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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 26)

 



Lundi 30 septembre 2019.


    Monsieur le Directeur vint nous réveiller pour sept heures. Une nouvelle semaine allait commencer. La dernière avant les vacances scolaires. Courage, Clémence !

En m’asseyant sur mon lit, je pensai sincèrement à emporter un coussin avec moi tout au long de la journée, voire de la semaine. Il était certain que je mettrais très longtemps à me remettre de la tannée reçue hier. Il valait mieux pour moi que j’aie un comportement irréprochable et une feuille de suivi complètement vierge. Non seulement je n’avais pas envie de recevoir une volée mais je ne voulais pas qu’en plus ma fratrie me tombe dessus vendredi lorsque je rentrerai à la maison pour les vacances scolaires.

 

                Au petit déjeuner, Camille vint me voir pour me confier quelque chose :

-          Clem’, j’ai un service à te demander.

-          Ça dépend de ce que c’est, répondis-je méfiante. Je suis sur la sellette, en ce moment…

-          Eh bien…Tu sais, je t’ai parlé de Mattéo, mon petit ami.

-          Oui, et ?

-          Il aimerait venir passer la journée au Pensionnat.

-          Quoi ?! Mais tu sais bien que l’établissement est interdit aux garçons ! m’exclamai-je.

-          Oui, je le sais ! dit-elle en affichant un air évident. C’est pour cela que j’ai besoin de ton aide ! J’ai besoin que tu m’aide à le faire entrer.

-          T’es malade ? T’as de la fièvre ?

-          Clem, je suis sérieuse !

-          Moi aussi, dis-je. Tu n’as pas pris les fessées que j’ai prises dernièrement !

-          S’il te plaît, Clem’ ! Tu es la seule à connaître les moindres recoins du Pensionnat, la seule à connaître tout le personnel… S’il te plaît !

-          Qu’est-ce que je gagne si je t’aide ? me renseignai-je.

Je ne suis d’habitude pas du genre à être intéressée mais vu les risques, il était hors de question que je fasse cela gratuitement.

-          Je ferai tes devoirs pendant une semaine, annonça Camille.

-          Tu les feras durant toute la période de la Toussaint à Noël, insistai-je.

Je savais Camille très bonne élève, je pouvais lui confier cette tâche.

-          D’accord, accepta-t-elle.

Punaise, elle voulait vraiment le voir son Mattéo !

 

                                En cours de philo, je fis circuler un papier sur lequel j’avais écrit à Camille « Rdv à 12h à la grille du Pensionnat. Ne sois pas en retard. ». Heureusement, Monsieur Yves ne s’en aperçut pas. Mes fesses ne l’auraient pas supporté.

 

                Le cours de littérature avec Monsieur Raphaël fut plutôt pénible pour moi : je récoltai cinq coups de règle sur la paume de la main pour avoir bavardé avec Jessica. Mon amie eut d’ailleurs la même sentence. Il me fut ensuite difficile de me concentrer, entre ma main qui me brûlait, mes fesses qui étaient on ne peut plus douloureuses et ma feuille de suivi se remplissant déjà, apportant le terrible courroux d'un membre de la direction pas plus tard que ce soir.

 

                Quinze minutes avant la fin du cours, je prétextai un énorme mal de ventre pour que Monsieur Raphaël m’envoie à l’infirmerie. Jessica se proposa pour m’accompagner, le professeur accepta. Après être sorties de la classe, j’expliquai la situation à Jessica : il allait falloir passer par le local de la femme de ménage pour récupérer le trousseau de clés, sur lequel se trouve la clé de la grille d’entrée. Jessica accepta volontiers d’être ma complice. Nous nous rendîmes au local le plus discrètement possible, mais arrivées à destination : pas de trousseau ! Je réfléchis alors à la vitesse de l’éclair… jusqu’à ce que mon regard se pose sur le seau posé au sol contenant le trousseau ; celui-ci avait dû tomber du crochet auquel il est habituellement accroché. Nous récupérâmes le trousseau ; heureusement, celui-ci était assez moindre pour entrer dans mon soutien-gorge. Nous sortîmes du local. Nous allions nous diriger vers l’infirmerie lorsque nous entendîmes :

-          Qu’est-ce que vous faîtes dans les couloirs ?!

Nous nous retournâmes : Monsieur Mathieu se tenait devant nous.

-          J’attends une réponse, mesdemoiselles !

-          Pas la fessée… Pas la fessée, s’il vous plaît, Monsieur ! le priai-je d’office.

-          Je ne vois pas de bonne raison de vous la donner si vous avez une bonne raison d’être ici !

-          Nous nous dirigions vers l’infirmerie car Clémence a mal au ventre ! expliqua Jessica. Elle a ses…enfin vous comprenez, quoi !

-          Oui, oui, je comprends, dit Monsieur Mathieu, gêné. Et donc ?

-          Et donc nous allions à l’infirmerie mais il se trouve que l’infirmière était absente, continua Jessica. Nous la cherchions…

Monsieur Mathieu s’approcha lentement de nous, tenant les mains derrière son dos. Lorsqu’il fut tout près de nous, il nous dit fermement :

-          Je ne crois pas un mot de ce que vous venez de me raconter, Mesdemoiselles. Mais, soit. Vous pouvez disposer. Néanmoins, si j’ai écho de frasques de votre part, vous regretterez de vous être levées ce matin !

-          Merci, Monsieur ! lâchai-je, soulagée.

 

                12h. Je rejoignis Camille devant la grille du Pensionnat. Nous devions faire vite : les adultes s’apercevraient très vite, trop vite, de notre absence au réfectoire.

Heureusement, Mattéo était déjà là, patientant.

-          Ma puce ! s’exclama-t-il en voyant Camille. Tu as réussi à trouver un moyen de m’ouvrir !

-          Oui, mon cœur ! répondit-elle en s’activant, la clé à la main. Clémence m’a aidée !

Nous fîmes pénétrer Mattéo dans l’enceinte du Pensionnat et refermâmes la grille derrière lui.

-          La femme de ménage reprend le service à 17h30, dis-je à Camille et Mattéo. Il faut donc que le trousseau soit remis à sa place pour 17h25 au plus tard. Cela vous laisse quelques heures pour profiter.

-          Merci beaucoup, Clémence ! me lança Camille avant de s’éclipser avec son petit copain.

Je ne savais pas comment elle allait justifier son absence au réfectoire et aux cours de cette après-midi mais je ne voulais pas le savoir. J’avais fait ma B-A, je ne voulais plus entendre parler de cette histoire.

 

 

                Effectivement, Camille ne fut pas présente aux cours de l’après-midi. Jessica et moi partageâmes notre inquiétude quant à son sort, tandis que Mathilde me lançait des regards désespérés, attendant que je lui accorde mon pardon et que je lui partage les nouvelles du jour. Seulement, je n’étais absolument pas prête à cela.

 

                En salle des devoirs, je souhaitais obtenir un ouvrage qui se trouvait dans une pièce verrouillée. Madame Béatrice, la bibliothécaire qui fait partie de la surveillance de la salle des devoirs, m’annonça qu’il me fallait demander à Monsieur Mathieu l’autorisation pour obtenir le manuel désiré. Blasée, je quittai la pièce et me dirigeai vers le couloir de la direction. J’allais frapper à la porte du Surveillant Général quand j’entendis du bruit dans le bureau de Monsieur Lionel. La porte étant entrouverte, je fis ma curieuse et m’approchai discrètement. Le Directeur-Adjoint hurlait :

-          Vous vous rendez compte de la gravité de votre acte ou pas ?! Vous vous rendez compte de votre connerie ou pas ?! Parce que ramener de la drogue dans l’enceinte de ce Pensionnat, c’est une ENORME connerie !! Qu’est-ce qui vous est passé par la tête, Camille ?! Dîtes-moi ce qui vous est passé par la tête !

-          Je…je suis désolée, Monsieur…, pleurait mon amie.

J’entendis quelques énormes claques tomber, puis Monsieur Interminable continuer :

-          J’espère que vous êtes désolée ! Vous avez intérêt à être désolée ! Je peux vous dire que vous allez être désolée toute la semaine ! Tous les soirs jusqu’à vendredi, je vais vous coller une volée monumentale pour être sûr que vous restiez désolée, Camille !

J’entendis de nouveau des claques tomber ; je ne reconnaissais que trop bien le bruit d’une main qui tombe sur la peau nue. J’avais mal pour Camille. Le Directeur-Adjoint est un de ceux dont on préfère éviter le courroux.

Je me demandais comment on avait pu passer d’une histoire de mec à une histoire de drogue. J’avais d’ailleurs mal au ventre rien qu’à l’idée d’y être mêlée.

-          Clémence ? m’interpella Monsieur Mathieu. Que faîtes-vous là ?

-          Je voulais vous demander l’accès à un manuel verrouillé, dis-je.

-          De quel manuel s’agit-il ?

-          Le grand Atlas de l’Histoire de France.

-          Très bien, entrez.

Je suivis le Surveillant Général dans son bureau et il me remplit le bulletin à destination de la bibliothécaire. J’en profitai pour demander :

-          Pourquoi est-il verrouillé ?

-          Ce sont des ouvrages très chers, nous souhaitons que nos élèves en prennent soin, m’expliqua Monsieur Mathieu. Voilà pourquoi nous ne les prêtons qu’en cas de vraie nécessité.

-          D’accord.

Le bulletin rempli, Monsieur Mathieu fit le tour de son bureau et s’approcha de moi pour me le remettre. Je le pris en mains mais il ne le lâcha pas pour autant. Sous mon regard interrogateur, il me fixa droit dans les yeux et me dit :

-          Clémence, dîtes-moi que vous n’y êtes pour rien dans cette histoire de drogue.

-          Non, Monsieur ! Je n’y suis absolument pas mêlée !

-          J’espère pour vous que vous ne me mentez pas.

-          Non, Monsieur ! Promis ! dis-je pour me défendre.

-          J’espère, Clémence. Si jamais j’apprends que vous m’avez menti, je vous donnerai une fessée de laquelle vous vous souviendrez toute votre vie. Vous m’avez entendu ?

-          Je vous ai entendu, Monsieur.

-          Bien. Vous pouvez disposer, dans ce cas.

-          Merci, Monsieur.

Je déguerpis à toute vitesse, ce qui était une première : j'avais plutôt tendance à vouloir me rapprocher de mon aimé. 

J’avais hâte de chopper Camille dans un coin pour obtenir des explications.

 

                Malheureusement, je ne réussis pas à la voir avant l’heure du coucher. J’espérai fortement que Monsieur Interminable l’avait laissée en vie.

 

                Juste avant l’extinction des feux, mon premier entretien se déroula : premier état des lieux de ma feuille de suivi. Aujourd’hui, c’était avec Monsieur Éric que j’en parlerais. Vu la remontrance dont j’avais écopé de la part de Monsieur Raphaël, je n’étais pas sereine.

-          Bon, Clémence, commença-t-il alors que j’étais debout face à lui. Nous ne sommes que le premier jour, je m’attendais à une fiche complètement vierge…

-          Je sais, Monsieur, mais…

-          Tu ne me coupes pas la parole, Clémence ! me reprit-il instantanément en rebondissant très légèrement sur son canapé. Je pense que tu as déjà fait assez des tiennes pour aujourd’hui !

-          Pardon Monsieur, m’excusai-je, penaude.

-          Nous avons eu une réunion disciplinaire à ton sujet pas plus tard qu’hier, Clémence ! La moindre des choses aurait été que tu te tiennes à carreaux aujourd’hui ! Pourtant, tu as déjà une fiche remplie par ton professeur de littérature ! Tu es fière de toi ?!

-          Non Monsieur.

-          Tant mieux, car moi non plus, je ne le suis pas !

Cette phrase me planta un couteau dans le cœur.

-          Pardon Monsieur.

-          Viens ici, dit-il en me montrant ses genoux.

-          Non pitié ! priai-je, mes fesses étant totalement hors service. S’il vous plaît, Monsieur ! J’vous en supplie !

-          Dépêche-toi, Clémence. Tu sais très bien que dès que tu auras une remarque sur ta feuille de suivi, tu en paieras les conséquences le soir-même. Alors viens ici, immédiatement !

-          S’il vous plaît…

-          Si jamais je dois me répéter, Clémence, ça va très mal aller !

Pourtant, il m’était impossible de me résoudre à m’installer sur les genoux du Directeur.

A bout de patience, il se leva, m’attrapa par le bras et m’asséna cinq très bonnes claques sur les fesses, claques que j’aurais pu éviter si j’avais eu la force d’obéir. Puis tout en me grondant : « Y’en a ras-le-bol de ton caractère de cochon, Clémence ! », il me bascula en travers de ses genoux. Je me retrouvai alors à plat ventre sur les cuisses du Directeur, à tenter de camoufler mes fesses avec mes mains. Ces dernières furent malheureusement rapidement bloquées dans mon dos, mon bas de pyjama fut baissé et ma lune tuméfiée par la cuillère en bois, exposée à la main punitive du Directeur.

-          Nous ne sommes que le premier jour, Clémence. Si tu ne veux pas te retrouver dans cette situation tous les soirs jusqu’à la fin de l’année, tu as grandement intérêt à devenir sage comme une image !

Cette fessée fut infantilisante et douloureuse au possible. Je gigotais dans tous les sens et criais de douleur, tellement cette punition était insupportable. Elle me vida du peu d’énergie que j’avais encore et me donna vraiment l’envie d’être irréprochable. Seulement… en étais-je capable ?

 

A suivre…

La suite !

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