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Journal d'une étudiante accueillie. (Chapitre 47)

 



Mardi 5 novembre 2019

 

                Louise et moi arrivâmes dans la pièce à vivre, prêtes à prendre notre petit déjeuner. Michael, toujours avec son smartphone sous les yeux pour consulter les actualités, nous lança après que nous l’ayons embrassé :

-          Salut mes princesses. Votre mère est dans l’avion du retour.

-          Comment ça ? Elle ne devait pas rentrer demain ? interrogeâmes ma sœur et moi, étonnées.

-          Si, mais son voyage est écourté : la personne qui devait intervenir aujourd’hui a le Covid. Maman sera donc rentrée d’ici deux heures.  

Cela ne m’arrangeait pas : si Scarlett décidait d’en remettre une couche pour le vol, je ne pourrais pas l’encaisser. Mon derrière était déjà tellement hors service que je préférais prendre mon petit déj’ debout, au bar.

-          Tu ne t’assois pas avec nous, Marie ? me lança Michael avec un soupçon d’amusement dans la voix.

-          Ahah, très drôle ! lui lançai-je, dégoûtée.

-          Tu ne vas pas pouvoir rester debout toute la journée, me dit Louise. A un moment, il va falloir que tu t’assoies. Nous avons six heures de cours aujourd’hui…

-          Je m’assirai quand je n’aurai pas le choix. Mais pour le moment, je reste debout ! affirmai-je avant de boire une gorgée de chocolat chaud.

-          Tu veux apporter un coussin à l’école ? me demanda mon père avec le même ton amusé.

-          Pour que tout le monde sache que j’ai pris la fessée du siècle ?! Non merci !

-          Au moins, tu dissuaderas tes camarades de voler dans un magasin… dit Michael.

-          Pas forcément. Il y en a qui ont de la chance, comme par exemple Anaïs, dont les parents la laissaient faire ce qu’elle voulait.

Je voulais piquer Michael à vif, lui faire mal. C’était ma petite vengeance personnelle. Malheureusement, ma réplique n’eut pas l’effet escompté. Michael rétorqua :

-          Oui, pauvre petite Marie qui a des parents tellement horribles qu’ils osent l’aimer et faire attention à ce qu’elle devienne quelqu’un de bien. Pauvre d’elle, vraiment ! Y’a-t-il un moyen de faire un don financier pour lui venir en aide ?

-          Une centaine de milliers d’euros, ça ira, répondis-je, agacée.

-          Je donnerai cette somme uniquement pour la suite de tes études, s’il y a besoin ! dit Michael.

-          Attends, parce que tu as 100.000€ cash ? Sur ton compte ? Là, maintenant, tout de suite ?!

-          Marie, ta mère et moi sommes propriétaires de plusieurs immeubles et possédons des actions un peu partout en France et aux Etats-Unis…

Waouh. Je les savais riches, mais pas à ce point-là ! J’imaginais qu’ils étaient au niveau de Tom et Dana : un couple aisé qui ne regarde pas à la dépense, possédant des économies construites au fil des années… mais pas autant !

-          Mais, pourquoi continuez-vous à travailler, alors ?! interrogeai-je, abasourdie. Et pourquoi n’avons-nous pas des domestiques ? Et une plus grande maison ?

-          Ta mère et moi continuons à travailler parce que nous en avons l’envie et que nous aimons nos métiers. Ensuite, nous n’allons pas engager des domestiques alors que nous pouvons très bien faire les choses par nous-mêmes : les domestiques encouragent la fainéantise. Enfin, notre maison nous convient très bien comme elle est. Et puis Paillette s’y perdrait si on avait plus grand.

De toute façon cette chatte est tellement associable que je ne la vois quasiment jamais. Ce n’est d’ailleurs pas comme ça que mes parents nous l’avaient décrite le soir où nous sommes arrivées…

-          En parlant de Paillette et donc des chats, quand allons-nous chercher les deux chatons que vous nous avez promis ? se renseigna Louise, impatiente.

-          Jeudi, répondit Michael.

Bonne nouvelle. J’avais hâte de faire la connaissance de nos nouveaux compagnons, en espérant qu’ils soient plus sociables que Paillette.

 

                Nous finîmes notre petit déjeuner. Alors que nous allions rejoindre nos chambres pour prendre nos affaires, Michael nous lança :

-          Au fait, les filles ! Il y a un couple d’amis qui vient dîner ce soir, à la maison. James et Rose. Vous les adorerez, c’est certain !

Louise s’en fit toute une montagne. Elle qui est très timide et du genre à redouter de rencontrer de nouvelles personnes. Quant à moi, j’étais ravie de faire la connaissance d’amis de mes parents.

 

 

                Le début de ma journée à la fac se déroula plutôt bien. Ce fut au moment de la pause repas que les choses se gâtèrent : la cafétéria était remplie d’étudiants. Mes amies, ma sœur et moi avions trouvé une place in extremis pour y manger. C’est alors que Cassandra nous demanda de la laisser s’asseoir à côté de nous.

-          C’est une blague ?! lui lançai-je.

-          Il n’y a plus d’autre place nulle part ! protesta-t-elle.

-          Eh bien va manger dehors ! lui lança Marion.

-          J’suis pas une chienne ! se défendit Cassandra.

-          Qu’est-ce que tu en sais ? lui lançai-je en rigolant.

Cassandra attrapa ma queue de cheval et la tira, si bien que je tombai en arrière. Heureusement, je ne me fis pas mal. Je me relevai immédiatement – sous les rires de toute la cafétéria qui m’avait vue tomber – et je la bousculai et lui disant :

-          Tu veux qu’on s’tape ?! C’est ça ?! Tu veux qu’on s’tape ?!

-          Marie, assieds-toi ! me lança Louise pour tenter de me raisonner. Ce n’est vraiment pas le moment pour que tu te battes !

-          Elle me cherche, cette grosse truie ! J’te promets qu’elle va le regretter !!

-          Qui est-ce que tu traites de grosse truie ?! me demanda Cassandra en me choppant violemment par le col.

Je fermai mon poing et lui flanquai une beigne. Je reçus instantanément un coup de pied dans le tibia, je ripostai avec une béquille qui fit tomber Cassandra à terre. Elle m’entraîna dans sa chute. Nous nous échangeâmes des coups de poings sous les encouragements de la foule qui s’amassait autour de nous.

-          Arrêtez ça tout de suite ! hurla une voix familière.

Cassandra et moi nous arrêtâmes. Je me relevai, laissant mon ennemie au sol. Mes parents se tenaient dans l’encadrement de la porte de la cafétéria. Tout le monde les fixa du regard. Quelques personnes de ma promo avaient déjà aperçu mes parents à la réunion parents-profs, mais ce n’était qu’une infime partie de tous ceux qui étaient présents dans l’immense réfectoire. Les mecs reluquaient ma mère de bas en haut, et les filles bavaient sur mon père. Tandis que Ken et Barbie venaient à nous avec tous les regards fixés sur eux, je touchai un liquide chaud qui coulait sur mon visage : je saignais de l’arcade. Je ne m’étais même pas aperçue que j’avais pris un coup à cet endroit.

Mon père aida Cassandra à se relever et ma mère me demanda si j’allais bien. Je lui répondis que oui, même si je compris d’après sa tête que j’étais particulièrement amochée.

-          Ça ne t’est pas venu à l’esprit d’essayer de les séparer ?! gronda maman à Louise.

Ma sœur baissa les yeux.

-          Et vous ?! gronda ma mère à mes amies puis à la foule. Ça vous fait kiffer de les voir se battre sans intervenir ?! Vous avez partagé ça où, hein ?! Sur Facebook ? Snapchat ?! Bande d’abrutis !

-          Hey madame, intervint un étudiant avec un air prétentieux, ce ne sont pas nos affaires…

-          Ben voyons ! C’est bien facile, ça ! rétorqua Scarlett.

-          Maman…tentai-je.

-          Toi, tu te tais ! Tu n’as pas ton mot à dire ! Ton père et moi étions venus t’apporter tes médicaments du midi que tu as oubliés à la maison, et on te retrouve en train de te bagarrer ! Quand est-ce que tu vas t’arrêter, Marie, hein ?! Quand ?!

Je me tus. Il est vrai que je les enchaînais pas mal en ce moment.

-          On règlera ça plus tard, dit Michael. En attendant, on t’emmène à l’hôpital.

-          C’est bon papa, je vais bien ! assurai-je.

-          Tu ne discutes pas, Marie ! Il faut que tu voies un médecin !

Mes parents discutèrent quelques minutes avec le directeur de la fac puis ils m’emmenèrent à l’hôpital.

 

                Dans la salle d’attente des urgences, j’étais assise entre Michael et Scarlett et j’étais honteuse. Je sentais qu’ils étaient en colère contre moi.

-          C’est elle qui a commencé, tentai-je.

-          Tais-toi ! me lança Scarlett.

-          Mais maman, j’te jure que c’est elle qui a commencé !

-          Ma puce, nous savons que ce n’est pas toi qui a déclenché cette bagarre, me dit Michael. Cependant, tu n’aurais pas dû riposter.

-          J’aurais dû la laisser me fracasser le crâne ?!

Mes parents ne répondirent pas. Quelques secondes passèrent, puis Scarlett me prit dans ses bras. Alors que j’avais ma tête collée contre son torse (tout en continuant de compresser mon arcade !), elle me dit :

-          Bon sang, Marie ! Je t’aime autant que je suis furieuse ! Pourquoi est-ce que tu es toujours impliquée dans les histoires ?! Tu n’as plus intérêt à nous faire un coup pareil ! Tu te rends compte, un peu ?!

-          J’suis désolée maman, dis-je sincèrement.

Un silence s’installa de nouveau, puis je demandai :

-          Je vais encore prendre une fessée ?

Michael et Scarlett s’échangèrent un regard, puis mon père répondit :

-          Non car tu n’es pas entièrement fautive. Et puis je pense que tu as déjà été assez punie comme ça, vu tes blessures.

-          Il y a au moins un point positif, dit Scarlett.

-          Lequel ? me renseignai-je.

-          Cette peste de Cassandra est beaucoup plus amochée que toi, ria timidement maman. Tu es ma digne fille.

-          Comment tu sais que c’est une peste ? lui demandai-je.

-          Elle embêtait beaucoup Victoire. Et Tom et Dana nous ont expliqué qu’elle t’embêtait aussi. Alors c’est une peste. Et elle va avoir à faire à moi. Pas touche à ma fille !

Cette parole venue de Scarlett me fit chaud au cœur.

 

                Nous sortîmes des urgences trois heures plus tard. Finalement, je m’en sortais avec deux points de suture à l’arcade, un œil au beurre noir et un bel hématome au tibia.

 

                Lorsque nous rentrâmes à la maison, je m’endormis de fatigue sur le canapé.

 

                Mes parents me réveillèrent pour que je prenne une collation à seize heures. Je mangeais mon BN à la fraise lorsqu’on frappa à la porte : c’était Cassandra et sa mère. Scarlett les fit entrer et asseoir dans la pièce à vivre. Mon cœur se mit à battre à cent à l’heure. Je savais que ma mère ne serait pas aussi pacifique que Dana. Il n’allait pas falloir que la mère de Cassandra la chauffe trop : Scarlett est très impulsive et pourrait la plaquer contre le mur en toute facilité.

-          Souhaitez-vous boire quelque chose ? demanda poliment mon père.

-          Non merci, répondit madame Dubois.

-          Pourquoi vous êtes-vous déplacées jusqu’ici ? demanda Scarlett en souhaitant entrer directement dans le vif du sujet.

-          Votre fille a fait du mal à ma Cassandra ! J’exige réparation !

-          C’est votre fille qui a commencé à s’en prendre physiquement à la mienne, je vous signale ! s’emporta instantanément ma mère.

-          Parce que la vôtre l’a insultée juste avant ! rétorqua madame Dubois.

-          C’est vrai, Marie ?! me gronda Michael.

-          Non ! me défendis-je. Je ne l’ai pas insultée ! Je lui ai juste demandé si elle était sûre de ne pas être une chienne…

-          C’est un sous-entendu insultant, vous en conviendrez ! dit madame Dubois.

-          Quoiqu’il en soit, qu’elle ait été insultée ou non, votre fille n’avait pas à frapper la mienne !

-          Elle n’a fait que se défendre !

-          Elle n’avait pas à la frapper, point barre !

-          J’autorise Cassandra à se défendre lorsqu’elle est menacée !

-          Ah oui ?! Vous trouvez qu’elle a été menacée ?!

Scarlett se leva, fit le tour de la table, s’approcha à quelques centimètres du visage de Cassandra et lui dit :

-          Si jamais il t’arrive encore de t’en prendre à ma fille, je peux te promettre que tu auras à faire à moi et que tu t’en souviendras toute ta vie !

Puis, ma mère regarda madame Dubois et dit :

-          Ça, c’était une menace. Une vraie. Maintenant, sortez de chez moi.

Madame Dubois était tellement offusquée qu’elle bégayait des choses incompréhensibles. Scarlett les ficha dehors elle et sa fille puis referma la porte sur elles.

-          T’es au courant qu’elles vont sûrement porter plainte ? lui dis-je.

-          Elles peuvent, dit Michael. Nous avons d’excellents avocats. Elles ont plus à y perdre qu’à y gagner. Maintenant, finis de manger. Puis, tu monteras dans ta chambre pour rattraper les cours que tu as loupés cette après-midi.

 

 

A dix-neuf heures, James et Rose sonnèrent à la porte d’entrée. Ken et Barbie s’étaient mis sur leur 31 et étaient aussi canons que Brad Pitt et Angelina Jolie dans Mr & Mrs Smith.  Le couple d’amis avait apporté un énorme bouquet pour ma mère, une bouteille de grand cru pour mon père, et deux boîtes de Célébrations pour Louise et moi. Nous les en remerciâmes vivement.

Ma sœur et moi passâmes la majeure partie du repas à écouter les deux couples échanger les dernières nouvelles et parler de leurs vies respectives. James et Rose se posent la question, eux aussi, d’être famille d’accueil.

-          Vous devriez vous lancer dans l’aventure, dit Michael. C’est une expérience incroyable. Et puis, ça apporte énormément humainement parlant.

-          En parlant d’expérience incroyable, dit James en se tournant vers Scarlett. Je t’en supplie, viens rebosser avec nous. Tu nous manques vraiment. En plus, ça ne rime à rien du tout tes histoires de salons esthétiques à deux balles. Reviens à un job que tu aimes !

-          Tu sais très bien pourquoi j’ai stoppé, James.

-          Justement ! Tu as fait le deuil de cette affaire ! Reviens, maintenant !

-          Si je reviens, j’aurai moins de temps pour mes filles, dit Scarlett. Et ça, c’est juste hors de question. Ma famille est ma priorité.

-          Et si on te promet des horaires aménagés ? demanda Rose.

Mes parents s’échangèrent un regard et Michael dit :

-          C’est toi qui décides, ma chérie. C’est comme tu veux. C’est toi qui choisis.

Puisque Louise et moi n’y comprenions rien, j’intervins :

-          Est-ce qu’on peut savoir ce qui se passe ?

-          Après avoir été body Guard, et avant d’investir dans des salons de beauté, j’ai été criminologue, nous avoua Scarlett.

-          Quoi ?! dis-je bouche bée.

-          Un peu comme… comme les profilers aux Etats-Unis ? demanda Louise. Comme dans Esprits Criminels ?

-         Dans la vraie vie ça fait beaucoup moins rêver, ria Scarlett. Mais oui, c’est à peu près ça. Et cela me plaisait énormément.

Décidément, je n'avais pas fini d'en apprendre sur ma mère.

-          Mais alors pourquoi tu as arrêté ? demandai-je.

Scarlett baissa la tête et marqua un temps de silence. Je sentis que c’était un sujet grave.

-          Votre mère a été kidnappée, séquestrée et violentée pendant plus de 48 heures, par un criminel qu’ils recherchaient, nous expliqua Michael.

-          Attendez, c’est une blague ? dit Louise. Ça n’existe que dans les films, ce genre de choses !

-          Non, Louise chérie, reprit Scarlett. Ça existe aussi dans la réalité.

Scarlett écarta légèrement la bretelle de sa robe et nous vîmes apparaître plusieurs brûlures.

-          C’est après cela que j’ai décidé de tout plaquer. J’en ai fait le deuil, aujourd’hui.

Nous ne savions que répondre. Il fallait déjà qu’on accuse le coup de ce qu’on venait d’apprendre. Les quatre adultes, eux, continuèrent de débattre. Après plusieurs minutes, Louise et moi donnâmes notre avis :

-          On n’a pas envie de savoir que tu risques ta vie tous les jours, maman. C’est peut-être égoïste mais on veut savoir que tu es en sécurité.

-          De toute façon, ce métier n’est pas compatible avec une vie de famille, dit ma mère. Donc le débat est clos.

James et Rose n’insistèrent pas.

 

                Michael et Scarlett nous envoyèrent nous coucher avant de poursuivre la soirée avec leurs amis. Discrètement, je rejoignis Louise dans sa chambre. 

Alors que nous étions toutes les deux allongées dans son lit, je lui dis :

-          Tu te rends compte ?! Maman était profiler !

-          Ça ne m’étonne pas tant que ça, dit-elle. Michael et Scarlett sont très mystérieux. C’est ce qui fait leur charme.

-          Ah bon ? Tu les trouves mystérieux, toi ?

-          Ouais, me dit Loulou. J’suis sûre qu’on n’a pas fini d’en apprendre sur eux.

-          Tu m’étonnes. Bientôt, on va découvrir que Michael bossait pour le FBI, ris-je.

-          Ou pour le KGB ! enchérit Louise.

-          C’est moins fun. Le KGB torture les gens alors que le FBI est du côté des gens bien. Ça se voit que Michael et Scarlett sont des gens bien.

-          T’as raison.

-          En tout cas, tu l’as échappé belle avec ta baston, toi !

-          C’est clair. De toute façon, je n’aurais pas pris de fessée.

-          Pourquoi ?

-          Parce que mes fesses sont hors service, j’te rappelle !

Nous rîmes toutes les deux.

-          Ben t’es bête, alors ! dit Louise. T’aurais dû faire toutes les conneries que tu voulais !

-          Mauvais plan quand même ! ris-je. Avec leurs mémoires d’éléphant, papa et maman m’auraient quand même tuée lorsque mon derrière aurait été rétabli !

-          Tu crois vraiment qu’ils auraient attendu ? demanda Louise.

-          Aucune chance ! ris-je, ce qui entraîna le rire de ma sœur.

Il y eut un petit silence, puis Louise me dit :

-          On est bien, juste toutes les deux avec papa et maman. Je ne veux pas que ça change. Je ne veux pas d’autre sœur.

-          Je ne pense pas qu’on aura une autre sœur – ou un autre frère. Je pense vraiment qu’on va rester tous les quatre.

-          Je préfère, dit Louise.

-          Moi aussi.

Après un nouveau silence, Louise m’avoua :

-          Tu sais Manou, t’es pas seulement ma sœur d’accueil. T’es devenue ma sœur tout court.

-          Toi aussi Loulou. T’es ma sœur. Tu es l’unique sœur que je n’aurai jamais. J’aime beaucoup Anaïs et j’aimais beaucoup Jeanne, Victoire et Elsa… Mais avec toi, ce n’est pas pareil. C’est comme si on s’était toujours connues.

Nous entendîmes du bruit dans les escaliers.

-          Chut ! me dit Louise.

Nous nous blottîmes l’une contre l’autre pour tenter de fusionner et de ne constituer qu’un seul corps. Nous entendîmes la porte s’entrouvrir, puis Michael nous dire :

-          Ça suffit, les filles ! Marie, retourne dans ta chambre.

Nous ne bougeâmes pas, pensant encore que notre supercherie pouvait marcher.

-          Si je le répète, c’est la fessée ! Ne m’obligez pas à vous la donner !

Résignées, nous nous décollâmes l’une de l’autre et je sortis du lit de ma sœur pour rejoindre mon lit. Michael me lança un : « Que je ne vous y reprenne pas ! » avant de redescendre avec les adultes.

                Je m’endormis seule dans mon lit quelques minutes plus tard.

 

A suivre…

La suite !

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 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -