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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 24)

 


Mardi 24 septembre 2019.

 

                Le mardi. Ce jour béni où je passe la matinée avec Madame Kelly. Cette prof est tellement gentille, tellement adorable, tellement…

-          Je commence à en avoir assez !

Madame Kelly vociférait sur deux de nos camarades, sous notre étonnement le plus total.

-          Oui, c’est à vous deux que je parle ! insista-t-elle envers Léa et Salomé. J’en ai ras-le-bol de vos messes basses, de vos ricanements et de vos petits dessins ! Ras-le-bol, vous entendez ?! Je veux bien être gentille mais il y a des limites ! Alors à partir de maintenant, ça va être simple : soit vous vous tenez à carreaux, soit je vous donne une punition ! C’est assez clair ?!

Oh bah mince, alors ! Madame Kelly s’était fâchée ! Ce jour était sans nul doute à marquer d’une pierre blanche !

Léa et Salomé eurent néanmoins le culot de rétorquer :

-          Oh ça va !

-          Vous avez vos règles ou quoi ?!

Elles avaient rétorqué ça au moment précis où Monsieur Éric entrait dans la classe pour transmettre une information à Madame Kelly.

Lorsqu’elles se rendirent compte de leur bêtise, elles se turent. D’ailleurs, tout le monde se tut. Même Madame Kelly. Le Directeur s’approcha doucement de Léa et Salomé, les regarda silencieusement durant plusieurs secondes, puis en attrapa une par le bras. Il la sortit de sa chaise et lui colla une claque tellement violente que cela ne m’aurait pas étonnée que la victime décolle du sol. Il fit de même avec la deuxième. Alors qu’elles se massaient toutes les deux les fesses, Monsieur Éric leur gronda :

-          Vous trouvez cela normal de manquer de respect à votre professeure d’anglais ?! Répondez !

-          Non, Monsieur, répondirent-elles.

-          Alors pourquoi le faîtes-vous ?! Pourquoi vous le permettez-vous ?! Pour qui vous prenez-vous ?! Vous n’êtes que de simples élèves, ici ! Tout ce que vous avez à faire, c’est vous tenir à carreaux ! Ni plus, ni moins ! Présentez immédiatement vos excuses à Madame Kelly !

Elles s’exécutèrent de suite. Monsieur Éric marcha ensuite jusqu’au bureau de Madame Kelly et il en sortit deux règles en bois qu’il mit au sol.

-          A genoux ! ordonna Monsieur le Directeur. Ici ! Mains sur la tête !

Alors que Salomé s’était exécutée, le dirlo remonta sa jupe, baissa sa culotte et lui colla une vingtaine de claques qui fit fortement rougir les fesses de ma camarade de classe. Il fit exactement la même chose avec Léa, puis gronda :

-          Vous avez intérêt à rester dans cette position jusqu’à la fin du cours ! Si Madame Kelly me dit que vous avez bougé, vous ne pourrez plus vous asseoir jusqu’à la fin de l’année, je vous le garantis !

Puis, redescendant en pression, Monsieur Éric chuchota dans l’oreille de Madame Kelly l’information qu’il était venu lui transmettre et sortit de la pièce.

                Cette scène a eu le mérite de calmer tout le monde. Madame Kelly reprit son cours avec le silence le plus total.

 

                Au réfectoire, Monsieur Éric fit une annonce très importante :

-          Cette semaine auront lieu vos premiers entretiens-bilans. Vous en aurez douze durant votre année scolaire. Ils auront pour objet l’analyse de vos premiers résultats. Ils se dérouleront dans mon bureau avec votre professeur principal et moi-même. J’afficherai les horaires des rendez-vous dès la fin de ce repas. Merci de votre attention.

Tout le monde se mit à parler en même temps. Si nos résultats étaient mauvais, qu’allait-il se passer lors de nos rendez-vous ? Cela nous semblait être de très mauvais augure…

 

                En sortant de table, mes camarades et moi nous bousculâmes pour connaître l’heure de nos rendez-vous :

Prénom

Classe & Dortoir

Professeur Principal

Heure de rendez-vous

Abigaëlle

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 9h30

Adèle

ES – 1

 

Monsieur Yves

Jeudi, 17h30

Anaïs

Jeudi, 18h

Anna

ES – 5

Samedi, 15h

Astrid

L – 2

Monsieur Raphaël

Mercredi, 16h30

Aubéline

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 10h

Barbara

ES – 1

Monsieur Yves

Vendredi, 18h

Bertille

Samedi, 17h30

Camille

L – 3

Monsieur Raphaël

Samedi, 11h

Capucine

Vendredi, 20h30

Chaïma

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 15h

Charline

L – 2

Monsieur Raphaël

Mercredi, 18h30

Charlotte

ES – 1

Monsieur Yves

Jeudi, 20h

Clémence

L – Direction

Monsieur Raphaël

Mardi, 20h30

Elina

ES – 5

Monsieur Yves

Samedi, 14h

Emilie

L – 2

 

Monsieur Raphaël

 

Mercredi, 16h

Emma

L – 3

Samedi, 9h30

Eva

L – 2

Mardi, 18h30

Fatoumata

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 14h

Florentine

L – 2

Monsieur Raphaël

Mercredi, 18h

Hasna

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 11h

Hélène

L – 3

Monsieur Raphaël

Vendredi, 20h

Héloïse

ES – 1

Monsieur Yves

 

Vendredi, 17h30

Isabella

ES – 5

Samedi, 18h

Jessica

L – 2

Monsieur Raphaël

Mardi, 20h

Julie

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 10h30

Juliette

ES – 5

Monsieur Yves

Samedi, 15h30

Kéliyah

ES – 1

Jeudi, 18h

Laëtitia

L – 3

Monsieur Raphaël

Vendredi, 18h30

Laura

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 13h

Laure

ES – 5

Monsieur Yves

Samedi, 11h30

Léa

L – 3

 

Monsieur Raphaël

 

Mercredi, 20h

Lou

L – 2

Mercredi, 17h

Louise

L – 3

Samedi, 10h

Lucille

L – 2

Mardi, 17h30

Manon

ES – 5

Monsieur Yves

Samedi, 14h30

Marie

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 14h30

Marina

ES – 5

Monsieur Yves

 

Samedi, 13h30

Marion

ES – 1

Jeudi, 20h30

Mathilde

L – Direction

Monsieur Raphaël

Mercredi, 15h30

Monica

ES – 5

Monsieur Yves

Samedi, 13h

Naomy

L – 2

 

Monsieur Raphaël

 

Mercredi, 17h30

Noémie

Mardi, 18h

Oriane

ES – 1

 

Monsieur Yves

 

Samedi, 17h

Pauline

Jeudi, 18h30

Renata

ES – 5

Samedi, 16h30

Salomé

L – 3

Monsieur Raphaël

Samedi, 9h

Sophie

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 11h30

Valentine

L – 3

Monsieur Raphaël

Mercredi, 20h30

Willow

ES – 5

Monsieur Yves

Samedi, 16h

Yéline

L – 3

Monsieur Raphaël

Samedi, 10h30

Zoé

S – 4

Madame Constance

Mercredi, 13h30

 

                J’en étais sûre. J’étais sûre que c’était pour aujourd’hui. J’en étais persuadée. J’avais une chance sur dix d’avoir rendez-vous ce soir. Eh ben pas loupé, c’était pour ma pomme. Je n’avais même pas le temps de me préparer.

 

                C’est donc angoissée pour le rendez-vous de ce soir que j’allai à mon cours de piano. Je frappai à la porte. Monsieur Alexandre m’ouvrit et attrapa instantanément mon poignet. Sans que je comprenne ce qui se passe, je me retrouvai en deux temps trois mouvements en travers de ses genoux. Alors que mon prof de musique remontait ma jupe et baissait ma culotte, je le suppliai de me dire ce que j’avais bien pu faire de mal.

-          Tu es en retard, Clémence ! Tu as quatre minutes de retard ! Puisque j’en ai marre de te répéter que tu dois être ponctuelle, je passe à l’action ! Quatre minutes de retard équivaut à quatre minutes de fessée !

Je n’eus pas le temps d’appréhender cette fessée (qui, je le savais, serait très douloureuse puisque Monsieur Alexandre ne fait jamais dans la clémence) : les claques commencèrent à tomber. Sèches, fortes et rapides. Elle fut très compliquée à supporter. Comme rarement, je me débattis et pleurai toutes les larmes de mon corps. Cette fessée était non seulement très bonne, mais en plus elle ravivait les stigmates de la punition de Monsieur Matthieu reçue la veille. C’était très douloureux. Trop douloureux.

                Lorsque les quatre minutes furent passées, Monsieur Alexandre me releva de ses genoux et me gronda :

-          Je ne veux plus que tu sois en retard, Clémence ! Le Grand Conservatoire n’admet que des élèves ponctuels ! C’est bien compris ?

-          Oui, Monsieur, répondis-je en tentant de contrôler mes pleurs.

J’aurais voulu lui expliquer que j’avais dû prendre connaissance de mon rendez-vous et que cela avait pris du temps, mais il n’aurait rien voulu savoir. Il m’aurait peut-être même redonné une fessée ; et c’était la dernière chose que je voulais.

-          Bien ! Tu t’assois sur le banc, fesses nues ! Si je dois te redonner une fessée, au moins, je n’aurai pas à te redéculotter !

Monsieur Alexandre me mit le bandeau sur les yeux pour que je joue à l’aveugle : néanmoins, je continuais de pleurer, si bien que le bandeau fut vite trempé à l’endroit de mes yeux. Cependant, je ne me plaignis pas et me tins à carreaux pour le reste du cours.

                La leçon terminée, je me rhabillai, dis au revoir à Monsieur Alexandre et filai en cours de français.

                Exceptionnellement, cette après-midi, au lieu d’avoir deux heures de philo, nous aurions une heure de français puis une heure de philo.

 

                Alors que je me tenais debout derrière ma chaise et ma table, Mathilde me lança :

-          T’as une sale tête. T’en as pris une avec Alexandre ?

J’hochai la tête pour toute réponse.

-          Merde, dit-elle en me caressant le dos de la main. Désolée.

Monsieur Raphaël entra dans la classe, monta sur l’estrade, posa sa mallette en vieux cuir sur le bureau, jeta un coup d’œil à la classe et dit :

-          Bonjour à toutes. Asseyez-vous.

Nous nous exécutâmes.

-          Bien. Avez-vous été informées de vos rendez-vous respectifs ?

-          Oui, répondîmes certaines d’entre nous.

-          Oui Monsieur, nous reprit le prof.

-          Oui Monsieur, reprirent certaines de mes camarades (certainement pas moi !).

-          Très bien. J’espère alors pour vous que vos résultats de ces trois premières semaines sont satisfaisants.

Il ne fout pas du tout la pression, lui…

 

                Le cours commença. Monsieur Raphaël nous annonça que nous allions aujourd’hui travailler sur un poème de Victor Hugo, « Demain dès l’aube ». C’est un poème que je connais déjà par cœur puisque Les Contemplations faisait partie des œuvres littéraires que Célestine me lisait avant de dormir. Oui, j’ai été élevée par une grande sœur professeure de Lettres. Je n’ai pas eu droit à tous ces contes pour enfants que tout le monde connaît : moi, on me lisait du Hugo, du Balzac, du Flaubert ou encore du Rimbaud.

                Durant la lecture du poème par le prof, Jessica et Charline se mirent à pouffer de rire. Monsieur Raphaël se stoppa instantanément. Il se leva et dit sobrement :

-          Vous deux. Debout. Immédiatement.

Les filles se levèrent, non sans appréhension. Monsieur Raphaël ouvrit un des placards de la classe et en sortit un pot de gros sel. Il se rendit ensuite au fond de la classe et dispersa du gros sel par terre. Il regarda ensuite Jessica et Charline et pointa le sol du doigt en ordonnant :

-          Ici.

Lorsqu’elles furent arrivées à sa hauteur, le prof de littérature ordonna :

-          A genoux.

Il ne sait clairement pas faire de phrase. Pour un professeur de français, c’est un comble !

Mes deux camarades s’exécutèrent, puis Monsieur Raphaël leur ordonna de mettre les mains sur la tête. La douleur se lisait déjà sur les visages de Jess et Charline.

-          Je vous déconseille fortement de bouger, prévint Monsieur Raphaël avant de retourner à son bureau.

Ah ben si, il sait faire des phrases, en fin de compte !

-          Bien, reprenons !

 

Jessica et Charline restèrent plusieurs minutes agenouillées sur le gros sel avec les mains sur la tête. Elles avaient vraiment l’air de souffrir le martyr ! Il est clair que vu le calibre des punitions qu’il distribuait déjà, je croyais parfaitement Monsieur Raphaël quand il nous avait prévenues « Croyez-moi, vous n’avez pas du tout envie de recevoir une fessée de ma part ! ». Et puisqu’il avait dit : « Je réserve la fessée aux très grosses bêtises », cela me fichait encore plus la trouille. Le regain d’espièglerie que j’avais ressenti la veille envers mon nouveau prof de littérature venait de s’éteindre pour de bon.

-          Vous allez vous répartir en groupe de quatre. Un groupe travaillera sur les rimes et la longueur des vers, un autre sur les figures de style, un autre sur la première strophe, un autre sur la deuxième strophe et un dernier sur la troisième strophe.

Puis, il s’adressa à Jessica et Charline en disant :

-          Vous pouvez vous relever. Je vous déconseille de faire d’autres vagues.

Je crois qu’elles n’en avaient plus tellement envie.

                Malheureusement, durant le travail en groupe, il se passa ce qui se passa durant tous les travaux de groupe : nous bavardâmes beaucoup plus que nous travaillâmes. Mathilde et moi étions avec Emilie et Astrid, de bonnes copines : idéal pour un climat salon de thé.

Le prof nous gronda plusieurs fois : « Silence ! Au travail ! ». Au bout de la troisième fois, je pestai à mes copines :

-          Il ne sait pas faire de phrase complète ? Et puis comment veut-il qu’on travaille en groupe si on doit se taire ?

A la tête de mes copines, je sus instantanément que Monsieur Raphaël se tenait juste derrière moi. Une goutte de sueur perla sur mon front.

-          Vous vous croyez plus maligne que les autres, Mademoiselle Clémence ?

-          Non Monsieur, répondis-je, terrorisée.

-          J’informerai Monsieur Éric que je vous retire une heure sur votre couvre-feu habituel. Ce sera à 20h au lieu de 21h.

-          J’ai rendez-vous avec vous à 20h30 ce soir, rétorquai-je pour me sauver la mise.

-          Alors ce sera effectif à partir de demain soir et ce, pendant une semaine.

-          Mais Monsieur, vous ne pouvez pas faire ça ! protestai-je.

-          Vous avez à contester, Mademoiselle ? demanda-t-il.

-          Non Monsieur, répondis-je les dents serrées.

-          Je préfère ça, dit-il.

Lorsqu’il fut assez loin pour être sûre qu’il ne m’entende pas, je lâchai un « connard ! » dans lequel j’investis toute ma colère. J’étais bien décidée à ne pas respecter ce couvre-feu.

 

                Lorsque l’heure se termina, ce fut une véritable libération. Nous prîmes nos affaires et nous nous rendîmes en salle de philo pour avoir cours avec Monsieur Yves. J’avais un instant oublié que le gars nous avait virées de cours hier. Ouais, bon. Je ne gagnais peut-être pas au change.

 

                Monsieur Yves nous fit une espèce de cours-débat vachement bien mené. Le sujet était : « Discuter, est-ce renoncer à la violence ? ». Monsieur Yves divisa la classe en deux : d’un côté ceux qui répondaient oui, de l’autre ceux qui répondaient non. Cela rendit le cours extrêmement intéressant et nous nous prîmes toutes au jeu. Monsieur Yves gagnait des points !

                Vingt minutes avant la fin du cours, Monsieur Yves nous demanda ce que nous avions retenu de la séance pour pouvoir construire la leçon ensemble. Il nous interrogea mes camarades et moi ; mais puisque mes copines étaient beaucoup à participer, je ne voyais pas l’intérêt de participer, moi aussi. Je me mis alors à gribouiller sur mon cahier, faisant un joli dessin au crayon à papier.

 

-          Mademoiselle Clémence ? m’interpella Monsieur Yves, me sortant de ma rêverie.

-          Oui ? sursautai-je.

-          Je ne vous entends pas participer. Qu’étiez-vous en train de noter ?

-          Euh, j’étais en train de noter ce que mes camarades disaient.

-          Ah oui ? J’ai pourtant demandé à ce qu’on pose les stylos pour le moment !

-          Ah ben euh… Je n’ai pas entendu…

-          Que disaient vos camarades, alors ? Puisque vous l’avez noté, vous devez être capable de nous le redire !

-          Euh… Eh bien… Euh…

-          Mademoiselle Clémence, j’espère pour vous que vous avez réellement noté ce que vos camarades disaient, sinon cela veut dire que vous m’avez menti. Et si vous m’avez menti, je vais être dans l’obligation de vous donner une fessée pour être sûr que vous ne recommenciez pas.

-          Oh non ! suppliai-je. Monsieur, s’il vous plaît…

-          Alors Clémence ? J’attends la lecture de vos notes !

-         

-          Rien ? Très bien.

Monsieur Yves posa la craie qu’il avait dans la main sur le bureau et se frotta les mains pour enlever le dépôt de craie resté sur ses doigts et paumes. Puis, il descendit de l’estrade, et me fonça dessus. Il s’empara de mon cahier et découvrit bien vite le petit chien que j’avais dessiné au crayon à papier.

-          Ce sont ça, vos notes ?! me gronda-t-il avant de m’attraper par le bras pour me sortir de la chaise.

Je fus instantanément penchée sous son bras. Il releva ma jupe, baissa ma culotte et frappa très vigoureusement mon derrière déjà écarlate à cause de Monsieur Alexandre.

Mon nouveau prof de philo filait de sacrées claques, parfois comparables à celles données par les membres de la direction. Je ne mis pas longtemps à verser quelques larmes.

                Après cette courte mais intense et humiliante fessée, Monsieur Yves me laissa me relever et me prévint, sans élever la voix :

-          La prochaine fois que vous me mentez, ce sera sur mes genoux que vous finirez ! Et croyez-moi, vous ne serez pas prête d’en bouger ! Je vous le garantis !

Je le croyais sans difficulté, vu le point auquel mes fesses me brûlaient.

 

                Je me tins à carreaux jusqu’à l’heure du rendez-vous fixé avec Monsieur Éric et Monsieur Raphaël. Parmi les quatre qui étaient passées avant moi, seule une avait reçu une fessée. J’espérais de tout cœur que ce ne soit pas aussi mon cas. J’avais eu mon quota pour la journée.

 

-          Entrez !

Ouvrir la porte et la refermer derrière moi fut une véritable épreuve. Je n’avais pas du tout envie de me retrouver seule dans une pièce avec Monsieur Raphaël et Monsieur Éric.

-          Clémence, nous sommes ici pour parler de tes résultats concernant les semaines qui se sont écoulées depuis la rentrée. Expliqua le Directeur. Comment te sens-tu d’un point de vue scolaire ?

-          Pour l’instant, je ne me sens pas trop mal, dis-je en toute sincérité. J’arrive à suivre et je n’ai pas de trop mauvaises notes.

-          Exactement, dit Monsieur Éric avec un grand sourire. Tu es même la première de ta classe, et même de tout le Pensionnat. Mes félicitations.

Je fus un brin soulagée, je dois bien l’avouer.

-          Cependant, c’est ton comportement qui laisse fortement à désirer, Clémence.

Je déchantai assez rapidement.

-          Tu le sais bien, reprit Monsieur Éric, on en a parlé plusieurs fois, tu es absolument exécrable. Si tu es la meilleure élève de tout l’établissement, tu es aussi celle qui a été le plus punie. Tu reçois quasiment au moins une fessée tous les jours, Clémence ! Tu te rends compte qu’il y a des élèves dans le Pensionnat qui n’en ont jamais reçu ? Ou qui n’en ont reçu qu’une seule ? Cela fait trois semaines et tu nous as déjà fait les quatre cents coups !

-          Je suis désolée, Monsieur, dis-je sincèrement.

-          Je sais que tu es désolée, Clémence. Cependant, cela ne suffit pas. J’ai donc discuté de ton cas avec Monsieur Lionel, Monsieur Matthieu et Monsieur Raphaël. Nous allons faire une réunion te concernant dimanche après-midi. Et… ton frère et ta sœur seront présents.

-          C’est un conseil de discipline ? demandai-je en ravalant la boule dans ma gorge et en tentant de garder la tête froide.

-          Non, c’est une réunion. Dans ce Pensionnat, il n’y a pas de conseil de discipline. Nous ne renvoyons pas les élèves. Cependant, nous pouvons prendre des mesures exceptionnelles en termes de punition ; c’est ce que nous devons déterminer lors de cette réunion dimanche après-midi : si ces mesures exceptionnelles s’imposent ou non.

-          Concrètement, qu’est-ce que je risque ? demandai-je, laissant quelques larmes rouler sur mes joues.

-          Eh bien, je pense que tu risques déjà un sale quart d’heure avec ta fratrie. Ensuite, tu peux recevoir une punition exceptionnelle comme par exemple dix minutes de fessée tous les soirs, quoiqu’il arrive, quoique tu aies fait, tu prendrais dix minutes de fessée tous les soirs jusqu’à ce que tu enchaînes un certain nombre de jours sans bêtises. C’est ce genre de mesure exceptionnelle que nous devons déterminer.

-          Est-ce que vous avez compris que la situation est grave, Clémence ? me demanda mon prof principal.

-          Oui, j’ai compris Monsieur, répondis-je entre deux larmes.

-          Bien, dit mon prof de littérature. Le bilan est donc : résultats scolaires admirables mais comportement inacceptable. Continuez à avoir de bonnes notes mais assagissez-vous, Clémence.

-          Oui, Monsieur, trouvai-je à répondre.

-          Puisque tu as tout compris, je souhaite que tu ailles te préparer pour dormir, s’il te plaît, Clémence.

Je m’exécutai tel un zombie.

 

                Avant de dormir, Monsieur Éric me rappela que ce n’est pas parce que j’ai droit à une réunion exceptionnelle dimanche après-midi que je ne suis pas encore et toujours soumise aux règles du Pensionnat. Je peux toujours recevoir une fessée !

Néanmoins, il valait mieux que je me tienne à carreaux. Vu ce qui m’attendait dimanche, il me faudrait des fesses immaculées pour tenir le choc. Côme va me massacrer.

 

A suivre…

La suite !

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Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -