. Et bien ce voeu est exaucé, c'est super pour Anaïs !

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