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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 25)

 



Mercredi 25 septembre 2019.


                Croyez-le ou non, ce jour-là, je fus irréprochable. Pas une seule fessée ne tomba. Pas une, je vous dis ! En même temps, mes fesses avaient bien mérité de se reposer après la fessée de mon prof de piano et le recadrage de mon prof de philo.

 


Jeudi 26 septembre 2019.

 

                Plus que trois jours avant que Côme et Célestine viennent me pulvériser sur place. Trois jours avant que je perde la vie.

                Ce jour-là aussi, je fus sage comme une image. Je ne passai pas loin d’une fessée (Madame Jeanine nous avait vues traîner dans les couloirs pendant le cours d’espagnol Yéline et moi ; mais c’était parce que Monsieur Thomas m’avait demandé d’emmener Yéline à l’infirmerie à cause d’une migraine persistante), et même d’une deuxième fessée (Monsieur Thomas trouvait que j’avais mis trop de temps à revenir en cours ; c’était parce que l’infirmière s’était absentée au petit coin et que nous avions dû l’attendre), mais je n’en reçus aucune.

 


Vendredi 27 septembre 2019.

 

                J-2. Mes fesses redevenues blanches immaculées, je me tenais toujours à carreaux, ce qui me valut une réflexion de la part de Monsieur Interminable : « Nous devrions faire une réunion à votre sujet plus souvent, Mademoiselle Clémence ! ». Monsieur Matthieu se permit même d’ajouter : « On s’ennuierait presque, sans vos bêtises ! ».

Pourtant, la direction avait eu bien du fil à retordre : la classe de TES, composée des dortoirs 1 & 5 avait décidé de boycotter le cours de Monsieur Raphaël sous prétexte que celui-ci donne trop de devoirs. S’en était suivie une punition collective dans le réfectoire en présence de tout le Pensionnat. Les vingt élèves de la filière économique et sociale avaient reçu une déculottée magistrale. Les bourreaux ? Comme souvent pour les punitions exemplaires : Monsieur le Directeur, Monsieur le Directeur-Adjoint et Monsieur le Surveillant Général. Celle qui tombait sur Monsieur Éric était malchanceuse : les claques sont tellement fortes qu’on regretterait presque d’être venu au monde. Celle qui tombait sur Monsieur Lionel était également malchanceuse : elle recevait une fessée plus longue que les autres. Monsieur Lionel veut toujours s’assurer qu’on a retenu la leçon et pour cela, il ne se gêne jamais pour allonger très grandement le temps passé sur ses genoux. Quant à celle qui tombait sur mon bien-aimé Monsieur Matthieu, elle était tout autant malchanceuse : le Surveillant Général ne s’arrête que rarement avant que des larmes soient versées. Si sa victime pleure, c’est alors que la leçon a pénétré ; sinon, c’est qu’il faut continuer de taper.

                Ce jour-là, la classe de TES en a sacrément pris pour son grade. Même si je culpabilise de vous le dire, j’étais tout de même bien contente, pour une fois, d’être spectatrice et non pas actrice de cette représentation cuisante.

 


Samedi 28 septembre 2019.

 

                Le dirlo annonça que puisque la journée du lendemain ne permettait pas le bon déroulé de la sortie bimensuelle (sûrement à cause de la réunion me concernant…), cette dernière s’effectuerait aujourd’hui, samedi.

                Dans le bus pour aller au parc animalier des loups de Chabrières, je ne discutais pas, laissant mon regard admirer le paysage à travers la vitre du bus.

-          Clem, ça ne va pas ? me demanda Bertille, assise à côté de moi. Tu nous as dit que les loups étaient tes animaux préférés, tu devrais être contente d’aller dans un zoo qui leur est dédié !

-          Oui, bien sûr, répondis-je sans conviction.

Abigaëlle, assise devant nous, se retourna pour nous regarder. Jessica, sa voisine, fit de même.

-          Clem, qu’est-ce qui se passe ? m’interrogera Abi.

-          Je sais ce qu’elle a, dit Jessica. Mais je ne sais pas si elle est d’accord pour que j’en parle.

-          Je m’en fiche, tu peux parler, dis-je, convaincue que Jess était à côté de la plaque.

-          Tu es sûre ? me demanda ma copine.

-          Oui, oui, vas-y ! insistai-je.

-          Elle a fait trop de bêtises depuis la rentrée au Pensionnat, narra Jessica. Du coup, le dirlo a convoqué son frère et sa sœur pour parler de son comportement.

-          Comment tu sais ? demandai-je à mon ancienne camarade du dortoir n°2.

-          C’est Mathilde qui nous l’a expliqué, répondit Jess.

Je décidai de faire la tête à Mathilde pour m’avoir trahie et ce, sur le champ.

-          T’as peur de ton frère et de ta sœur ? demanda Abigaëlle. Pourtant, ils ne peuvent rien te faire !

-          Ils peuvent me coller une fessée, dis-je en tentant de calmer la panique qui s’éveilla en moi à la suite de cette phrase.

-          C’est bon, t’as dix-huit ans ! commenta Bertille.

-          Et alors ? répondis-je. Mon frère et ma sœur disent toujours qu’il n’y a pas d’âge pour recevoir une bonne fessée. Sinon, ils ne m’auraient jamais envoyée dans ce foutu pensionnat…

-          Ben justement, dit Jessica, avec toutes les fessées que t’as prises depuis le début de l’année, t’as encore peur de t’en prendre une ?

-          Je te ferais dire qu’on ne s’y habitue pas vraiment ! aboyai-je à Jess. Ce n’est pas parce que j’en ai pris un certain nombre, que je ne les crains plus ! Bien sûr que je crains de recevoir une fessée ! J’ai peur à chaque fois ! Quelle que soit la personne qui menace de me la donner, j’en ai toujours peur ! Faudrait être taré pour ne pas craindre de prendre une fessée ! C’est on ne peut plus humiliant et ça fait terriblement mal !

-          Ne t’énerve pas Clémence, je suis désolée… reprit Jessica, penaude. C’est juste que… t’as déjà pris de sacrées volées de la part de tous les membres de la Direction alors… avec ton frère et ta sœur ça va sûrement être moins pire, non ?

-          Quand j’avais douze ans, j’ai traité ma sœur de « connasse » parce qu’elle ne voulait pas me laisser aller à l’anniversaire d’un ami. J’ai pris deux cents coups de martinet, cul nu. Je n’ai pas pu m’asseoir sans un coussin pendant trois jours. Je ne l’ai plus jamais insultée.

-          Ouah, chaud ! s’exclama Bertille.

-          Quant à mon frère, pas plus tard que l’année dernière, je lui ai menti en lui disant que j’allais à la bibliothèque pour réviser pour le bac ; au lieu de ça, je suis allée fumer des joins avec des potes. Quand il l’a découvert, il m’a collé une déculottée de vingt-cinq minutes non-stop. Et il a recommencé tous les soirs pendant une semaine. Ça, pour me faire payer mon mensonge et le fait d’avoir fumé du shit.

-          Ah ouais d’accord, ils ne rigolent pas ton frangin et ta frangine ! s’exclama Jessica, la seule parmi toutes celles qui avaient entendu la conversation à avoir gardé sa capacité à parler.

-          Non, confirmai-je. Des histoires comme ça, j’en ai encore quelques-unes. Quand j’étais toute petite, ça se limitait à quelques tapes sur les fesses, puis quand je suis entrée au CP, j’ai découvert la fessée déculottée allongée en travers des genoux. Puis, à mon entrée en CM1, j’ai découvert le martinet, même si au début c’étaient aussi deux-trois coups par-ci par-là pour éviter la récidive. Et puis j’ai grandi, mes bêtises aussi, et les punitions aussi. Même si j’ai fait pas mal de bêtises, je peux vous jurer qu’il n’y a pas un seul jour où j’étais sereine à l’idée que mon frère et/ou ma sœur découvre mes frasques. Et demain, ils vont faire le voyage depuis Paris parce qu’ils m’ont collée dans un Pensionnat ultra-sévère et que je ne suis toujours pas sage. Je peux vous assurer que j’aimerais vraiment bien que ce soit le dirlo, le D.-A. ou le S.-G. qui s’occupe de mon cas demain soir ; parce qu’avec mon frère et ma sœur, je pense que je ne vais plus avoir de fesses.

J’avais jeté un froid à cinq mètres à la ronde. Toutes mes camarades écoutant et/ou participant à la conversation s’étaient tu.

-          En fait, elle est pourrie ta vie ! dit Barbara. T’as pris des fessées non-stop depuis ta naissance, quoi !

-          T’es conne ou tu l’fais exprès ?! l’agressai-je. Je n’ai pas pris des fessées non-stop ! Je n’ai jamais été une enfant sage, c’est vrai, mais ça ne veut pas dire que j’me ramassais des volées tous les jours ! Ça ne tombait que pour les très grosses bêtises, on va dire quoi…une fois par mois ? Une fois tous les deux mois ? Enfin, je n’étais pas une enfant battue, faut arrêter !

-          C’est bon, j’posais juste une question, wesh ! rétorqua Barbara.

-          Ouais ben t’aurais mieux fait d’la fermer ! tranchai-je avec colère. Maintenant, soyez gentilles et ne me posez plus de questions !

Tout le monde se tut jusqu’à l’arrivée au parc animalier.

 

                En sortant du bus, Madame Valérie demanda qu’on se range deux par deux. Mathilde me sauta dessus :

-          Tu t’ranges, Clem ?

Je l’ignorai.

-          Qu’est-ce que t’as ?! T’as tes règles ou quoi ?!

Montée en pression, je craquai :

-          Comment ça se fait que Jessica était au courant pour la réunion de demain ?! Je n’en avais parlé qu’à toi !

-          Ben, j’en sais rien…

-          Arrête, Mathilde ! Elle m’a dit que c’était toi qui lui en avais parlé ! Alors maintenant, t’es gentille mais tu ne m’adresses plus la parole jusqu’à ce que je digère ta trahison !

Penaude, elle alla voir ailleurs ; je me rangeai avec Camille.

 

                Je tentai de profiter de la sortie du mieux que je pouvais ; ce n’était pas facile. Dans ma tête, c’était le gros bazar : entre ma colère envers Mathilde, mon appréhension envers la réunion de demain et le plaisir que me procurait cette sortie… C’était vraiment compliqué.

 

Dimanche 29 septembre 2019.

 

                Le jour fatidique.

                Durant la messe, je priais le Seigneur pour que mon frère et ma sœur ne soient pas trop durs avec moi ; et en même temps, je ne pouvais pas dire que je ne l’avais pas mérité. Il est vrai que j’avais enchaîné les frasques depuis quatre semaines, plus que d’habitude. Peut-être que cela avait été un moyen pour moi de rejeter ce fonctionnement hyper strict propre à cette école ; ou alors de montrer mon mécontentement contre Côme et Célestine qui m’ont envoyée ici contre mon gré. Si on me laisse plaider ma cause, c’est sûrement ce que je dirai.

 

                Pour le moment, j’attends. Il est quinze heures et je suis assise sur une chaise dans le couloir des bureaux de la Direction. Je sais que Côme et Célestine sont à l’intérieur de la salle de réunion, dont la porte se trouve juste en face de moi ; mais je n’ai pas encore eu l’occasion de croiser ma fratrie.

Je me suis mise dans de sacrés sales draps. Suis-je un cas désespéré ? Serai-je un jour capable d’être compatible avec la société ? Côme et Célestine devaient se demander ce qu’ils pourraient bien faire de moi.

 

                Après plusieurs minutes d’appréhension, la porte s’ouvrit. Mon regard se posa sur le visage bienveillant de Monsieur Matthieu. Le Surveillant Général me dit avec gentillesse :

-          Clémence, vous pouvez entrer.

Submergée par le stress, je réussis néanmoins à me lever et à pénétrer dans la salle de réunion.

                J’arrivai face à des tables disposées en U. Nous étions disposés ainsi :

 


                Alors que tout le monde était assis sur une chaise confortable, moi j’étais debout face à tout le monde. J’avais repéré une chaise contre le mur mais je n’osai pas la prendre tant que je n’en avais pas l’autorisation.

Chaque adulte avait sur sa table un écriteau avec sa civilité, son prénom et son rôle. Lorsque je lus « Monsieur Côme, frère et tuteur légal de Mademoiselle Clémence » et « Madame Célestine, sœur et tutrice légale de Mademoiselle Clémence », mon stress augmenta. Je ne sais pourquoi ces petits écriteaux me déstabilisaient autant.

Chaque adulte avait également un stylo (aux couleurs et nom du Pensionnat !) et des feuilles blanches pour prendre des notes si besoin.

Les stores étaient fermés, ce qui rendait la pièce sombre. La lumière était allumée. 

Côme et Célestine ne m’avaient pour l’instant pas lancé un seul regard. Lorsqu’ils me fuient ainsi, je sais que c’est parce que leur colère a atteint son paroxysme. La dernière fois qu’ils m’ont fui du regard, j’avais reçu une fessée dont je me souviendrai jusqu’à mon dernier souffle.

                Soudain, Monsieur Éric prit la parole, me sortant de mon errance intellectuelle :

-          Bien, puisque nous nous sommes déjà présentés les uns aux autres avant l’entrée de Mademoiselle Clémence dans cette pièce, nous allons pouvoir débuter cette réunion de manière officielle. Clémence, à chaque fois que nous te poserons une question, tu devras terminer ta phrase par le nom de la personne qui t’a interrogée, ou par l’intitulé de son rôle dans l’établissement. Tu as compris ?

-          Oui, Monsieur le Directeur, dis-je sagement.

-          Très bien, m’encouragea Monsieur Éric. Clémence, sais-tu pourquoi tu es là ?

-          Oui, Monsieur le Directeur, répondis-je, le regard oscillant entre Monsieur Éric et le sol.

-          Peux-tu nous le dire ?

-          Oui, Monsieur le Directeur.

-          Nous t’écoutons, alors.

-          Je n’ai pas été sage depuis la rentrée, Monsieur le Directeur. J’ai fait de nombreuses bêtises et c’est pour cela que cette réunion a lieu, Monsieur le Directeur.

Cela me gavait déjà de répéter « Monsieur le Directeur » mais je n’avais pas le choix : il fallait que je mette toutes les chances de mon côté.

-          Monsieur Lionel, dit Monsieur Éric en se tournant vers son Adjoint. La liste des frasques de Clémence est en votre possession. Nous vous écoutons.

Ils allaient vraiment relater quatre semaines de bêtises, là ?!

Oui, ils allaient vraiment le faire.

Monsieur Interminable se lança :

« Premier jour : Insolence envers Mesdames Maud et Valérie, surveillantes du dortoir n°2. Le soir, Mademoiselle Clémence a refusé d’éteindre les feux à l’heure. »

« Deuxième jour : Mademoiselle Clémence a été insolente envers Madame Christelle. »

« Troisième jour : Mademoiselle Clémence a saccagé la chambre de Madame Christelle pour se venger de la fessée reçue la veille. »

« Quatrième jour : Mademoiselle Clémence a reçu un zéro sur vingt en philosophie pour avoir refusé d’effectuer l’interrogation écrite. »

« Huitième jour : Mademoiselle Clémence a bavardé durant le cours de littérature. »

« Neuvième jour : Mademoiselle Clémence a insulté sa professeure de piano ; puis, elle a envoyé son professeur de philo, je cite : « se faire foutre ». »

« Dixième jour : Mademoiselle Clémence et ses copines ont désobéi au règlement de l’école en allant se promener dans la forêt, ce qui est interdit aux élèves. Puis, elle s’est fait porter pâle pour échapper à la punition écrite qui avait été donnée. »

« Onzième jour : Mademoiselle Clémence a bavardé pendant le cours de français. Plus tard dans la journée, Mademoiselle Clémence a cru drôle d’écrire un mot d’insulte concernant Monsieur Matthieu. »

« Douzième jour : Mademoiselle Clémence n’a pas effectué sa punition écrite donnée par son professeur de littérature.  Puis, elle fit une fugue avec Mademoiselle Mathilde pour échapper au courroux de Monsieur Jean. »

« Treizième jour : Mademoiselle Clémence s’est amusée à courir dans les couloirs avec ses camarades, alors que cela est formellement interdit par le règlement. »

« Quatorzième jour : Mademoiselle Clémence fut insolente envers Madame Martine. »

« Quinzième jour : Mademoiselle Clémence tint tête à son professeur de philosophie et n’a pas fait ses devoirs dans cette matière. Puis, elle s’est permise de s’auto-dispenser de la punition écrite donnée par le Surveillant Général. Le soir, elle a menti à Monsieur le Directeur en prétendant avoir fait ses devoirs alors qu’il n’en était rien. »

« Seizième jour : Mademoiselle Clémence a, avec l’aide de quelques camarades, saccagé les affaires de ses professeurs de littérature et de philosophie. Puis, elle arriva en retard à son cours de littérature anglaise. »

« Dix-huitième jour : Mademoiselle Clémence fut insolente envers Monsieur Jean. »

« Vingtième jour : Mademoiselle Clémence fut en retard à son cours de piano. De plus, elle a refusé de faire ses devoirs et a menti au Directeur-Adjoint. »

« Vingt-et-unième jour : Mademoiselle Clémence fit preuve d’insolence envers Monsieur Lionel et ce, à plusieurs reprises. »

« Vingt-deuxième jour : Mademoiselle Clémence fut exclue du cours de philosophie pour cause de bavardages et de mauvais comportement en classe. Ensuite, elle arriva en retard au cours de littérature. Au lieu d’écouter pour rattraper son retard, elle échangea de petits mots avec sa camarade, Mademoiselle Mathilde.

« Vingt-troisième jour : Mademoiselle Clémence est une nouvelle fois arrivée en retard à son cours de piano. Puis, elle fut insolente envers Monsieur Raphaël. Ensuite, elle se permit de mentir à Monsieur Yves. »

-          Bien, je vous remercie Monsieur le Directeur-Adjoint, dit Monsieur Éric. Maintenant que les faits ont été énumérés, Clémence, tu peux prendre la chaise qui se trouve derrière toi, l’amener à l’endroit où tu te trouves actuellement et t’asseoir dessus.

-          Merci Monsieur le Directeur, répondis-je en obéissant.

-          Nous avons donc bien en mémoire la liste des frasques de Clémence, dit le dirlo. Je vois que l’insolence ressort énormément, ainsi que les bavardages, les mensonges et les retards.

-          Mais j’ai été punie pour tout ça ! lançai-je sans contrôle avant de me faire fusiller du regard par mon frère.

-          Nous ne t’avons pas donné la parole ! me gronda Monsieur Éric. De plus, heureusement que tu as été punie pour tout cela ! Sinon, je crois que cet établissement n’aurait plus de murs ! Maintenant, je te donne la parole, Clémence. Qu’as-tu à dire pour ta défense ?

-          Je… Je ne suis pas méchante, dis-je. Je… Je ne suis vraiment pas une jeune fille méchante. Je suis juste du côté de la justice. Et ma vie est une succession d’injustices ! C’est injuste que je n’aie pas pu connaître mes parents, injuste qu’ils soient morts dans cet accident, et pas moi ! C’est injuste que je n’aie pas pu avoir mon bac alors que je suis une bonne élève ! Injuste que j’aie été envoyée ici ! Et depuis mon arrivée dans cette école, il y a aussi eu plein d’injustices ! Monsieur Nicolas, Monsieur Jean et Madame Elena punissaient injustement ! La bande de filles qui m’a agressée l’a fait injustement aussi ! Alors j’essaie de me battre pour la justice. Je ne m’y prends pas forcément bien, mais j’essaie quand même. Et pour ce qui est de l’insolence, oui, je m’emporte parfois vite et je ne réfléchis pas avant de parler. J’en suis désolée. Pour les retards, sachez que je n’ai jamais été quelqu’un de ponctuel. Pour les mensonges, il m’arrive de mentir pour pouvoir éviter une fessée, oui, je l’avoue. Mais toutes ces bêtises, je ne les ai pas faites dans le but de vous embêter – enfin, quelques-unes si… mais pas toutes - ! C’est juste que… j’ai du mal à respecter les règlements.

-          C’est bien beau ce discours, Clémence, reprit Monsieur Lionel. C’est ce que vous direz à votre patron lorsque vous aurez un travail dans quelques années ? S’il vous reproche d’être en retard, vous lui direz que vous n’êtes pas quelqu’un de ponctuel ? S’il vous reproche d’être insolente, vous lui direz que vous ne réfléchissez pas avant de parler ? Toutes les excuses que vous venez de nous donner, ça ne fonctionnera pas une fois que vous serez dans le monde du travail ! Avec un comportement pareil, on vous fichera à la porte, Clémence ! Et puisque les nouvelles vont vite, je peux vous garantir que vous aurez bien du mal à retrouver un travail qui vous convient ! Vous devez apprendre dès maintenant à avoir un comportement correct ! Vous vous rendez compte que cela ne fait que quatre semaines que vous êtes là et que nous sommes déjà en train de faire une réunion disciplinaire à votre encontre ?! Vous vous rendez compte de la gravité de votre comportement, Clémence ?!

-          Oui Monsieur le Directeur-Adjoint, répondis-je les yeux rivés vers le sol.

-          Je n’en ai pas l’impression ! reprit Monsieur Interminable. Quelqu’un dans cette pièce pense que Clémence se rend compte de la gravité de son attitude ?

Personne n’acquiesça.

-          C’est bien ce que je pensais ! continua Monsieur Lionel. Vous savez ce que je pense, Clémence ? Je pense que nous n’avons pas été assez dissuasifs avec vous ! Lorsque vous avez fugué, vous avez reçu une punition exemplaire de la part du Directeur ; bizarrement, cela ne vous a même pas traversé l’esprit de réitérer ce genre de bêtise ! Cependant, vous vous permettez d’être insolente à tout va puisqu’à chaque fois que vous l’êtes, vous vous en sortez avec une petite déculottée de deux ou trois minutes ! A force, vous y êtes habituée ! Une petite déculottée de deux ou trois minutes ne vous fait clairement pas autant d’effet que si vous passiez dix bonnes minutes à recevoir de très bonnes claques ! Parce que si vous craigniez une déculottée d’un quart heure à chaque fois que vous êtes insolente, je vous parie que votre réflexion tournerait à plein régime avant que vous ouvriez la bouche !

La réplique de Monsieur Interminable aurait pu passer pour un simple avis personnel si mon frère n’avait pas dit :

-          Je suis totalement d’accord avec Monsieur Lionel.

Le reste de mon année ici se déroulerait d’une façon beaucoup moins cool.

-          Votre proposition, Monsieur le Directeur-Adjoint, serait d’instaurer un barème spécifique à Clémence, qui augmenterait en sévérité à chaque récidive ? s’informa Monsieur Éric auprès de son collègue.

-          C’est exact, confirma Monsieur Interminable. Pour une insolence, le barème de départ pourrait être une déculottée de trois minutes. Puis s’il y a récidive, cela passera à six minutes, etc. Et cela, pour chaque bêtise que Clémence fera. Il y aurait un barème commun aux enseignants et aux surveillantes, puis un barème déjà plus strict, commun aux trois membres de la Direction ; car il faut bien que Clémence comprenne qu’une insolence envers un professeur et une insolence envers un membre de la Direction, ce n’est déjà plus le même tarif. Ainsi, elle apprendra déjà à respecter la hiérarchie.

-          Je trouve que c’est une excellente idée, approuva Monsieur le Directeur. Monsieur Côme, Madame Célestine, qu’en pensez-vous ?

-          Effectivement, c’est une très bonne idée que j’approuve ! dit mon frère.

-          C’est parfaitement en adéquation avec le caractère de ma sœur, continua Célestine. Nous devrions même appliquer cela à la maison !

-          Bien, je m’adresse maintenant au reste des personnes présentes ici : cette mesure doit être approuvée à l’unanimité pour être adoptée. Que ceux qui l’approuvent, lèvent la main.

Tout le monde leva la main, y compris mon merveilleux Monsieur Matthieu.

-          Bien ! dit Monsieur Éric. Il y aura donc dès demain la mise en place d’un barème évolutif pour Mademoiselle Clémence. Qui veut se charger de l’établir ?

-          Je suis volontaire pour le créer, dit Monsieur Matthieu.

-          Parfait, je n’aurais pas pu avoir meilleur candidat, sourit Monsieur Éric.

Dans un sens, j’étais soulagée que ce ne soit pas Monsieur Lionel qui s’en occupe : il aurait été capable de mettre trente minutes de fessée à la brosse pour avoir marché sur les carreaux noirs au lieu des carreaux blancs dans le réfectoire.

                La mise en place de ce barème évolutif ne présageait vraiment rien de bon. J’avais tout intérêt à ne jamais récidiver ! Néanmoins, j’ai tellement de mal à rester sage… Il était certain qu’en juin, je sortirai diplômée et avec des fesses en béton !

-          Est-ce que quelqu’un veut ajouter quelque chose avant que nous poursuivions ? demanda le Directeur.

-          Mon frère et moi avons une demande à vous faire, intervint Célestine.

Je crus que mon cœur allait s’arrêter de battre, tellement j’avais peur de ce que ma sœur allait dire.

-          Bien sûr, nous vous écoutons, dit Monsieur Éric.

-          L’année prochaine, Clémence poursuivra ses études avec une licence de musicologie. J’aimerais qu’elle effectue cette licence dans votre établissement.

Euh, quoi ?!

-          Nous savons que la demande est un peu prématurée et que les phases d’inscription n’ont pas encore débuté ; mais nous aimerions que vous l’inscriviez dès maintenant.

Je levai la main, on me donna la parole, et je demandai à avoir de plus amples explications. Ce que j’appris alors me scia sur place.

 

                Mon Pensionnat, le Pensionnat Thomas Edison, fait partie d’un groupe scolaire, appelé : « L’école de la seconde chance ». Je croyais que mon Pensionnat était isolé mais non : devant la popularité du Pensionnat Thomas Edison, le groupe scolaire projette d’ouvrir un autre pensionnat basé sur le même fonctionnement en Normandie. En plus de ce nouveau pensionnat en Normandie, le groupe scolaire va également ouvrir deux établissements universitaires : l’un à Lyon, l’autre à Toulouse. C’est là que mon frère et ma sœur souhaitent m’envoyer : dans un des deux établissements universitaires qui ouvriront à la rentrée. Monsieur Éric, qui sera le Directeur Général de tout le groupe scolaire à la rentrée prochaine, est donc la seule personne capable de donner une réponse positive ou négative à ma fratrie.

                Une fois les explications assimilées, je demandai :

-          Mais… Ça fonctionnera pareil, la licence ? Je serai encore dans un Pensionnat, etc… ?

-          Non pas vraiment, me dit Monsieur Éric. Le fonctionnement reste le même mais tu suivras tes cours avec les autres étudiants dans une faculté totalement normale. Tu auras des professeurs normaux qui n’auront aucun droit de châtiment corporel sur toi. Néanmoins, en dehors des cours, tu vivras au Pensionnat : tu y retrouveras les autres pensionnaires – certains seront peut-être dans le même cursus que toi à la fac ! –, tu auras des horaires pour faire tes devoirs (adaptés à ton emploi du temps) et tu auras un professeur spécialisé dans ta filière qui se chargera de surveiller ta scolarité. Pour le reste, ça ne changera pas : il y aura toujours trois membres de la Direction, des surveillantes, etc.

-          Mais… doutai-je. Je suis censée intégrer le Grand Conservatoire…

-          Les Grands Conservatoires de Lyon et de Toulouse sont tout aussi réputés, me dit Célestine. Ce ne sera pas incompatible.

-          Alors, acceptez-vous de la prendre ? demanda Côme à Monsieur Éric.

-          Vous savez, les frais de scolarité sont doublés par rapport à cette année, prévint le dirlo.

-          Ce n’est pas un problème, nous paierons, dit Côme. L’héritage de nos parents est entièrement consacré aux études de Clémence.

-          Dans ce cas, nous irons remplir son dossier d’admission dans mon bureau à la suite de cette réunion, annonça Monsieur Éric.

Côme et Célestine sautèrent de joie. Moi, beaucoup moins. Je venais d’apprendre qu’en plus de cette année, je passerais de nouveau trois autres années à prendre fessée sur fessée. Cela ne m’enchantait guère. Et devenir sage, ça non plus, ça ne m’enchantait guère. La sagesse ne fait clairement pas partie de ma personnalité.

 

                La réunion se poursuivit avec la prise de parole de chacun des membres présents. Ils devaient répondre à une question : « Que pensez-vous de Mademoiselle Clémence ? ». Les réponses furent diverses :

Madame Coralie : « Mademoiselle Clémence est une jeune fille qui a grandement besoin d’un cadre strict et d’une discipline de fer ! »

Madame Valérie : « Je suis du même avis que Madame Coralie : Mademoiselle Clémence a grandement besoin de discipline ! »

Madame Bérangère : « Mademoiselle Clémence a un bon fond mais un très sale caractère ! »

Monsieur Alexandre : « Mademoiselle Clémence est une jeune fille avec un excellent fond. Elle est bosseuse et perfectionniste, c’est un grand honneur de travailler avec elle. C’est une très bonne pianiste. Une fois qu’elle saura respecter un cadre strict, elle fera des merveilles. »

Madame Colette : « Je n’ai jamais eu aucun problème avec Mademoiselle Clémence, elle a toujours été efficace et sage en cours de sport. »

Monsieur Thomas : « Mademoiselle Clémence est une très bonne élève. Elle doit juste apprendre à respecter les adultes. »

Madame Kelly : « Mademoiselle Clémence travaille très bien, c’est une jeune fille très intelligente. Il faut qu’elle apprenne le self-control. »

Monsieur Raphaël : « Mademoiselle Clémence est la meilleure élève de sa classe et même du Pensionnat. C’est une jeune fille remarquable. C’est vraiment dommage que nous devions la corriger à cause de son attitude qui laisse à désirer. »

Madame Constance : « Je n’ai jamais eu de gros problèmes avec Mademoiselle Clémence. Je n’ai jamais eu à lui donner de fessée ou de gifle. Elle n’a jamais dépassé les bornes. Elle a de très bonnes notes dans ma matière… Je n’ai vraiment pas à me plaindre. »

Monsieur Yves : « Je ne suis pas arrivé depuis longtemps mais j’ai déjà dû recadrer Mademoiselle Clémence. C’est une gentille gamine mais elle a grandement besoin de limites. »

Madame Jeanine : « Avec Mademoiselle Clémence, il faut taper sur les fesses pour faire fonctionner le cerveau ! »

Madame Mireille : « Mademoiselle Clémence est une véritable chipie ! »

Monsieur Matthieu : « Mademoiselle Clémence est réellement attachiante. C’est le mot ! Elle est attachiante. Elle est bourrée de qualités humaines qui la rendent facile à aimer. D’un autre côté, elle fait parfois des bêtises aussi grosses qu’elle ! Cela me fend le cœur de devoir lui donner une fessée quand elle le mérite mais je sais que je le fais pour son bien. »

Monsieur Lionel : « Je m’accorde sur Monsieur Matthieu : Mademoiselle Clémence est attachiante. Nous avons beaucoup de chance de l’avoir dans notre établissement car elle est brillante ; mais parfois on a envie de la virer à coup de pied aux fesses tellement elle est énervante ! »

Monsieur Éric : « C’est un véritable honneur pour moi de connaître Clémence. Je la considère un peu comme ma fille adoptive. Je traite toutes les pensionnaires de cet établissement comme si elles étaient mes filles ; mais j’ai une relation différente avec Clémence. J’ai l’impression que j’apprends autant d’elle qu’elle apprend de moi. C’est la seule élève qui a réussi à me faire sortir de mes gons ! Pourtant, je mets un poing d’honneur à ce qu’elle réussisse. »

Le Directeur tourna son regard vers moi et poursuivit :

-          Tu entends, Clémence ? Je mets un poing d’honneur à ce que tu réussisses ! Et si pour cela nous devons nous allier pour te faire vivre un enfer, on le fera ! S’il faut que tu reçoives trois fessées par jour, tu les recevras ! Mais tu sortiras de cette année avec ton baccalauréat en poche, et je peux te dire que tu l’auras même avec mention ! Tu as compris ?

-          Oui Monsieur le Directeur.

Pour la première fois de toute ma vie, je me sentais réellement aimée par quelqu’un d’autre que mon frère et ma sœur. Pour la première fois de ma vie, je sentais un réel amour venant de Monsieur Éric, Monsieur Lionel, Monsieur Matthieu et Monsieur Alexandre. J’avais réellement envie de fournir des efforts, au moins pour eux.

 

                En plus du barème évolutif, j’écopai d’une feuille de suivi : à la fin de chaque cours, mes professeurs devront remplir sur leur tablette une case me concernant. Ils devront dire si le cours s’est bien passé, si j’ai été sage ou non, et décrire les éventuels incidents. Chaque soir, un membre de la Direction vérifiera cette feuille de suivi virtuelle. Si jamais je n’ai pas été sage, j’écoperai d’une bonne fessée, peu importe que j’aie déjà été punie par mon/ma prof.

 

                Lorsque la réunion prit fin, j’étais on ne peut plus soulagée : je savais à quoi m’en tenir. J’avais écopé de sanctions contraignantes, mais ça aurait pu être pire. Je pouvais remercier le ciel.

Dans l’immédiat, j’avais quand même d’autres ennuis à gérer : la colère de ma fratrie. Tout le monde sortit de la salle de réunion, si bien que je me retrouvai seule face à Côme et Célestine.

-          T’es fière de toi ? me gronda ma sœur.

-          Non, Titine, répondis-je, n’en menant pas large du tout.

-          Tu te rends compte de la situation dans laquelle tu nous mets, là ?! continua la prof de littérature.

-          Je suis vraiment désolée…

-          Tu peux, oui ! gronda ma sœur. Nous sommes furieux !

Soudain, Côme, qui n’avait toujours pas ouvert la bouche, m’attrapa par le bras et me tira vers lui. Puis, il me pencha sous son bras, releva ma jupe et baissa ma culotte.

-          Non, Côme ! priai-je, les larmes me montant immédiatement aux yeux. Non, je t’en supplie ! Je t’en prie ! Pitié ! Pitié !

-          Tu crois vraiment que tu vas t’en sortir sans une bonne fessée, Clémence ?! me demanda ma sœur, furieuse. Tu le crois sincèrement ?!

-          Je suis désolée, je vous jure que je suis désolée ! dis-je, les larmes se répandant sur mes joues.

-          Tu peux être désolée, Clémence ! continua ma sœur.

-          Je ne veux pas recevoir de fessée, s’il vous plaît…

-          Ça, il fallait y penser avant ! trancha Célestine. Quand tu étais insolente et désobéissante, tu avais l’air beaucoup moins désolé !

La main de mon frère s’abattit violemment sur mes fesses nues et je criai de douleur. Ces claques étaient comparables à celles données par les membres de la Direction ; mais l’humiliation était toute autre. Je prenais une fessée de la part de mon grand frère, celui qui m’a élevée, qui a fait office de père pour moi. Côme me donnait une énième fessée. La dernière qu’il m’avait donnée remontait au jour des résultats du bac, quand il avait appris que je l’avais pas eu.

Je ne pouvais évidemment pas voir mes fesses, mais je savais qu’à chaque fois que la main de Côme s’abattait sur mon postérieur, elle y laissait sa marque. J’avais reçu une dizaine de claques et pourtant, mes fesses me brûlaient déjà de façon intense ; j’avais vraiment l’impression d’être sous la main de Monsieur Matthieu, Monsieur Lionel ou Monsieur Éric.

Cette fessée de la part de mon frère était vraiment dure à encaisser. Je n’en pouvais déjà plus. Ces claques étaient impitoyables et on ne peut plus nombreuses : ça ne s’arrêtait pas.

Et ça ne s’arrêta pas avant vingt bonnes minutes.

Lorsque mon frère s’arrêta et me lâcha, il était en nage, moi aussi. Mes fesses me brûlaient tellement que j’étais persuadée qu’on pourrait faire cuire un œuf dessus. Alors que je me les frottais activement, Célestine m’ordonna instantanément de les enlever et de les laisser sur ma tête. Je fus alors sévèrement réprimandée par mon frère et ma sœur, qui m’assénaient des claques à la volée toutes aussi fortes les unes que les autres. Cela me rappela ce jour où j’avais menti à Monsieur Eric en lui disant que j’avais fait mes devoirs. Quand il s’était aperçu de mon mensonge, il était entré dans une colère noire et m’avait collé exactement le même genre de claques à la volée.

-          Stop, stop ! priai-je en me protégeant les fesses avec mes mains. Je serai sage, je vous jure que je serai sage !

-          T’as vraiment intérêt à l’être Clémence ! me gronda Côme. Parce que je te jure que si on doit revenir pour assister à une nouvelle réunion de ce genre, on devra procéder à une ablation de tes fesses ! Tu as compris ?!

J’hochai la tête en pleurant. Côme neutralisa mes mains et me refila une salve de claques bien salées que j’accusai en sautillant sur place et en doublant mes larmes. Pendant ce temps, Célestine s’était dirigée vers son énorme sac à mains duquel elle sortit une cuillère en bois.

-          Oh non… me lamentai-je, la cuillère en bois étant l’un des instruments utilisés par ma fratrie que je déteste le plus.

-          On veut que tu retiennes la leçon, Clémence ! gronda Célestine.

Quelques minutes plus tard, je me retrouvai à plat ventre sur les cuisses de ma sœur, à danser et chanter de douleur sous les coups de la cuillère en bois. Mes mains étaient bloquées dans le creux de mes reins et je ne pouvais rien faire d’autre que d’encaisser la douleur.

Cette fessée à la cuillère en bois dura au moins dix bonnes minutes. Lorsqu’elle termina, je tombai à genoux par terre, pleurant toutes les larmes de mon corps. Mon frère et ma sœur m’aidèrent à me relever et m’enlacèrent. Nous restâmes tous les trois enlacés jusqu’à ce que mes pleurs se calment. Puis, après un ultime savon, Côme m’autorisa à me rhabiller et Célestine me fit des recommandations de sagesse.

 

                Je les raccompagnai jusqu’à la grille et les laissai repartir pour Paris. Heureusement, je ne les quittai pas pour longtemps : les vacances scolaires débutent vendredi. Vendredi soir, je dormirai dans mon lit, chez ma sœur. Je pourrai enfin rencontrer mes neveux, Simon et Baptiste.

 

                Je passai le reste de la soirée avec Jessica, Camille, Adèle et d’autres copines qui ne m’avaient pas trahie, elles. D’ailleurs, je me rendis compte que je m’étais beaucoup rapprochée de Jessica ces derniers temps. J’étais persuadée que nous deviendrions bientôt très proches.

 

                Avant de me coucher, Monsieur Éric eut la gentillesse de me partager mon « barème évolutif ». En le lisant, je réalisai que j’étais vraiment dans de sales draps. J’avais vraiment intérêt à me tenir à carreaux !

                Après avoir fait ma prière, je me couchai en me disant qu’il allait me falloir de nouvelles résolutions, même si nous n’étions pas le 1er janvier.

 

A suivre…

La suite !

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                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

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