Jeudi 7
novembre 2019
Comme tous les matins, Louise et moi nous rejoignons
dans le couloir pour descendre ensemble au petit déjeuner. Nous y rejoignîmes
nos parents. Michael était en train de lire les news du jour sur son téléphone
et Scarlett faisait des pancakes. Nous les embrassâmes tour à tour puis notre
mère nous servit des pancakes tout chauds.
-
Les filles, nous avons quelque chose à vous
proposer, nous dit papa.
Nous regardâmes avec des yeux
intrigués.
-
Oui ?
-
Votre mère et moi vous proposons de prendre deux
après-midis par mois pour le passer avec l’une d’entre vous. L’autre pourra
sortir avec ses copines si elle le souhaite. Ainsi, nous proposons aujourd’hui de
passer l’après-midi avec Marie, puis la semaine prochaine avec Louise. Nous sommes
conscients que vous avez peut-être envie de passer du temps seules avec nous en
dehors du quotidien. Est-ce que cela vous tente ?
Je fus très séduite par l’idée
et Louise aussi. De plus, c’était à nous de choisir les activités qui nous
feraient plaisir, de quoi augmenter l’envie. Chouette !
Après une matinée de devoirs pour Louise et moi, de
travail pour Scarlett et de télétravail pour Michael, nous passâmes un bon
déjeuner en famille. Puis, Michael et Scarlett m’emmenèrent tandis que Louise s’était
prévue une après-midi détente à bouquiner dans la véranda. Elle irait peut-être
boire un chocolat chaud avec Marion, en fonction des disponibilités de cette dernière.
Cette après-midi, j’avais opté pour un moment balnéo à
la piscine, avant d’aller boire un thé et prendre un goûter au salon de thé du
coin. La règle était d’être rentrés pour 18h, cela rentrait parfaitement dans
les clous.
Mes parents et moi passâmes deux heures trente à la
piscine, partie balnéo. Au programme : sauna, hammam, jacuzzi et pierre
chaude. J’étais mal à l’aise en maillot de bain à côté de mes parents aux corps
de rêve, sur lesquels se retournaient toutes les têtes. A chaque fois qu’ils
sortaient du jacuzzi, on aurait dit une pub. Moi-même je ne peux qu’avouer qu’ils
sont carrément canons. Tom et Dana n’étaient déjà pas moches, mais là j’avais
touché le jackpot. Moi qui suis une jeune de 18 ans très complexée par mon
corps, j’essayais de me cacher discrètement ou de faire croire que je n’étais
pas avec eux.
-
Marie chérie, pourquoi n’enlèves-tu pas ta
serviette ? me demanda Scarlett. Nous sommes dans un sauna, il fait déjà
assez chaud comme ça !
-
Ça va, maman. Merci.
-
Qu’est-ce qui se passe ? me demanda
Michael. Tu as l’air soucieuse. Tu n’aimes pas cette après-midi ?
-
Si, bien sûr que si ! C’est juste que…
Regardez-vous, et regardez-moi…
-
Eh bien quoi ? interrogea Michael qui ne
comprit pas.
Heureusement, Scarlett comprit
tout de suite.
-
Chérie, tu n’as pas à être complexée ! On a
le corps que l’univers nous a donné, c’est tout !
-
Facile à dire, maman ! lui dis-je. Tu es
une bombe atomique. Tu es magnifique. La beauté incarnée ! Et c’est pareil
pour toi, papa !
-
Certes mais ce n’est pas sans sacrifices, dit
Michael. On mange très sainement, on fait énormément de sport, on surveille
drastiquement notre hygiène de vie…
-
J’aimerais être comme vous, leur avouai-je. J’ai
au moins vingt kilos en plus de ma taille et je suis moche.
-
Alors premièrement, tu es très jolie, ma fille !
dit Michael.
-
Oui, tu es vraiment mignonne, et je sais que
nous ne sommes pas les premiers à te le dire !
Il est vrai que beaucoup de
gens me l’ont déjà dit au cours de ma vie mais…
-
On ne me le dit plus depuis que je suis grosse.
-
Le poids n’a rien à voir avec la beauté, dit
Scarlett. L’important, c’est que tu sentes bien dans ton corps. Si tu as envie
de perdre du poids, nous pouvons t’y aider. Si tu souhaites rester ainsi, cela
ne nous gêne absolument pas. Et ce n’est clairement pas en vivant chez nous que
tu vas prendre du poids alors…
-
J’aimerais perdre du poids mais j’ai la flemme.
Le sport, tout ça… Ce n’est pas mon truc.
-
D’accord ma chérie, me dit Scarlett. Veux-tu que
j’adapte ton régime alimentaire pour que tu perdes un peu de poids ? Ne t’inquiète
pas, tu ne mourras pas de faim.
-
Oui je veux bien, s’il te plaît maman.
-
Sûre ? Tu ne viendras pas te plaindre par
la suite si tu as pris une fessée après un caprice à table, hein ? Ce que
je te cuisine, tu le manges ! On est d’accords ?
-
Je… Je vais réfléchir, dis-je. Je te redirai ça.
-
D’accord, dit-elle.
-
Je répète quand même qu’avoir « un corps de
rêve » comme tu dis, ce n’est pas sans sacrifice, dit Michael. Soit tu
fais ce qu’il faut pour perdre du poids et t’entretenir, soit tu apprends à
aimer ton corps. Et en ce sens, nous pouvons t’aider. Nous avons une très bonne
amie qui est coach de vie et qui aide les gens à se sentir mieux dans leur
corps.
-
J’ai entendu, papa. Je vais réfléchir.
Il fallait peut-être tout simplement
que j’arrête de manger et que je boive de l’eau lorsque j’ai faim pour calmer
mes envies. C’était peut-être ça, la solution. Oui, c’était sûrement ça. Il
fallait que j’arrête de manger purement et simplement. De toute façon, avec
toute la graisse que j’ai accumulée, j’ai pas mal de réserve !
Nous sortîmes de la piscine dans un bien-être total.
Cette séance nous avait fait beaucoup de bien. Nous nous dirigeâmes ensuite
vers le salon de thé plutôt intimiste qui est proche de chez nous. Je pris un
thé au litchi et à la rose (mon préféré !). Michael et Scarlett me
demandèrent de choisir une gourmandise. Je refusai. Michael me gronda :
-
Marie, on vient de faire deux heures de piscine
donc tu prends un truc à manger, s’il te plaît !
-
Mais je n’ai pas faim, mentis-je.
-
J’entends ton ventre qui gargouille alors ne
nous mens pas ! insista Scarlett sur le même ton que son mari. Tu prends
un truc à manger !
J’optai pour le truc le moins
calorique que je pus trouver : un petit cookie.
Nous nous assîmes confortablement dans trois fauteuils
disposés autour d’une table. La gérante du commerce vint nous apporter notre commande :
les trois thés, avec mon cookie, le muffin de Michael et le cheesecake de
Scarlett.
Mes parents commencèrent à manger
tandis que je ne touchai pas au cookie. Mon père me dit :
-
Marie, mange.
-
Je préfère le manger en même temps que mon thé.
Et pour le moment, mon thé est trop chaud.
Mes parents ne répondirent
pas, bien qu’ils restassent suspicieux.
-
J’peux vous poser une question ? demandai-je
à la fois pour détourner leur attention et par besoin d’une réponse.
-
Bien sûr ! dit Michael. Tu sais bien que tu
peux tout nous dire et tout nous demander, ma chérie !
-
Est-ce que vous avez eu une espèce de formation
pour être famille d’accueil ? leur demandai-je.
-
Oui, répondit Scarlett. En fait, nous avons
déposé le dossier de candidature avec toutes les pièces justificatives, nous
avons passé huit entretiens, et ensuite nous avons obtenu une réponse positive sous
deux semaines. On nous a expliqué que nous aurions tout un week-end d’informations
autour de ce rôle de famille d’accueil.
-
Nous avons la chance d’habiter dans une grande ville
donc nous n’avons pas eu loin à aller, dit Michael. Cela se déroulait du
vendredi soir au dimanche soir. Pendant deux jours, on nous a briefé sur le
rôle de famille d’accueil. Il y avait des psychologues, des mecs de l’armée,
des députés, etc…
-
Quel était le contenu de cette formation ? interrogeai-je.
-
Eh bien, je ne saurais pas te le redire dans l’ordre…
dit ma mère.
-
Moi non plus, continua mon père.
-
Mais si je me souviens bien, il y avait tout l’aspect
matériel, ce qu’on devait vous fournir pour votre arrivée à la maison. Ensuite,
il y avait tout l’aspect légal : le fait que nous allions être vos responsables
légaux avec tout ce que ça engendrait.
-
Et puis il y avait tout l’aspect affectif :
comment vous gérer au quotidien. En gros une formation accélérée pour devenir
parents de grands adolescents.
-
C’est dans ce module-là qu’on vous a demandé de
nous taper ? interrogeai-je sans détour.
Je vis que mes parents étaient
déstabilisés.
-
Pourquoi demandes-tu cela ? s’informa
Michael.
-
En parlant avec nos amis à la fê…fac, Louise et
moi nous sommes aperçues que tout le monde prend des coups dans leurs familles.
Vincent prend des gifles, Alexia reçoit des punitions comme à l’école des
années 20, Diego prend des gifles et des fessées… Donc je voulais savoir si c’était
à cette formation qu’on vous avait suggéré ça.
-
A cette formation, m’expliqua Scarlett, ils nous
ont dit que les châtiments corporels étaient autorisés et que le Gouvernement
prônait une éducation à l’ancienne. Ils nous ont également dit que nous avions
feu vert en ce qui concerne les sanctions.
-
Ils ne craignent pas que certains enfants soient
maltraités ?! m’offusquai-je.
-
Nous avons été longuement entretenus individuellement
par trois psychologues différents, m’informa Michael. Si l’un d’entre eux
soupçonnait quoique ce soit, la candidature était refusée.
-
Pourquoi avoir fait le choix de nous donner la
fessée et pas le reste ? demandai-je.
-
C’est un choix que nous avons fait à deux, dit
Michael. Les gifles nous paraissaient trop violentes et trop dangereuses. Donner
une fessée, c’est efficace et sans danger alors nous avons opté pour ça.
-
Vous en avez pris par vos parents ?
interrogeai-je.
-
Quelques-unes, oui, dit Scarlett. Pas beaucoup, quatre,
mais je me souviens de toutes ! Ma mère est ukrainienne et elle était très
stricte.
-
Et toi, papa ? demandai-je.
Michael prit une grande
inspiration et me répondit :
-
Moi, oui, j’en ai pris. Mais je n’ai pas pris
que ça. Je prenais des gifles, des coups de ceinture, de fils électriques… Je
prenais tout ce qui passait sous la main de mon alcoolo de père. Il pouvait me
lancer une chaise, un fer à repasser, un verre… Et parfois, c’était moi qu’il
jetait contre le mur.
-
Oh papa, je suis désolée… Je n’aurais pas dû
poser la question, je suis allée trop loin…
-
T’inquiète pas ma princesse, tout va bien. J’ai
fait le deuil de mon enfance. Mais c’est pour ça que vous ne prendrez pas plus
qu’une fessée déculottée à la main. Et si vraiment un jour vous dépassez les
bornes des limites, vous aurez peut-être droit à quelques coups de spatule en
bois ou de brosse à cheveux en bois sur les fesses, mais cela s’arrêtera là. Et
ce sera vraiment parce que vous avez été beaucoup trop loin. C’est une limite
que nous nous sommes imposés et que nous ne dépasserons jamais.
-
Non, nous ne la dépasserons jamais, confirma Scarlett.
Peu importe ce qui se passe dans les autres familles d’accueil, chez nous, c’est
comme ça. Cela nous fend déjà assez le cœur comme ça lorsqu’il faut vous
sanctionner !
-
C’est vrai, ça ? demandai-je, n’y croyant
pas.
-
Bien sûr que oui ! dit ma mère. Tu crois
vraiment que c’est de gaîté de cœur qu’on vous voit pleurer, vous débattre,
nous supplier d’arrêter la fessée ? Non, Marie. Ta sœur et toi nous vous
aimons plus que l’univers.
-
Bon, j’avoue que parfois, avec la colère, je me
dis que c’est mérité et que c’est tant pis pour vous, ria Michael, ce qui déclencha
nos rires à Scarlett et moi.
-
Moi aussi je vous aime, dis-je, notre rire passé.
Je vous aime vraiment énormément. Je ne voudrais pas d’autres parents que vous.
J’aimais énormément Tom et Dana – enfin, surtout Tom avec lequel j’étais
vraiment très proche. Mais je suis tout autant proche de vous deux que je l’étais
de Tom. Je me suis parfaitement adaptée à la vie chez vous et je n’ai pas envie
que cela change. Et je veux qu’on reste à quatre. Juste tous les quatre.
Promettez-moi que vous ne prendrez pas d’autre enfant.
-
Nous avons déjà prévenu le service de famille d’accueil
que nous verrouillons notre dossier, me dit Scarlett. Cela veut dire que même
si ça ne va pas, Louise et toi ne pourrez pas partir de chez nous, et nous ne
pourrons accueillir personne.
-
Super ! m’exclamai-je en attrapant ma tasse
de thé. On trinque nos thés pour le club des 4 ?
-
Pour le club des 4 ! dirent mes parents en chœur,
en trinquant avec moi.
Nous discutions de choses plus
légères lorsque mon père remarqua que j’avais bu mon thé mais pas touché à mon
cookie.
-
Marie, pourquoi n’as-tu toujours pas mangé ton
cookie ? interrogea mon père.
-
Je le garde pour la fin, dis-je.
-
Stop ! me gronda Scarlett. Maintenant, tu
arrêtes de nous balader et tu nous expliques ce qui se passe ! C’est par
suite de la discussion de tout à l’heure ?!
-
Ben… Je me dis que si je ne mange plus, je
maigrirai…
-
Alors ça, non !! gronda Scarlett. C’est
hors de question, tu entends ?! Nous t’avons dit que si tu veux maigrir, nous
pouvons adapter ton alimentation. Mais si tu ne manges plus, tu vas avoir de
gros problèmes de santé et c’est tout bonnement hors de question ! Alors,
tu manges !
-
…
-
Mange ce cookie, Marie ! gronda à son tour
Michael. Tu ne vas pas nous faire une anorexie, hein ! C’est hors de
question ! Tu manges !
-
…
-
Mange !
Je ne pouvais me résoudre à
manger ce cookie, même si j’en crevais d’envie.
-
Marie, si
tu ne nous obéis pas, on va devoir passer aux menaces, me dit Michael. C’est ce que tu veux ?!
Je secouai la tête.
-
Alors tu manges, tout suite !
J’attrapai une miette et la
mis dans ma bouche.
-
Ça y est, j’ai mangé.
-
Tu te fiches de nous ?! gronda Scarlett. On
ne bougera pas d’ici tant que tout ton cookie ne sera pas avalé, Marie ! Tant
pis si nous sommes en retard pour aller chercher les chatons !
-
Je veux être comme vous. Je ne veux pas rester
grosse. Et vous avez dit qu’il fallait faire des sacrifices.
-
Ce n’est pas ce genre de sacrifice-là, Marie !
gronda Michael. Tu as déjà une maladie intestinale chronique, il est hors de
question que tu arrêtes de manger !
-
Peu importe ce que vous direz, je ferai comme j’en
ai envie, tins-je. Si je veux arrêter de manger, j’arrête de manger.
-
Parfait ! dit Scarlett. Tu veux jouer à ça,
parfait ! On va passer aux menaces !
-
Non, maman ! priai-je.
-
Si, puisque tu fais ta tête de mule !
-
Vous n’avez qu’à respecter mes choix !
-
Pas quand ces choix te mettent en danger !
dit Michael. Nous sommes tes parents et il est tout bonnement hors de question
que nous te laissions te détruire ! Tu es têtue mais nous le sommes encore
plus que toi !
-
A partir de ce soir, je te préparerai des repas
adaptés avec une quantité adaptée à tes souhaits, me dit Scarlett. Mais tu
devras tout avaler ! Non seulement tu ne sortiras pas de table tant que
tout ne sera pas dans ton estomac, mais en plus tu prendras une bonne fessée si
tu essaies de faire un caprice ! Et je ne t’annonce même pas ce que tu
prendras si tu essaies de te faire vomir ! C’est compris ?!
-
…
-
Est-ce que c’est compris ?!
-
Oui, maman.
-
On va te fliquer, Marie. Tu n’as pas intérêt à
nous faire un plan comme ça ! S’il faut que ça marche à la fessée, tu vas
en prendre ! Je te le garantis ! Et tu en prendras plusieurs à chaque
repas si nécessaire !
-
Ce n’est pas ma faute si je suis anorexique !
protestai-je pour tenter d’éviter le courroux de mes parents. C’est pathologique !
Je ne le fais pas exprès !
-
Oh, arrête ça tout de suite, Marie ! gronda
Michael. Ce midi, tu as très bien mangé ! Tu t’es déclarée anorexique sur
un coup de tête il y a deux heures, juste parce que tu veux maigrir ! Ce n’est
absolument pas pathologique ! Ma sœur était anorexique pendant de longues
années à l’adolescence, je sais très bien reconnaître les signes ! Tu n’es
pas plus anorexique que moi pour le moment donc tu arrêtes immédiatement ta
comédie ! Ta mère et moi allons être sans arrêt derrière toi et effectivement,
tu vas enchaîner les fessées si tu continues dans ce qui est pour le moment
encore un gros caprice ! Donc tu manges immédiatement ce cookie en entier et
tu te dépêches !
Je voulus un instant continuer
à tenir tête, jusqu’à ce que Scarlett me dise :
-
Si tu n’as pas commencé à manger d’ici trente
secondes, je te colle une déculottée devant tout le monde, Marie ! Ne m’oblige
vraiment pas à te faire ça !
Depuis plusieurs minutes que
mes parents m’engueulaient, les gens commençaient à nous regarder avec insistance.
Sous le poids des regards, et de mes parents qui ne lâchaient pas, j’avalai mon
gâteau en entier jusqu’à la dernière miette. Je ne pus avouer à mes parents que
ce cookie m’avait fait un bien fou au ventre.
18h, nous passâmes chercher Louise à la maison et
nous nous rendîmes chez la dame qui nous donnait les chatons. Tout était prêt à
la maison pour leur arrivée. C’était prêt depuis des semaines, déjà, dès que
mes parents ont su qu’ils étaient nés que nous allions pouvoir en récupérer
deux.
Louise et moi choisîmes chacun
le nôtre. J’optai pour un chaton tigré noir et gris que j’appelai Berlioz. Quant
à Louise, elle opta pour un chaton roux qu’elle prénomma Toulouse. Nous avions
décidé ensemble de les appeler Toulouse et Berlioz pour qu’associés à mon
prénom, nous ayons les trois chatons des Aristochats.
Une fois rentrés à la maison, Louise et moi regardâmes
Toulouse et Berlioz s’acclimater à la maison et surtout à Paillette, tandis que
Michael et Scarlett discutaient vivement dans la cuisine en préparant à manger.
-
Qu’est-ce qu’ils ont papa et maman ? me demanda
Louise, de nature inquiète.
Je lui racontai alors notre après-midi
et notamment le problème que je m’étais déclenché avec la nourriture un peu
plus tôt dans la journée.
-
Ils ont raison, tu sais, me dit-elle.
-
Si je fais comme eux veulent, je perdrai du
poids moins vite qu’avec ma méthode.
-
Certes, mais tu garderas ta santé intacte.
Franchement, je suis d’accord avec eux. Tu déconnes, là !
-
De toute façon, ils ont dit qu’ils allaient me
fliquer et que si je ne mangeais pas ou que je me faisais vomir, je prendrais
des roustes.
-
Encore une fois, ils ont raison, Marie. S’il n’y
a que ça pour te faire obéir, ils ont parfaitement raison. Tu es ma sœur et je
veux que tu ailles bien !
Je pris Berlioz dans mes bras
et lui fis un câlin en disant : « Il n’y a que toi qui me comprend,
mon petit cœur ! ».
-
Louise, Marie, à table ! appela Michael.
Une boule se forma dans mon
ventre. Il allait falloir manger. A chaque fois que j’ai pris de grandes décisions
dans ma vie, c’était toujours sur un coup de tête. Néanmoins, je m’y suis
toujours tenue. Là, je n’allais pas pouvoir. Je savais que je ne résisterais
pas longtemps à une fessée carabinée donnée par mes parents.
Ma mère me servit mon assiette. Elle m’annonça qu’elle
avait calculé mon « Besoin Energétique Journalier » et qu’elle avait mis
les portions minimums pour me maintenir en bonne santé. Elle m’ordonna ensuite :
-
Tu manges tout ce qu’il y a dans ton assiette.
Ensuite, je te donnerai la suite de ton repas.
Je devais bien avouer que la
portion présente dans mon assiette n’était pas anormale. Ce n’était pas très
loin de ce que je mange d’habitude. Néanmoins, cela faisait beaucoup pour ma
résolution à ne plus manger.
Alors que je jouais à trier
les aliments dans mon assiette avec ma fourchette, Michael me gronda : « Marie ! »
ce qui fit sursauter tout le monde, y compris Toulouse et Berlioz. Cela n’empêcha
pas mon père de continuer :
-
Tu manges ce qu’il y a dans ton assiette et tu
le manges tout de suite !
-
Mais je n’aime pas, mentis-je.
-
Tu n’aimes pas les haricots verts ? demanda
Scarlett. Et depuis quand, je peux savoir ? C’est quand même étrange que
tu aies dévoré ceux que j’ai préparés la semaine dernière !
-
Oui ben ils ne sont pas comme d’habitude.
-
Tu ne les as même pas goûtés, dit Michael.
-
Ils n’ont pas la même odeur, dis-je.
-
Ça suffit, Marie ! gronda Michael. Je vais
me fâcher !
-
Marie, mange, s’il te plaît ! me dit Loulou.
Pour me faire plaisir !
Même si je crevais de faim et
que ma maladie me rattrapait en me tordant les boyaux, je me refusais à manger.
-
Bon, dix minutes sont passées, tu n’as rien
avalé, tant pis pour toi ! annonça mon père en se levant et en me fonçant
dessus.
Lorsqu’il fut arrivé à ma
hauteur, il m’attrapa par le bras dans l’intention de me sortir de table en
disant :
-
Tu ne veux pas manger, tu prends une fessée !
-
Nan, papa, nan ! priai-je. Je vais manger,
je vais manger !
Michael me lâcha et resta
debout près de moi.
-
Alors j’attends. Prends ta fourchette et mange.
-
Si je mange, je vais grossir.
-
Bon, ça suffit ! gronda papa en m’attrapant
de nouveau. Ça suffit les conneries !
Pour que mon père commence à
employer des gros mots, c’est qu’il était vraiment très en colère. J’allais
sérieusement en prendre pour mon grade. Peut-être était-ce le déclencheur que j’attendais
pour me forcer à manger. Néanmoins, cela ne m’empêcha pas de le prier.
Mon père m’amena jusqu’à sa
chaise qu’il avait préalablement tirée de sous la table, s’assit dessus et s’attela
à déboutonner mon jeans alors que je me débattais. Je pris de très bonnes
claques sur le pantalon pour me dissuader de lutter. Vu l’habileté et la force
de mon père, je me retrouvai avec le pantalon et la culotte aux chevilles en un
rien de temps.
Je sentis l’immense colère de
Michael dès les premières claques qui étaient insoutenables. Elles étaient
tellement fortes que j’avais l’impression d’en avoir la respiration coupée.
Cela ne dérangeait absolument pas les chatons qui jouaient tous les deux, sous
l’œil de Paillette qui les observait en se demandant qui avait bien pu ramener
deux garnements dans SA maison.
Mon père m’infligea une trentaine
de claques à l’issue desquelles mes fesses me brûlaient avec une rare
intensité. Tout en me gardant à plat ventre sur ses cuisses, il me demanda :
-
Tu manges ou je continue ?!
-
Je mange ! dis-je immédiatement.
J’entrepris de me rhabiller
mais ma mère me stoppa :
-
Remonte seulement ta culotte. Laisse ton jean à
tes chevilles. On ne sait jamais.
Je me rassis à ma place en
pleurant toutes les larmes de mon corps, attrapai ma fourchette et mangeai l’intégralité
du contenu de mon assiette, ce qui calma mes spasmes abdominaux.
Alors que Louise débarrassait la table, je m’étais
rhabillée et tentai de m’éclipser discrètement : mais ma mère le remarqua.
-
Où vas-tu ?
-
Aux toilettes.
Scarlett me suivit.
-
Tu fais quoi ? lui demandai-je avec
étonnement.
-
Je viens avec toi.
-
Aux toilettes ?!
-
Oui.
-
Je n’ai pas envie de faire caca devant toi.
-
Tu pourras fermer la porte mais je resterai tout
près.
-
Maman, je ne vais pas me faire vomir ! lui
dis-je.
-
Tu n’as clairement pas intérêt, sinon ce que tu
as pris tout à l’heure n’était qu’une bande-annonce.
-
Ne me suis pas ! lui dis-je.
-
Tu n’as pas me dire ce que je dois faire !
Tu veux te rendre malade, tu assumes ! Mais je ne te laisserai pas faire.
Maintenant, allons aux toilettes.
J’entrai dans la salle de
bains de l’étage contenant des toilettes plutôt éloignées de la porte. Avant
que je referme cette dernière, Scarlett me dit :
-
Tu ne verrouilles pas.
Je fermai la porte, attendis
quelques secondes pour que ma mère croit que je m’en étais éloignée puis enclenchai
le verrou et courus aux toilettes pour enfoncer les doigts dans ma gorge. Scarlett
ayant entendu le verrou cria :
-
Marie ! Marie, ouvre !!
Voyant que je n’obtempérai pas,
elle cria :
-
Mike ! Elle se fait vomir !
J’entendis ma mère mettre un
énorme coup de pied dans la porte qui s’ouvra sous le choc. Elle me fonça
dessus et m’attrapa par les cheveux en me hurlant : « Arrête ça
tout de suite !!! ». Puis elle me laissa me relever tandis que j’entendais
mon père monter quatre à quatre les escaliers. Ma mère attrapa ensuite le col
de mon tee-shirt à manches longues et m’emmena de force dans ma chambre où mon
père nous rejoignit. Elle tenta de déboutonner mon jean mais devant mes
supplications et mes gestes de défense, elle demanda de l’aide à Michael. Seuls
contre eux deux, je me retrouvai très vite les fesses à l’air, sur mon lit, en
travers de la cuisse gauche de ma mère tandis que sa jambe droite recouvrait la
mienne. Louise se tenait dans l’encadrement de la porte de ma chambre et pleurait.
Lorsque ma mère vit que j’étais bien maintenue, elle commença à me fesser d’une
force ferme et demanda à sa moitié :
-
Ramène-moi la spatule en bois s’il te plaît.
-
Nan ! criai-je. Nan, maman ! Pitié,
pitié !
-
Si ! Tu as été trop loin, Marie ! Ça
suffit les bêtises ! Il est hors de question que tu te détruises !
Je croyais percevoir une voix
tremblotante chez Scarlett, comme si elle pleurait de tristesse et de colère
mélangées. Michael lui, était dans une colère immense.
Malgré l’émotion qu’elle éprouvait,
ma mère ne faiblissait pas et s’attelait à rendre mes fesses de la même couleur
qu’un champ de fraises.
Si j’avais considéré que la
fessée que j’avais prise lundi pour mon vol était la pire de ma vie, c’était
sans compter celle-ci. Non seulement ma mère ne s’arrêtait pas mais en plus j’avais
l’impression que l’intensité des claques augmentait au fur et à mesure qu’elle
tapait. Je pleurais à chaudes larmes, me disant que j’étais vraiment stupide d’avoir
défié mes parents en inventant un pseudo problème psy. Mes parents étaient
prêts à m’aider et moi, je me comportais comme une imbécile. De plus, en entendant
Louise pleurer, je culpabilisais énormément.
Lorsque Michael entra ma
chambre avec une énorme spatule carrée en bois qui était censée atterrir sur
mes fesses, je priais mes parents de toutes mes forces en leur disant que j’avais
compris, que je ne le referais plus et que je suivrais leur régime alimentaire.
-
Comment pouvons-nous te faire confiance ? me
demanda maman. Tu n’as pas arrêté de mentir !
-
Je dis la vérité ! Je dis vraiment la
vérité !
-
On va quand même t’en donner dix coups, histoire
que tu saches ce qui t’attend si tu recommences, m’annonça mon père.
J’eus beau les supplier de
toutes mes tripes, mes parents me donnèrent non pas dix mais vingt coups de spatule en bois. Chaque coup m’avait arraché un cri de douleur et je ne me souvenais pas
d’avoir autant pleuré dans ma vie.
Une fois ma punition terminée,
mes parents me lâchèrent et sortirent de ma chambre pour accuser le coup. J’entendis
ma mère fondre en larmes dans les bras de son mari en lui demandant :
-
Qu’est-ce qu’on va faire, Mike ? Si elle continue
dans ses bêtises malgré le fait qu’on la punisse, qu’est-ce qu’on va faire ?
-
Je suis aussi démuni que toi, mon cœur.
Plus que l’énorme fessée que
je venais de recevoir, la tristesse que j’avais causée à mes parents aujourd’hui
me fendait le cœur. Je me promis vraiment de ne pas me rendre malade et de
respecter le régime donné par ma mère même si celui-ci ne me satisfaisait pas
pleinement.
Mes pleurs calmés, j’allai voir
mes parents pour leur dire que j’étais désolée et que je ne recommencerai plus.
Ils me prirent dans leurs bras en me disant qu’ils m’aimaient. Ils me
prévinrent néanmoins qu’ils continueraient de me fliquer jusqu’à ce qu’ils
soient sûrs que cette lubie m’est bien passée. A ce titre, je rentrerai
désormais manger à la maison le midi au lieu de manger à la cafétéria de la fac.
Pour ce soir, Louise me faisait la tête et je la
comprenais. Je m’endormis alors dans mon lit avec Berlioz tout près de moi.
A suivre…
C'était plutôt mérité, il ne faut pas jouer avec sa santé
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