Waouh... Cinquantième chapitre. Je n'en espérais pas tant pour mon premier petit "bébé", ma toute première histoire sur ce thème de la fessée. Mille mercis à Marie d'être une héroïne indétrônable, à Tom, Dana, Michael et Scarlett d'être des parents aimants et fidèles, à Louise d'être une soeur dont tout le monde rêve, à Cassandra d'être la fille que l'on aime détester... et merci à vous, chers lecteurs, d'être toujours fidèles au rendez-vous, et sans cesse si nombreux.
La plus chanceuse des autrices, L.P.
Vendredi 8 novembre 2019
Ce matin, malgré l’horrible journée d’hier, j’étais de bonne humeur : j’étais exemptée de cours pour la matinée. De plus, même si le fait de m’asseoir dans mon lit fut très douloureux, voir Berlioz profondément endormi à côté de moi me fit craquer. J’étais déjà totalement amoureuse de ce chaton ! Je le pris en photo grâce à mon téléphone et entrepris de me contorsionner pour sortir de mon lit sans le réveiller. Malheureusement, je ne réussis pas : ma boule de poil me suivit jusqu’au rez-de-chaussée. Elle fonça sur sa gamelle tandis que je saluais ma mère et ma sœur.
Michael étant déjà parti au travail - le vendredi est le seul jour où il ne télétravaille pas -, nous étions trois autour de la table.
- Désolée de ne pas t’avoir attendue, me dit Louise. Toulouse n’arrêtait pas de miauler et j’avais peur que ça te réveille, du coup je suis descendue plus tôt.
- Pas de problème, Loulou, dis-je.
- Que veux-tu déjeuner, Marie chérie ? me demanda Scarlett avec une certaine appréhension.
- Je n’ai pas faim, mentis-je.
Scarlett se leva pour se rendre dans la cuisine, ouvrit un tiroir et en sortit la spatule en bois qui m’avait fait si mal hier soir.
- La petit déjeuner ou la fessée ?! me demanda-t-elle en tenant la spatule dans une main et un paquet de céréales dans l’autre.
- Mais maman…
Je n’eus pas le temps de continuer ma phrase : elle posa brutalement le paquet de céréales sur l’îlot central et fondit sur moi. Elle m’attrapa par le bras et réitéra d’un ton beaucoup plus ferme :
- Le petit déjeuner ou la fessée ?!
- Le petit déjeuner, répondis-je presqu’automatiquement grâce aux séquelles d’hier.
- Bonne réponse, dit ma mère en se détendant un peu. Donc, que veux-tu déjeuner ?
- Je n’en sais rien, je n’ai envie de rien…
Scarlett me fit un petit déjeuner équilibré en faisant attention à ne pas me mettre de trop grandes proportions.
Une fois le repas avalé, je pris mes médicaments et allai m’habiller.
- Marie ! Dépêche-toi, chérie ! On va être en retard !
8h35. Louise est partie à la fac depuis dix minutes. Scarlett m’attend car nous avons rendez-vous à l’hôpital pour mon poignet. J’ai hâte qu’on m’enlève ce fichu plâtre, même pour quelques minutes.
Dans la voiture sur le trajet de l’hôpital, ma mère me demanda :
- Comment te sens-tu ?
- Par rapport à quoi ?
- Par rapport à ce qui s’est passé hier, répondit maman.
- Eh bien… euh… Je…je ne sais pas, mentis-je.
- Tu ne sais pas ou tu ne veux pas me le dire ? questionna Scarlett.
- …
- Tu sais Marie, tu peux tout me dire. Je peux entendre que tu nous en veux, que tu es en colère contre nous, que tu penses que nous sommes des monstres sans cœur ou alors deux sadiques qui prennent du plaisir à te punir…
- Je pense que vous m’aimez, dis-je laissant Scarlett bouche bée. Ce qui me déstabilise, c’est que c’est la première fois qu’on m’aime comme ça.
- Comme quoi ? demanda ma mère qui ne comprenait pas où je voulais en venir.
- Mes parents m’ont toujours tout laissée faire. Je croyais que c’était ça, l’amour : tout passer à son enfant. Mais depuis que je suis en famille d’accueil, je suis en train de me rendre compte que c’est non. Aimer, c’est aussi avoir le courage de dire non, d’entrer en conflit et même de sévir. Et ça, jusque-là, je ne savais pas que c’était possible. Alors, quand tu me demandes comment je me sens, ben… Je me sens aimée.
Scarlett fut tellement émue qu’une larme coula sur sa joue.
- Mais j’ai quand même très mal aux fesses, dis-je pour détendre l’atmosphère.
- Et tu n’as pas fini d’avoir mal aux fesses, dit Scarlett après avoir ri. Tu es un sacré numéro, Marie Webber. Chaque matin, avec ton père, on se demande ce que tu vas encore nous pondre comme bêtise !
- Si je comprends bien, on n’a pas fini d’en voir ! conclus-je. Ni vous, ni moi !
- Ça ne dépend que de toi, me dit Scarlett. Tu pourrais tout bonnement arrêter tes bêtises !
- Ou vous pourriez arrêter de me punir… enchaînai-je.
- Arrêter de t’aimer ? s’étonna ma mère. Plutôt mourir.
Mon cœur se réchauffa instantanément. Après quelques secondes de pause, je déclarai d’un ton plus sérieux :
- Maman, tu sais, je veux vraiment perdre du poids. Ce n’est pas un caprice.
- Ça, j’ai très bien compris, Marie. Et on va tout faire pour. Ce qui est un caprice, en revanche, c’est ta soit disant anorexie spontanée sortie de nulle part. Il est hors de question que nous acceptions cela.
- N’empêche que si j’arrête de manger, je maigrirai plus vite qu’avec ta méthode.
- Et tu te bousilleras rapidement la santé aussi ! Tu as pensé aux conséquences sur ta maladie ? Les douleurs que ça pourrait t’engendrer ?! C’est là-dessus que nous sommes en total désaccord avec toi, Marie. Et comme ton père et moi te l’avons dit : si tu dois avoir les fesses écarlates tous les jours, tant pis pour toi ! Du moment que ta santé va bien, elle.
Je ne répondis pas, contrariée par la prise de position radicale de ma mère. Scarlett me lança quelques coups d’œil et conclut par :
- Tu peux me faire la tête, je ne changerai pas d’avis ! En revanche, cela risque de t’amener encore plus d’ennuis !
- Papa changera d’avis, dis-je avant que ma mère éclate de rire.
- Si tu envisages d’essayer de lui faire changer d’avis, c’est que tu n’as pas été assez calmée hier soir !
Je boudai jusqu’à ce qu’on arrive à l’hôpital.
Nous nous installâmes dans la salle d’attente, attendant le chirurgien orthopédiste. Je jouais sur mon téléphone pendant que Scarlett lisait un bouquin. Nous ne nous parlions pas, je boudais encore.
- Marie Webber ? appela une infirmière.
Nous nous levâmes. Je demandai instantanément à l’infirmière :
- Ma mère est-elle obligée de venir avec moi ?
- Vous êtes majeure ou mineure, mademoiselle ?
- J’ai dix-huit ans.
- Vous êtes donc loin d’être majeure, dit l’infirmière. Votre mère doit obligatoirement vous accompagner.
Je soufflai d’agacement tandis que ma mère me lançait un petit regard victorieux.
Nous suivîmes l’infirmière jusqu’à la salle d’attente de radiologie. Intriguée, Scarlett demanda :
- Ma fille n’était pas censée voir le chirurgien orthopédiste ?
- Si, dit l’infirmière. Mais nous devons d’abord faire une radio pour nous assurer de l’état de son poignet. Ensuite, elle verra le chirurgien. Je vais donc aller préparer un box pour lui enlever son plâtre, puis nous ferons la radio. Le chirurgien l’examinera, et nous mettrons un nouveau plâtre.
- D’accord, merci, dit ma mère.
- Si Elsa était restée dans la famille, maugréai-je, je lui aurais fait bouffer le plâtre qu’ils vont m’enlever !
- Ta colère n’est plus nécessaire, ma chérie. Elsa a été punie pour t’avoir cassé le poignet et désormais nous ne la reverrons plus alors…
- Papa ne l’a pas du tout assez punie ! dis-je. Elle n’a pris qu’une dizaine de claques sur le pantalon alors que je suis plâtrée pendant six semaines !
- Il ne te reste que quatre semaines, ma puce. Ça va aller.
- N’empêche, si Elsa était restée, j’aurais pris un malin plaisir à lui mettre mon plâtre dans la tronche dès que l’occasion se présentait !
Scarlett se retint de rire et ne releva pas ma réplique. Elle plongea de nouveau dans son livre et moi dans mon jeu.
Cela me fit un bien fou que l’on m’enlève mon plâtre. L’avoir en permanence me fatigue beaucoup.
L’infirmière fit une grimace en voyant mon poignet et je le sentis mal : pourvu qu’il n’ait pas besoin d’une opération !
- Bon, ton poignet se remet bien Marie ! dit le toubib. Les radios sont vraiment bonnes, on voit que tu en prends soin. Ça va, ça ne te gêne pas trop ?!
- Si ! me plaignis-je. En plus, je suis obligée d’enfiler une espèce de manche en forme de capote sexuelle pour pouvoir aller à la piscine ou au spa…
- Bon, si dans deux semaines tu continues de bien te rétablir, on pourra peut-être envisager d’enlever le plâtre pour mettre une attelle. A condition que tes résultats soient bons !
- Il n’y a pas besoin d’opération ni rien, alors ? demanda Scarlett.
- Non, il n’y a vraiment aucun problème, répondit le chirurgien. La fracture de votre fille était nette, elle se répare bien, aucun os n’a bougé… Franchement, je suis content. Cela est un miracle car si j’en juge par sa plaie à l’arcade et son œil au beurre noir, elle a eu des aventures ! Je pense qu’elle n’aura même pas besoin de rééducation, mis à part des petits exercices à la maison comme jouer aux cartes ou feuilleter un livre.
- C’est super ! s’exclama Scarlett. Merci, docteur !
- On se revoit dans deux semaines, Marie. D’ici là, pas de cascades ! Evidemment, pas de sport. Et tu manges équilibré pour que tes os se reconsolident bien !
Scarlett me jeta un regard accusateur.
Je demandai une dispense de sport pour la fac, une nouvelle ordonnance pour des anti-douleurs puis nous sortîmes de l’hôpital. Scarlett appela immédiatement Michael puis ma mère biologique pour leur partager la bonne nouvelle.
- Tu veux qu’on se fasse un resto avec Louise pour fêter ça ? me demanda ma mère.
- Je ne préfère pas, répondis-je, ce qui cassa l’enthousiasme de l’esthéticienne.
- Rentrons alors, dit-elle.
- En revanche, je veux bien que tu me fasses une superbe manucure, tentai-je pour la consoler.
- C’est d’accord !
Rentrées à la maison, Scarlett me déploya sa panoplie de vernis afin que je choisisse la couleur que je souhaitais. Puis, elle me fit une manucure, la première de toute ma vie. Je ne suis absolument pas coquette : je ne me maquille que pour les grandes occasions et je n’ai aucune connaissance en ce qui concerne les crèmes de jour, de nuit, etc. Je ne sais même pas si j’ai une peau grasse, ou sèche, ou mixte…et je m’en fiche royalement !
Je vis que cela fit un grand plaisir à ma mère de partager un peu de son métier avec moi. Pendant que mon vernis séchait, je lui demandai quand même :
- Maman, je peux te poser une question sans que tu te vexes ?
- Oui, ma puce ?
- Je sais que ça ne fait que trois semaines qu’on se connait mais… J’ai comme l’impression que tu joues un rôle. Au niveau de ton métier, j’veux dire. Être esthéticienne, ça ne va pas avec ta personnalité. Rassure-toi, tu es très douée, hein ! Mais j’veux dire… Tu es plutôt du genre Lara Croft, tu vois ?
- Tu connais Lara Croft ? Tu n’étais même pas née, si ?
-
C’est une image,
maman… Enfin, tu es hyper douée dans les arts martiaux, tu aimes venir en aide
aux autres… Tu devrais être flic, ou détective privé ! Ou redevenir profiler !
- J’aime le fait d’être esthéticienne, ma puce. Ton père et moi pratiquons des sports de combat tous les week-ends et ça me suffit amplement pour m’épanouir. J’aime le fait d’être esthéticienne parce que c’est compatible avec ma vie de famille. Et pour moi, il n’y a rien de plus important que ton père, ta sœur et toi, à l’heure d’aujourd’hui.
Après quelques minutes de silence, je dis :
- Tu sais que parfois, je t’appelle Barbie ?
Scarlett ria et répondit :
- Je préfère que tu m’appelles maman !
- Je n’y peux rien, tu ressembles trop à Barbie ! Papa et toi, vous êtes Barbie et Ken. Barbie et Ken version ninjas.
- N’importe quoi ! ria-t-elle. Bon, ta sœur va bientôt rentrer, il faut que je prépare à manger. Ne bouge pas tant que le vernis n’est pas sec ! Il est hors de question que je recommence !
L’après-midi à la fac fut beaucoup plus fade : j’aime vraiment passer du temps avec Scarlett. Je la trouve incroyablement géniale. Je ne sais si j’éprouve juste de l’amour, ou si c’est de l’amour mélangé avec de l’admiration. En tout cas, je suis heureuse et fière d’être sa fille, même si Louise et moi subissons toujours les remarques des garçons lorsque nous allons en cours :
- Hey, tu peux donner mon numéro à ta mère ?
- Tes parents n’ont pas toujours pas divorcé ? Auquel cas dis-le-moi, je consolerai ta mère…
- Elle n’est pas pédophile, réponds-je souvent. Les gamins, ça ne l’intéresse pas.
J’ai remarqué que les garçons ont beaucoup plus de mal à accepter le fait de redevenir mineurs que les filles. En règle générale, les garçons ont toujours un égo beaucoup plus grand que celui des filles !
Mathieu vint me chercher à la sortie des cours. Je courus dans ses bras, devant le regard triste de Diego qui me transperça le cœur. Pauvre Diego qui commence à tomber amoureux de moi… Néanmoins, Mathieu est l’homme de ma vie et Diego doit se faire une raison.
Je passai un samedi idyllique avec mon amoureux. Il m’emmena même aux portes ouvertes de sa caserne pour que je puisse découvrir son lieu de vie. Je lui promis, en retour, de l’inviter à manger chez mes parents.
Alors que nous nous amusions à regarder les étoiles dans le jardin chez mes parents biologiques, Mathieu et moi nous racontâmes chacun notre semaine.
-
Je n’en reviens
pas que tu aies piqué les vêtements de ton Sergent !! m'exclamai-je.
- Je te jure ! Il s’est baladé à poil en les cherchant dans toute la caserne ! Il hurlait de rage !!
- Mais, tu ne t’es pas fait chopper ?!
- Si. Deux jours au trou. Mais ça valait le coup !
Je ris après avoir embrassé mon petit copain.
- Et toi ? Pas de conneries en vue cette semaine ?
Je pris la décision de ne pas lui parler de mon envie de maigrir : il ne la comprendrait
pas et se mettrait rapidement en colère. Et puis, ce n’est pas vraiment une
bêtise. Je décidai de ne pas lui parler non plus de mon vol : il se fâcherait également.
- Louise et moi sommes sorties en douce mercredi soir. Nous sommes allées à la fête d’un pote de la fac pendant que nos parents étaient au resto.
- Ah… Je comprends pourquoi tu galères à t’asseoir…
- On ne s’est pas fait chopper.
- Tu déconnes ?!
- Non, je ne déconne pas ! Louise avait installé une appli de géolocalisation sur le portable de Scarlett. On est rentrées avant eux et le tour était joué. Ils ne sont toujours pas au courant.
- Mais c’est énorme !! s’exclama Mathieu. Vous êtes des génies les filles !!
- Merci, merci.
- Mais pourquoi t’as le derrière écarlate, alors ? me demanda mon chéri.
Mathieu avait été très intrigué lorsque nous avions pris notre douche ensemble vendredi soir. Il paraît qu’il n’avait jamais vu mes fesses aussi rouges.
- Parce que… J’ai mal répondu à Michael, mentis-je. Il a fait en sorte que je ne recommence pas.
- Eh ben, ils ne rigolent vraiment pas, tes parents !
- Nan, c’est clair. Bref, pensons à nous. Il ne nous reste plus qu’une journée ensemble.
Dimanche 10 novembre.
Malgré le fait que demain soit un jour férié, le Gouvernement ne fait pas d’exception : Mathieu doit rentrer à la caserne, et moi chez les Webber.
Les aurevoirs avec mes parents et mon frère avaient déjà été difficiles comme tous les dimanches, mais avec Mathieu c’est carrément l’horreur. Lorsque je le vis s’éloigner de la maison dans sa petite voiture bleue, mon cœur se serra vraiment fort.
J’ouvris la porte de la maison et effectuai mon rituel : chaussons, porte-manteau, lavage de mains. Puis, je me rendis dans la pièce à vivre, espérant y trouver mon petit cocon familial. Cependant, ce que je découvris me fit absolument horreur : Cassandra était là, avec ses trois terribles sœurs : Calix, Rachel et Nancy. Pour couronner le tout : cette peste de Cassandra avait Berlioz, MON chat, dans les bras !
- Repose-le tout de suite ! aboyai-je. Il n’est pas à toi !
-
Ça suffit, Marie, me dit Michael.
- Vous pouvez me dire ce qu’elles foutent chez nous ?! explosai-je.
- Leur père a fait une embolie pulmonaire, Marie, m’expliqua Scarlett. Leur mère est à son chevet. Les filles vont passer la nuit ici en attendant que leur tante qui habite à Marseille arrive demain.
- Quoi ?! C’est une blague, j’espère ?! Elles ne peuvent pas aller autre part ?! Pourquoi forcément ici ?!
- Marie, calme-toi, s’il te plaît ! me gronda Michael. Les autres parents d’accueil n’ont pas voulu les prendre…
- Tu m’étonnes ! m’exclamai-je, ce qui fit pouffer Louise de rire.
Je m’adressai à nouveau à Cassandra et criai :
- Je t’ai dit de lâcher mon chat !!
Elle posa Berlioz à terre et ma boule de poil courut vers moi.
- Marie, si tu n’es pas capable de te calmer immédiatement, tu vas aller le faire dans ta chambre ! me gronda ma mère. C’est clair ?!
- …
- Je n’ai pas entendu ! Est-ce que c’est clair ?!
- Oui.
- Oui, qui ?!
- Oui, maman.
- Va leur montrer où elles peuvent installer leurs affaires, m’ordonna Michael. Et sois aimable, si tu ne veux pas manger des carottes toute la semaine pour apprendre à l’être !!
En montant les escaliers, je grommelai un : « gnagnagnagnagna » après mon père en m’arrangeant pour n’être entendue de personne.
- Ça c’est la chambre d’amis. Y’a un lit double, donc il va falloir que deux d’entre vous choisissent de dormir ensemble.
J’avançai un peu dans le couloir et ouvris une autre porte :
- Là, c’est le bureau de mon père. Y’a un clic-clac qui se déplie. Y’en a une qui peut dormir ici.
J’ouvris ensuite la porte du fond :
- Là, c’est la salle de sport. Y’a un matelas gonflable.
Puis, j’enchaînai :
- Y’a une salle de bains en bas et deux en haut. Utilisez plutôt celle du bas car celles du haut sont pour mes parents, Louise et moi. Y’a des toilettes en haut et en bas, allez à celles que vous voulez. Vous pouvez visiter la maison mais ne touchez à rien. On se voit au dîner.
Je m’apprêtai à descendre les escaliers lorsque Cassandra attrapa mon bras et me menaça :
- Si tu n’es pas plus gentille avec nous, je balance à tes parents que Louise et toi êtes sorties en douce mercredi !
- Je balancerai aux tiens aussi, dans ce cas !
- Mes parents ont plus compliqué à gérer qu’une sortie en douce ! se vanta-t-elle.
- Dans ce cas, ce seront mes parents qui te puniront et crois-moi : tu n’as vraiment pas envie que cela arrive !
- Tu bluffes !
- Tu te souviens de la fessée que t’avait donnée ma première mère d’accueil au milieu de la cafétéria ?! Attends-toi à cent fois pire !
Sur ce, je tournai les talons, satisfaite de ma répartie.
Je descendis m’asseoir sur le canapé, allumai la télé et appelai Berlioz pour qu’il grimpe sur mes genoux ; mais ce dernier était trop occupé à jouer avec une boule d’aluminium pour me prêter la moindre attention. Louise vint s’asseoir à côté de moi, aussi blasée de moi. Elle posa sa tête sur mon épaule.
- Elles sont arrivées y’a combien de temps ? lui demandai-je.
- J’sais pas, elles étaient déjà là quand je suis arrivée…
- Cassandra menace de le dire aux parents pour la soirée de mercredi si nous ne sommes pas plus gentilles avec elles.
- Tu déconnes ?!
- T’inquiète, j’ai géré le truc. J’ai dit qu’on les balancerait aussi et que nos parents s’occuperaient d’elles. Je l’ai bien fait flipper.
- J’espère vraiment qu’elle va tenir sa langue, pria Louise.
- Il faut que tu prennes ou une deux claques par papa et maman, Loulou, dis-je.
- Quoi ?! Pourquoi ?!
- Pour que ça impressionne les filles, expliquai-je. Pour qu’elles n’aient pas envie de balancer pour mercredi.
- Pourquoi moi ?!
- Parce que je te rappelle que j’ai le derrière hors service !
- A qui la faute ? Et puis ça semblera moins suspect si c’est toi que si c’est moi !
- Pas faux. Ok, je me dévoue. Mais la prochaine fois…
- Ce sera moi. Promis.
- Il faut que je trouve quelque chose. Un truc pas trop grave. Il faut que je prenne juste une ou deux claques, pas que j’atterrisse sur leurs genoux…
- Ben, la nourriture ! dit Louise.
- C’est trop grave. Ils vont m’en coller une monstrueuse.
- Ben toi qui voulais impressionner les filles…
- Oui mais je veux aussi rester en vie !! précisai-je.
- T’as qu’à refuser de mettre ou de débarrasser la table ! proposa Louise.
- Oui, je vais peut-être essayer ça. C’est une bonne idée.
- Courage, me dit ma sœur en mettant une main sur ma cuisse.
- Lâcheuse ! lui lançai-je avant de monter le son de la télé.
- A table ! appela Scarlett.
Alors que tout le monde s’asseyait, Scarlett demanda à Louise d’aller chercher le sel dans la cuisine. Ma sœur se conduit en véritable héroïne : elle se sacrifia pour moi.
- Non, maman. Je n’ai pas envie. Demande à quelqu’un d’autre.
- Pardon ?! s’offusqua ma mère.
- Demande à quelqu’un d’autre ! A Marie, par exemple.
- Tu sais bien que Marie ne peut plus se lever une fois qu’elle a commencé à manger !
- Ça tombe bien alors puisqu’elle n’a pas commencé à manger.
- Louise Webber, tu obéis immédiatement à ta mère ! gronda Michael avec sa grosse voix.
- Non, soutint Louise avec une voix tremblante qui trahissait son stress.
Michael se leva immédiatement, attrapa Louise pour la sortir de table et lui colla trois bonnes claques sur les fesses avant de la gronder :
- Tu vas chercher le sel, tout de suite ! Si tu veux commencer à être désobéissante, Louise, ça va t’attirer de sacrés ennuis ! Je te le dis, moi !
Pour que le sacrifice de ma sœur serve à quelque chose, je jetai immédiatement un regard aux quatre filles qui furent, comme je l’avais prédit, impressionnées par la force des claques. Espérons que cela les dissuade d’une potentielle délation.
Lorsque ma sœur revint à table, elle put lire « Merci » sur mes lèvres. Je savais ce que ces claques avaient représenté pour elle.
Alors que nous débarrassions la table, ma sœur en profita pour m’ordonner de ne plus jamais la traiter de lâcheuse.
En sortant de ma douche, je me rendis dans ma chambre et vis que mon téléphone avait disparu. Je le cherchai partout dans ma chambre mais impossible de le retrouver : pourtant, je l’avais bel et bien laissé dans ma chambre. Soudain, je me souvins que j’avais dit à mes indésirables invitées qu’elles pouvaient visiter la maison mais sans rien toucher.
Je fonçai dans la chambre d’amis où elles s’étaient toutes réunies pour discuter et hurlai :
- Laquelle de vous a pris mon téléphone ?!
- De quoi est-ce que tu parles ? me demanda Cassandra.
- Ne me mentez pas !! Lorsque je vous ai dit de visiter la maison, vous êtes allées dans ma chambre, vous avez pris mon téléphone !!
- N’importe quoi ! se défendit Cassandra.
- J’vais vous démonter !! hurlai-je.
- Qu’est-ce qui se passe, ici ?! demanda Michael en entrant dans la pièce.
- Elles ont volé mon téléphone !! Il était dans ma chambre !! Je leur ai dit qu’elles pouvaient visiter la maison et comme par hasard, il n’est plus dans ma chambre !!
- Ma princesse, as-tu bien cherché ? me demanda mon père. Es-tu sûre qu’il n’est pas dans ta chambre ?
- Oui j’en suis sûre ! assurai-je.
Tandis que ma mère et ma sœur nous rejoignaient, mon père sortit son téléphone de sa poche et m’appela. Mon téléphone sonna dans la pièce où nous nous trouvions : il était bien dans la chambre d’amis. Nous nous approchâmes de la sonnerie et découvrîmes mon précieux trésor dans le sac de Calix, une des sœurs de Cassandra.
- Alors là les filles, nous allons avoir un sérieux problème, dit Michael pendant que je jubilais. Le vol n’est pas autorisé dans cette maison !
- C’est Cassandra qui a voulu le prendre ! se défendit Calix. Elle voulait fouiller dedans pour trouver des photos où on pourrait se moquer de Marie ! Elle m’a demandée de le mettre dans mes affaires ! Je vous jure que c’est vrai, monsieur Webber !!
- Comment je peux vous croire ?!
- Marie aussi, elle vous ment ! balança Cassandra, en voulant sûrement détourner le courroux sur moi. Et Louise aussi ! Elles sont sorties en douce mercredi soir !!
Oh mais quelle p*te !!! Il allait vraiment falloir que je la tue, un jour !!
- Qu’est-ce que c’est que cette histoire, Marie ?! me demanda ma mère.
- J’en sais rien ! mentis-je. Elle invente !
- Louise ?! demanda Michael.
Ma sœur resta pétrifiée.
- Bon, Nous allons d’abord nous occuper de vous quatre car il est plus urgent de régler cette histoire de vol. Ensuite, nous nous occuperons de nos filles.
- Elles aussi, elles sont sorties en douce !! balançai-je. Elles étaient là ! C’est pour cela qu’elles savent !!
Œil pour œil, dent pour dent.
- Ça va être une très longue soirée, soupira Scarlett. Heureusement que vous n’avez pas cours demain. Tout le monde dans le salon. Exécution !
Nous descendîmes toutes au rez-de-chaussée, mes parents nous suivirent. Tout ça parce que ces pestes dormaient chez nous ce soir. Bon sang, pourquoi mes parents avaient-ils joué aux bons Samaritains ?! Sérieusement, quoi ! Je n’arrête pas de dire à longueur de temps qu’il faut qu’on reste tous les quatre…
Une fois que nous fûmes tous arrivés dans le salon, Scarlett annonça d’un ton ferme :
- Louise, tu vas au coin à côté de l’orchidée. Toi, Marie, tu vas au coin à côté du bar de la cuisine. Mains dans le dos toutes les deux. On ne veut pas vous entendre. La première qui bouge ou qui se retourne en prendra pour son grade. Nous aurons vue sur vous à tout moment donc n’essayez même pas de nous la mettre à l’envers comme vous nous l’avez mise à l’envers mercredi !!
Nous obéîmes. Bon, ma mère était vraiment très furieuse. Ça s’annonçait vraiment mal. Mes fesses signeraient leur mort ce soir. C’était pour aujourd’hui, dimanche 10 novembre. Cette nuit, je finirai à l’hôpital pour une ablation des fesses. Motif : fille trop désobéissante et parents trop sévères. Au moins, sans fesses, Michael et Scarlett n’aurons plus aucun moyen de pression sur moi.
- Vous quatre, lança Scarlett à la fratrie. Mettez-vous en ligne devant nous, mains derrière le dos. On va s’expliquer.
Les filles s’exécutèrent. Je crus entendre une ou plusieurs d’entre elles pleurer, je ne pus résister à l’envie de tourner ma tête pour regarder. Cassandra me balança immédiatement et je regrettai d’avoir un pyja-short : ma mère me colla quatre violentes claques derrière les cuisses, cuisses qui rougirent instantanément, laissant apparaître les marques de la main de Scarlett. Je vous jure que Cassandra le paiera. Elle le paiera très cher.
- Bon, racontez-nous à nouveau et en détails ce qui s’est passé avec le téléphone de Marie, dit ma mère.
- Qui a décidé de le voler ? demanda mon père.
- Cassandra, dénoncèrent Rachel, Nancy et Calix.
Ah d’accord. C’est de famille, donc.
- Pourquoi voulais-tu le voler ?! interrogea ma mère.
- …
- Elle voulait trouver des choses dedans pour se moquer de Marie ! rapporta Calix. Dans les photos, les messages…
- Ça te fait marrer de te moquer de ma fille ?! gronda Michael.
Je pus tourner un peu ma tête, assez pour voir que mon père s’était approché à quelques centimètres de Cassandra, qui menaçait de fondre en larmes à tout moment.
- Je t’ai posé une question !! gronda mon père, ce qui fit sursauter Cassandra. Ça te fait marrer de te moquer de ma fille, oui ou non ?!
- Je suis désolée…marmonna Cassandra.
Elle se prit aussitôt trois claques sur le derrière de la part de mon père. J’imaginais très bien ce qu’elle pensait : elle venait de réaliser qu’elle était dans une m*rde encore plus sale que ce qu’elle pensait. Je ne pouvais m’empêcher de jubiler, surtout avec ce qui m’attendait à cause d’elle.
- Ce n’est pas la réponse à la question que je t’ai posée ! cria papa.
On aurait dit les techniques de l’armée, lorsque le chef se rapproche à deux centimètres du soldat pour lui hurler dessus des choses telles que : « Un soldat doit toujours soutenir ses camarades !!! Est-ce que c’est compris ?! » et les soldats répondent : « Chef, oui chef !! ». Eh bien cette scène se rejouait à la maison : papa se tenait à deux centimètres du visage de Cassandra et lui hurlait dessus avec, en prime quelques claques plutôt salées.
- C’est la dernière fois que je te pose la question : est-ce que ça te fait marrer de te moquer de ma fille ?!
- N…on… mon…si…eur… Web…ber, sanglota mon ennemie.
- Tu me mens en plus ?! cria Michael. Tu veux durcir la déculottée que tu vas déjà prendre, c’est ça ?!
- Non, m…on…sieur !
- Je vais m’occuper personnellement de tes fesses, ce soir, Cassandra ! Crois-moi, tu ne vas pas recommencer de sitôt ! Les rapporteuses, je déteste ça ! Les menteuses, encore plus ! Mais les voleuses… Je peux te garantir que tu ne vas plus pouvoir t’asseoir pendant un petit moment !
Cassandra continuait de pleurer. Vous ne pouvez même pas savoir à quel point ma victoire était grande. Je n’avais même pas besoin de me venger, mon père le faisait pour moi.
- Depuis le début de l’année, tu embêtes mes filles ! continua mon père. Je ne sais pas pourquoi mais tu n’es vraiment pas tombée sur les bons souffre-douleurs ! Parce que mes filles ont un père qui est très loin de laisser passer ce genre de choses !
Michael me montra du doigt et me dit :
- Princesse, retourne-toi deux secondes.
Bon, il était sûrement moins en colère que ma mère pour mercredi. Le fait qu’il m’appelle « Princesse » était plutôt bon signe. Il s’adressa de nouveau à Cassandra et lui ordonna :
- Regarde-la.
Mon ennemie gardait les yeux rivés au sol.
- Regarde-la, j’t’ai dit !
Cassandra obéit.
- Tu la vois bien, là ?! Tu vois bien Marie ?!
- Ou…i.
- Retourne-toi face au mur, me lança papa avant que j’obéisse.
Il ordonna ensuite à sa victime de le regarder dans les yeux. Cassandra obéit.
- Marie est ma fille. Ça signifie qu’elle fait partie des trois personnes les plus importantes pour moi sur terre. Ça signifie aussi que si tu lui fais du mal, tu me trouves sur ton chemin ! J’aime mes filles plus que ma propre vie et je ne laisserai jamais personne s’en prendre à elles ! Je sais que Tom et Dana te sont déjà tombés dessus mais ça n’a pas suffi puisque tu t’es battue avec ma fille qui a le poignet dans le plâtre pas plus tard que mardi ! Donc ça ne t’a pas suffi ! A partir d’aujourd’hui, c’est à moi que tu vas avoir affaire et je te garantis que tu vas trouver du changement ! Viens ici !
Tandis que Michael déculottait ma pire ennemie pour l’allonger sur ses genoux, Scarlett lança à Rachel, Calix et Nancy :
- Regardez bien ce qui va se passer pour votre sœur. Vous êtes les suivantes.
Cassandra priait vraiment mon père. Pour le coup, ses supplications auraient pu tordre le cœur de n’importe qui. On aurait dit qu’elle allait se faire tuer alors qu’elle allait juste recevoir une fessée, peut-être celle de sa vie.
- Tu as embêté ma fille, tu t’es battue avec elle, tu lui as volé son téléphone, dit Michael. Voilà ce que tu récoltes.
Mon père asséna la première claque et je me surpris à avoir un minuscule soupçon de compassion pour elle. J’étais sûre qu’elle allait s’en souvenir toute sa vie.
- Pitié ! Pi…tié ! priait-elle.
- T’en as eu pour ma fille de la pitié ?! répondait mon père. Je n’ai vraiment pas l’impression !
- Désolée ! J’suis dé…j’suis…déso…lée !!
- Dis-le plus fort, disait Michael en continuant de taper. J’crois que ma fille ne t’a pas entendue !
- Désolée !! criait Cassandra. J’suis désolée !!
Selon l’heure indiquée par la box internet, ce fut dix minutes plus tard que papa relâcha Cassandra, qui avait des fesses d’un rouge vif étonnant. Elle ne s’arrêtait plus de pleurer. Michael la prit entre quatre yeux et la prévint à nouveau :
- Si j’apprends que tu as encore importuné ma fille, je t’en recolle une. Si j’apprends que tu lui as parlé ou que tu as ne serait-ce que prononcé son nom, je t’en recolle une ! Peu importe où ce sera : chez toi, à la fac, dans la rue, peu importe ! Si j’apprends ce genre de choses, tu n’auras que tes yeux pour pleurer ! La fessée que je viens de te flanquer n’était qu’une bande-annonce ! Je peux être beaucoup plus sévère ! Je peux te fesser pendant une heure entière s’il le faut ! Je vais déjà t’en remettre une pour la sortie de mercredi soir puisque tes parents ne peuvent pas le faire et qu’il faut que ce soit réglé tout de suite, alors ne me donne pas d’autres raisons de m’occuper de ton cas ! Compris ?!
- O…ui…oui…
- Ma femme et moi allons nous occuper de tes sœurs puis je te rappellerai pour ta deuxième déculottée. En attendant, tu vas au coin à côté de la télé. Mains derrière le dos. Si je te vois bouger, tu sais très bien ce qui se passera.
J’avais l’impression que Cassandra s’était transformée en petit agneau. En même temps, quel choix avait-elle ? Mon père venait de la démonter. Bien fait !
Mes parents filèrent une déculottée moins sévère et deux fois moins longue à Calix, Rachel et Nancy pour avoir été complices de Cassandra et s’être très sûrement moquées de moi, elles aussi.
Puis, mes parents les rappelèrent toutes les quatre en ligne devant eux. Elles pleuraient toutes. Louise et moi étions toujours au coin.
- Avez-vous trouvé quelque chose dans le téléphone de notre fille ? interrogea ma mère.
Elles secouèrent la tête.
- Sûres ?! insista ma mère.
- On n’a pas pu l’ouvrir, dit Calix en deux larmes, il était verrouillé par empreinte.
- Ça valait le coup de le voler, n’est-ce pas ?! Pour ce que vous avez gagné…
- On va pouvoir passer à la sortie de mercredi ! enchaîna mon père en se frottant les mains. Ça tombe bien, ma femme et moi avons bien échauffé nos mains ! Nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses !
Une petite boule se forma tout doucement dans mon ventre. Bon, ça n’allait pas tarder à tomber pour nous.
- Où êtes-vous allées ?! demanda Scarlett.
- Chez Vincent, répondit Nancy qui semblait être la moins apeurée des deux, peut-être parce qu’elle est la plus rebelle de sa fratrie et que, comme moi, elle a l’habitude de se ramasser des trempes. C’est un mec de la promo qui organise des fêtes étudiantes tous les mercredis.
- Vous êtes sorties en douce tous les mercredis ?! s’exclama ma mère.
- Oui, depuis la toute première fête, avoua Nancy.
- Louise et Marie aussi ?! se renseigna Michael. Je vous déconseille fortement de nous mentir !
- Non, Louise et Marie ne sont venues qu’une seule fois, mercredi dernier. Expliqua Nancy.
Mes parents parurent à demi-soulagés.
- A votre avis, qu’auraient fait vos parents s’ils avaient découvert que vous sortiez en douce tous les mercredis ? demanda Scarlett.
- On aurait sûrement pris une paire de gifles, dit Nancy. Et on aurait été privées de sortie jusqu’à la fin de l’année scolaire.
- Une sanction bien légère, commenta ma mère. Rien ne vous dissuade de recommencer.
- Nous ne fonctionnons pas avec les gifles, dit Michael. Mais puisque vous avez réitéré, on va instaurer un barème. Une déculottée de trois minutes – nous sommes plutôt cléments – par soirée où vous avez fait le mur. Nous sommes dans la neuvième semaine depuis la rentrée. Si on enlève la semaine de vacances, ça donne huit semaines. Je sais que vous êtes en licence de Lettres mais vous allez pouvoir me donner le résultat ce calcul : huit fois trois ?
- Vingt-quatre, répondit Nancy d’une voix étouffée.
- Calix et Rachel, au coin ! ordonna Scarlett. Cassandra et Nancy, venez ici.
Louise et moi passâmes donc près de cinquante nouvelles minutes au coin. Effectivement, comme l’avait dit Scarlett, la soirée était longue. Michael nous donna quand même quelques minutes de répit pour aller aux toilettes ; mais nous dûmes reprendre immédiatement notre place punitive ensuite.
Les quatre sentences exécutées, nos parents montèrent à l’étage derrière la fratrie Dubois pour les mettre au lit. Je profitai de ce temps béni pour me dégourdir les jambes et m’asseoir un peu sur le canapé. Passer presque toute une soirée au coin… J’aurais préféré prendre la fessée qui m’est réservée tout de suite et pouvoir aller me coucher ! Mais cela faisait sûrement partie de notre punition…
Ken et Barbie redescendirent et nous ordonnèrent de venir nous asseoir sur le canapé. Ils s’assirent sur les fauteuils en face de nous.
- Au-delà d’être en colère, nous sommes profondément déçus, les filles, nous dit Michael sur un ton calme mais déterminé. Nous vous faisions confiance et vous avez trahi cette confiance.
- Nous vous avions dit mercredi que si vous nous désobéissiez, nous engagerions un ou une baby-sitter, en plus de vous punir par une bonne fessée. continua Scarlett. Donc demain, vous ferez la connaissance et votre nouveau baby-sitter, Daryl.
- Vous l’avez déjà engagé ? m’offusquai-je. Avant même de savoir si nous vous avions désobéi ou pas ?
- Les filles, sachez que nous avons toujours un train d’avance sur vous. Nous savions que vous aviez désobéi avant même que Cassandra nous le dise. Nous sommes rarement surpris par vos bêtises.
- Mais, comment…
- Vous avez mis une appli de traçage sur mon téléphone, non ? nous lança Scarlett. Donc vous devriez savoir comment nous le savons.
Nous avons une mère qui était profiler et nous avons essayé de la berner. Nous étions vraiment trop bêtes.
- Mais pourquoi ne nous avoir rien dit jeudi ?
- Pour la même raison que nous avons attendu que tu avoues pour les bijoux, dit Michael. Mais là, c’est différent. Si Cassandra n’avait rien dit, vous n’auriez rien dit non plus. La confiance est donc brisée. Maintenant, il y aura toujours quelqu’un à la maison, que ce soit nous ou Daryl. Nous avons à notre tour installé un logiciel de traçage sur vos téléphones que vous n’avez vraiment, mais alors vraiment pas intérêt à enlever. Nous allons suivre vos moindres faits et gestes jusqu’à nouvel ordre. Si vous nous mentez, nous le saurons et ça ira très mal. Nous vous tomberons automatiquement dessus au moindre faux pas. Et pour finir, vous allez vraiment sentir passer la déculottée que vous allez prendre.
Je me risquai quand même à demander :
- Ce sera le même barème que les autres ?
- Ne rêve pas, Marie, dit maman. Nous avons fait payer leurs récidives aux filles Dubois mais avec vous, nous voulons justement éviter cette récidive.
- Ça va durer combien de temps ? demandai-je, n’ayant plus rien à perdre.
- Le temps qu’il faudra pour la leçon soit imprégnée, répondit ma mère.
Evidemment, je me retrouvai sur les genoux de Michael. Sinon, ce n’est vraiment pas marrant. Bien que ma mère soit très loin d’être douce et clémente, j’aurais quand même préféré avoir affaire à elle plutôt qu’aux énormes mains de mon père.
Le pire était que ni Louise, ni moi ne savions quand ça allait s’arrêter. C’était vraiment le pire. Pas de barème, pas de minuterie, rien qui nous donne l’espoir que cela s’arrêtera bientôt. Ça pouvait durer cinq minutes comme quarante.
C’était long. Nos parents s’attelaient à nous faire passer le message. Pour le coup, ils n’avaient pas menti : nous sentions vraiment passer cette déculottée.
Les claques pleuvaient tout comme les réprimandes. Les : « On va vous avoir à l’œil ! », « C’est terminé les bêtises ! » tombaient autant que les mains punitives.
Dix-sept minutes au total. C’est le temps qu’ont duré ces deux tannées magistrales. Michael se stoppa en premier, Scarlett suivit en le voyant faire. Louise et moi étions en larmes : les fesses de ma sœur étaient écarlates, les miennes étaient cramoisies. C’était la première fois que Loulou était punie aussi sévèrement par nos parents actuels. Pour moi, c’était la fois de trop : entre la fessée de lundi pour le vol, de jeudi pour l’alimentation et de ce soir pour la sortie en douce, je n’arrivais plus à m’asseoir du tout.
Lorsque je dus aller me coucher, je fus incapable de m’asseoir sur mon lit, je m’y allongeai directement à plat ventre et me débrouillai pour y grimper correctement et me mettre dans les draps.
Une fois que tout le monde fut couché, Louise entra très discrètement dans ma chambre avec un tube de crème dans la main, et sans nous parler – de peur que nos parents nous entendent – nous nous en appliquâmes mutuellement.
Elle me murmura un : « Je t’aime » dans l’oreille avant de retourner dans sa chambre.
A suivre…
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