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Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 43)

 




Vendredi 1er novembre 2019

 

                Je me réveillai aux environs de huit heures. Etant en vacances, j’aime beaucoup faire la grasse matinée : je me rendis compte que je ne l’avais pas forcément faite cette semaine.

En m’asseyant dans mon lit pour m’étirer, je sentis que mon derrière était encore fort douloureux : mon père n’y avait pas été de main morte avec moi hier soir ! De toute façon, il fallait bien que je me rende à l’évidence : Michael et Scarlett ne donneront jamais de petites tannées. C’était à moi de me tenir à carreaux sinon… tant pis pour mes fesses !

                Je me décidai à rejoindre la pièce à vivre de la suite pour mon petit déjeuner. Mes parents étaient déjà. En arrivant, j’eus l’impression de les déranger car ils étaient en train de discuter.

-          Coucou Marie chérie, me dit Scarlett. Comment s’est passée ta dernière nuit à Londres ?

-          Bien… répondis-je, hésitante. Vous voulez que je vienne déjeuner un peu plus tard pour vous laisser parler tous les deux ?

-          Non, non ! me rassura Michael. Tout va bien, ma puce. Viens t’installer.

Ma mère se leva immédiatement pour me préparer mon petit déjeuner habituel, tandis que mon père me mit un petit sac plastique sous le nez.

-          Tes médicaments pour aujourd’hui, dit-il. Prends-les immédiatement.

Je ne bronchai pas étant donné l’épisode d’hier soir. On peut dire que ça calme.

 

                Mes médicaments pris et mon petit déjeuner servi, je demandai à mes parents :

-          Je peux vous demander de quoi vous parliez ?

-          Nous parlions du départ d’Elsa et Victoire qui nous affecte beaucoup ; en plus tout s’est fait derrière notre dos, dit Scarlett. Nous parlions également sérieusement du fait de rester tous les quatre ou de prendre des filles supplémentaires…

-          Et ? coupai-je précipitamment, crevant d’envie de savoir.

-          Et pour le moment, nous allons finir l’année scolaire à quatre, juste Louise, toi, papa et moi. M’annonça Scarlett. Nous verrons l’année prochaine si nous changeons d’avis.

D’un côté, j’étais très contente que Louise soit ma seule sœur et que nous ayons une vie de famille rien qu’à quatre. D’un autre côté, cela me faisait de la peine pour Anaïs qu’elle ne puisse nous rejoindre ; et puis je pensais à toutes ces jeunes filles qui n’avaient pas des parents dignes de ce nom et qui auraient pu profiter de l’amour de Michael et Scarlett. Cependant, c’était la décision de mes parents et ils ne reviendraient pas dessus pour le moment.

-          Vous parliez de quoi d’autre ? me renseignai-je.

-          De choses qui ne regardent que ton père et moi, trancha Scarlett.

Bon, ça, c’est fait. Ça m’apprendra à poser trop de questions. Je rebondis :

-          Je sais qu’Elsa et Victoire vous ont brisé le cœur, mais Louise et moi allons nous atteler à le reconstituer. Je ne sais pas si Louise ira jusqu’au doctorat, mais pour ce qui est de mon cas, vous allez m’avoir sur le dos durant les huit prochaines années !

-          On ne peut pas prévoir l’avenir, ma puce, me dit Michael. Regarde ce qui s’est passé avec Tom et Dana…

-          C’est totalement différent ! protestai-je vivement. Je serais encore chez eux s’ils avaient choisi leur famille au lieu de leur boulot !

Voyant que c’était un sujet sensible, Michael me rassura :

-          Maintenant que tu vis chez nous et que nous t’élevons, tu seras toujours notre fille, ma puce.

-          Même lorsque vous aurez vos propres enfants ? interrogeai-je pour me rassurer.

Je vis mes parents échanger un regard gêné. Je demandai :

-          Quoi ? J’ai dit une bêtise ?

-          Pour le moment, nous ne voulons pas d’enfant biologique, m’expliqua Scarlett. Nous ne savons pas si nous en voudrons un jour…

-          Pourtant, dis-je, lorsque Louise et moi sommes arrivées il y a deux semaines, vous nous avez dit que vous en voudriez plus tard…

-          C’était pour ne pas vous choquer, dit Scarlett. La société accepte encore mal l’idée qu’un jeune couple ne veuille pas d’enfant. C’est une des premières questions que l’on nous pose lorsqu’on rencontre une nouvelle personne : vous êtes marié(e) ? Vous avez des enfants ? Et lorsque nous répondons que nous n’en voulons pas, nous devons faire face à un « pourquoi ?! » terriblement accusateur. Nous vous avons Louise et toi, c’est tout ce qui compte. Pour nous, vous êtes nos filles.

-          Mais… Cela ne vous gêne pas que nous ayons déjà dix-huit ans ? demandai-je. Enfin, j’veux dire… Les couches, les biberons…

-          …Les heures de sommeil en moins, les microbes, les rendez-vous chez le pédiatre, la bave et les petits pots ? continua Michael. Non, merci. Cela ne nous attire pas le moins du monde ! Et d’ailleurs, avant que la solution d’être famille d’accueil nous soit proposée, nous avions fait une demande d’adoption pour adopter un(e) adolescent(e).

-          Ah, donc vous vouliez quand même des enfants à vous, mais déjà grands ! conclus-je.

-          Exact, dit Michael. Et je te signale que j’aurais pu être ton père biologique ! Certes, je t’aurais eue jeune, mais je le pourrais !

-          Ma mère biologique n’a qu’un an de plus que toi, annonçai-je. Donc oui, tu aurais carrément pu être mon père biologique.

-          Lorsque nous avons pris la décision d’être famille d’accueil et qu’Elsa, Victoire et Emilie ont débarqué chez nous, c’était le plus beau jour de notre vie, dit Scarlett avec nostalgie.

-          Emilie ? m’étonnai-je. C’est qui, Emilie ?

-          Elle n’est restée que deux jours chez nous avant de partir pour l’armée, m’expliqua Michael.

-          Ah.

-          Maintenant qu’Elsa et Victoire s’en vont elles aussi, ça va vraiment faire un grand vide dans nos cœurs, continua Scarlett. Heureusement que Louise et toi êtes là.

-          Et comme je vous l’ai dit, je suis là pour un paquet d’années ! Et même après mes études, vous serez toujours mes parents ! Avec vous, je ressens un esprit de famille très fort que je ne ressentais pas avec Tom et Dana. C’est comme si… Je vous avais attendu depuis tout ce temps.

Mes parents se levèrent pour me prendre immédiatement dans leurs bras. Ce câlin à trois terminé, je repris :

-          Mes parents ont divorcé lorsque j’avais deux ans. Je ne me souviens même pas de les avoir vus ensemble. Et puis mon père est décédé… Et puis ma mère s’est construit une nouvelle famille… Depuis que je suis arrivée chez vous, c’est la première fois que j’ai l’impression d’appartenir pleinement à une famille. Cela n’enlève rien à l’amour exponentiel que je porte à ma mère biologique, mon beau-père et mon p’tit frère ! C’est juste…différent.

Mes parents écoutaient ce déballage avec attention. Je me confiais à eux jusqu’à ce que Victoire nous rejoigne, mettant un point final à cette séquence-émotion.

 

                Avec la présence de Victoire, l’ambiance était carrément plus tendue. Mes parents avaient du mal à accepter qu’elle ait décidé de partir en faisait tout cela dans leur dos et clairement, je les comprenais. A la place d’Elsa ou de Victoire, j’aurais raconté à mes parents ce qui se passait et j’aurais essayé d’en parler avec eux ; surtout que Michael et Scarlett sont très à l'écoute de leurs filles.

                D’ailleurs, l’ambiance était tellement tendue que le ton monta très vite :

-          Est-ce que tu gardes ce bébé juste pour échapper au système ? demanda Michael pour en avoir le cœur net.

-          Ce n’est pas ton problème ! rétorqua Victoire.

-          Tu parles autrement à ton père, Victoire ! reprit machinalement Scarlett.

-          Il n’est plus mon père, ok ?! pesta la future mère. On a joué à ce petit jeu durant huit semaines, c’était sympa mais on s’arrête là, d’accord ?! Fabien vient me chercher à la sortie de l’Eurostar à 17h et ensuite on ne se reverra plus ! Je reprendrai mon nom et mon indépendance, et byebye !

Michael et Scarlett avaient tous les deux les larmes aux yeux. Ils étaient aussi bouffés par une violente colère. Alors que chacun se retenait de flanquer une volée à Victoire, je me dévouai : avec ma main semi-plâtrée, je choppai l’arrière de la tête de Victoire et la plaquai très violemment dans son assiette d’œufs brouillés. Au passage, l’assiette fendue avait fait une égratignure sur le front de mon ancienne sœur.

En relevant la tête, Victoire s’adressa à mes parents, le visage plein d’œufs brouillés :

-          Vous ne dîtes rien ?! Comment ça se fait que vous ne !a défoncez pas ?!

-          Nous ne sommes plus tes parents et elle n’est plus ta sœur, dit froidement Michael. Pourquoi dirions-nous quelque chose ?

Je jubilais de la réplique de Michael. Bien fait !

Seule Elsa, s’étant levée, aida Victoire à nettoyer sa plaie au front.

-          Sur ce, je vais prendre un bain ! annonçai-je en sortant de la pièce.

 

Je n’en revenais pas qu’Elsa et Victoire infligent cela à des personnes qui ont pris soin d’elles pendant huit semaines. Des personnes qui les ont nourries, logées, blanchies, qui leur ont payé tout ce dont elles avaient besoin et qui sont allées jusqu’à leur offrir de luxueuses vacances à Londres ! Et surtout : des personnes qui leur ont donné tout l’amour dont ils étaient capables. Il fallait vraiment n’avoir qu’un cœur de pierre pour faire un coup comme ça.

        Malgré l’abandon dont ont fait preuve Tom et Dana envers moi, je les aime toujours. Je sais que je les aimerai toujours. Il faut juste que ma colère actuelle passe.

 

 

Mes parents n’ayant pas le cœur d’aller au restaurant, nous fîmes livrer le déjeuner par le room service ; puis nous fîmes nos bagages. Je réclamai à mes parents de revenir à Londres, ils acceptèrent volontiers à condition que mon comportement et mes résultats scolaires soient à la hauteur de leurs attentes. Les sachant fans de l’Angleterre, je savais que cette condition n’était qu’une carotte virtuelle : quoiqu’il arrive, nous reviendrons.

 

Je n’ai habituellement pas le droit de contacter ma famille biologique la semaine sans être hors la loi. Cependant, vu ma demande spéciale, mes parents acceptèrent que je fasse une entorse pour que j’appelle ma mère :

-          Oui ?

-          Coucou maman !

-          Coucou ma chérie ! Comment vas-tu ?

-          Super et toi ?

-          Génial ! Alors, l’Auvergne ?

-          Je te raconterai. Je voulais juste te demander quelque chose.

-          Dis-moi mon cœur.

-          Michael et Scarlett n’ont pas trop le moral : est-ce que ça te dérange si je passe la journée de demain avec eux ?

-          Non pas du tout ! dit ma mère. Surtout que j’ai une journée chargée demain, nous ne nous serions pas beaucoup vues de toute façon.

-          Cela tombe bien, alors ! Et d’ailleurs : Michael et Scarlett veulent vous inviter au restaurant demain soir pour apprendre à vous connaître. Tu serais ok ?

-          Eh bien… Ton beau-père est en déplacement pour le travail donc il ne sera pas présent. Mais moi, oui ! J’accepte avec plaisir !

-          Super !

-          Ton p’tit frère est invité aussi ?

-          Oui, bien sûr ! Et Mathieu aussi !

-          Bon ben super alors. Tu m’envoies l’adresse et l’heure par SMS ?

-          D’accord ! A demain maman !

-          A demain, mon amour.

-          Je t’aime plus que tout.

-          Moi aussi ma chérie. A demain !

Je raccrochai et fis part de la réponse de ma mère à mes parents adoptifs. Ils furent ravis et cela leur remonta un peu le moral. Puis, ils appelèrent Louise pour demander à faire la même chose avec ses parents. Rendez-vous pris pour ce soir.

 

 

                A la sortie de l’Eurostar, il n’y eut pas d’au revoir déchirants entre Elsa et Victoire, et Michael et Scarlett. Elsa et Victoire furent glaciales. Victoire dit :

-          Bon ben, au revoir. Et merci de vous êtes occupés de nous. A plus.

-          Ouais, voilà, enchaîna Elsa. Tout pareil. Salut.

Une fois qu’elles eurent le dos tourné, Scarlett fondit en larmes dans les bras de son mari. J’entourai mes parents de tout l’amour que je pouvais donner à ce moment-là. Ils me faisaient vraiment beaucoup de peine.

 

                Dans le taxi nous ramenant à la maison, Scarlett était toujours aussi triste. Je lui tenais la main pour essayer de la réconforter. Michael aussi avait le cœur brisé, seulement, en tant qu’homme, il le camouflait mieux que sa femme.

 

                Je fus contente de rentrer à la maison et de retrouver ma chambre. Avec le départ d’Elsa et Victoire, nous décidâmes de modifier la maison : je transférai ma chambre dans celle d’Elsa (bien plus spacieuse) et ma chambre devint le bureau de Scarlett. Mes parents transformèrent la chambre de Victoire en salle de sport (les appareils étaient jusqu’à maintenant dans une salle du sous-sol).

 

                Le temps de faire tout cela et de prendre une douche, il était l’heure de rejoindre Louise et sa famille biologique au restaurant.

 

                Nous les rejoignîmes dans un restaurant italien du centre-ville. Nous fûmes les derniers à arriver. Après s’être cordialement dit bonjour, nous nous assîmes. Louise était avec son père, sa mère et sa grande sœur.

                Je trouvai que Louise ne ressemblait ni à son père, ni à sa mère et encore moins à sa sœur. Pourtant, ils sont tous les quatre blonds et on voit un léger air de famille mais cela s’arrête là. C’était la première fois que je voyais un enfant qui ne ressemblait pas à ses parents. C’était vraiment drôle ! J’étais d’ailleurs la seule à trouver que Louise était à part : Michael et Scarlett trouvaient la ressemblance entre Louise et son père absolument flagrante !

 

                Le repas se déroula très bien. La famille de Louise est très sympathique. Bien qu’il y ait un décalage de niveau social (Michael et Scarlett sont des gens très aisés, la famille de Louise est issue - comme la mienne - de la classe moyenne qui lutte pour s’en sortir à la fin de chaque mois), le courant passa très bien.

-          Comment avez-vous vécu le départ de Louise en famille d’accueil ? demanda Michael. Parce qu’au final, nous avons le beau rôle ! Ça a dû être plus difficile pour vous !

-          Oui, d’autant que nous sommes très fusionnels avec nos deux filles, répondit la maman de Louise. Gérer la séparation est déjà compliqué, alors gérer en plus le fait que Louise ait de nouveaux parents…

-          Ne vous inquiétez pas, nous la traitons comme si c’était la nôtre, rassura Scarlett.

-          Oui, nous n’en doutons pas, répondit le papa de Louise. Notre fille a eu beaucoup de mal à changer de famille : elle s’était attachée et habituée à Tom et Dana. Changer n’a pas été facile pour elle. Maintenant qu’elle est chez vous, elle s’y sent vraiment bien !

Louise confirma d’un vif signe de tête accompagné d’un grand sourire.

-           Votre fille est vraiment agréable, dit Scarlett. C’est un réel plaisir de l’élever !

 Louise et moi étions surexcitées de nous retrouver. Nous nous étions beaucoup manquées durant cette semaine séparées. J'avais tellement de choses à lui raconter !

La famille Vasseur fatiguée par la route du retour de Bretagne, le dîner ne s’éternisa pas. Il n’était même pas vingt-trois heures lorsque nous rentrâmes à la maison.

 

Après avoir pris une douche, je pris mes médicaments du soir et rejoignis mes parents dans le salon. Nous bûmes un thé ensemble et j’en profitai pour demander si nous pouvions repeindre ma nouvelle chambre en rose, la couleur jaune pastel ne me plaisant pas. Michael et Scarlett acceptèrent et déclarèrent même que ce serait notre mission de demain : peindre ma chambre en rose, avec un mur à paillettes. Scarlett m’annonça que nous irions faire quelques emplettes pour que je puisse décorer ma nouvelle pièce comme je le souhaite.

Mon thé terminé, mes parents m’envoyèrent me coucher. La journée de demain s’annonçait chargée !

 

A suivre…


La suite !

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                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -