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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 28)

 


Mercredi 2 octobre 2019.

 

                Lasse. C’est l’état dans lequel je me réveillai ce matin. J’en avais marre d’être ici, marre de prendre des roustes ; et je ne voyais absolument aucune échappatoire jusqu’à l’obtention de mon bac au mois de juillet. De plus, ce ne serait qu’une pause de deux mois puisque mes études supérieures me conduiraient dans un nouveau pensionnat de ce genre.

Ce système de répression intense n’était clairement pas fait pour moi. Malgré les amies que je me suis faite ici, mon affection pour Monsieur Éric et mon amour pour Monsieur Matthieu, je souhaitais plus que tout au monde reprendre mon ancienne vie : retourner dans mon ancien lycée.

 

                En sortant de ma chambre, je croisai Monsieur Éric. Avant même de lui dire bonjour, je lui lançai :

-          Je veux voir le psychologue.

-          Bonjour Clémence, répondit-il en tentant de rester stoïque. Tu es sûre que tu veux voir le psychologue ?

-          Oui.

-          C’est à cause de la fessée que je t’ai donnée hier soir ? s’inquiéta-t-il.

-          Je veux voir le psychologue. En urgence, Monsieur. S’il vous plaît.

-          Tu acceptes d’aller déjeuner avant ?

J’hochai la tête et retournai dans ma chambre pour aller faire mon lit et m’habiller.

 

                Monsieur Eric était inquiet. Depuis l’estrade où il déjeunait avec les membres de la Direction et les professeurs, il ne cessait de me jeter des coups d’œil. Je sentais qu’il se posait des questions : Avait-il été trop loin hier soir ? S’était-il trompé sur toute la ligne sur la façon de s’y prendre avec moi ?

                Je pris mon petit déjeuner dans le silence le plus total, les yeux rivés sur mon assiette, ne daignant même pas répondre aux questions de mes amies. Mathilde n’osait même pas ouvrir la bouche. Elle se fait toute petite depuis que j’ai appris, samedi, qu’elle avait raconté à tout le monde que je passais en conseil de discipline. D’ailleurs, elle peut bien continuer de se faire toute petite : je ne suis pas près de lui pardonner une telle chose. Que Jésus me pardonne de ne pas lui pardonner et qu’il me donne la force de pouvoir le faire à l’avenir. Pour le moment, je l’ignore depuis samedi et je pense que c’est la pire punition qu’elle puisse vivre, encore plus que toutes les fessées qu’elle pourra prendre cette année.

 

                Mon petit déjeuner pris, alors que je devais me diriger en cours de piano, je me rendis dans le couloir médical. J’espérai de tout cœur que Monsieur Éric n’avait pas oublié de prévenir mon prof de piano : Monsieur Alexandre me collerait encore une fessée et je n’avais plus du tout envie d’en prendre.

Je passai devant les portes « Infirmerie » et « Stock matériel médical », puis devant une porte « Médecin ». En tournant la tête à gauche, je vis enfin la porte « Psychologue ». Je me tins devant, soupirai un bon coup, et frappai.

-          Entrez ! me répondit-on.

J’ouvris la porte et entrai.

 

                J’arrivai dans une grande pièce qui devait faire à peu près la taille du bureau de Monsieur Matthieu. Il y avait un long divan sur le côté droit de la pièce, avec un fauteuil en face. Sur la gauche, un immense aquarium regorgeant de poissons plus exotiques les uns que les autres. Au milieu de la pièce, devant une baie vitrée prenant tout le pan de mur et donnant sur le jardin privé de la Direction, un bureau majestueux en chêne. Derrière ce bureau, dans un grand fauteuil noir qui aurait pu appartenir à la famille Adams, se trouvait un homme à l’air sévère. Boule à zéro, sourcils fournis, lunettes noires carrés, yeux noirs, bouc brun et carrure d’un videur de boîte. Je le voyais bien me dire : « Faîtes demi-tour, Mademoiselle. Ceci est un espace privé. ».

Une chose était sûre, il ne donnait pas envie de se confier. Pour être sûre, je lui demandai :

-          C’est vous, le psy ?

-          Effectivement, dit-il en m’observant tout autant que je l’observais.

-          Vous avez le droit de me punir ? De me donner la fessée ?

Il sourit en coin et répondit :

-          Théoriquement, j’en ai le droit. Cependant, je l’ai refusé puisque cela va à l’encontre d’un climat de confiance durable et sain.

Soulagement. D’une part parce que je pourrais vraiment me confier à lui, d’autre part parce que cette armoire à glace devait donner des fessées au moins aussi fortes que celles de Monsieur Matthieu. L’idée était que je puisse parler sans avoir peur d’en prendre une.

                Je m’approchai de l’aquarium. Il me regarda faire. Il avait les coudes appuyés sur son bureau et ses mains lui soutenaient le menton. Il avait l’air impassible.

Alors que je continuais de regarder l’aquarium, il me dit :

-          Je suis fasciné par le monde marin. Je les trouve intelligents, libres et majestueux.

-          Ils ne sont pas vraiment libres dans un aquarium, dis-je.

-          En quelque sorte, ils le sont. Ils n’ont pas la crainte qu’un prédateur viennent les dévorer. Pour pouvoir être libre, il faut avoir un cadre.

-          Pourquoi me dîtes-vous cela ? interrogeai-je.

-          N’est-ce pas pour cela que vous venez me voir ?

-          C’est Monsieur Éric qui vous l’a dit ?

-          Personne ne m’a rien dit. Les seules informations dont je dispose sont le fait que j’ai un rendez-vous, et l’heure de ce dit rendez-vous. Je ne connais même pas votre prénom.

-          Alors comment pouvez-vous savoir que je viens pour ça ? demandai-je, intriguée.

-          En vous observant, répondit-il.

-          Et que savez-vous de plus, en m’observant ?

-          Je vous propose un jeu, dit-il. Je vous informe de quelque chose que j’ai observé sur vous, vous me dîtes si cela est vrai ou non ; puis vous m’informez de quelque chose que vous avez observé sur moi, et je vous dirai à mon tour si cela est vrai ou non. Êtes-vous partante ?

-          Je suis partante, j’adore les jeux, dis-je.

-          Vous êtes ici parce que vous ne réussissez pas à vous adapter au fonctionnement de ce pensionnat, dit-il.

-          Correct, rétorquai-je. Vous êtes un psychologue.

-          Exact, ria-t-il. Ce n’est pas quelque chose que vous avez observé, je me trompe ?

-          Vous vous trompez, dis-je. Je l’ai observé avec la plaque sur votre porte.

-          Très bien, ria-t-il. Vous aimez contourner les règles.

-          Correct, admis-je. Comment le savez-vous ?

-          C’est ce que vous essayez de faire avec notre jeu. A vous.

-          Vous avez l’apparence de quelqu’un d’extrêmement sévère mais vous êtes un nounours, à l’intérieur, tentai-je.

-          Ce n’est qu’à moitié exact. Vous trouvez que j’ai l’air de quelqu’un d’extrêmement sévère ?

-          Oh oui. Vous pourriez être le remplaçant de Monsieur Éric.

Le psy ria une nouvelle fois et enchaîna :

-          Et vous pensez que je suis un « nounours » à l’intérieur ? Qu’entendez-vous par cela ?

-          Vous êtes hyper gentil et vous ne feriez pas de mal à une mouche. Vous avez l’autorisation de donner des fessées mais vous l’avez refusée car vous seriez incapable d’en donner.

-          J’en serais capable pour un motif valable, néanmoins j’ai un seuil de tolérance plus élevé que la plupart de ceux qui ont le même droit que moi ici. De plus, je ne vous ai pas menti : je refuse de m’adonner à cette pratique pour favoriser un climat de confiance.

-          Je fais confiance à Monsieur Éric, dis-je.

-          Lui confiez-vous toutes vos craintes en étant sûre de pas risquer de recevoir une fessée ?

-         

-          C’est bien là ce que je tente de vous expliquer.

 

Je marquai un temps de silence puis demandai :

-          Comment vous appelez-vous ?

-          Emmanuel. Mais vous pouvez m’appeler Manu. Et vous ?

-          Clémence. Mais vous pouvez m’appeler Clem. Peut-on se tutoyer ?

-          J’attendais que tu le proposes.

Il y eut de nouveau un temps de silence, puis Manu dit :

-          Pour la suite de cette séance, je te propose que nous augmentions notre confort. Je vais aller m’asseoir sur le fauteuil et toi sur le divan. Tu n’es pas obligée de t’y allonger, Clem. Tu peux aussi t’y asseoir ou t’y mettre dans la position souhaitée par ton corps et ton esprit. La seule chose que je te demande est d’enlever tes chaussures si tu souhaites poser un ou deux de tes pieds sur le divan.

J’allai m’asseoir en tailleur après avoir enlevé mes chaussures. Manu s’assit à côté de moi.

 

-          Pourquoi es-tu venue me voir, Clem ?

-          Tu le sais déjà.

-          Je souhaite que tu le formules à ta façon.

-          Je n’en peux plus d’être ici. J’en ai profondément marre.

-          Pourquoi te sens-tu tant lassée ?

-          J’ai l’impression que quoique je dise, quoique je fasse ici, je prends une fessée. Même lorsque je fais ce qui me semble juste.

-          Cela fait approximativement vingt-cinq jours que tu es ici, c’est exact ?

-          Vingt-sept jours, exactement. Aujourd’hui, c’est le vingt-huitième jour.

-          En vingt-huit jours, combien y’a-t-il de jours où tu n’as reçu aucune punition ? Pas une, de toute la journée ?

-          Deux, peut-être trois.

-          Est-ce ta vision des choses ou est-ce la réalité ?

Pour que Manu en ait le cœur net, je me levai et me tournai dos à lui. Je relevai ma jupe et baissai ma culotte pour lui montrer l’état de mes fesses. Une fois ceci fait, je me rhabillai et me rassis en tailleur.

-          C’est la réalité, Manu. Un ou deux jours, peut-être trois.

-          On peut donc élever le compte à vingt-cinq fessées, dit-il.

-          Il y a des jours comme hier où j’en ai pris plusieurs en une journée. On pourrait aisément élever le compte à trente-cinq ou quarante.

-          Par qui ces nombreuses fessées ont-elles été données ?

-          Les membres de la Direction, les profs… Et trois ou quatre par des surveillantes.

-          Te souviens-tu pour quelles raisons ?

-          Il y en a qui ont été collectives, à la suite d’une bêtise ou d’un mauvais travail de la classe. Dans ce cas, nous prenions toutes, peu importe que l’on soit fautives ou non. Mais la plupart du temps, c’est parce qu’ils considèrent que j’ai désobéi.

-          Ils considèrent ? Tu ne penses pas avoir désobéi ?

-          Il y a beaucoup de fessées que j’ai prises qui étaient totalement injustes. Par exemple, lorsque j’arrive en retard en cours de piano à cause d’un prof ou d’une camarade, je vais prendre une fessée. Cependant, j’admets aussi que j’ai fait beaucoup de bêtises. Je suis très loin d’être une enfant de chœur. J’ai toujours été du genre à enfreindre les règles. Mais ici…

-          Ici ?

-          Eh bien, lorsque j’enfreignais une règle à l’extérieur, j’avais parfois droit à une fessée à la maison ; mais c’était loin d’être tous les jours et c’était beaucoup moins sévère. Ici, tout le monde nous surveille, tout le monde peut nous tomber dessus à tout moment. Que ce soient les profs, les surveillantes… Tout le monde a droit de nous punir, c’est injuste !

-          Si je comprends bien, tu voudrais que moins de personnes aient l’autorisation de te punir. C’est ça ?

-          Oui.

-          Pourquoi ?

-          Pour pouvoir faire ce qui est juste à mes yeux sans me faire punir à longueur de temps.

-          N’est-ce pas injuste de pouvoir faire des bêtises en toute impunité ?

-          Je ne parle pas de faire des bêtises, seulement de faire ce qui est juste.

-          Peux-tu développer ?

-          Eh bien… Par exemple, défendre une camarade qui se fait injustement gronder. Je vais être punie pour avoir été insolente.

-          Ne pourrais-tu pas défendre cette camarade sans insolence ?

-          Dès que l’on va à leur encontre, ils nous déclarent automatiquement insolentes…

-          Es-tu sûre que cette camarade se fait injustement gronder ? Etais-tu là lors de sa faute ?

-          Non mais… C’est un exemple !

-          Certes mais cet exemple pourrait devenir concret incessamment sous peu, non ?

-          Oui.

Manu soupira puis reprit :

-          Clem, es-tu venue ici pour trouver une légitimité à tes bêtises et ainsi discréditer toutes les punitions qui t’ont été infligées ?

-          Non ! Je suis venue parce que j’en ai marre d’être ici.

-          Pourquoi ?

-          Parce que j’en ai marre de prendre des fessées !

-          Pourquoi ?

-          Dois-je vraiment répondre à cette question ?

-          Non. Ici, il n’y a rien que tu ne doives faire. Tu n’es obligée de rien. Nous discutons simplement, et nous réfléchissons ensemble à des pistes pour régler les soucis que tu avances.

-          Tu me demandes pourquoi j’en ai marre de prendre des fessées ?!

-          Oui, je te le demande.

-          Parce que ça fait mal, bon sang ! Ça fait atrocement mal, c’est infantilisant, c’est humiliant… Et suivant la personne qui la donne, tout cela est potentiellement augmenté ! Je préférerais mille fois prendre une gifle ou une beigne… A croire que le sadisme de ce pensionnat fait tout pour nous dissuader de faire des bêtises.

-          Tu penses entrer dans une forme de résistance en faisant des bêtises, Clem ?

Ce que Manu venait de dire n’était absolument pas bête.

-          Peut-être, répondis-je.

-          Comment as-tu atterri ici ?

-          Mon frère et ma sœur m’ont inscrite, après mon échec au bac.

-          Donc tu as été inscrite de force. Contre ta volonté.

-          Oui.

-          De façon inconsciente, ne ferais-tu pas tout ce qu’il faut pour te faire renvoyer et prendre ta revanche sur ton frère et ta sœur ?

-          Peut-être.

-          Cependant, tu sais qu’il est impossible pour toi d’être renvoyée d’ici puisque cet établissement ne cède pas à cela. Ton seul gain est un état déplorable pour ton postérieur, ressemblant à celui que tu viens de me montrer.

-          Où veux-tu en venir ?

-          Comment s’appellent ton frère et ta sœur ?

-          Côme et Célestine.

-          En tentant de faire payer à Côme et Célestine ton inscription ici, c’est à toi que tu fais du mal. Et cela te rend malheureuse.

-          Je ne suis pas malheureuse…

-          Alors, qu’est-ce qui t’a fait entrer dans mon bureau ?

-          Ma lassitude.

-          La lassitude est une forme de malheur, dit Manu.

-          Admettons que j’oublie ma pseudo vengeance comme tu dis, repris-je. Je n’ai pas forcément envie non plus de me plier aux règles d’ici !

-          Pourquoi ?

-          Je n’aime pas les règles. Elles sont faites pour emmerder le monde.

-          Tu es sûre de cela ?

Je ne répondis pas.

-          Je vais te laisser y réfléchir.

Je remis mes chaussures. Une fois que j’eus fini, Manu me dit :

-          Je veux te revoir, Clem. Pour le moment, nous nous verrons tous les jours, à raison de quinze minutes, comme aujourd’hui. Tu es d’accord ?

J’acquiesçai de la tête.

-          Bien, alors nous nous reverrons le lundi de la rentrée, à 17h. D’ici là, je te souhaite de très bonnes vacances, Clem. En attendant que nous nous revoyons, je te demande donc de réfléchir aux règles : essaie de faire par écrit un tableau avec ce qu’elles peuvent apporter et ce qu’elles peuvent enlever. Est-ce que tu as des questions ?

-          Non, c’est bon.

-          Bien. Profite de tes vacances, Clem. A bientôt.

-          A bientôt, dis-je.

Je sortis du bureau de Manu avec un cerveau bouillonnant de réflexions. En jetant un œil dans le couloir, je vis que Monsieur Éric m’attendait.

-          Alors ? Comment ça s’est passé ?

-          Très bien. Il est génial, votre psy. Pourquoi est-ce que vous m’attendiez ?

-          Eh bien, pour savoir comment ça s’était passé…

-          Vous regrettez la fessée que vous m’avez donnée hier ? demandai-je d’un air malicieux.

-          Non, je ne regrette aucune fessée donnée, Clémence. Mais j’ai été sévère hier. Je veux m’assurer que tu vas bien.

-          Vous regrettez, insistai-je en affichant un sourire.

-          Je ne regrette pas, Clémence ! gronda-t-il. Et tu as d’ailleurs intérêt à te tenir à carreaux aujourd’hui ! Monsieur Alexandre t’attend dans dix minutes. Je te déconseille d’être en retard !

Le Dirlo quitta le couloir médical d’un pas colérique. Souriante malgré mes réflexions tournant en boucle dans ma tête, je me dirigeai vers la salle de musique.

 

               

 

                Je ne sais si ce fut les paroles du psy qui résonnèrent dans ma tête ou si j’eus une chance inouïe, mais rien ne tomba sur mes fesses aujourd’hui. Lorsque j’allai me coucher, Monsieur Éric dit d’ailleurs que ce jour était à marquer d’une pierre blanche, et qu’il espérait grandement que les suivants le soient aussi. Il ajouta un : « Je suis fier de toi, Clémence. », avant de m’envoyer au lit.

 

A suivre…

La suite !

 

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  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -