Mardi 5 novembre
2019
Louise et moi arrivâmes dans la pièce à vivre, prêtes
à prendre notre petit déjeuner. Michael, toujours avec son smartphone sous les
yeux pour consulter les actualités, nous lança après que nous l’ayons embrassé :
-
Salut mes princesses. Votre mère est dans l’avion
du retour.
-
Comment ça ? Elle ne devait pas rentrer
demain ? interrogeâmes ma sœur et moi, étonnées.
-
Si, mais son voyage est écourté : la personne
qui devait intervenir aujourd’hui a le Covid. Maman sera donc rentrée d’ici
deux heures.
Cela ne m’arrangeait pas :
si Scarlett décidait d’en remettre une couche pour le vol, je ne pourrais pas l’encaisser.
Mon derrière était déjà tellement hors service que je préférais prendre mon petit
déj’ debout, au bar.
-
Tu ne t’assois pas avec nous, Marie ? me
lança Michael avec un soupçon d’amusement dans la voix.
-
Ahah, très drôle ! lui lançai-je, dégoûtée.
-
Tu ne vas pas pouvoir rester debout toute la
journée, me dit Louise. A un moment, il va falloir que tu t’assoies. Nous avons
six heures de cours aujourd’hui…
-
Je m’assirai quand je n’aurai pas le choix. Mais
pour le moment, je reste debout ! affirmai-je avant de boire une gorgée de
chocolat chaud.
-
Tu veux apporter un coussin à l’école ? me
demanda mon père avec le même ton amusé.
-
Pour que tout le monde sache que j’ai pris la
fessée du siècle ?! Non merci !
-
Au moins, tu dissuaderas tes camarades de voler dans
un magasin… dit Michael.
-
Pas forcément. Il y en a qui ont de la chance,
comme par exemple Anaïs, dont les parents la laissaient faire ce qu’elle voulait.
Je voulais piquer Michael à vif,
lui faire mal. C’était ma petite vengeance personnelle. Malheureusement, ma
réplique n’eut pas l’effet escompté. Michael rétorqua :
-
Oui, pauvre petite Marie qui a des parents
tellement horribles qu’ils osent l’aimer et faire attention à ce qu’elle
devienne quelqu’un de bien. Pauvre d’elle, vraiment ! Y’a-t-il un moyen de
faire un don financier pour lui venir en aide ?
-
Une centaine de milliers d’euros, ça ira, répondis-je,
agacée.
-
Je donnerai cette somme uniquement pour la suite
de tes études, s’il y a besoin ! dit Michael.
-
Attends, parce que tu as 100.000€ cash ?
Sur ton compte ? Là, maintenant, tout de suite ?!
-
Marie, ta mère et moi sommes propriétaires de
plusieurs immeubles et possédons des actions un peu partout en France et aux
Etats-Unis…
Waouh. Je les savais riches,
mais pas à ce point-là ! J’imaginais qu’ils étaient au niveau de Tom et
Dana : un couple aisé qui ne regarde pas à la dépense, possédant des
économies construites au fil des années… mais pas autant !
-
Mais, pourquoi continuez-vous à travailler,
alors ?! interrogeai-je, abasourdie. Et pourquoi n’avons-nous pas des domestiques ?
Et une plus grande maison ?
-
Ta mère et moi continuons à travailler parce que
nous en avons l’envie et que nous aimons nos métiers. Ensuite, nous n’allons
pas engager des domestiques alors que nous pouvons très bien faire les choses
par nous-mêmes : les domestiques encouragent la fainéantise. Enfin, notre
maison nous convient très bien comme elle est. Et puis Paillette s’y perdrait
si on avait plus grand.
De toute façon cette chatte
est tellement associable que je ne la vois quasiment jamais. Ce n’est d’ailleurs
pas comme ça que mes parents nous l’avaient décrite le soir où nous sommes
arrivées…
-
En parlant de Paillette et donc des chats, quand
allons-nous chercher les deux chatons que vous nous avez promis ? se renseigna
Louise, impatiente.
-
Jeudi, répondit Michael.
Bonne nouvelle. J’avais hâte
de faire la connaissance de nos nouveaux compagnons, en espérant qu’ils soient
plus sociables que Paillette.
Nous finîmes notre petit déjeuner. Alors que nous
allions rejoindre nos chambres pour prendre nos affaires, Michael nous lança :
-
Au fait, les filles ! Il y a un couple d’amis
qui vient dîner ce soir, à la maison. James et Rose. Vous les adorerez, c’est
certain !
Louise s’en fit toute une
montagne. Elle qui est très timide et du genre à redouter de rencontrer de
nouvelles personnes. Quant à moi, j’étais ravie de faire la connaissance d’amis
de mes parents.
Le début de ma journée à la fac se déroula plutôt
bien. Ce fut au moment de la pause repas que les choses se gâtèrent : la
cafétéria était remplie d’étudiants. Mes amies, ma sœur et moi avions trouvé
une place in extremis pour y manger. C’est alors que Cassandra nous demanda de
la laisser s’asseoir à côté de nous.
-
C’est une blague ?! lui lançai-je.
-
Il n’y a plus d’autre place nulle part ! protesta-t-elle.
-
Eh bien va manger dehors ! lui lança
Marion.
-
J’suis pas une chienne ! se défendit
Cassandra.
-
Qu’est-ce que tu en sais ? lui lançai-je en
rigolant.
Cassandra attrapa ma queue de
cheval et la tira, si bien que je tombai en arrière. Heureusement, je ne me fis
pas mal. Je me relevai immédiatement – sous les rires de toute la cafétéria qui
m’avait vue tomber – et je la bousculai et lui disant :
-
Tu veux qu’on s’tape ?! C’est ça ?! Tu
veux qu’on s’tape ?!
-
Marie, assieds-toi ! me lança Louise pour
tenter de me raisonner. Ce n’est vraiment pas le moment pour que tu te battes !
-
Elle me cherche, cette grosse truie ! J’te
promets qu’elle va le regretter !!
-
Qui est-ce que tu traites de grosse truie ?!
me demanda Cassandra en me choppant violemment par le col.
Je fermai mon poing et lui
flanquai une beigne. Je reçus instantanément un coup de pied dans le tibia, je
ripostai avec une béquille qui fit tomber Cassandra à terre. Elle m’entraîna
dans sa chute. Nous nous échangeâmes des coups de poings sous les encouragements
de la foule qui s’amassait autour de nous.
-
Arrêtez ça tout de suite ! hurla une voix
familière.
Cassandra et moi nous
arrêtâmes. Je me relevai, laissant mon ennemie au sol. Mes parents se tenaient
dans l’encadrement de la porte de la cafétéria. Tout le monde les fixa du
regard. Quelques personnes de ma promo avaient déjà aperçu mes parents à la réunion
parents-profs, mais ce n’était qu’une infime partie de tous ceux qui étaient
présents dans l’immense réfectoire. Les mecs reluquaient ma mère de bas en haut,
et les filles bavaient sur mon père. Tandis que Ken et Barbie venaient à nous
avec tous les regards fixés sur eux, je touchai un liquide chaud qui coulait
sur mon visage : je saignais de l’arcade. Je ne m’étais même pas aperçue
que j’avais pris un coup à cet endroit.
Mon père aida Cassandra à se
relever et ma mère me demanda si j’allais bien. Je lui répondis que oui, même
si je compris d’après sa tête que j’étais particulièrement amochée.
-
Ça ne t’est pas venu à l’esprit d’essayer de les
séparer ?! gronda maman à Louise.
Ma sœur baissa les yeux.
-
Et vous ?! gronda ma mère à mes amies puis
à la foule. Ça vous fait kiffer de les voir se battre sans intervenir ?!
Vous avez partagé ça où, hein ?! Sur Facebook ? Snapchat ?!
Bande d’abrutis !
-
Hey madame, intervint un étudiant avec un air
prétentieux, ce ne sont pas nos affaires…
-
Ben voyons ! C’est bien facile, ça !
rétorqua Scarlett.
-
Maman…tentai-je.
-
Toi, tu te tais ! Tu n’as pas ton mot à
dire ! Ton père et moi étions venus t’apporter tes médicaments du midi que
tu as oubliés à la maison, et on te retrouve en train de te bagarrer ! Quand
est-ce que tu vas t’arrêter, Marie, hein ?! Quand ?!
Je me tus. Il est vrai que je
les enchaînais pas mal en ce moment.
-
On règlera ça plus tard, dit Michael. En
attendant, on t’emmène à l’hôpital.
-
C’est bon papa, je vais bien ! assurai-je.
-
Tu ne discutes pas, Marie ! Il faut que tu
voies un médecin !
Mes parents discutèrent
quelques minutes avec le directeur de la fac puis ils m’emmenèrent à l’hôpital.
Dans la salle d’attente des urgences, j’étais assise
entre Michael et Scarlett et j’étais honteuse. Je sentais qu’ils étaient en
colère contre moi.
-
C’est elle qui a commencé, tentai-je.
-
Tais-toi ! me lança Scarlett.
-
Mais maman, j’te jure que c’est elle qui a
commencé !
-
Ma puce, nous savons que ce n’est pas toi qui a
déclenché cette bagarre, me dit Michael. Cependant, tu n’aurais pas dû riposter.
-
J’aurais dû la laisser me fracasser le crâne ?!
Mes parents ne répondirent
pas. Quelques secondes passèrent, puis Scarlett me prit dans ses bras. Alors
que j’avais ma tête collée contre son torse (tout en continuant de compresser
mon arcade !), elle me dit :
-
Bon sang, Marie ! Je t’aime autant que je
suis furieuse ! Pourquoi est-ce que tu es toujours impliquée dans les histoires ?!
Tu n’as plus intérêt à nous faire un coup pareil ! Tu te rends compte, un
peu ?!
-
J’suis désolée maman, dis-je sincèrement.
Un silence s’installa de nouveau,
puis je demandai :
-
Je vais encore prendre une fessée ?
Michael et Scarlett s’échangèrent
un regard, puis mon père répondit :
-
Non car tu n’es pas entièrement fautive. Et puis
je pense que tu as déjà été assez punie comme ça, vu tes blessures.
-
Il y a au moins un point positif, dit Scarlett.
-
Lequel ? me renseignai-je.
-
Cette peste de Cassandra est beaucoup plus
amochée que toi, ria timidement maman. Tu es ma digne fille.
-
Comment tu sais que c’est une peste ? lui
demandai-je.
-
Elle embêtait beaucoup Victoire. Et Tom et Dana
nous ont expliqué qu’elle t’embêtait aussi. Alors c’est une peste. Et elle va
avoir à faire à moi. Pas touche à ma fille !
Cette parole venue de Scarlett
me fit chaud au cœur.
Nous sortîmes des urgences trois heures plus tard. Finalement,
je m’en sortais avec deux points de suture à l’arcade, un œil au beurre noir et
un bel hématome au tibia.
Lorsque nous rentrâmes à la maison, je m’endormis de
fatigue sur le canapé.
Mes parents me réveillèrent pour que je prenne une
collation à seize heures. Je mangeais mon BN à la fraise lorsqu’on frappa à la
porte : c’était Cassandra et sa mère. Scarlett les fit entrer et asseoir
dans la pièce à vivre. Mon cœur se mit à battre à cent à l’heure. Je savais que
ma mère ne serait pas aussi pacifique que Dana. Il n’allait pas falloir que la
mère de Cassandra la chauffe trop : Scarlett est très impulsive et
pourrait la plaquer contre le mur en toute facilité.
-
Souhaitez-vous boire quelque chose ?
demanda poliment mon père.
-
Non merci, répondit madame Dubois.
-
Pourquoi vous êtes-vous déplacées jusqu’ici ?
demanda Scarlett en souhaitant entrer directement dans le vif du sujet.
-
Votre fille a fait du mal à ma Cassandra ! J’exige
réparation !
-
C’est votre fille qui a commencé à s’en prendre
physiquement à la mienne, je vous signale ! s’emporta instantanément ma
mère.
-
Parce que la vôtre l’a insultée juste avant !
rétorqua madame Dubois.
-
C’est vrai, Marie ?! me gronda Michael.
-
Non ! me défendis-je. Je ne l’ai pas insultée !
Je lui ai juste demandé si elle était sûre de ne pas être une chienne…
-
C’est un sous-entendu insultant, vous en
conviendrez ! dit madame Dubois.
-
Quoiqu’il en soit, qu’elle ait été insultée ou non,
votre fille n’avait pas à frapper la mienne !
-
Elle n’a fait que se défendre !
-
Elle n’avait pas à la frapper, point barre !
-
J’autorise Cassandra à se défendre lorsqu’elle
est menacée !
-
Ah oui ?! Vous trouvez qu’elle a été
menacée ?!
Scarlett se leva, fit le tour
de la table, s’approcha à quelques centimètres du visage de Cassandra et lui
dit :
-
Si jamais il t’arrive encore de t’en prendre à ma
fille, je peux te promettre que tu auras à faire à moi et que tu t’en souviendras
toute ta vie !
Puis, ma mère regarda madame
Dubois et dit :
-
Ça, c’était une menace. Une vraie. Maintenant,
sortez de chez moi.
Madame Dubois était tellement
offusquée qu’elle bégayait des choses incompréhensibles. Scarlett les ficha
dehors elle et sa fille puis referma la porte sur elles.
-
T’es au courant qu’elles vont sûrement porter
plainte ? lui dis-je.
-
Elles peuvent, dit Michael. Nous avons d’excellents
avocats. Elles ont plus à y perdre qu’à y gagner. Maintenant, finis de manger.
Puis, tu monteras dans ta chambre pour rattraper les cours que tu as loupés
cette après-midi.
A dix-neuf
heures, James et Rose sonnèrent à la porte d’entrée. Ken et Barbie s’étaient
mis sur leur 31 et étaient aussi canons que Brad Pitt et Angelina Jolie dans Mr
& Mrs Smith. Le couple d’amis
avait apporté un énorme bouquet pour ma mère, une bouteille de grand cru pour
mon père, et deux boîtes de Célébrations pour Louise et moi. Nous les en
remerciâmes vivement.
Ma sœur et
moi passâmes la majeure partie du repas à écouter les deux couples échanger les
dernières nouvelles et parler de leurs vies respectives. James et Rose se
posent la question, eux aussi, d’être famille d’accueil.
-
Vous devriez vous lancer dans l’aventure, dit
Michael. C’est une expérience incroyable. Et puis, ça apporte énormément humainement
parlant.
-
En parlant d’expérience incroyable, dit James en
se tournant vers Scarlett. Je t’en supplie, viens rebosser avec nous. Tu nous manques vraiment. En plus, ça ne rime à rien du tout tes histoires de
salons esthétiques à deux balles. Reviens à un job que tu aimes !
-
Tu sais très bien pourquoi j’ai stoppé, James.
-
Justement ! Tu as fait le deuil de cette
affaire ! Reviens, maintenant !
-
Si je reviens, j’aurai moins de temps pour mes
filles, dit Scarlett. Et ça, c’est juste hors de question. Ma famille est ma
priorité.
-
Et si on te promet des horaires aménagés ?
demanda Rose.
Mes parents s’échangèrent un
regard et Michael dit :
-
C’est toi qui décides, ma chérie. C’est comme tu
veux. C’est toi qui choisis.
Puisque Louise et moi n’y
comprenions rien, j’intervins :
-
Est-ce qu’on peut savoir ce qui se passe ?
-
Après avoir été body Guard, et avant d’investir
dans des salons de beauté, j’ai été criminologue, nous avoua Scarlett.
-
Quoi ?! dis-je bouche bée.
-
Un peu comme… comme les profilers aux Etats-Unis ?
demanda Louise. Comme dans Esprits Criminels ?
- Dans la vraie vie ça fait beaucoup moins rêver, ria Scarlett. Mais oui, c’est à peu près ça. Et cela me plaisait énormément.
Décidément, je n'avais pas fini d'en apprendre sur ma mère.
-
Mais alors pourquoi tu as arrêté ? demandai-je.
Scarlett baissa la tête et
marqua un temps de silence. Je sentis que c’était un sujet grave.
-
Votre mère a été kidnappée, séquestrée et
violentée pendant plus de 48 heures, par un criminel qu’ils recherchaient, nous
expliqua Michael.
-
Attendez, c’est une blague ? dit Louise. Ça
n’existe que dans les films, ce genre de choses !
-
Non, Louise chérie, reprit Scarlett. Ça existe aussi
dans la réalité.
Scarlett écarta légèrement la
bretelle de sa robe et nous vîmes apparaître plusieurs brûlures.
-
C’est après cela que j’ai décidé de tout
plaquer. J’en ai fait le deuil, aujourd’hui.
Nous ne savions que répondre.
Il fallait déjà qu’on accuse le coup de ce qu’on venait d’apprendre. Les quatre
adultes, eux, continuèrent de débattre. Après plusieurs minutes, Louise et moi
donnâmes notre avis :
-
On n’a pas envie de savoir que tu risques ta vie
tous les jours, maman. C’est peut-être égoïste mais on veut savoir que tu es en
sécurité.
-
De toute façon, ce métier n’est pas compatible
avec une vie de famille, dit ma mère. Donc le débat est clos.
James et Rose n’insistèrent
pas.
Michael et Scarlett nous envoyèrent nous coucher avant de poursuivre la soirée avec leurs amis. Discrètement, je rejoignis Louise dans sa chambre.
-
Tu te rends compte ?! Maman était profiler !
-
Ça ne m’étonne pas tant que ça, dit-elle. Michael
et Scarlett sont très mystérieux. C’est ce qui fait leur charme.
-
Ah bon ? Tu les trouves mystérieux, toi ?
-
Ouais, me dit Loulou. J’suis sûre qu’on n’a pas
fini d’en apprendre sur eux.
-
Tu m’étonnes. Bientôt, on va découvrir que Michael
bossait pour le FBI, ris-je.
-
Ou pour le KGB ! enchérit Louise.
-
C’est moins fun. Le KGB torture les gens alors
que le FBI est du côté des gens bien. Ça se voit que Michael et Scarlett sont
des gens bien.
-
T’as raison.
-
En tout cas, tu l’as échappé belle avec ta
baston, toi !
-
C’est clair. De toute façon, je n’aurais pas
pris de fessée.
-
Pourquoi ?
-
Parce que mes fesses sont hors service, j’te rappelle !
Nous rîmes toutes les deux.
-
Ben t’es bête, alors ! dit Louise. T’aurais
dû faire toutes les conneries que tu voulais !
-
Mauvais plan quand même ! ris-je. Avec leurs
mémoires d’éléphant, papa et maman m’auraient quand même tuée lorsque mon derrière
aurait été rétabli !
-
Tu crois vraiment qu’ils auraient attendu ?
demanda Louise.
-
Aucune chance ! ris-je, ce qui entraîna le
rire de ma sœur.
Il y eut un petit silence, puis Louise me dit :
-
On est bien, juste toutes les deux avec papa et
maman. Je ne veux pas que ça change. Je ne veux pas d’autre sœur.
-
Je ne pense pas qu’on aura une autre sœur – ou un
autre frère. Je pense vraiment qu’on va rester tous les quatre.
-
Je préfère, dit Louise.
-
Moi aussi.
Après un nouveau silence, Louise m’avoua :
-
Tu sais Manou, t’es pas seulement ma sœur d’accueil.
T’es devenue ma sœur tout court.
-
Toi aussi Loulou. T’es ma sœur. Tu es l’unique sœur
que je n’aurai jamais. J’aime beaucoup Anaïs et j’aimais beaucoup Jeanne, Victoire
et Elsa… Mais avec toi, ce n’est pas pareil. C’est comme si on s’était toujours
connues.
Nous entendîmes du bruit dans les escaliers.
-
Chut ! me dit Louise.
Nous nous blottîmes l’une contre l’autre pour tenter de
fusionner et de ne constituer qu’un seul corps. Nous entendîmes la porte s’entrouvrir,
puis Michael nous dire :
-
Ça suffit, les filles ! Marie, retourne
dans ta chambre.
Nous ne bougeâmes pas, pensant encore que notre
supercherie pouvait marcher.
-
Si je le répète, c’est la fessée ! Ne m’obligez
pas à vous la donner !
Résignées, nous nous décollâmes l’une de l’autre et je sortis
du lit de ma sœur pour rejoindre mon lit. Michael me lança un : « Que
je ne vous y reprenne pas ! » avant de redescendre avec les adultes.
Je m’endormis
seule dans mon lit quelques minutes plus tard.
A suivre…
Ah Cassandra est de retour à embêter les filles
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