Mercredi 6 novembre 2019.
Après une grasse matinée bien méritée – comme cela
fait du bien de ne pas avoir cours le mercredi matin ! – je me levai aux
alentours de onze heures. Je pris tout de suite mes médicaments et mangeai une
barre de céréales afin de tenir jusqu’à l’heure du déjeuner.
A midi, nous mangeâmes tous les quatre, en famille.
Scarlett avait sa journée de libre et Michael avait pu faire une pause dans son télétravail.
-
Au fait, les filles ! nous dit Scarlett.
Votre père et moi avons décidé de se faire une sortie en amoureux, ce soir. Nous
avons besoin de prendre du temps pour notre couple. Nous vous laisserons donc
seules à la maison.
Le regard conquérant que nous
nous échangeâmes Louise et moi alerta nos parents. Michael reprit :
-
Vous avez intérêt à vous tenir à carreaux !
Nous voulons retrouver la maison dans le même état que nous l’avons
laissée !
-
Et ce n’est pas parce que nous sommes absents
que les règles changent ! poursuivit Scarlett. Puisque vous n’avez pas cours
demain, vous avez la permission de 22h30. Mais 22h30 grand maximum !
-
Pas de sortie, ni d’invitation ! continua
Michael.
-
Et si jamais nous apprenons qu’une ou plusieurs
de ces règles n’ont pas été respectées, nous vous flanquerons une baby-sitter
pour les prochaines fois ! ajouta Scarlett. Et cela, en plus d’une fessée !
Michael et Scarlett ne seront
pas là ce soir et il n’y a aucune raison qu’ils apprennent ce qui se sera passé en
leur absence.
Puisque nous n’avons pas cours le jeudi, Vincent, un
gars de notre classe, organise une soirée chez lui tous les mercredis soirs.
Louise et moi n’y sommes jamais allées, sachant très bien que Tom et Dana, puis
Michael et Scarlett nous auraient strictement interdit d’y aller. Néanmoins, ce
soir, c’était l’occasion rêvée d’aller y faire un tour. En allant à notre
premier cours de l’après-midi, les rôles étaient inversés : c’était Louise
qui était toute excitée à l’idée d’y aller et moi qui la freinais un peu :
-
Tu te rends compte que c’est un énorme risque ou
pas ?
-
Je sais Manou mais c’est vraiment
l’occasion ! Elle ne se représentera pas !
-
C’est aussi l’occasion de se mettre Michael et
Scarlett dans la poche une bonne fois pour toutes, lui dis-je. Si on reste
sages ce soir, on aura définitivement gagné leur confiance !
-
Où est passée ma sœur ?! Sors de ce
corps !! cria Louise.
-
Ahah, très drôle ! ironisai-je.
-
Je ne comprends pas ce qui t’arrive. On devrait
être en train de discuter de comment on y va, plutôt que si on y va !
-
Ce n’est pas toi qui as pris la fessée de ta vie
avant-hier ! la rabrouai-je. J’ai encore mal aux fesses, j’te
signale ! Et puis d’ailleurs, tu ne crains plus les parents, tout à
coup ?!
-
Bien sûr que si, dit Louise. Mais encore une
fois, c’est une occasion unique ! Et puis, il n’y a aucune chance pour qu’ils
sachent où on est.
-
Qu’est-ce que tu en sais ? demandai-je. On
ne sait même pas à quelle heure ils vont rentrer !
-
On n’aura qu’à utiliser une appli de
géolocalisation ! dit Louise. Je l’installerai moi-même en rentrant des
cours. Comme ça, on saura quand ils seront sur le point de rentrer !
Pas bête. Pas bête du tout,
même. Et puisque Louise est une enfant de chœur, nos parents ne se douteront de
rien… C’est vraiment pas mal.
-
Bon ok, acceptai-je. Mais je te jure que si
jamais on se fait prendre, je remettrai entièrement la faute sur toi.
-
Marché conclu, dit ma sœur.
Je ne sais pas pourquoi,
j’avais encore un mauvais pressentiment. Je sentais que cette bêtise allait me
conduire tout droit sur les genoux de mes parents.
-
14/20, mademoiselle Webber ! C’est un bon
travail.
Venant de mon prof d’histoire
sadique, cette remarque représentait le compliment ultime. Malheureusement,
j’étais quand même bonne pour prendre dix claques en rentrant à la
maison : mes fesses n’étaient même pas encore totalement réparées. J’étais
dépitée.
Pour la première fois depuis
le début de l’année, Louise écopait d’une note plus basse que la mienne :
un 11/20, ce qui lui vaudrait une fessée plus salée que moi en rentrant à la
maison. J’étais on ne peut plus surprise de cet événement. La Terre se
serait-elle mise à tourner dans l’autre sens depuis ce midi ?
Je me dis que, peut-être,
cette fessée pour la note d’histoire rappellerait à Louise ô combien cela fait
mal, et la dissuaderait de sortir ce soir. Néanmoins, j’en serais bien déçue
maintenant qu’elle m’avait convaincue et que je me faisais une joie d’aller
chez Vincent.
Lorsque nous rentrâmes à la maison après les cours,
Michael travaillait encore dans son bureau à l’étage et Scarlett nous avait
laissées un mot disant qu’elle était allée chercher les courses au Drive le
plus proche. Nous nous rendîmes dans la pièce à vivre où tout le nécessaire
pour se préparer un bon goûter était sorti sur la table. La femme de ménage
était là, en train de s’affairer à nettoyer le frigo. Nous la saluâmes avant de
nous installer et de prendre notre goûter.
-
Tu préfères que ce soit papa ou maman ?
demandai-je à Louise, en pensant à nos notes d’histoire.
-
Maman, dit Louise. Même si ça fait quand même
très mal. Avec papa, j’ai toujours l’impression de décoller du sol.
-
Moi aussi je préfèrerais que ce soit maman,
dis-je sans justification.
-
On verra bien. Espérons que papa soit en meeting
et qu’il ne descende pas tout de suite…
-
Oui.
Je marquai un temps de
silence, puis demandai à ma sœur :
-
Je peux te poser une question ?
-
Bien sûr, répondit Loulou.
-
Quelle mouche t’a piquée aujourd’hui ? Tu
as toujours été l’enfant parfaite. Même chez Tom et Dana, tu as toujours été la
petite fille sage. Et aujourd’hui, tu décides de braver l’interdit pour aller
chez Vincent…
-
Je pourrais te poser la même question, me
retourna Louise. Tu as toujours été l’enfant terrible qui donnait du fil à
retordre aux parents ; et là, d’un coup, tu t’assagis.
-
Louise, tu n’es pas amnésique, quand même !
lui dis-je. Tu sais très bien ce qui s’est passé avant-hier ! Tu sais très
bien pourquoi je me suis assagie ! Si tu avais pris la volée que j’ai prise, tu
n’aurais même pas pensé une seule seconde à sortir ce soir ! Ça justifie
totalement le fait que je veuille faire profil bas ; mais ça ne justifie
pas le moins du monde le fait que tu deviennes…que tu deviennes comme moi.
-
Je suis loin d’être à ton niveau, dit ma sœur. En
fait, je commence à en avoir marre de faire profil bas, justement. Dans deux
mois, j’aurai vingt ans. J’ai toute la vie devant moi. Je devrais sortir en
boîte, picoler et m’éclater comme une jeune de mon âge. Au lieu de ça, à cause
de ce maudit gouvernement, je suis redevenue mineure, sous la tutelle d’un couple
ultrastrict. Ce n’est clairement pas la jeunesse que j’ai envie d’avoir.
-
Qu’est-ce qui t’a donné ce déclic ? m’étonnai-je,
ne sachant comment réagir à la révolte de ma sœur.
-
J’ai parlé avec ma grande sœur ce week-end.
Elle m’a rappelée, à juste titre, qu’il fallait que je commence à profiter de
ma jeunesse. Donc à partir de maintenant, je vais saisir la moindre occasion
pour profiter.
J’explosai de rire.
-
Qu’est-ce qui te fait rire ? me demanda ma sœur,
le plus sérieusement du monde.
-
Ce qui me fait rire, c’est que tu es en train de
dire que tu vas te révolter en mode « grand méchant loup », alors que
dans une heure maxi, quand les parents t’en auront collée une pour la note d’histoire,
tu seras redevenue un tout petit agneau apeuré ! Alors oui, je ris !
-
Qu’est-ce que tu en sais ?! me gronda
Louise. Tu ne me crois pas capable ?!
-
Louise, ça va faire bientôt deux mois que je te
connais ! A chaque fois que tu as eu un petit regain de révolte, tu t’es
très vite calmée ! Et c’était avec Tom et Dana ! Michael et Scarlett sont
beaucoup plus dissuasifs…
-
Tu verras !
-
Oui, je verrai ! me moquai-je. Je vais déjà
voir si, avec la fessée que tu vas prendre pour l’histoire, tu auras toujours
envie d’aller chez Vincent !
Être une rebelle, une vraie (un
peu comme moi) ça ne s’apprend pas. C’est inné. Pour moi, Louise était une
petite rigolote qui voulait se la jouer caïd. Elle allait vite déchanter.
-
En tout cas, lui dis-je, même si ça ne va pas durer
longtemps, ça me fait plaisir de te voir te rebiffer un peu !
-
Chut ! me dit-elle en entendant un bruit
dans les escaliers. Papa arrive !
Oh non… Michael s’occuperait
très certainement de nous puisque Scarlett n’était toujours pas rentrée. Zut de
chez zut !
-
Salut les filles, ça a été votre aprem ?
-
Oui nickel et toi ? répondis-je.
-
Ça a été.
Papa n’avait pas l’air au
courant de nos notes.
-
Ça n’a pas l’air d’aller, mes princesses ! nous
lança l’informaticien. Vous êtes sûres que ça va ?
-
Oui, oui ! répondit Louise.
Effectivement, il n’était pas
au courant. Petit sursis.
Devant l’ignorance de Michael, nous passâmes un
goûter convivial. Nous avions bientôt fini quand soudain, Scarlett rentra des
courses.
-
Venez m’aider à décharger, nous dit-elle. Ensuite,
il va falloir qu’on parle !
-
Qu’est-ce qui se passe ? demanda Michael, surpris
par la mauvaise humeur de sa femme.
-
Tu n’as pas regardé ton téléphone cette après-midi,
toi ! dit-elle.
Michael s’avança vers le bar
et s’empara de son téléphone. Après l’avoir consulté, il dit :
-
Ah ! Je comprends mieux vos têtes de six
pieds de long lorsque je suis descendu !
Louise et moi ne répondîmes pas
et allâmes aider nos parents à décharger les courses.
Malheureusement, il ne nous fallut pas plus de cinq
minutes pour que toutes les courses soient déchargées. Nous voulûmes les ranger
pour gagner du temps mais Scarlett nous interrompit :
-
Nous allons d’abord régler nos comptes, ensuite nous
rangerons les courses !
Nous remîmes les aliments que
nous avions dans les mains dans leurs sacs respectifs et attendîmes que la
sentence tombe.
-
Allez me chercher vos copies, ordonna notre
mère.
Nous nous exécutâmes.
Le couple examina nos deux
copies de près. Sur ma copie, l’appréciation indiquait : « Bon
travail ! ». Sur celle de Louise, il y avait indiqué : « Hors
sujet ». Scarlett dit à Michael :
-
Bon. Ce n’est pas un manque de travail.
-
Peu importe, répondit notre père. Nous avons
instauré un barème, ce n’est pas pour rien. Si la note de 16/20 n’est pas
atteinte, il y a des conséquences. C’est tout.
-
Alors je te laisse faire, déclara Scarlett à son
mari.
Bon, le top départ du mauvais
quart d’heure venait d’être donné. Michael s’approcha rapidement de Louise, lui
empoigna le bras et remonta sa jupe en cuir marron de sa main libre. C’est ainsi
que ma sœur prit les vingt-cinq claques paternelles imposées par le barème. Elle
les prit sur le collant. Notre père avait assez appuyé les claques pour que
Louise les sente passer. Puis, une fois qu’il l’eut lâchée, ce fut à mon tour
de prendre dix bonnes claques sur le jeans. Heureusement, mon jeans était assez
épais pour bien me protéger. Mes fesses me picotaient mais c’est tout.
Louise n’avait même pas
pleuré, elle qui pleure pourtant facilement.
-
Vous êtes capable de beaucoup mieux que ça, les
filles, nous lança Michael de façon quasi-automatique, comme pour justifier ces
deux punitions.
Pour la première fois depuis
mon arrivée chez les Webber, je venais de trouver injuste la fessée prise. Il y
a toujours une raison pour laquelle mes parents me punissent – et parfois, ce
sont même de très bonnes raisons ! – mais aujourd’hui, j’avais ramené un « Bon
travail ! » en histoire et ces dix claques n’avaient aucune justice
pour moi. Papa me les avait données de manière automatique, parce qu’il le
fallait. Parce qu’ils avaient mis un barème en place et que c’était comme ça.
Je savais que ma mère était de
mon avis. Il n’y aurait eu qu’elle, elle aurait très certainement passé l’éponge.
Mais Michael déteste manquer à sa parole. Lorsqu’il dit quelque chose, il le
fait. Point barre.
Pour le coup, je fus mauvaise langue : Louise
était toujours aussi décidée à se rendre chez Vincent malgré le rappel à l’ordre
de Michael. Soit.
Pendant que Scarlett se préparait pour sa sortie,
Louise alla la voir. Depuis ma chambre, je l’entendis lui demander :
-
Maman, tu peux me prêter ton téléphone, s’il te
plaît ? Je voudrais regarder le programme TV de ce soir mais je ne trouve
pas le mien !
-
Oui bien sûr, chérie, répondit Scarlett. Il est
sur ma table de nuit.
Je me replongeai dans mon
bouquin puis vis Louise entrer dans ma chambre quelques minutes plus tard :
-
L’appli est installée et opérationnelle, dit ma sœur
après s’être assise sur mon lit.
-
Je continue de penser qu’on va commettre une énorme
erreur. Si maman se rend compte de quoi que ce soit sur son téléphone…
-
Pourquoi voudrais-tu qu’elle s’en rende compte ?
me demanda Louise. Déstresse.
-
J’aimerais bien, répondis-je. Mais je n’arrête
pas de penser à la rouste qu’on va prendre quand papa et maman vont apprendre
ce qu’on a fait. On va en passer du temps sur leurs genoux, tu peux me croire…
-
Ils ne le sauront pas, Marie ! me gronda
Louise. Arrête ton pessimisme !
-
Louise chérie, tu as retrouvé ton téléphone ?
demanda Scarlett après avoir frappé à la porte de ma chambre.
-
Oui, c’est bon, maman ! répondit ma sœur.
Merci !
-
Où était-il ? demanda-t-elle.
-
Je l’avais oublié sur l’étagère des toilettes,
inventa Louise.
Scarlett sortit de la pièce, Louise
la suivit, me chuchota une nouvelle fois que « tout allait bien se passer ».
Scarlett et Michael partirent pour dix-huit heures
trente après nous avoir donné mille et une recommandations.
Un quart d’heure plus tard, Louise et moi partîmes
également de la maison sous le regard accusateur de Paillette. Heureusement que
les animaux ne peuvent pas parler : Paillette pourrait en raconter, des choses !
La maison de Vincent ne se trouve qu’à deux rues de
la nôtre. Lorsque nous y arrivâmes, nous nous plantâmes devant la porte d’entrée
et sonnâmes.
Vincent vint nous ouvrir, accompagné d’une brunette d’environ
cinquante-cinq ans.
-
Ah ! Salut les filles ! s’exclama
Vincent.
Puis, il tourna sa tête vers
la brunette et dit :
-
Maman, je vous présente Marie et Louise Webber.
Il vouvoie sa mère ?!
Je m’arrêtai quelques secondes
sur cette étonnante découverte avant d’être interrompue par la mère de Vincent.
-
Webber… dit-elle. Michael et Scarlett Webber ?
-
Oui, répondis-je.
-
Oh, ils sont vraiment adorables ! Ils
doivent être de très bons parents !
-
Oui, répondis-je encore une fois. Vous les
connaissez ?
-
Je les croise de temps à autre, répondit la
brunette.
-
Si vous pouviez éviter de leur dire que nous
sommes ici, ça nous arrangerait, dit Louise.
-
Ah ? s’étonna la mère de Vincent. Vos
parents ne savent pas que vous venez ?
-
Non, dit Louise. Il vaut mieux que cela reste
comme ça.
-
Très bien, dit la brunette d’un air amusé.
-
Entrez les filles, dit Vincent. Je vais vous
montrer où vous pouvez déposer vos manteaux.
La musique
était déjà de mise. Dans la pièce à vivre, une quinzaine de personnes – dont Cassandra
– dansait, discutait et/ou grignotait des petits fours.
Ma sœur et moi eûmes du mal à nous
mettre dans l’ambiance : Louise surveillait son téléphone toutes les
quinze minutes pour vérifier l’endroit où se trouvaient nos parents. Aux dernières
nouvelles, ils dînaient dans un restaurant étoilé de la ville.
Alors que je m’étais assise sur le canapé pour manger
quelques-unes des mignardises présentes sur la table basse, Vincent vint s’asseoir
à côté de moi. J’en profitai pour lui demander :
-
Comment se fait-il que tu vouvoies ta mère ?
-
C’est comme ça, répondit mon ami. Depuis qu’on
est arrivés dans cette famille, mon frère, mes sœurs et moi devons vouvoyer nos
parents. Ils disent que ça marque une distance et favorise le respect.
Il est vrai que dans la
famille de Vincent, les Joyeux, il y a six enfants. Les parents d’accueil ont plutôt
intérêt à se faire respecter !
-
Et ta mère accepte que tu fasses une teuf tous
les mercredis, alors ? lui demanda Louise, qui venait de nous rejoindre
après être allée aux toilettes.
-
A condition qu’elle ne finisse pas après 23h,
répondit Vincent. Et c’est uniquement parce que nous n’avons pas cours le lendemain !
-
Mais tes frère et sœurs ne sont pas tous dans
notre filière ! dit Alexia, une fille de notre promo.
-
Non c’est vrai, dit Vincent. Nos parents nous autorisent
à aller nous coucher à l’heure que nous voulons le soir, du moment que nous
ramenons de bonnes notes et que nous restons assidus et concentrés en cours.
-
La chance ! se lamenta Diego. Moi mes
parents, ils m’obligent à me coucher à 21h comme si j’étais un gamin !
-
Pareil, dit Louise.
-
Vous n’avez qu’à faire autre chose plutôt que de
dormir, dit Vincent. Prenez un bouquin ou autre…
-
Si mes parents découvrent que je fais une
activité alors que je devrais dormir, je me fais automatiquement punir ! dit
Diego.
-
Pareil, dîmes Louise et moi en chœur.
-
Ta mère a l’air cool, dit Alexia. T’as de la
chance !
-
Ça arrive qu’on prenne des claques, dit Vincent.
Lorsqu’on a des notes en-dessous de la moyenne, qu’on ne respecte pas le
planning de tâches domestiques ou qu'on leur parle mal, ça barde ! C’est
vrai que mes parents sont cools mais faut pas pousser le bouchon !
-
Quand tu dis « prendre des claques », dis-je,
ça veut dire… ?
-
Ben des claques quoi ! dit Vincent. Des gifles,
des calottes derrière la tête… Pourquoi, vos parents ne vous tapent pas, vous ?
-
Oh si, dit Alexia. Chez nous, c’est martinet,
tapetapis et compagnie. Mon frère a même eu droit à des coups de règle sur les
doigts ! A l’ancienne quoi !
-
Chez moi aussi c’est à l’ancienne, continua Diego.
On s’fait tirer les oreilles, on prend des gifles, des fessées… Nos parents
sont ultra-sévères. Et vous les Webber ?
-
On prend des fessées, répondit Louise. On n’a jamais
eu de gifle mais les fessées, on les collectionne ! Surtout Marie, en
fait.
Nos amis rirent.
-
C’est bizarre, ça ne m’étonne même pas !
lança Vincent. Marie est la rebelle de la promo !
-
Plus pour longtemps, informai-je. J’peux vous
dire que mon père m’a vite calmée !
-
Tu m’étonnes ! dit Diego. Ton père, c’est
une armoire à glace ! Quand j’l’ai vu débarquer à la cafet’ hier, même moi
je deviendrais un ange face à lui ! T’as pas envie d’le faire chier !
-
Et notre mère est ceinture noire de trois arts
martiaux différents, balança Louise.
-
Tu déconnes ?! s’étonnèrent nos amis.
-
Nan, j’vous promets ! confirma Louise. C’est
clair que t’as pas du tout envie de les provoquer ! Tout à l’heure notre
père nous est tombé dessus à cause des notes d’histoire… J’peux vous dire qu’on
n’a pas rigolé !
-
Oh moi aussi… Ma mère m’a mise une droite parce
que j’ai eu 4, dit Diego. Mais bon, j’préfère ça à une fessée ! C’est
tellement la honte de se retrouver à moitié nu devant ses parents…
-
Grave ! continua Alexia. A cause de ce gouvernement
de merde, on se fait maltraiter !
-
On est partis pour au moins cinq ans alors faut
faire avec, dit Diego. Après, on a de la chance. On est tombés chez des riches !
-
Toutes les familles d’accueil sont riches ?
demandai-je.
-
Ben oui ! dit Diego. Ils demandent un certain
niveau de vie pour être famille d’accueil. Sinon, ils t’acceptent pas. Donc on
est tous dans des familles ultra-friquées.
-
Comment tu sais ça ? interrogeai-je.
-
Parce que le frère de mon père d’accueil, il a
dit l’autre jour que sa candidature avait été refusée parce qu’il n’avait pas
assez de thunes.
-
Mais comment ont-ils pu placer tous les
étudiants de France, alors ? s’étonna Louise.
-
Y’a plus de bourges que ce qu’on croit ! dit
Alexia avant de regarder sa montre. Putain, il va falloir que je rentre sinon
mes parents vont se rendre compte que j’suis sortie et là j’suis mal. Leur martinet
les gars… Il me laisse des traces sur la peau pendant trois jours.
-
T’as qu’à couper les lanières ! lui
conseillai-je.
-
Si j’fais ça, je signe mon arrêt de mort, avoua
Alex. Mais crois-moi, ce n’est pas l’envie qui m’en manque !
-
C’est relou ! Tous les mercredis tu dois
partir ultra-tôt, c’est chiant ! se plaignit Vincent.
-
Je sais, mais si jamais j’me fais chopper…
-
Attends, tu sors en douce tous les
mercredis ?! demandai-je à Alexia.
-
Bah ouais ! Faut bien que j’m’amuse un peu
dans la semaine ! Et puis c’est ma manière de la mettre à l’envers à mes
parents. Vos parents savent que vous êtes là, vous ?
Louise expliqua notre
situation à nos amis, ainsi que notre stratagème. Tous notèrent le nom de l’application
de géolocalisation afin de pouvoir s’en servir à l’avenir.
A 23h, Vincent mit fin à la soirée. Nous vîmes que Michael
et Scarlett étaient en train de boire un verre dans un bar à l’autre bout de la
ville, nous avions donc le temps de rentrer. Avant de partir, je demandai à
Vincent :
-
T’es sûr que ta mère ne dira rien à mes parents ?
T’es absolument sûr ?
-
Promis, Marie ! Vraiment ! Sinon, elle
l’aurait aussi dit aux autres parents…
-
Bon d’accord. Merci encore Vincent, c’était top !
-
Oui, c’était génial que vous soyez là ! dit
notre hôte. Tenez-moi au courant si jamais vous pouvez revenir mercredi, ce serait
cool ! Tiens, je te redonne mon numéro !
Vincent me donna un papier dans
la main et referma la porte derrière nous. J’entrepris d’ouvrir le papier pour
vérifier ce qui était écrit dessus – j’avais déjà le numéro de Vincent enregistré
dans mon téléphone, c’était étrange qu’il me le redonne… Je lus :
Diego a grave
flashé sur toi. Et moi, j’ai flashé sur Louise. Y’a moyen qu’on s’arrange un
truc ?
Je suis déjà en couple avec
Mathieu et folle amoureuse de celui-ci. Mais pour Louise qui est célibataire, c’est
différent. Lorsque je lui en parlai, elle me lança un « pourquoi pas »
suspicieux.
Nous rentrâmes à la maison, nous démaquillâmes, nous douchâmes
et nous mîmes en pyjama. Nous étions vraiment trop contentes de notre soirée.
Nous n’avions qu’un objectif : recommencer la semaine prochaine !
A suivre…
Ça ne s'annonce pas bien pour les filles. Tôt ou tard, les parents vont le découvrir
RépondreSupprimerMais quand est-ce qu'elle va arrêter de se mettre dans des situations pas possible 🤣 - La mère de la petite peste va tout dire !!
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